17C LAf TR'iSTÈSSE D'AMBROISE THOMAS
Ce trio de salon est une amicale composition ; c'est-à-dire de celles
où pendant qu'on joue de la lorgnette de ci de là, on ne perd pas
complètement le fil de la musique.,Celle-ci n'est ni profonde, ni légère,
ni classique, ni romantique, mais toujours sonnant bien. Nous enga-
geons,
cependant, ce jeune musicien français à se protéger de ce qui
est « douceâtre ». Robert SCHUMANN.
Ah ! que voilà une révélation dont Ambroise Thomas aurait
dû tirer profit. Et puis, il visita cette vibrante et lumineuse Italie :
Naples, Florence, Venise, Bologne lui donnèrent et exaltèrent en
lui,
sans doute, des effluves de joie, de gaîté et de grandeur à la
fois.
En en 1836, il est de retour à Paris.
De 1836 à 1846, ses premiers opéras et ballets ont subi tour
à tour le succès et la froideur du public. Alors, de 1846 à 1848,
pendant deux ans, il se recueille. Et le 3 janvier 1849, c'est
l'éclatant succès du
Caïd.
Qu'est ce donc que ce
Caïd,
sinon une « turquerie », un opéra
bouffe en deux actes et en vers libres. On se demande si la verve
débridée d'Ambroise Thomas (il devait rire à trente-huit ans) ne
s'est
pas inspirée de l'autre turquerie géniale : UEnlèvement au
sérail, de Wolfgang Mozart, qu'il a eu tout loisir, sans doute,
d'analyser, de réduire, voire d'entendre.
D'ailleurs, ce genre d'opéra bouffe-turquerie avait,, en 1817,
Hé consacré par Rossini avec L'Italienne à Alger, au Théâtre
italien à Paris. C'est avec Ambroise Thomas, « d'une gaîté folle
qui provoque un rire large et franc ; la musique en est heureuse,
facile, charmante ironique. Et la mélodie et la charge se marient
là avec un rare bonheur ». Ainsi s'exprimait en son temps le bon
Théophile Gautier, qui s'y entendait.
Signalons-en : L'ouverture, L'air du tambour-major, Les cou-
plets d'Ali Bajou, Le duo du barbier et de Virginie.
Voilà du théâtre parfait. Que Thomas n'a-t-il persisté dans
ce genre ! Or, il
s'est
laissé ravir cette spécialité par André Messa-
ger, dont l'œuvre entière est toujours vivante.
De 1851 à 1860, et malgré qu'il vienne d'être nommé (en
1851) membre de l'Institut, d'ailleurs contre Berlioz, le visage