Journées de la Fondation Recherche Médicale y Accidents vasculaires cérébraux y www.frm.org 5
réapprennent aux patients à parler. Des
psychologues peuvent également intervenir
auprès des patients et de leur famille. Enfin,
les médecins prescrivent des traitements en
fonction de la cause de l’accident et
coordonnent la prise en charge. Ils
déterminent, après la phase aiguë, dans quel
service de rééducation envoyer leurs patients.
> L’inégalité des équipements
des hôpitaux en France
Il n’y a actuellement qu’une trentaine d’unités
neurovasculaire en France, spécialisées dans
la prise en charge des accidents vasculaires
cérébraux. La situation est toutefois en train de
s’améliorer : le Ministère a demandé
l’élaboration d’un plan d’organisation des
soins. Actuellement, chaque région mène une
réflexion sur l’organisation de la neurologie au
sein de ses hôpitaux, afin que les patients
arrivent directement dans ces unités
spécialisées. En Ile-de-France, ces unités
neurovasculaires passeront de cinq à onze
dans les mois qui viennent. En Normandie,
une unité neurovasculaire ouvrira
prochainement au CHU de Caen. Les choses
se mettent progressivement en place. Il faut
espérer que la prise en charge deviendra
rapidement la même que celle de l’infarctus du
myocarde, dans laquelle un malade souffrant
d’une douleur dans la poitrine est directement
amené par le SAMU dans une unité de soins
intensifs cardiologiques.
Optimiser la récupération
des fonctions perdues
Pr Alain Yelnik
Chef du service de médecine physique et de
réadaptation à l’hôpital Lariboisière Fernand
Widal, Paris (Assistance Publique - Hôpitaux
de Paris)
> Les trois aspects
de la rééducation fonctionnelle
La rééducation s’adresse à tous les
symptômes de l’accident vasculaire, avec plus
ou moins de succès : paralysie, aphasie
(trouble de la parole), trouble de la sensibilité
ou de la vision, troubles urinaires, et quelle
que soit la cause de l’accident (hémorragie ou
infarctus).
Le premier aspect de la rééducation, très
important, consiste à éviter l’apparition de
complications supplémentaires. Si l’on ne
s’occupe pas d’un patient hémiplégique
victime d’un accident cérébral, il souffrira
rapidement d’un raidissement progressif des
membres, qui peut survenir dès les premiers
jours qui suivent l’accident. Cette complication
n’est pas systématique et peut être évitée.
Dans ces cas, la rééducation (essentiellement
la kinésithérapie) doit intervenir très
précocement. Dans
certaines aphasies,
les personnes
peuvent prendre un
tic de la parole
(répétition de mots) :
dès les premiers
jours, il est important
de les empêcher
d’acquérir ce tic et de
s’enfermer dans un
stéréotype.
Grâce aux systèmes
d’imagerie et notamment d’IRM, on sait que la
rééducation joue un véritable rôle sur
l’amélioration neurologique et la récupération
du cerveau. La rééducation va ainsi aider le
cerveau à mettre en œuvre des phénomènes
de plasticité cérébrale. Il s’agit de la capacité
qu’a le cerveau de modifier le fonctionnement
des neurones. Si les neurones responsables
de la mobilité de la main sont abîmés, ses
voisins, qui jouaient un autre rôle, sont
capables de modifier leur fonctionnement, pour
peu qu’on le leur demande en les sollicitant et
en les « bousculant » ! On sait à présent qu’en
plus des complications précédemment citées,
un patient ayant subi un accident vasculaire et
qui est laissé tranquillement sans rien faire ne
sollicite pas son cerveau. Il faut donc solliciter
le cerveau de multiples manières, avec des
exercices très différents, pour l’obliger à
trouver le moyen de récupérer ce qui ne
fonctionne plus bien.
La troisième partie de la rééducation consiste,
lorsque malheureusement les parties de
cerveau abîmées sont trop importantes et que
le patient ne peut plus bouger la main ou le
pied, à apprendre à vivre malgré cela. Même si
tout n’est pas revenu, on peut marcher,
manger, s’habiller, écrire, conduire sa voiture.
Cet aspect de la rééducation, qui consiste à
retrouver la fonction d’une autre manière, est
différent.
> Le moment de la prise en charge
par la rééducation
Il est capital que la rééducation intervienne dès
le premier jour, afin d’empêcher les