Fiche chronothématique réalisée par Sylvère AÏT AMOUR
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(Plage 09) Après la guerre, il du passer un concours pour entrer au dépôt, sinon il aurait été versé à nouveau
dans une gare où les grades étaient moins élevés. Ils étaient cinq à passer ce concours, trois furent reçus et
commencèrent ainsi à l’échelon cinq alors que les deux autres débutèrent à l’échelon deux. Il passa ce
concours en mars 1946, alors qu’il était rentré depuis novembre 1945. Dans le « service de travail » du Reich
[le Reichsarbeitsdienst, entre 1941 et 1944 les Alsaciens et Mosellans y sont incorporés] en Allemagne, il était
avec un camarade cheminot. Pendant la guerre, le père d’Auguste Ritter continua de travailler à la SNCF, il lui
arriva de conduire des trains jusqu’en Pologne. (5mn:36s)
(Plage 10) En janvier 1943 il fut incorporé de force dans l’armée puis participa au conflit par intermittence, se
retrouvant plusieurs fois en prison et blessé. Il se retrouva dans un régiment disciplinaire. Il avait des origines
familiales américaines et allemandes et parlait donc parfaitement l’allemand. (4mn:41s).
(Plage 11) Il parvint à s’échapper en mai 1945, quelques jours avant la fin du conflit. Il était alors « en
Tchécoslovaquie ». Là il s’est « fait avoir par des maquisards » « les résistants tchécoslovaques » qui les ont
livrés aux Russes. Il a alors entendu parler d’Auschwitz pour la première fois et y fut cantonné. Avec lui,
incorporé de force dans l’armée, il se souvient avoir été entouré d’Alsaciens, de Lorrains et de
Luxembourgeois notamment. (4mn:04s)
(Plage 12) En Allemagne, il n’eut pas de nouvelles de la SNCF mais ses parents touchèrent « un petit pécule »
« un dédommagement » en raison de son départ. Un chef d’atelier alsacien proche des Allemands voulait
absolument qu’il « rentre dans sa partie », lui ne le souhaitant pas lui mentit plusieurs semaines durant,
prétextant déjà appartenir à une autre association allemande NSKK [le Nationalsozialistische Kraftfahrkorps,
une organisation paramilitaire du parti nazi qui exista entre 1931 et 1945, pendant la guerre le NSKK accepta
des volontaires étrangers] auquel son frère appartenait. Après son retour à la SNCF en 1946, on lui demanda
de témoigner contre ce chef d’atelier devant la cour d’assises. Mais il eut la désagréable surprise de voir que
finalement les questions portèrent presque exclusivement sur son parcours à lui pendant le conflit. Ce chef fut
condamné, « il a eu interdiction de séjour, il a dû quitter le chemin de fer ». (9mn:56s)
III – Les mines soviétiques
(Plage 13) Après son cantonnement à Auschwitz, il partit pour la Russie en train, la gare était en dehors de la
gare de voyageurs. Chaque jour les wagons étaient arrêtés et ouverts pour être aérés, il y avait également une
distribution d’eau et de pain dur. Dans le wagon il se fabriqua un « hamac » pour être mieux installé. Il quitta la
Tchécoslovaquie pour Auschwitz avec « des marches à pieds très dures », puis partit en train vers la frontière
de la Sibérie en passant par Kiev [Ukraine], Kharkov [Ukraine], Samara [Russie], Tcheliabinsk [Russie].
(9mn:20s)
(Plage 14) Il travailla dans une mine, mais pas comme mineur de fond, « en surface ». Il trouva un gardien
russe qui parlait un peu allemand, se rapprocha de lui et lui fit le récit de son histoire. Celui-ci le prit en amitié
et lui laissa davantage de liberté. Comme ce gardien était également en charge de la répartition des tâches,
Auguste Ritter se retrouva à une place moins difficile, le tri du charbon sur des tapis roulants. Il travaillait de 8h
à 16h, parfois davantage. Ayant la confiance du gardien puis du contremaître il fut également chargé de la
surveillance du déchargement des trains, ce qui lui valu des jalousies parmi les prisonniers allemands. Il était
le seul alsacien de son groupe. (7mn:38s)
IV – Retour après guerre et réintégration à la SNCF
(Plage 15) Il est revenu en France en novembre 1945 et arriva à Strasbourg [Bas-Rhin]. Après avoir
difficilement rempli les formalités administratives d’usage et reçu d’une petite somme d’argent il put rentrer
chez lui. (3mn:49s)
(Plage 16) À son retour, il s’est « présenté au chemin de fer » et on lui a laissé un peu de temps pour se
reposer. Il reprit son travail dans les bureaux en janvier [1946]. Le travail évoluant, après quelques années il fut
muté à Strasbourg [Bas-Rhin]. (3mn:51s)