Jean Manaus
Homélies sur les
Évangiles
Traduction et édition papier par les Moines bénédictins de l’abbaye Sainte-
Madeleine du Barroux (84330 - France) - Tél. : 04 90 62 56 31 - Fax : 04 90 62 56
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saint Grégoire le Grand
Vers 540-604
Grégoire Ier, dit le Grand, auteur des
Dialogues (fils de sainte Sylvie, né vers
540, mort le 12 mars 604), devient le 64e
pape en 590. Docteur de l'Église, il est l'un
des quatre Pères de l'Église d'Occident,
avec saint Ambroise, saint Augustin et
saint Jérôme. Son influence durant le
Moyen Âge fut considérable, c'est à lui
que l'on doit le nom de chants grégoriens.
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C'est à bon droit que cet illustre Pape est appelé le Grand ; il fut, en effet, grand par sa naissance, --
fils de sénateur, neveu d'une sainte, la vierge Tarsille -- grand par sa science et par sa sainteté -- grand par
les merveilles qu'il opéra -- grand par les dignités de cardinal, de légat, de Pape, la Providence et son
mérite l'élevèrent graduellement.
Grégoire était né à Rome. Il en occupa quelques temps la première magistrature, mais bientôt la cité,
qui avait vu cet opulent patricien traverser ses rues en habits de soie, étincelants de pierreries, le vit avec
bien plus d'admiration, couvert d'un grossier vêtement, servir les mendiants, mendiant lui-même, dans son
palais devenu monastère et hôpital. Il n'avait conservé qu'un seul reste de son ancienne splendeur, une
écuelle d'argent dans laquelle sa mère lui envoyait tous les jours de pauvres légumes pour sa nourriture ;
encore ne tarda-t-il pas de la donner à un pauvre marchand qui, après avoir tout perdu dans un naufrage, était
venu solliciter sa chari si connue.
Grégoire se livra avec ardeur à la lecture des Livres Saints ; ses veilles, ses mortifications étaient
telles, que sa santé y succomba et que sa vie fut compromise. Passant un jour sur le marché, il vit de jeunes
enfants d'une ravissante beauté que l'on exposait en vente. Apprenant qu'ils étaient d'Angles, c'est-à-dire du
pays, encore païen, d'Angleterre : "Dites plutôt des Anges, s'écria-t-il, s'ils n'étaient pas sous l'empire du
démon." Il alla voir le Pape, et obtint d'aller prêcher lvangile à ce peuple; mais les murmures de Rome forrent
le Pape à le retenir.
Le Souverain Pontife étant venu à mourir, Grégoire dut courber ses épaules sous la charge
spirituelle de tout l'univers. L'un des faits remarquables de son pontificat, c'est l'évangélisation de ce peuple
anglais dont il eût voulu lui-même être l'apôtre.
Grégoire s'est rendu célèbre par la réforme de la liturgie et le perfectionnement du chant
ecclésiastique. Il prêchait souvent au peuple de Rome, et lorsque la maladie lui ôtait cette consolation, il
composait des sermons et des homélies qui comptent parmi les chefs-d'oeuvre de ce grand docteur. Son
pontificat fut l'un des plus féconds dont s'honore l'Église. Grégoire mourut le 12 mars 604. On le représente
écoutant une colombe qui lui parle à l'oreille. Il est regardé comme le patron des chantres.
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Homélies sur les Évangiles
saint Grégoire le Grand
_PRÉFACE_
Les diverses éditions des œuvres de saint Grégoire ont coutume de joindre aux Homélies
sur les Evangiles le discours prononcé à l’occasion de la grande épidémie de 590 pour encourager
le peuple à faire pénitence de ses péchés et à obtenir du Ciel la fin du fléau. Ce texte est placé à la
suite des Homélies dans la Patrologie Latine de Migne (t. 76, col. 1311-1314). Nous avons préféré
l’insérer au début, car il aide à comprendre les circonstances dans lesquelles Grégoire a
prêcher.
En novembre 589, le Tibre déborde, ruinant plusieurs édifices et renversant les greniers de
l’Eglise, l’on conservait le froment pour la nourriture des pauvres. Des serpents et des bêtes
monstrueuses, noyés et rejetés sur la rive, dégagent des miasmes, qui, en janvier 590, font éclater
une épidémie de peste inguinale (la peste apparaît sous l’aine des malades). Une des premières
victimes est le pape Pélage II, emporté le 7 février; il y en a beaucoup d’autres, et les Romains sont
si terriblement décimés qu’on croit voir les flèches célestes tomber sur eux et les frapper. Grégoire
est acclamé pape par le peuple unanime, mais il fait tout ce qu’il peut pour se soustraire à un
honneur qu’il redoute. Cependant, s’il refuse aussi longtemps que possible la dignité pontificale, il
ne se dérobe pas pour autant au service du peuple, et assume sans attendre le rôle de chef dans la
Ville éternelle désorientée. Il faut à la fois préparer les fidèles menacés par la peste à bien mourir,
et pour conjurer ce fléau, faire adresser au Ciel des prières instantes : telles sont les deux finalités
que poursuit Grégoire dans sa harangue au peuple romain. Il engage les chrétiens à tirer parti des
châtiments divins qui s’abattent sur eux pour s’ouvrir à une vraie conversion. Une mort subite, qui
ne laisse pas aux malades le temps de la pénitence, frappe le peuple sans relâche. En quel état les
âmes doivent-elles paraître en présence de leur Juge! Il faut donc que chacun recoure sans
attendre aux larmes de la pénitence, et efface ainsi ses fautes. Personne ne doit désespérer : Dieu
ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive. Grégoire, ayant ainsi
exhorté le peuple, ordonne des «litanies», c’est-à-dire des processions solennelles. Il manifeste en
cette occasion le génie de liturgiste dont il a donné bien d’autres preuves dans sa vie : de sept
basiliques désignées, les diverses catégories du peuple doivent partir, au chant des litanies, avec le
clergé de chacune des sept régions. Puis ces sept groupes se rejoindront à Sainte-Marie-Majeure
pour une longue prière commune.
C’est par le récit que le diacre tourangeau Agiulf fit à l’historien Grégoire de Tours que nous
connaissons tous ces détails. L’Histoire des Francs précise encore : «Il rassembla les groupes de
clercs et leur ordonna de chanter pendant trois jours et d’implorer la miséricorde du Seigneur. A
partir de la troisième heure, des chœurs de chantres venaient des deux côtés à l’église, en clamant
à travers les rues de la Ville Kyrie Eleison, et notre diacre [Agiulf], qui était présent, racontait que
dans l’espace d’une seule heure, tandis que la voix du peuple adressait au Seigneur ses
supplications, quatre-vingts personnes étaient tombées par terre et avaient rendu l’âme. Mais
celui qui allait devenir évêque ne s’arrêta pas de prêcher le peuple, dans la crainte qu’il ne cessât
ses prières.» (Hist. Franc. X, 1)
Ainsi, avant même d’être pape, Grégoire «ne s’arrêtait pas de prêcher», malgré sa santé si
chancelante. Il ne s’arrêta pas non plus une fois pape. Et c’est ce zèle pour la prédication qui nous
a valu les quarante Homélies qui suivent.
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HARANGUE AU PEUPLE À PROPOS DE L’ÉPIDÉMIE
Les fléaux de Dieu, que nous aurions dû redouter quand ils étaient encore à venir, il faut du moins,
frères très chers, qu’ils nous inspirent de la crainte maintenant qu’ils sont présents et que nous les
ressentons. Laissons la souffrance nous ouvrir la voie de la conversion, et les châtiments mêmes
qui nous frappent attendrir la dureté de notre cœur. Car ainsi que l’a prédit le témoignage du
prophète, «le glaive a pénétré jusqu’à l’âme» (Jr 4, 10). Vous voyez en effet le peuple entier frappé
du glaive de la colère céleste, et tous les hommes victimes de ces coups imprévus. La maladie ne
précède plus la mort, mais comme vous le constatez, c’est la mort elle-même qui prend les
devants sur la maladie. Celui qui est frappé se voit enlevé avant d’avoir pu recourir aux larmes de
la pénitence. Considérez donc dans quel état se présente aux regards du Juge rigoureux celui qui
n’a pas le temps de pleurer ce qu’il a fait.
Ce n’est pas une partie des habitants qui est emportée, mais ils tombent tous ensemble.
Les maisons se retrouvent vides; les parents assistent aux funérailles de leurs enfants, et leurs
héritiers les précèdent dans la tombe. Que chacun de nous cherche donc un refuge dans les
lamentations de la pénitence, pendant qu’il a encore le temps de pleurer avant d’être frappé.
Remettons devant les yeux de notre esprit tous nos errements passés, et expions dans les larmes
le mal que nous avons commis. «Hâtons-nous de nous présenter devant lui par la confession» (Ps
95, 2), et comme le demande le prophète, «élevons nos cœurs avec nos mains vers Dieu» (Lm 3,
41). Elever son cœur avec ses mains vers Dieu, c’est soutenir son effort de prière avec les mérites
de ses bonnes œuvres. Comme il donne, oh oui! comme il donne confiance à notre crainte, celui
qui crie par la voix du prophète : «Je ne veux pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et
qu’il vive.» (Ez 33, 11). Que personne ne désespère à cause de l’énormité de ses crimes : une
pénitence de trois jours a effacé les fautes invétérées des Ninivites (cf. Jon 3), et le larron converti
a mérité la récompense de la vie à l’instant même de la sentence qui le condamnait à la mort (cf.
Lc 23, 40-43). Changeons donc nos cœurs, et soyons persuadés que nous avons déjà reçu ce que
nous demandons. Le Juge se laisse plus vite fléchir par la prière si celui qui demande se corrige de
ses dérèglements.
En face de ce glaive menaçant qui nous châtie si terriblement, persévérons dans nos
prières jusqu’à en être importuns. L’importunité, qui a coutume d’ennuyer les hommes, plaît à la
Vérité qui nous juge, car le Dieu bon et miséricordieux veut que le pardon lui soit demandé avec
insistance dans la prière : il ne veut pas se mettre en colère autant que nous le méritons. Aussi dit-
il par la bouche du psalmiste : «Invoque-moi aux jours de ta détresse; je te délivrerai, et tu me
glorifieras.» (Ps 50, 15). C’est donc lui-même qui témoigne de son désir de faire miséricorde à ceux
qui l’invoquent, puisqu’il nous exhorte à l’invoquer.
Le cœur contrit, et après avoir rectifié notre conduite, nous viendrons donc, frères très
chers, dès l’aube de demain mercredi, former sept processions, qui psalmodieront les litanies dans
la ferveur de l’âme et dans les larmes, suivant l’ordre que je vais vous indiquer. Que nul d’entre
vous ne sorte travailler aux champs, que nul ne se livre à une occupation quelconque, en sorte que
nous nous réunissions tous à l’église de la sainte Mère du Seigneur, et qu’après avoir péché tous
ensemble, nous pleurions aussi tous ensemble le mal que nous avons commis. Le Juge rigoureux,
nous voyant ainsi nous punir nous-mêmes de nos fautes, nous fera grâce de la condamnation qu’il
avait portée contre nous.
La procession des clercs sortira de l’église du bienheureux Jean-Baptiste; celle des hommes,
de l’église du bienheureux martyr Marcel; celle des moines, de l’église des martyrs Jean et Paul;
celle des servantes de Dieu, de l’église des bienheureux martyrs Côme et Damien; celle des
femmes mares, de l’église du bienheureux Etienne, premier martyr; celle des veuves, de l’église du
bienheureux martyr Vital; celle des pauvres et des enfants, de l’église de la bienheureuse martyre Cécile.
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