Flash Sucre et Santé WWW.EXTRASUCRE.ORG NEWSLETTER DU DEPARTEMENT SCIENTIFIQUE DU CEDUS Soda, jus de fruits et lait chez les enfants: substitution des boissons ou cumul ? Source : Beverage Displacement between Elementary and Middle school, 2004-2007, Reena Oza-Franck et al, Journal of the Academy of Nutrition and Dietetics Septembre 2012 Une étude menée à Columbus s'est penchée sur les évolutions des consommations de lait, de purs jus de fruits et d'autres boissons sucrées (nectars, sodas) chez les enfants. En effet, certaines données de consommation laissaient penser que les sodas tendaient à remplacer les boissons lactées ou les jus de fruits dans l'alimentation des enfants. Les chercheurs ont donc suivi la consommation de boissons chez 7445 élèves participant à une cohorte nationale suivie de la maternelle à la fin de l'école primaire. Les enfants ont rempli un questionnaire de consommation alimentaire dans les classes correspondant au CE2 et CM2 comportant leur consommation de lait, purs jus de fruits et autres boissons sucrées. L'analyse incluait également des facteurs démographiques, socioéconomiques, le type d'école (publique ou privée), le lieu du déjeuner (maison ou école) et la consommation de fruits, légumes, et produits de restauration rapide. Dans l'ensemble, on note que les garçons consomment plus de boissons sucrées que les filles et que la consommation de lait diminue de façon significative entre les dernières classes de primaire. Les sodas ne viennent pas remplacer le lait et les jus de fruits dans l'alimentation des enfants. En effet, après ajustement, les changements de consommation de lait et de jus de fruits ne s’avèrent pas significativement liés à l'évolution de la consommation des autres boissons sucrées au fil du temps. En revanche, on observe une évolution en tandem de la consommation de lait et de jus de fruits. Ainsi, les enfants qui ont augmenté leur consommation de lait ont également augmenté leur consommation de jus au cours de l'étude. Les auteurs en concluent que la vraie priorité pour prévenir le surpoids est de se focaliser sur l’apport calorique total des boissons (via le lait, les jus de fruits et les autres boissons sucrées) plutôt que sur une seule catégorie jugée "moins saine" pour éviter le cumul des calories. 1 Cusinez, c'est bon pour votre santé ! Source : Cooking frequency may enhance survival in Taiwanese elderly.Chen RC, Lee MS, Chang YH, Wahlqvist ML.Public Health Nutr. 2012 July 15, 1142-1149. Does involvement in food preparation track from adolescence to young adulthood and is it associated with better dietary quality? Findings from a 10-year longitudinal study.Laska MN, Larson NI, Neumark-Sztainer D, Story M.Public Health Nutr. 2012 July 15, 1150-1158. Parce que les relations entre la pratique quotidienne de la cuisine et un comportement alimentaire sain sont intuitivement évidentes, les nutritionnistes et les diététiciens sont souvent amenés à expliquer et transmettre des notions de cuisine. Les autorités de santé publique conseillent également de cuisiner régulièrement. Certains sociologues avancent même l’idée que la pratique culinaire serait l'un des fondements du "paradoxe français". Ce domaine est encore peu exploré mais des chercheurs commencent à s’y intéresser. Le numéro du mois de juillet du journal Public Health Nutrition s'est ainsi focalisé sur le thème de la cuisine : "cooking as a healthy behaviour" ! Un édito et 3 articles font l’apologie de la cuisine comme ciment social mais aussi comme un facteur corrélé à une alimentation plus saine et à un mode de vie favorisant une bonne santé. Un des articles est centré sur les jeunes, un autre sur les seniors : deux populations dont l'état nutritionnel inquiète régulièrement la communauté scientifique. Qu’en est- il des jeunes ? Quels sont leur rapport avec la pratique de la cuisine ? Quels sont les effets d’une sensibilisation aux pratiques culinaires à l’adolescence et l’alimentation à l'adolescence puis à l’entrée de la vie adulte ? Dans le cadre de sa grande étude transversale EAT (sur plus de 10 ans), l'équipe d'épidémiologie de Diane Neumark-Sztainer de l’Université du Minnesota, Minneapolis, a essayé de répondre à ces questions. Il ressort de cette étude que la plupart des jeunes adultes prennent du plaisir à cuisiner (les garçons presque autant que les filles). Ceux qui préparent régulièrement des repas incluant des légumes sont plus souvent ceux qui ont été sensibilisés à cette pratique, surtout à la fin de l’adolescence. C’est apparemment à cette période qu'une pratique culinaire importante prédit une meilleure consommation de légumes, de fruits, moins de boissons sucrées et de « fastfood ». Les auteurs concluent que l’enseignement de la cuisine (et les comportements associés, comme apprendre à faire ces courses, choisir ses produits) serait utile pour les jeunes dans cette période de transition quand ils partent du nid familial. Il n’existe pas de relation avec la période du début de l’adolescence. Les auteurs soulignent qu'il existe probablement trop de facteurs confondants à cet âge pour faire apparaitre des corrélations positives mais suggèrent que c’est une piste intéressante à suivre. Concernant les personnes âgées, l'étude de Chen a suivi une cohorte de 1888 Taïwanais de plus de 65 ans. Au cours de 10 ans de suivi, 695 participants sont décédés. Ceux qui cuisinaient le plus fréquemment étaient majoritairement plus jeunes, célibataires, moins instruits, non-buveurs d'alcool, non-fumeurs, sans difficulté à mâcher, vivant avec un conjoint et ayant une cognition normale ; ils consommaient moins de viande et plus de légumes. Dans cette cohorte, le fait de cuisiner plus fréquemment ("> 5 fois / semaine" comparativement à "jamais") augmente la durée de vie, même après ajustement pour la fonction physique, la fonction cognitive et les connaissances en nutrition. Et cet effet bénéfique de la pratique culinaire semble profiter davantage aux femmes qu'aux hommes. 2