se serait en vérité tue lui-même accidentellement d’un coup de couteau lors d’une crise
d’épilepsie.
La genèse de Boris Godounov est longue et difficile. En 1863, le plus novateur des membres du
Groupe des Cinq russe* entreprend la composition de Salammbô, opéra d’après Gustave
Flaubert (1821-1880) dont il écrit lui-même le livret. Laissant cet ouvrage inachevé, il en reprendra
des éléments dans Boris Godounov. En 1868, après avoir renoncé à l’opéra le Mariage tire de
l’œuvre de son compatriote Nicolas Gogol (1809-1852), il entreprend Boris dont il achève la
première version en sept scènes en décembre 1869. Il présente aussitôt la partition à la direction
des Théâtres impériaux en vue de représentations, mais une fin de non-recevoir l’attend par
courrier du 17 février 1871. « Pour ce qui est des bonshommes dans Boris, écrit-il à Rimski-
Korsakov le 23 juillet 1870, les uns ont trouvé que c’était une bouffonnerie (!), tandis que d’autres
en ont perçu le tragique. […] La scène de l’auberge en a déconcerté plus d’un. » Moussorgski
décide alors d’entreprendre sans attendre une seconde version, cette fois en un prologue et quatre
actes, qu’il achève l’année suivante, tenant compte des recommandations du comite de lecture. Il
se lance ensuite dans une série de démarches pour faire connaître son opéra, auditions privées,
exécution en concert le 3 avril de la Polonaise extraite du troisième acte, dépôt de la nouvelle
partition au comité de lecture le 29 avril. Le 5 février 1873, trois tableaux de Boris Godounov sont
portés à la scène au Théâtre Marie de Saint-Petersbourg, qui donne la création de l’intégralité de
l’opéra le 27 janvier 1874.
C’est non pas la version de 1872 de Boris Godounov ni l’une des deux révisions de Nikolai Rimski-
Korsakov ni-même celle de Dimitri Chostakovitch que présente l’Opéra de Marseille, mais l’original
de 1869, récit sombre et serre de la grandeur et de la décadence du tsar Boris Godounov, sans
digressions ni ambiguïtés, et plaidant non pas la culpabilité de Boris mais lui laissant le bénéfice
du doute. Tandis que la version de 1872 se conclut sur la plainte de l’innocent, celle de 1869 se
termine sur la mort du tsar.
Bruno SERROU
* L e G r o u p e d e s C i n q r u s s e
Le Groupe des Cinq ou « puissant petit groupe », désigne un groupe de musiciens russes,
romantiques, actifs à l'époque de l'abolition du servage par Alexandre II en 1861 :
Mili Balakirevc (1837-1910) ;
Nikolai Rimski- Korsakov(1844-1908) ;
Alexandre Borodine (1833-1887) ;
Modeste Moussorgski (1839-1881) ;
César Cui (1835-1918).
Le groupe prônait une musique spécifiquement nationale basée avant tout sur les traditions
populaires russes et détachée des standards occidentaux.
Rimski-Korsakov reste le membre le plus influent et le plus connu du groupe, et orchestre
plusieurs œuvres d'autres membres après leur mort. Il en formera les successeurs (Glazounov,
Porkofiev ou Stravinski) via son poste de professeur au Conservatoire de Saint-Pétersbourg.
Source : wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Groupe_des_Cinq