Tragédie : pièce de théâtre en vers, qui met en scène des personnages nobles ou haut placés. L'action
repose sur des conflits passionnels dans lesquels les personnages sont déchirés et implacablement
entraînés vers une catastrophe ou un destin désastreux. (Définition à connaître).
Reprenons les critères un par un :
a) pièce de théâtre (nom des personnages, didascalies...) : c’est le cas
b) en vers : ici, en prose
c) personnages nobles ou haut placés ?
« Jason », « Médée » : ce sont bien des personnages nobles. Ce qui l’évoque ici c’est la phrase
« Désormais j’ai recouvré mon sceptre », qui fait allusion au temps où Médée était princesse en Colchide.
Jason est également de sang royal.
mais d’un autre côté, les personnages « la nourrice » et « le garde » sont des êtres humains qui ne sont
pas de sang royal mais bien des domestiques au service des nobles. Or ils ont dans ce passage presque
autant la parole que Médée et Jason, et c’est à eux que revient le mot de la fin.
L’usage du déterminant (article défini « le » ou « la ») devant un nom de fonction « nourrice »,
« garde » indique bien la différence sociale qui sépare ces quatre personnages. La nourrice et le garde
sont réduits à une fonction au service des nobles.
Comme ils ont cependant, la parole et le mot de la fin, deux interprétations sont possibles :
- la pièce valoriserait l’humanité moyenne, ordinaire
- la séparation des deux mondes aurait pour objectif de condamner les illusions du monde des
humains moyens, dont les préoccupations sont sans valeur. Ce serait d’ailleurs peut-être pour cela que
« le rideau est tombé pendant qu’ils parlaient » : pour montrer que l’être humain ordinaire n’a pas
d’importance.
- difficile de savoir qui l’emporte, difficile de trancher…
d) conflits passionnels :
le seul personnage qui semble être en proie à des conflits est Médée : succession d’exclamatives nous le
montre.
e) destin désastreux : morts des enfants, suicide, « trace sanglante » de Médée « à côté » des humains.
A-t-on ici un vrai dénouement ?
Oui : les problèmes (séparation, meurtres avec préméditations) ont été résolus par la solution la plus
funeste, la plus sombre possible.
Ce dénouement est-il tragique ?
Tragique : registre littéraire qui correspond à une situation où l’on ressent le caractère inévitable et
insupportable du destin. Ce registre crée crainte (ou terreur, frayeur) et pitié chez le lecteur ou le
spectateur (définition à connaître).
présence du destin inévitable :
conforme au mythe : la meurtrière de ses enfants + Jason l’infidèle,
mais peu évoqué dans les répliques que l’on a à étudier ici.
Dans un passage plus haut dans la pièce (p. 85-86) Médée disait qu’elle « a été choisie pour être la proie et le lieu de la
lutte… D’autres plus frêles ou plus médiocres peuvent glisser à travers les mailles du filet jusqu’aux eaux calmes ou à la
vase ; le frétin, les dieux l’abandonnent. Médée, elle était un trop beau gibier dans le piège. Ce n’est pas tous les jours
qu’ils ont cette aubaine, les dieux, une âme assez forte pour leurs rencontres, leurs sales jeux. Ils m’ont tout mis sur le dos
et ils me regardent me débattre. »
MAIS
cette évocation du DESTIN, décidé par les Dieux, qui s’abat sur les humains, n’est pas évoquée
dans notre extrait.
destin insupportable : Médée a tué ses enfants « ils sont morts égorgés », elle se tue comme le montre
la didascalie «
Elle se frappe et s’écroule dans les flammes
» et elle semble être oubliée juste après ces
horreurs : « Oui, je t’oublierai » dit Jason « simplement » comme le précise la didascalie.
De plus, deux autres personnages ne parlent plus du tout d’elle, alors que la nourrice semblait au