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effet, les fausses connaissances pourraient ensuite utilisées comme énoncé vrai dans d’autres
raisonnements ce qui provoquerait une cascade de connaissances fausses. Nous ne devons donc
affirmer comme vrai seulement ce qui est parfaitement connu et dont la validité ne peut être autre
que ce qu’elle est. L’incertitude est donc préjudiciable au savoir de l’homme.
Dans cette visée, Descartes s’oppose au doute et cherche à l’éliminer pour n’avoir que
des connaissances véritables. Cependant, le doute reste présent dans beaucoup de sciences,
comme le montre le désaccord entre les hommes à propos de questions et théories scientifiques.
Par exemple, pendant la première moitié du XXème siècle, la théorie de la dérive des continents
a été l’objet de nombreux débats dans la communauté scientifique. Deux théories s’opposaient,
celle reposant sur la mobilité de la croute terrestre et celle basée sur l’effondrement des ponts
continentaux reliant les continents entre eux. Il n’y avait pas suffisamment d’arguments
scientifiques pour lever le doute sur l’une ou l’autre des théories. L’incertitude montre que
l’objet ne nous est pas parfaitement connu, et n’est donc pas une connaissance certaine. Un des
savant peut avoir la connaissance véritable, mais manque la justification nécessaire qui rend cette
connaissance comme évidente.
Si nous appliquons la règle de Descartes, nous réalisons que nous connaissons en fait que
très peu de choses. Il affirme qu’il n’y a que « l’arithmétique et la géométrie » qui nous sont
parfaitement connues. Quelle valeur donner à nos connaissances dans les autres sciences ?
Beaucoup de nos savoirs ne sont alors que des connaissances et des opinions probables. Nous
pouvons faire un parallèle avec le texte de Platon sur le savoir, dans lequel Socrate cherche un
homme plus savant que lui. La quête de Socrate montre que l’homme, bien qu’il se croit savant,
n’a pas autant de savoir qu’il le prétend, et illustre les limites des connaissances de l’homme.
Descartes, de part l’exigence qu’il impose sur la validité et la véracité du savoir, s’inscrit dans
cette même logique. Le savoir certain et indubitable nous est presque inaccessible.
De plus, tous nos savoir ne peuvent être démontrés. Dans toute démonstration et
raisonnement logique, il faut un point de départ, une proposition à partir de laquelle découle
d’autres énoncés. Même en mathématiques, science que Descartes considère comme « certaine et
indubitable », il est admis un certain nombre d’énoncés qui ne sont pas démontrables mais vrais,
appelés axiomes. Le 5ème postulat d’Euclide, qui affirme que par un point il ne peut passer
qu’une unique droite parallèle à une droite donnée, en fait partie. Cette proposition, bien qu’elle
n’ait jamais été démontrée comme vraie, reste vraie et constitue la base de toute une branche des
mathématiques, la géométrie euclidienne.
Les connaissances certaines et indubitables nous sont limitées. Ne peut-on alors
s’intéresser seulement à ce que l’on sait comme certain ? Il y a encore parmi les sciences une
grande majorité qui ne peut être considérée comme certaine et évidente, telle la physique. Très
peu de principe physiques sont démontrables car dans la plupart des cas, ils sont soumis à des
conditions non vérifiables. Si nous n’étudions que ce qui est « parfaitement connue, » nous ne
pouvons accroître nos connaissances. Descartes refuse toute opinion probable, alors que de
nombreuses découvertes ont été faites à partir du hasard et de connaissances douteuses. Certains
médicaments ont vu le jour pour soigner une maladie grâce aux effets secondaires qu’ils avaient
lorsqu’ils étaient utilisés pour soigner une autre maladie. La question de la nécessité de la
démonstration se pose alors. Certaines choses nous sont certaines, mais défient toute cohérence
ou raisonnement rationnel, comme les émotions. Pour accroître ses savoirs, l’homme ne peut
donc pas s’intéresser seulement à ce qui est parfaitement connu.