L. LUSTERNIK (Moskva - U. S. S. R.)
SUR QUELQUES MÉTHODES TOPOLOGIQUES
DANS LA GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE
Mon exposé donne les résultats obtenus par moi en coUaboration avec
M. SCHNIRELMAN.
Définition de la catégorie. Soit donné un espace topologique R compact
et métrique.
L'ensemble fermé sur R est de première catégorie relativement à R si cet
ensemble peut être
réduit
en un point.
L'ensemble M fermé sur R est de catégorie K relativement à R si
cet ensemble peut être divisé en K parties de
Ière
catégorie et s'il ne peut
pas être divisé en un plus petit nombre de teUes parties. Nous écrivons :
cat
31=
K.
On peut démontrer facilement les propositions suivantes :
1.
Cat A + cat
B^cat
(A + B), d'où cat
(Ä^B) >
cat A
cat B.
2.
Désignons par S(A, s) la sphère fermée de rayon s circonscrite à l'en-
semble A. Si e est suffisamment petit, nous avons: cat
S
(A,
fi) = cat A.
3.
Soit donné une suite d'ensembles
An
des catégories
K
et leur limite topo-
logique A
;
nous avons : cat
An<eat
A.
4.
Classes topologiques. Nous aUons nommer classe topologique l'ensemble
des ensembles fermés possédant les propriétés suivantes :
) Il est invariable par rapport aux déformations topologiques dans R.
2°) Il est invariable par rapport au passage à la limite. De la définition
de la catégorie il résulte que chaque ensemble B résultant de la déformation
topologique de l'ensemble fermé A et de la même catégorie que A.
Lemme. - La classe de tous les ensembles
ftbi
de catégorie
^-i
est une
classe topologique.
Exemple. - Soit
Rn
un espace projectif de n dimensions. Il est de caté-
gorie n
+ 1
par rapport à soi-même.
On démontre cette proposition directement pour
n=l,2m,
dans les cas général
on se sert de l'indice de KRONECKER.
Le principe du point essentiel. Soit
Rn
un espace Riemannien à n di-
292
COMUNICAZIONI
mensions. Soit donnée sur
Rn
une fonction arbitraire f, qui est continue de
même que ses dérivées partieUes des deux premiers ordres.
Désignons par (f=c) une hypersurface sur R définie par l'équation f=c,
par (f<c) l'ensemble des points où f<c et par
(df=0)
l'ensemble des points
où
df=0.
Soit (M) une classe topologique d'ensembles sur R. La fonction atteint
son maximum sur chacun des ensembles de la classe
(M).
Désignons par C
les bornes inférieures de ces maxima. Cette borne est atteinte sur un au moins
de ces ensembles. Appelons un tel ensemble
«
ensemble minimal ».
On ne peut transporter à l'aide de la déformation topologique quelque ensemble
de classe (M) dans le domaine (f<c).
Considérons l'hypersurface (f=c). Admettons que dans tout point de cette
hypersurface
df=¥0.
Alors on peut construire la normale à cette hypersurface
dans la direction où f<c et cette normale varie continueUement de point en
point. On peut transporter tous les points d'un ensemble A appartenant à (f=c)
et intérieur à R dans le domaine (f<c), tout point de A en le faisant mouvoir
sur la normale qui traverse ce point.
Soit
Mo
un ensemble minimal de la classe (M) et tel que l'intersection
M0x(f=c)
est à l'intérieur de R. Il existe au moins un point de cette inter-
section où df=0, car dans le cas opposé on aurait sur une sphère de rayon
suffisamment petit inscrit autour de cette intersection
df=¥Q.
Le procédé dont
nous avons parlé nous permettra de transporter
M0
dans le domaine (f<c), ce
qui est impossible. Ce principe (principe du point essentiel) est une générali-
sation du minimax-principe de MM. G. BIRKHOFF et M. MORSE.
Théorème du gradient. Admettons que
Rn
renferme au moins un ensemble
de catégorie K. Définissons sur
Rn
les classes topologiques
(Itbi),
(/lß2),—>
(/IDfc)
où tous les ensembles de la classe
(tibi)
sont de la catégorie
^i.
Désignons
par
Ci,
c2,....,
Cjc
les bornes inférieures des maximums de f sur les ensembles
des classes
(flfoi),
(ftb2),....,
(fUSk)
respectivement. Nous avons:
Ci^c2^-Cjc.
Soit
Ci=Ci+i =
....=Ci+p
et quelque ensemble minimal
flbp^
de la classe
(ffbi+p)
situé à l'intérieur de
Rn.
Supposons que l'intersection de
fïb'0+px(f=c)x(df=0)
soit de la catégorie
<p +
l.
Désignons cette intersection par P. Avec s suffisamment petit
G8LtS(P,s)
=
CSLtP
ctit[flbî+P-S(P,e)]^i.
Désignons cette différence par
jflB?.
Nous avons cat fifo^p c'est à dire
/BS?C (fllSi)
le maximum de f sur
/B^^Cë,
parce que flb^Kflhî+P
es*
Ie
maximum de f
sur
{lbth?=Oi+p=Ci.
D'autre part, le maximum de f sur
{Jth°4^Ci
est par définition des
d.
Alors
le maximum est égal à
Ci
et
/IßJ
est un ensemble minimal de la classe ((Ibi).
L. LUSTERNIK: Méthodes topologiques dans la géométrie différentielle 293
A cause du principe du point essentiel l'intersection
(df=0)flb%f=Ci)
contient
le point a où le gradient
df=0,
acm><(f=c)x(df=0)cm+p(f=Ci)x(df==0)=P.
Mais a c
flb]
=
-flBS+p
S(P, E) donc a
c|=
P. Par conséquent l'hypothèse
eatP^p + 1
est contradictoire.
Admettons que toute classe
(flbi)
contient au moins un ensemble minimal à
l'intérieur de
Rn.
Deux cas sont possibles :
) tous les nombres
Ci
sont différents. Alors chaque hypersurface
(f=d)
contient au moins un point où
df=0.
2°)
Ci =
Ci+p
l'hypersurface
f=Ci
contient un ensemble des points de
catégorie
^p + 1
où
df=0.
Puisque tout ensemble de la catégorie m contient au moins m points diffé-
rents,
notre théorème est exact.
Si R est d'un seul tenant, chaque ensemble sur R de catégorie
^-2
est de
la puissance du continu.
Exemple. - Le théorème des nombres fondamentaux. Soit F une forme
n
quadratique de N variables réelles
xi} x2,...., xn.
Soit E la forme
2]#1.
Étudions
i=l
la fonction F sur la sphère E=l. Dans les points diamétralement opposés de
cette sphère la fonction F admet les mêmes valeurs. Désignons par
Rr^-i,
l'espace
projectif à
(w —1)
dimensions, obtenu de la sphère E=l par l'identification de
chaque paire de points
diamétralement
opposé. F est défini sur
Rn-i-
La caté-
gorie de
Rn-i
par rapport à lui-même est égale à n. Soit
XLi X2,....,
kn
les nombres
définis de la même manière que les nombres
Ci
du paragraphe précédent. D'après
le théorème précédent il existe sur chaque hypersurface
F=Xi
des points où le
gradient de df sur
Rn-i
(ou sur la sphère E=l) s'annule:
àF 7 _n
Soit
(xi,
x2,....,
xn)
les coordonnées d'un de ces points sur la sphère E=l.
Nous avons dans ces points pour chaque
:
0 \F-kE}=0 (i=l,2,....,n)
òx>t
c'est à dire:
2
bxi
v-
-kxi=0
(i=l,
2,....,
n).
Dans les cas où
h^ki+p
il existe un continu de catégorie
^>p + l
de points
sur la sphère E=l où ce système d'équations est résoluble.
294
COMUNICAZIONI
Cette théorie subsiste pour toutes les fonctions F teUes que
F(Xi,
x2,....,
xn)
=
F(—Xi,
—x2,....,
—xn)
et toute fonction E teUe que
E(Xi,
x2,....,
xn)=E(
Xi,
—x2,....,
—xn)
n
et
l'hypersurface
E=l étant homéomorphe à la sphère
^x;=l.
i==l
n
Par exemple: F est une forme arbitraire d'exposant pair,
E=^]
2%k.
i=l
Pour iUustrer les applications des théories développées dans la géométrie
différentieUe, démontrons le théorème suivant.
THéORèME.
- Sur chaque surface fermée de genre 0 et sans points essen-
tiels,
il existe au moins:
) trois Ugnes géodésiques fermées de longueurs différentes.
) Une
famiUe
de géodésiques fermées de même longueur, recouvrant la
surface de telle manière que sur toute paire de points de la surface passe une
Ugne de la famiUe (comme sur la sphère).
" Soit
K
est une surface de genre 0 sans points essentiels et L une sphère
de rayon 1. Désignons par h un nombre positif tel que tout arc géodésique de
longueur h est une Ugne de longueur minimale passant par ces points. Faisons
la correspondance continue et univoque entre la surface
K
et la sphère L.
Prenons l'entier n tel qu'à toute paire de points sur la sphère de distance
(sur la sphère) correspond une paire de point de
K
e par un are géodésique
de longueur
^h.
Aux sommets du polygone
réguher
à
n
côtés sur la sphère ü
correspond sur la surface
K,
n sommets qui peuvent êtres respectivement par
des arcs géodésiques de longueurs inférieures à h. Ces géodésiques forment
sur
K
un polygone géodésique qui correspond au polygone régulier sur la
sphère. Il est
facüe
de voir que cette correspondance est continue.
Trois famiUes de Ugnes sur la surface.
Construisons sur la sphère L trois famiUes de cercles suivants :
) La famiUe
Ai
des
grands
cercles de diamètre commun.
) La famiUe
A2
de tous les grands cercles.
) La famiUe
A3
de tous les cercles.
La famiUe
Ai
recouvre la surface. Cette propriété reste invariable par rapport
à toute déformation continue de la famiUe
Ai.
En considérant chaque cercle comme élément d'un espace abstrait et en
identifiant à un seul point d'espace abstrait tous les cercles dégénérés en un
point, la famiUe
A3
devient un espace
projectif,
A2
un plan projectif contenu
dans cet espace,
Ai
une droite projective contenu dans le même espace.
Toute famiUe de cercles non recouvrant la sphère L est par rapport à cet
L. LUSTERNIK: Méthodes topologiques dans la géométrie différentielle 295
espace de la catégorie 1, les famiUes
Ai9 A2, A3
sont des catégories 2, 3, 4,
respectivement.
Considérons les 3 famiUes des polygones réguUers à n côtés
Aï,
A2, A3
inscrits respectivement dans les cercles des famiUes
Ai,
A2, A3.
À ces trois
famiUes correspondent trois famiUes de polygones réguUers sur la sphère et
trois famiUes des polygones géodésiques sur la surface
K,
ayant la longueur
de ces côtés plus courts que
h.
Ces famiUes recouvrent
K
et cette propriété
reste invariable par rapport à toute déformation topologique.
Considérons l'espace
R2n
abstrait, dont les points sont les polygones géodé-
siques, ayant les côtés plus courts que h. Aux famiUes
Ai,
A2, A3
correspon-
dent les continus
aif a2, a3
dans
R2n.
Tous ces continus sont de catégorie
^1.
Il est
facile
de voir qu'ils sont des catégories
^
2,
3, 4 respectivement.
THéORèME. - À tout continu de catégorie P dans
R2u
correspond une teUe
famiUe de polygones que par tout
P—l
point de
K
passe aux moins un poly-
gone de la famiUe.
On démontre facilement le théorème à l'aide de l'induction complète.
Désignons par
(ai),
(a2),
(a3)
les famiUes des ensembles de catégories 2, 3, 4,
sur
R2n
respectivement.
Soit la fonction f qui est définie sur
R2n
comme la longueur du polygone
respectif.
Désignons par
ci} c2, c3
les bornes inférieures de la fonction f sur les
ensembles des classes 2, 3, 4, respectivement. On a
0<c^c^c<nh.
Il existe des ensembles minimaux
al, al,
a\
des classes
(ai),
(a2),
(a3)
sur lesquels les maximums de f sont égaux à
cL, c2, c3
respectivement. A ces
ensembles correspondent trois famiUes de polygones
(cl), (cl),
(cl)
ayant les
côtés
^h.
Toutes famiUes de polygones géodésiques peuvent être déformées continueUe-
ment
en famiUes de polygones géodésiques aux côtés rigoureusement plus petits
que h, sans que le périmètre de quelque polygone s'agrandisse. C'est à dire il
existe des ensembles minimaux de famiUes
(ai),
(a2),
(a3)
continues à l'inté-
rieur de
R2n.
Trois cas sont possibles :
)
Ci<c2<c3:
chaque ensemble
(f=cL), (f=c2),
(f=c3)
contient au moins
un point où
df=0.
À ces points correspondent des Ugnes géodésiques fermées
de longueur
ci9 c2, c3
respectivement.
)
Ci<c2
=
c3
(ou
Ci=c2<c3).
L'hypersurface
(f=c2)
(ou
f=Ci)
contient un continu de catégorie 2 des
points où df=0. À ces points correspond une famiUe des Ugnes géodésiques
fermées recouvrant la surface
K.
Il existe aussi au moins une Ugne géodésique
de longueur
c2.
)
Ci=c2
=
c3
= c.
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