Une fête pour les imprimeurs D La Saint-Jean-Porte-Latine ans son dernier numéro Le Relais avait évoqué la vieille chanson des imprimeurs « A la... ». Cela a donné l’idée à un de nos lecteurs de nous adresser un numéro du bulletin trimestriel de L’Union fédérale des retraités de la Fédération des travailleurs des industries du Livre, du Papier et de la Communication (ouf...) dans lequel figure un article sur la fête des imprimeurs et typographes, la Saint-Jean-Porte-Latine. En voici l’essentiel. De nos jours, traditions et coutumes se perdent, mais ce n’est tout de même pas une raison pour ignorer qu’autrefois se célébraient la Fête des orfèvres, la Fête des vendangeurs et la Fête des boulangers, qui donnaient lieu à des réjouissances populaires, mais savez-vous qu’il y avait aussi la Fête des imprimeurs et des typographes, ou la Saint-Jean-Porte-Latine le 6 mai. Les imprimeurs parisiens et provinciaux, groupés en corporation avaient choisi dès 1470, saint Jean comme patron. Ils s’étaient en fait associés à la Confrérie de Saint-Jean-PorteLatine créée en 1401 sous Charles VI le bien aimé, par les libraires - relieurs. C’était pour eux un immense honneur que de se mettre sous la protection d’un être tout-puissant qui avait par miracle échappé à tant et tant de malheurs. Selon les écrits religieux, pêcheur comme son père, Jean appelé par Jésus, quitta tout pour le suivre. Présent partout et toujours auprès du Maître, « le disciple que Jésus aimait » Jean se voit confier la Vierge. Après la Résurrection, Jean prêche l’Évangile avec Pierre en Judée et en Asie Mineure. A son départ de Palestine, Jean s’installe à Rome ; Domitien y fait régner la terreur. Les nouveaux chrétiens sont persécutés, dans les arènes et les cirques, c’est un horrible carnage... Le saint est arrêté, il dut subir le supplice de l’huile bouillante devant la Porte Latine à Rome. Selon Ribadeneira « l’huile bouillante se convertit en rosée céleste et Jean sortit de la cuve plus saint qu’il n’y était entré, comme l’or qu’on tire de la fournaise ». Ce miracle, manifestation divine, ne fut pas compris des Romains qui l’accusè- rent de sorcellerie et l’envoyèrent à Patmos. A la mort de Domitien, Jean retourne à Ephèse où il s’était installé avant son séjour à Rome. Suspecté par le Grand Prêtre du temple de Diane, l’apôtre de Jésus devait boire une coupe empoisonnée. Par miracle, serpents et scorpions s’échappèrent et Jean put absorber le contenu sans le moindre mal... Selon la tradition catholique, saint Jean serait aussi l’auteur de l’Apocalypse et de trois épîtres. Pour cette raison, saint Jean l’Evangéliste est fêté le 27 décembre. Il se trouve être également le protecteur tout désigné des écrivains. reconnue, essayaient de rivaliser, de se surpasser dans les préparatifs de la fête. Tout commençait le 5 mai, un petit crieur magnifiquement vêtu de dalmatique parcourait le quartier de l’Université tenant un bouquet d’une main, agitant une cloche de l’autre, il annonçait aux passants la Fête des imprimeurs. Les joyeux carillons de l’église des Mathurins se faisaient entendre... L’allégresse était dans l’air... Toutes les maisons pavoisaient... Tout le monde se préparait à festoyer. Le 6 mai 95 après J.-C., date du supplice de Jean à la Porte Latine, fut choisi par les imprimeurs comme date de leur fête. Le lendemain, après la messe chantée en l’église des Mathurins, chacun pouvait guetter la sortie des membres de la Confrérie de Saint-JeanPorte-Latine, admirer leurs somptueux vêtements d’apparat et leurs si beaux missels qu’ils avaient reliés avec tant d’art. A noter d’autre part que les typographes avaient aussi donné le nom de Saint-Jean à l’ensemble des instruments nécessaires à leur profession : composteur en fer, composteur en bois, pinces, galée et blouse. Le 27 décembre 1672, ce fut pour la Confrérie l’apothéose. La troupe de Lully fut engagée pour chanter la messe. Comme récompense, chaque participant reçut 100 livres, somme énorme pour l’époque... Possédant l’appui du clergé, la Confrérie de Saint-Jean-Porte-Latine s’est maintenue jusqu’à la Révolution. Elle avait son pain bénit, son poète pour les inhumations. Outre les messes pour le Roi, la Confrérie se devait de rendre hommage à ses membres décédés. Pour la petite histoire, l’empereur Domitien s’était fait appeler Dieu. Il passait le plus clair de son temps dans son cabinet à attraper des mouches qu’il enfilait dans un poinçon. Il mourut assassiné. La Saint-Jean-Porte-Latine était l’occasion de réjouissances et de fastes, et d’année en année, les imprimeurs regroupés à Paris, rue de l’Université et dont l’aisance était - S’il fait beau à la petite Saint-Jean, année fructueuse en froment. - S’il pleut à la petite Saint-Jean, toute l’année s’en ressent jusqu’à la grande Saint-Jean. Dicton 100 Le Relais 5