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La lettre de l’École normale supérieure Octobre 2011
N°136
Agenda
8 novembre 2011, 18h-22h, salle Dussane
Hannah Arendt. Les langues de l’exil.
8 novembre 2011, 20h, amphi Rataud
« Les grands enjeux diplomatiques et
géopolitiques mondiaux » ( lière diplo-
matie).
9 novembre 2011, 20h30, salle des Actes
La Voix d’un texte: Grégoire Baujat lit
Balzac.
14 novembre 2011, 18h-20h, salle Dussane
Vous avez dit...biodiversité ? (Gilles
Boeuf – MNHN).
Du 7 au 16 novembre 2011
Conférences Jean-Nicod de philosophie
cognitive.
16 novembre 2011, 18h30-20h30, salle
Dussane
Territoires politiques et réformes
des collectivités (département de
Géographie).
17 novembre 2011, 18h, salle de Théâtre
ENS, 45 rue d’Ulm
La Voix d’un texte : Fabrice Luchini lit
Céline.
Les 17 et 18 novembre 2011, Aix-la-
Chapelle et Paris
Paris : lieu de passages 1925-1935,
Intellectuels et artistes germanophones
à Paris 1925-1935.
18-19 novembre 2011, Musée du quai
Branly
Colloque « Franz Boas, le travail du
regard » (CNRS, équipe « Transferts
culturels», ENS).
Les 18 et 19 novembre 2011, 10h-19h,
salle Dussane
Totalité et in ni d’Emmanuel Levinas.
24 novembre 2011, salle Dussane
Un musée en photographie : un parcours
dans le Musée national de Naples (1860-
1900).
25 novembre 2011, 9h30-12h30, salle Weil
Grèce et Allemagne, conférence donnée
dans le cadre du séminaire Transferts
culturels.
PHILOSOPHIE
Normalien, philosophe, directeur de recherche au
CNRS (Archives Husserl), Marc Crépon est depuis
le 1
er
juillet 2011 directeur du département de
Philosophie de l’ENS. Ses recherches portent
sur la question des langues et des communautés
dans les philosophies française et allemande
(
XVIIIe
-
XXe
siècles) et sur la philosophie politique
et morale contemporaine.
Entretien avec MARC CRÉPON
Directeur du département de Philosophie
Pourquoi avoir choisi la philosophie ?
Au départ, un peu par hasard. Au moment de choisir
ma spécialité en khâgne, j’étais prêt à m’orienter
vers la littérature. Et puis le plaisir d’écrire dont je
pensais qu’il s’orienterait plutôt vers la fiction, s’est
très vite transformé en un plaisir d’écrire des textes
de réflexion, de philosophie. J’ai aussi eu la chance
d’avoir en khâgne un professeur de philosophie
exceptionnel : Serge Boucheron. Par la suite, ce
plaisir s’est renforcé encore par des questions de
philosophie morale et politique qui sont devenues
de plus en plus les miennes.
Quel est votre parcours ?
J’ai fait mes années de prépa au lycée Condorcet
avant d’intégrer l’ENS en 1984. En 1986, j’ai passé
l’agrégation. À part un passage de quelques
années à l’université de Nanterre et un séjour de
deux années en URSS, au titre de la coopération,
j’ai en fait très peu quitté l’École. Mes deux années
passées à l’étranger ont été probablement aussi
formatrices que mes années passées à l’ENS. En
1987-1988, la Moldavie, où je séjournais, faisait
partie de ces républiques fédérées de l’URSS qui
réclamaient leur indépendance. Il y était question

Constitué en 2010 sous la forme d’une Fondation
de coopération scientifique, PSL regroupait
cinq institutions d’enseignement supérieur et
de recherche parisiennes ayant pour objectif la
constitution d’un campus pluridisciplinaire unifié.
En 2011, 11 institutions d’enseignement supérieur
et de recherche rejoignent la Fondation PSL afin
de présenter un projet d’initiative d’excellence.
Avec plus de 100 laboratoires et 14 000 étudiants,
PSLH espère rivaliser avec les vingt meilleures uni-
versités mondiales.
Le 4 juillet 2011, PSLH est sélectionné par le jury
international de l’initiative d’excellence et lance
officiellement son université de recherche.
Dans les prochains mois, PSLH compte mettre en
place des instances de gouvernance, lancer les
premiers appels à projets de recherche, démarrer les
laboratoires d’excellence et labelliser les masters PSL.
Dernièrement, cinq projets Équipements d’excel-
lence viennent d’être présentés par PSL
H
au second
appel à projets. Il s’agit de :
– GeoPast (équipements de pointe pour données géo-
référencées), coordonné par l’ENS et la Fondation PSL.
Hyper-Résonance à Paris (plate-forme de réso-
nance magnétique), coordonné par l’ENS.
– Imagex 2011 (plateau multi-disciplinaire et complet
d’imagerie et de génomique fonctionnelle), coordonné
par Curie.
Share (collecte de données sur l’état de santé, le
statut socio-économique et les réseaux sociaux et
familiaux), coordonné par l’Université Paris-Dauphine.
WEAVE-FC (construction d’un instrument destiné à
une vaste étude portant sur un million d’étoiles), coor-
donné par le CNRS.
PSLH
Le point sur Paris Sciences et Lettres
Vie des départements
Tout l’agenda : http://www.ens.fr/
2
Octobre 2011
Totalité et in ni
d’Emmanuel
Levinas
Les 18 et 19 novembre
2011, 10h-19h,
salle Dussane
Colloque international organisé par Danielle
Cohen-Levinas et Alexander Schnell, les
Archives Husserl de Paris, l’université Paris IV
Sorbonne, et le Collège des études juives et
de philosophie contemporaine.
L’année 1961 constitue un tournant important
dans la philosophie française. Elle est marquée par
la disparition de Maurice Merleau-Ponty, et par la
parution de Totalité et infini d’Emmanuel Levinas,
véritable pavé dans la mare des recherches
phénoménologiques post-husserliennes et post-
heideggeriennes.
PROGRAMME : http://www.ens.fr/spip.php?article1150
sécuritaires entretenues par les démo-
craties modernes. Ces recherches ont été
contemporaines d’un certain nombre
d’événements qui m’ont profondément
marqué comme les guerres dans les
Balkans et le génocide rwandais. Dans le
même temps, j’en suis arrivé à m’inter-
roger sur un dernier syntagme résiduel
qui est « nous les mortels » et à essayer
de penser conjointement à la fois l’être-
au-monde, comme « appartenance » à
un monde commun, et la conscience
partagée de la mortalité. J’essaie de
comprendre, au titre de ce que j’appelle
une « ethi-cosmo-politique », comment
la responsabilité universelle du soin, de
l’attention et du secours qu’exigent, de
partout et pour tous, la vulnérabilité et
la mortalité d’autrui, pourrait fonder
une appartenance commune au monde.
C’est devenu le fil conducteur des mes
recherches actuelles.
Pouvez-vous nous présenter votre
département ?
Le département de Philosophie a une
structure très complexe, il est composé
d’enseignants directement rattachés au
département et de représentants des
différents centres de recherche, l’Institut
Jean Nicod, le Centre Léon Robin, les
Archives Husserl (UMR8547), l’Institut
d’histoire et de la philosophie des sciences
et des techniques (IHPST), le Centre inter-
national de recherches en philosophie,
littératures, savoirs, avec notamment le
Centre international d’études de la philo-
sophie française contemporaine (CIEPFC).
Je suis frappé du nombre considérable
d’étudiants notamment étrangers que
nous recevons à l’École qui associent
leur visite et leur envie de fréquenter
cette École à la tradition de la philosophie
de langue française au XXe siècle et à
ces générations qui s’y sont succédées,
celle de Sartre, Canguilhem, Simone
Weil, Simone de Beauvoir, d’une part, et
d’autre part, la grande génération des
philosophes nés dans les années 1920-
1930. Les gens viennent ici pour chercher
des cours sur Derrida, Foucault, Deleuze,
Michel Serres, mais aussi Levinas. Enfin
je note aussi l’aspiration des élèves à
retrouver de grand cours, articulés à
la lecture d’un texte difficile comme la
Phénoménologie de l’esprit de Hegel,
Être et temps de Heidegger ou encore le
Traité de la nature humaine de Hume, ou
la Métaphysique d’Aristote.
Par ailleurs, j’ai créé il y a deux ans un master
de philosophie contemporaine associé
à l’EHESS et aux centres de recherche
qui connaît un très grand succès. Les
élèves s’initient à divers champs, à la
métaphysique, à la phénoménologie, à
de langue, de nation. J’ai commencé à
réfléchir sur le rapport entre peuples et
langues, entre communautés politiques
et communautés linguistiques, ces
questions sont devenues une partie de
mon sujet de thèse.
À l’ENS j’ai eu comme tuteur Didier Franck,
une des grandes figures de la phéno-
ménologie française contemporaine et
comme enseignants Denis Kambouchner
et Bernard Pautrat. Je garde aussi un bon
souvenir de l’année d’agrégation que j’ai
vécue comme une année d’éveil grâce à la
lecture de Aristote, Malebranche et Hegel.
Quels sont vos domaines de recherche ?
Je suis parti d’une critique et d’une
déconstruction de la caractérisation des
peuples du type « les Français sont frivoles…
les Allemands sont sérieux… », telle que la
philosophie avait pu les construire au XVIIIe
et au XIXe – quelque chose comme une
archéologie de représentations philo-
sophiques de la diversité humaine. Ceci
m’a amené à m’intéresser à la question des
langues. Souvent, ce que les philosophes
avaient à dire des peuples, ils le pensaient
par le biais de l’image qu’ils se faisaient
de leur langue. J’ai ensuite étendu cette
réflexion à tous les usages philosophiques
de la première personne du pluriel, au
« nous », à la caractérisation des identités
collectives, et aux dérives identitaires ou

Marc Crépon (suite)

PROGRAMME
18h Ouverture : Barbara Cassin et Marc Crépon
18h15 Projection du film : « Zur Person » : Hannah
Arendt, entretien avec Günther Gauss.
18h45 Sylvie Courtine-Denamy : « Les Écrits juifs
de Hannah Arendt : Quand croire, c’est faire ».
19h30 Barbara Cassin : « La chancelante équivocité
du monde ».
20h15 Marc Crépon : « Et personne ici ne
sait qui je suis », la voix des émigrants,
H. Arendt, W. G. Sebald, G. Perec.
21h Alain Badiou : « Les langues de l’exil, entre
contrainte et création ».
Hannah Arendt.
Les langues de l’exil
Soirée organisée par le département de
Philosophie et les Archives Husserl
Coordination: Barbara Cassin et Marc Crépon
Mardi 8 novembre 2011, 18h-22h, salle
Dussane
Vie des départements
PHILOSOPHIE
L’animal : Matériaux
pour la réfl exion philosophique
Journées d’études organisées par les
départements de philosophie de l’ENS
et l’Université Paris-Sorbonne
Les 26 novembre et 3 décembre 2011,
ENS et Institut d’art et d’archéologie
http://www.ens.fr/spip.php?article1163
4
Octobre 2011
la philosophie morale et politique, à la
philosophie du langage et de l’esprit et
avec elles, à toutes les transformations
de la philosophie contemporaine. Ils sont
également appelés à suivre des ensei-
gnements dans d’autres départements
de l’ENS.
De la part des élèves, il y a une très forte
demande de philosophie sociale, de
philosophie du droit, de philosophie de
l’économie, de philosophie politique.
Dans cette perspective, j’ai, entre autres,
le projet d’organiser l’an prochain un sémi-
naire commun avec Jean-Louis Halpérin,
professeur de droit au département de
sciences sociales qui alternera une séance
de droit et une séance de philosophie du
droit.
Enfin, il y a une chose à laquelle je tiens
énormément, c’est que les enseignements
du département s’articulent de façon
étroite et très vivante avec les activités
menées par les centres de recherche. Les
élèves doivent comprendre que l’agré-
gation, aussi importante soit-elle, n’est
qu’une dimension de leur formation
intellectuelle. La possibilité qu’ils ont
de s’associer à l’activité de ces centres
de recherche dès leur première année
à l’École en est une autre – et ils doivent
l’intégrer comme un élément incontour-
nable de leur formation, à plus forte raison
dans le contexte créé par la création de
l’IDEX : Paris, Sciences et Lettres (PSL).

Marc Crépon (suite)
Quelle est l’actualité du département ?
Tout d’abord, il y a donc PSL
H
. Cette struc-
ture représente un nouveau défi pour les
enseignants et les étudiants, elle est extrê-
mement stimulante pour renforcer les
liens entre enseignements et recherche.
Comment faire exister la philosophie au
sein des autres composantes de PSL ? Il
faudra aller à la rencontre de Dauphine,
du Collège de France, de l’École de phy-
sique chimie de Paris, de l’École nationale
supérieure des arts décoratifs…
Pour ce qui est de l’actualité du dépar-
tement, nous organisons en novembre
une manifestation autour d’Hannah
Arendt et des langues de l’exil. Je compte
aussi organiser régulièrement des journées
où les enseignants du département et les
jeunes doctorants présenteraient leurs
propres recherches. Cela a déjà été fait à
la rentrée avec les enseignants lors de la
journée « Manières de faire de la philo-
sophie » qui a rencontré un grand succès.
Au mois de novembre, je vais également
lancer avec Carole Desbarats de Savoirs
en multimédia et aussi le département
Histoire et théorie des arts, s’il veut bien
s’y associer, « Penser avec le cinéma ».
Le principe sera de diffuser un film en
salle Dussane, avec une ou deux inter-
ventions soit d’élèves soit de collègues
philosophes qui viendront discuter du
film d’un point de vue philosophique. La
première projection sera Douze hommes
en colère de Sydney Lumet. Après viendront
un certain nombre de films ayant pour
thème la justice.
Un autre grand événement est à signaler
à l’automne 2012, la sortie en librairie
du séminaire de Jacques Derrida sur la
peine de mort. À cette occasion, j’aimerais
organiser avec le département de Philo-
sophie, si mes collègues en sont d’accord,
et d’autres (histoire, littérature, sciences
sociales) un grand colloque autour de
cette question.
Quelle est votre occupation préférée
quand vous ne travaillez pas ?
J’en ai deux, la lecture de poésie et de
roman et le cinéma. Je lis autant de
littérature que de philosophie. Je viens de
finir le dernier Jonathan Franzen Freedom
et me promets de lire prochainement le
roman de Murakami 1Q84.
Quelques publications
de Marc Crépon
Les Géographies de l’esprit, Paris, Payot,
1996.
Le Malin génie des langues, Paris, Vrin, 2000.
Les Promesses du langage : Benjamin,
Rosenzweig, Heidegger, Paris, Vrin, 2001.
Altérités de l’Europe, Paris, Galilée, 2006.
La Culture de la peur, démocratie, identité,
sécurité, Paris, Galilée, 2008.
Vivre avec. La pensée de la mort et la
mémoire des guerres, Paris, Hermann,
« Le Bel aujourd’hui », 2008.
À paraître (janvier 2012) :
Le Consentement meurtrier, Paris, éd. Du Cerf.
Élections, de la démophobie, Paris, Hermann,
« Le bel aujourd’hui ».
Vie des départements
PHYSIQUE
Jean Iliopoulos,
directeur de
recherche au
Laboratoire de
physique théorique
de l’ENS, a reçu en juillet 2011 à Grenoble, à
la conférence européenne de physique des
hautes énergies, le prix High Energy and
Particle Physics Prize 2011 attribué tous
les deux ans par la Société européenne de
physique. Ce prix prestigieux lui est attribué,
avec Sheldon Glashow (Harvard) et Luciano
Maiani (Rome), pour des travaux cruciaux
effectués en 1970, qui constituent un élément
essentiel du Modèle Standard de la physique
des particules et interactions fondamentales.
Jean Iliopoulos, membre fondateur du
LPTENS, en a été le directeur. Académicien, il
a effectué bien d’autres travaux de première
importance sur le Modèle Standard comme
en supersymétrie, et a reçu d’autres distinctions
prestigieuses comme le prix Sakurai de la
Société américaine de physique (1987) et la
médaille Dirac (2007).
http://www.phys.ens.fr/spip.php?article875
J
d
r
L
p
JEAN ILIOPOULOS (LPTENS) reçoit le prix High
Energy and Particle Physics Prize 2011
Nicolas Regnault est
chercheur au Laboratoire Pierre Aigrain de
l’ENS, ses travaux concernent l’émergence
de phases quantiques exotiques à travers les
effets collectifs en matière condensée. Les
outils de ce jeune théoricien sont les simu-
lations numériques de systèmes quantiques
corrélés.
http://www.lpa.ens.fr/spip/spip.php?article588
Médaille de
Bronze du CNRS
décernée à
NICOLAS REGNAULT
du LPA
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