quelles competences pour l`infirmiere africaine a l`aube du

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CONGRES
INTERNATIONAL DE
GENEVE
QUELLES COMPETENCES POUR L’INFIRMIERE AFRICAINE
A L’AUBE DU TROISIEME MILLENAIRE ?
COMMUNICATION DU Dr JEROME MBA BITOME
Maître en sciences et techniques sanitaires et sociales
Dr en sociologie et sciences sociales
Enseignant chercheur à l’université Omar Bongo et l’université
des sciences de la santé
Chargé du cours de santé publique et de management des services de santé à
l’Ecole Nationale d’Administration et à l’institut national de formation d’action sanitaire et
sociale
Libreville-GABON
RESUME
• Les compétences évoluent au fur et à mesure que le
monde change. Mémoriser les connaissances et les
mettre en application constitue, aujourd’hui un socle
minimal pour tout soignant.
• Pour répondre avec efficacité aux exigences de sa
profession, l’infirmière africaine doit développer,
simultanément connaissances, habiletés intellectuelles
et techniques, comportements et attitudes, relations
humaines et recherche
• MOTS CLES :
macroscope
Soin,
Compétence
infirmière,
INTRODUCTION
• Quels critères peut on faire usage aujourd’hui pour
juger la compétence de l’infirmière africaine ? est la
question, à la base de la présente communication qui, de
prime abord peut sembler paradoxale si l’on considère
que soigner demeure fondamentalement un acte de la
vie quotidienne .
• La présente conférence internationale qui réunit toutes
les sommités de la profession infirmière de l’espace
francophone, m’est apparue comme un cadre idéal pour
poser ce problème.
• Afin d’aborder cette question, j’ai, outre le constat fait
sur le terrain, articulé mon exposé sur quatre axes
essentiels qui justifient le choix de ce thème à savoir :
• Les sources de l’exercice de la profession infirmière en
Afrique et son application actuelle
• Les conséquences actuelles du développement des
sciences et des techniques
• La remise en cause apportée par les sciences sociales et
la nouvelle vision introduite par le « macroscope »
• Les nouveaux besoins imposés par l’évolution des
technologies et le changement des mentalités
Mais je voudrais tout d’abord clarifier le sens et la
vision que j’ai du concept « compétence infirmière » et
de « soin » avant d’esquisser lz constat sur le terrain
DEFINITIONS DES PRINCIPAUX CONCEPTS
COMPETENCE INFIRMIERE
• Il me semble nécessaire de préciser ici ce que j’entends
par compétence. Le mot compétence vient du latin
« competens » qui signifie « ce qui va avec, ce qui est
adapté à » la compétence peut donc se comprendre
comme une imbrication de divers produits sélectionnés
en fonction du but à atteindre.
• Ce n’est pas une simple addition de savoirs partiels
comme l’a si bien dit, en 1995, Guy Le Boterf , elle est
définie par Patrick Gilbert et Michel Parlier comme
« un ensemble de connaissances, de capacités d’action
et de comportements structurés en fonction d’un but et
dans un type de situations données ».
• La compétence est donc liée à une activité et elle revêt
un caractère opératoire qui s’exprime dans des
conditions spécifiques de mise en œuvre, telle que la
capacité d’analyse et de résolution de problèmes dans
un milieu particulier.
• C’est en considérant le cadre global où se réalisent les
soins infirmiers, que je m’associe à Catherine Mordacq
pour dire que la compétence infirmière « se situe
justement entre le général et le particulier, entre la
vision que chaque malade a de sa situation et les
ressources qu’offrent les soins, les techniques et les
supports éducatifs ».
•
Mais la vision que chaque malade a de sa maladie
renvoie à tout un ensemble de connaissances liées à sa
culture, à sa conception du monde, à sa conception de
la santé, de la vie de la guérison et de la mort. Il
convient donc ainsi, pour une meilleure compréhension
des faits, de s’inspirer du regard pluriel situé dans la
longue durée de Fernand Braudel afin de mieux
s’interroger sur les pratiques de soins
• C’est précisément au travers d’une prise en charge
globale du patient dans le respect des normes sociales
spécifiques et dans la conformité des normes de qualité
et de pertinence que pourrait se manifester la
compétence infirmière
• Toutefois, il ne peut y avoir de compétence infirmière
que lorsqu’il y a approfondissement dans les domaines
spécifiques des soins, approfondissement dans les
connaissances actuelles ainsi que dans l’aide à apporter
au patient.
• C’est dire que la compétence est le fruit de l’exploration
à partir de sa pratique quotidienne, elle est non
seulement le fruit des nouvelles connaissances mais aussi
le résultat des recherches individuelles.
• Car l’infirmière formée à la recherche apporte ses
découvertes à la communauté, elle l’enrichit et lui
communique ses ouvertures. Dans cette optique on peut
dire que la compétence est loin d’être « un état », c’est
un processus que l’on déclenche à partir de la
formation initiale et que l’on doit constamment
renouveler par les formations continues et ou
universitaires pour mieux adapter le personnel à faire
face avec pertinence aux nouvelles exigences imposés
par le développement des sciences et des techniques
SOIN
• Mais il s’agit ici de bien saisir le sens et le concept de
soins en replaçant ce concept dans une vision large et
retrouver ses dimensions originelles en « osant
interroger ce qui fait vivre et ce qui fait mourir au
quotidien » .
• En effet, comme le souligne M.F. Collière, « soigner
signifie au sens plénier du mot, stimuler les capacités
d’être, contribuer à développer le pouvoir d’exister, ce
pouvoir d’être reconnu et d’affirmer sa vie jusqu’au seuil
de la mort, soigner se situe donc au carrefour de
l’affrontement de ce qui fait vivre et de ce qui fait mourir
au quotidien, dans la diversité et la complexité des
dimensions
biologiques,
culturelles,
sociales,
économiques et politiques. »
• Cette complexité du soin implique une connaissance
diversifiée aussi bien au plan intellectuel que pratique
(sciences sociales et humaines, management,
informatique…) toutefois, c’est dans la relation avec la
personne soignée, dans les soins qui prennent en
compte l’être humain dans sa totalité et dans ses
dimensions psychosociales que doit se dégager la
compétence infirmière.
Constat
• Le constat peut être appréhendé à travers deux aspects.
Le premier aspect est donné par les résultats d’une
étude que je viens de réaliser au centre hospitalier de
Libreville, hôpital de référence nationale.
•
En effet, dans cette étude , les médecins, les infirmiers
eux-mêmes et les usagers des services de soins
dénoncent avec force le caractère déshumanisant des
soins en ces termes : mauvaise qualité des soins,
mauvais accueil, mauvaise relation soignant soigné,
non prise en charge globale des patients, manque de
communication thérapeutique et éducative…
• Les résultats de cette étude confortent avec ceux des
divers travaux réalisés dans les hôpitaux de l’intérieur
du pays par nos étudiants.
• Le deuxième aspect s’inscrit dans la logique de
l’évolution de la fonction infirmière en Afrique.
LES CONSEQUENCES ACTUELLES
DU DEVELOPPEMENT DES
SCIENCES ET DES
TECHNIQUES
• En effet l’ordre ancien des choses se trouve
actuellement bouleversé par le rapide développement
des sciences et des technologies qui transforment à vue
d’œil toutes les activités humaines.
• A force de se perfectionner, les disciplines, jadis loin les
unes des autres arrivent à converger vers des
«
carrefours », se rencontrent et s’améliorent
mutuellement. L’on est progressivement passé de
l’isolement des métiers à l’application de la notion
d’interdisciplinarité qui évoque la complémentarité.
• Aujourd’hui, cette notion tend sur le plan pratique à
être remplacée par celle d’inter métier qui renvoie à
l’imbrication des différentes disciplines ou métiers .
• Mais il n’y a pas que les métiers, les procédures et les
événements qui changent. Les hommes ont eux aussi
rapidement évolué.
• Les échanges d’ordre culturel qui se sont
progressivement instaurés dé puis la fin de la période
coloniale entre les différents groupes ethniques à
l’intérieur d’une nation d’une part et, entre ceux-ci et
les populations des cultures différentes venues des
horizons divers à travers le monde d’autre part, ont
fortement contribué à accélérer cette mutation de la
pensée humaine.
• A cela, il faut ajouter l’augmentation notoire de la
population aussi bien en zone urbaine qu’en zone
rurale dans les pays en développement
• Concrètement le contexte professionnel de l’infirmière
s’est complexifié :
 Le petit centre de santé où elle passait paisiblement ses
journées à attendre quelques rares patients s’est étoffé
en équipement et en personnel : il dispose généralement
maintenant d’une trentaine de lits d’hospitalisation,
d’un service de maternité, d’un service d’intervention
pour petite chirurgie, d’un service d’alimentation et
plus d’une demi-douzaine d’agents.
 L’augmentation de la population de sa circonscription
sanitaire a entraîné une forte demande de soins, celle-ci
exige une meilleure prestation des services.
 La nécessité de la mise en œuvre dans sa localité des
programmes imposés par le niveau central (programme
des soins de santé primaires, programme paludisme,
programme sida, programme nutrition,) l’oblige à
adopter d’autres comportements, d’autres pratiques et
d’autres connaissances.
 Sa circonscription sanitaire comprend maintenant des
dispensaires qu’elle supervise
• C’est dire que, outre son rôle traditionnel qui consistait
à soulager le patient en appliquant les traitements
simples limités par ses compétences, l’infirmière
connaît aujourd’hui, des problèmes qu’il était loin
d’imaginer autrefois non seulement au plan des
techniques professionnelles mais aussi avec son
personnel..
• Appelée à travailler dans une équipe professionnelle
dont elle a la charge, elle doit maintenant s’approprier
des techniques
actuelles de communication, des
techniques de gestion des ressources humaines en santé,
des techniques de planification, d’organisation du
travail, d’administration, de supervision, des
techniques d’informatique, des techniques de soins
axées sur la promotion, la prévention, la restauration
de la santé ainsi que sur la rééducation et la réinsertion
de l’individu dans son milieu social.
•
• Ainsi les nouveaux besoins imposés par l’évolution des
groupements humains et le développement des
technologies sont venus s’ajouter aux préoccupations
de l’infirmière africaine qui devait déjà s’efforcer de
maîtriser son rôle propre et éviter de s’agripper à celui
de « l’auxiliaire médical ».
• L’infirmière atricaine se trouve donc face à une
situation, qui l’oblige à répondre aux besoins
irréversibles imposés par l’ordre naturel des choses.
• Il est évident que l’existence de l’écart entre les
capacités
d’action
de
l’infirmière
gabonaise
d’aujourd’hui et l’évolution rapide des technologies
médicales, sanitaires et des mentalités qui
s’accompagnent d’un accroissement des responsabilités
infirmières exigent une préparation proportionnée
• Le développement des sciences, des techniques et des
mentalités évoqué ci-dessus impose, un bouleversement
progressif mais rapide de l’ordre ancien des choses
dans tous les domaines.
• Les soins infirmiers n’échappent pas à ce processus
irréversible. Aussi doivent-il, sans cesse chercher à
s’adapter non seulement au rythme de l’évolution des
sciences et des techniques, mais aussi à celui des
mentalités individuelles et collectives qui rend de plus
en plus complexe la demande actuelle des soins.
• En effet, l’hôpital et sa cellule de base, l’unité de soins,
lieu de pratique de soins infirmiers par excellence, vit
des bouleversements des structures, mais aussi des
mentalités individuelles
• Ceux-ci engendrent des changements dont le degré
d’acceptation est fonction du niveau de préparation des
individus, de l’intégration des nouvelles idées, de
l’application des acquis antérieurs, des compétences
propres de l’infirmière, des normes de travail et des
rapports de force en présence au sein de l’équipe de
santé.
REMISE EN CAUSE DES SCIENCES SOCIALES
• Dans le même ordre d’idées, la technique médicale qui
influence la pratique des soins infirmiers notamment dé
puis l’affermissement de la science, se voit elle-même
remise en cause par les sciences sociales et les nouvelles
sciences « dites » exactes (physique nucléaire, biologie).
• Celles ci insistent sur la relativité de tout phénomène et
sur la nécessité de ne pas le dissocier de son ensemble
• Cette remise en cause conduit à la nécessité de
reconsidérer l’image que chaque société se fait de
l’homme afin de lui redonner la place qui doit être la
sienne dans le processus de soins.
• Cette fin impose que soit réadaptés et renforcés les
contenus de la formation, d’une part, et que soit mieux
redéfinis le rôle et les activités du personnel infirmier
d’autre part.
•
C’est dans ce même optique que Joël DE ROSNAY, a
développé, ce qu’il a appelé « l’émergence d’une
nouvelle pensée ».
• Celle-ci s’opposait à l’éducation traditionnelle en
vigueur en Occident qui est restée désespérément
analytique, centrée sur quelques disciplines mais qui
concrètement, ne s’imbriquaient pas les unes sur les
autres Cette éducation a difficilement préparé l’homme
à l’approche globale des problèmes et encore moins au
jeu de leurs symboliques.
•
Pour accéder à cette approche nouvelle, DE ROSNAY
a proposé un instrument spécifique, le « macroscope ».
• qu’il définit comme un « outil symbolique, fait d’un
ensemble de méthodes et des techniques empruntées à
des disciplines différentes. » Il devrait permettre à
chacun de « s’élever pour mieux voir, de relier pour
mieux comprendre et de situer pour mieux agir »(1)
• La remise en cause des sciences sociales et le
« macroscope » peuvent amener l’infirmière africaine à
se ré interroger dans sa pratique quotidienne des soins.
• Car il faut comprendre que la complexité des soins se
justifie surtout par le fait qu’ils sont adressés à
l’homme dans sa globalité .
• Celui-ci peut se définir en zone africaine comme « un
être bio psychosocial spirituel et lignager,
être
d’émotions, de préventions et de symboles, inséré dans
un environnement plein de Signifiants dont il reste
dépendant , sans dissociation possible »
• C’est pourquoi l’approche scientifique qui a comme
caractéristique d’isoler les éléments d’un phénomène
pour mieux les étudier, ne peut pas, à elle seule, rendre
compte d’un phénomène aussi complexe que les soins
infirmiers notamment en milieu africain.
• Ainsi le processus de réadaptation des soins qui n’est
possible qu’en ré interrogeant les savoirs structurés par
rapport à la connaissance empirique locale, implique
une certaine prédisposition des agents à remettre en
cause les acquis antérieurs et les pratiques
professionnelles quotidiennes.
• Cette prédisposition ne peut s’acquérir qu’à partir
d’une formation universitaire qui, à la longue, devrait
permettre à l’infirmière africaine de définir ou tout au
moins, de proposer un cadre conceptuel spécifique de
soins pour l’Afrique qui s’appuierait sur un ensemble
de valeurs, de croyances et de représentations propres
aux peuples de ce continent
• C’est là une entreprise difficile, j’en conviens, surtout
lorsque l’on analyse la manière dont les soins infirmiers
se sont développés et évoluent en Afrique
subsaharienne.
III/-
SOURCES ET EXERCICE DE LA
PROFESSION INFIRMIERE EN AFRIQUE
• Dans l’ensemble des pays d’Afrique sub-saharienne, les
orientations de l’exercice de la profession infirmière
ont été déterminées par des conditions historiques
dominées par les comportements d’une société
dominante face à une société soumise.
Les soins organisés sont assurés par les hommes depuis la
période coloniale
• Pour permettre au colonisateur d’accéder à l’intérieur
des terres poursuivre sa mission « civilisatrice », il lui
fallait des hommes jeunes et forts pour transporter ses
bagages.
• C’est ainsi qu’avec l’aide, d’un coté des forces
militaires
et
de
l’autre
des
missionnaires
évangélisateurs, les premiers s’imposant par la force
militaire et les seconds par la soumission mentale, des
jeunes furent arrachés à leurs familles pour
accompagner l’homme blanc.
• C’est dans le cadre de ces échanges, entre employeur et
employé que les porteurs ont été autorisés à imiter les
gestes de leurs patrons pour faire les pansements au
mercurochrome, donner les médicaments par voie
buccale, faire des injections intramusculaires.
De l ’activité sociale Informelle à l’activité professionnelle
organisée
• C’est ainsi naît l’infirmier africain, un homme qui,
désormais avait pour objectif de « paraître » aux cotés
de l’homme blanc, de parler sa langue, de disposer de
quelques signes monétaires et de satisfaire avec
soumission à tous les besoins de son « patron ».
• De plus, en passant de l’activité sociale informelle qui
était le soin traditionnel à l’activité professionnelle
organisée, la pratique de soin passe de l’autonomie à la
dépendance : les activités de soins inscrites dans un
champ social distinct, avec des règles, des normes et des
rituels spécifiques, s’opèrent désormais dans une
hiérarchie de personnes.
• Dans ces conditions le malade reste inexistant.
•
• Le nouveau contexte détermina une séparation entre
celui qui sait et impose sa façon de faire et celui qui,
ignorant et soumis, doit exécuter les ordres de l’autre à
l’intérieur d’un champ social unique, qui est celui de la
pratique médicale.
• L’infirmier était tenu de ne rien dire ou faire qui puisse
porter atteinte à l’autorité du médecin militaire, son
patron Il est un personnel au service du médecin d’où
le terme de personnel paramédical pour l’identifier et
le nommer
•
Ainsi, que ce soit en Occident où le débat du malaise
infirmier s’est appuyé sur la hiérarchisation des genres,
en Afrique où il est plutôt fondé sur la soumission à une
culture dominante, l’exercice de la profession
infirmière s’est structurée sur les principes de la
subordination, en tant que groupe par rapport à celui
des médecins et en tant qu’individu par rapport à une
règle qui exige obéissance absolue. Il est prédisposé, de
ce fait, à assumer le role « d’auxiliaire médical »
• C’est pourquoi l’exercice de la profession infirmière se
caractérise aujourd’hui par deux aspects essentiels qui
ne font pas précisément sa force.
• Le premier aspect laisse apparaître que la profession
infirmière est anonyme, elle est « paramédicale ».
Cela justifie le fait que l’infirmière africaine ait
tendance à s’approprier les techniques médicales alors
qu’elle est loin de maîtriser non seulement les activités
liées à sa propre profession, mais surtout l’approche
analytique qui conduit à la connaissance de l’exercice
médicale.
• Le deuxième aspect relève du fait que l’infirmière est
forcée d’osciller entre le fait de privilégier la
connaissance technique imposée par le courant de santé
axé sur la technicité et celui de l’aide individuelle c’està-dire la relation d’aide ou d’accompagnement de
chaque malade, ce dernier étant la raison d’être de
l’infirmière.
• Le constat actuel montre que l’infirmière qui a opté
pour les soins techniques tend à ignorer totalement ou
souvent la personne malade qu’elle a pour rôle d’aider
à retrouver son autonomie.
• A l’inverse lorsqu’une infirmière dispose d’une
excellente capacité à entrer en relation avec les
patients, elle présente souvent des insuffisances au plan
technique.
• Où peut se situer la compétence infirmière dans ces
deux cas de figure qui caractérisent le travail de
l’infirmière africaine ?
Essai de réponse à la question posée:
• Les divers éléments d’analyse soulevés ci-dessus
laissent entrevoir la nécessité pour l’infirmière
africaine d’adopter un certain nombre d’attitudes et
de comportements et d’acquérir des nouvelles
connaissances.
•
Celles-ci doivent l’amener à une maîtrise parfaite des
différentes fonctions qui caractérisent sa profession, à
savoir la fonction de planification, la fonction
d’organisation ou d’administration la, fonction de
soignante , la fonction d’enseignante/encadreuse , la
fonction de leadership, la fonction d’évaluation., et la
fonction de supervision
• Au regard de ces différentes fonctions et des éléments
d’analyse évoqués plus haut, l’on peut dire que la
compétence infirmière devrait s’exprimer à travers la
recherche permanente de la« qualité » et de la
« pertinence ».
• L’infirmière se doit donc de développer non seulement
ses capacités d’analyse et de résolution de nouveaux
problèmes mais aussi des attitudes pertinentes dans les
relations avec son environnement ; Elle doit donc être,
comme le propose Christine Kerdellant ,curieuse,
communicante, flexible et réactive.
•
• Elle sera beaucoup plus une personne intuitive qu’un
stratège, un personnel de métier qu’un technocrate
universel,
une
personne
d’impulsion
qu’une
gestionnaire orthodoxe. Ce qui évoque, la nécessité
pour l’infirmière de développer :
 des compétences personnelles (pensée stratégique,
introspection)
 des compétences interpersonnelles (leadership, aptitude
à négocier, à communiquer, à dialoguer)
 des compétences liées à l’information (visuelle, verbale)
 des compétences liées à l’action (capacité à concevoir et
à gérer des projets de santé, capacité à manager une
équipe)
 des compétences dites « transversales »ou de 3ième
dimension, selon la terminologie introduite en 1990 par
Simone Aubrun et Roselyne Orofiamma qui
regroupent:
1- les compétences professionnelles ou sociaux
(motiver, prendre des initiatives, faire des
propositions.)
des capacités créatives (savoir faire face à l’imprévu, oser
toujours plus, être capable de créer, d’imaginer:
2des
attitudes
relationnelles
et
de
communication ; des capacités d’adaptation et de
changement
3- des attitudes existentielles et ethniques (se référer
à des valeurs, savoir se situer comme un acteur social,
avoir une « intelligence des situations »
• Si la maîtrise de la dimension technique de ses
fonctions est indispensable pour toutes les catégories
des agents de l’équipe de santé, il est souhaitable que
l’infirmière fasse la différence en faisant preuve de
responsabilité, d’autonomie, de capacités relationnelles
et de créativité.
• De plus, étant donné, qu’il n’est plus possible de
chercher à comprendre les causes sociales d’une
affection ,le comportement des populations face à un
problème de santé ou d’élaborer un programme de
santé sans faire appel aux
méthodes d’analyse
anthropologique et sociologique, l’infirmière doit
s’approprier de ces méthodes d’analyse qu’elle est
désormais appelée à utiliser dans ses activités
quotidiennes.
CONCLUSION :
• A cet effet il convient que l’infirmière :
 se démarque progressivement de l’ascendant médical
en s’affirmant dans l’exercice de sa profession
 acquiert l’image de marque de la recherche ainsi qu’un
« esprit scientifique » à partir d’une formation
universitaire.
• C’est, finalement dire que la compétence infirmière est
d’abord le fruit d’une exploration à partir de sa propre
pratique de soins.
• Il appartient à l’infirmière d’élargir cette connaissance
à partir d’une formation universitaire. Mais il est tout
aussi indispensable que l’État puisse favoriser des
formations pertinentes de courtes durées dont les
contenus seraient élaborés sur la base des besoins réels
à satisfaire au sein des communautés, car il faut dire
que si les soins hospitalo -centristes qui continuent à
être privilégiés dans nos pays bénéficient aux 20% de la
population, les 80% vivant, soit dans les bidonvilles qui
ceinturent nos villes capitales, soit dans les coins les
plus reculés ont très rarement accès aux soins de santé.
•
Il y a là un choix politique à envisager
qui
déterminerait les compétences de l’infirmière africaine.
•
Au plan technique : La compétence infirmière
apparaît comme la nécessité d’un approfondissement
des connaissances acquises dans des domaines
spécifiques des soins y compris la relation d’aide. Elle
doit s’affirmer à partir des recherches personnelles
réalisées dans le cadre de sa pratique quotidienne.
•
Au plan de la relation d’aide : la formation
universitaire s’impose comme une priorité à
l’infirmière africaine pour qu'elle soit capable de
« penser sa pensée » en vue de :

contextualiser les pratiques de soins
 prendre conscience de ses propres modèles culturels et
des héritages du passé
 analyser l’ensemble des déterminants sociaux, culturels
et subjectifs des situations.
•
Mais elle ne saurait être le gage en soi d’une
amélioration de la qualité des soins et par voie de
conséquence de l’unique source de compétence
infirmière si les connaissances acquises ne contribuent
pas à réinterroger la connaissance ontologique locale
afin de réduire progressivement l’écart entre les savoirs
empiriques locaux et les savoirs théorisés et susciter par
voie de conséquences des pratiques alternatives
pertinentes
• Ce ne sont là que quelques pistes pour engager le
débat, en fait, je me pose simplement la question
suivante :
• à partir de quels éléments concrets pourrait-on
élaborer, avec pertinence la compétence de l’infirmière
africaine d’aujourd’hui ?
• Ne pourrait-on pas envisager un cadre conceptuel
spécifique de soins infirmiers pour l’Afrique qui
s’appuierait sur un ensemble de valeurs, de symboles et
de représentations propres à ce continent ?
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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Denyse Paul, Lambert Jean et coll., « l’approche holistique, qu’en
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Mauss Marcel « effet physique de l’idée de mort suggérée par la
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coll. « Quadrige », 1950 pp.313-332
De Rosnay Joël « Le macroscope, vers une vision globale » Editions
du Seuil, Paris, 1975 p.11
Rainville Thérèse « Vers un nursing holiste », in l’infirmière
canadienne, mars 1984
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