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I. SmGdAl
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, un ferromagnétique d’aimantation     
nulle. 
 
 
A) Contexte général. 
 
Depuis  une  vingtaine  d’année  se  développe  une  activité  de  recherche  considérable  sur 
l’électronique  de  spin  basée  sur  l’utilisation  du  spin  de  l’électron  comme  paramètre 
supplémentaire par rapport à l’électronique classique ; il peut être contrôlé, analysé et peut 
véhiculer de l’information. 
 
 
Un  des  aspects  de  cette  « nouvelle  science »  est  d’utiliser  des  polariseurs  et  analyseurs  de 
polarisation,  c'est-à-dire  des  matériaux  magnétiques  permettant  de  générer  un  courant 
d’électrons polarisé en spin. Néanmoins, il s’avère que l’utilisation de matériaux magnétiques 
pour  de  telles  applications  présente  certains  inconvénients  car  l’application  d’un  champ 
magnétique  extérieur  perturbe  l’aimantation.  Ainsi,  l’idéal  serait  donc  de  disposer  d’un 
matériau à la fois polariseur/analyseur de spin et sans aimantation. 
La  coexistence  de  ces  deux  propriétés  au  sein  d’un  même  composé  semble  contradictoire, 
puisque la possibilité de polariser un courant est associé à un ordre ferromagnétique et que les 
composés ferromagnétiques sont connus pour présenter une aimantation.  
 
Il convient de rappeler à ce stade :  
 
• Les ferromagnétiques ont des moments parallèles entre eux et possèdent donc bien une 
polarisation des moments de spin mais l’aimantation associée n’est pas nulle 
 
• Les  antiferromagnétiques  ont  des  moments  couplés  antiparallèles  et  possèdent  bien 
une aimantation résultante nulle mais ils n’ont pas de polarisation de spin uniforme. 
 
• Les  ferrimagnétiques  possèdent  deux  sous-réseaux  magnétiques  couplés 
anntiparallèlement ce qui permet dans  certains cas  l’apparition d’une  température de 
compensation,  si  les  moments  des  sous  réseaux  ont  même  amplitude.  L’aimantation 
résultante est bien nulle mais l’ordre de spin n’est pas uniforme (les deux sous-réseaux 
pointent dans des directions opposées). 
 
La réalisation d’un matériau ferromagnétique sans aimantation nécessite d’aller au-delà de ces 
descriptions classiques  des  matériaux  magnétiques.  On expliquera dans  la  suite (paragraphe 
B) comment il est possible de concevoir un tel matériau. 
 
 
B) Comment obtenir un ferromagnétique sans aimantation ? 
 
a) Le composé SmAl
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 : un ferrimagnétique intrinsèque. 
 
Le  Sm  est  une  terre-rare  légère :  sa  couche  4f  est moins  qu’à  moitié  remplie    (n<7)  ce  qui 
conduit à un couplage spin-orbite antiparallèle.(moments de spin et orbital antiparallèles)