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crises économiques, au commerce et aux flux de capitaux. Il en ressort un message plus
nuancé quant aux performances des divers régimes de change2. En substance, les régimes
plus rigides (fixe ou intermédiaire) permettent d’ancrer les anticipations inflationnistes,
soutiennent la croissance de la production et favorisent l’intégration économique. Toutefois,
ils limitent le recours aux politiques macroéconomiques, accroissent la vulnérabilité aux
crises et freinent l’ajustement extérieur.
L’objet de cette étude est de contribuer à la réflexion sur les répercussions économiques
éventuelles de l’adoption d’un régime de change commun par les pays de la CEDEAO,
dans la perspective de la création de la future monnaie unique. Plus spécifiquement, elle
cherche à mesurer les impacts liés au choix d’un régime de change sur les résultats
macroéconomiques de l’espace communautaire (inflation, croissance, la vulnérabilité aux
crises, le bien-être, etc.). Il faut préciser que, par rapport aux autres régions de l’Afrique, la
CEDEAO est bien avancée dans la mise en place d’une intégration monétaire. Déjà, un sous
ensemble de pays, qui constitue l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
(UEMOA), partage une monnaie unique depuis près de 60 années. Les autres pays de la
CEDEAO se sont engagés à harmoniser leur politique monétaire et de change durant une
période dite de transition. Pour cette raison, ils se sont regroupés au sein d’une même entité
appelée la Zone Monétaire de l’Afrique de l’Ouest (ZMAO). A terme, les deux entités
devraient s’unir pour ne former qu’une seule zone monétaire. Il est dès lors naturel de
s’interroger sur l’existence d’un régime de change qui puisse à la fois répondre aux besoins
des pays membres de la CEDEAO. Par exemple, quelles garanties pourrait-on donner aux
pays de l’UEMOA pour qu’ils changent de régime étant donné qu’ils ont, depuis 60 années,
opté pour un régime de change fixe ?
Naturellement, il existe une littérature riche consacrée à l’étude de la future monnaie unique
dans la zone CEDEAO. Les études se sont intéressées notamment:
- aux bénéfices tirés de la monnaie unique au regard des critères d’une zone monétaire
optimale (Bangaké, 2008 ; Dupasquier et al., 2005) ; au commerce et à l’intégration
financière (Gbetnkom, 2006 ; Goretti et Weisfeld, 2008 ; Masson, 2008 ; Sy, 2008) ;
- à la nature des chocs (régionaux ou idiosyncratiques) qui frappent les pays membres
(Bénassy-Quéré et Coupet, 2005 ; Tsangarides et Sureshi, 2008 ; Xiaodan et Yoonbai,
2009 ; Dufrenot, 2009a) ;
2A cet effet, leurs conclusions réfutent les positions déclinées dans les précédentes études du FMI
(Mussa et al., 2000 ; Rogoff et al., 2004).