L’antigène d’ Echinococcus granulosus (liquide de kyste
hydatique) alongtemps été utilisé pour effectuer le séro-
diagnostic de l’échinococcose alvéolaire, en raison de
nombreuses communautés antigéniques entre ces deux
parasites. La tendance actuelle s’oriente vers l’utilisa-
tion de l’antigène homologue d’ Echinococcus multi-
locularis,qui permet un diagnostic plus sensible et plus
spécifique. De nombreuses techniques sont proposées.
Chacune étudie des types d’anticorps différents. Il est
donc conseillé d’associer deux méthodes de dépistage
différentes et de confirmer les réactions positives ou dis-
cordantes.
•Techniques de dépistage
–L’immunofluorescence utilise des antigènes figurés :
coupes de foie de gerbille infectée par Echino-
coccus multilocularis ou coupes de scolex d’
Echinococcus granulosus obtenus àpartir de sable
hydatique provenant de kyste de chameau :leseuil
de positivité est le 1/40.
–L’hémagglutination passive utilise des hématies
sensibilisées avec des antigènes solubles préparés à
partir de liquides hydatiques d’Echinococcus
granulosus.Elle n’est positive que dans 75 %des
cas. Des réactions croisées sont observées avec les
helminthiases provoquées par les vers plats (échino-
coccose kystique, distomatose, bilharzioses). Un
titre égal ou supérieur à1/320 est significatif.
–L’électrosynérèse s’effectue sur membrane d’acétate
de cellulose, en faisant migrer dans un champ élec-
trique le sérum du patient et l’extrait soluble d’un
antigène provenant d’un lyophilisat de sable hyda-
tique de chameau. Cette technique ne permet pas la
différenciation des deux espèces. Elles ne se posi-
tivent que dans 30 %des échinococcoses
alvéolaires.
–Des progrès considérables ont été obtenus avec
l’Elisa utilisant différents types d’antigènes :extrait
de liquide hydatique d’Echinococcus granulosus
ou, mieux, antigène fractionné d’Echinococcus
multilocularis :l’antigène Em2, qui apermis la
réalisation d’un test spécifique et sensible. Cet
antigène Em2 permet de diagnostiquer 95 à100 %
des échinococcoses alvéolaires.
•Techniques de confirmation
–L’immunoélectrophorèse permet la mise en évi-
dence d’anticorps dirigés contre la fraction anti-
génique 5spécifique du genre Echinococcus,
confirmant le diagnostic. Mais cet arc 5seretrouve
seulement dans 30 %des patients porteurs d’Echi-
nococcus multilocularis.Deplus, cette technique
est longue, de lecture délicate et sa sensibilité est
inférieure àcelle de l’immunoempreinte.
–Latechnique de l’immunoempreinte aété appliquée
àl’échinococcose alvéolaire. Les protéines des
larves d’Echinococcus multilocularis sont séparées
par électrophorèse sur gel de polyacrylamide et
transférées sur membrane de nitrocellulose. Les
sérums sont incubés avec les bandes de nitro-
cellulose et les anticorps spécifiques révélés par un
conjugué anti-IgG humaines lié àlaphosphatase
alcaline. Les bandes spécifiques sont :7,16, 18,
26–28 kDa. La présence des bandes 7kDa et/ou
26–28 kDa est spécifique du genre Echinococcus ;
des profils spécifiques sont observés avec Echino-
coccus granulosus et Echinococcus multilocularis.
Cette technique présente une sensibilité de 97 %
pour le genre Echinococcus, de 98 %pour Echino-
coccus granulosus et de 96 %pour Echinococ-
cus multilocularis.Son pouvoir discriminatif entre
les deux espèces est de 70 %.
Traitement
Le pronostic s’est amélioré grâce àundiagnostic plus
précoce. Le traitement de choix reste chirurgical. L’exé-
rèse des formes larvaires par hépatectomie partielle
n’est possible que lorsque le parasite n’occupe qu’une
partie limitée du foie. La greffe de foie est le seul geste
possible si le stade est trop avancé, mais elle reste
exceptionnelle.
Les traitements semblent stabiliser les lésions. L’alben-
dazole (Eskazole
®
)est prescrit lorsque le patient est
inopérable ou en cas de résections partielles, mais aussi
après un traitement radical.
Ce médicament ne doit pas être administré pendant la
grossesse, car il est potentiellement tératogène et
embryotoxique.
La prévention individuelle consiste àéviter les contacts
avec des hôtes définitifs :sauvages (renards, loups) ou
domestiques (chien, chat). Le traitement des animaux
domestiques par praziquantel peut être efficace.
☞Échinococcose kystique
(Bronstein JA,Klotz F.
Cestodoseslarvaires.
EMC –Maladiesinfectieuses2005 ;8-511-A-12, 18 p.
Piarroux M, Bresson-Hadni S, Capek I, KnappJ,Watelet J, Dumortier J,
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Surveillancedel’échinococcose alvéolaireenFrance:bilandecinq
annéesd’enregistrement, 2001-2005.
BEH –Bulletin épidémiologique hebdomadaire 2006 ;N
o
27-28 :
206-207.