Secrétariat de Direction
"Communication Externe et Relations Partenariales"
Preuves d’existence
Restait pourtant à démontrer l’existence du curium dans les premiers temps du système solaire. Et les controverses
ont rebondi plusieurs fois ces 35 dernières années : les résultats de différentes équipes étaient contradictoires. Des
travaux plus récents, en 2010, laissaient encore planer un certain doute.
Ce sont deux anciens étudiants de l’ENSG Nancy (École nationale supérieure de géologie) qui, avec une chercheuse
américaine, viennent d’écrire, au sein de l’université de Chicago, l’épilogue de cette grande traque spatiale du curium
! Leurs résultats, obtenus avec des outils de spectrométrie high-tech, viennent d’être publiés dans la revue
scientifique « Science Advances ».
Petit clin d’œil de l’histoire : les deux ingénieurs, devenus chercheurs, sont passés par le fameux CRPG de Nancy-
Vandœuvre (centre de recherche pétrographique et géochimique), connus pour ses travaux sur les roches, qu’elles
soient de la Lune ou des météorites.
François Tissot et Nicolas Dauphas, avec l’appui de Lawrence Grossmann ont, en tout cas, « soixante-dix ans après
la synthèse du curium en laboratoire sur Terre, découvert que cet élément existait bien lors de la formation du
système solaire ». Et pour le débusquer, ils ont analysé un infime fragment d’Allende…
La météorite de 1969
Allende, c’est une météorite de deux tonnes qui s‘est écrasée en 1969 au Mexique. Ironie de la science : ce bout de
matériau extraterrestre est tombé sur Terre alors même que les scientifiques attendaient impatiemment l’arrivée de
premières roches de l’espace avec, la même année le pas sur la lune de Neil Amstrong.
François Tissot et Nicolas Dauphas ont notamment choisi et étudié un échantillon météoritique qu’ils ont surnommé
« Curious Marie » en hommage à Marie Curie ! Et ils ont réussi à le faire parler. « Avec des résultats qui ne laissent
désormais plus aucun doute ». « Ils étaient d’ailleurs tellement significatifs que j’ai refait des tests pendant cinq mois
pour les valider ! » sourit François Tissot.
Cette preuve de l’existence du curium aux premiers temps du système solaire va avoir des implications importantes
dans la datation. Mais ce n’est pas tout. « Les travaux montrent qu’au fur et à mesure que les étoiles explosent et
éjectent les éléments qu’elles produisent dans la galaxie, les éléments lourds sont produits ensemble, ce qui est loin
d’être une évidence ».
La chasse au curium s’achève en ouvrant de nouveaux horizons.
Ghislain UTARD