13
Introduction générale
« Quand les nations prendront part à la guerre, tout
changera de face. Les habitants d’un pays devenant
soldats, on les traitera comme ennemis, la crainte de les
avoir contre soi, l’inquiétude de les laisser derrière soi les
fera détruire. » Comte Jacques  G
1
Pendant des décennies, l’histoire militaire a eu mauvaise presse. Celle-ci se
résumait à ce que les historiens nommèrent plus tard « l’histoire bataille ». Ce
courant connut son âge d’or à la  n du e siècle. À la faveur de la création de
l’École de Guerre et dans le contexte de la préparation de « la Revanche », on
assista à un renouvellement de l’historiographie consacrée aux guerres de l’Ancien
Régime, de la Révolution et de l’Empire. Dans le nouveau cadre républicain et
à la faveur de la mise en place de la conscription, les événements guerriers de
1792-1799 o rirent des modèles conceptuels de grande valeur aux yeux des histo-
riens et des stratèges militaires. La nature idéologique de la guerre, la mobilisation
de la population, la montée de nouvelles élites à la tête de l’armée, l’e ort de
guerre, véritable pré guration de celui fourni durant la Grande Guerre 2 , la diver-
sité des théâtres d’opérations, du Rhin au Pô , des Pyrénées aux Alpes , du Texel à
l’Égypte , en n la guerre civile qui se mêlait inextricablement à la guerre étrangère
fournirent une matière inépuisable à des générations de chercheurs.
L’étude des Guerres de la Révolution était à la fois riche et ancienne (songeons
aux œuvres du Suisse Jomini
3 et du Prussien Clausewitz
4 , contemporains et
1. Comte Jacques  G , De la force publique considérée dans tous ses rapports, Paris , impr. de Didot l’aîné,
1790, p. 117.
2. Albert Mathiez avait établi ce parallèle entre les deux con its en matière d’e ort de guerre et de mobilisation
(Albert M, La victoire en l’an II. Esquisses historiques sur la défense nationale, Paris , 1916, 286 p.).
3. Antoine Henri  J (1779-1869), Histoire critique et militaire des guerres de la Révolution, nouvelle
édition, rédigée sur de nouveaux documents et augmentée d’un grand nombre de cartes et de plans, Paris,
Anselin et Pochard, 1820-1824, 15 vol.
4. Carl von Clausewitz (1780-1831) ne publia pas de son vivant. C’est son épouse qui assura la di usion de
son œuvre en faisant connaître ses écrits entre 1832 et 1837. Il existe plusieurs éditions abrégées de son
principal ouvrage Vom Kriege. Nous fournissons les références de l’édition intégrale la plus récente :
Carl  C, De la guerre, trad. intégrale par Denise Naville ; préf. de Camille Rougeron ; introd.
de Pierre Naville, Vom Kriege, Paris , Éd. de Minuit, 1992, 755 p. Outre son œuvre maîtresse Vom Kriege,
il a consacré une étude à la campagne d’Italie en se fondant surtout sur les sources autrichiennes. Celle-ci
inaugurait une autre phase du con it. C’est ce que l’on a nommé plus tard « les guerres napoléoniennes ».
[« L’armée d’Italie », Gilles Candela]
[ISBN 978-2-7535-1284-9 Presses universitaires de Rennes, 2011, www.pur-editions.fr]
L’ARMÉE D’ITALIE
14
acteurs des événements). Elle connut après 1945 une période d’éclipse, ponctuée,
il est vrai, de travaux qui font autorité. L’histoire de l’armée d’Italie de 1792 à
1797, objet de cette thèse, pro ta de ce regain d’intérêt.
À partir des années 1960, les travaux savants sur la société militaire à l’époque
moderne furent marqués par un important renouvellement, grâce à l’œuvre
d’André Corvisier sur l’armée royale au e siècle 5 . D’autres recherches portè-
rent sur le con it né de la déclaration de guerre au roi de Bohême et de Hongrie
(20 avril 1792). Par son ampleur et par les moyens jusque-là inédits mis en œuvre
par la France révolutionnaire, il pouvait être considéré par certains spécialistes
comme une guerre absolue 6 voire une guerre totale 7 . La monarchie triomphante
de Richelieu
8 au Roi Soleil 9 avait fondé sa puissance sur le développement d’une
machine de guerre considérable qui n’atteignit jamais le degré de mobilisation
obtenu plus tard par le gouvernement révolutionnaire 10. En 1978, la thèse de
La première édition traduite en français date de 1899 à un moment où de nombreux travaux sur la campagne
de Bonaparte paraissent en France : Carl  C, La campagne de 1796 en Italie, L. Boudoin,
1899. La réédition la plus récente date de 1999. Carl  C, La campagne de 1796 en Italie,
trad. de l’allemand par Jean Colin (un général français, spécialiste de la stratégie napoléonienne), Der Feldzug
von 1796 in Italien, Paris, Pocket, 1999, XIV-307 p.
5. André C , L’Armée française : de la  n du XVIIIe siècle au ministère de Choiseul . Le soldat, Paris , PUF,
1964, 2 vol., XVIII-1086 p.
6. Sur le concept de Guerre absolue emprunté à Clausewitz , on peut lire l’article de David B , « Les origines
culturelles de la guerre absolue », La Révolution à l’œuvre : perspectives actuelles dans l’histoire de la Révolution
française : actes du colloque de Paris , 29, 30 et 31 janvier 2004, Jean-Clément M (dir.), organisé par
l’Institut d’histoire de la Révolution française avec le soutien de l’université de Paris I-Panthéon-Sorbonne
et de la Société des études robespierristes, p. 229-239.
7. L’idée selon laquelle la Révolution française aurait ouvert une boîte de Pandore en rompant avec les guerres
limitées surnommées « guerres en dentelles » est ancienne. Elle a nourri d’intenses débats et des raccourcis
hostiles à la Révolution. Certains auteurs rendent les révolutionnaires responsables des grandes hécatombes
des deux derniers con its mondiaux. On songe notamment aux écrits du colonel J. F. C. Fuller , l’un des
plus importants représentants de la pensée militaire britannique de l’entre-deux-guerres (major-général
John-Frederick-Charles F, La conduite de la guerre, 1789-1961, étude des répercussions de la Révolution
française, de la révolution industrielle et de la Révolution russe sur la guerre et la conduite de la guerre, tiré de
« e Conduct of war, 1789-1961, a study of the impact of the french, industrial, and russian revolutions on war
and its conduct », traduit de l’anglais par Robert Lartigau, Paris , Payot, 1963, 321 p.). On peut consulter aussi
l’article de Brian H R , « Colonel J. F. C. F and the Revival of Classical Military  inking
in Britain, 1918-1926 », Military A airs, vol. 49, n° 4 (oct. 1985), p. 192-197. Plus récemment, l’ouvrage
de Jean-Yves G a repris cette thématique de la guerre totale : L’invention de la guerre totale : XVIIIe-
XXe siècles, Paris, Le Félin, 2004, 330 p.
8. On lira les analyses de David P , Richelieu ’s army, war, government and society in France , 1624-1642,
Cambridge , Cambridge University Press, 2001, XXIV-599 p.
9. John A. L , Giant of the Grand siècle : the French Army, 1610-1715, Cambridge ; New York ; Melbourne ,
Cambridge University Press, 1998, XX-651 p.
10. On peut objecter que si la guerre limitée semble avoir dominé le e siècle (de 1713 à 1792) en Europe
occidentale, des con its bien plus destructeurs se développèrent en Europe centrale et orientale où l’emploi
massif de troupes irrégulières montées (pandours, hussards, cosaques) était prisé. L’évocation de la brutalité
et du fumet de ces guerres est parvenue jusqu’à Voltaire . Le combat en ligne et la guerre de siège (guerre
d’ingénieurs par excellence) avec ses rituels liés à la capitulation du vaincu ne concernèrent (hormis les
opérations dans les colonies et quelques autres cas exceptionnels) qu’un espace géographique restreint (soit
l’ancien noyau carolingien). Cela ne signi e pas que les o ciers ne s’intéressaient pas à ces con its lointains.
On peut citer l’exemple du marquis de Silva , un o cier piémontais admirateur de Guibert , qui publia des
Considérations sur la guerre présente entre les Russes et les Turcs (voir marquis  S, Considérations sur la
guerre présente entre les Russes et les Turcs, écrites partie au mois d’octobre et partie au mois de décembre de l’année
1769, Turin , les frères Reycends, 1773, II-85 p.).
[« L’armée d’Italie », Gilles Candela]
[ISBN 978-2-7535-1284-9 Presses universitaires de Rennes, 2011, www.pur-editions.fr]
INTRODUCTION GÉNÉRALE
15
Jean-Paul Bertaud
11 marqua un renouveau de la recherche sur le monde militaire
entre 1789 et 1799. D’autres travaux suivirent et abordèrent des thèmes aussi di é-
rents que les levées de troupes 12, la conscription 13, la mobilisation de l’arrière 14 ou
le développement d’une bureaucratie militaire 15. Désormais, tous les aspects de la
vie des hommes de guerre furent étudiés : la composition sociale de l’armée, la vie
dans les cantonnements, la qualité de l’encadrement ainsi que les problèmes de
ravitaillement. Les aspects idéologiques particuliers à la période révolutionnaire ne
furent pas négligés. Le rôle des loges maçonniques au sein de l’armée fut désormais
mieux cerné grâce aux travaux de Jean-Luc Quoy-Bodin
16. Ce que l’on nommait
l’« histoire bataille 17 » ne représenta plus que l’un des thèmes de cette nouvelle
histoire militaire. Des contributions savantes favorisèrent de nouvelles approches
sur la question des tactiques et du caractère plus ou moins manœuvrier des troupes
révolutionnaires 18.
Cette étude consacrée à l’armée d’Italie de 1792 à 1797 devait prendre en
compte ces nouvelles orientations de la recherche historique ainsi que des travaux
plus anciens. L’un des premiers ouvrages consacrés à la guerre des Alpes de 1792
à 1796, paru à la  n du e siècle, est le fruit de la collaboration entre le colonel
Léonce Krebs et Henry Moris , conservateur des archives départementales des
Alpes-Maritimes
19. L’ouvrage fut rédigé à une époque où un con it avec l’Italie,
membre de la Triplice, était envisagé. Il analyse surtout les opérations menées dans
11. Jean-Paul B , L’armée française de 1789 à l’an VI, étude sociale, 3 vol., thèse d’État, université
Paris I, 1978, XCVIII, 883, 219 p.
12. Les travaux d’Annie Crépin sur les levées d’hommes en Seine-et-Marne ont ouvert la voie à de nombreuses
études. Annie C, Levée d’hommes et esprit public en Seine-et-Marne, thèse de doctorat, Université de
Panthéon-Sorbonne, 1989, 2 vol., 716 p. On peut citer aussi le livre de Bruno C , tiré de sa thèse,
intitulé Du volontaire au conscrit, les levées d’hommes dans le Puy-de-Dôme pendant la Révolution française,
Clermont-Ferrand , Presses universitaires Blaise Pascal, 2001, 2 vol., 781 p.
13. Annie C , La conscription en débat, ou le triple apprentissage de la nation, de la citoyenneté et de la
République, Presse universitaires d’Artois , Arras, 1998, 253 p.
14. Une monographie récente de Nathalie A sur l’e ort de guerre dans le département de l’Hérault doit
être signalée : La Liberté ou la mort, l’e ort de guerre dans le département de l’Hérault, Aix -en-Provence ,
Publication de l’université de Provence, 2006, 296 p. Ce livre est tiré d’une thèse de doctorat consacrée à
L’e ort de guerre dans le département de l’Hérault pendant la Révolution française (1789-1799), université de
Provence, 2003, 4 vol., 965 p. Pour une vue plus générale sur ce thème, on peut conseiller la lecture des
l’ouvrage suivant : William M N , La recherche de la puissance, techniques, forces armées et société depuis
l’an Mil. Economica, 1992, p. 218 à 222. Cet auteur rappelle que sous l’Ancien Régime, la production
annuelle d’armes à feu à Saint-Étienne oscillait entre 10 000 et 26 000 annuellement. En 1792-1793, elle
s’e ondra, mais entre 1794-1796, elle remonta pour atteindre le niveau record de 56 000 armes en moyenne
par an.  éodore Wertime ( e coming age of steel, Leyde, 1961, p. 249) nous dit que Paris produisit
1 100 fusils par jour à l’époque du Comité de salut public.
15. Howard G. B , War, Revolution and the bureaucratic State : politics and army administration in France ,
1791-1799, Oxford , Clarendon Press, 1995, IX-361 p.
16. Jean-Luc Q-B , L’Armée et la franc-maçonnerie : au déclin de la monarchie sous la Révolution et
l’Empire, Paris , Economica, 1987. 344 p.
17. Le Centre d’études d’histoire de la Défense (CEHD) de Vincennes abrite en son sein la Commission
nouvelle histoire bataille, actuellement animée par Laurent Henninger , chargé de mission au CEHD.
18. John L , e bayonets of the Republic, motivation and tactics in the army of revolutionary France , 1791-1794,
Urbana, University of Illinois Press, 1984, XII-356 p.
19. Léonce K et Henri M , Campagnes dans les Alpes pendant la Révolution, d’après les archives des
états-majors français et austro-sarde, Paris , E. Plon, Nourrit et Cie, 1891-1895, 2 vol., fac-similé et cartes
I. 1792-1793 ; II. 1794-1796.
[« L’armée d’Italie », Gilles Candela]
[ISBN 978-2-7535-1284-9 Presses universitaires de Rennes, 2011, www.pur-editions.fr]
L’ARMÉE D’ITALIE
16
les montagnes niçoises entre 1792 et 1796. Le capitaine Gabriel Fabry , pour sa
part, o cier d’état-major, est à l’origine de la publication de nombreux documents
se rapportant à l’histoire de l’armée d’Italie. Il publia une Histoire de la campagne
de 1794 en Italie, consacrée à l’expédition d’Oneille , à la prise de Saorge et à ses
suites et une Histoire de l’armée d’Italie (1796-1797) : de Loano à février 1796 20.
Contrairement à ce que ce titre pourrait laisser supposer, il s’agit d’un recueil de
sources commentées provenant de fonds français, italiens et autrichiens. Le livre
s’arrête en février 1796 à la veille de la prise de commandement de Bonaparte .
La campagne d’Italie de 1796-1797 a aussi occupé une place de choix parmi les
publications consacrées aux guerres de la Révolution parues durant les quinze
années qui précèdent la Première Guerre mondiale. Elles font la part belle aux
opérations sans négliger les questions politiques. La personnalité et l’action du
général en chef français sont au centre de ces études 21. Ces ouvrages permettent
de mieux comprendre la nature de la guerre menée en Italie. Félix Bouvier dans
son Bonaparte en Italie 22 insiste sur les échecs volontairement cachés au Directoire.
Ces livres analysent l’irrésistible ascension du futur « dictateur 23 » et abordent
l’histoire diplomatique. Ils insistent sur les conséquences de la multiplication des
républiques-sœurs. Dans ces écrits, l’histoire de l’armée d’Italie est toujours liée à
celle du futur empereur des Français. Pour tout un courant historiographique et
parfois hagiographique, 1796, bien plus que 1799, inaugure une nouvelle période
historique dont l’inévitable aboutissement sera le 18 Brumaire. La campagne
d’Italie constitue l’acte fondateur de la légende napoléonienne 24. Pourtant, si
Bonaparte en Italie semblait marcher sur les traces d’Hannibal puis de César, à la
di érence du Carthaginois et du Romain, ce ne furent ni des mercenaires ni des
professionnels de la guerre qu’il avait conduits à la victoire. Ses hommes se consi-
déraient comme des soldats-citoyens et les missionnaires armés de la Révolution.
Ils appartenaient à une armée créée en 1792 pour protéger la France du Midi de
la menace austro-sarde. Quels que soient les talents de son chef, l’armée d’Italie
joua un rôle prépondérant dans le succès de cette entreprise guerrière qui allait
o rir à la France cette « paix glorieuse » tant désirée.
La Première Guerre mondiale marqua un coup d’arrêt de la recherche sur
cette armée. C’est à partir des années 1930 que d’importants travaux paraissent.
On peut citer l’étude de Guglielmo Ferrero , Aventure, Bonaparte en Italie 25.
20. Gabriel F , Histoire de l’armée d’Italie , 1796-1797 : de Loano à février 1796, Paris , H. Champion, 1900,
2 vol., XXIII-506-44
21. Albert P , Bonaparte , président de la République italienne, Paris , Perrin, 1914, 529 p.
22. Félix B , Bonaparte en Italie , 1796, Paris , Éditions Léopold Cerf, 1899, 745 p., 3 cartes. L’ouvrage
traite l’histoire de la campagne en Italie jusqu’à Lodi .
23. Christian-Marc B, « Bonaparte en Italie : naissance d’un dictateur », L’Histoire n° 203, octobre 1996,
p. 52-57.
24. M. Wayne Hanley , un universitaire américain, s’est récemment intéressé à la naissance du mythe napoléonien
et aux e orts déployés par le général en chef de l’armée d’Italie pour forger, dès 1796, sa propre légende.
Wayne H, e genesis of Napoleonic propaganda, 1796 to 1799, New York , Columbia University Press,
2005, 234 p.
25. Guglielmo F , Bonaparte en Italie : 1796-1797, Paris , Éd. de Fallois, 1994, 261 p. Réédition de
Aventure. Bonaparte en Italie (1796-1797), Paris, Plon, 1936, VI-295 p.
[« L’armée d’Italie », Gilles Candela]
[ISBN 978-2-7535-1284-9 Presses universitaires de Rennes, 2011, www.pur-editions.fr]
INTRODUCTION GÉNÉRALE
17
Cet historien qui avait fui l’Italie fasciste se concentra sur le rôle déterminant
joué par Bonaparte. Il s’intéressa aussi à l’armée. Il considéra que le traité de
Campo-Formio était à l’origine de la déstabilisation de l’Europe . Il porta un
regard critique sur l’œuvre du jeune général en chef qu’il croyait animé par l’esprit
d’aventure.
À la même époque, Jacques Godechot achevait la rédaction de sa thèse sur
Les Commissaires aux armées sous le Directoire 26. Elle abordait les rapports entre les
chefs militaires et les agents civils à l’époque directoriale. Elle soulignait l’éman-
cipation progressive des généraux. Ce chercheur manifesta aussi un intérêt parti-
culier pour l’armée d’Italie en lui consacrant un article 27 dans les Cahiers de la
Révolution. Il aborda la question des rapports entre les représentants du pouvoir
politique (en particulier les commissaires Saliceti et Garrau ) et les généraux au
sein de l’armée d’Italie dans plusieurs chapitres de sa thèse. Après 1945, peu
d’ouvrages seront publiés sur le sujet (hormis ceux qui concernent les batailles
et les campagnes stricto sensu). Le livre de Marcel Reinhard Avec Bonaparte en
Italie 28 fait  gure d’exception. Les bicentenaires de la Révolution, puis du triennio,
devaient favoriser un regain d’intérêt pour cette période et l’histoire de l’armée
d’Italie en béné cia. Des travaux universitaires, en particulier ceux d’Anna Maria
Rao , permirent de mieux connaître le rôle des exilés italiens en France 29, les consé-
quences diplomatiques de la politique personnelle de Bonaparte 30 ainsi que la
nature des di érents mouvements contre-révolutionnaires auxquels les Français
se heurtèrent en Italie 31.
À la lecture de ces recherches, nous apparurent progressivement divers question-
nements à travers lesquels nous avons essayé de frayer notre propre voie dans une
perspective d’histoire militaire plutôt que politique ou diplomatique. Étudier une
armée en campagne comme l’armée d’Italie permettait de comprendre les di -
cultés concrètes auxquelles se heurtaient les combattants et les responsables civils.
26. Jacques G , Les Commissaires aux armées sous le Directoire, contribution à l’étude des rapports entre les
pouvoirs civils et militaires, thèse pour le doctorat ès lettres présentée à la faculté des lettres de l’université de
Paris , par Jacques Godechot, Paris, Fustier, 1937, 2 vol.
27. Jacques G , « L’armée d’Italie », Cahiers de la Révolution française, 1936.
28. Marcel R , Avec Bonaparte en Italie , d’après les lettres inédites de son aide de camp, Joseph Sulkowski ,
Paris , 1946, 316 p.
29. Anna Maria R , Esuli : l’emigrazione politica italiana in Francia (1792-1802), Napoli , Guida, 1992,
XIV-615 p.
30. Voir en particulier les rémarques de Marc B dans Repenser l’ordre européen, 1795-1802 : de la société
des rois aux droits des nations, Paris , Éd. Kimé, 2006, 467 p. En particulier le chapitre , « La rupture de
Campoformio », p. 117 à 133. Du même auteur, on peut lire l’article « De l’ordre d’Ancien Régime à
l’ordre international : approche de l’histoire des relations internationales », La Révolution à l’œuvre, op. cit.,
p. 217-227. Dans cet article, Marc Belissa dépasse les interprétations classiques d’Albert S (L’Europe et
la Révolution française, Paris, Plon, 1888-1904, 8 vol., réédité en 2003) et de Raymond G (Le Directoire
et la paix de l’Europe, Paris, 1911) à propos des conséquences internationales de l’expansion révolutionnaire.
31. De nombreux travaux universitaires seront évoqués dans le cadre de notre développement, parmi eux, divers
articles tirés d’actes de colloques. Pour une approche bibliographique et un aperçu des problématiques, il
faut consulter L’ouvrage sous la direction d’Anna Maria R, Folle controrivoluzionarie. Le insorgenze popolari
nell’Europa giacobina e napoleonica, Rome , Carocci, 1999.
[« L’armée d’Italie », Gilles Candela]
[ISBN 978-2-7535-1284-9 Presses universitaires de Rennes, 2011, www.pur-editions.fr]
1 / 9 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !