Approches originales en vue de promouvoir une saine alimentation

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APPROCHES ORIGINALES EN VUE DE PROMOUVOIR UNE SAINE
ALIMENTATION DANS LES COMMUNAUTÉS SCOLAIRES
Roxanne Emery et Nicole McDace | National Eating Disorder Information Centre
L
’obésité et la surcharge pondérale (excès de poids) chez
les enfants sont des conditions qui menacent la santé
des enfants canadiens et constituent une préoccupation
croissante pour la santé publique. De 25 p. cent à 30 p. cent
des enfants et des ados sont obèses, le taux d’obésité chez les
enfants canadiens ayant triplé ces dernières années. En 2004,
28 p. cent des enfants et des jeunes de 12 à 17 ans en Ontario
affichaient une surcharge pondérale ou étaient obèses. Les
statistiques sont alarmantes. Les enfants contractent des maladies
qu’on ne voit normalement que chez les adultes, entre autres,
le diabète de type 2 et des maladies cardiovasculaires.
Nous savons que les enfants passent une bonne partie de leur
jeune vie à l’école. Le milieu scolaire doit donc leur offrir des
modèles de rôle positifs. Malheureusement pour eux, beaucoup de
milieux scolaires n’incitent pas à faire des choix alimentaires sains.
Les écoles sont souvent obligées de procéder à des levées de fonds
pour améliorer leurs programmes et, dans bien des cas, elles le
font en vendant du chocolat, par exemple. On se sert d’aliments
inappropriés pour récompenser ou encourager des comportements
positifs et ainsi les renforcer. Autrefois, on offrait judicieusement
des collations nourrissantes; mais, maintenant, les friandises
semblent courantes à l’école et dans les boîtes à lunch. C’est triste à
dire, mais seulement un enfant sur cinq mange quatre portions ou
plus de fruits et légumes par jour, et le quart de la consommation
de légumes indiquée consiste en pommes de terre frites.
La Société ontarienne des professionnel(le)s de la nutrition en
santé publique (OSNPPH) a donné suite à cette crise en publiant
Appel à l’action : Créer un milieu scolaire favorable à la saine nutrition.
Cette publication fait neuf recommandations visant à créer dans
les écoles élémentaires et secondaires un milieu incitant les élèves
à bien se nourrir. Ces recommandations vont de l’élaboration de
politiques sur la nutrition en passant par la sensibilisation des
parents et l’inscription de pauses-santé à l’horaire à des moments
opportuns. Il est également recommandé de s’assurer que les
aliments offerts dans les écoles cadrent avec ce qui est enseigné
en classe. Ainsi, il est suggéré d’éliminer les boissons gazeuses de
toutes les distributrices automatiques et de n’y vendre que de l’eau
et des jus de fruit purs. De plus, tous les aliments vendus dans
les distributrices devraient satisfaire à des exigences nutritionnelles
rigoureuses.
De nombreuses écoles élémentaires de la région de MiddlesexLondon ont répondu à cet appel à l’action, en cherchant des
moyens ingénieux et novateurs d’encourager de saines habitudes
alimentaires dans tout leur effectif scolaire. Le prix des « Healthy
Eating Champions » (HEC) (champions d’une saine alimentation)
par exemple, a été lancé récemment dans 150 écoles élémentaires
locales et a contribué, avec énormément de succès, à promouvoir
un changement et à encourager de saines habitudes alimentaires.
Son attribution tient aux quatre caractéristiques d’une approche
globale de la santé en milieu scolaire, soit l’éducation à la santé,
la prestation de services sociaux et de santé, l’environnement social
et l’environnement physique. Les écoles accumulent des points
sous ces quatre rapports durant l’année scolaire en établissant un
environnement favorable à une saine nutrition et, si elles réunissent
un minimum de 5 000 points, elles sont mises à l’honneur à
l’occasion d’un déjeuner soulignant un mode de vie sain – le
« Healthy Living Breakfast » – où on leur remet un certificat-cadeau
leur permettant d’acheter des fournitures en matière de santé et de
condition physique pour leur propre usage.
...EN 2004, 28 P. CENT DES ENFANTS ET DES
JEUNES EN ONTARIO AFFICHAIENT UNE
SURCHARGE PONDÉRALE OU
ÉTAIENT OBÈSES...
Le programme « Families are Munching » (grignotons en
famille) établi par le Bureau de santé de Middlesex-London est
une autre campagne créative que les écoles peuvent entreprendre
indépendamment ou dans le cadre du prix des Champions d’une
saine alimentation. Dans le cadre de cette campagne d’une semaine,
| APPROCHES ORIGINALES |
les élèves et un membre de leur famille sont encouragés à manger de
cinq à dix fruits et légumes chaque jour. Les personnes participantes
prennent note de leur consommation quotidienne de fruits et
légumes et, à la fin de la semaine, les jeunes apportent ces données
à l’école, où les résultats sont compilés. La classe affichant le taux de
participation le plus élevé remporte un prix. On fait également tirer
au hasard des prix individuels.
Les écoles aiment le programme « Families are Munching »
(grignotons en famille), mais beaucoup estiment que les élèves
ont besoin d’un soutien et d’un encouragement continus dans le
domaine de la nutrition. Dans un comté, un Comité école-santé
a donc eu l’idée du « Freggie Friday ». Certains vendredis, chaque
élève qui apporte une portion de fruit ou de légume (d’où le nom
« Freggie » en anglais) reçoit un coupon « gotcha » (je t’ai eu) d’un
élève membre du Comité école-santé et est inscrit au tirage d’un
prix. La collectivité scolaire produit des affiches et des annonces
pour faire mieux connaître cette campagne.
L’initiative « Eat Your Way to Literacy Health » (l’alphabétisation
par la nourriture) est une variante du programme « Families are
Munching » (grignotons en famille) qu’on a menée dans une autre
école. Comme celle-ci, elle portait sur les fruits et légumes, mais
faisait intervenir les 26 lettres de l’alphabet. Le premier jour était
consacré aux fruits et légumes dont le nom commence par A, B, C
ou D; le deuxième, à ceux dont le nom commence par E, F, G ou H,
et ainsi de suite. Les élèves devaient apporter à l’école un fruit ou un
légume dont le nom commence par l’une des lettres sélectionnées
pour la journée. La campagne les incitait donc à essayer des choses
nouvelles et à apprendre à épeler également! Imaginez-vous de
devoir trouver un fruit ou un légume dont le nom commence
par Q! Ce qui a rendu la semaine particulièrement mémorable,
c’est qu’elle coïncidait avec la semaine de l’éducation, dont le thème
était justement l’alphabétisation.
10
L’« International Food Day » (journée internationale de
l’alimentation) est une troisième approche unique en son genre.
Pour lancer le programme « Families are Munching » (grignotons
en famille), chaque classe a choisi un pays qu’elle représenterait
pendant une journée. Elle a ensuite décoré son local en conséquence
(notamment en affichant des cartes géographiques) et fait jouer de
la musique du pays. Les élèves ont revêtu des costumes nationaux,
et tous ont apporté des fruits et des légumes, ainsi que quelques
produits céréaliers typiques avec des trempettes pour faire connaître
le pays qu’ils avaient choisi. Résultat : dégustation d’aliments de
bien des coins du monde, avec danses grecques et mexicaines…
Une véritable aventure culturelle!
Ce ne sont là que quelques-unes des nombreuses interventions
que les infirmières et infirmiers de la santé publique ont mises au
point en collaboration avec les écoles élémentaires afin d’inciter
les enfants à faire de bons choix alimentaires. « Milk Madness »
(du lait, du bon, bon, bon lait!), « Thomas’ Gotchas » (je t’ai eu,
Thomas!), « Wellness Wizard » (les petits génies du bien-être) et
Grignotons avec Félix en sont d’autres exemples.
Les approches sont interdisciplinaires (ce que les éducatrices et
éducateurs trouvent bon) et, ce qui est sans doute le plus important,
les élèves se rendent compte que bien manger peut être amusant.
Les écoles se mettent de la partie et répondent à l’appel.
À propos des auteures
Roxanne Emery et Nicole McDace sont des infirmières en santé
publique. Elles font partie de l’équipe chargée de la santé infantile
à l’unité de santé de Middlesex-London, qui met l’accent sur les
écoles élémentaires.
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