du rendement des machines de cycle
utilisées. Selon le mode de fonction-
nement et la taille, les rendements
cryogéniques sont compris entre
1.10
–3
et 5.10
–3
. Il ne faut pas
oublier, également, le rendement pro-
pre aux générateurs et aux amplifica-
teurs HF de puissance. Globalement
on vise un gain de 10 sur le rende-
ment final de l’accélérateur.
L’une des dernières machines en-
trées récemment en fonctionnement
(l’accélérateur d’électrons à faisceau
continu CEBAF au T. Jefferson La-
boratory, Newport News, Virginia
USA) est un exemple symbolique
des progrès récents de cette techno-
logie. Ce projet, initié au milieu des
années 80, avait un cahier des char-
ges assez osé pour l’époque avec un
champ accélérateur E
acc
de 5 MV/m
et un coefficient de qualité
Q
0
= 2,5 10
9
(voir encadré 2). Il a bé-
néficié pendant sa construction des
nombreux progrès obtenus sur les
techniques de fabrication, les condi-
tions de préparation et les précautions
de montage. Cette machine, qui ac-
célère des faisceaux continus d’élec-
trons à 4 GeV (200 µA) pour des
expériences de physique nucléaire,
fonctionne aujourd’hui avec des
valeurs
^
E
acc
&
=9 MV/m et
Q
0
=10
10
. Ces valeurs correspon-
dent à la moyenne sur plus de
350 cavités installées dans la ma-
chine représentant une longueur équi-
valente d’accélérateur de 180 m.
Ces succès ont conduit à reformu-
ler des propositions datant des années
70 qui imaginaient l’utilisation des
cavités supraconductrices pour les fu-
turs collisionneurs e
–
e
+
de très haute
énergie. En Europe, une étude visant
à produire des faisceaux d’électrons
et de positons de 250 GeV (soit une
énergie totale dans le centre de masse
de 500 GeV) a été présentée en 1992.
Il s’agit du projet TESLA (TeV
Energy Superconducting Linear Ac-
celerator) qui est basé sur des cavi-
tés supraconductrices fonctionnant à
25 MV/m. Cette idée a donné une
forte motivation à la communauté
des chercheurs et des ingénieurs, et
une collaboration internationale
(Allemagne, Italie, USA, France,...) a
mis sur pied un programme de travail
visant, dans une première étape, la
construction d’un accélérateur proto-
type TTF (TESLA Test Facility) avec
des cavités fournissant un champ ac-
célérateur de 15 MV/m. Les cavités
prototypes pour le projet TESLA (fi-
gure 1) fabriquées en Allemagne et
en France ont confirmé pleinement
les espoirs : sur les dix-sept pre-
mières cavités, on a obtenu
^
E
acc
&
=17,2 MV/m, Q
0
>10
10
,et
sept de ces cavités ont dépassé
20 MV/m. Le plus remarquable dans
ces résultats est qu’il s’agit de cavi-
tés entièrement équipées pour l’accé-
lérateur, avec les coupleurs de puis-
sance, les réservoirs d’hélium, les
systèmes d’accord en fréquence, etc.
Huit de ces cavités ont été installées
dans un cryostat spécial (cryo-
module), et un faisceau de 8 mA
crête, en impulsions longues, a été
accéléré à 125 MeV en juin 1997 au
laboratoire DESY (Hambourg).
LIMITATIONS THÉORIQUES ET
POSSIBILITÉS PRATIQUES
Différents phénomènes limitent
l’utilisation de champs accélérateurs
élevés à haute fréquence.
Le métal supraconducteur utilisé
couramment dans les cavités supra-
conductrices est le niobium, supra-
conducteur du type II qui a un champ
critique (à température nulle)
H
c
(0) =195 mT, et une tempéra-
ture critique T
c
=9,2 K. Ces deux
limites fixent la frontière entre l’état
supraconducteur et l’état normal, se-
lon l’expression de Gorter-Casimir :
Hc
~
T
!
=Hc
~
0
!
⋅
F
1−
S
T
Tc
D
2
G
En présence d’un champ magnéti-
que alternatif, la limitation en champ
critique est légèrement différente. En
courant continu, la pénétration pro-
gressive du champ dans le métal à
partir de la valeur H
c1
, et qui détruit
l’état supraconducteur à partir de la
valeur H
c2
, est expliquée par la « nu-
cléation » des réseaux de lignes de
flux magnétique quantifié. Le temps
nécessaire à la « nucléation » est de
l’ordre de 10
–6
s, beaucoup plus long
que la période des ondes HF dans les
cavités (~ 10
–9
s). En haute fré-
quence, il est donc possible d’attein-
dre une phase métastable où le
champ critique est plus élévé que
H
c2
, il est désigné par H
sh
(super-
heating). Pour le niobium, les estima-
tions théoriques indiquent : 200 mT
<H
sh
<240 mT, mais les mesures
expérimentales n’ont pas pu confir-
mer ces valeurs. A titre d’exemple, la
limite supérieure H
sh
=240 mT
correspond, dans le cas des cavités
prévues pour TESLA, à un champ
ac-
célérateur E
acc
= 54 MV/m à 1,8 K.
Du point de vue des pertes HF
dans les parois de la cavité, la limi-
tation est liée à la résistance de sur-
face résiduelle. Pour R
res
= 0 (tempé-
rature 1,8 K, fréquence 1,3 GHz), la
Figure 1 - Cavité supraconductrice comprenant neuf cellules de types TESLA, fonctionnant à la fré-
quence de 1,3 GHz. Fabriquées à partir de tôles de niobium de 2,5 mm d’épaisseur, les demi-cellules
sont soudées au canon à électrons. La longueur totale est 1,38 m (longueur effective 1 m), le diamètre
max. est 0,2 m. L’objectif visé par le projet TESLA est d’atteindre un gain en énergie de 25 MeV/cavité.
De la physique à la technologie
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