L’évolution rapide d’un poisson invasif biologie de l’évolution Cyril FIRMAT est jeune chercheur au laboratoire Biogéosciences de l’Université de Bourgogne. Il s’intéresse à l’évolution rapide d’un poisson : le tilapia du Mozambique. À l’origine cette espèce vivait uniquement au Mozambique. Mais au XXe siècle, elle a été introduite dans une grande partie du globe. Elle s’est alors adaptée aux différents types d’environnements où elle s’est trouvée. Aujourd’hui, on observe entre des populations de tilapia issues de pays différents des différences morphologiques (forme et taille du poisson) et génétiques apparues en seulement 50 ans, un laps de temps dérisoire en comparaison avec l’histoire de la vie ! C’est précisément ces différences que Cyril étudie car elles constituent des indices essentiels pour mieux comprendre comment se forment les populations et les espèces. « Depuis longtemps je suis fasciné par la diversité des formes vivantes, leurs origines, leurs histoires... Ce sujet de recherche me permet de « décortiquer » les mécanismes évolutifs à la base de cette diversité et peut être, de contribuer à sa préservation. » www.u-bourgogne.fr/experimentarium Les introductions d’espèces en dehors de leurs aires d’origine constituent l’un des plus grands dangers actuels pour la biodiversité. En effet, certaines espèces introduites dans un nouvel environnement vont « envahir » le milieu et faire disparaître de nombreuses espèces locales. On parle alors d’«espèces invasives». Mais les espèces invasives présentent un intérêt scientifique : elles sont particulièrement sensibles à plusieurs facteurs de l’évolution tels que le hasard ou la sélection naturelle. De plus, la morphologie de chaque individu peut se modifier au cours de sa vie pour faire face à de nouvelles conditions, on peut dire alors qu’il est « plastique ». C’est le cas du tilapia du Mozambique, une des espèces les plus invasives au monde, et à laquelle s’intéresse de très près Cyril. Il s’agit pour lui d’un modèle idéal pour observer des changements évolutifs presque « en direct ». Pour cela, Cyril étudie la forme et la taille du corps de ce poisson à l’aide des méthodes de « morphométrie géométrique ». Cette technique associe les statistiques et la géométrie en utilisant des outils informatiques. Il peut ainsi quantifier de façon fine des différences qui peuvent apparaître entre les populations qui se sont séparées très récemment. Quelle est l’ampleur des différences entre ces populations ? Est-ce que certains traits morphologiques tendent à se développer préférentiellement dans certaines conditions ? Les différentes parties d’un organisme évoluent-elles à la même vitesse ?... Cyril fait aussi appel à la génétique des populations, une autre discipline scientifique qui lui permet d’estimer les différences génétiques entre les populations de tilapia. Objectifs Apporter un regard supplémentaire sur l’évolution des populations et sur la formation des espèces. connaître les relations qui lient les gènes d’un organisme vivant à son aspect extérieur. Mieux comprendre l’histoire et la biologie d’une espèce invasive et peut être, permettre de lutter contre ses effets négatifs. Mieux www.u-bourgogne.fr/experimentarium