Conjoncture n° 237 – Juin 2010
Environnement international
La croissance au plan mondial (+3,6 % l’an au
premier trimestre 2010) se poursuit en dépit de
médiocres performances européennes. En 2009, le PIB
(PPA) de la zone euro représentait un peu plus de 15 %
du PIB mondial et celui de l’UE à 27 près de 21 %. Le
poids des Etats-Unis ressortait à 20,5 %, celui de la
Chine à 12,7 % et celui des dix pays émergents d’Asie
à près de 25 %. Le dynamisme du commerce
international, qui devrait augmenter de 10 % en volume
en 2010 après une chute de 12,5 % en 2009, soutient
les cours en dollar sur les marchés des produits de base.
Le baril de Brent est revenu à proximité des 77 dollars.
JUNMAYAPRMARFEBJANDECNOVOCTSEPAUGJULJUN 20102009
90
85
80
75
70
65
60
55
B R E N T
$ / B A R I L
L’activité mondiale est stimulée par le développement
des pays émergents. En avril, la production industrielle
agrégée des cinquante pays a progressé de 0,7 %.
L’indice n’est plus qu’à 1 % de son point haut du
printemps 2008 avec une très grande disparité entre
pays développés et émergents. La production agrégée
des pays développés est encore 10 % inférieure à son
plus haut niveau d’avant la crise, celle des pays
émergents dépasse le sien de plus de 11 %. En Chine,
la production industrielle a augmenté de 16,4 % en
rythme annuel fin mai et en Inde de 17,6 %.
Tous les pays profitent de ce dynamisme asiatique et en
premier le Japon dont les exportations ont encore
vivement augmenté en avril (+3,2 % en yen). Aussi, la
production industrielle poursuit son redressement
(+34,4 % depuis son point bas de février 2009) malgré
une demande intérieure qui reste faible. L’emploi a
reculé en avril et les prix à la consommation ont encore
baissé de 0,3 % après avoir été stable en mars.
Aux Etats-Unis, la croissance se poursuit sans
accélérer, mais sans faiblir (+3 % l’an au premier
trimestre 2010). Les profits des sociétés américaines
(+45 % l’an au 1er trimestre) ont dépassé leurs records
de 2006 -2007. En avril, les commandes de biens
durables ont continué de se redresser. Depuis leur point
bas du premier trimestre 2009, elles ont augmenté de
25,2 %. Si le marché immobilier a été dopé en avril
probablement par la fin de l’avantage fiscal pour les
primo accédants, la consommation a stagné. Les
ménages ont préféré accroître leur épargne qui a atteint
3,6 % de leur revenu disponible contre 3,1 % en mars.
L’emploi est engagé sur une pente ascendante même si
les 431 000 créations d’emplois en mai ont déçu. Cette
progression est essentiellement due à l’emploi public.
L’emploi salarié privé n’a que modestement augmenté
(+41 000), mais la masse des heures ouvrées s’est
encore accélérée (+5,2 % l’an sur les trois derniers
mois.
Dans la zone euro, si les turbulences financières et la
perspective d’un durcissement accru des politiques
budgétaires ont pesé sur le moral des ménages en mai,
les dernières enquêtes menées dans l’industrie
montrent que globalement le climat des affaires
s’améliore. Les stocks restent jugés anormalement bas
et les carnets, qui restent peu étoffés, continuent de se
regarnir. Les prix à la consommation n’ont augmenté
que de 0,1 % en mai de sorte que malgré la hausse des
produits de base et la baisse de l’euro, l’inflation reste
sous contrôle (+1,7 % sur un an). Pour l’avenir à court
terme, la multiplication des annonces de mesures
restrictives au plan budgétaire dans nombre de pays
européens laisse craindre un ralentissement de la
croissance qui sera fonction non seulement du montant
des coupes budgétaires envisagées, mais aussi de leur
nature.
L’économie allemande a continué de croître au
premier trimestre 2010 au rythme modéré de 0,6 %
l’an. Les données d’enquête suggèrent une poursuite de
la croissance à un rythme modéré grâce à une reprise
de l’investissement. La production industrielle (hors
BTP) a augmenté de 0,8 % en avril.
20102009200820072006200520042003
120
110
100
90
80
P R O D U C T I O N I N D U S T R I E L L E ( h o r s B T P)
C V S 2 0 0 5 = 1 0 0
F r a n c e
A l l e m a g n e
Z o n e e u r o
En 2009, le déficit public allemand a été de 3,3 % du
PIB et la dette publique de 72,6 % du PIB, contre
respectivement 6,4 % et 78 % en zone euro. Le budget
2010 table sur des prévisions de déficit public
dépassant les 5 % pour l’année 2010. Les autorités
allemandes, qui veulent économiser 80 milliards
d’euros sur quatre ans pour ramener le déficit sous la
barre des 3 % de PIB dès 2013, laissent craindre une
rechute de la zone euro dans la récession.
Après la Grèce, la Grande-Bretagne, l’Espagne et le
Portugal, le gouvernement italien a approuvé, le 25
mai dernier, un plan d’austérité de 24 milliards d’euros
pour les deux prochaines années. L’objectif est
d’abaisser le déficit public italien à 2,7 % du PIB en
2012 contre 5,3 % en 2009. Si le plan adopté est
effectivement mis en œuvre, le ratio dette/PIB
reviendrait à 117 % en 2010. En Espagne, la reprise
n’est pas à l’ordre du jour. Les mesures du plan
d’austérité vont peser de surcroît sur une demande
interne qui peine déjà à se redresser. Le déficit public,
qui s’est élevé à 11,2 % du PIB en 2009 devrait revenir
à 3 % du PIB dès 2013.