BROLY Pierre Licence 3 de sciences de la vie et des biotechnologies L’agripaume cardiaque Leonurus Leonurus cardiaqua L. 1753 I Classification : A. Classification classique : Règne…………............Plantae Embranchement………Angiospermophyta Classe…………………Magnoliopsida Sous-classe……………Magnoliidae Super-ordre…………....Asteriflorae Ordre………………….Lamiales Famille………………...Lamiaceae Sous-famille…………..Lamioideae Genre………………….Leonurus Espèce...………………Leonurus cardiaca L. B. Classification phylogénétique : Clade………….............Angiospermes Clade………………….Dicotylédones vraies Clade………………….Astéridées Clade………………….Lamiidées Ordre………………….Lamiales Famille………………. Lamiaceae C. Etymologie : Agripaume vient de 2 racines latines en référence à la forme des feuilles aux lobes lancéolés : "acer, acris", qui signifie "pointu". "palma" désignant la paume de la main. D. Généralité sur la famille : La famille des Lamiaceae est une famille de dicotylédones très riche (6000 espèces et 210 genres). Ce sont en grande partie des plantes herbacées (parfois quelques arbustes ou arbres). Leurs caractéristiques principales résultent dans la présence de feuilles opposées et de tiges à section carrée. Sources d’huiles essentielles et d’infusion, les Lamiacées sont très utilisés en phytothérapie, en parfumeries et en agroalimentaire. On y retrouve le thym, la sauge, la menthe, l’agripaume…etc. II Description : A. Appareil végétatif : L’agripaume cardiaque est une plante vivace d’assez grande taille (de 40 à 180 cm), dressé sur une tige à section carrée et velue en surface (on notera que ces petits poils blanchâtres ne sont pas urticants). Elle pousse en touffe issue d'une même racine fasciculée assez résistante. Comme la plupart des Lamiaceae, les feuilles sont opposées (2 par nœud), très larges en bas et de plus en plus petites au fur et à mesure que l’on atteint la tête de la plante. Les feuilles basses sont fortement lancéolées, découpées en 3 ou 5 lobes, eux même dentelés assez irrégulièrement caulinaires). et Celles profondément supérieures sont (feuilles moins découpées et plus petites. Ces feuilles sont verts sombres sur le dessus et plus blanchâtres sur le dessous. Les nervures sont plus sombres et bien marquées en surface. B. Appareil reproducteur. Les fleurs de l’agripaume cardiaques (6 à 10 mm) sont en position verticilles, positionnées autour de la tige, au niveau du nœud d’implantation des feuilles. On notera que le pétiole est très court. Elle est dite mélifère, car elle produit du nectar pour attirer les insectes en son sein. La fleur de l’agripaume cardiaque se compose de : • un calice tubuleux (a), pourvu de 5 pointes fines et étroites (dont généralement 3 pointent vers le haut et 2 vers le bas). Lorsque la fleur fécondée arrive à maturité, elles se durcissent et se transforment en épines qui servent de crochets pour s’accrocher aux pelages des animaux pour faciliter la dissémination des graines (a) • une corolle rose assez pâle, tachetée de zones sombres tirant sur le violet en son centre. Le pétale supérieur est couvert de petits poils blancs, tandis que la partie inférieure, pendant vers le bas, est trilobée. • Les étamines très longues sortent de la fleur et sont au nombre de 4. Partie velue de la corolle Partie supérieure de la corolle (rose pâle) Calice tubuleux, terminé par 5 pointes plus ou moins dures selon la maturité de la fleur Pistil Etamines (X4) Partie inférieure trilobée de la corolle (rose tachetée de violet) Chaque fleur produit 4 graines (nucules) triangulaires, bruns foncées et velues à l’apex. Ces graines tombent au sol (et peuvent germer en moins de 10 jours) ou peuvent être emportés par les animaux lorsque les spicules rigidifiés du calice se sont accrochés dans leur pelage. C. Divers Bien qu’originaire d’Eurasie, on la trouve maintenant partout en Europe (hormis l’Europe trop nordique et froide), l’Asie occidentale-médiane, l’Afrique du Nord (Algérie) et même jusqu’en Amérique du Nord (surtout à l’Ouest et au Québec) où elle a été introduite. On la retrouve le long des chemins, dans les haies, les gravas, les zones habitées et rudimentaires…etc. C’est une plante commune, qui pousse facilement à faible altitude, dans les sols riches en éléments nutritifs et en azote (espèce nitrophile). On la retrouve surtout dans les zones ensoleillées, légèrement ombrées et bien drainées. Elle fleurit de juin à août (voire septembre). L’agripaume cardiaque est considérée dans certaine région comme une « mauvaise herbe » car elle est très envahissante (plante hémicryptolphite) III Usage en pharmacopée A. Un peu d’histoire : L’agripaume cardiaque est connue depuis la Grèce antique pour ses vertus sur le cœur (d’où son nom), se trouvant dans les rayons des apothicaires moyenâgeux et les jardins des monastères, pour finir dans les étales de nos pharmaciens. On lui a longtemps attribué le pouvoir d’éloigner les humeurs mélancoliques (concept complexe de mélange de toxines réelles et d’esprit malfaisant présent dans les liquides corporels surtout au XVIIème siècle) et de et de «guérir des infirmités du cœur» (Flora Medicina). On cru également pendant longtemps qu’elle apaisait les douleurs liées aux accouchements, sans grandes preuves… De même, Le frère Marie-Victorin rapporte que l'agripaume cardiaque a déjà été utilisée, visiblement avec succès, contre l'asthme et la rage… B. Etat des lieux des utilisations actuelles : L’agripaume cardiaque joue un rôle vérifié sur le muscle cardiaque : Depuis longtemps connue pour cet effet, ce phénomène vient d’être prouvé par 2 chercheurs de l’Université de Leipzig : ils ont fait infuser de l’agripaume et ont injecté la solution dans un cœur vivant, mais isolé, de lapin. Ils ont alors constaté un ralentissement du rythme cardiaque ; d’où l’intuition des « anciens » d’un usage thérapeutique sur le cœur et sa fréquence de palpitation. En effet, après un suivi plus poussé encore, ils ont découvert que l’agripaume permettait de dilater l’artère coronaire et d’ainsi augmenter son débit. Le muscle cardiaque étant mieux alimenté, il ralentit et s’apaise. C’est une grande découverte, car jusqu’alors, on a ignorait ses actions sur les pathologies coronariennes. Etant également très riche en minéraux (calcium, magnésium, potassium, silice), les extraits contribuent à la diminution de la tension artérielle. Cela corrobore cette intuition que l’agripaume a bien des effets sur le stress, les palpitations…etc. Et sans même cette étude, elle est déjà utilisée contre l’anxiété, la tachycardie, les angoisses et pour ses vertus calmantes et apaisantes (antispasmodiques). Elle est également utilisée pour faciliter et améliorer le sommeil. Enfin, l’agripaume cardiaque est utilisée dans le traitement des diarrhées, de l’hyperthyroïdie, des bronchites, des ballonnements intestinaux et contre les troubles nerveux (vertus apaisantes et antispasmodiques là encore). On notera également qu’elle est prescrite lors de la ménopause pour limiter les bouffées de chaleurs et les sautes d’humeurs chez la femme. On la retrouve aussi dans la composition de certains produits cicatrisants. C. Composants chimiques : D’après l’étude citée ci-dessus, les composants chimiques aux principes actifs n’ont pas encore été clairement isolés. On ne sait pas encore si l’action de ces derniers est isolée ou en association avec autre chose qui serait présent dans les extraits d’agripaume. Il en va de même pour la toxicité de la plante. Voilà pourquoi elle est fortement déconseillée aux femmes enceintes et lors des menstruations abondantes. Et pour tout le monde, il est contrindiqué d’ingurgiter cette plante plus de 10 jours de suite. D. Utilisation et préparation : On peut utiliser les feuilles et les fleurs de l’agripaume (sommités). Les parties aériennes de la plantes sont donc ramassées et séchées au soleil (de juin à août). De là, on en extrait une « teinture », assez concentré, que l’on diluera par la suite dans de l’eau (pour limiter le goût amère). 1 à 3 verre(s) d’eau par jour (avant les repas), complété(s) d’une dizaine de gouttes d’extraits de cette plante constitue un dosage raisonnable. On peut également très simplement faire infuser soit même 1.5g de feuilles séchées d’agripaume dans 150 ml d’eau bouillante, à la manière d’une tisane, à raison de 3 fois par jour. (Des capsules ou des comprimés renfermant des extraits de plantes sont également commercialisées)