236 BULLETIN TECHNIQUE DE LA SUISSE ROMANDE
Les valeurs du coup de bélier calculées ainsi s'enten¬
dent àl'extrémité inférieure de la conduite ;s'il doit s'agir
de déterminer les valeurs correspondantes de la surpres¬
sion aux autres points de la conduite (pour fixer par exem¬
ple ses épaisseurs), on peut admettre que le coup de bélier
décroît linéairement le long de la conduite pour s'annuler
àla chambre de mise en charge (et non proportionnelle¬
ment -aux pressions de régime de chaque élément de la
conduite), ceci toujours en supposant que le coup de bélier
résulte d'un mouvement du vannage au bas de la conduite.
Si les formules ci-dessus devaient être appliquées à
d'autres vannages que celui d'admission aux turbines, ilne
faudraitpas oublier qu'elles présupposent toujours quelavi¬
tesse de l'eau dans le vannage soit celle correspondant àla
pression d'eau ;ainsi s'il s'agissait d'une vanne d'étrangle¬
ment dans la conduite, les équations ci-dessus ne seraient
applicables qu'à partir du moment où l'ouverture en serait
suffisamment rétrécie pour que l'eauypasse avec la vitesse
maximum correspondant àla pression.
Enfin, étant donné que pour les hautes chutes on adopte
parfois des diamètres de tuyaux plus faibles au bas qu'au
haut de conduite, les formules ci-dessus sont encore pra¬
tiquement applicables, àcondition de calculer la vitesse de
propagation ad'après les éléments relatifs àchaque tron¬
çon, soit de poser :•i
et de prendre une vitesse moyenne de l'eau dans la con-
duite égale à2" —j— /désignant la longueur, vla vi¬
tesse d'eau et bcelle de propagation afférentes àchaque
tronçon.
Ces substitutions ne doivent cependant pas être consi¬
dérées comme rigoureuses, d'autant plus qu'un changement
de diamètre peut motiver la formation d'ondes secondaires
d'une période d'oscillation en rapport avec les longueurs
respectives des tronçons de diamètre différent.
Enfin, si la conduite était dédoublée àsa partie infé¬
rieure, il se produirait aussi plusieurs ondes de pression
directes ou réfléchies, se superposant et pouvant, suivant
le cas, augmenter ou diminuer l'intensité du coup de bélier.
Ainsi si nous prenons un cas extrême où une seule des
branches inférieures serait en marche, l'autre oules autres
jouant alors le rôle de chambre en quelque mesure élas¬
tique, la réaction correspondante devra donner lieu àune
onde réfléchiesecondairepouvant amortir le coup de bélier
dit plus haut «direct »si dans ce cas où en réalité plusieurs
ondes de pression chevauchent les unes sur les autres, on
continue àappeler coup de bélier direct celui de l'onde..
principale pendant le temps
La présence de ces ondes secondaires paraît d'ailleurs
confirmée par les diagrammes du Bulletin technique de la
Suisse romande, du 25 janvier 1910J où l'on remarque dans
une même période principale une série de décrochements
dont le nombre semble bien concorder avec le rapport des
longueurs de conduites de diamètre différent.
Pour terminer cette étude nous en donnons un exemple
d'applStion en nous en rapportant aux deux séries d'essais
suivants :
1° Il s'agit d'essais effectués en 1900 àl'usine de la
Rageât (Isère), au cours desquels il fut constaté que la sur¬
pression lors d'une fermeture dépassait d'environ 750/0
celle prévue et que ce maximum se présentait avantla fer¬
meture totale. Pression statique environ 360 m. L730 m.
Deux tuyaux, chacun avec D0,70 m., soit section totale
des deux 0,77 m2.
Pour une puissance de 2150 HP., qui devait correspon¬
dre àune vitesse moyenne d'environ 0,80 m./sec. dans les
conduites, et une fermeture totale en 5,5 secondes, la pres¬
sion s'est relevée de 21 m., dont 2m. attribuables àla
perte de charge (chiffre tiré des essais), c'est-à-dire que la
surpression provenant du mouvement de fermeture aété
de 19 mètres1.
Les formules (4) ou (4 bis) du présent mémoire, ou celle
N° 36 d'Alliévi donneraient pour la surpression àla ferme¬
ture une valeur d'environ 10,98 mètres, résultat auquel on
arrive plus rapidement par la formule (5) qui donne
Ym —Yo 10,815 x1,015 10,98 m.
comme ci-dessus, le premier facteur étant l'expression
Lv
9T et le second le facteur correctif /n8.
Or si nous nous en reportons àce qui est remarqué plus
haut, il s'agissait là d'un cas où la surpression maximum
IL
devait avoir lieu au temps t
donné précédemment, nous aurons a
wk a¦2x730
le maximum doit se produire au temps t—föfvn—
seconde, et être égal àla valeur suivante, d'après la rela¬
tion (13 ter) ou (14) 360
-. D'après le tableau
aenviron 1200 m.
1,22
Y2X10,815 360 +
21,63x0,90
1200 0,80 10,815]
2<7
19,5 m.
La fraction dans la parenthèse est le facteur correctif
m, indiqué plus haut, et ici à0,90.
Remarquons que la formule d'Alliévi N° 14 mentionnée
plus haut conduit au même résultat, qui coïncide bienavec*
l'essai en question.
Enfin la différence des deux maximum 19,5 —10,98,
soit environ 8,52 devrait, d'après l'équation (18), être la
suivante :
10,815 (2 x1,0269 —1,0153) —97,8 (1,0269 —1)
11,23 —2,63 8,6 m.
résultat concordant sensiblement avec le précédent.
1Les renseignements ont été communiqués au soussigné par
MM. de Haller et Piccard.