fruit le plus beau. Le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses. Saint est son nom, et sa
miséricorde s'étend d'âge en âge sur ceux qui le craignent. (Luc 1, 49-50). Le mot Magnificat dans
le cœur de Notre Dame de la Prière exprime son action de grâces au Père des miséricordes pour elle et
pour tous ceux qui accueillent la miséricorde du Père dans la victoire de la croix. Et comme sa joie est
grande lorsque nous chantons le Magnificat aux Vêpres. Notre Dame de la Prière, nous apprend à
accueillir l'amour sauveur de Jésus, à reconnaître que nous sommes sauvés par la croix du Christ. Le
péché n'a pas de prise sur la Vierge Marie, il ne la marque pas. Elle n'a pas commis de péché dans sa vie.
Vierge sainte et pure, elle est le chef d'œuvre créé par le Père dans son Fils, façonné par l'Esprit-Saint. La
triple invocation, à la fin de chaque dizaine de chapelet, O Marie conçue sans péché, priez pour nous
qui avons recours à vous ! nous rappelle que sans péché, elle devient le refuge des pécheurs. Le fait
d'être Immaculée ne l'éloigne pas des pécheurs que nous sommes, bien au contraire, car c'est le péché qui
sépare, qui divise et éloigne les hommes de Dieu et les uns des autres. Elle est le lieu dans lequel et par
lequel les hommes pécheurs vont trouver Jésus Sauveur. Par elle le Verbe éternel s'est fait chair, par son
fiat le Fils nous est donné. Alors par elle nous accueillons Jésus, nous sommes enfantés à la vie filiale des
baptisés dans le Christ, pardonnés et sanctifiés. A la croix elle nous reçoit comme ses propres enfants et
nous l'accueillons comme notre propre Mère. Ici elle se dira si tendrement notre "Maman du Ciel".
2- Accueillir la compassion d'une maman
Marie, Mère, Maman, et comme une maman, elle embrasse les pécheurs que nous sommes, blessés par
le péché et par les maladies. Par cette tendresse maternelle s'exprime sa compassion pour nous. Et il faut
avoir la simplicité d'accepter de se laisser embrasser. Parfois la souffrance ou le péché peuvent sembler si
lourd à porter qu'on n'a plus la force de donner sa main, de tendre la main… Mais pour une maman, pour
sa maman… pour tant d'amour. Nous devons garder ou retrouver ce cœur d'enfant, ce cœur filial rempli
de confiance, et que le doute ne vient pas altérer. Rappelons-nous les paroles de Jésus: "Laissez les
enfants venir à moi. Ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent.
Amen, je vous le dis: celui qui n'accueille pas le royaume de Dieu à la manière d'un enfant n'y
entrera pas." Il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains. (Marc 10, 14-16). Marie
ne se détourne pas des pécheurs mais leur dévoile sa douceur de Maman. Il y a quelque chose de
profond à méditer ici. Nous savons bien comment le pécheur le plus endurci, au cœur le plus dur comme
pierre, peut fondre en larmes et craquer devant un tel abîme d'amour et de tendresse d'une maman.
Quelque que soit les manques d'amour et les blessures de l'amour, l'amour d'une authentique maman se
révèle notre fondement et ce qu'il y a de plus tendre. Nous sommes tous nés d'une femme et nous
sommes tous renés de Marie dans le Christ. En nous embrassant, Marie vient à notre secours. Elle
exprime par ce geste la miséricorde du Père qui veut nous prendre dans ses bras comme ses enfants
prodigues.
De même encore dans notre expérience d'accompagnement de personnes malades et souffrantes
n'avons-nous pas tout simplement tenu la main de celui qui souffre, en silence sans rien dire, caressé sa
main doucement, pris sa main dans nos mains, geste de sympathie, geste d'affection, de compréhension,
de soutien, de compassion. (Remarquez le 1er vitrail dans la chapelle de la Sainte Vierge où Marie est au
chevet de Saint Joseph dans son lit de mort alors que Jésus le bénit, Marie lui prend la main pour
l'embrasser. Je pense aussi au célèbre baiser au lépreux de la part de Saint François d'Assise, et encore
au partage du manteau au pauvre à demi-nu par Saint Martin à la porte d'Amiens). Amour au-delà des
mots, car les mots ne suffisent plus, il s'exprime une sorte d'âme à âme. Une compréhension intérieure. En
nous prenant la main, la Vierge Marie nous exprime son amour devant la souffrance de notre péché. C'est
en silence, comme elle était en silence au pied de la croix, devant Jésus identifié aux pécheurs. Et c'est
dans ce silence que nous pouvons nous laisser aimer, âme à âme.
Et aussi Marie nous tend sa main secourable, elle nous invite à prendre sa main dans un geste de
réciprocité, nous indignes pécheurs, qui avons tout à recevoir et rien à donner. Et non, justement nous