Sophie JAMA, octobre 1996
ambiguitate eligendæ vitæ
". L'homme qu'il ne connaît pas lui présente une pièce de
Vers commençant par Est et Non"
, vers qu'à la fin de son songe Descartes identifie
comme "le Oui et le Non de Pythagore". Baillet d'ailleurs ajoute en marge:
" "
, car il appartient à l'idylle XVII du même poète:
. Les deux poésies figurent à la page 655 du recueil,
accompagnées d'autres textes du même auteur
.
L'ensemble mérite un examen très attentif. La page 655, sur deux colonnes,
contient à gauche les quatorze derniers vers de l'idylle XIIII intitulée Rosæ, puis le
début du poème dont le premier vers est "Quod vitæ sectabor iter?" et qui se termine
sur la seconde colonne de la page
. Suit un poème dont le titre est: De viro bono,
, et enfin l'idylle commençant par "Est et Non". Les deux vers
rêvés par Descartes, appartiennent donc à deux poésies différentes du même poète,
qui figurent sur cette page 655 du recueil. Une troisième idylle les sépare.
Que contiennent ces poésies? Toutes les trois, traitent sensiblement des
mêmes sujets. Le personnage de Pythagore est présent dans les trois textes
imprimés en entier dans la page. Il apparaît non seulement dans les trois titres mais
également à l'intérieur des textes et à travers les doctrines de son école. Les idées
dominantes sont celles de l'incertitude que réserve la vie à tout homme, de son
embarras devant les choix qu'il doit pourtant opérer s'il veut être Homme de Bien et
de la dualité fondamentale du monde dans lequel il est condamné à vivre.
Il est à remarquer que les trois poèmes, contenus en entier dans la page à laquelle
Descartes fait allusion dans son songe, composent un système ordonné qui se
BAILLET, T.1, p.83. Tous les chercheurs ont noté la mise en relation des petits portraits en taille
douce et de la visite qu'un peintre italien lui rendit le jour suivant les songes. Cette coïncidence lui fit
sans doute croire au caractère prémonitoire de ses songes.
"Imité du grec, d'après les Pythagoriciens: sur l'incertitude où l'on est de choisir un état".
BAILLET, T.1, p.83.
"nai kai ou", BAILLET, T.1, p.84.
"Nai kai ou pythagorikon", "Le oui et le non des pythagoriciens".
Curieusement, dans le troisième songe, Descartes ouvre le recueil et tombe sur «Quod vitæ
sectabor iter?»; l'inconnu lui présente une autre pièce de vers commençant par «Est et Non» et
Descartes s'efforce alors de rechercher la première pour la lui montrer. Or, les deux pièces figurent
sur la même page dans le recueil! Cf. BAILLET, T.1, p.82-83.
Il est à remarquer que ce vers n'est pas le premier en haut à gauche de la page, comme le laisserait
supposer la technique des "sorts" dont use Descartes dans son songe.