La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement Mise en page : Lucille GRONDIN Illustration : Micha Hirt Note : Dans le présent texte, le masculin est utilisé sans aucune discrimination et dans le seul but d’alléger le texte. Tous droits réservés. La traduction et la reproduction totale ou partielle de ce document sont autorisées à la condition que la source soit mentionnée : Production : Centre jeunesse de Québec Institut universitaire 2915, avenue du Bourg–Royal BEAUPORT (Québec) G1C 3S2 Téléphone : Télécopieur : (418) 661–6951 (418) 661–5079 Site Internet : centrejeunessedequebec.qc.ca/institut/index.html Dépôt légal : 4e trimestre 2005 Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada ISBN : 2–921151–79–0 La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement Remerciements La réalisation de ce document est tributaire de plusieurs personnes. Merci à monsieur RICHARD CLOUTIER et à madame SYLVIE MOISAN pour leurs pistes de réflexion et leurs précieux commentaires. Merci également à mesdames SOPHIE ÉMOND, STÉPHANIE FORTIN, ISABELLE FOURNIER, SOPHIE GRENIER et MÉLISSA VERREAULT pour leur contribution aux résumés des programmes d’hébergement en santé mentale. Enfin, un merci particulier à madame LUCIE CAMIRÉ pour son minutieux travail de révision du texte. La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement Table des matières PAGE Introduction ........................................................................................................ 1 Organisation des services d’hébergement en santé mentale........................... 5 En faveur d’un hébergement régulier (intégration) ......................................... 7 En faveur d’un hébergement spécialisé en santé mentale................................ 8 Mission................................................................................................................. 10 Expertise en santé mentale ................................................................................ 10 Manque d’experts ............................................................................................ 10 Compétences nécessaires................................................................................. 11 Formation......................................................................................................... 12 Rôle des acteurs ............................................................................................... 13 Partenariat .......................................................................................................... 14 Avec la famille................................................................................................. 14 Avec l’école ..................................................................................................... 17 Avec les services de première ligne et les services de pédopsychiatrie .......... 19 Interventions ....................................................................................................... 21 Programmes prometteurs .................................................................................. 23 La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement PAGE Programmes d’hébergement en santé mentale ................................................ 25 Campus des Quatre-Vents ............................................................................... 27 Apprivoiser les différences – Programme d’intervention en santé mentale et troubles de la conduite ................................................................................. 31 Unités de vie pour des jeunes ayant une double problématique de santé mentale et de trouble grave du comportement................................................. 35 Le Moussaillon — Programme de réadaptation 6–12 ans............................... 39 The Teaching-Family Model (TFM) ................................................................. 43 The Sanctuary Model....................................................................................... 47 The Boys Town Residential Treatment Center (BTRTC).................................. 51 Programme de traitement en foyer de groupe.................................................. 55 Comprehensive Assessment and Training Services (CATS)............................. 59 Foster Care Team (FCT) ................................................................................... 63 Infant Mental Health Program (IMHP).............................................................. 67 Oregon Early Intervention Program (OEIP) ...................................................... 71 Oregon Multidimensional Treatment Foster Care (OMTFC) ........................... 75 Pressley Ridge Youth Development Extension (PRYDE) — Treatment Foster Care Program ........................................................................................ 79 Programme de jour préscolaire ........................................................................ 83 Conclusion ........................................................................................................... 87 Références bibliographiques.............................................................................. 89 La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement Introduction Les problématiques de santé mentale chez les jeunes posent un défi social de taille aux différents acteurs qui côtoient cette réalité de près ou de loin. En centre jeunesse, la situation est devenue une source de préoccupation majeure car, outre l’augmentation du nombre de diagnostics en santé mentale, plusieurs jeunes affichent une constellation de conduites problématiques. En fait, la co-occurrence de troubles mentaux au sein de cette population n’est plus l’exception. Par conséquent, la lourdeur et la complexité des situations, de même que l’intensité de la symptomatologie des jeunes qui en souffrent, imposent un constat clair à plusieurs centres jeunesse de la province : les services destinés à cette clientèle sont inadéquats, insuffisants et difficiles d’accès. S’il est vrai que les notions de « santé mentale » et de « trouble mental » varient selon les époques, les cultures, les milieux et les individus, certains repères servent tout de même de jalons à une meilleure compréhension de ces concepts. A priori, la santé mentale s’apprécie grâce à divers indicateurs tels que le niveau de bien-être subjectif, l’exercice des capacités mentales ainsi que la qualité des relations avec le milieu (BLANCHET, LAURENDEAU, PAUL et SAUCIER, 1993). Elle réfère à un état d’équilibre psychique d’une personne à un moment donné (BLANCHET, LAURENDEAU, PAUL et SAUCIER, 1993, p. 7) et peut varier selon le degré d’adaptation réciproque qui existe entre un individu et son environnement (Comité consultatif en promotion, prévention en santé mentale et Service Recherche, Connaissance, Surveillance, 2000). En contrepartie, les troubles mentaux désignent des maladies dont le diagnostic peut s’établir, par exemple, en fonction de la classification du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 4e édition révisée [DSM-IV-TR] (American Psychiatric Association [APA], 2003). Selon cette classification, chaque trouble mental correspond à un ensemble de caractéristiques prédéfinies. Ces troubles prennent racine à la jonction de facteurs biologiques, psychologiques, sociaux et culturels. Comparativement aux difficultés d’adaptation psychosociale, les troubles mentaux présentent un caractère plus aggravant et handicapant. Ils s’appuient sur des facteurs tels que la persistance du trouble à travers le temps, sa généralisation à plusieurs contextes, l’intensité du niveau de détresse psychologique ainsi que l’altération du fonctionnement des composantes cognitives, affectives et relationnelles (Comité de la santé mentale du Québec, 1994). Dans le 2 La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement DSM-IV-TR, les troubles mentaux sont associés à une perturbation qui entraîne une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel, ou dans d’autres domaines importants (APA, 2003). Depuis quelques années, certains centres jeunesse (exemples : Lanaudière, Laurentides, Montréal, Montérégie, Bas-Saint-Laurent) se sont penchés sur la question des troubles mentaux afin de mettre sur pied des programmes de réadaptation spécialisés pour les jeunes hébergés qui présentent de graves problèmes de santé mentale. Au Centre jeunesse de Québec – Institut universitaire (CJQ-IU), aucune programmation n’est actuellement destinée spécifiquement à cette clientèle. Suite au dépôt du Rapport du Comité sur le continuum de services spécialisés destinés aux enfants, aux jeunes et à leur famille, en avril 2004, une réflexion a été amorcée dans le but de répondre à une recommandation de ce comité, soit celle d’assurer la réadaptation spécialisée des jeunes éprouvant, outre des problèmes de comportement ou de maltraitance, de sérieux problèmes de santé mentale : L’une des difficultés récurrentes du réseau touche particulièrement les centres jeunesse qui doivent assumer la réadaptation spécialisée de plusieurs centaines de jeunes éprouvant, outre des problèmes de comportement ou de maltraitance, de sérieux problèmes de santé mentale sans avoir accès aux ressources, aux programmes ou à l’encadrement appropriés. Le comité recommande donc de confier clairement ce type de réadaptation aux centres jeunesse, en s’assurant que ceux-ci puissent transformer et adapter leurs capacités d’accueil en fonction des exigences spécifiques de ces jeunes. Le comité insiste pour que les centres jeunesse puissent disposer de l’expertise nécessaire (notamment en vue d’adapter leur infrastructure et de former adéquatement leur personnel clinique grâce à un financement adéquat), et qu’ils puissent compter sur la collaboration formelle des services de première ligne ainsi que sur un encadrement médical et psychiatrique garanti ; il est souhaitable que ce dernier type de ressources puisse être obtenu par l’entremise des activités médicales particulières (AMP) et inscrit au plan régional des effectifs médicaux (PREM). Cette solution créera enfin, pour les jeunes visés, le chaînon manquant depuis tant d’années entre les services dans la communauté et l’hospitalisation, sans toutefois diminuer les responsabilités actuelles des services de première ligne et de psychiatrie (Comité sur le continuum de services spécialisés destinés aux enfants, aux jeunes et à leur famille, 2004, p. 52). Malgré le bien-fondé d’une telle recommandation, il importe de procéder à l’évaluation des différentes modalités pouvant assurer la mise en place de services de réadaptation réellement adaptés aux besoins des jeunes qui présentent de sérieux troubles La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 3 mentaux. Rappelons que dans l’ensemble de la clientèle des centres jeunesse, environ la moitié des jeunes sont suivis dans leur milieu naturel alors que l’autre moitié se trouve en milieu d’hébergement (familles d’accueil, foyers de groupe et centres de réadaptation). L’examen des connaissances présenté ici s’attarde à ce deuxième sous-groupe de jeunes hébergés et, plus particulièrement, à ceux qui présentent des troubles mentaux sévères. Afin de dégager les lignes de force essentielles à l’élaboration d’une organisation des services d’hébergement pour ces jeunes, le document propose une recension de la littérature portant sur le sujet. Le texte présenté ne prétend pas à l’exhaustivité, mais il permet tout de même de jeter les assises théoriques d’une éventuelle programmation de services. De plus, la deuxième section offre une vitrine intéressante sur différents programmes d’hébergement en santé mentale déjà en cours. Bien que ce document soit surtout axé sur la réalité du Centre jeunesse de Québec – Institut universitaire, son contenu se transpose facilement à celle des autres centres jeunesse et même, à celle d’autres organismes de services à l’enfance. D’entrée de jeu, voici les questionnements qui ont guidé cette recension d’écrits : – Organisation des services d’hébergement en santé mentale Doit-on regrouper les jeunes qui présentent un trouble mental ou plusieurs troubles mentaux dans un milieu de vie spécialisé (exemples : unité de vie, foyer de groupe ou famille d’accueil « santé mentale ») ou doit-on, au contraire, intégrer ces jeunes avec les autres jeunes dans les ressources d’hébergement conventionnelles ?1 Autrement dit, est-ce qu’un jeune avec un trouble mental peut fonctionner à l’intérieur d’un groupe hétérogène et, inversement, le groupe hétérogène peut-il fonctionner avec ce jeune ? Est-il possible d’envisager d’autres stratégies sur le continuum de services spécialisés (exemples : intégration progressive, intégration partielle, programme « santé mentale » en milieu régulier) ? Quels sont les coûts et les bénéfices associés à chacune de ces options ? Lequel de ces services semble le plus avantageux pour les jeunes aux prises avec des problèmes de santé mentale ? Et qu’en est-il des autres jeunes qui côtoient cette clientèle de près (individu versus groupe) ? Toute la question des ratios de groupe s’impose également. 1 Dans ce document, les ressources d’hébergement conventionnelles et les milieux d’hébergement réguliers font référence aux structures d’hébergement déjà en place au CJ Québec – Institut universitaire (familles d’accueil, foyers de groupe et centres de réadaptation). La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 4 – Mission Comment situer la mission de réadaptation de ces jeunes à travers les autres missions du centre jeunesse ? Comment définir les contours et les limites des nouvelles mesures de réadaptation en hébergement qui devront être assumées par le Centre jeunesse de Québec – Institut universitaire ? Quelles seront les nouvelles frontières avec les services de première ligne et les services de pédopsychiatrie ? – Expertise en santé mentale Quelle est l’expertise nécessaire en santé mentale pour mener à bien cette recommandation (personnel, compétences, formation, rôles) ? – Partenariat Comment en arriver à raffermir le partenariat avec la famille, l’école, les services de première ligne et la pédopsychiatrie ? – Interventions Quelles sont les interventions les plus efficaces pour ces jeunes selon les différentes écoles de pensées, de philosophies, d’approches et de moyens d’action ? – Programmes prometteurs Quels sont les programmes innovateurs en santé mentale qui pourraient servir de guide à l’élaboration d’une programmation de services en hébergement au Centre jeunesse de Québec – Institut universitaire ? Le texte suivant se penche sur ces questions en abordant chacun des thèmes successivement. Chaque section est le fruit de données colligées dans la littérature et auprès de spécialistes du domaine. La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 5 Organisation des services d’hébergement en santé mentale En contexte de protection de la jeunesse, l’intégration de jeunes aux prises avec des troubles de santé mentale en milieu d’hébergement régulier est une entreprise délicate qui commande de sérieuses réflexions. En effet, force est de constater que les jeunes qui présentent des troubles mentaux sont de plus en plus nombreux et que les cas s’alourdissent au fil des ans. Parmi les jeunes qui ont un dossier pédopsychiatrique en foyer de groupe et en centre de réadaptation au Centre jeunesse de Québec – Institut universitaire, les quatre diagnostics les plus fréquemment rencontrés sont : 1. 2. 3. 4. Trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité [TDAH] (73,2 %). Trouble oppositionnel (45,5 %). Trouble de personnalité limite (11,4 %). Trouble des conduites (8,9 %). (CJ Québec – Institut universitaire, 2004) Ces diagnostics peuvent apparaître seuls, mais il n’est pas rare de rencontrer des combinaisons variées de problématiques chez un même jeune. La co-occurrence de troubles mentaux catalyse les difficultés potentielles et peut entraîner dans son sillon une foule de conséquences néfastes. À cet effet, la littérature soutient que les problèmes de comportement les plus sévères et les plus persistants sont ceux qui émergent de la présence d’un TDAH en concomitance avec un trouble oppositionnel ou un trouble des conduites (TOUPIN, DÉRY, PAUZÉ, MERCIER et FORTIN, 2000). De plus, lorsque pris isolément, le TDAH et le trouble oppositionnel ont moins d’impact sur les relations amicales que lorsqu’ils sont jumelés. Ainsi, les jeunes présentant ces deux diagnostics ont davantage de difficultés dans leurs relations interpersonnelles, notamment à cause de leur impulsivité, de leur égoïsme, de leurs actions persécutrices et de leur isolement (HARADA, YAMAZAKI et SAITOH, 2002). Dans la même lignée, FRANKEL et FEINBERG (2002) relèvent un effet cumulatif des symptômes du TDAH et du trouble oppositionnel, soit les deux diagnostics les plus importants en foyer de groupe et en centre de réadaptation au Centre jeunesse de Québec – Institut universitaire (CJQ–IU, 2004). 6 La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement Bien que moins fréquents, d’autres diagnostics tels que les troubles psychotiques, les troubles anxieux, le trouble de l’attachement et le syndrome de Gilles de la Tourette, font partie des réalités en milieu d’hébergement. En raison de leur symptomatologie particulièrement lourde et intense, le niveau de services requis pour assurer la protection et la réadaptation des jeunes atteints et hébergés s’avère beaucoup plus élevé et plus spécialisé. À titre d’exemple, les programmes de réadaptation sont souvent perturbés dû au manque de formation en santé mentale des intervenants qui doivent passer beaucoup de temps à gérer des crises, à éteindre des feux et à rétablir l’équilibre au sein d’un groupe. Ainsi, la question des milieux d’hébergement réguliers et des milieux d’hébergement spécialisés se pose. Devrait-on regrouper les jeunes qui présentent des problèmes de santé mentale en milieu d’hébergement spécialisé ou devrait-on plutôt les intégrer en hébergement régulier, quitte à mettre en péril l’équilibre fonctionnel du groupe ? Existe-t-il des positions intermédiaires entre ces deux polarités ? Ce questionnement n’est pas sans rappeler le débat sur l’intégration scolaire des élèves handicapés ou en difficulté d’apprentissage ou d’adaptation dans des classes régulières. L’intégration, par opposition à l’exclusion, trouve ses fondements dans des valeurs telles que le respect, le droit à la différence, la tolérance, l’ouverture et la solidarité (RUCHAT, 1997 ▪ VANEY, 1997). Certes, vouloir éviter l’exclusion, la ségrégation et la stigmatisation de certains élèves représente un principe fort louable. Néanmoins, cette intégration doit s’accompagner de services de soutien pour favoriser sa réussite, sinon le prix à payer peut être très élevé tant pour le jeune intégré que pour le reste du groupe intégrant. À cet effet, plusieurs questions émergent en lien avec la réalité des centres jeunesse. Par exemple, dans quelles conditions cette intégration doit-elle se faire ? Jusqu’à quel prix cette intégration peut-elle se faire ? Quel est le seuil limite à imposer quant aux coûts / bénéfices par rapport au jeune, mais également par rapport au reste du groupe ? Lorsque l’intégration représente une trop grande contrainte pour le groupe et qu’elle contrevient aux droits des autres, ne serait-il pas mieux de regrouper les jeunes en difficulté dans un autre milieu de vie ? Chose certaine, on ne peut véritablement parler d’intégration si celle-ci ne s’accompagne pas de mesures de soutien et de conditions qui facilitent sa réussite. D’ailleurs, comme le souligne RUCHAT (1997, p. 8), vivre comme tout le monde ne signifie pas encore vivre avec tout le monde. Différentes avenues sont donc envisageables pour les jeunes hébergés qui présentent des troubles mentaux. Ces avenues peuvent se situer entre les deux pôles d’un continuum allant de l’intégration en milieu d’hébergement régulier au regroupement en La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 7 ressource spécialisée en santé mentale. Mais comment déterminer quels jeunes doivent bénéficier des services spécialisés en santé mentale ? Considérant qu’environ la moitié des jeunes en foyer de groupe et en centre de réadaptation au Centre jeunesse de Québec – Institut universitaire ont été identifiés comme ayant une problématique de santé mentale (147 jeunes sur 281), l’idée d’envisager une ségrégation « santé mentale » basée sur la présence ou non d’un diagnostic apparaît non opérable (CJQ–IU, 2004). Peut-être faut-il plutôt réserver ces services pour les jeunes souffrant des troubles mentaux les plus lourds et les plus sévères, ceux qui nuisent à l’adaptation à une vie groupe et qui demandent un niveau d’encadrement personnalisé plus élevé. Par exemple, il serait possible d’inclure dans cette catégorie les troubles psychotiques, les troubles envahissants du développement, les troubles anxieux sévères (exemple : trouble obsessionnel–compulsif), le syndrome de Gilles de la Tourette, etc. Pourraient également s’ajouter les jeunes qui présentent une co-morbidité de troubles mentaux et dont la prise en charge exige davantage de ressources. En fait, ce n’est peut-être pas tant le diagnostic qui doit déterminer quels jeunes doivent bénéficier des programmes d’hébergement en santé mentale, mais plutôt la dysfonction associée à ce diagnostic et qui persiste malgré les services conventionnels offerts. Bien qu’il n’existe pas de réponse tranchée à toute la question de l’intégration, quelques pistes de réflexion sont soulevées afin de soutenir d’éventuelles décisions relatives à une nouvelle organisation des services d’hébergement au Centre jeunesse de Québec – Institut universitaire. En faveur d’un hébergement régulier (intégration) En normalisant le cadre de vie des jeunes aux prises avec des problèmes de santé mentale, on cherche évidemment à éviter leur exclusion, à minimiser le nombre de laissés-pour-compte et à restreindre les étiquettes « santé mentale ». De plus, l’intégration de ces jeunes en milieu d’hébergement régulier repose sur le pari que le groupe constitue un levier profitable pour ces derniers. Suivant cette ligne de pensée, les pairs davantage prosociaux représenteraient de bons modèles d’apprentissage pour le développement d’habiletés sociales. À cet effet, FELDMAN (1992) démontre que les interventions qui impliquent à la fois des jeunes antisociaux et des jeunes prosociaux peuvent avoir un impact positif sur les comportements problématiques. D’autre part, les effets négatifs potentiels associés au regroupement de jeunes aux prises avec des troubles mentaux font pencher la balance en faveur d’une intégration 8 La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement régulière. À ce sujet, DISHION, McCORD et POULIN (1999) soutiennent que les interventions qui regroupent des jeunes turbulents à haut risque peuvent s’avérer plus néfastes que bienfaitrices étant donné que ces jeunes s’influencent mutuellement dans leurs comportements perturbateurs. Ainsi, les stratégies de prévention ou d’intervention qui impliquent des groupes homogènes de jeunes déviants peuvent mener à des résultats délétères (POULIN, DISHION et BURRASTON, 2001). En outre, le regroupement à long terme de jeunes présentant des problèmes de santé mentale pourrait amenuiser leurs chances de développement et d’apprentissage. À cet égard, une étude dans le domaine scolaire révèle que la fréquentation année après année d’une classe spéciale est associée au cumul du retard scolaire et à une plus faible probabilité de perdre le statut de trouble de comportement (TOUPIN, DUBUC et AUDETTE, 1997). Bien que cette étude concerne le système éducationnel, il est possible d’envisager le même genre d’effet lié à la fréquentation récurrente d’une ressource spécialisée en santé mentale. Enfin, ne serait-il pas possible d’adopter des positions mitoyennes où, par exemple, les jeunes intègrent progressivement ou à temps partiel un milieu de vie régulier ? Pourrait-on également développer et appliquer un programme individualisé pour les jeunes qui présentent de sérieuses difficultés sur le plan psychologique sans pour autant regrouper ces derniers dans des milieux de vie à connotation « santé mentale » ? Évidemment, ces alternatives impliqueraient un déploiement important de ressources humaines et financières ainsi que la mise en place d’activités de sensibilisation. À cet égard, VANEY (1997) relève que l’aide apportée afin de soutenir l’intégration vise bien plus souvent l’enfant en difficulté que le groupe intégrant. Pourtant, l’auteur rappelle l’importance d’adapter les programmes, de sensibiliser les jeunes face à la différence, et d’encourager la réciprocité et l’enrichissement mutuel. En faveur d’un hébergement spécialisé en santé mentale Plusieurs arguments en faveur d’un hébergement spécialisé en santé mentale gravitent autour de la difficulté extrême pour les jeunes aux prises avec des troubles mentaux sévères à adhérer à une vie de groupe. À ce sujet, AUSLOOS (1998) explique que la dynamique de groupe entraîne, chez ces jeunes, une augmentation des symptômes psychiatriques et des désorganisations, ce qui perturbe le groupe et provoque le rejet. En raison de protections et de frontières fragiles, ces jeunes se sentent facilement envahis par les autres et gèrent mal la pression du groupe (DESBIENS, GOULET et BAILLY, 2003a ▪ BEAUBIEN et al., 1998). Cette difficulté à s’intégrer aux autres se traduit notamment par des réactions d’angoisse, de La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 9 fuite ou d’agression (ASSELIN et al., 2003), ce qui déstabilise le groupe de manière importante et monopolise l’énergie des intervenants. À titre d’exemple, les jeunes aux prises avec un trouble sévère de l’attachement présentent des seuils de tolérance à la frustration très bas et manifestent des réactions de contrôle excessif, d’hostilité, de manipulation et de manque d’empathie lorsqu’ils n’obtiennent pas ce qu’ils veulent (BEAUBIEN et al., 1998). De plus, en raison de leurs difficultés relationnelles et de leurs particularités comportementales, les jeunes aux prises avec des troubles mentaux se trouvent souvent en marge du groupe. Par exemple, plusieurs enfants avec un syndrome de Gilles de la Tourette présentent des retards développementaux sur le plan social et sont la cible de préjudices et de moqueries (MARGOLIN et GANTWERK, page consultée le 7 octobre 2005). De plus, environ 60 % des enfants avec un TDAH souffriraient de rejet dû à leur impulsivité, à leur agressivité, à leurs difficultés académiques, à leur inattention ainsi qu’à leurs comportements perturbateurs (KANE, page consultée le 30 mai 2005). Dans le même ordre d’idées, la combinaison de l’hyperactivité et du trouble des conduites serait associée au rejet par les pairs (MCARDLE, O’BRIEN, MACMILLAN et KOLVIN, 2000). Par ailleurs, l’intégration d’un jeune avec des troubles mentaux en milieu d’hébergement régulier peut s’avérer lourde de conséquences pour les autres membres du groupe. Dans certaines circonstances, il se produit une contagion des mauvais comportements chez les pairs davantage prosociaux (GRANGER, WHALEN, HENKER et CANTWELL, 1996). Parfois, les jeunes perturbateurs n’apprécient pas les comportements adaptés de leurs pairs et réagissent en les punissant (NANGLE, ERDLEY et GOLD, 1996). Le prix à payer pour l’ensemble du groupe doit donc être pris en considération lors d’une réflexion entourant la polémique « intégration versus regroupement spécialisé ». Face à ces réserves, certains auteurs (par exemple ASSELIN et al., 2003 ▪ DESBIENS, GOULET et BAILLY, 2003b ▪ AUSLOOS, 1998) prônent une relation privilégiée avec l’adulte ainsi qu’une approche individualisée centrée sur les besoins spécifiques de chaque jeune. Un des moyens préconisés afin de parvenir à une telle prise en charge personnalisée consiste à regrouper ces jeunes en petit nombre (par exemple six) dans une ressource spécialisée en santé mentale, en conservant le même nombre d’éducateurs qu’en unité régulière (ASSELIN et al., 2003). En somme, il apparaît difficile de statuer sur la meilleure façon de procéder pour l’organisation des services d’hébergement en santé mentale étant donné le poids relatif de La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 10 chacun des arguments énoncés dans cette section. Puisqu’il s’agit d’une réalité nuancée, chaque cas mérite d’être traité séparément en tenant compte de ses particularités. De plus, la question de l’intégration dépasse vraisemblablement l’aspect dichotomique « intégration versus ressource spécialisée en santé mentale » pour s’inscrire sur un continuum de services plus nuancés (exemples : intégration progressive, intégration partielle). Mais encore faut-il avoir accès à ces différents types de services. Quoi qu’il en soit, il existe une gestion du risque que l’on ne peut éviter, car l’intégration d’un jeune avec des troubles mentaux risque de mettre en échec le jeune intégré, mais également tout le reste du groupe. De même, une intégration mal préparée ou peu soutenue peut entraîner un recul dans les acquis du jeune nouvellement intégré dans un milieu d’hébergement régulier, d’où l’importance d’établir des seuils limites à respecter. Mission À la lumière du rapport De la complicité à la responsabilité (Comité sur le continuum de services spécialisés destinés aux enfants, aux jeunes et à leur famille, 2004), l’orientation prise quant à la réadaptation spécialisée en santé mentale dans les centres jeunesse ne semble pas impliquer de changement de mission eu égard à la protection des enfants, mais plutôt une adaptation de celle-ci. Ainsi, la mission de protection demeure la mission première. Puisque les troubles mentaux sévères empêchent, nuisent et forment un écran à la réalisation de cette mission, un déploiement de ressources s’impose, ceci afin d’assumer la réadaptation de ces jeunes et de mener à bien la mission de protection, sans pour autant se substituer à la pédopsychiatrie ni aux services de première ligne. Expertise en santé mentale Manque d’experts À l’instar d’autres auteurs, KOPPELMAN (2004) déplore le manque de professionnels qualifiés pour répondre et faire face aux troubles mentaux des enfants. Au Québec, cette rareté d’experts en santé mentale, qui peuvent guider et soutenir cliniquement les intervenants dans leur quotidien, se fait sentir à plusieurs niveaux : formation, supervision, suivi, etc. En centre jeunesse, un des problèmes à cet égard implique le recrutement des médecins. D’ailleurs, seulement quelques centres jeunesse sont parvenus à s’associer avec des médecins pour la direction des opérations lors de l’implantation des équipes La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 11 d’intervention de 2e niveau ; il s’agit de la plus importante difficulté rencontrée dans la mise sur pied de ces équipes (Compte rendu de la visioconférence des responsables régionaux de l’exercice d’implantation du protocole d’intervention en situation de problématique suicidaire dans les centres jeunesse, 2005). Ces données permettent d’anticiper un obstacle considérable en santé mentale dans les centres jeunesse, soit celui de recruter des médecins et des psychiatres pour les jeunes qui nécessitent de telles ressources. Afin de pallier cet écueil, le Comité sur le continuum de services spécialisés destinés aux enfants, aux jeunes et à leur famille (2004) recommande de procéder par l’entremise d’activités médicales particulières (AMP), et d’inscrire les ressources médicales et psychiatriques au plan régional des effectifs médicaux (PREM). De plus, certains centres jeunesse proposent de mettre à la disposition des omnipraticiens, des locaux physiques, des ressources infirmières ainsi que des budgets adéquats pour faciliter le recrutement de ces experts. En outre, il semble que les omnipraticiens déjà impliqués en centre jeunesse soient les mieux placés afin de recruter d’autres collègues (Compte rendu de la visioconférence des responsables régionaux de l’exercice d’implantation du protocole d’intervention en situation de problématique suicidaire dans les centres jeunesse, 2005). Compétences nécessaires Les compétences nécessaires pour travailler en santé mentale dans un contexte de protection de la jeunesse peuvent se diviser en deux grandes catégories : les connaissances et les habiletés. SHIRLEY (2004) énumère plusieurs de ces compétences, dont certaines sont reprises ici. Sur le plan des connaissances, le personnel doit évidemment connaître les procédures, les politiques et les lignes directrices de l’agence sociale pour laquelle il travaille. De plus, il doit connaître les méthodes de pratique centrées sur la famille, tout en sachant tenir compte des forces des familles, de leurs besoins, de leurs préférences ainsi que de leurs origines ethniques et culturelles. En ce qui a trait aux ressources et aux services communautaires, le personnel doit posséder une bonne connaissance des moyens qui permettent d’y avoir accès ainsi que des techniques pour faciliter la communication et la coopération avec ces ressources. Sur le plan des habiletés personnelles essentielles, mentionnons un bon sens de l’empathie, une facilité à communiquer efficacement, une écoute active, un esprit créatif quant au développement et au recours aux ressources communautaires, une capacité à solliciter de l’assistance auprès de superviseurs ou d’une équipe multidisciplinaire, une habileté à planifier et à coordonner l’intervention, de même qu’une certaine flexibilité (SHIRLEY, 2004). En santé mentale de la petite enfance, être axé sur la famille exige des aptitudes telles que l’esprit de collaboration, le soutien, la capacité à La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 12 négocier, la connaissance de soi, la pratique réflective, l’écoute active, la reconnaissance et le respect des buts de la famille, la prise en considération des points forts de la famille ainsi que la formation multidisciplinaire (Santé mentale pour enfants Ontario, 2002). Formation De manière indéniable, les besoins de formation en santé mentale chez les jeunes sont criants et il importe d’assurer un processus continu de formation auprès du personnel qui œuvre dans ce domaine (WEBB et HARDEN, 2003 ▪ ASSELIN et al., 2003). À ce sujet, KOPPELMAN (2004) dénonce, chez les professionnels, le manque de formation en ce qui a trait aux valeurs, aux habiletés et aux attitudes en lien avec le partenariat avec les familles, aux compétences culturelles, aux interventions complètes, intégrées et interagences, aux soins individualisés ainsi qu’aux approches à domicile et dans la communauté. Certes, la formation en santé mentale représente un domaine extrêmement vaste dont le portrait ne peut être que brièvement brossé dans le présent document. Néanmoins, les éléments susmentionnés dans la section « compétences nécessaires » peuvent servir de guide thématique à l’élaboration d’une formation. Voici également quelques éléments pertinents à inclure dans une formation en santé mentale chez les jeunes selon le Department of Health of the UK Governement (2004) : difficultés d’apprentissage, consommation d’alcool, médication psychoactive, thérapie cognitive–comportementale, traitements spécifiques, approche multidisciplinaire, soins résidentiels, traitements spécialisés, évaluation sociale et médicale, législation en matière de santé mentale, partenariat, etc. Il est également souhaitable que les gestionnaires et les commissaires soient bien formés afin de mieux comprendre les troubles mentaux chez les enfants et les adolescents, de mieux connaître les services offerts dans ce domaine, et de développer des réseaux de services en partenariat (Department of Health of the UK Governement, 2004). De manière plus spécifique, ROBERTS et ses collaborateurs (1998) présentent un modèle de formation pour les psychologues qui travaillent en santé mentale auprès des enfants, des adolescents et de leur famille. Selon eux, il existerait chez ces professionnels un manque de formation sur le plan de l’évaluation, du traitement et des services préventifs. Ainsi, leur modèle de formation comprend onze thématiques parmi lesquelles figurent les méthodes d’évaluation, les stratégies d’intervention, le rôle des disciplines multiples et des systèmes de services, la promotion du soutien familial et de la santé, ainsi que les paramètres sociaux qui affectent les enfants, les adolescents et les familles. La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 13 En ce qui concerne le déroulement d’une formation en santé mentale, il semble que les discussions cliniques de cas réels qui impliquent la participation de médecins de la première ligne représentent un des modes de transmission des connaissances parmi les plus efficaces (BERGERON et LANTEIGNE, 2002). Rôle des acteurs Dans les programmes consultés, les équipes « santé mentale » des différents organismes de services à l’enfance regroupent généralement plusieurs acteurs tels que les psychiatres, les omnipraticiens, les psychologues, les infirmières, les travailleurs sociaux, les éducateurs, les psychoéducateurs, les chefs de service, les conseillers cliniques, etc. Leurs rôles se chevauchent parfois et varient d’un milieu à l’autre. Au Québec, l’exemple spécifique du Centre jeunesse de l’Estrie (Campus Val-du-Lac) met en lumière un modèle de soins intégrés, à l’intérieur duquel le rôle de certains acteurs impliqués en santé mentale y est décrit (BERGERON et LANTEIGNE, 2002). Dans ce modèle, l’omnipraticien de première ligne offre des services médicaux physiques et/ou mentaux et émet une demande d’évaluation aux omnipraticiens qui travaillent au centre de réadaptation lorsqu’il soupçonne la présence d’un trouble mental. Si les traitements standard s’avèrent insuffisants et que les problématiques sont plus lourdes et plus complexes, le psychiatre s’implique dans les interventions de deuxième et de troisième ligne. Ce dernier présente alors aux omnipraticiens du centre de réadaptation sa compréhension clinique de la situation. À leur tour, les omnipraticiens assurent une vulgarisation des situations auprès des éducateurs, ce qui permet l’ajustement du plan de rééducation. De son côté, l’infirmière du service de santé reçoit les demandes de l’adolescent et de l’unité où il séjourne et clarifie l’information médicale antérieure. Enfin, les conseillers cliniques sont des psychoéducateurs de grande expérience « responsables superviseurs » auprès de quelques unités de rééducation du centre. Ils aident les intervenants sur le plancher et assurent une présence quotidienne au centre de réadaptation. Ce sont eux qui donnent suite aux recommandations médicales et qui les concrétisent dans des plans de rééducation (BERGERON et LANTEIGNE, 2002). Si ce modèle aborde peu les fonctions d’un psychologue en santé mentale, le Centre jeunesse des Laurentides, pour sa part, divise le rôle de ce professionnel en deux grands volets, soit la consultation (notamment auprès des intervenants) et l’intervention (évaluation et thérapie). La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 14 Pour terminer, KOPPELMAN (2004) émet trois suggestions quant aux actions à entreprendre en matière d’expertise en santé mentale : 1. Augmenter le nombre de dispensateurs de soins en santé mentale. 2. Améliorer la formation des personnes qui travaillent dans ce domaine. 3. Répandre les meilleures pratiques. Certes, il va sans dire que les expertises en santé mentale gagnent à être décloisonnées puisque les différents acteurs impliqués dans ce domaine doivent travailler en synergie vers un but commun : le mieux-être des jeunes aux prises avec des troubles mentaux. En déployant les expertises, notamment par la mise sur pied d’équipes multidisciplinaires et interétablissements, il devient possible d’offrir des services plus adaptés et de meilleure qualité à cette population vulnérable. Partenariat L’importance de travailler en partenariat s’avère d’autant plus capitale lorsqu’il est question d’offrir des services d’hébergement à des jeunes qui présentent de sérieux troubles mentaux. En effet, puisque la mission première des centres jeunesse en est une de protection, ces établissements ne peuvent prétendre offrir à eux seuls tous les services de santé mentale nécessaires. Par conséquent, les centres jeunesse doivent raffermir leur collaboration avec les milieux et les ressources qui sont en lien avec ces jeunes : famille, école, services de première ligne et services de pédopsychiatrie. Ce faisant, ils permettront d’assurer une certaine continuité des services aux jeunes qui présentent des troubles mentaux, même lorsque ceux-ci quitteront les centres jeunesse. Avec la famille En contexte de protection de la jeunesse, la famille représente un partenaire de premier plan dont l’implication constitue la clé de voûte par rapport à la situation du jeune. La croyance selon laquelle il est préférable pour un enfant de grandir au sein de sa famille naturelle constitue désormais une prémisse largement endossée dans la littérature scientifique à condition, bien sûr, que la sécurité et le développement de l’enfant soient préservés. Ainsi, l’importance de s’assurer d’une réelle collaboration avec la famille repose La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 15 sur divers arguments dont certains sont repris ici à partir d’un texte rédigé par le Center for School Mental Health Assistance (2002). A priori, rappelons que la cellule familiale constitue non seulement le premier environnement contextuel dans lequel se développe l’enfant, mais également celui qui aura le plus d’influence sur lui. De plus, le cercle familial renferme une mine de renseignements utiles concernant le jeune : état de santé, développement, passé, histoire, forces et faiblesses. Aussi, les familles apportent une contribution significative aux intervenants des centres jeunesse, notamment par les habiletés travaillées à la maison, par leur aide à la planification et à la mise en œuvre du traitement, ainsi que par les progrès du jeune qu’elles communiquent au personnel. Qui plus est, l’implication des familles dans les services de santé mentale serait associée à une amélioration de la coordination des services et à une diminution du stress sur le système familial (Center for School Mental Health Assistance, 2002). Enfin, comme le souligne COLE (1995), la place de choix qu’occupent les familles sur l’échiquier social leur confère un caractère précieux et leur donne le droit d’apprendre à gérer leurs difficultés, tout en étant traitées avec respect et dignité. Évidemment, tenter d’impliquer des parents qui maltraitent ou négligent leur enfant représente tout un défi pour les intervenants qui se butent à plusieurs obstacles : manque de confiance de la part des parents (CARLO, 1988), adversité exprimée, problèmes d’abus de substances et difficulté à exercer un jugement sur les services appropriés pour leur enfant (WEBB et HARDEN, 2003). De plus, les intervenants doivent parfois composer avec des parents qui présentent eux-mêmes des problèmes de santé mentale. Par surcroît, les parents peuvent être sur leurs gardes, se montrer suspicieux quant à la bonne volonté des intervenants, se déprécier sur le plan de leurs habiletés parentales, avoir l’impression de déranger et se trouver des excuses pour ne pas se présenter aux rendez-vous (CARLO, 1988). Dans ces conditions, l’aptitude à contrer la résistance des parents et à renouveler constamment la relation de confiance revêt une importance capitale. Divers moyens aident à maintenir une relation positive avec les parents et facilitent leur implication auprès de leur enfant et du centre jeunesse. À prime abord, il apparaît important de posséder une bonne connaissance des éléments qui entrent en ligne de compte dans le partenariat famille–centre jeunesse. À titre d’exemple, le Center for School Mental Health Assistance (2002) détermine trois aspects qui sous-tendent la collaboration entre la famille et le personnel qui dispense des services en santé mentale : 16 La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 1. Une vision partagée des buts. 2. Un pouvoir partagé dans les prises de décisions à tous les niveaux. 3. Un engagement à long terme dans le processus de développement d’une collaboration. Les programmes doivent également prendre soin d’impliquer une philosophie de partenariat et de développer des ententes sur l’implication des familles comme partenaires (Center for School Mental Health Assistance, 2002). De plus, il apparaît essentiel de tenir compte des forces, des besoins, des préférences ainsi que de l’origine ethnique et culturelle des familles, car ces facteurs ont un impact indéniable sur la participation et l’implication des parents auprès de leur enfant (COMSTOCK, 2004). Sur le plan du savoir-être, COMSTOCK (2004) soutient que les intervenants doivent faire preuve d’empathie et se montrer compréhensifs face à la colère, à l’hostilité et à la résistance des familles. De par l’autorité qu’ils possèdent, les représentants des centres jeunesse suscitent fréquemment des réactions de peur chez les parents et gagnent donc à utiliser judicieusement cette autorité en se montrant chaleureux et compréhensifs (COMSTOCK et McDANIEL, 2004). D’autre part, l’implication des parents en tant que partenaires et l’engagement avec eux dans un dialogue représentent deux principes de base à une franche collaboration. Il semble d’ailleurs que les chances de succès des parents s’accroissent lorsque la famille s’engage dans la planification de son propre programme de services ; évidemment, les buts fixés doivent être réalistes (COMSTOCK, 2004). De manière similaire, WEBB et HARDEN (2003) affirment que les familles s’investissent davantage lorsqu’elles participent au plan d’action de leur enfant. Toujours dans le même sens, CARLO (1988) propose de mettre l’emphase sur la coopération et la collaboration afin de présenter les parents comme faisant partie de l’équipe. Pour ce faire, cet auteur suggère de former le personnel pour que les parents se sentent les bienvenus et comme des partenaires respectés dans le processus d’aide. Cela aura pour effet d’augmenter la confiance des parents et de diminuer l’anxiété des enfants. En somme, il importe de donner de l’espoir aux familles en minimisant les barrières qui nuisent au partenariat, en demeurant accessible, en ayant des buts réalistes et en traitant ces familles comme des collègues (COLE, 1995). À un niveau plus concret, divers moyens sont proposés dans la littérature afin de faciliter le partenariat avec les familles. Pour n’en nommer que quelques-uns, COMSTOCK (2004) suggère de renforcer et de soutenir la famille ainsi que son réseau social, de se La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 17 montrer sensible à l’horaire des parents, et de permettre à la famille de faire des choix lorsque cela est possible (exemples : lieu des rendez-vous, personnes à impliquer dans le plan d’intervention, choix du thérapeute parmi une liste de thérapeutes approuvés, planification des activités durant les visites familiales). Dans la même lignée, CARLO (1988) fournit certaines pistes d’action pour que les parents se sentent bienvenus, respectés et compétents : prévoir des rencontres dans des endroits neutres, encourager les parents à téléphoner aux intervenants afin de prendre des nouvelles de leur enfant, traiter les parents en experts, et organiser des réunions fréquentes entre la famille et le personnel afin de discuter des succès et des déceptions vécus. Ajoutons que certaines initiatives relatives au partenariat avec la famille et déjà en cours au Centre jeunesse de Québec – Institut universitaire (exemple : programme transfert des acquis1) pourraient être mises à profit dans l’élaboration des services d’hébergement pour les jeunes aux prises avec des troubles mentaux. Avec l’école L’école n’est pas seulement un lieu d’apprentissage académique. Elle représente également le théâtre d’une multitude d’apprentissages sociaux grâce aux contacts avec des pairs et des modèles d’adultes. De plus, l’école constitue la principale cellule extra-familiale d’un jeune. Ainsi, le système d’éducation peut être perçu comme un pilier de la socialisation. Considérant l’importance de ce milieu de vie pour les jeunes, l’école représente définitivement un partenaire clé dans les services de santé mentale. À cet égard, ALTSHULER (2003) insiste sur l’importance d’une collaboration entre le système scolaire et le système de protection de la jeunesse, en abordant la question sous l’angle des enfants placés en famille d’accueil. L’auteure détermine, entre autres, deux grandes barrières à cette collaboration, soit : 1. Les réactions de l’étudiant et de l’enseignant face au placement en famille d’accueil. 2. Les relations d’adversité et de non-collaboration entre les professionnels qui travaillent dans les écoles et ceux qui travaillent en protection de la jeunesse. 1 ADAM, D. ▪ G. BÉGIN ▪ H. RACINE ▪ S. MÉNARD avec la collaboration de l’équipe scientifique du Centre jeunesse de Québec - Institut universitaire (2005). Le programme transfert des acquis (TDA) : Le placement vu autrement… Québec : Centre jeunesse de Québec - Institut universitaire. 18 La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement Globalement, certains facteurs facilitent le partenariat entre l’école et les services de santé mentale : une compréhension des différents rôles et des expertises des membres du personnel, une volonté partagée à travailler ensemble et un engagement à le faire à tous les niveaux de services, la tenue de réunions informelles ainsi que le développement du réseau (Department of Health of the UK Government, 2004). À un niveau plus concret, l’exemple des enfants placés en famille d’accueil, dans l’étude de ALTSHULER (2003), permet de mettre en exergue certaines actions souhaitables en regard de la collaboration entre l’école et le système de protection de la jeunesse. D’abord, ces systèmes pourraient participer à des formations conjointes afin de mieux se connaître et d’arrimer leurs services. De plus, l’implication des parents d’accueil dans le domaine scolaire permettrait d’augmenter les chances de succès de l’enfant à l’école et d’instaurer une relation de confiance et de collaboration entre ces deux systèmes. En outre, une clarification des lois quant au partage de renseignements possible entre ces deux partenaires faciliterait leur collaboration. Aussi, diverses actions, telles que garder les jeunes hébergés en famille d’accueil dans leur école d’origine, leur apporter un soutien supplémentaire à l’école (exemple : tutorat) et les traiter équitablement par rapport aux autres jeunes, auraient probablement un impact positif sur ces jeunes. Enfin, il serait souhaitable que l’école soit mise au courant de la présence d’un jeune en famille d’accueil dans son institution, afin qu’un plan d’intervention puisse être développé (ALTSHULER, 2003). Plusieurs programmes en santé mentale sont instaurés dans les écoles. Ils visent notamment la promotion du bien-être, la prévention, le dépistage d’enfants à risque ou l’apport d’une aide aux enfants qui manifestent des difficultés comportementales, sociales et d’apprentissage (PFEIFFER et REDDY, 1998). Afin de contrer d’éventuelles trajectoires développementales problématiques, ces programmes cherchent à intervenir le plus précocement possible avant que se cristallisent les difficultés. PFEIFFER et REDDY (1998) présentent quatre programmes en santé mentale très en vogue dans les écoles aux États-Unis : 1. Le projet en santé mentale primaire du Centre d’étude communautaire de l’Université de Rochester. 2. Le programme « Je peux résoudre des problèmes » (ICSP). 3. Les cliniques de santé mentale dans les écoles de Memphis (MCSMHC). 4. Le soutien de la fondation Hogg à l’école du futur (SF). La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 19 Ces programmes sont loin d’être exhaustifs, mais l’abondance de références sur les banques de données permettra au lecteur intéressé de s’attarder davantage sur le sujet. Enfin, compte tenu de l’importance du milieu scolaire dans la vie d’un enfant, certaines questions en lien avec la réalité des centres jeunesse méritent réflexion. D’abord, un soutien à l’école doit-il être envisagé pour favoriser la réussite du jeune qui présente des troubles mentaux ? De plus, ce soutien doit-il être offert par l’équipe « santé mentale » du centre jeunesse ? Enfin, le soutien de l’infirmière, du psychologue, de l’omnipraticien (…), tel que décrit précédemment, doit-il s’étendre au milieu scolaire ? Avec les services de première ligne et les services de pédopsychiatrie ANDERSON (2000) soutient qu’il existe un manque de collaboration, de communi- cation et de coordination entre les organismes de services à l’enfance (système de protection de la jeunesse, éducation spécialisée, justice juvénile, santé mentale). Considérant que les jeunes aux prises avec de sérieux problèmes émotionnels et comportementaux sont souvent engagés dans plusieurs systèmes, il apparaît essentiel que les professionnels de ces systèmes travaillent en collaboration. De plus, il importe d’examiner de manière critique comment les maladies mentales chez les jeunes sont déterminées et définies selon les différents systèmes et d’explorer ce qui constitue une aide appropriée pour ces jeunes. Les professionnels de chaque système doivent donc éviter de se considérer comme des experts qui « savent le mieux », car ce faisant, ils risquent de perdre de vue les gains associés au travail de collaboration. ANDERSON (2000) rappelle également l’importance de développer de nouvelles façons de travailler à travers les disciplines et les systèmes dans l’optique d’inclure les familles, d’augmenter la capacité du service et de renforcer la communauté. À cet égard, EPSTEIN et ses collègues (1995) proposent une série d’étapes afin de développer des systèmes interagences (interagency systems) qui, globalement, se résument comme suit : 1. Développer et maintenir un réseau coordonné de services pour les jeunes aux prises avec des troubles émotionnels et des troubles de comportement ainsi que leur famille. 2. Définir la population cible (ceux qui vont recevoir des services) en fonction des besoins de la communauté locale. 20 La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 3. En arriver à un consensus sur la philosophie du système de soins. 4. Procéder à une évaluation des besoins dans la communauté afin de comprendre les besoins des enfants et des familles, ainsi que les forces et les faiblesses des dispensateurs de services actuels. 5. Développer et offrir des services complets, individualisés et adéquats sur le plan culturel. 6. Impliquer des techniques évaluatives multiples qui facilitent l’amélioration du système et ajoutent à la connaissance de base du système. Au Québec, un exemple intéressant de collaboration entre la première, la deuxième et la troisième ligne est celui qui prévaut sur le territoire du Centre hospitalier de Granby : modèle de traitement des demandes de services des jeunes de 0 à 17 ans requérant des services en santé mentale (BOURGET, 2002). Ce modèle de partenariat en santé mentale jeunesse a été mis sur pied en 1999, car certains jeunes de la région n’étaient pas traités par les ressources appropriées. Les gestionnaires des Centres locaux de services communautaires (CLSC) et de la pédopsychiatrie ont alors joint leurs efforts dans le but de développer un nouveau modèle de fonctionnement. Un de leurs objectifs était de déterminer, dès le premier contact, les ressources d’aide les plus pertinentes pour répondre aux besoins des jeunes et de leur famille. Pour ce faire, les demandes de services ont été centralisées au CLSC afin que celui-ci détermine, après évaluation, si un jeune devait être pris en charge par le CLSC ou référé en pédopsychiatrie. Certains établissements de la deuxième ligne ont également participé à cet exercice de même que des psychologues scolaires. Les demandes de services en provenance des centres jeunesse et de la deuxième ligne médicale ont continué d’être traitées par la clinique de pédopsychiatrie. Afin de soutenir la première ligne dans l’orientation des demandes de services, les intervenants de la pédopsychiatrie ont offert des séances de formation sur certaines psychopathologies et sur les outils nécessaires à l’orientation des demandes. L’application de ce modèle a conduit à des résultats positifs à plusieurs égards : clientèle mieux ciblée tant pour les suivis en CLSC qu’à la clinique de pédopsychiatrie, meilleur dépistage des psychopathologies par la première ligne, meilleure collaboration interétablissements, meilleur continuum de services, meilleure connaissance des réalités et des mandats respectifs des différents établissements, augmentation de la prise en charge par la première ligne et diminution de la liste d’attente en pédopsychiatrie (BOURGET, 2002). La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 21 Interventions Il va sans dire que l’éventail d’interventions en santé mentale chez les jeunes couvre un très large spectre. L’analyse ne peut donc qu’être sommaire pour les fins du présent document. Néanmoins, certains éléments méritent une attention particulière. D’un point de vue théorique, la perspective développementale de la psychopathologie (SHIRK, TALMI et OLDS, 2000) conçoit toute pathologie comme un processus dynamique de systèmes. Selon ce point de vue, il existe une interaction de facteurs multiples, c’est-à-dire diverses raisons possibles pour un même trouble, et les facteurs de risque et de protection se cumulent à travers le temps. Ainsi, la psychopathologie d’un jeune concerne son adaptation aux tâches développementales normatives et aux conditions qui facilitent ou nuisent à cette adaptation à travers le temps. De plus, il existerait des transactions multiples entre les forces de l’environnement, les caractéristiques de la famille et les caractéristiques de l’enfant ; ces composantes s’influenceraient de manière dynamique et réciproque (SHIRK, TALMI et OLDS, 2000). Suivant cette ligne de pensée, les interventions ne devraient pas seulement cibler l’enfant, mais également les conditions qui maintiennent les problématiques et celles qui protègent l’enfant et sa famille. Voilà pourquoi l’approche écosystémique inclut les divers contextes de vie qui touchent le jeune de près ou de loin (famille, école, société). Par ailleurs, rappelons que chaque individu réagit différemment à une intervention (POULIN, DISHION et BURRASTON, 2001). De manière générale, l’intervention en santé mentale consiste à renforcer les facteurs de protection de l’enfant et de sa famille, tout en diminuant les facteurs de risque. À cet égard, TOUPIN et PAUZÉ (2005) recommandent différents types d’interventions destinées aux jeunes placés en centre jeunesse et à leur famille : interventions visant à réduire certains facteurs de risque parentaux et familiaux, interventions visant à réduire les difficultés des jeunes, interventions visant les relations parents–enfant et interventions visant à réduire certains facteurs de risque associés. Dans le même ordre d’idées, certaines des interventions fondamentales en protection de l’enfance incluent la thérapie orientée vers les solutions, la thérapie familiale, la thérapie de groupe, la thérapie individuelle, les services à domicile, les services pour préserver l’unité familiale, les services de soutien ainsi que la médiation (SHIRLEY, 2004). S’ajoutent également à cette liste la thérapie par le jeu, les programmes éducationnels 22 La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement spéciaux, les programmes de la petite enfance, les services et les activités de soutien, les rencontres avec le jeune (SHIRLEY, 2004) et la thérapie par les pairs (SELMAN, WATTS et SCHULTZ, 1997). Les interventions de groupe semblent constituer un bon moyen de contrer l’isolement et la stigmatisation que beaucoup d’enfants placés, et leurs parents biologiques, expérimentent (SCHNEIDERMAN, CONNORS, FRIBOURG, GRIES et GONZALES, 1998). En ce qui a trait aux programmes de soutien familial (par exemple : éducation aux parents, soutien individuel ou de groupe, soutien par des pairs, répit), il existe un manque d’évidence empirique quant à leur efficacité auprès des enfants placés (CLYMAN, HARDEN et LITTLE, 2002). De manière plus pointue, les interventions thérapeutiques destinées aux enfants placés et à leur famille regroupent divers objectifs cliniques : – Faciliter la transition de l’enfant à son placement. – Renverser les sentiments de perte, d’abandon et de trahison engendrés par la séparation avec la famille biologique. – Réparer les relations familiales dysfonctionnelles. – Promouvoir les comportements d’attachement et faciliter des interactions saines avec la famille d’accueil. – Travailler à la « guérison » des effets des abus physiques et sexuels, de l’isolement et de la négligence. – Augmenter l’auto-contrôle des comportements et des émotions dysfonctionnelles. – Aider l’enfant à développer un sentiment de permanence quant aux relations avec les autres. (SCHNEIDERMAN, CONNORS, FRIBOURG, GRIES et GONZALES, 1998) La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 23 L’importance d’avoir recours à des interventions qui impliquent la famille s’avère donc primordiale en contexte de protection de la jeunesse. PARTON et MATHEWS (2001) insistent d’ailleurs sur le soutien qu’il convient d’offrir à ces familles en raison de l’impact positif que cela peut avoir sur le bien-être de l’enfant. En outre, puisque les concepts de santé mentale et de trouble mental varient selon les cultures, il importe d’avoir recours à des interventions qui tiennent compte de l’ethnie et de la culture du jeune et de sa famille (Department of Health of the UK Governement, 2004). Lorsque la famille ne peut être présente auprès de l’enfant (exemple : orphelins), les interventions doivent comporter des éléments qui se rapprochent du milieu familial (MUHAMEDRAHIMOV, PALMOV, NIKIFOROVA, GROARK et McCALL, 2004). Enfin, il importe d’accepter qu’une famille retrouve des relations satisfaisantes, sans que son modèle de relations atteigne notre idéal personnel et qu’il devienne aussi développé qu’on le souhaiterait. En ce sens, il convient d’apprendre à mettre un terme à l’intervention au moment opportun, car malgré une persistance de certaines difficultés relationnelles, il peut y avoir un changement suffisant pour qu’une famille chemine tout de même de manière positive (CHEMIN, CARON et JOLY, 1992). Programmes prometteurs Dans leur recension de programmes en santé mentale dans les écoles, PFEIFFER et REDDY (1998) reprennent les idées de différents auteurs pour définir ce qu’on entend par « programme en santé mentale » : Tout service ou ensemble de services coordonnés qui visent l’identification, le diagnostic, la prévention ou le traitement de problèmes de comportement, de problèmes émotifs ou psychologiques. L’élaboration de ces programmes devrait être guidée par une philosophie de traitement, un partage des valeurs et un objectif à long terme (traduction libre). Une étude de 23 programmes en santé mentale réalisée par le Task Force on Model Programs in Service Delivery in Child and Family Mental Health (ROBERTS, 1996) détermine sept caractéristiques fondamentales des programmes en santé mentale. Ces programmes : 1. Ciblent le système écologique de l’enfant. 2. Collaborent à rendre des services versatiles et intelligibles. La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 24 3. 4. 5. 6. 7. Définissent clairement leur(s) mission(s). Rendent les services accessibles. Peuvent être facilement adaptés et repris dans d’autres milieux. Présentent des critères d’évaluation afin d’en mesurer l’efficacité. Requièrent des responsables qui affichent un fort leadership. Selon NASTASI (1998), le développement et l’implantation de programmes efficaces en santé mentale nécessitent : 1. Que les interventions soient écologiquement valides et soumises à une évaluation systématique et à la recherche. 2. Qu’il y ait une collaboration étroite entre les praticiens, les chercheurs et les autres groupes prioritairement concernés. Cette auteure détermine également cinq volets d’un programme en santé mentale : 1. La recherche–action (intégration de la théorie, de la recherche et de la pratique). 2. Une perspective écosystémique (facteurs individuels et culturels). 3. Une approche de collaboration et de participation (partenariat). 4. Une approche allant de la prévention au traitement. 5. Un processus d’évaluation du programme (acceptabilité, intégrité, validité, efficacité). Les pages suivantes présentent quelques programmes prometteurs en santé mentale pour les jeunes hébergés en contexte de protection de la jeunesse. L’importance relative accordée à cette section s’appuie sur l’intention de mettre à profit les connaissances existantes sur le sujet grâce à des modèles déjà établis. De plus, la grille de résumé utilisée permet d’établir rapidement des comparaisons entre les différentes composantes des programmes. Ainsi, ces programmes renferment une foule de renseignements précieux pour le développement d’une programmation de services en santé mentale au Centre jeunesse de Québec – Institut universitaire. Différents milieux d’hébergement sont visés par cette recension, soit les unités de réadaptation, les familles d’accueil et les foyers de groupe. La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement Programmes d’hébergement en santé mentale 25 La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 27 Campus des Quatre-Vents INSPIRÉ DES DOCUMENTS – AUSLOOS, G. ▪ S. BISAILLON ▪ C. GAIGNON ▪ D. GARCEAU (2005). Le programme cadre aux Quatre-Vents pour des jeunes présentant une problématique associée en santé mentale et troubles du comportement. Lanaudière : Les Centres jeunesse de Lanaudière – Direction des services de réadaptation et à l’hébergement. – ASSELIN, P. ▪ G. AUSLOOS ▪ M.-J. BASTIEN ▪ G. BEAUDET ▪ J. DUROCHER ▪ D. GARCEAU (2003). Une approche personnalisée pour des jeunes présentant un double diagnostic. Candidature déposée par le Campus des Quatre-Vents des Centres jeunesse de Lanaudière pour le Prix d’Excellence 2002 du réseau de la Santé et des Services sociaux, Catégorie : Personnalisation des soins et des services. Lanaudière : Les Centres jeunesse de Lanaudière. BRÈVE DESCRIPTION Le Campus des Quatre-Vents des Centres jeunesse de Lanaudière accueille des jeunes qui présentent un double diagnostic de trouble de santé mentale et de trouble du comportement. En raison de l’adaptation difficile de ces jeunes à une vie de groupe, le Campus propose une structure de prise en charge individualisée qui implique étroitement la famille. Le programme se divise en trois volets : la réadaptation en unité, le vécu partagé et le répit familial. OBJECTIF Le programme tente de répondre aux besoins spécifiques des jeunes qui présentent des troubles de santé mentale jumelés à des troubles de comportement notamment grâce à une prise en charge individualisée, à une implication parentale accrue et à un partenariat avec le CHRDL (département de pédopsychiatrie), le CLSC de Matawinie, la Commission scolaire des Laurentides, la pharmacie de St-Donat, la communauté, les commerçants de St-Donat, ainsi que le syndicat et les employés du Campus des Quatre-Vents. Le programme vise à offrir un milieu de vie accueillant, ouvert et affectueux à ces jeunes. CLIENTÈLE Le Campus des Quatre-Vents accueille, dans ses trois unités « santé mentale », des jeunes qui présentent un double diagnostic de trouble de santé mentale et de trouble du comportement. Une unité mixte est destinée aux jeunes de 6 à 12 ans alors que deux unités (une pour les filles et l’autre pour les garçons) reçoivent des adolescents de 12 à 18 ans. PHILOSOPHIE Les quatre grands piliers du programme des Quatre-Vents sont : l’individualisation, la « dépathologisation », la socialisation et la collaboration. Le programme s’enracine dans des valeurs telles que le respect, la confiance, la responsabilisation et la collaboration. Puisque la vie de groupe augmente la désorganisation et les symptômes psychiatriques de ces jeunes et qu’elle perturbe le groupe et provoque le rejet, une relation privilégiée avec l’adulte prévaut sur les La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 28 unités en santé mentale. Chaque unité compte donc seulement six jeunes avec le même nombre d’éducateurs qu’une unité pour douze jeunes. Le programme accorde une importance secondaire au diagnostic, afin de percevoir d’abord le jeune comme une personne et non comme un malade. De plus, le jeune développe son côté social en participant à la vie de sa communauté grâce à différentes activités : école du village, piscine municipale, centre de loisirs, etc. La famille joue un rôle prépondérant en regard des actions entreprises auprès des jeunes. D’ailleurs, les parents sont perçus comme des partenaires de premier plan qui possèdent une expertise pertinente par rapport à leur enfant. En outre, la formation continue du personnel revêt une grande importance. APPROCHE THÉORIQUE Ce modèle s’appuie sur l’approche écosystémique et englobe donc les différents systèmes qui entourent le jeune : la famille, l’école, la pédopsychiatrie, etc. De par son emplacement en pleine nature, le Campus des Quatre-Vents offre également une perspective écologique. ÉQUIPE L’équipe multidisciplinaire se compose d’un chef de service, d’éducateurs spécialisés, d’un psychoéducateur, d’un intervenant en intégration sociale et de préposés aux bénéficiaires. Se joignent à cette équipe une infirmière, un consultant clinique, un pédopsychiatre consultant ainsi qu’un éducateur d’expérience. ÉVALUATION CLINIQUE L’évaluation clinique du jeune est préalablement réalisée par un pédopsychiatre qui le réfère au Campus des Quatre-Vents. INTERVENTION La réadaptation en unité Chaque jeune est jumelé à un éducateur de référence, et ce, dès son arrivée sur le Campus. La vie sur l’unité comprend un éventail d’activités (exemples : sportives, manuelles, culturelles) dont certaines se déroulent en groupe et d’autres en individuel. La mise en pratique et l’intégration d’habiletés relationnelles telles que la tolérance, la coopération, la communication, la responsabilisation, la résolution de conflits et le respect des autres sont visés. Quatre ateliers seront bientôt offerts par les éducateurs : habiletés de communication, résolution de conflits, régulation de la colère et éducation à une sexualité respectueuse. Le vécu partagé Chaque unité est munie d’une chambre « parents » qui permet aux parents ou toute autre personne significative de rester sur l’unité pendant un ou plusieurs jours afin de partager le vécu quotidien du jeune sur l’unité (exemples : repas, activités, discussions). Ce partage favorise la collaboration parents–intervenants ainsi que l’intégration d’attitudes et d’interventions efficaces dans le milieu familial. La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 29 Le répit familial Le répit familial permet à la famille d’aller passer une fin de semaine sur le campus tout en bénéficiant du soutien d’un éducateur. Des studios sont aménagés à cette fin et fournissent une occasion de répit et d’apprentissage à la famille. Cette intervention peut également servir de transition à la fin d’un placement afin d’éviter une réinsertion familiale trop rapide. DÉFIS ET PRÉOCCUPATIONS La principale difficulté inhérente à l’implantation de ce programme réside dans la formation du personnel à la philosophie et aux méthodes d’intervention peu conventionnelles du Campus des Quatre-Vents. Notamment, les gens qui y travaillent doivent apprendre à se départir de leur modèle d’intervention de groupe afin d’adopter une approche personnalisée et individualisée à chaque jeune. De plus, le personnel doit apprendre à exercer un contrôle moindre par des punitions ou des sanctions et utiliser davantage la relation avec le jeune pour lui faire comprendre des choses. Enfin, le personnel doit apprendre à bien différencier, à travers ses interventions, les comportements qui découlent des troubles mentaux de ceux qui découlent des troubles du comportement. EFFICACITÉ Divers instruments ont permis d’évaluer sommairement les améliorations qui découlent de ce programme : recherche prospective, sondages, statistiques et bilans. Parmi les améliorations observées chez les jeunes du Campus des Quatre-Vents figurent une diminution de la symptomatologie, une diminution de la médication, une reprise des activités scolaires adaptées à leur réalité et des activités socialisantes dans la collectivité, une reprise du lien avec les parents ainsi qu’un maintien de l’intégrité familiale. En 2002, après cinq ans de fonctionnement, seulement trois jeunes avaient dû être réhospitalisés pour une courte durée, seulement un jeune avait fait une tentative de suicide et seulement deux jeunes avaient fugué. Il est à noter qu’aucune recherche empirique sur l’efficacité du programme n’a été complétée à ce jour. TRANSFERT DES CONNAISSANCES Plusieurs centres jeunesse du Québec ont profité de l’expertise du Campus des Quatre-Vents par l’entremise d’une visite du site à Saint-Donat. Ils ont ainsi pu bénéficier des conseils du personnel ayant participé au développement et à l’implantation de ce programme. Diverses présentations du programme ont également eu lieu (exemples : colloques, conférences). 30 La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement Campus des Quatre-Vents Objectif Répondre aux besoins spécifiques de jeunes qui présentent un double diagnostic de trouble de santé mentale et de trouble du comportement par un milieu de vie accueillant, chaleureux et ouvert. Clientèle Jeunes qui présentent un double diagnostic de trouble de santé mentale et de trouble du comportement. 1 unité mixte pour jeunes de 6 à 12 ans. 2 unités pour adolescents de 12 à 18 ans (une pour filles, l’autre pour garçons). Philosophie 4 piliers : individualisation, « dépathologisation », socialisation, collaboration. Valeurs : respect, confiance, responsabilisation et collaboration. Prise en charge individualisée, emphase sur le jeune et non sur sa maladie, participation aux activités dans la communauté, implication parentale accrue, partenariat (CHRDL, CLSC, Commission scolaire des Laurentides, pharmacie, communauté, commerçants, employés et syndicat des Quatre-Vents.). Approche théorique Approche écosystémique. Milieu en pleine nature. Équipe Équipe multidisciplinaire : chef de service, éducateurs spécialisés, psychoéducateur, intervenant en intégration sociale, préposés aux bénéficiaires. S’ajoutent une infirmière, un consultant clinique, un pédopsychiatre et un éducateur d’expérience. Évaluation clinique L’évaluation clinique du jeune est préalablement réalisée par un pédopsychiatre qui le réfère au Campus des Quatre-Vents. Intervention Réadaptation en unité. Vécu partagé. Répit familial. Défis et préoccupations La formation du personnel à la philosophie et aux interventions de Quatre-Vents. Efficacité Évaluations sommaires jusqu’à présent : recherches prospectives, sondages, statistiques et bilans. Améliorations observées : diminution de la symptomatologie, diminution de la médication, reprise des activités scolaires adaptées à leur réalité et des activités socialisantes dans la collectivité, reprise du lien avec les parents, maintien de l’intégrité familiale. Aucune recherche empirique sur l’efficacité du programme. Transfert des connaissances À d’autres centres jeunesse du Québec. Présentations, conférences, colloques. La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 31 Apprivoiser les différences Programme d’intervention en santé mentale et troubles de la conduite INSPIRÉ DU DOCUMENT – PELLETIER BASQUE, D. ▪ L. DÉPELTEAU (2004). Apprivoiser les différences : Programme d’intervention en santé mentale et troubles de la conduite. Montérégie : Les Centres jeunesse de la Montérégie – Direction des services professionnels. BRÈVE DESCRIPTION Les Centres jeunesse de la Montérégie ont développé un programme afin de répondre aux besoins spécifiques des jeunes présentant à la fois un trouble de santé mentale et un trouble de la conduite. Deux unités de traitement individualisé fonctionnent actuellement selon ce programme : LA SOURCE et HORIZON. OBJECTIF Trois principaux objectifs sont visés par le programme. D’abord, on cherche à diminuer les symptômes des jeunes par une prise en charge individualisée adaptée à chacune des problématiques. Le développement d’une meilleure adaptation fonctionnelle (exemples : apprentissage des règles d’hygiène de base, adaptation au monde du travail) constitue le deuxième objectif poursuivi. Enfin, la réinsertion familiale ou sociale est visée. CLIENTÈLE Le programme est conçu pour les jeunes suivis sous la Loi sur la protection de la jeunesse (LPJ) ou la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents (LSJPA) et qui vivent une double problématique de trouble de santé mentale et de trouble de la conduite. Il s’agit de jeunes qui ne peuvent vivre dans leur famille ou dans un milieu familial substitut et pour qui la socialisation s’avère problématique. Actuellement, deux unités de traitement individualisé pour adolescents (12-18 ans) sont fonctionnelles : une pour les filles et une autre pour les garçons. PHILOSOPHIE Les principales valeurs prônées par le programme sont les suivantes : considérer la famille comme premier lieu de développement de l’enfant, impliquer le jeune et sa famille dans les différentes décisions qui les concernent, offrir des activités de réadaptation adaptées à chaque jeune, collaborer avec les partenaires et s’assurer d’une concertation, préparer les jeunes au placement, protéger physiquement et psychologiquement le jeune et son entourage. APPROCHE THÉORIQUE L’analyse de la situation d’un jeune et de sa famille s’appuie sur la théorie systémique. Ainsi, la famille est perçue comme le lieu d’origine de l’histoire de chacun et le symptôme fournit de l’information sur le fonctionnement du système du jeune. La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 32 ÉQUIPE L’équipe de base multidisciplinaire se compose du chef de service, du chef de la permanence, d’éducateurs, du personnel de soutien (cuisinières, préposés de jour et de nuit, agents de sécurité), d’intervenants psychosociaux, d’une infirmière, d’un conseiller en développement professionnel ainsi que d’un pédopsychiatre. Les milieux médical, scolaire et communautaire s’ajoutent à l’équipe de base en tant que partenaires essentiels. ÉVALUATION CLINIQUE Au début du processus clinique, une collecte de données ainsi qu’une analyse de la situation permettent de développer un plan d’intervention et un plan de services individualisés. INTERVENTION Le but de l’intervention consiste à restaurer l’adaptabilité du jeune pour son développement. Différentes dimensions sont ciblées, dont : une meilleure fonctionnalité pour le jeune, le développement d’habiletés sociales adaptées à la problématique spécifique du jeune, une meilleure intégration dans le milieu social, un suivi psychiatrique si nécessaire ainsi qu’une réinsertion sociale. On valorise une certaine constance dans la routine des jeunes tout en demeurant flexible selon les cas. Ainsi, il est possible de voir des conditions spécifiques à chacun et des conséquences différentes pour un même geste posé. Les activités cliniques sur l’unité incluent des activités psychoéducatives, des activités d’apprentissage d’habiletés sociales, des rencontres d’accompagnement, des rencontres familiales et des ateliers de développement des compétences parentales. Enfin, l’intervention psychosociale peut s’accompagner d’un traitement pharmacologique. DÉFIS ET PRÉOCCUPATIONS L’un des défis consiste à adapter le programme en fonction des problématiques rencontrées selon les sexes. À cet égard, les adolescentes de l’unité LA SOURCE présentent davantage de troubles de personnalité alors que les adolescents de l’unité HORIZON présentent plus de troubles psychotiques. Il importe donc que le programme soit sensible à ces différences afin de bien répondre aux besoins spécifiques des jeunes. EFFICACITÉ Le service d’évaluation des Centres jeunesse de la Montérégie procédera sous peu à une évaluation de l’efficacité du programme. TRANSFERT DES CONNAISSANCES Ce modèle a été largement diffusé à l’intérieur des Centres jeunesse de la Montérégie, notamment grâce à des présentations ainsi qu’à des activités de sensibilisation et de formation. De plus, le modèle a été présenté aux chefs de pédopsychiatrie de la région de même qu’à l’Association des centres jeunesse du Québec. La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 33 Apprivoiser les différences Objectif Diminution des symptômes par une prise en charge individualisée adaptée à chacune des problématiques. Développement d’une meilleure adaptation fonctionnelle. Réinsertion familiale ou sociale. Clientèle Jeunes sous la LPJ ou la LSJPA aux prises avec une double problématique de santé mentale et de troubles de la conduite. Philosophie La famille comme premier lieu de développement de l’enfant ; implication du jeune et de sa famille dans les décisions ; activités de réadaptation adaptées à chaque jeune ; collaboration et concertation avec les partenaires ; préparation au placement ; protection physique et psychologique du jeune et de son entourage. Approche théorique Théorie systémique. Équipe Équipe de base multidisciplinaire : chef de service, chef de la permanence, éducateurs, personnel de soutien, intervenant psychosocial, infirmière, conseiller en développement professionnel, pédopsychiatre. Partenaires : milieux médical, scolaire et communautaire. Évaluation clinique Au début du processus clinique : collecte de données et analyse de la situation afin d’élaborer un plan d’intervention et un plan de services individualisés. Intervention But de l’intervention : restaurer l’adaptabilité du jeune pour son développement. Cibles de l’intervention : meilleure fonctionnalité pour le jeune, développement d’habiletés sociales adaptées à la problématique spécifique du jeune, meilleure intégration dans le milieu social, suivi psychiatrique si nécessaire, réinsertion sociale. Activités cliniques. Défis et préoccupations Adapter le programme aux différentes problématiques. Efficacité Évaluation de l’efficacité du programme sous peu. Transfert des connaissances Diffusion, sensibilisation, formation. La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 35 Unités de vie pour des jeunes ayant une double problématique de santé mentale et de trouble grave du comportement INSPIRÉ DES DOCUMENTS – HÉBERT, L. (2004). Bilan des besoins d’hébergement des jeunes présentant une double problématique de troubles de santé mentale et du comportement. Laurentides : Centre jeunesse des Laurentides. – HÉBERT, L. (2004). Bilan semestriel : Unités spécialisées en double problématique de troubles de santé mentale et du comportement. Laurentides : Centre jeunesse des Laurentides. – WHITE, R. ▪ L. HÉBERT ▪ G. AUSLOOS (2004). Programme d’intervention dans les unités de vie spécialisées en santé mentale. Laurentides : Centre jeunesse des Laurentides. – WHITE, R. ▪ L. HÉBERT ▪ G. AUSLOOS (2003). Projet santé mentale : Unité de vie pour des jeunes ayant une double problématique de santé mentale et de trouble grave du comportement. Laurentides : Centre jeunesse des Laurentides. BRÈVE DESCRIPTION En raison de besoins marqués pour des services spécialisés en santé mentale et en trouble du comportement, le Centre jeunesse des Laurentides a développé une programmation de services permettant d’accueillir sur des unités de vie des garçons et des filles correspondant à ce profil. OBJECTIF Le principal objectif de réadaptation pour des jeunes qui présentent des problèmes de santé mentale et des troubles de comportement est la re-socialisation. Les unités spécialisées du Centre jeunesse des Laurentides offrent donc un service d’hébergement pour ces jeunes en tentant de s’adapter aux besoins spécifiques de cette clientèle. CLIENTÈLE Le programme est offert aux jeunes de 6 à 18 ans présentant des problèmes majeurs en santé mentale et des troubles du comportement. Plus précisément, l’unité LE MISTRAL accueille des filles de 12 à 18 ans, alors que l’unité LES ALIZÉS accueille des jeunes garçons de 6 à 12 ans. PHILOSOPHIE La pertinence de développer une approche par programme s’appuie sur diverses raisons. Notamment, cette démarche permet de redéfinir les priorités et de clarifier les objectifs en collaboration avec les différents partenaires. De plus, le développement d’un programme en santé mentale améliore l’adéquation entre les besoins particuliers de la clientèle et les services qui lui sont offerts. Par ailleurs, les tenants de ce programme croient en la pertinence de traiter La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 36 les troubles mentaux autrement que par l’hospitalisation. La famille, les systèmes qui entourent le jeune, de même que le modèle psychoéducatif, figurent parmi les éléments centraux au cœur des unités spécialisées du Centre jeunesse des Laurentides. APPROCHE THÉORIQUE La programmation s’appuie, entre autres, sur la théorie des systèmes qui permet de tenir compte de l’environnement dans lequel les phénomènes naissent et évoluent. De plus, les interventions familiales facilitent l’identification de stresseurs liés à la rechute, l’adoption d’attentes réalistes, l’entraînement à la communication, la résolution de problèmes, etc. Enfin, le modèle psychoéducatif aide la personne à rétablir l’équilibre avec son environnement et s’appuie sur le vécu quotidien comme moyen d’y parvenir. ÉQUIPE L’équipe se compose d’éducateurs, d’un chef de service, de l’intervenant social référent, de l’intervenant santé mentale, d’une infirmière, d’une dame de pavillon, d’un conseiller clinique clientèle (psychologue) et d’un conseiller clinique programme. La formation du personnel en santé mentale revêt une grande importance. ÉVALUATION CLINIQUE Pour être admis sur une unité en santé mentale, les jeunes doivent avoir été préalablement évalués cliniquement par un pédopsychiatre ou par un psychologue au cours des deux dernières années. Il arrive quelques fois qu’un jeune soit évalué par la psychologue du Centre jeunesse des Laurentides impliquée dans le programme. INTERVENTION Le Dr. Guy Ausloos propose quatre piliers d’une intervention éducative systémique : individualiser, « dépathologiser », re-socialiser et collaborer avec la famille. En ce qui a trait à l’individualisation de l’intervention, il importe de tenir compte des différences qui existent entre les jeunes et d’adapter les règles de vie en conséquence. Pour ce qui est de la « dépathologisation », il faut se rappeler que le jeune ne se limite pas à sa maladie et qu’il possède une identité au-delà de sa problématique. Face à la maladie, la tâche de l’équipe demeure avant tout éducative et ne vise pas la guérison. D’autre part, la re-socialisation occupe une place de grande importance à l’intérieur de ce modèle. À cet égard, la scolarisation représente un milieu de choix dans le développement d’habiletés sociales. De plus, on enseigne aux jeunes sur les unités les règles de respect mutuel, d’hygiène (…) afin d’améliorer leurs relations interpersonnelles. La collaboration avec la famille s’avère primordiale, et ce, dès le processus d’admission. À cet effet, plusieurs moyens sont mis à profit, dont : les fins de semaine en famille, le vécu familial, les rencontres mensuelles, les contacts téléphoniques, l’aide apportée aux parents dans leur rôle, etc. DÉFIS ET PRÉOCCUPATIONS Afin d’utiliser judicieusement les ressources d’hébergement spécialisées, le service d’accès désire instaurer des normes très claires permettant de déterminer les jeunes qui vivent des La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 37 problèmes de santé mentale et ceux dont le placement devrait être priorisé. Pour ce faire, on recommande qu’un pédopsychiatre soutienne l’identification des problématiques de chaque jeune. Par ailleurs, certains jeunes pourraient quitter l’unité « santé mentale » pour aller vers une ressource intermédiaire, mais le manque de ressources intermédiaires dans la région pose actuellement problème. Enfin, le besoin de développer une unité en santé mentale pour garçons de 12 à 18 ans se fait également sentir. EFFICACITÉ Trois concepts ont guidé les activités de développement et d’évaluation du programme : la cohérence, la pertinence et la vraisemblance. Bien qu’aucune évaluation empirique formelle n’ait été complétée, un bilan est réalisé tous les six mois afin d’évaluer le nombre de jeunes desservis, le portrait de la clientèle (exemples : pathologies, médication), l’adéquation entre la clientèle cible du programme et la clientèle admise, les succès réalisés ainsi que les prochaines étapes de développement. TRANSFERT DES CONNAISSANCES À l’interne, le Dr. Guy Ausloos offre une formation sur les problématiques de santé mentale au personnel éducatif des unités spécialisées. Un module pédagogique concernant la perspective systémique a également été rédigé et des activités de sensibilisation permettent de mieux connaître la clientèle des unités. Le campus accueille également à l’occasion des visiteurs d’ici (exemples : autres centres jeunesse) et d’ailleurs (Europe) afin de faire connaître leur modèle. La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 38 Unités de vie pour des jeunes ayant une double problématique de santé mentale et de trouble grave du comportement Objectif Offrir des services à des jeunes qui ont des problèmes de santé mentale et des troubles du comportement un service d’hébergement qui réponde à leurs besoins spécifiques. Viser la re-socialisation de ces jeunes. Clientèle Jeunes de 6 à 18 ans présentant des problèmes majeurs en santé mentale et en troubles du comportement. Une unité pour filles de 12 à 18 ans. Une unité pour garçons de 6 à 12 ans. Philosophie L’approche par programme : clarification des priorités et des objectifs, meilleure adéquation entre les besoins de la clientèle et les services. Traiter les troubles mentaux autrement que par l’hospitalisation. Au cœur du programme : la famille et les autres systèmes, le modèle psychoéducatif. Approche théorique Théorie des systèmes. Intervention familiale. Modèle psychoéducatif. Équipe Éducateurs, chef de service, intervenant social référant, intervenant santé mentale, infirmière, dame de pavillon, conseiller clinique clientèle (psychologue) et un conseiller clinique programme. Évaluation clinique Préalable à l’admission du jeune et datant de moins de deux ans. Intervention Quatre piliers d’une intervention éducative systémique : individualiser, « dépathologiser », re-socialiser, collaborer avec la famille. Défis et préoccupations Améliorer le service d’accès afin d’utiliser les unités spécialisées pour les jeunes qui cadrent adéquatement avec la mission de ces unités. Manque de ressources intermédiaires. Développement éventuel d’une unité « santé mentale » pour garçons de 12 à 18 ans. Efficacité Bilans à tous les six mois. Pas d’évaluation formelle. Transfert des connaissances Formation du personnel en santé mentale. Module pédagogique sur la perspective systémique. Sensibilisation du personnel du CJ sur la clientèle. Visites du campus par d’autres centres jeunesse et par des européens. La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 39 Le Moussaillon Programme de réadaptation 6–12 ans INSPIRÉ DU DOCUMENT – CÔTÉ, D. ▪ Équipe de l’unité LE MOUSSAILLON avec la collaboration des Services professionnels (2005). Le Moussaillon : Programme de réadaptation 6-12 ans. Bas-St-Laurent : Centre jeunesse du Bas-Saint-Laurent. BRÈVE DESCRIPTION Face à une absence de ressources d’hébergement spécialisées pour garçons de 6 à 12 ans présentant de multiples problématiques sévères, le Centre jeunesse du Bas-Saint-Laurent a mis en place un concept d’intervention intensive de protection et de réadaptation : l’unité LE MOUSSAILLON. L’une des particularités de ce programme est l’intégration d’un professionnel psychosocial rattaché directement à l’unité et qui œuvre à titre de personne autorisée par le Directeur de la protection de la jeunesse (DPJ). LE MOUSSAILLON permet donc de répondre aux besoins spécifiques des garçons présentant des difficultés importantes. OBJECTIF L’objectif général de cette unité consiste à offrir un milieu de vie transitoire et des services interdisciplinaires adaptés et individualisés permettant aux enfants ainsi qu’à leurs parents une amélioration marquée de la situation problématique et l’appropriation de nouvelles méthodes par chacun pour jouer de façon utile et constructive leurs rôles respectifs (p. 5). Les objectifs spécifiques visent une plus grande implication des parents, une intensification de l’accessibilité aux services de l’équipe interdisciplinaire, une meilleure présence et cohérence dans l’intervention psychoéducative, des services qui répondent mieux aux besoins des garçons et de leurs parents ainsi qu’une diminution de la durée du séjour en hébergement. Les objectifs comprennent trois étapes distinctes, soit la formation, la rééducation et la réinsertion (expérimentation). CLIENTÈLE Les garçons de ce programme ont entre 6 et 12 ans et reçoivent des services en vertu de la Loi sur la protection de la jeunesse (LPJ) et de la Loi sur les services de santé et les services sociaux (LSSSS). Ces jeunes affichent pour la plupart des troubles majeurs du comportement et peuvent également présenter des problématiques de santé mentale diagnostiquées par un pédopsychiatre telles que : trouble de l’attachement, déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité, syndrome de Gilles de la Tourette, trouble envahissant du développement, trouble des conduites, etc. Les parents sont eux aussi impliqués dans la démarche de changement et viennent chercher les outils nécessaires afin de reprendre en main la situation problématique. PHILOSOPHIE Le programme s’appuie sur diverses croyances fondamentales dont seulement quelques-unes seront reprises ici. Le lecteur intéressé pourra se référer au document pour de plus amples détails. À l’unité LE MOUSSAILLON, la famille représente un droit. En ce sens, les activités La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 40 familiales ne devraient pas servir de moyens punitifs, mais devraient plutôt être perçues comme des activités de réadaptation pour le jeune, et comme des exercices des rôles parentaux pour les parents. Par ailleurs, puisque chaque enfant connaît une situation différente, la stratégie d’intervention doit être adaptée à chaque cas et ne peut être appliquée exactement de la même manière d’un jeune à l’autre. D’autre part, l’adhésion de la famille dans la démarche de changement représente un principe important du programme afin que le garçon puisse retourner dans son milieu familial le plus rapidement possible. APPROCHE THÉORIQUE L’approche différentielle fournit une typologie aux éducateurs qui appliquent un traitement adapté aux caractéristiques personnelles et au niveau de développement de chaque jeune. Cette approche rigoureuse et validée s’appuie sur le modèle développemental de la maturité interpersonnelle. ÉQUIPE L’équipe interdisciplinaire se compose de sept éducateurs et éducatrices, d’une travailleuse sociale qui est la personne autorisée du DPJ rattachée directement à l’unité, de trois agents d’intervention, de deux cuisinières, de deux surveillants en institution et d’un chef de services jouant le rôle de conseiller clinique. Trois partenaires des réseaux de la santé et de l’éducation jouent également un rôle important dans ce programme : une infirmière, un pédopsychiatre et une enseignante. ÉVALUATION CLINIQUE Le portrait personnalisé d’un garçon et l’évaluation psychosociale de la famille sont habituellement réalisés rapidement après l’arrivée du jeune sur l’unité. Les outils de mesure suivants fournissent un portrait des tendances : l’entrevue de maturité interpersonnelle, le test « Dominique » (santé mentale), l’I.C.B.E. (inventaire concernant le bien-être de l’enfant en lien avec l’exercice des responsabilités parentales), la cueillette de données psychosociales et scolaires, les antécédents psychologiques, psychiatriques et médicaux, le programme neurolinguistique qui donne un aperçu du processus d’apprentissage auditif, visuel ou kinestésique et le risque suicidaire. Au besoin, une évaluation médicale, pédopsychiatrique ou psychologique sera demandée. INTERVENTION Le processus clinique du programme LE MOUSSAILLON comporte dix étapes : 1. Déterminer et analyser la problématique qui a amené le garçon à l’unité LE MOUSSAILLON. 2. Définir le portrait personnalisé du jeune par l’équipe interdisciplinaire. 3. Élaborer des hypothèses de travail au niveau du plan d’intervention. 4. Rédiger un plan d’intervention tout en y insérant des objectifs de réintégration familiale dès l’arrivée du garçon sur l’unité. 5. Préciser l’implication continue et soutenue des parents durant toute l’intervention selon l’ordonnance du tribunal. La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 41 6. Établir des balises de sorties avec rétroactions immédiates et régulières selon l’ordonnance du tribunal. 7. Provoquer des rencontres entre les parents et le garçon hébergé par le biais de fêtes annuelles et traditionnelles. 8. Réaliser un suivi aux quatre mois en comité clinique. 9. Assurer un suivi post-hébergement dans le milieu familial pour une période de 4 à 6 mois par la personne autorisée. 10. Effectuer une révision pouvant conduire à la fermeture du dossier ou à la poursuite par le point de service d’origine, selon les besoins du garçon et de sa famille. Chacune des dix étapes est bien définie dans le document consulté. DÉFIS ET PRÉOCCUPATIONS Pour réaliser ce projet, le Centre jeunesse du Bas-Saint-Laurent a dû revoir complètement le fonctionnement de l’unité, et ce, tant sur le plan de la composition de la nouvelle équipe interdisciplinaire que sur celui de la pratique et de la formation des intervenants. EFFICACITÉ Soucieuse d’offrir des services de qualité, la Direction des services de réadaptation désire valider le contenu et l’application de ce programme. LE MOUSSAILLON sera impliqué dans la démarche de l’Agrément en 2006 et, à moyen terme, le programme fera l’objet d’une rétroaction auprès de tous les acteurs concernés. TRANSFERT DES CONNAISSANCES D’autres centres jeunesses (exemples : Chaudière–Appalaches et Côte-Nord) ont visité LE MOUSSAILLON et ont bénéficié des connaissances du personnel sur le développement et la mise en place d’une telle programmation. 42 La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement Le Moussaillon Objectif Offrir un milieu de vie transitoire et des services interdisciplinaires adaptés et individualisés aux enfants et à leurs parents. Clientèle Garçons entre 6 et 12 ans suivis sous la LPJ ou la LSSSS. Troubles de comportement et/ou problématiques de santé mentale. Philosophie La famille représente un droit. Les activités familiales ne devraient pas servir de moyens punitifs. La stratégie d’intervention doit être adaptée à chaque jeune. L’adhésion de la famille dans la démarche de changement représente un principe de changement. Approche théorique Approche différentielle basée sur le modèle développemental de la maturité interpersonnelle. Équipe Équipe interdisciplinaire : sept éducateurs et éducatrices, une travailleuse sociale (personne autorisée), trois agents d’intervention, deux cuisinières, deux surveillants en institution, un chef de service (conseiller clinique). Trois partenaires : une infirmière, un pédopsychiatre, une enseignante. Évaluation clinique Portrait personnalisé d’un garçon et évaluation psychosociale de la famille. Outils : entrevue de maturité interpersonnelle, test « Dominique », I.C.B.E., cueillette de données psychosociales et scolaires, antécédents psychologiques, psychiatriques et médicaux, programme neurolinguistique, risque suicidaire. Intervention Processus clinique en 10 étapes (voir texte). Défis et préoccupations La mise en branle de ce projet a nécessité une restructuration complète de l’unité. Efficacité Le programme sera éventuellement évalué. Transfert des connaissances Visite du MOUSSAILLON par d’autres centres jeunesse. La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 43 The Teaching–Family Model (TFM) INSPIRÉ DE L’ARTICLE – JONES, R.J. ▪ G.D. TIMBERS (2003). « Minimizing the Need for Physical Restraint and Seclusion in Residential Youth Care Trough Skill-Based Treatment Programming ». Families in Society, 84 (1), 21-29. BRÈVE DESCRIPTION Le programme TFM (The Teaching-Family Model) a été mis sur pied dans les années soixante afin d’améliorer la qualité des services offerts aux jeunes contrevenants vivant en foyer de groupe. Son développement a principalement été motivé par un désir de professionnalisation des soins et des traitements prodigués à cette clientèle et d’offrir une alternative à l’incarcération. Depuis, le modèle s’est adapté et vise la réduction des interventions coercitives de restriction physique, de contention et d’isolement en misant sur le développement des compétences. Ainsi, le TFM cherche surtout à enseigner et à récompenser les comportements appropriés afin de prévenir ou de corriger les comportements problématiques. OBJECTIF L’objectif principal du TFM est de favoriser la diminution des interventions de restriction physique, d’isolement et de contention en centre de réadaptation par le biais de soins et de traitements axés sur les compétences. Contrairement aux autres programmes d’intervention de crise, ce programme cible la modification des conduites problématiques du jeune à l’aide de techniques comportementales plutôt que la suppression ou la contention de ces dernières. L’intervention doit idéalement être utilisée de façon préventive, en amont des comportements aberrants, afin d’éviter les problèmes de conduites plus sévères. CLIENTÈLE Au moment de sa conception, le TFM était exclusivement destiné aux jeunes contrevenants, mais depuis, il a été adapté à une population plus diversifiée. Il s’adresse désormais aux enfants et aux adolescents avec des troubles de comportement importants qui sont référés par les services sociaux et les agences de santé mentale à des centres de réadaptation pour une intervention à long terme. PHILOSOPHIE Cette approche mise essentiellement sur l’habileté du jeune à corriger ses propres comportements. Ainsi, l’intervenant n’agit qu’à titre d’enseignant et de renforçateur social des comportements du client. APPROCHE THÉORIQUE Ce modèle s’appuie sur des techniques comportementales de renforcement social. Ainsi, les comportements adaptés sont renforcés, tout en évitant autant que possible les punitions pouvant donner lieu à des guerres de pouvoir entre l’intervenant et le jeune. L’utilisation d’une tactique La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 44 appelée le pre-teaching permet aussi d’enseigner aux jeunes à anticiper les situations susceptibles de provoquer des débordements et de pratiquer des comportements acceptables quand de telles situations se présentent. Les caractéristiques centrales du programme sont les suivantes : – Avant la mise en place du TFM, il faut procéder à une sélection minutieuse des teaching parents potentiels qui sont souvent des couples mariés qui travaillent à titre d’équipe de traitement du jeune. – Il importe de former adéquatement ces personnes et de les reconnaître comme des praticiens professionnels à part entière. – L’équipe de formation TFM doit toujours demeurer disponible en offrant des possibilités de consultation professionnelle 24 heures sur 24. – Utiliser le leadership des pairs du jeune et son système d’autocontrôle (c’est-à-dire : self-government system). – Faire des évaluations complètes et récurrentes des professionnels et de la communauté (incluant des évaluations de la qualité des soins et des traitements reçus par les jeunes) et exiger une nouvelle certification chaque année en s’appuyant sur ces évaluations. – Mettre l’accent sur le style de vie familial et l’apprentissage dans un environnement normatif. INTERVENTION L’intervention consiste surtout en des interactions proactives d’enseignement (entre le jeune et l’intervenant) axées sur la prévention positive et sur l’acquisition d’habiletés de base telles que suivre les consignes, demander la permission, accepter le « non », exprimer son désagrément, etc. L’intervenant doit chercher à enseigner et à récompenser socialement les comportements appropriés afin de remplacer les comportements aberrants. Pour ce faire, il doit aider le jeune à corriger sa conduite en renforçant socialement les comportements adaptés, mais en évitant autant que possible de pratiquer toutes formes d’interventions coercitives lorsque les comportements indésirables surviennent. DÉFIS ET PRÉOCCUPATIONS Il importe de former davantage le personnel des centres de réadaptation afin qu’il utilise à bon escient les interventions de contention. Les intervenants devraient donc en arriver à considérer la contention physique comme une intervention de dernier recours. Suivant cette ligne de pensée, l’adoption de programmes complets et intégrés qui visent la modification comportementale en comptant sur les habiletés du jeune (c’est-à-dire la correction des comportements inadaptés à travers le développement de compétences, plutôt que par la suppression ou la contention de ces comportements) semble de mise. EFFICACITÉ Le TFM est un programme bien documenté, largement utilisé et reconnu à l’échelle nationale aux États-Unis. L’étude, dont il est question ici, évalue l’efficacité de ce programme pour réduire les interventions de restrictions physiques, de contention et d’isolement. Les résultats obtenus suite La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 45 à l’implantation du TFM dans deux institutions pour jeunes indiquent une diminution du nombre de contentions et de situations d’isolement initiés par les intervenants. Il est possible de croire qu’un programme de traitement bien défini, complet, intégré et misant sur les compétences des participants pourrait diminuer la fréquence des comportements inadaptés et, par conséquent, la contention et l’isolement. The Teaching–Family Model (TFM) Objectif Diminuer la fréquence des interventions de restriction physique, de contention et d’isolement. Modifier les conduites problématiques du jeune. Prévenir les comportements aberrants. Clientèle Enfants et adolescents avec des troubles de comportement importants et vivant en centre de réadaptation. Philosophie Programme axé sur les compétences du jeune. L’intervenant joue un rôle d’enseignant et de renforçateur. Approche théorique Approche comportementale : renforcement social des comportements adaptés. Pre-teaching. Équipe Aucun renseignement. Évaluation clinique Aucun renseignement. Intervention Anticiper les situations susceptibles de provoquer les comportements indésirables. Enseigner et pratiquer les comportements appropriés. Renforcer le jeune lorsqu’il substitue ces comportements aberrants par des comportements plus adaptés. Éviter les punitions coercitives (c’est-à-dire : la restriction physique, l’humiliation, etc.). Défis et préoccupations Utiliser à bon escient les interventions de contention. Adopter des programmes visant la modification comportementale en misant sur les compétences du jeune. Efficacité Bien documenté, largement utilisé et reconnu aux États-Unis. Réduit la fréquence des interventions coercitives. Transfert des connaissances Aucun renseignement. La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 47 The Sanctuary Model INSPIRÉ DE L’ARTICLE – RIVARD, J.C. ▪ D. McCORKLE, ▪ M.E. DUNCAN ▪ L.E. PASQUALE ▪ S.L. BLOOM ▪ R. ABRAMOVITZ (2004). « Implementing a Trauma Recovery Framework for Youths in Residential Treatment ». Child and Adolescent Social Work Journal, 21 (5), 529-550. BRÈVE DESCRIPTION Le Sanctuary Model a d’abord été développé pour les adultes victimes de traumatisme, puis il a été adapté pour les adolescents qui vivent en centre de réadaptation et qui ont été victimes de maltraitance et/ou témoins de violence dans leur entourage. Il s’agit d’un modèle d’intervention de groupe qui s’inspire des théories du trauma (trauma theories) et qui propose une gamme de recommandations visant à réduire les symptômes post-traumatiques chez les enfants. Le Sanctuary Model comporte quatre stades de guérison des expériences traumatiques : sécurité, régulation des affects, deuil, pouvoir d’agir. Il s’applique lors de sessions de groupe au cours desquelles les jeunes apprennent différentes habiletés pour progresser à travers les quatre étapes de guérison. OBJECTIF Le Sanctuary Model tente d’abord et avant tout de répondre aux besoins spéciaux des enfants qui ont été maltraités et témoins de violence et qui vivent en centre de réadaptation. Il vise à renforcer l’environnement thérapeutique de la communauté résidentielle et à augmenter, chez les jeunes, le pouvoir d’agir et l’influence qu’ils ont sur leur propre vie. CLIENTÈLE L’intervention s’adresse à des enfants qui sont placés dans un centre de réadaptation et qui ont été maltraités ou exposés à la violence dans leur famille ou leur environnement. PHILOSOPHIE La prémisse fondamentale du Sanctuary Model concerne l’environnement thérapeutique. Ce dernier est considéré comme étant le noyau des relations saines entre les membres de la communauté. Il doit être sécurisant sur les plans physique, psychologique, social et moral, tant pour le client que pour le personnel. Selon le modèle, c’est la communauté résidentielle elle-même qui a le plus d’influence sur le traitement, bien que les clients soient responsables d’une grande part de leur propre guérison. De plus, une emphase est mise sur le soutien et l’assistance technique du personnel des centres afin de faciliter le travail avec la famille, la planification du traitement, etc. Les tenants du Sanctuary Model croient que le fonctionnement du centre doit être démocratique et que les jeunes peuvent faciliter le traitement des autres en créant et en forgeant des relations de soutien entre eux. APPROCHE THÉORIQUE Il s’agit d’un programme psychoéducatif qui s’appuie sur les théories du trauma et sur une approche cognitive–comportementale. En enseignant aux jeunes différentes habiletés sociales, La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 48 ces derniers sont plus aptes à traverser les quatre stades de guérison dans un climat de confiance et de sécurité. À partir d’activités variées (exemples : vidéos, discussions, jeux de rôle), le programme promeut le développement d’habiletés de restructuration de la pensée, de la communication et des comportements. ÉQUIPE L’équipe est composée de conseillers, de superviseurs et de cliniciens qui pratiquent dans les centres de réadaptation. INTERVENTION Les conseillers, superviseurs et cliniciens reçoivent une formation de huit heures sur différents thèmes comme l’utilisation des théories du trauma pour comprendre les expériences de vie des jeunes et leur influence sur l’adaptation, les habiletés sociales, la promotion du leadership chez les jeunes, etc. L’intervention s’étale sur douze rencontres co-animées par des cliniciens et des conseillers du milieu, à raison d’une session par semaine. Chaque session comporte des objectifs et chacun est invité à demander de l’aide, à partager ses sentiments, ses buts, ses succès, (…) et des récompenses pour les comportements prosociaux sont accordées. Les jeunes qui désirent intégrer le groupe peuvent le faire à tout moment, sans égard au thème qui est couvert. À la dernière rencontre, un certificat est remis aux participants du groupe. Une fois les douze sessions complétées, les adolescents sont invités à poursuivre leur implication pour apprendre de nouvelles choses et pour aider les autres membres de la communauté. DÉFIS ET PRÉOCCUPATIONS Différents facteurs posent des barrières à l’implantation et à la consistance du modèle. D’abord, il peut arriver que le temps manque pour optimiser une communication constante. De plus, il se peut que les crises manifestées à l’école et en centre de réadaptation soient différentes, limitant ainsi sa généralisation à d’autres sphères. Il est également possible que le personnel n’ait pas reçu de formation adéquate pour l’utilisation du modèle. À cet effet, le personnel réclame le besoin d’avoir plus de formation basée sur des expériences concrètes. EFFICACITÉ Les résultats obtenus indiquent diverses améliorations suite à l’implantation du modèle. En effet, le Sanctuary Model exerce un impact sur la pratique avec les jeunes, mais aussi sur les relations entre ces derniers et le personnel. Le modèle a permis de mettre de nouvelles habiletés d’intervention sur pied, de pratiquer ces nouvelles façons d’intervenir, de collaborer et de renforcer la compétence à travailler en groupe. TRANSFERT DES CONNAISSANCES Le renforcement du modèle est assuré par sa diffusion en milieu scolaire, familial et communautaire. De plus, le personnel apprend, lors de sa formation, à diffuser le modèle dans l’environnement du jeune et à travers tous les aspects du programme psychoéducatif. La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 49 The Sanctuary Model Objectif Répondre aux besoins spéciaux des enfants qui ont été maltraités et témoins de violence et qui vivent en centre de réadaptation. Renforcer l’environnement thérapeutique de la communauté résidentielle. Augmenter, chez les jeunes, leur pouvoir d’agir et l’influence qu’ils ont sur leur propre vie. Clientèle Les enfants qui sont placés dans un centre de réadaptation et qui ont été maltraités ou exposés à la violence dans leur famille ou leur environnement. Philosophie Environnement = noyau des relations saines entre les membres de la communauté (personnel et jeunes). C’est la communauté résidentielle elle-même qui a le plus d’influence sur le traitement, mais les clients sont aussi responsables d’une grande part de leur propre guérison. Le fonctionnement du centre devrait être démocratique plutôt qu’autocratique. Approche théorique Programme psychoéducatif. Théories du trauma. Approche cognitive–comportementale. Équipe Conseillers, superviseurs et cliniciens qui pratiquent dans les centres de réadaptation. Évaluation clinique Aucun renseignement. Intervention Douze rencontres co-animées par des cliniciens et des conseillers du milieu (une par semaine). Chaque session comporte des objectifs différents et traite de sujets variés. Des récompenses pour les comportements prosociaux sont accordées. À la dernière rencontre, un certificat est remis aux participants du groupe. Défis et préoccupations Manque de temps. Les crises manifestées à différents endroits peuvent être de nature variée. Possibilité que le personnel n’ait pas reçu de formation adéquate pour son utilisation. Besoin d’avoir plus de formation basée sur des expériences concrètes. Efficacité Amélioration des relations entre les jeunes et le personnel. Nouvelles habiletés d’intervention développées. Renforcement de la compétence à travailler en groupe. Transfert des connaissances Le renforcement du modèle est assuré par sa diffusion en milieu scolaire, familial et communautaire. La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 51 The Boys Town Residential Treatment Center (BTRTC) INSPIRÉ DE L’ARTICLE – DALY, D.L. ▪ M.D. SCHMIDT ▪ D.F. SPELLMAN ▪ T.R. CRISTE ▪ K. DINGES ▪ J.F. TEARE (1998). « The Boys Town Residential Treatment Center : Treatment Implementation and Preliminary Outcomes ». Child & Youth Care Forum, 27 (4), 267–279. BRÈVE DESCRIPTION Le programme BTRTC (Boys Town Residential Treatment Center) fut créé en décembre 1995 en raison de certaines difficultés rencontrées en centre de réadaptation : manque de traitements résidentiels de qualité répondant aux besoins des jeunes, traitements efficaces souvent intrusifs et coûteux, personnel moins qualifié, etc. Face à ces problèmes, le programme s’est développé, et ce, à partir de deux autres modèles d’intervention reconnus soit le Boys Town Family Home Program et le Immanuel Hospital Adolescent Psychiatric Inpatient Program. L’équipe du BTRTC s’efforce de prodiguer des services continus aux jeunes de même qu’à leur tuteur (care providers) dans le but, notamment, de réduire le temps passé en centre de réadaptation. OBJECTIF Trois objectifs principaux sont visés par ce programme : 1. Fournir un traitement résidentiel de qualité pour des jeunes présentant des problèmes émotionnels, cognitifs et comportementaux importants. 2. Dispenser des services dans le contexte d’un système intégré, pensé pour rencontrer le plus adéquatement possible les besoins des jeunes. 3. Construire une base de données et un modèle de traitement à partir de ces mêmes données afin non seulement d’aider les jeunes, mais aussi de faire avancer les connaissances sur la façon de traiter efficacement les problèmes de ces derniers. CLIENTÈLE Le programme BTRTC est offert aux jeunes ayant une histoire d’abus physique et/ou sexuel, d’échecs scolaires nombreux ou qui ont connu plusieurs placements auparavant. Les adolescents souffrant de troubles psychiatriques et de troubles de comportement se voient également éligibles à ce programme. La clientèle du programme BTRTC est donc composée de garçons qui ont été transférés en centre de réadaptation (la plupart proviennent du milieu hospitalier) et qui sont âgés en moyenne de 13 ans. Seulement le tiers de ces jeunes vivent avec leurs deux parents biologiques. PHILOSOPHIE Le modèle psycho-éducationnel (PEM) utilisé dans le programme BTRTC considère que tous les membres du personnel sont des agents thérapeutiques importants pour les jeunes. Pour cette raison, le personnel est encouragé à entretenir des contacts fréquents avec les résidants afin de leur enseigner les habiletés nécessaires à leur réadaptation. De cette façon, le jeune améliore ses La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 52 compétences sociales et il développe également une relation positive avec un adulte qui lui sert de modèle. APPROCHE THÉORIQUE Le programme s’appuie sur une approche comportementale basée sur un système de points et de récompenses. ÉQUIPE L’équipe multidisciplinaire est composée du directeur médical (psychiatre), du jeune, de la famille de celui-ci (ou gardien légal), du thérapeute, du coordonnateur de programme, de l’éducateur spécialisé, de l’infirmière, du représentant du système de santé (si nécessaire) et des membres du personnel qui travaillent directement avec le jeune. ÉVALUATION CLINIQUE Quatorze jours après l’admission du jeune, l’équipe multidisciplinaire se réunit afin d’établir les objectifs de traitement en fonction de trois dimensions : biologique, psychologique et sociale. Des instruments standardisés sont également utilisés. Le Child Behavior Checklist (CBCL) est administré à l’arrivée du jeune au centre, à son départ, ainsi que six mois après son départ. Cet instrument permet d’évaluer les problèmes de comportement et les compétences sociales de l’adolescent. Le Restrictiveness of Living Environment Scale (ROLES) et The Children’s Global Assessment Scale (CGAS) sont aussi régulièrement utilisés à l’admission et à la sortie du centre. INTERVENTION Le programme BTRTC emploie un modèle de traitement psycho-éducationnel : le PsychoEducational Model (PEM). Le PEM est un modèle éclectique qui évalue les besoins des enfants sur plusieurs dimensions et qui comprend des séances de thérapies de groupe, individuelles et familiales, un plan de traitement basé sur le diagnostic du jeune, un entraînement aux habiletés académiques et sociales et une intervention pharmacologique si nécessaire. Les sessions de thérapies sont toujours en lien avec les problématiques déterminées dans le plan de traitement et permettent, entre autres, de préparer le retour du jeune dans son milieu familial. L’enseignement d’habiletés sociales s’effectue à travers les multiples interactions entre le jeune et certains membres du personnel. À ce sujet, plusieurs techniques sont utilisées, mais seulement quelques-unes d’entre elles seront exposées ici. Le lecteur est donc invité à se référer à l’article pour de plus amples détails. Empowerment conference Cette technique consiste en des échanges où le jeune revoit les forces et les problèmes qu’il a vécus au cours des dernières 24 heures. L’empowerment conference lui permet d’augmenter sa conscience de soi et son introspection. Système de points Ce mode de récompense renforce, à l’aide d’un système de points, les comportements jugés favorables pour la réhabilitation du résidant. Ce dernier échange ses points contre des La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 53 renforcements tels que l’écoute de la télévision ou la pratique de jeux vidéo. Peu à peu, l’adolescent devient plus responsable de ses actes et acquiert plus de privilèges. Effective praise Cette méthode de renforcement s’appuie sur les forces du jeune. Un membre du personnel doit lui décrire un comportement spécifique, lui expliquer le rationnel derrière son utilisation et lui exposer les conséquences positives qui lui sont associées. DÉFIS ET PRÉOCCUPATIONS Dans l’avenir, il serait intéressant de vérifier quelles composantes du programme rendent le traitement plus optimal pour ce genre de clientèle en difficulté. Chaque niveau du programme devrait éventuellement être évalué afin d’offrir les meilleurs soins possibles en fonction de chaque jeune. EFFICACITÉ Aux dires des auteurs, le programme fournit un environnement positif et permet aux résidants d’être transférés par la suite vers des centres moins restrictifs. L’étude de LARZELERE et ses collègues (2001) indique aussi que les gains obtenus se maintiennent après le départ du centre. La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 54 The Boys Town Residential Treatment Center (BTRTC) Objectif Fournir un traitement de qualité pour les jeunes qui présentent des problèmes émotionnels, cognitifs et comportementaux. Prodiguer des services qui répondent le mieux possible aux besoins des jeunes. Construire une base de données et un modèle de traitement afin d’aider les jeunes et de faire avancer les connaissances sur la façon de traiter efficacement leurs difficultés. Clientèle Les enfants présentant de nombreux problèmes de comportement et des histoires d’abus. Philosophie Les membres du personnel sont des agents thérapeutiques et servent de modèle aux jeunes. Approche théorique Approche comportementale. Équipe Multidisciplinaire : directeur médical (psychiatre), jeune, famille, thérapeute, coordonnateur du programme, éducateur spécialisé, infirmière, représentant du système de santé et membres du personnel qui travaillent directement avec le jeune. Évaluation clinique The Child Behavior Checklist (CBCL). The Restrictiveness of Living Environnement Scale (ROLES). The Children’s Global Assessment Scale (CGAS). Intervention Thérapie : de groupe, individuelle, familiale. Plan de traitement. Entraînement aux habiletés sociales. Pharmacologie (si nécessaire). Défis et préoccupations Chaque niveau du traitement devrait être évalué. Efficacité Environnement positif et maintien des gains après le départ du centre. Transfert des connaissances Aucun renseignement. La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 55 Programme de traitement en foyer de groupe INSPIRÉ DE L’ARTICLE – STEINHAUER, P.D. (1996). « Traiter les troubles d’attachement : un modèle de traitement en foyer de groupe ». Psychiatrie, recherche et intervention en santé mentale de l’enfant (PRISME), 6 (4), 604-615. BRÈVE DESCRIPTION Ce texte traite d’un modèle innovateur de traitement en foyer de groupe pour les enfants ayant des troubles d’attachement. Il mise sur un placement à long terme de ces enfants dans un foyer de groupe. Le foyer est administré par un personnel qualifié, où la bonne entente entre les intervenants et leur formation continue est primordiale. Le programme a d’abord été expérimenté avec quatre adolescents qui ont vécu plusieurs échecs de placement en famille d’accueil. Ces derniers ont donc été placés dans une maison dirigée par un couple, en foyer de groupe. Le projet n’a pas fonctionné longtemps, car le couple s’est peu à peu désengagé affectivement des jeunes. C’est à ce moment qu’une équipe a été formée afin de venir en aide à ces enfants. Plus tard, le projet fonctionnait bien et le nombre de jeunes hébergés dans le foyer de groupe a grimpé jusqu’à sept. OBJECTIF Le but d’un tel modèle est de fournir un milieu rassurant et stable ainsi que des conditions susceptibles d’amener les enfants ayant des troubles d’attachement à amorcer un lien avec au moins un membre du personnel, pour ensuite le faire avec d’autres adultes. CLIENTÈLE Les enfants admis en foyer de groupe sont ceux qui sont pris en charge par les services sociaux de l’Ontario et qui présentent un trouble d’attachement, peu importe leur sexe ou leur âge. PHILOSOPHIE Selon ce modèle, lorsqu’un enfant est aux prises avec un trouble d’attachement, la mesure la plus appropriée pour lui venir en aide est de cesser de le déplacer d’une famille d’accueil à une autre et de tout faire pour stabiliser le plus rapidement possible sa situation. Cette stabilité pourra être possible en lui offrant un placement à long terme, aussi longtemps qu’il en aura besoin. Ceci nécessite donc presque toujours un placement en foyer de groupe, et ce, pour plusieurs années, car les parents d’accueil ne sont pas toujours prêts à s’engager affectivement ou ne sont pas outillés pour prendre soin de tels enfants durant une longue période. De plus, l’attente d’un placement à long terme dans une famille d’accueil peut parfois être très longue, provoquant souvent chez ces enfants des comportements de retrait affectif. APPROCHE THÉORIQUE Ce modèle privilégie l’approche écologique ainsi que des techniques comportementales (sans les punitions). La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 56 ÉQUIPE Entre 1964 et 1979, l’équipe était constituée d’une personne qui s’occupait de la maison. Il s’agissait d’une infirmière à la retraite, qui n’avait aucune formation en santé mentale. Deux intervenants diplômés travaillaient à la maison les soirs et les fins de semaines. Des étudiants de niveau universitaire ont aussi été engagés comme personnel de remplacement. Cette équipe avait un superviseur et un consultant psychiatrique, issu de l’agence d’aide à l’enfance de l’Ontario. Ce dernier, en plus de tenir des réunions hebdomadaires avec les membres de l’équipe, était toujours disponible pour répondre aux besoins des intervenants. ÉVALUATION CLINIQUE Selon ce modèle, la meilleure façon de traiter les troubles d’attachement consiste à les prévenir. Pour ce faire, il importe de réduire le plus possible les périodes d’attente et d’abandon que vivent ces enfants. De plus, il faut évaluer l’ampleur des troubles d’attachement et adapter le plan d’intervention très tôt afin d’éviter les placements et les ruptures répétés. Pour ce qui est de l’attachement, plusieurs signes apparaissent chez l’enfant qui commence à développer un lien d’attachement avec un intervenant. D’abord, il commencera à mieux se comporter avec lui, à passer du temps avec lui, à modifier ses attitudes et à accepter les limites qu’il lui impose. À la fin, l’enfant sera capable de maintenir sa relation avec son intervenant même s’il a été frustré par lui. Il pourra même s’en ennuyer s’il s’absente pendant une longue période. INTERVENTION Le traitement en foyer de groupe s’effectue idéalement selon deux phases. Tout d’abord, l’enfant entre dans le stade initial. À ce stade, il est impossible de confronter les sentiments de l’enfant ou de l’aider à résoudre ses conflits. Il s’agit plutôt de le contenir et de lui fournir un milieu de vie sécuritaire et stable où il n’y a pas de danger pour lui de se blesser ou d’être agressé par d’autres. Les membres du personnel doivent être sensibles aux réalités vécues par l’enfant et à ses façons d’exprimer ses besoins, ce qui permettra de lui prodiguer de bons soins. Ils peuvent également utiliser des techniques comportementales, mais sans les punitions, afin que l’enfant connaisse les conséquences de ses comportements. Finalement, il faut que l’enfant comprenne bien que les besoins de chacun sont reconnus et protégés par le milieu dans lequel il vit. Si tout se déroule bien, l’enfant choisira clairement un membre du personnel avec qui il s’entend le mieux et amorcera la formation d’un lien d’attachement avec lui. Il est alors temps d’entrer dans le deuxième stade, soit celui du traitement. À ce moment, il devient possible d’examiner avec l’enfant ses sentiments à l’égard de son intervenant, de remonter aux origines de sa méfiance et de sa rage, qui lui ont empêché d’entrer en relation avec les autres. Finalement, d’autres adultes pourront tenter de s’insérer dans la vie de l’enfant, en espérant que celui-ci leur fera une place. DÉFIS ET PRÉOCCUPATIONS L’auteur suggère quelques pistes d’action concernant le traitement des enfants en foyer de groupe. D’abord, il mentionne que le foyer de groupe devrait être le traitement de choix pour les enfants qui souffrent de troubles d’attachement et ne devrait en aucun cas être utilisé comme un La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 57 dernier recours. Ensuite, les foyers seraient plus appropriés que les familles d’accueil pour ces jeunes à condition que les services continus, l’entente entre les membres du personnel, le développement professionnel et le soutien au personnel en soit la priorité. L’enfant avec un trouble d’attachement devrait être placé dans un foyer de groupe afin de stabiliser sa situation le plus rapidement possible. L’auteur affirme également que les enfants placés dans un même foyer de groupe ne doivent pas forcément avoir le même âge ou le même sexe, car ils forment souvent leur attachement avec des compagnons plus vieux ou plus jeunes qu’eux avant de se risquer avec des adultes et des intervenants. Finalement, toutes les personnes qui sont significatives pour l’enfant, qu’il s’agisse de son parent, de son ancien parent d’accueil, de son enseignant ou de son entraîneur, devraient être impliquées dans le traitement. EFFICACITÉ Le foyer de groupe a existé pendant quinze ans. Il a su garder son équipe grâce à la formation et au soutien offert au personnel. Ce dernier a donc pu offrir pendant toutes ses années un milieu très attentif et d’une grande qualité aux enfants. Il existe de tels centres en Angleterre et en Israël. 58 La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement Programme de traitement en foyer de groupe Objectif Fournir un milieu rassurant et stable et des conditions susceptibles d’amener les enfants ayant des troubles d’attachement à amorcer un lien avec au moins un intervenant. Clientèle Enfants pris en charge par les services sociaux de l’Ontario qui présentent des troubles d’attachement. Philosophie Offrir rapidement à l’enfant un milieu stable (placement à long terme en foyer de groupe). Approche théorique Approche écologique. Techniques comportementales (sans les punitions). Équipe Infirmière retraitée. Deux intervenants diplômés. Étudiants universitaires. Superviseur de l’équipe. Consultant psychiatrique. Évaluation clinique Prévention des troubles d’attachement. Évaluation de l’ampleur des troubles d’attachement. Adapter le plan d’intervention très tôt. Évaluation des signes d’attachement chez l’enfant en cours de placement en foyer de groupe. Intervention Stade 1 : Fournir un milieu de vie sécuritaire et stable à l’enfant. Stade 2 : Travailler son trouble d’attachement. Défis et préoccupations Doit être le traitement de choix pour les enfants, dès qu’on diagnostique un trouble d’attachement. Plus approprié que les familles d’accueil pour ces enfants. Le soutien au personnel et le développement professionnel doivent être une priorité. Les enfants ne sont pas obligés d’avoir le même âge et le même sexe pour faire partie d’un même foyer. Efficacité En fonction de 1964 à 1979. Milieu très attentif et d’une grande qualité pour les enfants. Transfert des connaissances Existence de tels centres en Angleterre et en Israël. La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 59 Comprehensive Assessment and Training Services (CATS) INSPIRÉ DE L’ARTICLE – SPRANG, G. ▪ J. CLARK ▪ O. KAAK ▪ A. BRENZEL (2004). « Developing and Tailoring Mental Health Technologies for Child Welfare : The Comprehensive Assessment and Training Services (CATS) Project ». American Journal of Orthopsychiatry, 74 (3), 325-336. BRÈVE DESCRIPTION Les services du programme CATS (Comprehensive Assessment and Training Services) sont offerts par un centre multidisciplinaire dont l’objectif consiste à prévenir les placements prolongés en famille d’accueil et à prodiguer des interventions précoces aux enfants maltraités et à leur famille. Ce programme a été mis sur pied afin de remédier à certaines difficultés rencontrées en protection de la jeunesse qui nuisent aux objectifs de protection et de permanence des enfants : manque de personnel qualifié en santé mentale, nombre de dossiers élevé, lourdeur des cas, manque de synthèse clinique quant au fonctionnement familial et aux risques encourus, rapports non complétés à temps, roulement de personnel important, manque de solutions eu égard au traitement, etc. Face à ces difficultés, un partenariat publique–académique a permis de développer une approche innovatrice pour l’évaluation et l’élaboration du plan de vie d’un enfant. OBJECTIF Développer des évaluations complètes, intégrées, développementales, préventives, longitudinales, concises, culturellement sensibles, standardisées, parcimonieuses ainsi que sensibles à l’enfant et au système de protection de l’enfance. S’ajoute à ces évaluations, l’application des meilleures pratiques connues dans le domaine de la santé mentale et de la protection de la jeunesse. Le programme vise à déterminer et à traiter les besoins uniques des enfants maltraités et de leur famille, dans le but de diminuer la durée de placement des enfants en famille d’accueil et d’intervenir précocement avant que se cristallisent les problématiques. CLIENTÈLE La priorité est donnée aux enfants de 0-5 ans. Ces derniers incluent ceux pour qui : – une évaluation de la protection de la jeunesse a révélé la présence d’abus et de négligence ; – la famille biologique vit à au moins 200 % sous le niveau de pauvreté (si l’enfant vit toujours avec sa famille naturelle) ; – deux plans de services sont développés en parallèle (exemples : réunification et adoption) ou un placement en famille d’accueil doit prendre fin dans deux semaines ; – la famille réside au Kentucky. La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 60 PHILOSOPHIE Le modèle demeure ouvert à plusieurs théories spécifiques à différents domaines en lien avec les problèmes de maltraitance chez les enfants. Il inclut les interactions entre les phénomènes individuels, dyadiques, familiaux et systémiques. De plus, une attention est portée aux réponses adaptatives et non adaptatives à la maltraitance. Enfin, le modèle tente d’être opérationalisable et testable à travers le temps. APPROCHE THÉORIQUE Les quatre domaines théoriques d’investigation sont : la théorie de coping (coping theory), la théorie du trauma (trauma theory), la théorie de l’attachement et le modèle transactionnel de la psychopathologie développementale. Diverses spécifications théoriques ont guidé le protocole du programme CATS ; le lecteur intéressé pourra se référé à l’article pour de plus amples détails. D’autre part, cinq domaines de mesures et d’évaluation sont ciblés par le modèle : les facteurs reliés à l’enfant, les facteurs reliés à l’adulte, les facteurs relationnels, les facteurs socio-environnementaux et les facteurs de maltraitance. Il est à noter qu’il existe une interaction entre ces facteurs et que ceux-ci peuvent se chevaucher. ÉQUIPE L’équipe multidisciplinaire est composée de travailleurs sociaux, de psychiatres, de pédiatres, d’infirmières psychiatriques et de psychologues. ÉVALUATION CLINIQUE Lors de mesures volontaires, les familles sont référées par le travailleur social de l’enfant, alors que dans le cas de mesures non volontaires, elles sont référées par la Cour. Les membres de l’équipe CATS déterminent l’éligibilité des références. Lorsqu’un cas est accepté, une évaluation complète requiert d’un à deux jours à la clinique, en plus de visites à l’école et à la maison. À l’admission initiale, l’approche motivationnelle permet de contrer la résistance et l’anxiété des parents et des enfants. On s’assure d’avoir un engagement dans un climat de respect afin d’obtenir des informations valides. Ensuite, des instruments standardisés et des périodes d’observation permettent de mettre en lumière les interactions parent–enfant. Un enregistrement vidéo de 45 minutes implique neuf épisodes d’interactions durant lesquels l’équipe porte attention aux transitions, à la séparation et, surtout, à la réunion. De plus, une entrevue semi-structurée (Working Model of the Child Interview) permet d’évaluer la représentation que se fait le parent de sa relation avec l’enfant. D’autres mesures font également partie du protocole d’évaluation régulier : mesures auto-administrées, inventaires, Child Behavior Checklist et entrevues structurées. Les données de rapports antérieurs provenant d’autres sources (exemples : justice, école, santé mentale) permettent d’évaluer les risques actuels et futurs. Enfin, l’équipe réalise un rapport d’évaluation final comprenant une synthèse des résultats ainsi que des conclusions et recommandations. Une conférence est tenue avec le travailleur social de l’enfant afin de discuter avec lui des conclusions du rapport final et de l’assister pour son témoignage en Cour et pour le plan de vie de l’enfant. Le rapport final est déposé avant l’audience, et ce, afin de faciliter la décision judiciaire et d’accélérer la permanence de l’enfant dans un milieu de vie. La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 61 INTERVENTION À l’automne 2000, l’équipe de CATS a commencé à développer une initiative de traitement afin de répondre : 1. Aux besoins des enfants en famille d’accueil ou en famille adoptive ainsi qu’aux parents qui ont été évalués par le programme CATS. 2. Aux préoccupations quant au nombre grandissant d’adoption échouées au Kentucky. Selon ce modèle, le traitement doit mettre l’emphase sur divers éléments tels que les relations d’attachement primaires et l’environnement social de l’enfant. Il doit également renforcer les parents à prendre soin de l’enfant, les encourager, les assister dans l’adoption de comportements appropriés, leur fournir des occasions d’apprentissage par l’expérience, etc. DÉFIS ET PRÉOCCUPATIONS Au départ, le programme CATS a souffert de son propre succès, car les demandes ont excédé les capacités du programme. Diverses mesures ont donc été prises afin de remédier à ce problème : fonds supplémentaires, système de priorité des références, redéfinition de la population servie par le programme (inclusion des régions rurales grâce à la télépsychiatrie et à d’autres technologies, formation des autres systèmes impliqués auprès de l’enfant quant aux services offerts en santé mentale par CATS, propositions adressées au gouvernement et aux fondations privées afin de répondre aux besoins en expansion). EFFICACITÉ La méthodologie rigoureuse, l’évaluation du processus de même que le contrôle de la fidélité constituent des éléments clés à l’intégrité et au soutien du programme. Plusieurs protocoles de recherche évaluent l’efficacité, testent et raffinent le programme, en plus de tenter d’expliquer les relations causales entre les conditions morbides, ainsi que la nature et la sévérité de la maltraitance. Une infrastructure de recherche a même été créée afin de faciliter ce travail : Research on Child Maltreatment Project (RCMP). TRANSFERT DES CONNAISSANCES Les protocoles sont sans cesse raffinés, les procédures réévaluées et de nouvelles applications développées. Une fois le protocole d’évaluation et de traitement formalisé, le transfert d’expertise débute. Plusieurs méthodologies qualitatives et quantitatives permettent de tester la technologie et de la généraliser au système de protection de la jeunesse et à ceux qui prodiguent des soins. La télépsychiatrie, la formation à l’université et la collaboration avec des centres de formation figurent parmi les mécanismes de transfert d’expertise. La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 62 Comprehensive Assessment and Training Services (CATS) Objectif Déterminer et traiter les besoins des enfants maltraités et ceux de leur famille. Développer des évaluations complètes. Appliquer les meilleures pratiques. Clientèle Enfants maltraités de 0 à 5 ans et leur famille. Philosophie Plusieurs théories. Interactions individuelles, dyadiques, familiales et systémiques. Réponses adaptatives et non adaptatives à la maltraitance. Modèle opérationnalisable et testable. Approche théorique Coping theory. Trauma theory. Théorie de l’attachement. Modèle transactionnel de la psychopathologie développementale. Équipe Multidisciplinaire : travailleurs sociaux, psychiatres, pédiatres, infirmières psychiatriques et psychologues. Évaluation clinique Approche motivationnelle à l’admission initiale. Interactions parent–enfant (vidéo, observations). Entrevue semi-structurée (Working Model of the Child Interview) : représentation que le parent se fait de la relation avec son enfant. Autres mesures : auto-administrées, inventaires, Child Behavior Checklist et entrevues structurées. Rédaction d’un rapport final de l’évaluation. Intervention Relations d’attachement, environnement social de l’enfant. Renforcer les parents, les assister dans l’adoption de comportements appropriés, les encourager, leur fournir des occasions d’apprentissage par l’expérience, etc. Défis et préoccupations Au début, les demandes ont excédé les capacités du programme puis, il y a eu ajustement. Efficacité Méthodologie rigoureuse, évaluation du processus, contrôle de la fidélité. Infrastructure de recherche développée afin d’évaluer, de tester et de raffiner le programme en plus de mieux comprendre la maltraitance. Transfert des connaissances Télépsychiatrie, formation à l’université, collaboration avec des centres de formation. La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 63 Foster Care Team (FCT) INSPIRÉ DE L’ARTICLE – HELLER, S.S. ▪ A.T. SMYKE ▪ N.W. BORIS (2002). « Very Young Foster Children and Foster Families : Clinical Challenges and Interventions ». Infant Mental Health Journal, 23 (5), 555–575. BRÈVE DESCRIPTION Les auteurs présentent un programme innovateur à l’intérieur duquel une équipe FCT (Foster Care Team) évalue et traite les jeunes enfants de moins de quatre ans en famille d’accueil. Le soutien aux familles d’accueil constitue également l’un des points de mire importants de ce programme. Il s’agit en fait d’un programme complémentaire au Infant Mental Health Program, tel que décrit par ZEANAH et LARRIEU (1998)1. OBJECTIF L’équipe « famille d’accueil » (Foster Care Team) vise deux objectifs principaux : 1. Répondre aux besoins développementaux et comportementaux multiples et complexes des enfants en famille d’accueil. 2. Maintenir des placements stables, c’est-à-dire fournir du soutien aux familles d’accueil avant que les problèmes deviennent si intenses que le retrait de l’enfant soit demandé. CLIENTÈLE Le programme est destiné aux enfants de moins de quatre ans placés en famille d’accueil et qui présentent des problématiques complexes et multiples. Il s’adresse également aux parents d’accueil. PHILOSOPHIE Les membres de l’équipe FCT travaillent en étroite collaboration avec les cliniciens d’un autre programme (ZEANAH et LARRIEU, 1998) qui s’attarde davantage à servir les familles biologiques. Pour sa part, le programme FCT met une emphase particulière sur le soutien aux familles d’accueil en fonction des difficultés rencontrées par celles-ci : faire affaire avec les différents systèmes concernant l’enfant (exemples : médical, éducation, santé mentale), négocier avec le système légal et le système de la protection de la jeunesse, faire face aux problèmes de comportement des enfants, composer avec les demandes inhérentes au rôle de parent d’accueil, etc. L’équipe FCT aide donc les familles d’accueil à naviguer à travers les différents systèmes qui touchent l’enfant et à composer avec les demandes et les exigences du rôle de parent d’accueil. ÉQUIPE L’équipe FCT est dirigée par un psychologue du développement. 1 Voir la description du programme suivant dans cette section. La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 64 ÉVALUATION CLINIQUE L’équipe évalue le développement de chaque enfant (exemples : social, émotif, cognitif, langage, moteur) et, si nécessaire, procède à la passation de tests. Elle évalue également la famille d’accueil. Un psychologue développemental dirige les membres de l’équipe FCT et forme ces derniers à différentes techniques d’entrevue et d’observation. L’évaluation comprend plusieurs sources d’information et est réalisée grâce à des sessions d’observation formelles et informelles ainsi qu’à des mesures structurées (exemple : Child Behavior Checklist). INTERVENTION L’équipe FCT coordonne le traitement par rapport aux différents problèmes spécifiques rencontrés. Les stratégies d’intervention préconisées sont : la gestion de cas et les techniques de gestion comportementale, les groupes de soutien et d’éducation pour les parents d’accueil ainsi que les groupes de jeu parents d’accueil/enfant. Si la thérapie de groupe et les techniques comportementales s’avèrent inefficaces, on adopte une thérapie basée sur l’Interaction Guidance. Voici une brève description de chacune de ces interventions. Gestion de cas et de comportement Dans certains cas, des références peuvent être faites à des spécialistes (exemple : du langage). Généralement, l’équipe FCT travaille de concert avec les parents d’accueil afin de développer des techniques comportementales pour faire face aux problèmes de comportement des enfants. Pour les enfants âgés de moins de 18 mois, on demande aux parents d’accueil de tenir un journal de bord qui facilite la compréhension des difficultés présentes. Une fois le journal de bord rempli, un programme comportemental sous forme de système étoilé est mis sur pied. Ainsi, l’enfant est récompensé lorsqu’il obtient un nombre prédéterminé d’étoiles durant la semaine. Au fur et à mesure que l’enfant progresse, il doit acquérir un nombre d’étoiles plus élevé afin d’obtenir une récompense. Bien qu’elle ne remplace pas la thérapie, cette intervention comportementale facilite la relation enfant–parents d’accueil. Notamment, les parents d’accueil développent plus de sympathie à l’égard des enfants. Groupe de soutien et d’éducation pour les parents d’accueil Ce groupe de soutien fonctionne sur une base volontaire et donne droit à des crédits de formation. Le groupe se déroule pendant huit à dix semaines et chaque session dure environ 60 à 90 minutes ; on compte un maximum de dix parents d’accueil par groupe. Les thématiques abordées varient en fonction des sujets d’intérêt des participants (exemples : discipline sans punition corporelle, tempérament, comportements suicidaires, TDAH, homosexualité). Par ailleurs, un autre groupe a été développé pour les familles d’accueil au sein desquelles les observations ont révélé peu de jeux à la maison. Ce groupe de jeu parents d’accueil/enfant dure huit semaines et compte environ cinq dyades. D’une durée de 60 à 90 minutes, les sessions visent à démontrer aux parents d’accueil l’importance du jeu. Interaction Guidance Cette intervention s’adresse plus particulièrement aux familles d’accueil difficiles à traiter. Son objectif est de guider les parents d’accueil dans leur rôle à prendre soin de l’enfant de manière positive. Elle mise d’abord sur les forces et les compétences des parents d’accueil. L’équipe FCT aide également le parent à comprendre l’enfant et à l’enjouer. L’intervention La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 65 peut concerner la perception du parent à l’égard de l’enfant ainsi que l’interaction entre ces derniers. DÉFIS ET PRÉOCCUPATIONS Deux préoccupations d’ordre clinique ont influencé le travail de l’équipe FCT. D’abord, puisque les familles d’accueil ne sont pas mandatées pour adhérer à ce programme, il se peut fort bien qu’elles ne considèrent pas avoir besoin d’une telle intervention clinique. Ensuite, l’équipe a pris conscience du temps considérable que plusieurs enfants passent dans des garderies de qualité médiocre, ce qui a un impact négatif sur le développement et l’attachement de ces jeunes enfants. EFFICACITÉ Aux dires des auteurs, ce programme a permis d’influencer la manière dont les services de protection de la jeunesse et ceux de la Cour répondent aux besoins des jeunes enfants en famille d’accueil ainsi qu’à ceux de leurs parents d’accueil. Ces systèmes seraient donc devenus plus sensibilisés et intéressés à développer une meilleure compréhension des besoins particuliers de ces enfants et de leur famille d’accueil. 66 La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement Foster Care Team (FCT) Objectif Répondre aux besoins développementaux et comportementaux multiples et complexes des enfants en famille d’accueil. Maintenir des placements stables en fournissant du soutien aux familles d’accueil. Clientèle Enfants de moins de 4 ans placés en famille d’accueil. Parents d’accueil. Philosophie Programme complémentaire au Infant Mental Health Program (ZEANAH et LARRIEU, 1998). Emphase sur le soutien aux familles d’accueil. Approche théorique Aucun renseignement. Équipe Équipe « famille d’accueil » (Foster Care Team) dirigée par un psychologue du développement. Évaluation clinique De l’enfant et de la famille d’accueil. Plusieurs sources d’information. Sessions d’observation formelles et informelles. Mesures structurées (exemple : Child Behavior Checklist). Intervention Gestion de cas et de comportement. Groupe de soutien et d’éducation pour les parents d’accueil, groupe de jeu parents d’accueil/enfant. Interaction Guidance. Défis et préoccupations La réticence des parents d’accueil à s’embarquer dans le programme. Le temps considérable que plusieurs enfants passent en garderie de qualité médiocre (impact sur le développement et l’attachement). Efficacité Système de protection de la jeunesse et système judiciaire plus sensibles et plus intéressés à mieux comprendre les besoins particuliers de ces enfants et de leur famille d’accueil. Transfert des connaissances Aucun renseignement. La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 67 Infant Mental Health Program (IMHP) INSPIRÉ DE L’ARTICLE – ZEANAH, C.H. ▪ J.A. LARRIEU (1998). « Intensive Intervention for Maltreated Infants and Toddlers in Foster Care ». Child and Adolescent Psychiatric Clinics of North America, 7 (2), 357–371. BRÈVE DESCRIPTION Les auteurs décrivent une intervention intensive (programme) pour les enfants maltraités et leur famille. Une équipe spécialisée en santé mentale chez les enfants (Infant Team) évalue des enfants maltraités et leur famille biologique afin de déterminer ce que ces familles ont besoin pour s’occuper de leur enfant de manière sécuritaire. OBJECTIF Ce programme vise à déterminer le placement le plus approprié pour chaque enfant et à accélérer les procédures afin d’en arriver à un milieu de vie permanent pour l’enfant. CLIENTÈLE Les familles référées à l’équipe comptent au moins un enfant de moins de 4 ans victime d’abus ou de négligence. Environ 50 enfants et leur famille sont suivis chaque année. PHILOSOPHIE Il est important de découvrir et d’utiliser les forces des parents, des enfants et de la famille comme un tout pour l’intervention. ÉQUIPE Une équipe multidisciplinaire (Infant Team) est composée de personnes qui possèdent une expérience particulière en santé mentale chez les enfants : psychiatres, psychologues cliniques et du développement, travailleurs sociaux et para-professionnels. L’équipe travaille en collaboration avec une variété de systèmes (exemples : justice, protection, éducation, santé, santé mentale) pour l’évaluation et le traitement des enfants et de leur famille biologique. Elle évalue donc les enfants maltraités ainsi que leur famille naturelle afin de déterminer ce que ces familles ont besoin pour s’occuper de manière sécuritaire de leur enfant. Elle offre également des services pour répondre aux besoins des parents biologiques. Dans la même lignée, un partenariat avec une faculté universitaire (stagiaires) et une agence dans la communauté facilite la coordination et l’intégration des services appropriés pour les familles. ÉVALUATION CLINIQUE Il importe d’évaluer les facteurs de risque qui prédisent le récidivisme en maltraitance. Il en va de même pour l’attachement, ainsi que les patrons de relation entre les parents et l’enfant. L’expérience subjective des parents est évaluée grâce à la manière dont ceux-ci parlent de leur La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 68 enfant et par la qualité d’organisation de leur discours. En ce qui a trait à l’expérience subjective de l’enfant, elle doit être inférée par les cliniciens. Les principales techniques d’évaluation sont : une revue de la documentation écrite, des visites à domicile, une entrevue clinique initiale, la procédure d’interactions parent–enfant, une entrevue de perception du parent, l’histoire familiale ainsi que d’autres évaluations auxiliaires. Le lecteur intéressé pourra se référer à l’article pour de plus amples détails. Une fois les différentes évaluations terminées, celles-ci sont discutées ouvertement avec le personnel de la protection de la jeunesse. Une conférence tenue par l’équipe de l’enfant permet ensuite de formuler des recommandations pour que l’enfant puisse retourner de manière sécuritaire dans sa famille. Ces recommandations sont finalement incluses dans un rapport final d’évaluation. INTERVENTION La plupart des familles sont engagées dans une forme quelconque de psychothérapie qui implique également leur enfant. Rappelons que plusieurs parents biologiques ont eux-mêmes vécus de la maltraitance au cours de leur jeunesse. L’intervention peut s’étendre de 3 à 18 mois et comporte diverses techniques. Ces techniques incluent le groupe d’interactions mère–enfant, la psychothérapie parent–enfant, la psychothérapie individuelle avec l’enfant ainsi que les thérapies d’appoint. Le groupe d’interaction mère–enfant permet d’explorer de quelle façon l’expérience antérieure des mères influence les interactions actuelles avec leur enfant. Ces mères sont encouragées à intégrer les patrons de sentiments, de croyances et de comportements afin d’augmenter leur capacité d’introspection et de mieux comprendre les besoins de leur enfant. En psychothérapie parent–enfant, la mère et l’enfant sont rencontrés ensemble, avec une attention particulière portée sur les liens qui existent entre l’expérience antérieure de la mère et son rôle de mère actuel. L’observation d’interactions avec l’enfant et le visionnement de vidéos permettent d’apprécier les réponses affectives de la mère et de mettre en évidence les comportements parentaux positifs. Face à certaines problématiques des parents (exemples : maladies mentales, abus de substances, style de relation conflictuel), une psychothérapie individuelle ou de couple peut s’avérer utile. Enfin, des thérapies d’appoint par d’autres agences sont parfois nécessaires pour renforcer le fonctionnement de la famille (exemples : traitement pour consommation de substances, services d’éducation spécialisée, médiation). DÉFIS ET PRÉOCCUPATIONS Un des défis inhérents à ce programme consiste à trouver le juste équilibre entre les besoins de l’enfant, les droits des parents à l’autonomie familiale et l’intérêt de l’État en tant que protecteur des enfants. De plus, il est difficile d’établir une alliance thérapeutique avec des parents à qui on ne peut promettre une confidentialité et qui ne recherchent pas nécessairement d’aide. Dans ce contexte, il convient de contrer rapidement les défenses des parents et de se montrer vigilant quant aux réactions de contre-transfert possible, c’est-à-dire une sur-identification à l’enfant ou, au contraire, aux parents. Enfin, les cliniciens peuvent se sentir frustrés et incompétents, d’où l’importance pour les membres de l’équipe de se soutenir mutuellement. EFFICACITÉ En trois ans, seulement une famille du programme a récidivé en maltraitant à nouveau son enfant. La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 69 Infant Mental Health Program (IMHP) Objectif Déterminer le placement le plus approprié pour chaque enfant. Accélérer les procédures afin d’arriver à un milieu de vie permanent pour l’enfant. Clientèle Enfants de moins de 4 ans victimes d’abus ou de négligence par leurs parents. Parents biologiques. Philosophie Découvrir et utiliser les forces des parents, des enfants et de la famille comme un tout pour l’intervention. Approche théorique Aucun renseignement. Équipe Équipe multidisciplinaire spécialisée en santé mentale (psychiatres, psychologues cliniques et du développement, travailleurs sociaux et paraprofessionnels). Collabore avec plusieurs systèmes (justice, protection, éducation, santé et santé mentale). Évalue et traite les enfants maltraités et leur famille. Évaluation clinique Facteurs de risque qui prédisposent au récidivisme en maltraitance, attachement, patrons de relation entre les parents et l’enfant, expérience subjective des parents et de l’enfant. Revue de la documentation écrite, visites à domicile, entrevue clinique initiale, procédure d’interaction parents–enfant, entrevue de perception du parent, histoire familiale, autres. Intervention De 3 à 18 mois. Groupe d’interactions mère–enfant. Psychothérapie parent–enfant. Psychothérapie individuelle avec les parents. Thérapies d’appoint. Défis et préoccupations Trouver l’équilibre entre les besoins de l’enfant, les droits des parents et l’intérêt de l’État en tant que protecteur des enfants. Difficile d’établir une alliance thérapeutique avec les parents. Sentiments de frustration et d’incompétence chez les cliniciens. Efficacité En trois ans, seulement une famille du programme a récidivé (maltraitance). Transfert des connaissances Aucun renseignement. La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 71 Oregon Early Intervention Program (OEIP) INSPIRÉ DE L’ARTICLE – FISHER, P.A. ▪ H. ELLIS ▪ P. CHAMBERLAIN (1999). « Early Intervention Foster Care : A Model for Preventing Risk in Young Children Who Have Been Maltreated ». Children’s Services : Social Policy, Research, and Practice, 2 (3), 159–182. BRÈVE DESCRIPTION Le OEIP constitue un programme d’intervention précoce pour de jeunes enfants maltraités d’âge préscolaire qui sont accueillis en famille d’accueil de traitement (Foster Care Team) ; il implique également les parents d’accueil et les parents naturels de l’enfant. OBJECTIF On vise le placement d’enfants en famille d’accueil de traitement afin d’intervenir précocement sur les troubles de comportement et de la conduite, les difficultés de régulation émotionnelle et les retards de développement. CLIENTÈLE Le programme s’adresse à des jeunes maltraités d’âge préscolaire. PHILOSOPHIE Ce programme s’appuie sur la capacité de la famille biologique et de la famille d’accueil à exercer un effet médiateur sur les difficultés de l’enfant par l’entremise de pratiques parentales adéquates (exemples : engagement, monitoring, discipline consistante, renforcement positif). ÉQUIPE Une équipe multidisciplinaire de traitement (intervenant précoce, parents d’accueil formés, consultant pour parents d’accueil, thérapeute familial et superviseur clinique) veille à la mise sur pied d’un plan de traitement général incluant les trois dimensions susmentionnées (problèmes de comportement, régulation émotionnelle et retards développementaux). Il est à noter que le nombre de cas suivis par chaque membre de l’équipe est relativement petit (environ 15). INTERVENTION À prime abord, les parents d’accueil reçoivent une formation pré–service intensive. Suite au placement de l’enfant, ils bénéficient d’une supervision et d’un soutien par le biais de contacts téléphoniques, de visites hebdomadaires à domicile par un parent d’accueil consultant, et d’un service d’intervention de crise accessible 24 heures sur 24. Le OEIP propose aux parents d’accueil des interventions afin de gérer les difficultés de l’enfant et voire même, d’y remédier. En ce qui a trait aux problèmes de comportement, la famille d’accueil apprend à fournir un environnement stable à l’enfant dans lequel on trouve de la consistance, des attentes claires, des renforcements positifs pour les comportements prosociaux, ainsi que des conséquences La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 72 appropriées pour les comportements inadéquats. Grosso modo, il s’agit de trouver un juste équilibre entre l’encouragement de comportements positifs et l’imposition de limites face aux problèmes de comportement. Ces principes s’appliquent également pour les difficultés de régulation émotionnelle de l’enfant. Sur le plan des retards développementaux, l’intervention se base sur des activités structurées et semi-structurées (activity-based interventions) et l’environnement est organisé afin de maximiser les opportunités de pratique des habiletés particulières. À titre d’exemple, des jeux de rôle entre les parents d’accueil et l’enfant permettent de développer les habiletés développementales plus problématiques selon les sphères de fonctionnement (exemple : apprendre à avoir l’attention d’un adulte de manière appropriée). En outre, les enfants bénéficient des services d’un spécialiste du comportement qui travaille au préscolaire, à la garderie et à la maison. S’ajoute à ces services, un programme hebdomadaire de thérapie par le jeu. Lorsque c’est possible, un thérapeute familial intervient auprès de la famille biologique afin de lui enseigner les mêmes habiletés parentales que celles utilisées par les parents d’accueil dans le programme. Ainsi, cela permet une généralisation des gains du traitement et facilite le processus de réunification. EFFICACITÉ Une étude a comparé trois groupes, soit dix participants au programme OEIP, dix participants en famille d’accueil régulière et dix participants de la communauté (groupe de comparaison). Les résultats se sont traduits par l’adoption et le maintien de stratégies parentales positives chez les parents d’accueil du groupe OEIP. De plus, les enfants de ce même groupe se sont améliorés sur le plan comportemental. La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 73 Oregon Early Intervention Program (OEIP) Objectif Placement en famille d’accueil de traitement (Treatment Foster Care) afin d’intervenir précocement sur les troubles de comportement et de la conduite, les difficultés de régulation émotionnelle et les retards de développement chez l’enfant. Clientèle Jeunes maltraités d’âge préscolaire. Parents d’accueil et parents naturels. Philosophie Les pratiques parentales dans la famille biologique et dans la famille d’accueil (exemples : engagement, monitoring, discipline consistante, renforcement positif) ont un effet médiateur sur les facteurs de risque. Approche théorique Équipe Évaluation clinique Intervention Défis et préoccupations Efficacité Transfert des connaissances Aucun renseignement. S’appuie sur les forces d’une équipe multidisciplinaire. Équipe de traitement : intervenant précoce, parents d’accueil formés, consultant pour parents d’accueil, thérapeute familial, superviseur clinique. Le nombre de cas pour chaque membre de l’équipe est relativement petit (environ 15). Aucun renseignement. Formation pré–service intensive des parents d’accueil. Après le placement : supervision et soutien par le biais de contacts téléphoniques, de visites hebdomadaires à domicile par un parent d’accueil consultant, de groupe de soutien une fois par semaine et d’un service d’intervention de crise 24 heures sur 24. Trois dimensions intégrées dans un plan de traitement général : problèmes de comportement, retards développementaux et régulation émotionnelle. Jeux de rôle entre parents d’accueil et enfant. Groupe de thérapie par le jeu. Travail auprès de la famille biologique afin de généraliser les gains du traitement et de faciliter le processus de réunification. Aucun renseignement. Une étude a démontré que les parents d’accueil du OEIP ont adopté et maintenu des stratégies parentales positives. De plus, les enfants de ce groupe ont connu une amélioration sur le plan comportemental. Aucun renseignement. La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 75 Oregon Multidimensional Treatment Foster Care (OMTFC) INSPIRÉ DE L’ARTICLE – CHAMBERLAIN, P. (2003). « The Oregon Multidimensional Treatment Foster Care Model : Features, Outcomes, and Progress in Dissemination ». Cognitive and Behavioral Practice, 10 (4), 303-312. BRÈVE DESCRIPTION Le Oregon Multidimensional Treatment Foster Care (OMTFC) a été développé comme une alternative aux foyers de groupe et aux centres de réadaptation pour les jeunes délinquants avec des problèmes émotionnels et comportementaux sévères. Les placements se font en familles d’accueil formées spécialement pour cette clientèle et toute une équipe de traitement soutient la démarche. OBJECTIF L’objectif consiste à implanter une intervention coordonnée dans tous les endroits significatifs en lien avec le jeune en difficulté. Cette intervention tente de créer un soutien et des opportunités afin que ce jeune puisse vivre une expérience de vie positive en communauté. De plus, le programme vise à préparer les parents, les proches et/ou les autres ressources à exercer les habiletés et à utiliser les méthodes qui vont permettre au jeune de maintenir les gains acquis au cours de son placement en OMTFC, lors de son retour à la maison. CLIENTÈLE Le OMTFC s’adresse aux jeunes délinquants qui présentent des troubles émotionnels et de comportement sévères. Typiquement, les références au OMTFC sont précédées d’échecs de placement dans d’autres types de ressources (exemples : foyers de groupe ou centres de réadaptation). Ces jeunes ont souvent des liens avec le système de justice juvénile. ÉQUIPE L’une des caractéristiques distinctives de ce modèle repose sur une équipe de traitement à l’intérieur de laquelle les rôles et les fonctions du personnel sont clairement séparés, stratifiés et définis. Ainsi, il existe peu de juxtaposition entre les différentes responsabilités des membres du personnel. De manière plus spécifique, l’équipe est formée de familles d’accueil OMTFC, d’un superviseur de programme, d’un thérapeute individuel pour le jeune, d’un thérapeute familial, de parents d’accueil formateurs, recruteurs et « téléphonistes » ainsi que d’un spécialiste du comportement. Le rôle de chaque acteur est clairement décrit dans l’article. INTERVENTION Les interventions de ce programme se basent sur plusieurs méthodes (exemples : thérapie familiale et individuelle, formation pour le développement d’habiletés spécifiques, soutien La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 76 académique) et se déroulent dans différents endroits. Ils impliquent les jeunes, leur famille biologique ainsi que les familles d’accueil. Généralement, les placements en OMTFC sont d’une durée relativement courte, soit de 6 à 9 mois. Dès le début du placement, un travail est amorcé auprès des parents du jeune afin de préparer la vie post-OMTFC, c’est-à-dire lorsque l’enfant retournera à la maison. Les quatre éléments clés ciblés par l’intervention sont : 1. Fournir au jeune un environnement renforçant et consistant à l’intérieur duquel il est guidé et encouragé. 2. Imposer des limites ainsi qu’une structure claire en ayant soin d’appliquer des conséquences spécifiées à l’avance. 3. Assurer une supervision étroite du jeune. 4. Éviter les associations entre des jeunes du programme OMTFC et des pairs déviants, et aider les jeunes du programme à développer les habiletés nécessaires afin de développer des relations avec des pairs davantage prosociaux. Le programme porte une attention particulière, sur une base quotidienne, au progrès du jeune et aux problèmes qu’il rencontre à la maison OMTFC et à l’école. Plusieurs données sont amassées à chaque jour afin de suivre l’évolution du jeune et d’ajuster l’intervention en conséquence. Les parents d’accueil jouissent de contacts téléphoniques quotidiens avec le personnel du programme afin d’évaluer leur niveau de stress et de s’ajuster en conséquence. Les superviseurs du programme ont un petit nombre de dossiers (environ dix jeunes et leur famille) et sont disponibles 24 heures sur 24 (téléphone) pour les parents d’accueil du OMTFC, pour les parents biologiques ainsi que pour les proches. Ces superviseurs organisent deux réunions par semaine, soit une avec les parents d’accueil du OMTFC et une autre servant de supervision clinique et regroupant les thérapeutes familial et individuel. DÉFIS ET PRÉOCCUPATIONS Lors de l’implantation initiale du modèle, certains défis ont dû être relevés. Parmi ceux-ci figurent le recrutement d’un bassin suffisant de parents d’accueil qualifiés, le jumelage adéquat entre la famille d’accueil et l’enfant, le travail d’équipe, ainsi que la coopération entre les parents d’accueil et le personnel de l’équipe. Plus globalement, certaines barrières peuvent nuire à une implantation réussie du programme. Par exemple, il peut exister un manque d’engagement pour désigner une équipe dont la responsabilité première est d’implanter le modèle OMTFC. De plus, certains agents référents (exemple : probation) doutent que de sévères délinquants puissent être placés en famille d’accueil ou fréquenter l’école publique de manière sécuritaire. Enfin, le mélange de fonds en provenance de différentes agences peut créer une compétition ou une confusion quant aux attentes de ces dernières. EFFICACITÉ L’efficacité du modèle OMTFC a été comparée à un traitement « régulier » pour une population de jeunes hospitalisés. Les jeunes dans le groupe OMTFC sont sortis de l’hôpital significativement plus rapidement et plus souvent que ceux du groupe contrôle. Ces mêmes jeunes ont également été davantage placés en milieu de vie de type familial et ont démontré moins de problèmes de comportement que leurs pairs du groupe contrôle. D’autre part, lorsqu’appliqué à des familles d’accueil régulières, le programme a entraîné une baisse des échecs de placement, La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 77 une baisse des problèmes de comportement des enfants ainsi qu’une diminution du nombre de familles d’accueil qui abandonnent leur mandat. Enfin, une étude a démontré que le programme OMTFC entraînait une diminution des fugues, une augmentation du nombre de jeunes qui complètent leur programme, ainsi qu’une baisse du nombre de jours incarcérés. Ajoutons finalement que les coûts du programme semblent avantageux par rapport à d’autres programmes. TRANSFERT DES CONNAISSANCES Plusieurs séminaires ont été réalisés afin de faire connaître ce modèle qui a d’ailleurs été implanté à divers endroits aux États-Unis. La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 78 Oregon Multidimensional Treatment Foster Care (OMTFC) Objectif Implanter une intervention coordonnée dans tous les endroits significatifs pour le jeune. Soutien et opportunités en familles d’accueil OMTFC. Préparation des parents biologiques au retour de l’enfant. Clientèle Jeunes délinquants qui présentent des troubles émotionnels et de comportement sévères. Philosophie Aucun renseignement. Approche théorique Aucun renseignement. Équipe Évaluation clinique Équipe de traitement dont les rôles sont clairement divisés. Composition de l’équipe : familles d’accueil OMTFC, superviseur de programme, thérapeute individuel pour le jeune, thérapeute familial, parents d’accueil formateurs, recruteurs et « téléphonistes », spécialiste du comportement. Aucun renseignement. Intervention Plusieurs méthodes : thérapie familiale et individuelle, formation pour le développement d’habiletés spécifiques, soutien académique. Placements en OMTFC = de 6 à 9 mois. Travail auprès des parents afin de préparer la vie post-OMTFC. Cibles de l’intervention : Fournir au jeune un environnement renforçant et consistant. Imposer des limites et une structure claire. Superviser étroitement le jeune. Éviter les contacts avec des pairs déviants et faciliter les relations avec des pairs davantage prosociaux. Service de soutien téléphonique accessible 24 heures sur 24. Défis et préoccupations Recrutement d’un bassin suffisant de parents d’accueil qualifiés, jumelage adéquat entre la famille d’accueil et l’enfant, travail d’équipe et coopération entre les parents d’accueil et le personnel de l’équipe, réticence à placer des délinquants en milieu familial. Efficacité Trois études réalisées dans différents contextes (hôpital, familles d’accueil régulières, justice juvénile) indiquent des améliorations chez les jeunes du programme OMTFC. Transfert des connaissances Séminaires pour faire connaître le programme. Implantation du programme ailleurs aux États-Unis. La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 79 Pressley Ridge Youth Development Extension (PRYDE) Treatment Foster Care Program INSPIRÉ DES SITES INTERNET – H.B. MAYNARD AND COMPANY, INC. (page consultée le 25 juillet 2005). Pressley Ridge Case Study. Maynard Gets Results : Maynard Helps Pressley Ridge Map Out Improvement Changes. [En ligne]. Adresse URL : http://www.hbmaynard.com/CaseStudies / – PRESSLEY RIDGE (page consultée le 4 août 2005). Who we are. [En ligne]. Adresse URL : http://www.pressleyridge.org /whoweare / BRÈVE DESCRIPTION Pressley Ridge Youth Development Extension (PRYDE) comprend un modèle de famille d’accueil thérapeutique qui vient en aide aux enfants présentant des difficultés émotionnelles importantes et/ou des troubles de comportement. Ce programme soutient également les familles de ces enfants. OBJECTIF La mission du programme PRYDE est de servir les enfants souffrant de problèmes émotionnels sévères en les accueillant dans des familles d’accueil de traitement (Treatment Foster Homes) hautement structurées. CLIENTÈLE La priorité est donnée aux enfants présentant des diagnostics de troubles mentaux, de troubles de comportement sévères ainsi que de difficultés sur le plan émotif, et qui nécessitent un traitement en hébergement. Le programme soutient aussi leur famille biologique. PHILOSOPHIE Le programme adhère au principe qu’un environnement familial chaleureux et soutenant représente le moyen le plus efficace afin de changer les comportements problématiques des enfants. Plus spécifiquement, six valeurs centrales sont prônées : 1. L’idéalisme : Relever les défis les plus difficiles, développer des approches innovatrices et croire au potentiel de chaque jeune en tentant le plus possible de l’actualiser. 2. L’importance des relations : Bâtir une relation de respect et de confiance avec les enfants et leur famille. Selon cette valeur, il faut croire au potentiel de changement en s’appuyant sur les forces de chacun. 3. La joie dans le travail : Considérant le travail difficile à réaliser, il importe d’en retirer un certain plaisir et de s’amuser autant que possible. La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 80 4. La ré-éducation : Cette valeur inclut diverses dimensions telles que l’importance d’un environnement normatif pour l’enfant, l’implication des proches de l’enfant dans le traitement, la compréhension d’un symptôme comme dysfonctionnement de l’écosystème, etc. 5. La qualité : Le programme vise les meilleurs services possibles et procède constamment à des évaluations afin de déterminer son impact sur les enfants et leur famille. 6. Les « enseignants et les élèves » : Il faut concevoir le programme comme une « école » où des « enseignants » (personnel) apprennent à des « élèves » (enfants en difficulté et leur famille) les habiletés et les connaissances nécessaires pour s’en sortir. APPROCHE THÉORIQUE La compréhension d’une problématique s’appuie sur une approche écosystémique. Le programme demeure également ouvert à des approches moins traditionnelles. ÉQUIPE À l’intérieur de ce programme, le travail d’équipe est fortement préconisé. Les décisions de traitement sont prises par des « enseignants–conseillers » qualifiés. Ces derniers sont soutenus par des médecins, psychologues, psychiatres, thérapeutes, travailleurs sociaux, et autres experts, tous membres de l’équipe à part égale. ÉVALUATION CLINIQUE Pour être admis dans une famille d’accueil PRYDE, l’enfant doit être référé. Les demandes de services proviennent de différentes sources telles que les départements de services sociaux, les départements de santé mentale ou le système de justice juvénile. Par la suite, l’enfant est diagnostiqué au cours du processus d’admission au programme. INTERVENTION Durant un placement dans une famille d’accueil PRYDE, chaque enfant demeure en contact avec sa famille biologique, et ce, même si la réunification n’est pas envisageable. Lorsque les parents biologiques perdent leurs droits parentaux, le programme tend vers une adoption par la famille PRYDE. La famille d’accueil de traitement agit à titre d’agent de changement pour l’enfant. Elle lui enseigne les habiletés et les connaissances pour surmonter ses difficultés. Afin de rencontrer les besoins spécifiques de chaque enfant, un plan d’intervention individualisé est développé en collaboration avec le personnel du programme, les parents d’accueil de traitement, et d’autres membres de l’équipe de traitement. Il est à noter que ce plan d’intervention est révisé et modifié lorsque nécessaire. DÉFIS ET PRÉOCCUPATIONS L’expansion rapide de PRYDE a entraîné certaines inconsistances dans le programme. Par exemple, à un certain moment, le processus d’évaluation des parents d’accueil pouvait varier considérablement d’un endroit à l’autre. Le modèle a donc été revu afin de le standardiser davantage. La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 81 EFFICACITÉ est reconnu comme un modèle national par le National Institute of Mental Health. Un système d’évaluation permet d’évaluer les impacts de ce modèle et ce, jusqu’à deux ans suivant l’arrêt des services par PRYDE. PRYDE TRANSFERT DES CONNAISSANCES Le programme partage ses résultats avec d’autres organismes afin que ceux-ci améliorent la qualité de leurs services. À l’heure actuelle, plusieurs programmes de famille d’accueil de traitement PRYDE existent à travers les États-Unis, au Canada et en Europe. La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 82 Pressley Ridge Youth Development Extension (PRYDE) Treatment Foster Care Program Objectif Accueillir des enfants souffrant de problèmes émotionnels sévères et/ou de troubles de comportement en famille d’accueil de traitement. Clientèle Enfants présentant des diagnostics de troubles mentaux, de troubles de comportement sévères et de difficulté sur le plan émotif. Leur famille biologique. Philosophie Valeurs centrales : l’idéalisme, l’importance des relations, la joie dans le travail, la ré-éducation, la qualité, les « enseignants et les élèves ». Approche théorique Approche écosystémique. Ouverture à des approches moins traditionnelles. Équipe « Enseignants / conseillés ». Médecins. Psychologues. Psychiatres. Thérapeutes. Travailleurs sociaux. Évaluation clinique Diagnostic réalisé au cours du processus d’admission. Intervention Contact avec la famille biologique. Famille d’accueil de traitement agit à titre d’agent de changement pour l’enfant (enseignement d’habiletés et de connaissances). Plan d’intervention individualisé pour chaque enfant. Défis et préoccupations Manque de standardisation du modèle ; a été revu. Efficacité Reconnu comme un modèle national par le National Institute of Mental Health. Un système d’évaluation permet d’évaluer les impacts de ce modèle. Transfert des connaissances Partage des résultats avec d’autres organismes. PRYDE existe maintenant aux États-Unis, au Canada et en Europe. La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 83 Programme de jour préscolaire INSPIRÉ DE L’ARTICLE – HARMON, R.J. ▪ K.A. FRANKEL (1997). « The Growth and Development on an Infant Mental Health Program : An Integrated Perspective ». Infant Mental Health Journal, 18 (2), 126–134. BRÈVE DESCRIPTION Le programme de jour préscolaire s’inscrit à l’intérieur d’un programme plus large en santé mentale : le programme clinique et de formation en santé mentale infantile. Ce vaste programme datant de 1976 est offert dans différents sites affiliés à l’École de médecine de l’Université du Colorado : l’unité néonatale de soins intensifs, la clinique externe de psychiatrie infantile et les programmes de traitement de jour. Nous retiendrons pour les fins du présent résumé le programme de jour préscolaire. OBJECTIF Ce programme vise à évaluer et à traiter des enfants de 4 ans et moins présentant des problématiques de santé mentale ainsi que leur famille. Il offre également de la formation à des stagiaires dans les domaines de la psychologie, du service social et de la psychiatrie. CLIENTÈLE Le programme s’adresse à de jeunes enfants de 4 ans et moins abusés physiquement et/ou sexuellement et négligés. La plupart de ces enfants proviennent de classes socio-économiques inférieures et sont hébergés en famille d’accueil. Les familles naturelles bénéficient également d’un suivi par l’équipe de traitement. PHILOSOPHIE La philosophie du programme global (programme clinique et de formation en santé mentale infantile) s’appuie sur la croyance que la santé mentale de l’enfant est une construction relationnelle qui commence avec la transition vers la maternité et la paternité. Le programme évalue et traite ainsi les futurs parents aussi bien que les enfants (de moins de 4 ans) et leur famille. L’instauration du programme de jour préscolaire fait suite à une prise de conscience eu égard à l’insuffisance des interventions en externe afin de traiter adéquatement les enfants affichant des problématiques sévères. APPROCHE THÉORIQUE D’orientation psychodynamique, le programme se base sur une approche développementale et s’appuie sur une perspective systémique familiale. Chaque cas est traité de manière personnalisée et individualisée. La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 84 ÉQUIPE L’équipe de traitement est composée d’un clinicien, d’un psychiatre, d’un psychologue, d’un travailleur social, d’un pédiatre et de professeurs. ÉVALUATION CLINIQUE L’évaluation peut se faire à la clinique externe de psychiatrie infantile ou, encore, directement à l’intérieur du programme de jour préscolaire. INTERVENTION Ce programme dure 4 heures par jour au cours desquelles les enfants prennent part à des activités thérapeutiques et éducationnelles très structurées. La classe est dirigée par un professeur chef, épaulé de deux autres professeurs et de quelques stagiaires ou bénévoles. Le ratio est d’un adulte pour trois enfants. Le programme comprend des activités d’apprentissage préscolaires standard qui visent à favoriser le développement socioémotionnel. On mise particulièrement sur la construction de relations, la promotion de la sécurité et la résolution non violente des conflits. Chaque enfant est assigné à un clinicien et les cas sont revus chaque semaine par toute l’équipe de traitement. Les interventions incluent une psychothérapie individuelle deux fois par semaine, une thérapie familiale–parentale deux fois par mois, une évaluation et une gestion médicale, ainsi qu’une gestion de cas régulière. Le travailleur social de l’équipe assure une liaison régulière avec la famille. La majorité des enfants participent à ce programme durant environ deux ans. DÉFIS ET PRÉOCCUPATIONS Le défi à venir repose sur une expansion des services du programme global (programme clinique et de formation en santé mentale infantile) à des sites non affiliés à l’Université (exemples : communauté et agences). TRANSFERT DES CONNAISSANCES En plus d’offrir des services aux enfants et à leur famille, le programme sert également de lieu de formation pour des stagiaires universitaires de psychologie et de service social ainsi que pour des résidents en psychiatrie. À cet effet, les étudiants de psychologie peuvent notamment se familiariser avec différents tests psychométriques, alors que les résidents de psychiatrie reçoivent une formation en psychopharmacologie. Des cliniciens d’expérience assurent la supervision de ces stagiaires. La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 85 Programme de jour préscolaire Objectif Évaluer et traiter des enfants de 4 ans et moins présentant des problématiques de santé mentale ainsi que leur famille. Former les futurs professionnels dans le domaine de la santé mentale infantile (travailleurs sociaux, psychologues et psychiatres). Clientèle Enfants de 4 ans et moins abusés physiquement et/ou sexuellement et négligés, de classes socio-économiques inférieures, souvent hébergés en famille d’accueil. Leur famille. Philosophie La santé mentale de l’enfant est une construction relationnelle qui commence avec la transition vers la maternité et la paternité. Approche théorique Orientation psychodynamique. Approche développementale. Perspective systémique familiale. Cas traités de manière individualisée et personnalisée. Équipe Clinicien, psychiatre, psychologue, travailleur social, pédiatre, professeurs. Évaluation clinique Peut se faire à la clinique externe de psychiatrie infantile ou à l’intérieur même du programme de jour préscolaire. Intervention 4 heures par jour / activités thérapeutiques et éducationnelles très structurées. Ratio d’un adulte pour trois enfants. Activités d’apprentissage préscolaires standard qui visent le développement socio-émotionnel. Construction de relations, promotion de la sécurité et résolution non violente des conflits. Psychothérapie individuelle deux fois par semaine, thérapie familiale / parentale deux fois par mois, évaluation et gestion médicale, gestion de cas régulière. Durée du programme = environ deux ans. Défis et préoccupations Expansion des services à des sites non affiliés à l’Université (exemples : communauté et agences). Efficacité Transfert des connaissances Aucun renseignement. Lieu de formation pour des stagiaires en psychologie, en travail social et en psychiatrie. Supervision des stagiaires par des cliniciens d’expérience. La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 87 Conclusion Au terme de cet examen des connaissances, plusieurs questions primordiales émergent. Certes, relever le défi d’assurer la réadaptation spécialisée des jeunes éprouvant, outre des problèmes de comportement ou de maltraitance, de sérieux problèmes de santé mentale, impose des prises de position soutenues par de sérieuses réflexions. Tout établissement désireux d’entamer une démarche éclairée devrait donc, dans un premier temps, se pencher sur les questions suivantes et prendre position à leur égard. 1. A priori, les centres jeunesse doivent se demander s’ils acceptent d’endosser la recommandation émise dans le rapport du ministère de la Santé et des Services sociaux à l’effet de se voir confier la responsabilité de la réadaptation spécialisée des jeunes éprouvant, outre des problèmes de comportement ou de maltraitance, de sérieux problèmes de santé mentale. 2. Si oui, la définition de « trouble mental » doit être clarifiée afin d’établir le plus précisément possible ce qu’on entend par « sérieux problèmes de santé mentale ». Ce faisant, il devient impératif de se demander à qui doivent être destinés les services spécialisés d’hébergement en santé mentale, compte tenu que plusieurs jeunes en centre jeunesse ont un diagnostic pédopsychiatrique. Vraisemblablement, une référence vers une ressource spécialisée en santé mentale ne devrait pas se faire en fonction du diagnostic, mais plutôt, en raison des besoins de l’enfant puisque deux enfants ayant le même diagnostic n’ont pas nécessairement les mêmes besoins d’encadrement. 3. Les centres jeunesse doivent également situer cette nouvelle mission de réadaptation spécialisée à travers leurs autres missions. S’agit-il d’abord d’assurer la protection de l’enfant ou de traiter son trouble mental ? Même si ces deux objectifs peuvent converger, ils ne sont pas les mêmes pour autant et, surtout, le temps requis pour leur atteinte n’est sans doute pas le même. Quoi qu’il en soit, il semble que la mission de protection demeure la mission première. 88 La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 4. En outre, la question de l’intégration des jeunes aux prises avec de sérieux problèmes de santé mentale dans des ressources d’hébergement conventionnelles se pose. À cet effet, la mise en place d’un éventail de services allant de l’intégration en hébergement régulier aux ressources spécialisées en santé mentale, en passant par différentes positions intermédiaires (exemples : intégration progressive, intégration partielle, programme individualisé « santé mentale » en hébergement régulier) semble représenter une avenue intéressante. Cependant, en plus d’exister, ces services doivent être disponibles, signifiant que des places puissent demeurer libres, même si d’autres services sont engorgés. 5. Aussi, les centres jeunesse doivent réfléchir à des moyens pour raffermir leur partenariat avec la famille, l’école, les services de première ligne et la pédopsychiatrie. 6. Enfin, il importe de déterminer l’équipement de base nécessaire afin de relever efficacement ce nouveau défi. Pour ce faire, il convient d’établir les ressources financières, matérielles et humaines essentielles au bon fonctionnement du projet. Concluons par la conviction qu’il serait irréaliste de penser pouvoir assumer la réadaptation spécialisée de ces jeunes sans avoir une perspective d’ensemble, c’est-à-dire sans aucune considération pour ce qui se passe en amont et en aval des services offerts par les centres jeunesse. Ainsi, toute cette démarche devrait s’inscrire dans une perspective systémique, globale, intégrée et s’échelonnant sur du long terme. La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux : Organisation des services d’hébergement 89 Références bibliographiques ADAM, D.▪ G. BÉGIN.▪ H. RACINE ▪ S. MÉNARD avec la collaboration de l’équipe scientifique du Centre jeunesse de Québec – Institut universitaire (2005). Le programme transfert des acquis (TDA) : Le placement vu autrement… Québec : Centre jeunesse de Québec – Institut universitaire. ALTSHULER, S.J. (2003). « From Barriers to Successful Collaboration : Public Schools and Child Welfare Working Together ». Social Work, 48 (1), 52–63. AMERICAN PSYCHIATRIC ASSOCIATION [APA] (2003). Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 4e édition, texte révisé (DSM-IV-TR). Paris : Masson. ANDERSON, J.A. 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