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A.2.4. Utilisation des cellules souches en recherche et leur application à la thérapeutique 12.2001
Les membres de la Commission d’Ethique Hospitalo-Facultaire ont entrepris une réflexion
concernant le problème des cellules souches. Ce travail a progressé mais nous ne sommes pas
encore en mesure de donner un avis détaillé sur tous les aspects du problème. Les aspects
scientifiques sont difficiles à cerner et ils évoluent très vite. La question du statut de l’embryon est
omniprésente tandis que dans d’autres cas nous devons même nous interroger sur la nature du «
tissu » dont on parle au cours de certaines manipulations de cellules, telles celles qui consistent à
transférer le noyau d’une cellule somatique humaine dans un ovule humain énucléé, voire dans un
ovule d’une autre espèce !
Le groupe de réflexion que vous avez réuni travaille aussi sur ce même sujet et je souhaite vous faire
part d’un certain nombre de remarques ou de convictions qui sont partagées par les membres de la
commission d’éthique, ou qui dans certains cas font l’objet de divergences d’avis entre eux.
J’irai ici directement au vif du sujet et je ne rappelle pas ici les définitions et la terminologie
scientifique qui concerne les cellules souches ou les stades embryonnaires : ceci a été décrit lors de la
réunion que vous avez organisée et peut être lu en détails dans divers articles de revue de même que
sur de nombreux sites internet consacrés au sujet.
1.L’intérêt pour les cellules souches (au sens large) est tout à fait justifié d’un point de vue de la
recherche médicale car potentiellement cela permettrait une thérapie cellulaire en vue de la
correction de diverses maladies. Dans certains cas, l’intérêt est d’autant plus grand qu’il n’y a pas de
traitement efficace connu ou envisageable à court terme. Dans d’autres cas, des traitements existent
déjà, ils ont été validés et se révèlent sans risque important : l’intérêt des thérapies nouvelles entre
autres par cellules souches est alors beaucoup plus discutable et la place de ces traitements
potentiels est parfois surestimée. Dans le cas de la maladie de Parkinson par exemple, souvent citée
comme exemple de pathologie qui pourrait bénéficier de « greffe » de cellules souches, de
nombreuses autres alternatives efficaces existent, que ce soient des médicaments ou des
traitements chirurgicaux par neurostimulation que l’on peut considérer comme peu invasifs et
réversibles (ce dernier point étant très important). Les techniques nouvelles de biotechnologie, de
génie génétique et de développement de médicaments originaux sont aussi en plein développement
et la voie des cellules souches n’est certainement pas la seule qui soit très prometteuse. L’utilisation
de cellules souches en thérapeutique comporte en outre, comme toute thérapeutique, des risques
propres qu’il faut évaluer au mieux avant toute application clinique. Parmi ces nombreuses
questions, citons les problèmes de tolérance, de réactions immunes, de toxicité potentielle, de
contrôle de la diffusion cellulaire, de risque tumoral, de risque de contamination infectieuse, etc. Ces
risques sont vraisemblablement sous-estimés, comme ils le furent lors des premières tentatives de
thérapies cellulaires et géniques.
2.La médiatisation des travaux effectués sur les cellules souches, en particulier sur les « cellules
embryonnaires », est excessive. Récemment de nombreux journaux ont annoncé, souvent en
première page, que « le premier embryon humain était cloné ». L’examen de la publication
scientifique (d’impact factor faible de 0.8) entraîne plus de scepticisme et de questions (Somatic cell
nuclear transfer in humans : pronuclear and early embryonic development, J.B. Cibell et al. The
journal of regenerative medicine, vol 2, 2001, pp 25-31, publication from the company Advanced Cell
Technology). Dans ce cas, un ovule est utilisé dont le noyau a été remplacé par une autre cellule (et
pas seulement son noyau) sans qu’il y ait eu de fécondation. Le stade de développement ne dépasse