Compte rendu du stage THEA organisé par l’Union Régionale OCCE de Lorraine Intervenantes : Lysiane JULIEN, enseignante retraité – anciennement animatrice de l’OCCE 51 – membre du groupe national Théâtre Nathalie AZAM, comédienne et metteur en scène – impliquée depuis plusieurs années dans ce genre de formation en Champagne-Ardenne Lundi 24 octobre – matin : le théâtre coopératif PRESENTATIONS Présentation du Centre Culturel A Malraux (Isabelle) Scène nationale Présentation Théâ et formation (Lysiane et Nathalie) : Organisation générale – Ce qu’est (ou ce que n’est pas) Théâ Présentation des participants et de leur « vécu » théâtre : précisions Maternelle : adaptation nécessaire pour les PS-MS, se mettre en représentation abordable plutôt à partir de la GS THEA n’est pas dans le montage de scénettes, avec 1 enfant, 1 personnage ; c’est une création scénique collective à partir d’un texte Contenu de la journée : Première partie : Mise en jeu (jeux exercices) - lecture, découverte des écrits de Stéphane Jaubertie Difficultés liées à l’auteur : souvent beaucoup de texte - langue « fleurie », difficile à dire – PRATIQUE THEATRE La tenue : C’est bien de demander aux enfants d’avoir une tenue adéquate (vêtement de sport par exemple) pieds nus c’est mieux, enlever bijoux. L’espace de travail : Pour créer un cadre de travail, il faut délimiter concrètement l’espace où on joue et les codes de jeu (écoute, respect, souvent silence, ….). Jouer c’est construire, à partir d’une page blanche ; il faut donc commencer par des jeux rendant disponible. ECHAUFFEMENT La douche : On frotte énergiquement les membres, le corps, le visage : on les triture, on les malaxe. Insister sur les mâchoires : le chewing-gum, les bâillements, petit à petit on arrive au son. Passage en individuel, en restant sur le cercle. Le théâtre dans la classe, un projet coopératif pour rencontrer un écrit contemporain Page 1 - Remarques : Il est inutile d’avoir un grand nombre d’exercices, mais en utiliser de préférence qu’on a vécu, essayer d’aller jusqu’au bout, les faire évoluer. Les enfants aiment souvent les rituels. Les exercices de respiration sont intéressants pour calmer. Il faudra parfois « fatiguer » les enfants pour libérer les tensions, avant de proposer des exercices plus statiques. La position acteur/spectateurs tout en restant sur le cercle est un intermédiaire entre « jouer tous ensemble » et « être en position d’acteur », difficile. Pourquoi ce théâtre THEA est un projet coopératif, un projet OCCE ? écoute, respect, faire avec l’autre, création collective, diriger/être dirigé (modification des relations entre enfants), s’affirmer, …… Les marionnettes : On imagine qu’un marionnettiste tire le fil imaginaire accroché au poignet droit. On s’aide au début de la main gauche, puis sans. Puis quelqu’un coupe le fil. Idem avec poignet gauche, genoux, coude, nez. Peut se faire à 2, mais il est préférable d’expérimenter sur soi avant pour voir les limites. Le fil peut faire se déplacer dans l’espace. Remarque : C’est déjà du théâtre car c’est entrer dans l’imaginaire. Mais il faut y croire. Si l’acteur croit à son histoire, le spectateur y croit, alors seulement c’est du théâtre. - On ne fait pas « semblant », on fait « comme si ». Respecter la consigne amène la concentration, ce qui est positif, mais chercher à la respecter trop scrupuleusement peut nuire et faire oublier l’imaginaire marionnette. Ne pas être cérébral. - Concentration, attention à l’autre, visualisation de son corps, entrée dans l’imaginaire. - La marche : Une personne marche d’une certaine façon au milieu du cercle, une autre la suit en prenant la même démarche. Idem : rajouter un état. Le 2ème prend l’état en s’aidant de la gestuelle, des sons, du « texte » ; il faut faire « pour de vrai », Peut se faire à 2 face à face ou en « chef d’orchestre » = 1 enfant face à un petit groupe. Remarque : - Ce jeu, comme tout jeu, peut être « récupéré » dans la mise en scène, en le faisant avec une file d’enfants. Cf DVD Théâ Sceren « Entrer en théâtre ; un univers d’auteur Fabrice Melquiot ; Théâ - prologue » - Un exemple de tout ce qu’on peut mettre derrière un petit texte « Ah ! oui ! » « J’sais pas … » « Y sont où ? » « Mon dieu ! mon dieu » « J’oserai pas … » « C’est moi ! » - Sortir de soi, entrer dans le personnage d’un autre. Le théâtre dans la classe, un projet coopératif pour rencontrer un écrit contemporain Page 2 SUR SCENE Faire un passage sur scène : Position acteurs/spectateurs Entrée, passage fond de scène, je m’arrête, je regarde les spectateurs, je «reprends ma tête» je sors. Idem avec : quand je m’arrête, je dis une phrase en regardant les spectateurs Neutre=sans personnage, sans intention Maîtriser la situation, c’est à dire bien respecter toutes les étapes. Jouer le jeu. Ne pas baisser le regard. Ne pas douter. On n’entre pas sur scène « comme dans un moulin », c’est sacré. Ressenti : Difficulté de regarder le public. Difficulté de ne rien faire car envie de combler le vide : en effet, le temps n’est pas le même sur scène. - Ce n’est pas naturel. - Intérêt : - Cela permet de se rendre compte de hors scène/scène. - Cela apprend la sensation de la scène. - Cela apprend à séparer les actions, très important au théâtre pour que ce soit lisible ; cela apprend à prendre en compte le public par regard public (on peut tricher en regardant audessus). Improvisation : Une personne entre avec un geste/déplacement et une intention ; l’autre entre en face en réponse ; les 2 « jouent » ensemble. Trouver une fin/sortie. Remarque : Une histoire se crée sans mots. En impro, il faut prendre le temps, être précis. Y croire. La répétition crée la situation. Se servir des accidents. Faire évoluer les personnages dans leur intention. - Les rires signifient gêne/embarras, normal au début. - Ne pas escamoter la fin/sortie. - Ne pas trop parler, mais quelquefois il y a besoin de parler : utiliser le « grommelot » ; cela permet d’être plus libre, car retenir la parole fait retenir les « humeurs » - - Avec les enfants : Sont plus capables que les adultes de refaire « naturellement ». On peut aider les plus timides en leur donnant l’action à accomplir. ; consignes pour améliorer le jeu, aider l’imagination: « autre chose », « encore plus, encore plus ». Difficile pour les maternelles : faire plutôt par images collectives fixes (tableau). Consignes pour que les enfants prennent conscience de ce qu’ils sont en train d’improviser : arrêt sur image ; au ralenti ; image avant, image arrière. Le théâtre dans la classe, un projet coopératif pour rencontrer un écrit contemporain Page 3 Lundi 24 octobre – après-midi : connaissance des textes Présentation de l’écriture de Stéphane Jaubertie : C’est un univers d’adulte où il y a des enfants ; Les auteurs écrivent « de » l’enfance. Chaque enseignant inscrit dans le projet recevra « Les Petits Cahiers d’Auteur ». La mise en scène est une 2ème écriture du texte. Certains auteurs n’aiment pas y retrouver autre chose que ce qu’ils ont écrit, d’autres sont plus souples. Dans Théâ, nous essayons de mettre les mots « debout », c'est-à-dire de mettre en scène un élément du texte (un univers, un thème récurrent, un style d’écriture, des personnages, une situation, un court extrait...). La place du texte entier : Leur lire en début de projet en plusieurs fois ; puis ou pendant, travailler sur des extraits par des jeux de théâtre (qu’on lira en fin de séance) Parler autour du texte, dessiner pourquoi pas, chercher des musiques … nourrir le texte (mais sans « instrumentaliser », c’est à dire sans faire toutes les matières scolaires à partir du texte) Lecture par les stagiaires d’un extrait de chaque titre pour découvrir l’écriture Remarques - Quand on lit aux enfants, ne pas mettre d’intention -qui peut être fausse- mais juste donner le texte, dire les mots, les syllabes, le son des mots, pour que le spectateur les entende. - Définir ce qui nous (enseignant/enfants) intéresse dans le texte, ce qu’on a envie de transmettre. Décrassage de l’imagination et des corps Musique. Faire des passages scène selon ce que nous inspire la musique, avec différents langages. - Remarques : On peut, avec des enfants, donner des consignes pour forcer leur mise en jeu quand on voit que c’est difficile pour certains; on peut aussi attendre qu’ils se sentent prêts. Consignes de mise en jeu : Le prochain entre « ne parle pas », « fait le contraire » « fait pareil » « fait autre chose »« Allez on y va tous » « Allez ! allez ! » Apprendre à occuper l’espace. Il peut y avoir intérêt à arrêter le jeu pour « se voir » puis repartir. Ou commencer par composer des tableaux fixes. Attention au moment où on entre et par où on rentre. (Il y a les coulisses, et la scène). Musique et texte : On peut utiliser une musique en résonnance avec le texte pour vivre une ambiance par ex (judicieux dans la phase recherche); on peut aussi utiliser une musique «étrangère» au texte pour lui donner du relief, (judicieux dans la mise en scène finale). - On peut avoir le « sous texte, l’entre texte » prise en charge par un groupe d’enfant (gestuelle, action) et le texte pris en charge par un autre groupe d’enfants, (cf « la valse »). - Le théâtre dans la classe, un projet coopératif pour rencontrer un écrit contemporain Page 4 Dire un texte avec une contrainte : Préalable : Penser à la gestion de l’espace. En cas d’ « accident », les spectateurs ne doivent pas s’en apercevoir. On doit entendre. Consigne : Létée Début/Univers de rêve. Une chenille dans le coeur p. 7 extrait de la présence : la parole contrainte, empêchée (1 personne) / 2nd groupe : 2 lecteurs / 2 danseurs-bougeurs Jojo au bord du monde Début - Rythme musicalité. p 31 32 33 (les insultes de mémé à la Grande Peur) / rythme et musicalité Yaël Tautavel p 11/ L’un extrêmement rapide, l’autre extrêmement lent Visionnement d’un exemple de classe (CP de Meaux ; L’Ogrelet de Suzanne Lebeau) : Il s’agit ici plus d’une lecture mise en scène, avec le texte su, qui inclut des moments de théâtre. Il est aussi possible de présenter une lecture (THEA/LIRE) : le travail d’exploration sera le même, mais la présentation finale se fera texte en main. Ou présenter un moment de théâtre. Selon la forme choisie, le volume de texte pris en charge par les enfants diffèrera, l’objectif premier étant que les enfants ne récitent pas. Visionnement de l’extrait de la vidéo du Sceren « Entrer en théâtre : un univers d’auteur en partage/théâ/la classe théâtre » qui explicite la démarche sur une année. La création scénique peut utiliser différents arts : la marionnette (attention de bien choisir un style de marionnette qui favorise l’expression des enfants et correspond à ce que vous voulez montrer du texte), la danse=très utilisé en maternelle, …… Le théâtre dans la classe, un projet coopératif pour rencontrer un écrit contemporain Page 5 Mardi 25 Octobre – matin – après-midi Présentation de la journée Echauffement : Dérouiller chaque partie du corps en la bougeant. Avec la tête : dessiner des cercles avec son nez. Dire « oui, oui, oui » « non, non, non » avec sa tête. Petits sauts, faire sortir sa voix, terminer en position « karaté » et un cri. A 2, l’un fait des petits tapotis, poings fermés, autour de la colonne de l’autre. (image de l’éponge, brosser), on peut aussi « dépoussiérer », … Remarques : Même les échauffements peuvent faire théâtre, comme mouvement d’ensemble, s’ils sont faits avec conviction. L’enseignant sera attentif à en capter l’ambiance. - Avec les enfants, dans ces exercices où il y a le toucher, prendre des images concrètes (image de l’éponge, le brossage, le dépoussiérage, …) - Bouger les mots : En dispersion avec musique, « bouger » « faites vivre » les mots : vieillir – arracher-cherchergrandir-rétrécir-désir- séparation- séparer Consignes : dites vous ça dans votre tête/ sentez-le/ tout seul/ continuez/ ressentez de l’intérieur/ en entier/ soi-même/ en soi/ Faire durer pour passer de l’image du mot au ressenti du mot. Tableau fixe : Famille ; Exode/Forêt /Une autre forêt, tous/L’arche de Noë/Fraternité Pour les spectateurs : comment c’est au niveau de l’espace ? Prolongement : au top, vous vous mettez à vivre et vous trouvez une fin. Besoin de concentration chez les acteurs, ainsi que chez les spectateurs qui doivent être aidants. Garder l’intention au niveau des visages. Variantes : Prolongement : faire et défaire l’image. Prendre des mots plus abstraits Pour s’entraîner à garder son rôle : le jeu du musée (la moitié de la classe en tableau, l’autre en visiteurs de musée, qui essaient de déconcentrer les acteurs. RETRAVAILLER/AMELIORER LES PRESENTATIONS DE LA VEILLE Le rêve dans L’ÉTÉE: aller plus loin dans l’univers du rêve (déformer les mots=grommelot, transformation/mouvement des arbres) LA CHENILLE : revoir la position des narrateurs, les faire exister Le mouvement des acteurs de l’image et les lecteurs intégrés dans l’image, tout cela gêne la réception du texte ; donc les narrateurs seront plus éloignés l’un de l’autre, face public;car les personnages se parlent entre eux, mais ce qui est dit, c’est pour que le public entende. On peut aussi briser le « 4ème mur, c'est-à-dire parler au public. Le théâtre dans la classe, un projet coopératif pour rencontrer un écrit contemporain Page 6 LA CHENILLE : extrême lenteur JOJO/DEBUT : musicalité, rythme JOJO/ LA MEME : rapidité dans les mots, rythmique, saccade, tictac+pour la mémé au début, séparer le syllabes. L’ÉTÉE dernière scène : tirade en boucle, parler en même temps, commencer chuchoté, parler de plus en plus fort et de plus en plus vite. Essai dos à dos. - - - Remarques De simples consignes formelles du dire, en laissant tomber toute intention dans la diction, font naître des personnages et des ambiances. Plus facile pour les enfants que des consignes d’intention, sur des émotions, des caractères à interpréter. On commence que quand on a l’écoute du spectateur. Les spectateurs, y compris enfants, peuvent donner des idées pour rendre plus lisible une ébauche. Ces propositions font ensuite l’objet de séances de travail collectif. Dans le projet THEA, l’important n’est pas de faire beaucoup de « choses » mais aller au bout des choses (l’enseignant doit encourager : vas y ; ne te juges pas ; ne décroche pas ; c’est un essai ; ….). A partir d’une impro à quelques enfants, on peut trouver des pistes pour inclure la classe entière : une image à 2 peut être jouée par plusieurs doublettes d’enfants, une tirade longue sera prise en charge par plusieurs enfants, un tableau d’un groupe d’enfants peut avoir sa suite par un autre groupe d’enfants, etc ….. IMPRO COLLECTIVE SUR JOJO : LES INSULTES DE MEME Quelques minutes de concertation collective Consignes : une personne démarre en disant une insulte à quelqu’un, celui-ci dit à un autre l’insulte qui suit dans le texte, etc ….., « ça chauffe Mémé » tous ensemble, la même personne dit «les 3 « hal », marcher sensation Mémé, accélérer, donner plus de rythme. Possibilité de faire commencer 2 personnes. Remarques Très difficile de se mettre d’accord à tant de personnes. C’est un véritable projet coopératif : chacun met tout en œuvre, laisse souvent ses idées personnelles de côté si elles ne sont pas reprises, pour que le projet du groupe réussisse. YAEL p 42/43 4 personnages. Faire des très longs silences entre les répliques. Essayez de dos. Remarques : Dans ce théâtre, on ne plaque pas des images, une diction préconçue, sur le texte. Faire des jeux, des jeux pour le faire vivre, tout en faisant respecter les cadres. (espace/temps/consignes) - C’est le silence- ou le geste- d’avant le mot qui rend le mot important - DISTRIBUTION DE DOCUMENTS- EVALUATION Le théâtre dans la classe, un projet coopératif pour rencontrer un écrit contemporain Page 7 Bibliographie de l’intervenante : Nathalie Azam Exercices théâtraux : Augusto Boal, Jeux pour acteurs et non-acteurs, La découverte poche Stop ! C’est magnifique Expression dramatique, Hatier Pratiquer le théâtre au collège – de l’expression à la création théâtrale, pratique pédagogique, Armand Colin 11 rendez-vous en compagnie de Robin Renucci, Actes sud, ANRAT 10 ateliers sous la direction de dominique Hervieu, chorégraphe, Actes Sud, ANRAT L’enfant debout-pratiques artistiques et coopération à théâtre de l’OCCE, Scéren-CRDP Champagne Ardenne l’école. Quel théâtre ?, Groupe national Pour lecture : Peter Brook, L’espace vide Discographie Hugues le Bars, J’en ai marre, CD 1 et 2 Stravinski, Le Sacre du printemps Poum Tchac, musique tzigane Guem, percussions africaines Decodex René Aubry Pascal Comelade Emilie Simon, Le monde de l’Empereur Yan Tiersen NB : n’hésitez pas à utiliser les musiques de films pour des ambiances sans parole Bon travail et bon amusement à tous !! Le théâtre dans la classe, un projet coopératif pour rencontrer un écrit contemporain Page 8