1914 LA GRANDE GUERRE Après les héroïques batailles de la République, les glorieuses batailles de l’Empire, la non moins glorieuse défaite de 1870 ou l’Allemagne nous ampute de l’Alsace et de la Lorraine, voici la première guerre mondiale où, après des années de guerre et de sacrifices, et avec l’aide de nos alliés, nous pouvons accéder à la victoire et à un avenir paisible avec nos compatriotes retrouvés : Alsaciens et Lorrains ; une paix qui ne durera, malheureusement qu’une vingtaine d’années. Le 28 juin 1914, à Sarajevo, François Ferdinand archiduc héritier d’AutricheHongrie et son épouse Sophie Chotek, duchesse de Hohenberg, après avoir échappé quelques heures auparavant à l’explosion d’une bombe, tombaient ensemble sous les coups de révolver de Prinzip. Prinzip, âgé de 19 ans, et qui était encore au lycée la veille, s’était posté au carrefour que le cortège devait traverser. A la croisée des voies étroites, la voiture princière avait dû ralentir. Elle se trouvait à peu près arrêtée au moment que le meurtrier choisit pour accomplir son acte. Il n’eut qu’à étendre le bras pour frapper l’archiduc d’abord, puis la duchesse. Le drame accompli, la force publique et la foule se ruent ensemble sur l’assassin, qui est traîné meurtri et saignant au poste de police. La France a tellement le sentiment que rien ne menace la paix que, le 7 juillet, Djemal Pacha, ministre de la marine turc, l’ennemi de demain, visite notre escadre à Toulon. Le 20 juillet, M.Poincaré, président de la République entrait en rade de Cronstadt à bord du cuirassier France où l’attendait Nicolas II. Visite traditionnelle de Saint-Pétersbourg – défilé des troupes russes au camp de Krasnoïé-Sélo. Sur ces deux hommes tombe, le 23 juillet 1914, à quatre heures du soir, un véritable coup de foudre. La Serbie reçoit de Vienne et de Berlin, un ultimatum préparé en commun, attentat à son indépendance. Par le jeu des Alliances, le conflit est internationalisé. Extraits de : L’Illustration L’Album de la Guerre 1914-1919 1914 LA GRANDE GUERRE Prinzip est un jeune étudiant serbo-bosniaque. L’Autriche-Hongrie tenait l’occasion d’écraser la Serbie, et elle allait s’en servir, d’autant plus que l’Allemagne décide de soutenir inconditionnellement l’Autriche-Hongrie. La Russie est l’alliée de la Serbie ; la France est l’alliée des Russes. L’Angleterre ne peut pas rester neutre en cas de guerre franco-allemande. Aussi, lorsque l’Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie, la Russie mobilise immédiatement. Lorsque Berlin déclare la guerre à la Russie, c’est la France qui mobilise. La violation de la neutralité belge par l’Allemagne achèvera de faire tomber les états d’âme de l’opinion anglaise. Le 2 août 1914, l’ordre de mobilisation générale est affiché. De longs convois roulent à la suite vers la frontière en un mouvement continu de nuit comme de jour. Ici, ne sera citée que la trame principale du conflit et ne concernera principalement que notre pays. Ce même 2 août, le Luxembourg est envahi par les troupes allemandes, la frontière française est violée. Dans la nuit du 2, la Belgique a reçu un ultimatum d’avoir à livrer passage à l’armée allemande : elle le rejette le 3. L’Allemagne nous déclare la guerre le 3 août, 24 heures après avoir violé notre territoire et sans rencontrer de résistance : nos troupes avaient reçu l’ordre de se replier à 10km de la frontière afin de prévenir toute cause d’incidents. Mais la guerre se passe alors sur la terre de nos amis belges qui, devant leurs indépendances compromises, montrent un élan patriotique et une ardeur au combat jamais démentis. Extraits de : L’Illustration L’Album de la Guerre 1914-1919 1914 LA GRANDE GUERRE Le 4 août, l’Angleterre met l’Allemagne en demeure de respecter la neutralité belge ; aucune réponse n’ayant été donnée, l’Empire britannique entre dans la guerre. Le 7 août, les premiers contingents de l’armée britannique arrivent en France Le 10 août ; la France fait venir d’Alger la presque totalité des troupes algériennes : les turcos. La Belgique est envahie. Bruxelles occupée, Louvain est en ruine, Dinant est fort abîmé. Au début des hostilités, on se battait encore comme un siècle auparavant : à la lance est au sabre. Les 19 et 20 août, Sarrebourg et Morhange sont un échec pour nos armes. Combats dans les Ardennes, à Charleroi, Nancy, Compiègne, Chantilly et Senlis le 2 septembre. Les batailles se succèdent avec plus ou moins de succès, mais toujours marquées par des traits d’héroïsme comme ce colonel : grièvement blessé en avant de ses hommes, engagés dans la position du tireur couché. Trois d’entre eux se précipitent et, sur un brancard formé de leurs fusils croisés, l’emporte à l’ambulance. La mitraille fait rage. Et sur le cortège, la troupe se redresse et présente les armes à son chef hors de combat. Lui, étreint d’une émotion qui abolit la douleur de sa blessure, cherche à se soulever pour rendre le salut ; sa main retombe et son geste est plus beau que s’il avait pu l’achever. La vaillance du combattant français dépasse toutes les prévisions allemandes. Le colonel-général von Kluck écrira dans ses mémoires : « Que des hommes, ayant reculé pendant quinze jours, que des hommes couchés par terre, à demi-morts de fatigue, puissent reprendre le fusil et attaquer au son du clairon, c’est une chose à laquelle nous autres Allemands, n’avions Extraits de : L’Illustration L’Album de la Guerre 1914-1919 1914 LA GRANDE GUERRE jamais appris à compter, c’est là une possibilité dont il n’avait jamais été question dans nos Ecoles de guerre. » Il y eut aussi cette face caché de la guerre : les espions. C’était l’histoire d’un meunier qui, lors de la guerre de 1870, s’était vendu à l’ennemi. Par l’orientation calculée des ailes de son moulin, le misérable signalait aux Prussiens les mouvements de nos troupes. L’invasion de 1914 a connu, elle aussi des faits analogues. Dans presque tous les cas, il s’agissait de nationaux allemands, installés sur notre territoire dès l’avant-guerre et qui, sous des apparences pacifiques, se préparaient à leur rôle. Si l’on n’eût pas précisément les ailes du moulin, on connut les aiguilles mouvantes de l’horloge et les téléphones secrets dans les caves, et les signaux d’aspect anodin aidant aux repérages, et les vieux pâtres dont le troupeau, par son nombre, son groupement et la couleur de ses bêtes, prenait une signification. Nos troupes furent mises sur leurs gardes et peu d’espions auront échappés au châtiment : comme ce valet de ferme français qui, en septembre 1914 fut passé par les armes. La dépouille était restée attachée – sur le bord de la route de Verzy à Reims – au poteau d’exécution sur lequel était fixée cette pancarte : « Espion, traître à son pays. » 1 au 12 septembre 1914 Tandis que nous amenions d’Afrique, Algériens, Tunisiens, Sénégalais, Marocains ; des navires anglais, convoyaient vers l’Europe des troupes aussi étranges que mystérieuses. C’est ainsi qu’on put voir à Orléans, par un jour d’automne, un défilé de lanciers du Bengale, le long bambou souple à l’arçon, sur la vieille place, la statue de Jeanne d’Arc semblait les saluer de son épée. Qui complétèrent les contingents venus d’Australie, du Canada. Extraits de : L’Illustration L’Album de la Guerre 1914-1919 1914 LA GRANDE GUERRE 16 octobre 1914 : La bataille des Flandres ; et à l’est, l’offensive russe. Après les combats de Nieuport, les Allemands approchaient avec une rapidité inquiétante. L’armée belge, presque décimée, il fallut faire appel au secours de la mer, comme en 1793. Ce plan, présenté au général Wielemans reçut son aval. Après de préparatifs qui durèrent 3 jours et 3 nuits, Louis Cogghe assura l’inondation de la région de Nieuport. Le 28 octobre, l’infiltration des eaux, d’abord lente, pour ne pas donner l’éveil aux Allemands, fut plus rapide puis foudroyante. Toute la région se trouvait ainsi noyée sous une nappe d’eau de 2 à 3 mètres. Extraits de : L’Illustration L’Album de la Guerre 1914-1919