Annie Boulet, Philippe Della Valle,
Fabrice Durieux, Claude Figureau,
Alain Gallicé, Aurélia Lachaud,
Josick Lancien, Alain Peschard
Espèces végétales rares et protégées en Pays de Guérande
Coordination du dossier : Philippe Della Valle
avec l’appui scientifique d’Aurélia Lachaud
Dossier : flore remarquable
en Pays de Guérande
Le Pays de Guérande : espace de grande biodiversité
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FLORE REMARQUABLE EN PAYS DE GUÉRANDE LES CAHIERS DU PAYS DE GUÉRANDE, 49, 2010
Le Pays de Guérande est connu pour sa grande
diversité d’espèces animales et végétales. La multi-
tude et la variété des zonages réglementaires environ-
nemen taux attestent de cette valeur environnementale
et biologique. Les zones naturelles d’intérêt écolo-
giques, faunistiques et floristiques (ZNIEFF) y sont
nombreuses ainsi que les sites inscrits au réseau
européen Natura 2000 (au nombre de 8), traduisant,
et la richesse de notre territoire, et son rôle, dans le
maintien de la diversité des espèces et habitats au
niveau européen1(figure 1).
10 % de la population mondiale des Barges à
queue noire islandaises (Limosa limosa islandica) et
1 % de la population mondiale d’Avocette élégante
(Recurvirostra avosetta) hivernent en Presqu’île, en
particulier dans les traicts du Croisic. Près de 20 %
de la population française de Spatules blanches
(Platalea leucorodia) nichent dans un bois à proxi-
mité de Guérande2. Les plantes ne sont pas en reste.
On trouve à Herbignac, dans le bois de la Cour-aux-
Loups, l’Ail des landes (Allium ericetorum), dont
c’est ici la limite septentrionale de répartition de
l’espèce. Sur la Côte Sauvage, au Pouliguen, se situe
la station la plus méridionale de Chou marin
(Crambe maritima).
Ces informations modifient notre regard sur ces
espaces et nous font prendre conscience de la res-
ponsabilité locale, collective et individuelle, dans la
préservation de la biodiversité.
Si la faune et la flore de la Presqu’île sont si
remarquables, c’est que les habitats naturels y sont
très diversifiés et étroitement imbriqués les uns aux
autres. Les zones humides et la bande côtière y
occupent une place prépondérante. Citons :
– les milieux maritimes et côtiers : côtes rocheuses
et pelouses sommitales de la Grande Côte et de Piriac,
massifs dunaires de Pont-Mahé (Assérac), de Pen-Bron
(La Turballe) et de La Falaise (Batz-sur-Mer), plages,
baies fermées découvertes à marée basse faisant
apparaître de grandes vasières (les traicts du Croisic
et de Mesquer/Pen-Bé), les marais salants de Guérande
et du Mès, mosaïques d’habitats naturels et artifi-
ciels, car créés et entretenus par la main de
l’homme,
– les grandes zones humides de transition entre eaux
salées et eaux douces : marais du Branzais et du Lesté
(Pénestin), de Pont-Mahé et du Mès (ou Pompas).
Ce dernier, en l’absence de vanne de gestion hydrau-
lique, conserve un fonctionnement naturel soumis
au rythme des marées. On y observe des zones de
transition progressive entre milieux doux en amont
et milieux salés vers l’aval. A noter que ce gradient
de salinité existe aussi dans les étiers des marais
salants et conduit à un étagement caractéristique de
la végétation.
– les zones humides d’eau douce comme la très
médiatique Grande Brière Mottière et le plus intime
étang du Pont-de-Fer, propriété du conservatoire de
l’espace littoral et des rivages lacustres sur les com-
munes d’Assérac et Camoël,
– un bocage (plus ou moins conservé selon les
remembrements) ponctué de boisements : paysage
autrefois traditionnel de l’ouest de la France carac-
térisé par de petites parcelles séparées par des haies
sur des levées de terre, avec prairies naturelles, che-
mins creux, zones humides et mares.
Une biodiversité en déclin,
principalement en raison de la disparition
des habitats naturels
En 2001, Pierre Dupont3dresse, à partir des toutes
premières données connues, un constat accablant
sur la régression des habitats naturels et la diminu-
tion du nombre d’espèces floristiques régionales :
plus de 1 800 espèces recensées en Loire-Atlantique
et en Vendée, une centaine disparue depuis une cin-
quantaine d’années et quelques 300 menacées.
Le conservatoire botanique national de Brest4
indique que le littoral régional concentre un quart
des espèces inscrites au livre rouge des espèces
végétales menacées de la région des Pays-de-la-Loire,
soit 186 plantes en sursis, dont plusieurs dizaines
sur notre littoral.
Lorsque James Lloyd5décrit la plage de Pont-
Mahé, dans la seconde moitié du XIXesiècle, il est
aujourd’hui difficile d’imaginer que « […] des mil-
liers d’Euphorbe peplis ornent les sables qui sont à
leur pied ». Un rêve de botaniste ! Un tel spectacle
n’existe plus depuis fort longtemps…
Cette Euphorbe n’est pas la seule plante à avoir
disparu du Pays de Guérande : citons aussi le cas
emblématique d’une orchidée protégée nationalement,
la Spiranthe d’été (Spiranthes aestivalis), sur le site
de Pen-Bron, certainement victime du drainage de
la zone humide arrière-dunaire puis de l’arrivée
du Baccharis halimifolia.
LES CAHIERS DU PAYS DE GUÉRANDE, 49, 2010 FLORE REMARQUABLE EN PAYS DE GUÉRANDE
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Ce terrible constat n’affecte pas seulement les
espèces végétales. Que les âmes sensibles s’abstiennent
de prendre connaissance de l’état des populations de
mammifères, amphibiens et reptiles des Pays-de-la-
Loire6! Par exemple, le petit crapaud Pélobate cultri-
pède (Pelobates cultripes) a été signalé pour la dernière
fois en 1994 sur le secteur du Pouliguen. Le Pays de
Guérande et plus particulièrement Pen-Bron était
alors la limite septentrionale de répartition de cette
espèce7menacée au niveau mondial.
Les raisons locales de ces disparitions sont
connues : l’artificialisation du littoral, l’évolution
des pratiques agricoles, la surfréquentation touris-
tique et l’introduction d’espèces invasives.
L’artificialisation du littoral est liée à l’urbanisa-
tion et la construction d’infrastructures routières.
Elle a été particulièrement fatale aux massifs dunaires
réduits à la portion congrue dès les années 1960. Et
que dire des marais salants grignotés par les remblaie-
ments (y compris de déchets de tous ordres), puis
aménagés en zones commerciales ? Mais comme il est
coutume de le dire : « c’est l’époque qui voulait ça ».
L’urbanisation et les routes conduisent aussi à un
autre phénomène, le morcellement et l’atomisation
des habitats. Ceux-ci peuvent alors se réduire à de
simples timbres-poste, éloignés entre eux et sans
possibilités d’échanges, entraînant inéluctablement
la disparition de certaines espèces.
L’Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale)
espèce protégée au niveau européen, encore présent sur
les ruisseaux du coteau de Guérande en 2001 est signalé
disparu en 2007. On peut se demander si cette petite
libellule, toujours observable sur de petits tronçons de
cours d’eau sur le bassin du Mès et de Pont-Mahé, se
maintiendra quand on connaît l’éloignement des sites
entre eux et le comportement casanier de cet insecte8.
L’évolution des pratiques agricoles traditionnelles
vers une agriculture « moderne » a été préjudiciable
au bocage et à ses espèces, au travers notamment des
aménagements fonciers. L’arasement des talus et
des haies, la rectification et le surcreusement des
cours d’eau, le drainage et le comblement de mares
étaient alors justifiés pour agrandir les parcelles et
pérenniser économiquement l’agriculture. Fort heu-
reusement, il faut reconnaître que la Presqu’île a su,
néanmoins, conserver de beaux secteurs bocagers.
Paradoxalement, la déprise agricole sur certains
milieux a mené au développement de friches, nette-
ment moins intéressantes du point de vue de la
diversité des espèces. Des plantes communes sans
grande valeur patrimoniale (Épine noire, Prunus
spinosa, ronces,…) ont succédé aux riches bruyères
des landes autrefois pâturées, à Pen-Bé, au Croisic
ou sur le coteau guérandais.
La surfréquentation touristique menace aussi la
biodiversité : piétinement des habitats et espèces
protégées des dunes grises, pêche à pied dans les
herbiers à zostères (Zostera noltii) et récifs d’Her-
melles (Sabellaria alveolata), remblaiement des
chemins creux pour les randonneurs et autres engins
à moteurs. Sous la pression touristique, les com-
munes ont dû développer le nettoyage mécanique
systématique des plages, supprimant de fait les pos-
sibilités de développement d’une végétation unique,
la végétation annuelle des laisses de mer où prospé-
rait autrefois la fameuse… Euphorbe péplis. Le net-
toyage systématique condamne aussi le réensablement
de la dune et provoque érosion aggravée et recul du
trait de côte.
L’introduction d’espèces étrangères dites « inva-
sives » est considérée, au niveau mondial, comme la
deuxième cause de disparition de la biodiversité.
Ces espèces exogènes ont une forte capacité de dis-
sémination, pas ou peu de prédateur, et s’adaptent à
des milieux variés. Ragondins (Myocastor coypus),
Écrevisses de Louisiane (Procambarus clarkii) et
Jussies (Ludwigia sp.) ont maintenant une bien triste
réputation dans la Presqu’île. Tout comme le Bac-
charis à feuilles d’arroche (Baccharis halimifolia),
l’Ailante glanduleux (Ailanthus altissima) ou l’Herbe
de la pampa (Cortaderia selloana) pourtant si prisée
des jardiniers.
En 2005, le conservatoire botanique national de
Brest a clairement mis en évidence sur la dune de La
Falaise l’impact négatif du Baccharis halimifolia :
le nombre d’espèces observées est d’autant plus
faible que le degré d’infestation par le Baccharis
augmente9.
Les pollutions majeures conduisent aussi à l’éro-
sion de la biodiversité. Lors de la marée noire de
L’Erika, près de 65 000 oiseaux mazoutés (notam-
ment le Guillemot de Troïl Uria aalge) ont été récu-
pérés, la plupart morts. La mortalité globale estimée
est de l’ordre de 150 000 oiseaux, ce qui fait de
L’Erika l’une des marées noires au monde les plus
meurtrières pour la gente ailée10.
À une échelle qui nous échappe, même si nous
avons notre part de responsabilité, l’effet de serre et
l’élévation de la température à la surface du globe
modifient les conditions de vie des espèces, mena-
çant nombre d’entre elles, notamment les plus spé-
cialisées11.
Enfin, il ne faut pas non plus oublier une autre
grande cause de réduction de la diversité biologique,
la surexploitation des ressources naturelles, même si
son impact est difficile à évaluer pour notre terri-
toire.
5
FLORE REMARQUABLE EN PAYS DE GUÉRANDE LES CAHIERS DU PAYS DE GUÉRANDE, 49, 2010
La chute de la biodiversité
touche aussi les espèces courantes
La disparition d’espèces ne touche plus seulement
les espèces rares et protégées. Même la nature dite
« ordinaire » est aujourd’hui menacée. Les grands
médias nationaux se font, dans ce domaine, de plus
en plus souvent l’écho des scientifiques et associa-
tions naturalistes.
Ainsi, Ouest France titrait à la une le 11 août 2009 :
« Les temps sont durs pour les oiseaux nicheurs ».
L’article indiquait, à partir des données du muséum
national d’histoire naturelle12 qu’entre 1989 et 2008,
la France a perdu en moyenne 10 % de ses oiseaux
communs nicheurs (-20 % pour les oiseaux liés au
bâti comme les Hirondelles et les Martinets). Même
les populations de Moineaux sont en déclin. En
cause essentiellement : la dégradation des habitats,
les pesticides, le réchauffement climatique.
L’union mondiale pour la nature (UICN) estime,
qu’au niveau mondial, une espèce d’oiseaux sur 8,
une espèce de mammifère sur 4, une espèce d’am-
phibiens sur 3, une espèce de tortue sur 2 et une
espèce de conifère sur 4 sont en danger d’extinction,
un rythme plusieurs centaines de fois supérieur au
bruit de fond de l’extinction naturelle13.
Mais pourquoi se préoccuper
de la biodiversité ?
« La biodiversité représente l’extraordinaire variété
du vivant sur notre planète, des gènes aux espèces
jusqu’aux écosystèmes. Elle joue un rôle fonda-
mental dans le fonctionnement des systèmes natu-
rels qui fournissent d’innombrables services à
l’humanité14 ».
Ces services sont en effet innombrables même si
nous ne nous en rendons pas compte : nourrir,
habiller et soigner les hommes, et accessoirement
– quoique –, se divertir, se faire plaisir, accéder à la
beauté.
Nous utilisons tous des médicaments dont le
principe actif est d’origine naturelle. Si vous en doutez,
regardez dans votre pharmacie. Quelles seront les
conséquences de l’effondrement des populations
d’abeilles (Apis melifera) un peu partout dans le
monde quand on connaît leur rôle fondamental dans
la production alimentaire ? Actuellement, en Chine,
au Sichuan, des centaines d’ouvriers chinois assurent
manuellement la pollinisation des fleurs de poiriers
en raison de la disparition des abeilles, victimes de
l’usage insensé des pesticides15.
La biodiversité est au cœur de l’économie et on
cherche maintenant à en évaluer son importance.
Il faut donner un coût à la nature pour qu’enfin
celle-ci soit prise en compte dans les décisions
publiques16. Au-delà des problèmes méthodologiques,
les milliards de dollars ou d’euros de services rendus
permettront-ils de stopper l’érosion de la biodiver-
sité ?
Si le lien n’est pas évident pour la majorité d’entre
nous entre bien-être humain et diversité biologique,
il l’est encore moins entre érosion de la biodiversité
et menace pour l’espèce humaine. « Eviterons-nous
la sixième extinction ? L’activité humaine, en mena-
çant la biodiversité, compromet la survie de notre
espèce […] » pouvait-on lire dans Le Monde du
28 août 200817.
On peut néanmoins se représenter chaque espèce
comme une pierre d’un grand édifice symbolisant
l’écosystème terrestre. Supprimer des espèces, c’est
retirer des pierres, fragiliser progressivement, de
proche en proche, l’ensemble et, in fine, le conduire
à l’effondrement. Que viennent à disparaître à un
rythme anormalement élevé des milliers d’espèces
et l’écroulement sera rapide. L’homme, Homo
sapiens sapiens est l’une des pierres… En ce sens,
la biodiversité, « c’est notre assurance-vie ». On en
prendra pleinement conscience quand il faudra
modifier, avec des espèces adaptées, nos systèmes
de production alimentaire à la nouvelle donne cli-
matique.
Une érosion qui se confirme
malgré les évolutions réglementaires
La prise de conscience du politique est réelle : elle
se traduit par des engagements à tous les niveaux.
Des chartes et des accords internationaux, des direc-
tives européennes, ainsi que des lois et des textes
réglementaires français sont régulièrement édictés.
Des objectifs chiffrés de préservation de la biodiver-
sité sont annoncés. Considérée, avec le changement
climatique, comme l’un des enjeux environnemen-
taux posés à l’humanité, la préservation de la biodi-
versité est devenue une priorité.
Le Grenelle de l’environnement18 dont la pre-
mière loi a été votée le 3 août 2009 (loi n° 2009-967)
a consacré le principe de la trame verte et bleue,
réseau d’espaces naturels (humide, forestier, prai-
rial,…) censés permettre le déplacement des espèces
entre des habitats de plus en plus morcelés. Le Gre-
nelle affiche aussi des objectifs de réduction des
pesticides.
Les départements, avec les espaces naturels sen-
sibles, et les régions avec les réserves naturelles
LES CAHIERS DU PAYS DE GUÉRANDE, 49, 2010 FLORE REMARQUABLE EN PAYS DE GUÉRANDE
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régionales ou les parcs naturels régionaux, apportent
leur contribution à l’effort collectif. Des communes
et groupements de communes s’engagent en faveur
de la biodiversité dans le cadre d’actions isolées, de
leurs compétences statutaires ou d’Agenda 21.
Mais la réglementation n’est pas toujours suffi-
sante. Ainsi, Pierre Dupont19 fait état, en Pays de
Guérande, d’un lotissement autorisé sur une station
d’Asphodèle d’Arrondeau (Asphondelus arrondeaui)
– espèce protégée, si l’on peut dire – malgré le procès-
verbal d’un agent de l’office national de la chasse.
Dans l’affaire, le préfet a considéré que la station
n’était pas officiellement inventoriée et que les permis
de construire ne pouvaient pas être suspendus.
Force est donc de constater que malgré tout cet
arsenal réglementaire et les ambitions affichées, la
biodiversité recule. Ce ne sont pas quelques réintro-
ductions réussies comme celles du Vautour fauve
(Gyps fulvus) dans le Vercors ou du Castor d’Europe
(Castor fiber) dans diverses rivières françaises qui
doivent faire oublier les chiffres précédemment
cités. Si la tendance se confirme, ce serait 50 % des
espèces vivantes qui pourrait disparaître d’ici 2050.
Gérer les espaces naturels remarquables
protégés et les « relier » entre eux
« Protéger » de grands espaces naturels remarquables
n’est pas « gérer ». Et sans gestion, dans nos contrées,
la diversité biologique régresse. Et pour gérer il faut
une activité humaine. Paradoxalement, et ce n’est
pas facile à comprendre, la richesse biologique est
étroitement associée aux activités humaines tradi-
tionnelles agricoles ancestrales.
Les protections réglementaires fortes des marais
salants (site classé au titre de la loi de 1930, espaces
remarquables au titre de la loi Littoral) ne suffisent
pas à eux seuls à en faire un habitat naturel européen
d’intérêt communautaire prioritaire. C’est le travail
des paludiers, en entretenant ce milieu par leur tra-
vail, en évitant qu’ils ne disparaissent avec l’érosion
des talus ou la sédimentation des salines, qui permet
d’en conserver tout son intérêt biologique.
Sans entretien des canaux hydrauliques depuis
bientôt trente ans, les marais de Pompas s’envasent
et deviennent moins attractifs pour l’agriculture tra-
ditionnelle extensive d’élevage. La saulaie puis la
chênaie succèdent aux prairies humides et progres-
sivement, la zone humide disparaît et, avec elles, son
cortège de plantes, d’amphibiens et de poissons.
Le contrat de restauration entretien (CRE) que la
communauté d’agglomération de la Presqu’île de
Guérande Atlantique élabore avec l’agence de l’eau
et les agriculteurs permettra de curer les canaux et
de débroussailler certains secteurs, pour un véritable
renouveau à la fois agricole et écologique du marais.
Avec des canaux entretenus, il est à parier que les
fortes mortalités de Brochets (Esox lucius), espèce
patrimoniale, observées dans le secteur de Kerozan
(commune de Guérande) en septembre 2009 auraient
été moindre. Enfin, les mesures agro-environnemen-
tales de Natura 2000 auxquelles peuvent souscrire les
agriculteurs volontaires complètent le dispo sitif :
elles indemnisent les agriculteurs qui s’engagent
dans le respect d’un contrat portant sur la fauche des
prairies humides.
L’aménagement du sentier côtier sur la Grande
Côte et la restauration de la dune de Pen-Bron pour-
suivent le double objectif d’offrir aux visiteurs des
conditions d’accès et de fréquentation convenables,
d’une part, et de pérenniser les habitats naturels et
les espèces protégées, d’autre part. Les moutons qui
y paissaient autrefois empêchaient le développe-
ment des arbustes. Aujourd’hui, ce sont des actions
de bûcheronnage (sites de Pen-Bron) ou de coupe du
Baccharis (dune de La Falaise) par les collectivités
qui assurent cette fonction… en attendant le retour
des moutons, pourquoi pas, dans le cadre d’actions
Natura 2000.
Cette année, plusieurs communes, (Assérac, le
Croisic et Mesquer) ont souhaité modifier leur pra-
tique de nettoyage des plages. En maintenant les
laisses de mer dans certains secteurs, les communes
favorisent le retour d’une végétation spécifique sur
le haut des plages et peut-être demain de l’Euphorbe
péplis ou du Gravelot à collier interrompu (Chara-
drius alexandrinus). Malheureusement, les marées
vertes d’ulves (genre Ulva) qu’il faut impérativement
ramasser contrecarrent ces efforts plus que méri-
toires.
Autre élément majeur pour un bon fonctionne-
ment de ces espaces : les « connecter » entre eux,
c’est-à-dire veiller à ce que les espèces qui les habi-
tent, animales notamment, puissent circuler de l’une
à l’autre. Ce principe renvoie vers la trame verte et
bleue précédemment citée. Le parc naturel régional
de Brière mène actuellement une étude portant sur
les corridors écologiques (voie de déplacement) de
la Loutre (Lutra lutra) entre grands sites de la
Presqu’île, de la Brière aux marais salants de Gué-
rande, du Mès à la baie de Vilaine. Il restera à
concrétiser les conclusions de cette étude en pro-
grammes d’aménagements (loutroducs sous ponts
routiers) et/ou en traductions réglementaires au sein
des documents d’urbanisme pour la préservation de
ces corridors.
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