Conjoncture n° 237 – Juin 2010
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Les marchés financiers, dont l’orientation est suivie quotidiennement, semblent à même de décider du sort des
différents Etats. Ils réagissent à toute information ou rumeur qui accroissent le niveau d’incertitude, provoquant de
fortes turbulences boursières qui se répercutent sur l’ensemble des marchés. Ces revirements laissent parfois perplexes,
mais les marchés sont influents. Orientés à la hausse, ils rassurent, orientés à la baisse, ils inquiètent. La dévalorisation
des dettes souveraines ou la fragilisation de l’euro par l’agitation sur la question des finances publiques pour certains
pays membres de la zone euro ont dérouté la Bourse avant même que l’euro soit revenu à parité avec le dollar. La crise
financière, qui mobilise les dirigeants de la planète, a mis en avant la toute puissance des marchés qui testent la volonté
des gouvernements notamment européens, à mettre en place des mécanismes permettant de venir en aide à tout pays en
difficulté. Le système financier joue désormais un rôle essentiel dans l’économie.
Pour faire face à la crise, les budgets des
différents pays ont explosé, bousculant
toutes les règles établies, alors qu’avant
les Etats de la zone euro présentaient des
déficits à la hauteur de 3 % du PIB
comme le prévoyait le Pacte de stabilité.
Dans un premier temps, les marchés ont applaudi, mais aujourd’hui ce sont les mêmes qui retirent leur confiance dans la
dette souveraine de certains Etats européens. Aussi, le président de la Banque centrale européenne a multiplié les
déclarations pour appeler à la rigueur budgétaire. La défiance des investisseurs vis-vis de l’euro et le faible potentiel
de croissance qu’offrent les pays européens ont permis au dollar, qui sert de devise de référence pour la planète, de faire
un retour sur la scène monétaire. L’euro a même tutoyé le seuil de 1,19 dollar le 7 juin, perdant près de 16 % de sa
valeur par rapport au début de l’année. L’assurance que plusieurs banques centrales neduiront pas leur exposition à
l’euro a permis à la monnaie unique de retrouver une parité de 1,23 dollar et de regagner près de 3,5 % face au dollar.
La monnaie unique commence à bénéficier des mécanismes de surveillance. Cependant, la faible visibilité des marchés
sur l’évolution économique et politique en Europe, le cumul d’un endettement privé et public dans certains pays ou le
manque de coordination des acteurs européens laissent encore envisager une certaine volatilité sur les marchés des
changes.
Par ailleurs, les agences de notation, en déclassant la note de l’Espagne le 1er juin, ont provoqué des tensions sur les
obligations souveraines de ce pays. La décision récente de Moody’s de reléguer la note de la Grèce en catégorie
spéculative a été jugée « étonnante et malheureuse » par la Commission européenne, mais l’impact a été relativement
limité. Néanmoins, les dettes souveraines n’ont pas été sans effet sur les dettes d’entreprise. Le marché secondaire a
connu en mai des turbulences jamais vues depuis 2008 et le retour de l’aversion au risque a poussé les investisseurs vers
les titres d’Etat les plus solides, à l’image du Bund allemand. C’est ainsi que le spread entre les obligations allemandes
à dix ans et l’OAT française est monté jusqu’à 60 points de base, deux fois plus élevé qu’il y a un mois.
Des tensions sont aussi apparues sur les marchés monétaires et les banques européennes ont été les premières victimes
de la crise des dettes, ayant de plus en plus de mal à se refinancer sur le marché interbancaire. La Banque centrale
européenne a maintenir le cap de sa politique monétaire, poursuivant sa politique généreuse d’allocation de
liquidités, sachant que ces politiques accommodantes conduites par les banques centrales depuis la crise des
subprimes ne pourront être maintenues éternellement. L’excès de liquidités sur une période prolongée alimente les
bulles et conduit à des taux anormalement bas. La crise de l’euro a interrompu le retrait des mesures non
conventionnelles de politique monétaire et les craintes concernant l’endettement espagnol ou britannique peuvent peser
sur l’économie. Or, la croissance de la zone euro ferait mieux que prévu en 2010. Le PIB pourrait atteindre un rythme
proche de 1 %. La production industrielle a connu en avril une croissance annuelle de 9,5 %, une progression sans
précédent depuis près de vingt ans, signe que la reprise pourrait gagner en ampleur.
Aussi, pourquoi tant de volatilité sur les différents marchés financiers ? La
raison est connue. Le renflouement à grande échelle de la finance et de
l’économie par les Etats fait craindre que la reprise économique ne soit pas
suffisamment solide pour affronter l’endettement des pays européens. Par
ailleurs, si les marchés doutent de la solidarité sans faille des Européens, leur confiance dans la gouvernance mondiale
pour résoudre les différents problèmes n’est pas totale. Une explosion de la bulle immobilière chinoise ou un
ralentissement de la croissance américaine ne sont pas invraisemblables. Ils testent constamment la volonté des
gouvernements qui doivent trouver le bon timing entre imposer une politique d’austérité et retarder la reprise ou laisser
s’amplifier les déficits jusqu’à un point de non retour. Des décisions qui se prennent sous la pression des marchés.
GRANDE INSTABILITE SUR LES MARCHES
FINANCIERS
Juin 2010 237 L’INDICATEUR AVANCE EST
PRESENTE DANS UN ENCART JOINT
Dossier du mois page 6
L’ECONOMIE CHINOISE
Source : Coe-Rexecode
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Conjoncture n° 237 – Juin 2010
Environnement international
La croissance au plan mondial (+3,6 % l’an au
premier trimestre 2010) se poursuit en dépit de
médiocres performances européennes. En 2009, le PIB
(PPA) de la zone euro représentait un peu plus de 15 %
du PIB mondial et celui de l’UE à 27 près de 21 %. Le
poids des Etats-Unis ressortait à 20,5 %, celui de la
Chine à 12,7 % et celui des dix pays émergents d’Asie
à près de 25 %. Le dynamisme du commerce
international, qui devrait augmenter de 10 % en volume
en 2010 après une chute de 12,5 % en 2009, soutient
les cours en dollar sur les marchés des produits de base.
Le baril de Brent est revenu à proximité des 77 dollars.
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B R E N T
$ / B A R I L
L’activité mondiale est stimulée par le développement
des pays émergents. En avril, la production industrielle
agrégée des cinquante pays a progressé de 0,7 %.
L’indice n’est plus qu’à 1 % de son point haut du
printemps 2008 avec une très grande disparité entre
pays développés et émergents. La production agrégée
des pays développés est encore 10 % inférieure à son
plus haut niveau d’avant la crise, celle des pays
émergents dépasse le sien de plus de 11 %. En Chine,
la production industrielle a augmenté de 16,4 % en
rythme annuel fin mai et en Inde de 17,6 %.
Tous les pays profitent de ce dynamisme asiatique et en
premier le Japon dont les exportations ont encore
vivement augmenté en avril (+3,2 % en yen). Aussi, la
production industrielle poursuit son redressement
(+34,4 % depuis son point bas de février 2009) malgré
une demande intérieure qui reste faible. L’emploi a
reculé en avril et les prix à la consommation ont encore
baissé de 0,3 % après avoir été stable en mars.
Aux Etats-Unis, la croissance se poursuit sans
accélérer, mais sans faiblir (+3 % l’an au premier
trimestre 2010). Les profits des sociétés américaines
(+45 % l’an au 1er trimestre) ont dépassé leurs records
de 2006 -2007. En avril, les commandes de biens
durables ont continué de se redresser. Depuis leur point
bas du premier trimestre 2009, elles ont augmenté de
25,2 %. Si le marché immobilier a été dopé en avril
probablement par la fin de l’avantage fiscal pour les
primo accédants, la consommation a stagné. Les
ménages ont préféré accroître leur épargne qui a atteint
3,6 % de leur revenu disponible contre 3,1 % en mars.
L’emploi est engagé sur une pente ascendante même si
les 431 000 créations d’emplois en mai ont déçu. Cette
progression est essentiellement due à l’emploi public.
L’emploi salarié privé n’a que modestement augmenté
(+41 000), mais la masse des heures ouvrées s’est
encore accélérée (+5,2 % l’an sur les trois derniers
mois.
Dans la zone euro, si les turbulences financières et la
perspective d’un durcissement accru des politiques
budgétaires ont pesé sur le moral des ménages en mai,
les dernières enquêtes menées dans l’industrie
montrent que globalement le climat des affaires
s’améliore. Les stocks restent jugés anormalement bas
et les carnets, qui restent peu étoffés, continuent de se
regarnir. Les prix à la consommation n’ont augmen
que de 0,1 % en mai de sorte que malgré la hausse des
produits de base et la baisse de l’euro, l’inflation reste
sous contrôle (+1,7 % sur un an). Pour l’avenir à court
terme, la multiplication des annonces de mesures
restrictives au plan budgétaire dans nombre de pays
européens laisse craindre un ralentissement de la
croissance qui sera fonction non seulement du montant
des coupes budgétaires envisagées, mais aussi de leur
nature.
L’économie allemande a continué de croître au
premier trimestre 2010 au rythme modéré de 0,6 %
l’an. Les données d’enquête suggèrent une poursuite de
la croissance à un rythme modéré grâce à une reprise
de l’investissement. La production industrielle (hors
BTP) a augmenté de 0,8 % en avril.
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F r a n c e
A l l e m a g n e
Z o n e e u r o
En 2009, le déficit public allemand a été de 3,3 % du
PIB et la dette publique de 72,6 % du PIB, contre
respectivement 6,4 % et 78 % en zone euro. Le budget
2010 table sur des prévisions de déficit public
dépassant les 5 % pour l’année 2010. Les autorités
allemandes, qui veulent économiser 80 milliards
d’euros sur quatre ans pour ramener le déficit sous la
barre des 3 % de PIB dès 2013, laissent craindre une
rechute de la zone euro dans la récession.
Après la Grèce, la Grande-Bretagne, l’Espagne et le
Portugal, le gouvernement italien a approuvé, le 25
mai dernier, un plan d’austérité de 24 milliards d’euros
pour les deux prochaines années. L’objectif est
d’abaisser le déficit public italien à 2,7 % du PIB en
2012 contre 5,3 % en 2009. Si le plan adopté est
effectivement mis en œuvre, le ratio dette/PIB
reviendrait à 117 % en 2010. En Espagne, la reprise
n’est pas à l’ordre du jour. Les mesures du plan
d’austérité vont peser de surcroît sur une demande
interne qui peine déjà à se redresser. Le déficit public,
qui s’est élevé à 11,2 % du PIB en 2009 devrait revenir
à 3 % du PIB dès 2013.
Conjoncture n° 237 – Juin 2010
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Conjoncture française
En France, l’évolution à court terme de l’activité sera,
comme dans la zone euro, tributaire du processus de
maîtrise des comptes publics qui sera mis en place. Si
un euro plus faible ne peut qu’aider à atténuer les effets
de la rigueur, la consolidation du redressement de
l’activité passe par la remontée des revenus que les
entreprises et les ménages tireront de leur activité.
La reprise progressive de l’activité industrielle se
confirme. La production industrielle a augmenté de
0,4 % en avril, mais malgré une nette reprise au cours
des trois derniers mois par rapport aux trois mêmes
mois de l’année précédente (+6,9 %), elle reste encore
inférieure de plus de 13 % à son niveau d’avant crise.
Le redressement des exportations se poursuit, soutenu
par les livraisons aéronautiques et spatiales en dépit de
l’amorce d’un repli des ventes automobiles. La hausse
de l’indice des commandes reçues depuis l’étranger par
l’industrie manufacturière (+21,5 % au cours des trois
derniers mois par rapport à l’an passé) suggère que le
raffermissement pourrait se prolonger.
2010200920082007200620052004200320022001
45000
40000
35000
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C O M M E R C E E X T E R I E U R
E x p o r t a t i o n s
e n m i l l i o n s
I m p o r t a t i o n s
Cependant, depuis la reprise du commerce mondial en
avril 2009, les exportations françaises ont progressé
moins rapidement que les exportations mondiales et
que celles des pays membres de la zone euro. La part
des exportations en volume de biens et services de la
France dans celle de la zone euro est retombée à un
point bas (13,9 %) au quatrième trimestre 2009.
Concernant les penses d’investissement des
entreprises non financières, elles se sont contractées de
3,5 % en rythme annualisé au premier trimestre 2010
après -7,9 % en 2009. Mais la révision à la hausse de
l’anticipation d’évolution de l’investissement dans
l’industrie (+6 % attendu en 2010) annonce peut-être la
poursuite d’une amélioration au second semestre.
L’impulsion associée au seul ralentissement du
déstockage est encore à venir, mais la dépense des
entreprises restera limitée par la contrainte financière.
Le taux de marge des entreprises est retombé à un
niveau bas (29,1 % de la valeur ajoutée fin 2009 contre
29,8 % en moyenne en 2009 et 31,5 % en 2008).
Du côté des ménages, lespenses d’investissement
ont reculé de 2,7 % au premier trimestre 2010, mais la
stabilisation des mises en chantier de logements et la
remontée des permis accordés, étant donné la
progression des nouveaux crédits au logement,
suggèrent que le recul de l’investissement en logement
des ménages pourrait désormais s’interrompre. La
masse salariale distribuée a augmenté de 3,6 % l’an en
termes nominaux au premier trimestre 2010. Du fait de
l’accération de l’inflation (3,5 % l’an) la progression
a été quasiment nulle en termes réels. Mais compte
tenu d’une augmentation modérée des matières
premières et d’une inflation sous-jacente toujours
faible (les prix ont diminué de 0,1 % l’an sur les trois
derniers mois), les revenus d’activités des ménages,
puis leurs dépenses, pourraient se réorienter à la
hausse. Les dépenses de consommation de produits
manufacturés ont baissé de 1,2 % en avril après avoir
augmenté de 1,6 % en mars.
20102009200820072006200520042003200220012000
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O P I N I O N D E S M E N A G E S
(S o l d e e n %)
C V S
I n d i c e d e c o n f i a n c e
d e s m é n a g e s
(é c h. d e d r o i t e)
(é c h. d e g a u c h e)
C o n s o m m a t i o n e n
p r o d u i t s m a n u f a c t u r é s
Le taux de chômage s’est stabilisé au premier trimestre
2010 à 9,5 % de la population active (hors DOM). La
situation des jeunes s’est légèrement améliorée. 63,8 %
des 15-24 ans ont un emploi et le taux d’emploi en
CDD ou en intérim a commencé à remonter. Le recul
des effectifs employés (-9700 postes) pourrait
s’interrompre à partir du second semestre 2010. Les
créations nettes d’emploi resteraient trop modestes
d’ici 2011 pour permettre un reflux du nombre de
chômeurs. Comparativement à l’Allemagne, la France
a des taux d’emploi plus bas pour les jeunes et les
seniors, vu que les politiques du marché du travail ont
eu un impact négatif sur l’emploi des populations
situés aux extrémités de la population active. Le taux
d’emploi des 55-64 ans en Allemagne a progressé de
plus de 18 points entre début 2003 et fin 2009. Sur la
même période, le taux d’emploi des 55-64 ans en
France ne progresserait que d’un peu plus de 4 points.
Il existe en France, un potentiel important de
ressources en emploi inutilisé qui permettrait
d’augmenter la création de richesse si elles étaient
mobilisées.
Aussi, le pessimisme des ménages se confirme. En
avril, l’indicateur de confiance a perdu 3 points par
rapport à mars, poursuivant la baisse entamée depuis le
début de l’année. Les ménages sont plus pessimistes
sur leur niveau de vie future. Néanmoins, ils se
tournent vers le crédit. A l’échéance du mois d’avril,
l’encours a augmenté de 5,4 % sur un an, et sur les
trois derniers mois de 6,2 % l’an.
L’adoption de réformes à même d’assurer la pérennité
des systèmes de protection sociale sera décisive pour
permettre un reflux du taux d’épargne des ménages. Le
taux, qui actuellement culmine à 16,4 % au premier
trimestre 2010 pourrait tomber à 14,8 % en 2013.
- 4 -
Conjoncture n° 237 – Juin 2010
Changes
L’euro, qui est revenu à 1,19 dollar le 7 juin dernier,
rejoignant presque le cours qui avait été le sien le 4
janvier 1999 (1,18 dollar), est remonté à son plus haut
niveau depuis trois semaines face au dollar (1,237
dollar le 18 juin). Les Vingt-Sept ont trouvé un accord
sur une meilleure gouvernance européenne, sur un
projet de taxe bancaire et sur une proposition au G20
pour une taxe sur les transactions financières.
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P A R I T E E U R O - D O L L A R
euro = ... $
La nouvelle dégradation de la note de la Grèce, la
pénurie de crédit en Espagne et le fort recul du
baromètre allemand ZEW n’ont pas cassé le rebond de
la devise. Néanmoins, la moyenne des prévisions
donne une poursuite des pressions baissières. La
tendance de la livre sterling est à la dépréciation contre
l’euro avec une parité de 0,836£ pour un euro contre
0,900 début janvier. Londres se prépare à une
nécessaire période d’austérité.
L’aversion au risque pousse les cambistes à se réfugier
sur la devise américaine dont le change s’est raffermi
contre le yen (90,8 yens pour un dollar) et reste fixe
contre le yuan, mais s’apprécie contre la quasi-totalité
des devises émergentes.
JUNMAYAPRMARFEBJANDECNOVOCTSEPAUGJULJUN 20102009
1350
1300
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1050
C O U R S D U W O N
1 $ = . . . won
Si la baisse de l’euro contre le dollar est techniquement
justifiée, la hausse du dollar contre les devises
émergentes, principalement les devises asiatiques, ne
l’est pas. Aussi, la réévaluation du change effectif du
yuan s’en trouve accentuée avec un risque de freinage
sur les exportations chinoises. Aussi, la Chine vient
d’annoncer qu’elle allait assouplir sa politique de
change.
Le franc suisse s’est hissé jusqu’à 1,378 pour un euro.
JUNMAYAPRMARFEBJANDECNOVOCTSEPAUGJULJUN 20102009
1.55
1.50
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1.40
1.35
P A R I T E E U R O - F R A N C S U I S S E
1 = ...f r a n c s u i s s e
La Banque nationale suisse, qui intervenait dès que son
franc se renforçait, pourrait désormais laisser le franc
suisse se revaloriser pour bénéficier du bouclier anti-
inflationniste d’une monnaie forte, avant de recourir à
l’arme des taux.
Taux d’intérêt %
La Réserve fédérale américaine (FED), dont le taux
des fed funds est maintenu entre 0 et 0,25 %, un niveau
exceptionnellement bas, remontera ses taux avant le
retour au plein emploi. A la dernière réunion du comité
de politique monétaire, la Fed a revu à la hausse ses
prévisions de croissance pour 2010 dans une fourchette
de 3,2 % à 3,7 % et estimé que le taux de chômage
devrait se situer entre 9,1 % et 9,5 % au dernier
trimestre 2010.
La Banque centrale européenne (BCE) a laissé
inchangé le 10 juin dernier son taux directeur à 1%,
pour le treizième mois d’affilée, réaffirmant son
engagement à acheter des dettes souveraines et
poursuivant ses offres de liquidité à trois mois. La BCE
a relevé sa projection de croissance du PIB 2010 en
zone euro à 0,7 1,3 %. La Banque centrale
britannique a également maintenu le 10 juin son taux
directeur à 0,5 %. La politique monétaire ne sera pas
modifiée avant la fin de l’année au plus tôt. Le Comité
de politique monétaire a par ailleurs conservé à 200
milliards de livres l’objectif de rachat d’actifs, un statu
quo qui dure depuis quatre mois.
La Banque du Japon a laissé son taux directeur
inchangé depuis décembre 2008, au niveau de 0,1 % le
15 juin dernier. Elle a aussi dévoilé un nouveau
dispositif destiné à diriger l’investissement vers des
secteurs à fort potentiel.
La Banque du Canada a mis un terme le 2 juin dernier
à sa politique de taux zéro en relevant de 25 points à
0,50 % son taux directeur. L’amorce de la
normalisation de la politique monétaire de la BoC
s’appuie sur des fondamentaux économiques redevenus
solides.
Sur les marchés interbancaires, le stress des opérateurs
qui était aussi perceptible sur les taux à trois mois des
euro devises, s’est atténué. Les taux ont cessé de se
tendre, restant toutefois écartés à la hausse, certes
Conjoncture n° 237 – Juin 2010
- 5 -
modestement, des taux de l’argent au jour le jour. En
zone euro, le 17 juin, leonia est à 0,35 %, l’euro euro à
0,58 % et l’euribor à trois mois à 0,73 %.
Les taux sur les emprunts d’Etat à deux ans se situent
nettement sous la barre des 1 % de chaque côté de
l’Atlantique, la moyenne du taux européen restant au-
dessous du taux américain. Sur le marché des emprunts
d’Etat à dix ans, les rendements ont interrompu leur
mouvement de baisse, oscillant autour de 3,19 % aux
Etats-Unis et de 3,29 % en zone euro. Même si la BCE
a cassé la spirale de hausse des taux à long terme de la
Grèce où les rendements à dix ans sont revenus d’un
pic de 12,5 % début mai à 9,5% (le 18 juin), les écarts
de taux entre les pays de la zone euro ont recommencé
à se creuser.
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5.0
4.5
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E M P R U N T S D' E T A T A 1 0 A N S
A l l e m a g n e
F r a n c e
E s p a g n e
E n %
La prime que les investisseurs exigent pour détenir de
la dette espagnole, italienne et même française à dix
ans plutôt que des obligations d’Etat allemandes s’est
tendue. Le Bund allemand affiche un taux d’intérêt de
2,73 %, contre 3,12 % pour l’obligation d’Etat
française (le 18 juin), soit une prime de risque proche
de 40 points de base pour la France. Le Royaume-Uni
emprunte à 3,55 % à 10 ans, l’Espagne à 4,66 % et
l’Italie à 3,94 %. Les résultats des « stress tests »
pratiqués par les banques de l’Union européenne,
visant à rassurer les marchés sur le système bancaire
européen, seront publiés au plus tôt début juillet.
Outre-Atlantique, les taux hypothécaires restent
orientés à la baisse.
Le taux conventionnel à trente ans a retrouvé ses plus
bas niveaux de décembre 2009 à 4,7 % environ et le
taux ajustable à un an est passé sous les 3,9 %.
Les marchés boursiers
Les marchés boursiers semblent plus déterminés à
vouloir reprendre le chemin de la hausse. Une série de
bons indicateurs économiques en provenance des pays
émergents rassurent et les investisseurs paraissent avoir
pris conscience de l’ampleur des dispositifs mis en
place pour secourir les Etats européens si besoin était.
Au-delà des sommes mobilisables via le Fonds de
stabilisation européen ou le FMI, les opérateurs savent
aussi que la BCE est présente pour racheter si
nécessaire les titres des emprunts d’Etat dont les
investisseurs voudraient se séparer. L’indice agrégé en
dollar des trente-neuf places, après avoir touché un
point bas de l’année le 7 juin, a regagné 6,2 %.
APRJANOCTJULAPRJANOCTJUL 201020092008
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140
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80
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10
I N D I C E B O U R S I E R M O N D I A L
3 9 P L A C E S e n $ ( 1 0 0 = 2 0 0 2) V I X à l a c l ô t u r e
La volatilité sur le marché est retombée. Le VIX, le
baromètre de Wall Street, a glissé à 24 points alors
qu’il avait culminé à plus de 45 points fin mai, lorsque
l’aversion au risque était très élevée. Au-dessus de la
barre des 30 % l’indice VIX traduit une crise de
confiance de la part du marché. Les marchés actions
américains restent soutenus par des niveaux de
valorisation historiquement bas. Les indices Dow Jones
et S&P500 poursuivent leur mouvement de rattrapage
depuis leurs points bas du 7 juin dernier. Ils dépassent
respectivement les 10 400 points et les 1110 points.
En Europe, les marchés boursiers essaient aussi de
confirmer leur rebond. La sous-valorisation excessive
des marchés européens et les perspectives bénéficiaires
des entreprises, si la dépression de l’euro se confirme,
encouragent l’optimisme à moyen terme. L’Euro
Stoxx50 est revenu au-dessus des 2700 points. Le
Dax30 à Francfort à 6217 points le 18 juin résiste et
gagne plus de 4,5 % depuis le début de l’année dans un
contexte de places européennes en recul. Les
investisseurs sont sélectifs.
JUNMAYAPRMARFEBJANDECNOVOCTSEPAUGJULJUN 20102009
6500
6000
5500
5000
4500
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3500
3000
2500
F R A N C F O R T & P A R I S
( C A C 4 0 - 3 1. 1 2. 1 9 8 7 = 1 0 0 0 )
D A X - 30. 12. 1 9 8 7 = 1 0 0 0
A Paris, le CAC 40 a rebondi (3687 points le 18 juin)
après une baisse à 3380 points le 8 juin dernier. Les
investisseurs sont sensibles aux inquiétudes sur les
dettes souveraines en zone euro et aux statistiques
décevantes, mais l’annonce de la Chine de réévaluer le
yuan dope les marchés.
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