Recherche subventionnée par la FCMII - Un rapport des progrès
Le Journal, automne 1996
Dans ce numéro, Le Journal présente une nouvelle chronique intitulée «Recherche
subventionnée par la FCMII - Un rapport des progrès». Les lecteurs y trouveront le compte rendu
de chercheurs financés par la FCMII à propos de leurs dernières découvertes, et seront ainsi
tenus au courant des plus récentes recherches canadiennes.
Nouvelles de la recherche sur les MII : Juste des gènes ou des gènes injustes ?
par le docteur John L. Wallace,
professeur de pharmacologie et de médecine
Chaire de la FCMII de la recherche sur les maladies intestinales,
université de Calgary
L’un des domaines les plus intenses de la recherche sur les MII, c’est celle des gènes qui
contribuent à l’apparition de ces maladies. À une conférence récente sur les MII tenue à Ottawa,
plusieurs chercheurs ont fait état de leurs progrès dans ce se secteur, qui se concentre sur deux
méthodes principales : trouver les gènes anormaux les plus souvent décelés chez les personnes
atteintes d’une MII par rapport aux personnes non atteintes, vérifier les effets de l’ajout ou du
retrait d’un gène dans l’embryon d’une souris et déterminer si cette intervention n’entraîne pas la
formation d’une maladie semblable aux MII lorsque les souris grandissent.
Avant de passer en revue les comptes rendus de la conférence d’Ottawa, il convient d’étudier ce
que sont les gènes, ce qu’ils font, ainsi que ce que nous savons des relations génétiques des MII.
Les gènes sont des chaînes d’ADN qui transportent un code. Ce dernier ressemble à un plan
directeur, qui indique à l’organisme les protéines à fabriquer. Les gènes inclus dans chaque
cellule du corps humain sont transmis par les parents (la moitié des gènes de l’un et la seconde,
de l’autre). Certaines maladies, comme la fibrose kystique, sont reliées à un seul gène, mais la
plupart sont polygéniques, c’est-à-dire que plusieurs gènes différents provoquent l’apparition de
la maladie ou rendent une personne plus vulnérable à la maladie si elle est également exposée à
des facteurs de risque environnementaux.
Un faisceau d’arguments laisse supposer que les MII, et surtout la maladie de Crohn, reposent
sur des assises génétiques, dont l’«évolution» de la maladie de Crohn au sein des familles (les
conjoints des personnes atteintes ne présentent toutefois pas une incidence plus élevée),
l’incidence plus élevée parmi certains groupes ethniques ou raciaux, l’association des MII avec
d’autres maladies aux prédispositions génétiques connues et le taux élevé de maladie de Crohn
chez les jumeaux identiques. D’ailleurs, ce dernier exemple démontre très bien la relation
génétique de la maladie de Crohn. Dans le cadre d’une étude menée il y a plusieurs années en
Suède, on a examiné l’incidence de maladie de Crohn et de colite ulcéreuse chez les jumeaux
identiques (un oeuf) et les faux jumeaux (deux oeufs). Les gènes des jumeaux identiques sont
pareils, tandis que ceux des faux jumeaux sont semblables, comme le sont les gènes d’un frère
ou d’une soeur. Parmi les jumeaux identiques dont l’un a contracté la maladie de Crohn, l’autre
l’a aussi contracté dans 58 % des cas. Par contre, parmi les faux jumeaux dont l’un a contracté la
maladie, le jumeau contractait rarement la maladie (dans moins de 4 % des cas).
Où en est donc la recherche sur les gènes qui contribuent à l’apparition des MII ? Plusieurs
groupes «cartographient» les gènes humains pour tenter de trouver les gènes anormaux les plus
courants chez les personnes atteintes d’une MII. Il s’agit d’un processus laborieux puisque
l’humain possède des millions et des millions de gènes. Cependant, on progresse, et chaque
succès permet de recueillir d’importants indices sur l’emplacement éventuel d’autres gènes
d’importance. Les chercheurs qui identifient des gènes importants tentent ensuite d’en
comprendre la fonction. Par exemple, plusieurs gènes identifiés jusqu’à présent correspondent
au code de protéines essentielles dans la réponse immunitaire. Il se peut que l’identification des
gènes les plus souvent associés aux MII nous aide à découvrir l’anomalie immunitaire en partie
responsable de l’apparition de ces maladies, ce qui ouvrirait la voie vers un traitement curatif.
La conférence d’Ottawa comprenait également plusieurs présentations sur une nouvelle méthode
intéressante d’examiner la contribution des gènes à l’apparition des MII. Chez la souris, il est
possible d’insérer ou de retirer un gène précis, puis d’établir les effets ressentis sur la santé de
l’animal. Plusieurs gènes ont été identifiés qui, lorsqu’ils sont retirés du code génétique de la
souris, provoquent la formation d’une maladie semblable aux MII. Il n’est pas surprenant de
constater que dans presque tous les cas jusqu’à présent, les gènes identifiés correspondent aux
codes des protéines nécessaires à la réaction immunitaire de l’intestin. Par exemple, le retrait du
gène d’une protéine du nom d’«interleukine 10» provoque l’apparition d’une colite chez la souris.
L’injection d’interleukine 10 à cette souris guérit la colite. Puisqu’il est très peu probable que les
MII soient causés par un seul gène, les études comme celles-là sont peu susceptibles de signaler
la présence d’un seul trouble responsable des MII chez les humains. Cependant, elles peuvent
nous éclairer au sujet du fonctionnement du système immunitaire et du traitement d’un système
immunitaire atteint par une MII. Comme nous l’avons déjà indiqué, la tentative d’identification des
gènes susceptibles de prédisposer un individu aux MII représente un processus laborieux. Les
études des souris s’avèrent un mode de recherche beaucoup plus rapide, qu’un gène donné
participe ou non à l’apparition de la maladie intestinale, et que la correction de l’anomalie causée
par le gène constitue ou non un traitement curatif.
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