Faune et flore
Fauna e flora
Fauna und Flora
LES ALPES 6/2007
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Une vie rude en haute montagne
La vipère péliade
Les reptiles ne peuvent pas mainte-
nir eux-mêmes leur température cor-
porelle. Ils sont tributaires du soleil
comme source vitale d’énergie. Néan-
moins, ils survivent jusque dans les
Alpes, par des conditions climati-
ques difciles. La vipère péliade en
est un exemple. Pour pouvoir obser-
ver cet animal très farouche, il faut
avoir un peu de chance – et les condi-
tions climatiques adaptées.
Aucun serpent au monde n’a une aire de
répartition aussi vaste que la vipère pé-
liade. Elle occupe un immense territoire,
de l’Europe septentrionale et occidentale
à la Sibérie, la Chine et la côte pacifique
russe. On trouve même des populations
sur le cercle polaire. Les Alpes marquent
au sud-ouest la limite du territoire qu’elle
occupe ; ici, comme dans les Balkans, elle
vit en populations isolées, dans les zones
d’altitude élevée. Si on la trouve jusqu’à
2700 m en Engadine, la majorité des
populations des Alpes suisses vit entre
1600 et 2000 m. Les vallées, où il fait plus
chaud, sont occupées par d’autres espè-
ces.
Eloge de la fraîcheur
Dans le Jura, la vipère péliade a perdu du
terrain suite à la disparition de grandes
surfaces de tourbières et de marécages au
cours des dernières décennies. En dehors
des tourbières, elle est présente dans
quelques rares pâturages rocailleux, ainsi
que dans certaines forêts claires et karsti-
ques du Jura vaudois et neuchâtelois.
Dans les Alpes, elle affectionne surtout
les landes buissonnantes, entrecoupées
d’affleurements rocheux et d’éboulis. On
la trouve également dans les forêts clai-
res, les couloirs à avalanches, et les pâtu-
rages ou abondent les murs et les tas de
pierres.
Les populations, isolées et restreintes
dans l’ouest de la Suisse, deviennent plus
nombreuses plus on progresse vers l’est.
Plutôt rare dans les Alpes vaudoises, fri-
bourgeoises et bernoises, la vipère péliade
est plus répandue en Suisse centrale et
dans les Grisons. Mais la région où on en
trouve le plus est l’Engadine. Quant au
Valais, elle l’évite et au sud du Rhône, on
n’en a jamais trouvé : le seul serpent ve-
nimeux est ici la vipère aspic.
La fréquence de la péliade au Tessin
peut dès lors sembler surprenante : c’est
depuis la Mesolcina qu’elle parvient dans
la région du Camoghè. Dans l’ouest du
Tessin, néanmoins, elle brille par son
absence même si le val Maggia et le val
Verzasca présenteraient des conditions
de vie adaptées.
L’art de se réchauffer
Il est plus aisé d’observer des vipères pé-
liades par temps frais et humide que
lorsqu’il fait beau et chaud. Dès que le so-
leil brille, il faut peu de temps pour que
leur corps, qui mesure 65 cm au plus,
atteigne la température idéale de 30° C.
Elles restent donc cachées la plupart du
temps. Lorsqu’il fait frais, par contre, ou
que le soleil est voilé par des nuages, les
vipères sont obligées de s’exposer plus
longtemps. On a donc davantage de
chances d’en apercevoir. Si l’on en trouve
une, on pourra observer une autre parti-
cularité de l’espèce : pour augmenter la
surface de captage du rayonnement so-
laire, la péliade aplatit son corps en écar-
tant ses côtes et se place à un angle opti-
Les versants sud herbeux,
entrecoupés de gravats et de
rochers, attirent souvent les
vipères péliades. Photo prise
dans le Tessin
Vipère péliade femelle
dans le val Poschiavo :
la pupille verticale est
typique des deux espèces
de serpents venimeux pré-
sentes en Suisse, mais
elle est difcile à repérer
sur le terrain
Venimeuses, mais farouches
La vipère péliade et la vipère aspic sont
les deux seules espèces de serpent
venimeux présentes en Suisse. Toutes
deux sont farouches et il est rare qu’el
les mordent quelqu’un. Une morsure de
péliade nécessite cependant un traite
ment médical approprié. Une fois trai
tée, elle n’a presque jamais de consé
quences fatales. Vous trouverez des
informations utiles concernant les ser
pents et leurs morsures sur la feuille
d’information Serpents – comment réa-
gir ? du Centre de coordination pour la
protection des amphibiens et des repti
les de Suisse (KARCH), publiée avec le
concours du Centre suisse d’informa
tion toxicologique à Zurich. Cette feuille
d’information est disponible gratuite
ment auprès du KARCH :
www.karch.ch, andreas.meyer@unine.ch
ou tél. 032 725 72 07.