Organisation des services d`hébergement en santé mentale

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La protection des jeunes aux prises avec
des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
Mise en page :
Lucille GRONDIN
Illustration :
Micha Hirt
Note :
Dans le présent texte, le masculin est utilisé sans aucune discrimination et dans le seul but d’alléger
le texte.
Tous droits réservés. La traduction et la reproduction totale ou partielle de ce document sont autorisées à la
condition que la source soit mentionnée :
Production :
Centre jeunesse de Québec
Institut universitaire
2915, avenue du Bourg–Royal
BEAUPORT (Québec)
G1C 3S2
Téléphone :
Télécopieur :
(418) 661–6951
(418) 661–5079
Site Internet : centrejeunessedequebec.qc.ca/institut/index.html
Dépôt légal :
4e trimestre 2005
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada
ISBN : 2–921151–79–0
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
Remerciements
La réalisation de ce document est tributaire de plusieurs personnes. Merci à
monsieur RICHARD CLOUTIER et à madame SYLVIE MOISAN pour leurs pistes de réflexion et
leurs précieux commentaires.
Merci également à mesdames SOPHIE ÉMOND, STÉPHANIE FORTIN, ISABELLE
FOURNIER, SOPHIE GRENIER et MÉLISSA VERREAULT pour leur contribution aux résumés des
programmes d’hébergement en santé mentale.
Enfin, un merci particulier à madame LUCIE CAMIRÉ pour son minutieux travail de
révision du texte.
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
Table des matières
PAGE
Introduction ........................................................................................................
1
Organisation des services d’hébergement en santé mentale...........................
5
En faveur d’un hébergement régulier (intégration) .........................................
7
En faveur d’un hébergement spécialisé en santé mentale................................
8
Mission.................................................................................................................
10
Expertise en santé mentale ................................................................................
10
Manque d’experts ............................................................................................
10
Compétences nécessaires.................................................................................
11
Formation.........................................................................................................
12
Rôle des acteurs ...............................................................................................
13
Partenariat ..........................................................................................................
14
Avec la famille.................................................................................................
14
Avec l’école .....................................................................................................
17
Avec les services de première ligne et les services de pédopsychiatrie ..........
19
Interventions .......................................................................................................
21
Programmes prometteurs ..................................................................................
23
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
PAGE
Programmes d’hébergement en santé mentale ................................................
25
Campus des Quatre-Vents ...............................................................................
27
Apprivoiser les différences – Programme d’intervention en santé mentale
et troubles de la conduite .................................................................................
31
Unités de vie pour des jeunes ayant une double problématique de santé
mentale et de trouble grave du comportement.................................................
35
Le Moussaillon — Programme de réadaptation 6–12 ans...............................
39
The Teaching-Family Model (TFM) .................................................................
43
The Sanctuary Model.......................................................................................
47
The Boys Town Residential Treatment Center (BTRTC)..................................
51
Programme de traitement en foyer de groupe..................................................
55
Comprehensive Assessment and Training Services (CATS).............................
59
Foster Care Team (FCT) ...................................................................................
63
Infant Mental Health Program (IMHP)..............................................................
67
Oregon Early Intervention Program (OEIP) ......................................................
71
Oregon Multidimensional Treatment Foster Care (OMTFC) ...........................
75
Pressley Ridge Youth Development Extension (PRYDE) — Treatment
Foster Care Program ........................................................................................
79
Programme de jour préscolaire ........................................................................
83
Conclusion ...........................................................................................................
87
Références bibliographiques..............................................................................
89
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
Introduction
Les problématiques de santé mentale chez les jeunes posent un défi social de taille
aux différents acteurs qui côtoient cette réalité de près ou de loin. En centre jeunesse, la
situation est devenue une source de préoccupation majeure car, outre l’augmentation du
nombre de diagnostics en santé mentale, plusieurs jeunes affichent une constellation de
conduites problématiques. En fait, la co-occurrence de troubles mentaux au sein de cette
population n’est plus l’exception. Par conséquent, la lourdeur et la complexité des situations, de même que l’intensité de la symptomatologie des jeunes qui en souffrent, imposent
un constat clair à plusieurs centres jeunesse de la province : les services destinés à cette
clientèle sont inadéquats, insuffisants et difficiles d’accès.
S’il est vrai que les notions de « santé mentale » et de « trouble mental » varient
selon les époques, les cultures, les milieux et les individus, certains repères servent tout de
même de jalons à une meilleure compréhension de ces concepts. A priori, la santé mentale
s’apprécie grâce à divers indicateurs tels que le niveau de bien-être subjectif, l’exercice des
capacités mentales ainsi que la qualité des relations avec le milieu (BLANCHET, LAURENDEAU,
PAUL et SAUCIER, 1993). Elle réfère à un état d’équilibre psychique d’une personne à un
moment donné (BLANCHET, LAURENDEAU, PAUL et SAUCIER, 1993, p. 7) et peut varier selon le
degré d’adaptation réciproque qui existe entre un individu et son environnement (Comité
consultatif en promotion, prévention en santé mentale et Service Recherche, Connaissance,
Surveillance, 2000). En contrepartie, les troubles mentaux désignent des maladies dont le
diagnostic peut s’établir, par exemple, en fonction de la classification du Manuel
diagnostique et statistique des troubles mentaux, 4e édition révisée [DSM-IV-TR] (American
Psychiatric Association [APA], 2003). Selon cette classification, chaque trouble mental
correspond à un ensemble de caractéristiques prédéfinies. Ces troubles prennent racine à la
jonction de facteurs biologiques, psychologiques, sociaux et culturels. Comparativement
aux difficultés d’adaptation psychosociale, les troubles mentaux présentent un caractère
plus aggravant et handicapant. Ils s’appuient sur des facteurs tels que la persistance du
trouble à travers le temps, sa généralisation à plusieurs contextes, l’intensité du niveau de
détresse psychologique ainsi que l’altération du fonctionnement des composantes
cognitives, affectives et relationnelles (Comité de la santé mentale du Québec, 1994). Dans le
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La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
DSM-IV-TR, les troubles mentaux sont associés à une perturbation qui entraîne une
souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social,
professionnel, ou dans d’autres domaines importants (APA, 2003).
Depuis quelques années, certains centres jeunesse (exemples : Lanaudière,
Laurentides, Montréal, Montérégie, Bas-Saint-Laurent) se sont penchés sur la question des
troubles mentaux afin de mettre sur pied des programmes de réadaptation spécialisés pour
les jeunes hébergés qui présentent de graves problèmes de santé mentale. Au Centre
jeunesse de Québec – Institut universitaire (CJQ-IU), aucune programmation n’est
actuellement destinée spécifiquement à cette clientèle. Suite au dépôt du Rapport du
Comité sur le continuum de services spécialisés destinés aux enfants, aux jeunes et à leur
famille, en avril 2004, une réflexion a été amorcée dans le but de répondre à une
recommandation de ce comité, soit celle d’assurer la réadaptation spécialisée des jeunes
éprouvant, outre des problèmes de comportement ou de maltraitance, de sérieux problèmes
de santé mentale :
L’une des difficultés récurrentes du réseau touche particulièrement les
centres jeunesse qui doivent assumer la réadaptation spécialisée de plusieurs
centaines de jeunes éprouvant, outre des problèmes de comportement ou de
maltraitance, de sérieux problèmes de santé mentale sans avoir accès aux
ressources, aux programmes ou à l’encadrement appropriés. Le comité
recommande donc de confier clairement ce type de réadaptation aux centres
jeunesse, en s’assurant que ceux-ci puissent transformer et adapter leurs
capacités d’accueil en fonction des exigences spécifiques de ces jeunes. Le
comité insiste pour que les centres jeunesse puissent disposer de l’expertise
nécessaire (notamment en vue d’adapter leur infrastructure et de former
adéquatement leur personnel clinique grâce à un financement adéquat), et
qu’ils puissent compter sur la collaboration formelle des services de
première ligne ainsi que sur un encadrement médical et psychiatrique
garanti ; il est souhaitable que ce dernier type de ressources puisse être
obtenu par l’entremise des activités médicales particulières (AMP) et inscrit
au plan régional des effectifs médicaux (PREM). Cette solution créera enfin,
pour les jeunes visés, le chaînon manquant depuis tant d’années entre les
services dans la communauté et l’hospitalisation, sans toutefois diminuer les
responsabilités actuelles des services de première ligne et de psychiatrie
(Comité sur le continuum de services spécialisés destinés aux enfants, aux
jeunes et à leur famille, 2004, p. 52).
Malgré le bien-fondé d’une telle recommandation, il importe de procéder à
l’évaluation des différentes modalités pouvant assurer la mise en place de services de
réadaptation réellement adaptés aux besoins des jeunes qui présentent de sérieux troubles
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
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mentaux. Rappelons que dans l’ensemble de la clientèle des centres jeunesse, environ la
moitié des jeunes sont suivis dans leur milieu naturel alors que l’autre moitié se trouve en
milieu d’hébergement (familles d’accueil, foyers de groupe et centres de réadaptation). L’examen
des connaissances présenté ici s’attarde à ce deuxième sous-groupe de jeunes hébergés et,
plus particulièrement, à ceux qui présentent des troubles mentaux sévères. Afin de dégager
les lignes de force essentielles à l’élaboration d’une organisation des services d’hébergement
pour ces jeunes, le document propose une recension de la littérature portant sur le sujet. Le
texte présenté ne prétend pas à l’exhaustivité, mais il permet tout de même de jeter les assises
théoriques d’une éventuelle programmation de services. De plus, la deuxième section offre
une vitrine intéressante sur différents programmes d’hébergement en santé mentale déjà en
cours. Bien que ce document soit surtout axé sur la réalité du Centre jeunesse de Québec –
Institut universitaire, son contenu se transpose facilement à celle des autres centres jeunesse
et même, à celle d’autres organismes de services à l’enfance.
D’entrée de jeu, voici les questionnements qui ont guidé cette recension d’écrits :
– Organisation des services d’hébergement en santé mentale
Doit-on regrouper les jeunes qui présentent un trouble mental ou
plusieurs troubles mentaux dans un milieu de vie spécialisé (exemples :
unité de vie, foyer de groupe ou famille d’accueil « santé mentale ») ou
doit-on, au contraire, intégrer ces jeunes avec les autres jeunes dans les
ressources d’hébergement conventionnelles ?1 Autrement dit, est-ce
qu’un jeune avec un trouble mental peut fonctionner à l’intérieur d’un
groupe hétérogène et, inversement, le groupe hétérogène peut-il fonctionner avec ce jeune ? Est-il possible d’envisager d’autres stratégies sur
le continuum de services spécialisés (exemples : intégration progressive,
intégration partielle, programme « santé mentale » en milieu régulier) ? Quels
sont les coûts et les bénéfices associés à chacune de ces options ? Lequel
de ces services semble le plus avantageux pour les jeunes aux prises
avec des problèmes de santé mentale ? Et qu’en est-il des autres jeunes
qui côtoient cette clientèle de près (individu versus groupe) ? Toute la
question des ratios de groupe s’impose également.
1
Dans ce document, les ressources d’hébergement conventionnelles et les milieux d’hébergement réguliers
font référence aux structures d’hébergement déjà en place au CJ Québec – Institut universitaire (familles
d’accueil, foyers de groupe et centres de réadaptation).
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
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– Mission
Comment situer la mission de réadaptation de ces jeunes à travers les
autres missions du centre jeunesse ? Comment définir les contours et
les limites des nouvelles mesures de réadaptation en hébergement qui
devront être assumées par le Centre jeunesse de Québec – Institut
universitaire ? Quelles seront les nouvelles frontières avec les services
de première ligne et les services de pédopsychiatrie ?
– Expertise en santé mentale
Quelle est l’expertise nécessaire en santé mentale pour mener à bien
cette recommandation (personnel, compétences, formation, rôles) ?
– Partenariat
Comment en arriver à raffermir le partenariat avec la famille, l’école,
les services de première ligne et la pédopsychiatrie ?
– Interventions
Quelles sont les interventions les plus efficaces pour ces jeunes selon
les différentes écoles de pensées, de philosophies, d’approches et de
moyens d’action ?
– Programmes prometteurs
Quels sont les programmes innovateurs en santé mentale qui
pourraient servir de guide à l’élaboration d’une programmation de
services en hébergement au Centre jeunesse de Québec – Institut
universitaire ?
Le texte suivant se penche sur ces questions en abordant chacun des
thèmes successivement. Chaque section est le fruit de données
colligées dans la littérature et auprès de spécialistes du domaine.
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
5
Organisation des services d’hébergement en santé
mentale
En contexte de protection de la jeunesse, l’intégration de jeunes aux prises avec
des troubles de santé mentale en milieu d’hébergement régulier est une entreprise délicate
qui commande de sérieuses réflexions. En effet, force est de constater que les jeunes qui
présentent des troubles mentaux sont de plus en plus nombreux et que les cas s’alourdissent
au fil des ans. Parmi les jeunes qui ont un dossier pédopsychiatrique en foyer de groupe et
en centre de réadaptation au Centre jeunesse de Québec – Institut universitaire, les quatre
diagnostics les plus fréquemment rencontrés sont :
1.
2.
3.
4.
Trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité [TDAH] (73,2 %).
Trouble oppositionnel (45,5 %).
Trouble de personnalité limite (11,4 %).
Trouble des conduites (8,9 %).
(CJ Québec – Institut universitaire, 2004)
Ces diagnostics peuvent apparaître seuls, mais il n’est pas rare de rencontrer des
combinaisons variées de problématiques chez un même jeune.
La co-occurrence de troubles mentaux catalyse les difficultés potentielles et peut
entraîner dans son sillon une foule de conséquences néfastes. À cet effet, la littérature
soutient que les problèmes de comportement les plus sévères et les plus persistants sont
ceux qui émergent de la présence d’un TDAH en concomitance avec un trouble oppositionnel ou un trouble des conduites (TOUPIN, DÉRY, PAUZÉ, MERCIER et FORTIN, 2000). De plus,
lorsque pris isolément, le TDAH et le trouble oppositionnel ont moins d’impact sur les
relations amicales que lorsqu’ils sont jumelés. Ainsi, les jeunes présentant ces deux
diagnostics ont davantage de difficultés dans leurs relations interpersonnelles, notamment à
cause de leur impulsivité, de leur égoïsme, de leurs actions persécutrices et de leur
isolement (HARADA, YAMAZAKI et SAITOH, 2002). Dans la même lignée, FRANKEL et FEINBERG
(2002) relèvent un effet cumulatif des symptômes du TDAH et du trouble oppositionnel, soit
les deux diagnostics les plus importants en foyer de groupe et en centre de réadaptation au
Centre jeunesse de Québec – Institut universitaire (CJQ–IU, 2004).
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La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
Bien que moins fréquents, d’autres diagnostics tels que les troubles psychotiques,
les troubles anxieux, le trouble de l’attachement et le syndrome de Gilles de la Tourette,
font partie des réalités en milieu d’hébergement. En raison de leur symptomatologie particulièrement lourde et intense, le niveau de services requis pour assurer la protection et la
réadaptation des jeunes atteints et hébergés s’avère beaucoup plus élevé et plus spécialisé.
À titre d’exemple, les programmes de réadaptation sont souvent perturbés dû au manque de
formation en santé mentale des intervenants qui doivent passer beaucoup de temps à gérer
des crises, à éteindre des feux et à rétablir l’équilibre au sein d’un groupe. Ainsi, la question
des milieux d’hébergement réguliers et des milieux d’hébergement spécialisés se pose.
Devrait-on regrouper les jeunes qui présentent des problèmes de santé mentale en milieu
d’hébergement spécialisé ou devrait-on plutôt les intégrer en hébergement régulier, quitte à
mettre en péril l’équilibre fonctionnel du groupe ? Existe-t-il des positions intermédiaires
entre ces deux polarités ?
Ce questionnement n’est pas sans rappeler le débat sur l’intégration scolaire des
élèves handicapés ou en difficulté d’apprentissage ou d’adaptation dans des classes
régulières. L’intégration, par opposition à l’exclusion, trouve ses fondements dans des
valeurs telles que le respect, le droit à la différence, la tolérance, l’ouverture et la solidarité
(RUCHAT, 1997 ▪ VANEY, 1997). Certes, vouloir éviter l’exclusion, la ségrégation et la stigmatisation de certains élèves représente un principe fort louable. Néanmoins, cette intégration
doit s’accompagner de services de soutien pour favoriser sa réussite, sinon le prix à payer
peut être très élevé tant pour le jeune intégré que pour le reste du groupe intégrant. À cet
effet, plusieurs questions émergent en lien avec la réalité des centres jeunesse. Par exemple,
dans quelles conditions cette intégration doit-elle se faire ? Jusqu’à quel prix cette intégration peut-elle se faire ? Quel est le seuil limite à imposer quant aux coûts / bénéfices par
rapport au jeune, mais également par rapport au reste du groupe ? Lorsque l’intégration
représente une trop grande contrainte pour le groupe et qu’elle contrevient aux droits des
autres, ne serait-il pas mieux de regrouper les jeunes en difficulté dans un autre milieu de
vie ? Chose certaine, on ne peut véritablement parler d’intégration si celle-ci ne s’accompagne pas de mesures de soutien et de conditions qui facilitent sa réussite. D’ailleurs,
comme le souligne RUCHAT (1997, p. 8), vivre comme tout le monde ne signifie pas encore
vivre avec tout le monde.
Différentes avenues sont donc envisageables pour les jeunes hébergés qui
présentent des troubles mentaux. Ces avenues peuvent se situer entre les deux pôles d’un
continuum allant de l’intégration en milieu d’hébergement régulier au regroupement en
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
7
ressource spécialisée en santé mentale. Mais comment déterminer quels jeunes doivent
bénéficier des services spécialisés en santé mentale ? Considérant qu’environ la moitié des
jeunes en foyer de groupe et en centre de réadaptation au Centre jeunesse de Québec –
Institut universitaire ont été identifiés comme ayant une problématique de santé mentale
(147 jeunes sur 281), l’idée d’envisager une ségrégation « santé mentale » basée sur la
présence ou non d’un diagnostic apparaît non opérable (CJQ–IU, 2004). Peut-être faut-il
plutôt réserver ces services pour les jeunes souffrant des troubles mentaux les plus lourds et
les plus sévères, ceux qui nuisent à l’adaptation à une vie groupe et qui demandent un
niveau d’encadrement personnalisé plus élevé. Par exemple, il serait possible d’inclure dans
cette catégorie les troubles psychotiques, les troubles envahissants du développement, les
troubles anxieux sévères (exemple : trouble obsessionnel–compulsif), le syndrome de Gilles de
la Tourette, etc. Pourraient également s’ajouter les jeunes qui présentent une co-morbidité
de troubles mentaux et dont la prise en charge exige davantage de ressources. En fait, ce
n’est peut-être pas tant le diagnostic qui doit déterminer quels jeunes doivent bénéficier des
programmes d’hébergement en santé mentale, mais plutôt la dysfonction associée à ce
diagnostic et qui persiste malgré les services conventionnels offerts.
Bien qu’il n’existe pas de réponse tranchée à toute la question de l’intégration,
quelques pistes de réflexion sont soulevées afin de soutenir d’éventuelles décisions
relatives à une nouvelle organisation des services d’hébergement au Centre jeunesse de
Québec – Institut universitaire.
En faveur d’un hébergement régulier (intégration)
En normalisant le cadre de vie des jeunes aux prises avec des problèmes de santé
mentale, on cherche évidemment à éviter leur exclusion, à minimiser le nombre de
laissés-pour-compte et à restreindre les étiquettes « santé mentale ». De plus, l’intégration
de ces jeunes en milieu d’hébergement régulier repose sur le pari que le groupe constitue un
levier profitable pour ces derniers. Suivant cette ligne de pensée, les pairs davantage
prosociaux représenteraient de bons modèles d’apprentissage pour le développement
d’habiletés sociales. À cet effet, FELDMAN (1992) démontre que les interventions qui
impliquent à la fois des jeunes antisociaux et des jeunes prosociaux peuvent avoir un
impact positif sur les comportements problématiques.
D’autre part, les effets négatifs potentiels associés au regroupement de jeunes aux
prises avec des troubles mentaux font pencher la balance en faveur d’une intégration
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La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
régulière. À ce sujet, DISHION, McCORD et POULIN (1999) soutiennent que les interventions
qui regroupent des jeunes turbulents à haut risque peuvent s’avérer plus néfastes que
bienfaitrices étant donné que ces jeunes s’influencent mutuellement dans leurs comportements perturbateurs. Ainsi, les stratégies de prévention ou d’intervention qui impliquent
des groupes homogènes de jeunes déviants peuvent mener à des résultats délétères (POULIN,
DISHION et BURRASTON, 2001). En outre, le regroupement à long terme de jeunes présentant
des problèmes de santé mentale pourrait amenuiser leurs chances de développement et
d’apprentissage. À cet égard, une étude dans le domaine scolaire révèle que la fréquentation
année après année d’une classe spéciale est associée au cumul du retard scolaire et à une
plus faible probabilité de perdre le statut de trouble de comportement (TOUPIN, DUBUC et
AUDETTE, 1997). Bien que cette étude concerne le système éducationnel, il est possible
d’envisager le même genre d’effet lié à la fréquentation récurrente d’une ressource
spécialisée en santé mentale.
Enfin, ne serait-il pas possible d’adopter des positions mitoyennes où, par
exemple, les jeunes intègrent progressivement ou à temps partiel un milieu de vie régulier ?
Pourrait-on également développer et appliquer un programme individualisé pour les jeunes
qui présentent de sérieuses difficultés sur le plan psychologique sans pour autant regrouper
ces derniers dans des milieux de vie à connotation « santé mentale » ? Évidemment, ces
alternatives impliqueraient un déploiement important de ressources humaines et financières
ainsi que la mise en place d’activités de sensibilisation. À cet égard, VANEY (1997) relève
que l’aide apportée afin de soutenir l’intégration vise bien plus souvent l’enfant en
difficulté que le groupe intégrant. Pourtant, l’auteur rappelle l’importance d’adapter les
programmes, de sensibiliser les jeunes face à la différence, et d’encourager la réciprocité et
l’enrichissement mutuel.
En faveur d’un hébergement spécialisé en santé mentale
Plusieurs arguments en faveur d’un hébergement spécialisé en santé mentale
gravitent autour de la difficulté extrême pour les jeunes aux prises avec des troubles
mentaux sévères à adhérer à une vie de groupe. À ce sujet, AUSLOOS (1998) explique que la
dynamique de groupe entraîne, chez ces jeunes, une augmentation des symptômes psychiatriques et des désorganisations, ce qui perturbe le groupe et provoque le rejet. En raison de
protections et de frontières fragiles, ces jeunes se sentent facilement envahis par les autres
et gèrent mal la pression du groupe (DESBIENS, GOULET et BAILLY, 2003a ▪ BEAUBIEN et al., 1998).
Cette difficulté à s’intégrer aux autres se traduit notamment par des réactions d’angoisse, de
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
9
fuite ou d’agression (ASSELIN et al., 2003), ce qui déstabilise le groupe de manière importante
et monopolise l’énergie des intervenants. À titre d’exemple, les jeunes aux prises avec un
trouble sévère de l’attachement présentent des seuils de tolérance à la frustration très bas et
manifestent des réactions de contrôle excessif, d’hostilité, de manipulation et de manque
d’empathie lorsqu’ils n’obtiennent pas ce qu’ils veulent (BEAUBIEN et al., 1998).
De plus, en raison de leurs difficultés relationnelles et de leurs particularités
comportementales, les jeunes aux prises avec des troubles mentaux se trouvent souvent en
marge du groupe. Par exemple, plusieurs enfants avec un syndrome de Gilles de la Tourette
présentent des retards développementaux sur le plan social et sont la cible de préjudices et
de moqueries (MARGOLIN et GANTWERK, page consultée le 7 octobre 2005). De plus, environ
60 % des enfants avec un TDAH souffriraient de rejet dû à leur impulsivité, à leur
agressivité, à leurs difficultés académiques, à leur inattention ainsi qu’à leurs
comportements perturbateurs (KANE, page consultée le 30 mai 2005). Dans le même ordre
d’idées, la combinaison de l’hyperactivité et du trouble des conduites serait associée au
rejet par les pairs (MCARDLE, O’BRIEN, MACMILLAN et KOLVIN, 2000).
Par ailleurs, l’intégration d’un jeune avec des troubles mentaux en milieu d’hébergement régulier peut s’avérer lourde de conséquences pour les autres membres du groupe.
Dans certaines circonstances, il se produit une contagion des mauvais comportements chez
les pairs davantage prosociaux (GRANGER, WHALEN, HENKER et CANTWELL, 1996). Parfois, les
jeunes perturbateurs n’apprécient pas les comportements adaptés de leurs pairs et réagissent
en les punissant (NANGLE, ERDLEY et GOLD, 1996). Le prix à payer pour l’ensemble du groupe
doit donc être pris en considération lors d’une réflexion entourant la polémique « intégration versus regroupement spécialisé ».
Face à ces réserves, certains auteurs (par exemple ASSELIN et al., 2003 ▪ DESBIENS,
GOULET et BAILLY, 2003b ▪ AUSLOOS, 1998) prônent une relation privilégiée avec l’adulte ainsi
qu’une approche individualisée centrée sur les besoins spécifiques de chaque jeune. Un des
moyens préconisés afin de parvenir à une telle prise en charge personnalisée consiste à
regrouper ces jeunes en petit nombre (par exemple six) dans une ressource spécialisée en
santé mentale, en conservant le même nombre d’éducateurs qu’en unité régulière (ASSELIN
et al., 2003).
En somme, il apparaît difficile de statuer sur la meilleure façon de procéder pour
l’organisation des services d’hébergement en santé mentale étant donné le poids relatif de
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
10
chacun des arguments énoncés dans cette section. Puisqu’il s’agit d’une réalité nuancée,
chaque cas mérite d’être traité séparément en tenant compte de ses particularités. De plus,
la question de l’intégration dépasse vraisemblablement l’aspect dichotomique « intégration
versus ressource spécialisée en santé mentale » pour s’inscrire sur un continuum de services
plus nuancés (exemples : intégration progressive, intégration partielle). Mais encore faut-il avoir
accès à ces différents types de services. Quoi qu’il en soit, il existe une gestion du risque
que l’on ne peut éviter, car l’intégration d’un jeune avec des troubles mentaux risque de
mettre en échec le jeune intégré, mais également tout le reste du groupe. De même, une
intégration mal préparée ou peu soutenue peut entraîner un recul dans les acquis du jeune
nouvellement intégré dans un milieu d’hébergement régulier, d’où l’importance d’établir
des seuils limites à respecter.
Mission
À la lumière du rapport De la complicité à la responsabilité (Comité sur le
continuum de services spécialisés destinés aux enfants, aux jeunes et à leur famille, 2004),
l’orientation prise quant à la réadaptation spécialisée en santé mentale dans les centres
jeunesse ne semble pas impliquer de changement de mission eu égard à la protection des
enfants, mais plutôt une adaptation de celle-ci. Ainsi, la mission de protection demeure la
mission première. Puisque les troubles mentaux sévères empêchent, nuisent et forment un
écran à la réalisation de cette mission, un déploiement de ressources s’impose, ceci afin
d’assumer la réadaptation de ces jeunes et de mener à bien la mission de protection, sans
pour autant se substituer à la pédopsychiatrie ni aux services de première ligne.
Expertise en santé mentale
Manque d’experts
À l’instar d’autres auteurs, KOPPELMAN (2004) déplore le manque de professionnels
qualifiés pour répondre et faire face aux troubles mentaux des enfants. Au Québec, cette
rareté d’experts en santé mentale, qui peuvent guider et soutenir cliniquement les intervenants dans leur quotidien, se fait sentir à plusieurs niveaux : formation, supervision,
suivi, etc. En centre jeunesse, un des problèmes à cet égard implique le recrutement des
médecins. D’ailleurs, seulement quelques centres jeunesse sont parvenus à s’associer avec
des médecins pour la direction des opérations lors de l’implantation des équipes
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
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d’intervention de 2e niveau ; il s’agit de la plus importante difficulté rencontrée dans la
mise sur pied de ces équipes (Compte rendu de la visioconférence des responsables régionaux de
l’exercice d’implantation du protocole d’intervention en situation de problématique suicidaire dans
les centres jeunesse, 2005). Ces données permettent d’anticiper un obstacle considérable en
santé mentale dans les centres jeunesse, soit celui de recruter des médecins et des
psychiatres pour les jeunes qui nécessitent de telles ressources. Afin de pallier cet écueil, le
Comité sur le continuum de services spécialisés destinés aux enfants, aux jeunes et à leur
famille (2004) recommande de procéder par l’entremise d’activités médicales particulières
(AMP), et d’inscrire les ressources médicales et psychiatriques au plan régional des effectifs
médicaux (PREM). De plus, certains centres jeunesse proposent de mettre à la disposition
des omnipraticiens, des locaux physiques, des ressources infirmières ainsi que des budgets
adéquats pour faciliter le recrutement de ces experts. En outre, il semble que les
omnipraticiens déjà impliqués en centre jeunesse soient les mieux placés afin de recruter
d’autres collègues (Compte rendu de la visioconférence des responsables régionaux de l’exercice
d’implantation du protocole d’intervention en situation de problématique suicidaire dans les centres
jeunesse, 2005).
Compétences nécessaires
Les compétences nécessaires pour travailler en santé mentale dans un contexte de
protection de la jeunesse peuvent se diviser en deux grandes catégories : les connaissances
et les habiletés. SHIRLEY (2004) énumère plusieurs de ces compétences, dont certaines sont
reprises ici. Sur le plan des connaissances, le personnel doit évidemment connaître les
procédures, les politiques et les lignes directrices de l’agence sociale pour laquelle il
travaille. De plus, il doit connaître les méthodes de pratique centrées sur la famille, tout en
sachant tenir compte des forces des familles, de leurs besoins, de leurs préférences ainsi que
de leurs origines ethniques et culturelles. En ce qui a trait aux ressources et aux services
communautaires, le personnel doit posséder une bonne connaissance des moyens qui
permettent d’y avoir accès ainsi que des techniques pour faciliter la communication et la
coopération avec ces ressources. Sur le plan des habiletés personnelles essentielles,
mentionnons un bon sens de l’empathie, une facilité à communiquer efficacement, une
écoute active, un esprit créatif quant au développement et au recours aux ressources
communautaires, une capacité à solliciter de l’assistance auprès de superviseurs ou d’une
équipe multidisciplinaire, une habileté à planifier et à coordonner l’intervention, de même
qu’une certaine flexibilité (SHIRLEY, 2004). En santé mentale de la petite enfance, être axé
sur la famille exige des aptitudes telles que l’esprit de collaboration, le soutien, la capacité à
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
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négocier, la connaissance de soi, la pratique réflective, l’écoute active, la reconnaissance et
le respect des buts de la famille, la prise en considération des points forts de la famille ainsi
que la formation multidisciplinaire (Santé mentale pour enfants Ontario, 2002).
Formation
De manière indéniable, les besoins de formation en santé mentale chez les jeunes
sont criants et il importe d’assurer un processus continu de formation auprès du personnel
qui œuvre dans ce domaine (WEBB et HARDEN, 2003 ▪ ASSELIN et al., 2003). À ce sujet,
KOPPELMAN (2004) dénonce, chez les professionnels, le manque de formation en ce qui a
trait aux valeurs, aux habiletés et aux attitudes en lien avec le partenariat avec les familles,
aux compétences culturelles, aux interventions complètes, intégrées et interagences, aux
soins individualisés ainsi qu’aux approches à domicile et dans la communauté. Certes, la
formation en santé mentale représente un domaine extrêmement vaste dont le portrait ne
peut être que brièvement brossé dans le présent document. Néanmoins, les éléments
susmentionnés dans la section « compétences nécessaires » peuvent servir de guide
thématique à l’élaboration d’une formation. Voici également quelques éléments pertinents à
inclure dans une formation en santé mentale chez les jeunes selon le Department of Health
of the UK Governement (2004) : difficultés d’apprentissage, consommation d’alcool,
médication psychoactive, thérapie cognitive–comportementale, traitements spécifiques,
approche multidisciplinaire, soins résidentiels, traitements spécialisés, évaluation sociale et
médicale, législation en matière de santé mentale, partenariat, etc. Il est également souhaitable que les gestionnaires et les commissaires soient bien formés afin de mieux
comprendre les troubles mentaux chez les enfants et les adolescents, de mieux connaître les
services offerts dans ce domaine, et de développer des réseaux de services en partenariat
(Department of Health of the UK Governement, 2004).
De manière plus spécifique, ROBERTS et ses collaborateurs (1998) présentent un
modèle de formation pour les psychologues qui travaillent en santé mentale auprès des
enfants, des adolescents et de leur famille. Selon eux, il existerait chez ces professionnels
un manque de formation sur le plan de l’évaluation, du traitement et des services préventifs.
Ainsi, leur modèle de formation comprend onze thématiques parmi lesquelles figurent les
méthodes d’évaluation, les stratégies d’intervention, le rôle des disciplines multiples et des
systèmes de services, la promotion du soutien familial et de la santé, ainsi que les
paramètres sociaux qui affectent les enfants, les adolescents et les familles.
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
13
En ce qui concerne le déroulement d’une formation en santé mentale, il semble
que les discussions cliniques de cas réels qui impliquent la participation de médecins de la
première ligne représentent un des modes de transmission des connaissances parmi les plus
efficaces (BERGERON et LANTEIGNE, 2002).
Rôle des acteurs
Dans les programmes consultés, les équipes « santé mentale » des différents
organismes de services à l’enfance regroupent généralement plusieurs acteurs tels que les
psychiatres, les omnipraticiens, les psychologues, les infirmières, les travailleurs sociaux,
les éducateurs, les psychoéducateurs, les chefs de service, les conseillers cliniques, etc.
Leurs rôles se chevauchent parfois et varient d’un milieu à l’autre. Au Québec, l’exemple
spécifique du Centre jeunesse de l’Estrie (Campus Val-du-Lac) met en lumière un modèle de
soins intégrés, à l’intérieur duquel le rôle de certains acteurs impliqués en santé mentale y
est décrit (BERGERON et LANTEIGNE, 2002).
Dans ce modèle, l’omnipraticien de première ligne offre des services médicaux
physiques et/ou mentaux et émet une demande d’évaluation aux omnipraticiens qui
travaillent au centre de réadaptation lorsqu’il soupçonne la présence d’un trouble mental. Si
les traitements standard s’avèrent insuffisants et que les problématiques sont plus lourdes et
plus complexes, le psychiatre s’implique dans les interventions de deuxième et de troisième
ligne. Ce dernier présente alors aux omnipraticiens du centre de réadaptation sa
compréhension clinique de la situation. À leur tour, les omnipraticiens assurent une
vulgarisation des situations auprès des éducateurs, ce qui permet l’ajustement du plan de
rééducation. De son côté, l’infirmière du service de santé reçoit les demandes de
l’adolescent et de l’unité où il séjourne et clarifie l’information médicale antérieure. Enfin,
les conseillers cliniques sont des psychoéducateurs de grande expérience « responsables
superviseurs » auprès de quelques unités de rééducation du centre. Ils aident les
intervenants sur le plancher et assurent une présence quotidienne au centre de réadaptation.
Ce sont eux qui donnent suite aux recommandations médicales et qui les concrétisent dans
des plans de rééducation (BERGERON et LANTEIGNE, 2002). Si ce modèle aborde peu les
fonctions d’un psychologue en santé mentale, le Centre jeunesse des Laurentides, pour sa
part, divise le rôle de ce professionnel en deux grands volets, soit la consultation
(notamment auprès des intervenants) et l’intervention (évaluation et thérapie).
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
14
Pour terminer, KOPPELMAN (2004) émet trois suggestions quant aux actions à
entreprendre en matière d’expertise en santé mentale :
1. Augmenter le nombre de dispensateurs de soins en santé mentale.
2. Améliorer la formation des personnes qui travaillent dans ce domaine.
3. Répandre les meilleures pratiques.
Certes, il va sans dire que les expertises en santé mentale gagnent à être
décloisonnées puisque les différents acteurs impliqués dans ce domaine doivent travailler
en synergie vers un but commun : le mieux-être des jeunes aux prises avec des troubles
mentaux. En déployant les expertises, notamment par la mise sur pied d’équipes
multidisciplinaires et interétablissements, il devient possible d’offrir des services plus
adaptés et de meilleure qualité à cette population vulnérable.
Partenariat
L’importance de travailler en partenariat s’avère d’autant plus capitale lorsqu’il est
question d’offrir des services d’hébergement à des jeunes qui présentent de sérieux troubles
mentaux. En effet, puisque la mission première des centres jeunesse en est une de
protection, ces établissements ne peuvent prétendre offrir à eux seuls tous les services de
santé mentale nécessaires. Par conséquent, les centres jeunesse doivent raffermir leur
collaboration avec les milieux et les ressources qui sont en lien avec ces jeunes : famille,
école, services de première ligne et services de pédopsychiatrie. Ce faisant, ils permettront
d’assurer une certaine continuité des services aux jeunes qui présentent des troubles
mentaux, même lorsque ceux-ci quitteront les centres jeunesse.
Avec la famille
En contexte de protection de la jeunesse, la famille représente un partenaire de
premier plan dont l’implication constitue la clé de voûte par rapport à la situation du jeune.
La croyance selon laquelle il est préférable pour un enfant de grandir au sein de sa famille
naturelle constitue désormais une prémisse largement endossée dans la littérature
scientifique à condition, bien sûr, que la sécurité et le développement de l’enfant soient
préservés. Ainsi, l’importance de s’assurer d’une réelle collaboration avec la famille repose
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
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sur divers arguments dont certains sont repris ici à partir d’un texte rédigé par le Center for
School Mental Health Assistance (2002).
A priori, rappelons que la cellule familiale constitue non seulement le premier
environnement contextuel dans lequel se développe l’enfant, mais également celui qui aura
le plus d’influence sur lui. De plus, le cercle familial renferme une mine de renseignements
utiles concernant le jeune : état de santé, développement, passé, histoire, forces et
faiblesses. Aussi, les familles apportent une contribution significative aux intervenants des
centres jeunesse, notamment par les habiletés travaillées à la maison, par leur aide à la
planification et à la mise en œuvre du traitement, ainsi que par les progrès du jeune qu’elles
communiquent au personnel. Qui plus est, l’implication des familles dans les services de
santé mentale serait associée à une amélioration de la coordination des services et à une
diminution du stress sur le système familial (Center for School Mental Health Assistance, 2002).
Enfin, comme le souligne COLE (1995), la place de choix qu’occupent les familles sur
l’échiquier social leur confère un caractère précieux et leur donne le droit d’apprendre à
gérer leurs difficultés, tout en étant traitées avec respect et dignité.
Évidemment, tenter d’impliquer des parents qui maltraitent ou négligent leur
enfant représente tout un défi pour les intervenants qui se butent à plusieurs obstacles :
manque de confiance de la part des parents (CARLO, 1988), adversité exprimée, problèmes
d’abus de substances et difficulté à exercer un jugement sur les services appropriés pour
leur enfant (WEBB et HARDEN, 2003). De plus, les intervenants doivent parfois composer avec
des parents qui présentent eux-mêmes des problèmes de santé mentale. Par surcroît, les
parents peuvent être sur leurs gardes, se montrer suspicieux quant à la bonne volonté des
intervenants, se déprécier sur le plan de leurs habiletés parentales, avoir l’impression de
déranger et se trouver des excuses pour ne pas se présenter aux rendez-vous (CARLO, 1988).
Dans ces conditions, l’aptitude à contrer la résistance des parents et à renouveler
constamment la relation de confiance revêt une importance capitale.
Divers moyens aident à maintenir une relation positive avec les parents et facilitent
leur implication auprès de leur enfant et du centre jeunesse. À prime abord, il apparaît
important de posséder une bonne connaissance des éléments qui entrent en ligne de compte
dans le partenariat famille–centre jeunesse. À titre d’exemple, le Center for School Mental
Health Assistance (2002) détermine trois aspects qui sous-tendent la collaboration entre la
famille et le personnel qui dispense des services en santé mentale :
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La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
1. Une vision partagée des buts.
2. Un pouvoir partagé dans les prises de décisions à tous les niveaux.
3. Un engagement à long terme dans le processus de développement
d’une collaboration.
Les programmes doivent également prendre soin d’impliquer une philosophie de
partenariat et de développer des ententes sur l’implication des familles comme partenaires
(Center for School Mental Health Assistance, 2002). De plus, il apparaît essentiel de tenir
compte des forces, des besoins, des préférences ainsi que de l’origine ethnique et culturelle
des familles, car ces facteurs ont un impact indéniable sur la participation et l’implication
des parents auprès de leur enfant (COMSTOCK, 2004).
Sur le plan du savoir-être, COMSTOCK (2004) soutient que les intervenants doivent
faire preuve d’empathie et se montrer compréhensifs face à la colère, à l’hostilité et à la
résistance des familles. De par l’autorité qu’ils possèdent, les représentants des centres
jeunesse suscitent fréquemment des réactions de peur chez les parents et gagnent donc à
utiliser judicieusement cette autorité en se montrant chaleureux et compréhensifs
(COMSTOCK et McDANIEL, 2004). D’autre part, l’implication des parents en tant que partenaires et l’engagement avec eux dans un dialogue représentent deux principes de base à une
franche collaboration. Il semble d’ailleurs que les chances de succès des parents
s’accroissent lorsque la famille s’engage dans la planification de son propre programme de
services ; évidemment, les buts fixés doivent être réalistes (COMSTOCK, 2004). De manière
similaire, WEBB et HARDEN (2003) affirment que les familles s’investissent davantage
lorsqu’elles participent au plan d’action de leur enfant. Toujours dans le même sens, CARLO
(1988) propose de mettre l’emphase sur la coopération et la collaboration afin de présenter
les parents comme faisant partie de l’équipe. Pour ce faire, cet auteur suggère de former le
personnel pour que les parents se sentent les bienvenus et comme des partenaires respectés
dans le processus d’aide. Cela aura pour effet d’augmenter la confiance des parents et de
diminuer l’anxiété des enfants. En somme, il importe de donner de l’espoir aux familles en
minimisant les barrières qui nuisent au partenariat, en demeurant accessible, en ayant des
buts réalistes et en traitant ces familles comme des collègues (COLE, 1995).
À un niveau plus concret, divers moyens sont proposés dans la littérature afin de
faciliter le partenariat avec les familles. Pour n’en nommer que quelques-uns, COMSTOCK
(2004) suggère de renforcer et de soutenir la famille ainsi que son réseau social, de se
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
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montrer sensible à l’horaire des parents, et de permettre à la famille de faire des choix
lorsque cela est possible (exemples : lieu des rendez-vous, personnes à impliquer dans le plan
d’intervention, choix du thérapeute parmi une liste de thérapeutes approuvés, planification des
activités durant les visites familiales). Dans la même lignée, CARLO (1988) fournit certaines
pistes d’action pour que les parents se sentent bienvenus, respectés et compétents : prévoir
des rencontres dans des endroits neutres, encourager les parents à téléphoner aux
intervenants afin de prendre des nouvelles de leur enfant, traiter les parents en experts, et
organiser des réunions fréquentes entre la famille et le personnel afin de discuter des succès
et des déceptions vécus. Ajoutons que certaines initiatives relatives au partenariat avec la
famille et déjà en cours au Centre jeunesse de Québec – Institut universitaire (exemple :
programme transfert des acquis1) pourraient être mises à profit dans l’élaboration des services
d’hébergement pour les jeunes aux prises avec des troubles mentaux.
Avec l’école
L’école n’est pas seulement un lieu d’apprentissage académique. Elle représente
également le théâtre d’une multitude d’apprentissages sociaux grâce aux contacts avec des
pairs et des modèles d’adultes. De plus, l’école constitue la principale cellule
extra-familiale d’un jeune. Ainsi, le système d’éducation peut être perçu comme un pilier
de la socialisation. Considérant l’importance de ce milieu de vie pour les jeunes, l’école
représente définitivement un partenaire clé dans les services de santé mentale. À cet égard,
ALTSHULER (2003) insiste sur l’importance d’une collaboration entre le système scolaire et le
système de protection de la jeunesse, en abordant la question sous l’angle des enfants
placés en famille d’accueil. L’auteure détermine, entre autres, deux grandes barrières à
cette collaboration, soit :
1. Les réactions de l’étudiant et de l’enseignant face au placement en
famille d’accueil.
2. Les relations d’adversité et de non-collaboration entre les professionnels qui travaillent dans les écoles et ceux qui travaillent en
protection de la jeunesse.
1
ADAM, D. ▪ G. BÉGIN ▪ H. RACINE ▪ S. MÉNARD avec la collaboration de l’équipe scientifique du Centre
jeunesse de Québec - Institut universitaire (2005). Le programme transfert des acquis (TDA) : Le
placement vu autrement… Québec : Centre jeunesse de Québec - Institut universitaire.
18
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
Globalement, certains facteurs facilitent le partenariat entre l’école et les services
de santé mentale : une compréhension des différents rôles et des expertises des membres du
personnel, une volonté partagée à travailler ensemble et un engagement à le faire à tous les
niveaux de services, la tenue de réunions informelles ainsi que le développement du réseau
(Department of Health of the UK Government, 2004). À un niveau plus concret, l’exemple des
enfants placés en famille d’accueil, dans l’étude de ALTSHULER (2003), permet de mettre en
exergue certaines actions souhaitables en regard de la collaboration entre l’école et le
système de protection de la jeunesse. D’abord, ces systèmes pourraient participer à des
formations conjointes afin de mieux se connaître et d’arrimer leurs services. De plus,
l’implication des parents d’accueil dans le domaine scolaire permettrait d’augmenter les
chances de succès de l’enfant à l’école et d’instaurer une relation de confiance et de
collaboration entre ces deux systèmes. En outre, une clarification des lois quant au partage
de renseignements possible entre ces deux partenaires faciliterait leur collaboration. Aussi,
diverses actions, telles que garder les jeunes hébergés en famille d’accueil dans leur école
d’origine, leur apporter un soutien supplémentaire à l’école (exemple : tutorat) et les traiter
équitablement par rapport aux autres jeunes, auraient probablement un impact positif sur
ces jeunes. Enfin, il serait souhaitable que l’école soit mise au courant de la présence d’un
jeune en famille d’accueil dans son institution, afin qu’un plan d’intervention puisse être
développé (ALTSHULER, 2003).
Plusieurs programmes en santé mentale sont instaurés dans les écoles. Ils visent
notamment la promotion du bien-être, la prévention, le dépistage d’enfants à risque ou
l’apport d’une aide aux enfants qui manifestent des difficultés comportementales, sociales
et d’apprentissage (PFEIFFER et REDDY, 1998). Afin de contrer d’éventuelles trajectoires
développementales problématiques, ces programmes cherchent à intervenir le plus précocement possible avant que se cristallisent les difficultés. PFEIFFER et REDDY (1998) présentent
quatre programmes en santé mentale très en vogue dans les écoles aux États-Unis :
1. Le projet en santé mentale primaire du Centre d’étude communautaire
de l’Université de Rochester.
2. Le programme « Je peux résoudre des problèmes » (ICSP).
3. Les cliniques de santé mentale dans les écoles de Memphis (MCSMHC).
4. Le soutien de la fondation Hogg à l’école du futur (SF).
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
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Ces programmes sont loin d’être exhaustifs, mais l’abondance de références sur les
banques de données permettra au lecteur intéressé de s’attarder davantage sur le sujet.
Enfin, compte tenu de l’importance du milieu scolaire dans la vie d’un enfant,
certaines questions en lien avec la réalité des centres jeunesse méritent réflexion. D’abord,
un soutien à l’école doit-il être envisagé pour favoriser la réussite du jeune qui présente des
troubles mentaux ? De plus, ce soutien doit-il être offert par l’équipe « santé mentale » du
centre jeunesse ? Enfin, le soutien de l’infirmière, du psychologue, de l’omnipraticien (…),
tel que décrit précédemment, doit-il s’étendre au milieu scolaire ?
Avec les services de première ligne et les services de pédopsychiatrie
ANDERSON (2000) soutient qu’il existe un manque de collaboration, de communi-
cation et de coordination entre les organismes de services à l’enfance (système de protection
de la jeunesse, éducation spécialisée, justice juvénile, santé mentale). Considérant que les jeunes
aux prises avec de sérieux problèmes émotionnels et comportementaux sont souvent
engagés dans plusieurs systèmes, il apparaît essentiel que les professionnels de ces
systèmes travaillent en collaboration. De plus, il importe d’examiner de manière critique
comment les maladies mentales chez les jeunes sont déterminées et définies selon les
différents systèmes et d’explorer ce qui constitue une aide appropriée pour ces jeunes. Les
professionnels de chaque système doivent donc éviter de se considérer comme des experts
qui « savent le mieux », car ce faisant, ils risquent de perdre de vue les gains associés au
travail de collaboration.
ANDERSON (2000) rappelle également l’importance de développer de nouvelles
façons de travailler à travers les disciplines et les systèmes dans l’optique d’inclure les
familles, d’augmenter la capacité du service et de renforcer la communauté. À cet égard,
EPSTEIN et ses collègues (1995) proposent une série d’étapes afin de développer des systèmes
interagences (interagency systems) qui, globalement, se résument comme suit :
1. Développer et maintenir un réseau coordonné de services pour les
jeunes aux prises avec des troubles émotionnels et des troubles de
comportement ainsi que leur famille.
2. Définir la population cible (ceux qui vont recevoir des services) en
fonction des besoins de la communauté locale.
20
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
3. En arriver à un consensus sur la philosophie du système de soins.
4. Procéder à une évaluation des besoins dans la communauté afin de
comprendre les besoins des enfants et des familles, ainsi que les forces
et les faiblesses des dispensateurs de services actuels.
5. Développer et offrir des services complets, individualisés et adéquats
sur le plan culturel.
6. Impliquer des techniques évaluatives multiples qui facilitent l’amélioration du système et ajoutent à la connaissance de base du système.
Au Québec, un exemple intéressant de collaboration entre la première, la
deuxième et la troisième ligne est celui qui prévaut sur le territoire du Centre hospitalier de
Granby : modèle de traitement des demandes de services des jeunes de 0 à 17 ans requérant
des services en santé mentale (BOURGET, 2002). Ce modèle de partenariat en santé mentale
jeunesse a été mis sur pied en 1999, car certains jeunes de la région n’étaient pas traités par
les ressources appropriées. Les gestionnaires des Centres locaux de services communautaires (CLSC) et de la pédopsychiatrie ont alors joint leurs efforts dans le but de développer
un nouveau modèle de fonctionnement. Un de leurs objectifs était de déterminer, dès le
premier contact, les ressources d’aide les plus pertinentes pour répondre aux besoins des
jeunes et de leur famille. Pour ce faire, les demandes de services ont été centralisées au
CLSC afin que celui-ci détermine, après évaluation, si un jeune devait être pris en charge par
le CLSC ou référé en pédopsychiatrie. Certains établissements de la deuxième ligne ont
également participé à cet exercice de même que des psychologues scolaires. Les demandes
de services en provenance des centres jeunesse et de la deuxième ligne médicale ont
continué d’être traitées par la clinique de pédopsychiatrie. Afin de soutenir la première
ligne dans l’orientation des demandes de services, les intervenants de la pédopsychiatrie ont
offert des séances de formation sur certaines psychopathologies et sur les outils nécessaires
à l’orientation des demandes.
L’application de ce modèle a conduit à des résultats positifs à plusieurs égards :
clientèle mieux ciblée tant pour les suivis en CLSC qu’à la clinique de pédopsychiatrie,
meilleur dépistage des psychopathologies par la première ligne, meilleure collaboration
interétablissements, meilleur continuum de services, meilleure connaissance des réalités et
des mandats respectifs des différents établissements, augmentation de la prise en charge par
la première ligne et diminution de la liste d’attente en pédopsychiatrie (BOURGET, 2002).
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
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Interventions
Il va sans dire que l’éventail d’interventions en santé mentale chez les jeunes couvre
un très large spectre. L’analyse ne peut donc qu’être sommaire pour les fins du présent
document. Néanmoins, certains éléments méritent une attention particulière.
D’un point de vue théorique, la perspective développementale de la psychopathologie (SHIRK, TALMI et OLDS, 2000) conçoit toute pathologie comme un processus dynamique de systèmes. Selon ce point de vue, il existe une interaction de facteurs multiples,
c’est-à-dire diverses raisons possibles pour un même trouble, et les facteurs de risque et de
protection se cumulent à travers le temps. Ainsi, la psychopathologie d’un jeune concerne
son adaptation aux tâches développementales normatives et aux conditions qui facilitent ou
nuisent à cette adaptation à travers le temps. De plus, il existerait des transactions multiples
entre les forces de l’environnement, les caractéristiques de la famille et les caractéristiques
de l’enfant ; ces composantes s’influenceraient de manière dynamique et réciproque (SHIRK,
TALMI et OLDS, 2000). Suivant cette ligne de pensée, les interventions ne devraient pas
seulement cibler l’enfant, mais également les conditions qui maintiennent les problématiques et celles qui protègent l’enfant et sa famille. Voilà pourquoi l’approche écosystémique inclut les divers contextes de vie qui touchent le jeune de près ou de loin
(famille, école, société).
Par ailleurs, rappelons que chaque individu réagit différemment à une intervention
(POULIN, DISHION et BURRASTON, 2001). De manière générale, l’intervention en santé mentale
consiste à renforcer les facteurs de protection de l’enfant et de sa famille, tout en diminuant
les facteurs de risque. À cet égard, TOUPIN et PAUZÉ (2005) recommandent différents types
d’interventions destinées aux jeunes placés en centre jeunesse et à leur famille : interventions visant à réduire certains facteurs de risque parentaux et familiaux, interventions visant
à réduire les difficultés des jeunes, interventions visant les relations parents–enfant et
interventions visant à réduire certains facteurs de risque associés.
Dans le même ordre d’idées, certaines des interventions fondamentales en
protection de l’enfance incluent la thérapie orientée vers les solutions, la thérapie familiale,
la thérapie de groupe, la thérapie individuelle, les services à domicile, les services pour
préserver l’unité familiale, les services de soutien ainsi que la médiation (SHIRLEY, 2004).
S’ajoutent également à cette liste la thérapie par le jeu, les programmes éducationnels
22
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
spéciaux, les programmes de la petite enfance, les services et les activités de soutien, les
rencontres avec le jeune (SHIRLEY, 2004) et la thérapie par les pairs (SELMAN, WATTS et
SCHULTZ, 1997). Les interventions de groupe semblent constituer un bon moyen de contrer
l’isolement et la stigmatisation que beaucoup d’enfants placés, et leurs parents biologiques,
expérimentent (SCHNEIDERMAN, CONNORS, FRIBOURG, GRIES et GONZALES, 1998). En ce qui a
trait aux programmes de soutien familial (par exemple : éducation aux parents, soutien
individuel ou de groupe, soutien par des pairs, répit), il existe un manque d’évidence empirique
quant à leur efficacité auprès des enfants placés (CLYMAN, HARDEN et LITTLE, 2002).
De manière plus pointue, les interventions thérapeutiques destinées aux enfants
placés et à leur famille regroupent divers objectifs cliniques :
– Faciliter la transition de l’enfant à son placement.
– Renverser les sentiments de perte, d’abandon et de trahison engendrés
par la séparation avec la famille biologique.
– Réparer les relations familiales dysfonctionnelles.
– Promouvoir les comportements d’attachement et faciliter des interactions saines avec la famille d’accueil.
– Travailler à la « guérison » des effets des abus physiques et sexuels, de
l’isolement et de la négligence.
– Augmenter l’auto-contrôle des comportements et des émotions
dysfonctionnelles.
– Aider l’enfant à développer un sentiment de permanence quant aux
relations avec les autres.
(SCHNEIDERMAN, CONNORS, FRIBOURG, GRIES et GONZALES, 1998)
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
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L’importance d’avoir recours à des interventions qui impliquent la famille s’avère
donc primordiale en contexte de protection de la jeunesse. PARTON et MATHEWS (2001) insistent d’ailleurs sur le soutien qu’il convient d’offrir à ces familles en raison de l’impact positif
que cela peut avoir sur le bien-être de l’enfant. En outre, puisque les concepts de santé
mentale et de trouble mental varient selon les cultures, il importe d’avoir recours à des
interventions qui tiennent compte de l’ethnie et de la culture du jeune et de sa famille (Department of Health of the UK Governement, 2004). Lorsque la famille ne peut être présente auprès de
l’enfant (exemple : orphelins), les interventions doivent comporter des éléments qui se rapprochent du milieu familial (MUHAMEDRAHIMOV, PALMOV, NIKIFOROVA, GROARK et McCALL, 2004).
Enfin, il importe d’accepter qu’une famille retrouve des relations satisfaisantes,
sans que son modèle de relations atteigne notre idéal personnel et qu’il devienne aussi
développé qu’on le souhaiterait. En ce sens, il convient d’apprendre à mettre un terme à
l’intervention au moment opportun, car malgré une persistance de certaines difficultés
relationnelles, il peut y avoir un changement suffisant pour qu’une famille chemine tout de
même de manière positive (CHEMIN, CARON et JOLY, 1992).
Programmes prometteurs
Dans leur recension de programmes en santé mentale dans les écoles, PFEIFFER et
REDDY (1998) reprennent les idées de différents auteurs pour définir ce qu’on entend par
« programme en santé mentale » :
Tout service ou ensemble de services coordonnés qui visent l’identification, le diagnostic, la prévention ou le traitement de problèmes de
comportement, de problèmes émotifs ou psychologiques. L’élaboration de
ces programmes devrait être guidée par une philosophie de traitement, un
partage des valeurs et un objectif à long terme (traduction libre).
Une étude de 23 programmes en santé mentale réalisée par le Task Force on
Model Programs in Service Delivery in Child and Family Mental Health (ROBERTS, 1996)
détermine sept caractéristiques fondamentales des programmes en santé mentale. Ces
programmes :
1. Ciblent le système écologique de l’enfant.
2. Collaborent à rendre des services versatiles et intelligibles.
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
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3.
4.
5.
6.
7.
Définissent clairement leur(s) mission(s).
Rendent les services accessibles.
Peuvent être facilement adaptés et repris dans d’autres milieux.
Présentent des critères d’évaluation afin d’en mesurer l’efficacité.
Requièrent des responsables qui affichent un fort leadership.
Selon NASTASI (1998), le développement et l’implantation de programmes efficaces
en santé mentale nécessitent :
1. Que les interventions soient écologiquement valides et soumises à une
évaluation systématique et à la recherche.
2. Qu’il y ait une collaboration étroite entre les praticiens, les chercheurs
et les autres groupes prioritairement concernés.
Cette auteure détermine également cinq volets d’un programme en santé mentale :
1. La recherche–action (intégration de la théorie, de la recherche et de la
pratique).
2. Une perspective écosystémique (facteurs individuels et culturels).
3. Une approche de collaboration et de participation (partenariat).
4. Une approche allant de la prévention au traitement.
5. Un processus d’évaluation du programme (acceptabilité, intégrité,
validité, efficacité).
Les pages suivantes présentent quelques programmes prometteurs en santé
mentale pour les jeunes hébergés en contexte de protection de la jeunesse. L’importance
relative accordée à cette section s’appuie sur l’intention de mettre à profit les connaissances
existantes sur le sujet grâce à des modèles déjà établis. De plus, la grille de résumé utilisée
permet d’établir rapidement des comparaisons entre les différentes composantes des
programmes. Ainsi, ces programmes renferment une foule de renseignements précieux pour
le développement d’une programmation de services en santé mentale au Centre jeunesse de
Québec – Institut universitaire. Différents milieux d’hébergement sont visés par cette
recension, soit les unités de réadaptation, les familles d’accueil et les foyers de groupe.
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
Programmes d’hébergement en santé mentale
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La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
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Campus des Quatre-Vents
INSPIRÉ DES DOCUMENTS
– AUSLOOS, G. ▪ S. BISAILLON ▪ C. GAIGNON ▪ D. GARCEAU (2005). Le programme cadre aux
Quatre-Vents pour des jeunes présentant une problématique associée en santé mentale et
troubles du comportement. Lanaudière : Les Centres jeunesse de Lanaudière – Direction des
services de réadaptation et à l’hébergement.
– ASSELIN, P. ▪ G. AUSLOOS ▪ M.-J. BASTIEN ▪ G. BEAUDET ▪ J. DUROCHER ▪ D. GARCEAU
(2003). Une approche personnalisée pour des jeunes présentant un double diagnostic.
Candidature déposée par le Campus des Quatre-Vents des Centres jeunesse de Lanaudière
pour le Prix d’Excellence 2002 du réseau de la Santé et des Services sociaux, Catégorie :
Personnalisation des soins et des services. Lanaudière : Les Centres jeunesse de Lanaudière.
BRÈVE DESCRIPTION
Le Campus des Quatre-Vents des Centres jeunesse de Lanaudière accueille des jeunes qui
présentent un double diagnostic de trouble de santé mentale et de trouble du comportement. En
raison de l’adaptation difficile de ces jeunes à une vie de groupe, le Campus propose une
structure de prise en charge individualisée qui implique étroitement la famille. Le programme se
divise en trois volets : la réadaptation en unité, le vécu partagé et le répit familial.
OBJECTIF
Le programme tente de répondre aux besoins spécifiques des jeunes qui présentent des troubles
de santé mentale jumelés à des troubles de comportement notamment grâce à une prise en charge
individualisée, à une implication parentale accrue et à un partenariat avec le CHRDL (département de pédopsychiatrie), le CLSC de Matawinie, la Commission scolaire des Laurentides, la
pharmacie de St-Donat, la communauté, les commerçants de St-Donat, ainsi que le syndicat et
les employés du Campus des Quatre-Vents. Le programme vise à offrir un milieu de vie
accueillant, ouvert et affectueux à ces jeunes.
CLIENTÈLE
Le Campus des Quatre-Vents accueille, dans ses trois unités « santé mentale », des jeunes qui
présentent un double diagnostic de trouble de santé mentale et de trouble du comportement. Une
unité mixte est destinée aux jeunes de 6 à 12 ans alors que deux unités (une pour les filles et
l’autre pour les garçons) reçoivent des adolescents de 12 à 18 ans.
PHILOSOPHIE
Les quatre grands piliers du programme des Quatre-Vents sont : l’individualisation, la
« dépathologisation », la socialisation et la collaboration. Le programme s’enracine dans des
valeurs telles que le respect, la confiance, la responsabilisation et la collaboration. Puisque la vie
de groupe augmente la désorganisation et les symptômes psychiatriques de ces jeunes et qu’elle
perturbe le groupe et provoque le rejet, une relation privilégiée avec l’adulte prévaut sur les
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
28
unités en santé mentale. Chaque unité compte donc seulement six jeunes avec le même nombre
d’éducateurs qu’une unité pour douze jeunes. Le programme accorde une importance secondaire
au diagnostic, afin de percevoir d’abord le jeune comme une personne et non comme un malade.
De plus, le jeune développe son côté social en participant à la vie de sa communauté grâce à
différentes activités : école du village, piscine municipale, centre de loisirs, etc. La famille joue
un rôle prépondérant en regard des actions entreprises auprès des jeunes. D’ailleurs, les parents
sont perçus comme des partenaires de premier plan qui possèdent une expertise pertinente par
rapport à leur enfant. En outre, la formation continue du personnel revêt une grande importance.
APPROCHE THÉORIQUE
Ce modèle s’appuie sur l’approche écosystémique et englobe donc les différents systèmes qui
entourent le jeune : la famille, l’école, la pédopsychiatrie, etc. De par son emplacement en pleine
nature, le Campus des Quatre-Vents offre également une perspective écologique.
ÉQUIPE
L’équipe multidisciplinaire se compose d’un chef de service, d’éducateurs spécialisés, d’un
psychoéducateur, d’un intervenant en intégration sociale et de préposés aux bénéficiaires. Se
joignent à cette équipe une infirmière, un consultant clinique, un pédopsychiatre consultant ainsi
qu’un éducateur d’expérience.
ÉVALUATION CLINIQUE
L’évaluation clinique du jeune est préalablement réalisée par un pédopsychiatre qui le réfère au
Campus des Quatre-Vents.
INTERVENTION
La réadaptation en unité
Chaque jeune est jumelé à un éducateur de référence, et ce, dès son arrivée sur le Campus. La
vie sur l’unité comprend un éventail d’activités (exemples : sportives, manuelles, culturelles)
dont certaines se déroulent en groupe et d’autres en individuel. La mise en pratique et
l’intégration d’habiletés relationnelles telles que la tolérance, la coopération, la communication, la responsabilisation, la résolution de conflits et le respect des autres sont visés.
Quatre ateliers seront bientôt offerts par les éducateurs : habiletés de communication, résolution de conflits, régulation de la colère et éducation à une sexualité respectueuse.
Le vécu partagé
Chaque unité est munie d’une chambre « parents » qui permet aux parents ou toute autre
personne significative de rester sur l’unité pendant un ou plusieurs jours afin de partager le
vécu quotidien du jeune sur l’unité (exemples : repas, activités, discussions). Ce partage
favorise la collaboration parents–intervenants ainsi que l’intégration d’attitudes et
d’interventions efficaces dans le milieu familial.
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
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Le répit familial
Le répit familial permet à la famille d’aller passer une fin de semaine sur le campus tout en
bénéficiant du soutien d’un éducateur. Des studios sont aménagés à cette fin et fournissent
une occasion de répit et d’apprentissage à la famille. Cette intervention peut également servir
de transition à la fin d’un placement afin d’éviter une réinsertion familiale trop rapide.
DÉFIS ET PRÉOCCUPATIONS
La principale difficulté inhérente à l’implantation de ce programme réside dans la formation du
personnel à la philosophie et aux méthodes d’intervention peu conventionnelles du Campus des
Quatre-Vents. Notamment, les gens qui y travaillent doivent apprendre à se départir de leur
modèle d’intervention de groupe afin d’adopter une approche personnalisée et individualisée à
chaque jeune. De plus, le personnel doit apprendre à exercer un contrôle moindre par des
punitions ou des sanctions et utiliser davantage la relation avec le jeune pour lui faire
comprendre des choses. Enfin, le personnel doit apprendre à bien différencier, à travers ses
interventions, les comportements qui découlent des troubles mentaux de ceux qui découlent des
troubles du comportement.
EFFICACITÉ
Divers instruments ont permis d’évaluer sommairement les améliorations qui découlent de ce
programme : recherche prospective, sondages, statistiques et bilans. Parmi les améliorations
observées chez les jeunes du Campus des Quatre-Vents figurent une diminution de la
symptomatologie, une diminution de la médication, une reprise des activités scolaires adaptées à
leur réalité et des activités socialisantes dans la collectivité, une reprise du lien avec les parents
ainsi qu’un maintien de l’intégrité familiale. En 2002, après cinq ans de fonctionnement,
seulement trois jeunes avaient dû être réhospitalisés pour une courte durée, seulement un jeune
avait fait une tentative de suicide et seulement deux jeunes avaient fugué. Il est à noter
qu’aucune recherche empirique sur l’efficacité du programme n’a été complétée à ce jour.
TRANSFERT DES CONNAISSANCES
Plusieurs centres jeunesse du Québec ont profité de l’expertise du Campus des Quatre-Vents par
l’entremise d’une visite du site à Saint-Donat. Ils ont ainsi pu bénéficier des conseils du
personnel ayant participé au développement et à l’implantation de ce programme. Diverses
présentations du programme ont également eu lieu (exemples : colloques, conférences).
30
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
Campus des Quatre-Vents
Objectif
Répondre aux besoins spécifiques de jeunes qui présentent un double
diagnostic de trouble de santé mentale et de trouble du comportement par un
milieu de vie accueillant, chaleureux et ouvert.
Clientèle
Jeunes qui présentent un double diagnostic de trouble de santé mentale et de
trouble du comportement.
1 unité mixte pour jeunes de 6 à 12 ans.
2 unités pour adolescents de 12 à 18 ans (une pour filles, l’autre pour garçons).
Philosophie
4 piliers : individualisation, « dépathologisation », socialisation, collaboration.
Valeurs : respect, confiance, responsabilisation et collaboration.
Prise en charge individualisée, emphase sur le jeune et non sur sa maladie,
participation aux activités dans la communauté, implication parentale accrue,
partenariat (CHRDL, CLSC, Commission scolaire des Laurentides, pharmacie,
communauté, commerçants, employés et syndicat des Quatre-Vents.).
Approche
théorique
Approche écosystémique.
Milieu en pleine nature.
Équipe
Équipe multidisciplinaire : chef de service, éducateurs spécialisés, psychoéducateur, intervenant en intégration sociale, préposés aux bénéficiaires.
S’ajoutent une infirmière, un consultant clinique, un pédopsychiatre et un
éducateur d’expérience.
Évaluation
clinique
L’évaluation clinique du jeune est préalablement réalisée par un pédopsychiatre qui le réfère au Campus des Quatre-Vents.
Intervention
Réadaptation en unité.
Vécu partagé.
Répit familial.
Défis et
préoccupations
La formation du personnel à la philosophie et aux interventions de
Quatre-Vents.
Efficacité
Évaluations sommaires jusqu’à présent : recherches prospectives, sondages,
statistiques et bilans.
Améliorations observées : diminution de la symptomatologie, diminution de la
médication, reprise des activités scolaires adaptées à leur réalité et des activités
socialisantes dans la collectivité, reprise du lien avec les parents, maintien de
l’intégrité familiale.
Aucune recherche empirique sur l’efficacité du programme.
Transfert des
connaissances
À d’autres centres jeunesse du Québec.
Présentations, conférences, colloques.
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
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Apprivoiser les différences
Programme d’intervention en santé mentale et troubles
de la conduite
INSPIRÉ DU DOCUMENT
– PELLETIER BASQUE, D. ▪ L. DÉPELTEAU (2004). Apprivoiser les différences : Programme
d’intervention en santé mentale et troubles de la conduite. Montérégie : Les Centres jeunesse
de la Montérégie – Direction des services professionnels.
BRÈVE DESCRIPTION
Les Centres jeunesse de la Montérégie ont développé un programme afin de répondre aux
besoins spécifiques des jeunes présentant à la fois un trouble de santé mentale et un trouble de la
conduite. Deux unités de traitement individualisé fonctionnent actuellement selon ce
programme : LA SOURCE et HORIZON.
OBJECTIF
Trois principaux objectifs sont visés par le programme. D’abord, on cherche à diminuer les
symptômes des jeunes par une prise en charge individualisée adaptée à chacune des problématiques. Le développement d’une meilleure adaptation fonctionnelle (exemples : apprentissage
des règles d’hygiène de base, adaptation au monde du travail) constitue le deuxième objectif
poursuivi. Enfin, la réinsertion familiale ou sociale est visée.
CLIENTÈLE
Le programme est conçu pour les jeunes suivis sous la Loi sur la protection de la jeunesse (LPJ)
ou la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents (LSJPA) et qui vivent une double
problématique de trouble de santé mentale et de trouble de la conduite. Il s’agit de jeunes qui ne
peuvent vivre dans leur famille ou dans un milieu familial substitut et pour qui la socialisation
s’avère problématique. Actuellement, deux unités de traitement individualisé pour adolescents
(12-18 ans) sont fonctionnelles : une pour les filles et une autre pour les garçons.
PHILOSOPHIE
Les principales valeurs prônées par le programme sont les suivantes : considérer la famille
comme premier lieu de développement de l’enfant, impliquer le jeune et sa famille dans les
différentes décisions qui les concernent, offrir des activités de réadaptation adaptées à chaque
jeune, collaborer avec les partenaires et s’assurer d’une concertation, préparer les jeunes au
placement, protéger physiquement et psychologiquement le jeune et son entourage.
APPROCHE THÉORIQUE
L’analyse de la situation d’un jeune et de sa famille s’appuie sur la théorie systémique. Ainsi, la
famille est perçue comme le lieu d’origine de l’histoire de chacun et le symptôme fournit de
l’information sur le fonctionnement du système du jeune.
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
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ÉQUIPE
L’équipe de base multidisciplinaire se compose du chef de service, du chef de la permanence,
d’éducateurs, du personnel de soutien (cuisinières, préposés de jour et de nuit, agents de
sécurité), d’intervenants psychosociaux, d’une infirmière, d’un conseiller en développement
professionnel ainsi que d’un pédopsychiatre. Les milieux médical, scolaire et communautaire
s’ajoutent à l’équipe de base en tant que partenaires essentiels.
ÉVALUATION CLINIQUE
Au début du processus clinique, une collecte de données ainsi qu’une analyse de la situation
permettent de développer un plan d’intervention et un plan de services individualisés.
INTERVENTION
Le but de l’intervention consiste à restaurer l’adaptabilité du jeune pour son développement.
Différentes dimensions sont ciblées, dont : une meilleure fonctionnalité pour le jeune, le développement d’habiletés sociales adaptées à la problématique spécifique du jeune, une meilleure
intégration dans le milieu social, un suivi psychiatrique si nécessaire ainsi qu’une réinsertion
sociale. On valorise une certaine constance dans la routine des jeunes tout en demeurant flexible
selon les cas. Ainsi, il est possible de voir des conditions spécifiques à chacun et des conséquences différentes pour un même geste posé. Les activités cliniques sur l’unité incluent des
activités psychoéducatives, des activités d’apprentissage d’habiletés sociales, des rencontres
d’accompagnement, des rencontres familiales et des ateliers de développement des compétences
parentales. Enfin, l’intervention psychosociale peut s’accompagner d’un traitement pharmacologique.
DÉFIS ET PRÉOCCUPATIONS
L’un des défis consiste à adapter le programme en fonction des problématiques rencontrées
selon les sexes. À cet égard, les adolescentes de l’unité LA SOURCE présentent davantage de
troubles de personnalité alors que les adolescents de l’unité HORIZON présentent plus de troubles
psychotiques. Il importe donc que le programme soit sensible à ces différences afin de bien
répondre aux besoins spécifiques des jeunes.
EFFICACITÉ
Le service d’évaluation des Centres jeunesse de la Montérégie procédera sous peu à une
évaluation de l’efficacité du programme.
TRANSFERT DES CONNAISSANCES
Ce modèle a été largement diffusé à l’intérieur des Centres jeunesse de la Montérégie,
notamment grâce à des présentations ainsi qu’à des activités de sensibilisation et de formation.
De plus, le modèle a été présenté aux chefs de pédopsychiatrie de la région de même qu’à
l’Association des centres jeunesse du Québec.
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
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Apprivoiser les différences
Objectif
Diminution des symptômes par une prise en charge individualisée adaptée à
chacune des problématiques.
Développement d’une meilleure adaptation fonctionnelle.
Réinsertion familiale ou sociale.
Clientèle
Jeunes sous la LPJ ou la LSJPA aux prises avec une double problématique de
santé mentale et de troubles de la conduite.
Philosophie
La famille comme premier lieu de développement de l’enfant ; implication du
jeune et de sa famille dans les décisions ; activités de réadaptation adaptées à
chaque jeune ; collaboration et concertation avec les partenaires ; préparation
au placement ; protection physique et psychologique du jeune et de son
entourage.
Approche
théorique
Théorie systémique.
Équipe
Équipe de base multidisciplinaire : chef de service, chef de la permanence,
éducateurs, personnel de soutien, intervenant psychosocial, infirmière,
conseiller en développement professionnel, pédopsychiatre. Partenaires :
milieux médical, scolaire et communautaire.
Évaluation
clinique
Au début du processus clinique : collecte de données et analyse de la situation
afin d’élaborer un plan d’intervention et un plan de services individualisés.
Intervention
But de l’intervention : restaurer l’adaptabilité du jeune pour son développement.
Cibles de l’intervention : meilleure fonctionnalité pour le jeune, développement d’habiletés sociales adaptées à la problématique spécifique du jeune,
meilleure intégration dans le milieu social, suivi psychiatrique si nécessaire,
réinsertion sociale.
Activités cliniques.
Défis et
préoccupations
Adapter le programme aux différentes problématiques.
Efficacité
Évaluation de l’efficacité du programme sous peu.
Transfert des
connaissances
Diffusion, sensibilisation, formation.
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
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Unités de vie pour des jeunes ayant une double problématique de santé mentale et de trouble grave du
comportement
INSPIRÉ DES DOCUMENTS
– HÉBERT, L. (2004). Bilan des besoins d’hébergement des jeunes présentant une double
problématique de troubles de santé mentale et du comportement. Laurentides : Centre
jeunesse des Laurentides.
– HÉBERT, L. (2004). Bilan semestriel : Unités spécialisées en double problématique de
troubles de santé mentale et du comportement. Laurentides : Centre jeunesse des Laurentides.
– WHITE, R. ▪ L. HÉBERT ▪ G. AUSLOOS (2004). Programme d’intervention dans les unités de vie
spécialisées en santé mentale. Laurentides : Centre jeunesse des Laurentides.
– WHITE, R. ▪ L. HÉBERT ▪ G. AUSLOOS (2003). Projet santé mentale : Unité de vie pour des
jeunes ayant une double problématique de santé mentale et de trouble grave du
comportement. Laurentides : Centre jeunesse des Laurentides.
BRÈVE DESCRIPTION
En raison de besoins marqués pour des services spécialisés en santé mentale et en trouble du
comportement, le Centre jeunesse des Laurentides a développé une programmation de services
permettant d’accueillir sur des unités de vie des garçons et des filles correspondant à ce profil.
OBJECTIF
Le principal objectif de réadaptation pour des jeunes qui présentent des problèmes de santé
mentale et des troubles de comportement est la re-socialisation. Les unités spécialisées du Centre
jeunesse des Laurentides offrent donc un service d’hébergement pour ces jeunes en tentant de
s’adapter aux besoins spécifiques de cette clientèle.
CLIENTÈLE
Le programme est offert aux jeunes de 6 à 18 ans présentant des problèmes majeurs en santé
mentale et des troubles du comportement. Plus précisément, l’unité LE MISTRAL accueille des
filles de 12 à 18 ans, alors que l’unité LES ALIZÉS accueille des jeunes garçons de 6 à 12 ans.
PHILOSOPHIE
La pertinence de développer une approche par programme s’appuie sur diverses raisons.
Notamment, cette démarche permet de redéfinir les priorités et de clarifier les objectifs en
collaboration avec les différents partenaires. De plus, le développement d’un programme en
santé mentale améliore l’adéquation entre les besoins particuliers de la clientèle et les services
qui lui sont offerts. Par ailleurs, les tenants de ce programme croient en la pertinence de traiter
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
36
les troubles mentaux autrement que par l’hospitalisation. La famille, les systèmes qui entourent
le jeune, de même que le modèle psychoéducatif, figurent parmi les éléments centraux au cœur
des unités spécialisées du Centre jeunesse des Laurentides.
APPROCHE THÉORIQUE
La programmation s’appuie, entre autres, sur la théorie des systèmes qui permet de tenir compte
de l’environnement dans lequel les phénomènes naissent et évoluent. De plus, les interventions
familiales facilitent l’identification de stresseurs liés à la rechute, l’adoption d’attentes réalistes,
l’entraînement à la communication, la résolution de problèmes, etc. Enfin, le modèle
psychoéducatif aide la personne à rétablir l’équilibre avec son environnement et s’appuie sur le
vécu quotidien comme moyen d’y parvenir.
ÉQUIPE
L’équipe se compose d’éducateurs, d’un chef de service, de l’intervenant social référent, de
l’intervenant santé mentale, d’une infirmière, d’une dame de pavillon, d’un conseiller clinique
clientèle (psychologue) et d’un conseiller clinique programme. La formation du personnel en
santé mentale revêt une grande importance.
ÉVALUATION CLINIQUE
Pour être admis sur une unité en santé mentale, les jeunes doivent avoir été préalablement
évalués cliniquement par un pédopsychiatre ou par un psychologue au cours des deux dernières
années. Il arrive quelques fois qu’un jeune soit évalué par la psychologue du Centre jeunesse des
Laurentides impliquée dans le programme.
INTERVENTION
Le Dr. Guy Ausloos propose quatre piliers d’une intervention éducative systémique : individualiser, « dépathologiser », re-socialiser et collaborer avec la famille. En ce qui a trait à
l’individualisation de l’intervention, il importe de tenir compte des différences qui existent entre
les jeunes et d’adapter les règles de vie en conséquence. Pour ce qui est de la
« dépathologisation », il faut se rappeler que le jeune ne se limite pas à sa maladie et qu’il
possède une identité au-delà de sa problématique. Face à la maladie, la tâche de l’équipe
demeure avant tout éducative et ne vise pas la guérison. D’autre part, la re-socialisation occupe
une place de grande importance à l’intérieur de ce modèle. À cet égard, la scolarisation
représente un milieu de choix dans le développement d’habiletés sociales. De plus, on enseigne
aux jeunes sur les unités les règles de respect mutuel, d’hygiène (…) afin d’améliorer leurs
relations interpersonnelles. La collaboration avec la famille s’avère primordiale, et ce, dès le
processus d’admission. À cet effet, plusieurs moyens sont mis à profit, dont : les fins de semaine
en famille, le vécu familial, les rencontres mensuelles, les contacts téléphoniques, l’aide apportée
aux parents dans leur rôle, etc.
DÉFIS ET PRÉOCCUPATIONS
Afin d’utiliser judicieusement les ressources d’hébergement spécialisées, le service d’accès
désire instaurer des normes très claires permettant de déterminer les jeunes qui vivent des
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
37
problèmes de santé mentale et ceux dont le placement devrait être priorisé. Pour ce faire, on
recommande qu’un pédopsychiatre soutienne l’identification des problématiques de chaque
jeune. Par ailleurs, certains jeunes pourraient quitter l’unité « santé mentale » pour aller vers une
ressource intermédiaire, mais le manque de ressources intermédiaires dans la région pose
actuellement problème. Enfin, le besoin de développer une unité en santé mentale pour garçons
de 12 à 18 ans se fait également sentir.
EFFICACITÉ
Trois concepts ont guidé les activités de développement et d’évaluation du programme : la
cohérence, la pertinence et la vraisemblance. Bien qu’aucune évaluation empirique formelle
n’ait été complétée, un bilan est réalisé tous les six mois afin d’évaluer le nombre de jeunes
desservis, le portrait de la clientèle (exemples : pathologies, médication), l’adéquation entre la
clientèle cible du programme et la clientèle admise, les succès réalisés ainsi que les prochaines
étapes de développement.
TRANSFERT DES CONNAISSANCES
À l’interne, le Dr. Guy Ausloos offre une formation sur les problématiques de santé mentale au
personnel éducatif des unités spécialisées. Un module pédagogique concernant la perspective
systémique a également été rédigé et des activités de sensibilisation permettent de mieux
connaître la clientèle des unités. Le campus accueille également à l’occasion des visiteurs d’ici
(exemples : autres centres jeunesse) et d’ailleurs (Europe) afin de faire connaître leur modèle.
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
38
Unités de vie pour des jeunes ayant une double problématique
de santé mentale et de trouble grave du comportement
Objectif
Offrir des services à des jeunes qui ont des problèmes de santé mentale et des
troubles du comportement un service d’hébergement qui réponde à leurs
besoins spécifiques.
Viser la re-socialisation de ces jeunes.
Clientèle
Jeunes de 6 à 18 ans présentant des problèmes majeurs en santé mentale et en
troubles du comportement.
Une unité pour filles de 12 à 18 ans.
Une unité pour garçons de 6 à 12 ans.
Philosophie
L’approche par programme : clarification des priorités et des objectifs,
meilleure adéquation entre les besoins de la clientèle et les services.
Traiter les troubles mentaux autrement que par l’hospitalisation.
Au cœur du programme : la famille et les autres systèmes, le modèle
psychoéducatif.
Approche
théorique
Théorie des systèmes.
Intervention familiale.
Modèle psychoéducatif.
Équipe
Éducateurs, chef de service, intervenant social référant, intervenant santé
mentale, infirmière, dame de pavillon, conseiller clinique clientèle
(psychologue) et un conseiller clinique programme.
Évaluation
clinique
Préalable à l’admission du jeune et datant de moins de deux ans.
Intervention
Quatre piliers d’une intervention éducative systémique : individualiser,
« dépathologiser », re-socialiser, collaborer avec la famille.
Défis et
préoccupations
Améliorer le service d’accès afin d’utiliser les unités spécialisées pour les
jeunes qui cadrent adéquatement avec la mission de ces unités.
Manque de ressources intermédiaires.
Développement éventuel d’une unité « santé mentale » pour garçons de 12 à
18 ans.
Efficacité
Bilans à tous les six mois.
Pas d’évaluation formelle.
Transfert des
connaissances
Formation du personnel en santé mentale.
Module pédagogique sur la perspective systémique.
Sensibilisation du personnel du CJ sur la clientèle.
Visites du campus par d’autres centres jeunesse et par des européens.
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
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Le Moussaillon
Programme de réadaptation 6–12 ans
INSPIRÉ DU DOCUMENT
– CÔTÉ, D. ▪ Équipe de l’unité LE MOUSSAILLON avec la collaboration des Services
professionnels (2005). Le Moussaillon : Programme de réadaptation 6-12 ans.
Bas-St-Laurent : Centre jeunesse du Bas-Saint-Laurent.
BRÈVE DESCRIPTION
Face à une absence de ressources d’hébergement spécialisées pour garçons de 6 à 12 ans
présentant de multiples problématiques sévères, le Centre jeunesse du Bas-Saint-Laurent a mis
en place un concept d’intervention intensive de protection et de réadaptation : l’unité LE
MOUSSAILLON. L’une des particularités de ce programme est l’intégration d’un professionnel
psychosocial rattaché directement à l’unité et qui œuvre à titre de personne autorisée par le
Directeur de la protection de la jeunesse (DPJ). LE MOUSSAILLON permet donc de répondre aux
besoins spécifiques des garçons présentant des difficultés importantes.
OBJECTIF
L’objectif général de cette unité consiste à offrir un milieu de vie transitoire et des services
interdisciplinaires adaptés et individualisés permettant aux enfants ainsi qu’à leurs parents une
amélioration marquée de la situation problématique et l’appropriation de nouvelles méthodes
par chacun pour jouer de façon utile et constructive leurs rôles respectifs (p. 5). Les objectifs
spécifiques visent une plus grande implication des parents, une intensification de l’accessibilité
aux services de l’équipe interdisciplinaire, une meilleure présence et cohérence dans l’intervention psychoéducative, des services qui répondent mieux aux besoins des garçons et de leurs
parents ainsi qu’une diminution de la durée du séjour en hébergement. Les objectifs comprennent trois étapes distinctes, soit la formation, la rééducation et la réinsertion (expérimentation).
CLIENTÈLE
Les garçons de ce programme ont entre 6 et 12 ans et reçoivent des services en vertu de la Loi
sur la protection de la jeunesse (LPJ) et de la Loi sur les services de santé et les services sociaux
(LSSSS). Ces jeunes affichent pour la plupart des troubles majeurs du comportement et peuvent
également présenter des problématiques de santé mentale diagnostiquées par un pédopsychiatre
telles que : trouble de l’attachement, déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité, syndrome
de Gilles de la Tourette, trouble envahissant du développement, trouble des conduites, etc. Les
parents sont eux aussi impliqués dans la démarche de changement et viennent chercher les outils
nécessaires afin de reprendre en main la situation problématique.
PHILOSOPHIE
Le programme s’appuie sur diverses croyances fondamentales dont seulement quelques-unes
seront reprises ici. Le lecteur intéressé pourra se référer au document pour de plus amples
détails. À l’unité LE MOUSSAILLON, la famille représente un droit. En ce sens, les activités
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
40
familiales ne devraient pas servir de moyens punitifs, mais devraient plutôt être perçues comme
des activités de réadaptation pour le jeune, et comme des exercices des rôles parentaux pour les
parents. Par ailleurs, puisque chaque enfant connaît une situation différente, la stratégie
d’intervention doit être adaptée à chaque cas et ne peut être appliquée exactement de la même
manière d’un jeune à l’autre. D’autre part, l’adhésion de la famille dans la démarche de changement représente un principe important du programme afin que le garçon puisse retourner dans
son milieu familial le plus rapidement possible.
APPROCHE THÉORIQUE
L’approche différentielle fournit une typologie aux éducateurs qui appliquent un traitement
adapté aux caractéristiques personnelles et au niveau de développement de chaque jeune. Cette
approche rigoureuse et validée s’appuie sur le modèle développemental de la maturité
interpersonnelle.
ÉQUIPE
L’équipe interdisciplinaire se compose de sept éducateurs et éducatrices, d’une travailleuse
sociale qui est la personne autorisée du DPJ rattachée directement à l’unité, de trois agents
d’intervention, de deux cuisinières, de deux surveillants en institution et d’un chef de services
jouant le rôle de conseiller clinique. Trois partenaires des réseaux de la santé et de l’éducation
jouent également un rôle important dans ce programme : une infirmière, un pédopsychiatre et
une enseignante.
ÉVALUATION CLINIQUE
Le portrait personnalisé d’un garçon et l’évaluation psychosociale de la famille sont
habituellement réalisés rapidement après l’arrivée du jeune sur l’unité. Les outils de mesure
suivants fournissent un portrait des tendances : l’entrevue de maturité interpersonnelle, le test
« Dominique » (santé mentale), l’I.C.B.E. (inventaire concernant le bien-être de l’enfant en lien
avec l’exercice des responsabilités parentales), la cueillette de données psychosociales et scolaires, les antécédents psychologiques, psychiatriques et médicaux, le programme neurolinguistique qui donne un aperçu du processus d’apprentissage auditif, visuel ou kinestésique et
le risque suicidaire. Au besoin, une évaluation médicale, pédopsychiatrique ou psychologique
sera demandée.
INTERVENTION
Le processus clinique du programme LE MOUSSAILLON comporte dix étapes :
1. Déterminer et analyser la problématique qui a amené le garçon à l’unité LE MOUSSAILLON.
2. Définir le portrait personnalisé du jeune par l’équipe interdisciplinaire.
3. Élaborer des hypothèses de travail au niveau du plan d’intervention.
4. Rédiger un plan d’intervention tout en y insérant des objectifs de réintégration familiale dès
l’arrivée du garçon sur l’unité.
5. Préciser l’implication continue et soutenue des parents durant toute l’intervention selon
l’ordonnance du tribunal.
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
41
6. Établir des balises de sorties avec rétroactions immédiates et régulières selon l’ordonnance
du tribunal.
7. Provoquer des rencontres entre les parents et le garçon hébergé par le biais de fêtes
annuelles et traditionnelles.
8. Réaliser un suivi aux quatre mois en comité clinique.
9. Assurer un suivi post-hébergement dans le milieu familial pour une période de 4 à 6 mois
par la personne autorisée.
10. Effectuer une révision pouvant conduire à la fermeture du dossier ou à la poursuite par le
point de service d’origine, selon les besoins du garçon et de sa famille.
Chacune des dix étapes est bien définie dans le document consulté.
DÉFIS ET PRÉOCCUPATIONS
Pour réaliser ce projet, le Centre jeunesse du Bas-Saint-Laurent a dû revoir complètement le
fonctionnement de l’unité, et ce, tant sur le plan de la composition de la nouvelle équipe
interdisciplinaire que sur celui de la pratique et de la formation des intervenants.
EFFICACITÉ
Soucieuse d’offrir des services de qualité, la Direction des services de réadaptation désire valider
le contenu et l’application de ce programme. LE MOUSSAILLON sera impliqué dans la démarche de
l’Agrément en 2006 et, à moyen terme, le programme fera l’objet d’une rétroaction auprès de
tous les acteurs concernés.
TRANSFERT DES CONNAISSANCES
D’autres centres jeunesses (exemples : Chaudière–Appalaches et Côte-Nord) ont visité
LE MOUSSAILLON et ont bénéficié des connaissances du personnel sur le développement et la mise
en place d’une telle programmation.
42
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
Le Moussaillon
Objectif
Offrir un milieu de vie transitoire et des services interdisciplinaires adaptés et
individualisés aux enfants et à leurs parents.
Clientèle
Garçons entre 6 et 12 ans suivis sous la LPJ ou la LSSSS.
Troubles de comportement et/ou problématiques de santé mentale.
Philosophie
La famille représente un droit.
Les activités familiales ne devraient pas servir de moyens punitifs.
La stratégie d’intervention doit être adaptée à chaque jeune.
L’adhésion de la famille dans la démarche de changement représente un
principe de changement.
Approche
théorique
Approche différentielle basée sur le modèle développemental de la maturité
interpersonnelle.
Équipe
Équipe interdisciplinaire : sept éducateurs et éducatrices, une travailleuse
sociale (personne autorisée), trois agents d’intervention, deux cuisinières, deux
surveillants en institution, un chef de service (conseiller clinique).
Trois partenaires : une infirmière, un pédopsychiatre, une enseignante.
Évaluation
clinique
Portrait personnalisé d’un garçon et évaluation psychosociale de la famille.
Outils : entrevue de maturité interpersonnelle, test « Dominique », I.C.B.E.,
cueillette de données psychosociales et scolaires, antécédents psychologiques,
psychiatriques et médicaux, programme neurolinguistique, risque suicidaire.
Intervention
Processus clinique en 10 étapes (voir texte).
Défis et
préoccupations
La mise en branle de ce projet a nécessité une restructuration complète de
l’unité.
Efficacité
Le programme sera éventuellement évalué.
Transfert des
connaissances
Visite du MOUSSAILLON par d’autres centres jeunesse.
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
43
The Teaching–Family Model (TFM)
INSPIRÉ DE L’ARTICLE
– JONES, R.J. ▪ G.D. TIMBERS (2003). « Minimizing the Need for Physical Restraint and
Seclusion in Residential Youth Care Trough Skill-Based Treatment Programming ». Families
in Society, 84 (1), 21-29.
BRÈVE DESCRIPTION
Le programme TFM (The Teaching-Family Model) a été mis sur pied dans les années soixante
afin d’améliorer la qualité des services offerts aux jeunes contrevenants vivant en foyer de
groupe. Son développement a principalement été motivé par un désir de professionnalisation des
soins et des traitements prodigués à cette clientèle et d’offrir une alternative à l’incarcération.
Depuis, le modèle s’est adapté et vise la réduction des interventions coercitives de restriction
physique, de contention et d’isolement en misant sur le développement des compétences. Ainsi,
le TFM cherche surtout à enseigner et à récompenser les comportements appropriés afin de
prévenir ou de corriger les comportements problématiques.
OBJECTIF
L’objectif principal du TFM est de favoriser la diminution des interventions de restriction
physique, d’isolement et de contention en centre de réadaptation par le biais de soins et de
traitements axés sur les compétences. Contrairement aux autres programmes d’intervention de
crise, ce programme cible la modification des conduites problématiques du jeune à l’aide de
techniques comportementales plutôt que la suppression ou la contention de ces dernières.
L’intervention doit idéalement être utilisée de façon préventive, en amont des comportements
aberrants, afin d’éviter les problèmes de conduites plus sévères.
CLIENTÈLE
Au moment de sa conception, le TFM était exclusivement destiné aux jeunes contrevenants, mais
depuis, il a été adapté à une population plus diversifiée. Il s’adresse désormais aux enfants et aux
adolescents avec des troubles de comportement importants qui sont référés par les services
sociaux et les agences de santé mentale à des centres de réadaptation pour une intervention à
long terme.
PHILOSOPHIE
Cette approche mise essentiellement sur l’habileté du jeune à corriger ses propres comportements. Ainsi, l’intervenant n’agit qu’à titre d’enseignant et de renforçateur social des
comportements du client.
APPROCHE THÉORIQUE
Ce modèle s’appuie sur des techniques comportementales de renforcement social. Ainsi, les
comportements adaptés sont renforcés, tout en évitant autant que possible les punitions pouvant
donner lieu à des guerres de pouvoir entre l’intervenant et le jeune. L’utilisation d’une tactique
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
44
appelée le pre-teaching permet aussi d’enseigner aux jeunes à anticiper les situations
susceptibles de provoquer des débordements et de pratiquer des comportements acceptables
quand de telles situations se présentent. Les caractéristiques centrales du programme sont les
suivantes :
– Avant la mise en place du TFM, il faut procéder à une sélection minutieuse des teaching
parents potentiels qui sont souvent des couples mariés qui travaillent à titre d’équipe de
traitement du jeune.
– Il importe de former adéquatement ces personnes et de les reconnaître comme des praticiens
professionnels à part entière.
– L’équipe de formation TFM doit toujours demeurer disponible en offrant des possibilités de
consultation professionnelle 24 heures sur 24.
– Utiliser le leadership des pairs du jeune et son système d’autocontrôle (c’est-à-dire :
self-government system).
– Faire des évaluations complètes et récurrentes des professionnels et de la communauté
(incluant des évaluations de la qualité des soins et des traitements reçus par les jeunes) et
exiger une nouvelle certification chaque année en s’appuyant sur ces évaluations.
– Mettre l’accent sur le style de vie familial et l’apprentissage dans un environnement normatif.
INTERVENTION
L’intervention consiste surtout en des interactions proactives d’enseignement (entre le jeune et
l’intervenant) axées sur la prévention positive et sur l’acquisition d’habiletés de base telles que
suivre les consignes, demander la permission, accepter le « non », exprimer son désagrément,
etc. L’intervenant doit chercher à enseigner et à récompenser socialement les comportements
appropriés afin de remplacer les comportements aberrants. Pour ce faire, il doit aider le jeune à
corriger sa conduite en renforçant socialement les comportements adaptés, mais en évitant autant
que possible de pratiquer toutes formes d’interventions coercitives lorsque les comportements
indésirables surviennent.
DÉFIS ET PRÉOCCUPATIONS
Il importe de former davantage le personnel des centres de réadaptation afin qu’il utilise à bon
escient les interventions de contention. Les intervenants devraient donc en arriver à considérer la
contention physique comme une intervention de dernier recours. Suivant cette ligne de pensée,
l’adoption de programmes complets et intégrés qui visent la modification comportementale en
comptant sur les habiletés du jeune (c’est-à-dire la correction des comportements inadaptés à
travers le développement de compétences, plutôt que par la suppression ou la contention de ces
comportements) semble de mise.
EFFICACITÉ
Le TFM est un programme bien documenté, largement utilisé et reconnu à l’échelle nationale aux
États-Unis. L’étude, dont il est question ici, évalue l’efficacité de ce programme pour réduire les
interventions de restrictions physiques, de contention et d’isolement. Les résultats obtenus suite
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
45
à l’implantation du TFM dans deux institutions pour jeunes indiquent une diminution du nombre
de contentions et de situations d’isolement initiés par les intervenants. Il est possible de croire
qu’un programme de traitement bien défini, complet, intégré et misant sur les compétences des
participants pourrait diminuer la fréquence des comportements inadaptés et, par conséquent, la
contention et l’isolement.
The Teaching–Family Model (TFM)
Objectif
Diminuer la fréquence des interventions de restriction physique, de contention
et d’isolement.
Modifier les conduites problématiques du jeune.
Prévenir les comportements aberrants.
Clientèle
Enfants et adolescents avec des troubles de comportement importants et vivant
en centre de réadaptation.
Philosophie
Programme axé sur les compétences du jeune.
L’intervenant joue un rôle d’enseignant et de renforçateur.
Approche
théorique
Approche comportementale : renforcement social des comportements adaptés.
Pre-teaching.
Équipe
Aucun renseignement.
Évaluation
clinique
Aucun renseignement.
Intervention
Anticiper les situations susceptibles de provoquer les comportements
indésirables.
Enseigner et pratiquer les comportements appropriés.
Renforcer le jeune lorsqu’il substitue ces comportements aberrants par des
comportements plus adaptés.
Éviter les punitions coercitives (c’est-à-dire : la restriction physique,
l’humiliation, etc.).
Défis et
préoccupations
Utiliser à bon escient les interventions de contention.
Adopter des programmes visant la modification comportementale en misant
sur les compétences du jeune.
Efficacité
Bien documenté, largement utilisé et reconnu aux États-Unis.
Réduit la fréquence des interventions coercitives.
Transfert des
connaissances
Aucun renseignement.
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
47
The Sanctuary Model
INSPIRÉ DE L’ARTICLE
– RIVARD, J.C. ▪ D. McCORKLE, ▪ M.E. DUNCAN ▪ L.E. PASQUALE ▪ S.L. BLOOM ▪
R. ABRAMOVITZ (2004). « Implementing a Trauma Recovery Framework for Youths in
Residential Treatment ». Child and Adolescent Social Work Journal, 21 (5), 529-550.
BRÈVE DESCRIPTION
Le Sanctuary Model a d’abord été développé pour les adultes victimes de traumatisme, puis il a
été adapté pour les adolescents qui vivent en centre de réadaptation et qui ont été victimes de
maltraitance et/ou témoins de violence dans leur entourage. Il s’agit d’un modèle d’intervention
de groupe qui s’inspire des théories du trauma (trauma theories) et qui propose une gamme de
recommandations visant à réduire les symptômes post-traumatiques chez les enfants. Le
Sanctuary Model comporte quatre stades de guérison des expériences traumatiques : sécurité,
régulation des affects, deuil, pouvoir d’agir. Il s’applique lors de sessions de groupe au cours
desquelles les jeunes apprennent différentes habiletés pour progresser à travers les quatre étapes
de guérison.
OBJECTIF
Le Sanctuary Model tente d’abord et avant tout de répondre aux besoins spéciaux des enfants qui
ont été maltraités et témoins de violence et qui vivent en centre de réadaptation. Il vise à
renforcer l’environnement thérapeutique de la communauté résidentielle et à augmenter, chez les
jeunes, le pouvoir d’agir et l’influence qu’ils ont sur leur propre vie.
CLIENTÈLE
L’intervention s’adresse à des enfants qui sont placés dans un centre de réadaptation et qui ont
été maltraités ou exposés à la violence dans leur famille ou leur environnement.
PHILOSOPHIE
La prémisse fondamentale du Sanctuary Model concerne l’environnement thérapeutique. Ce
dernier est considéré comme étant le noyau des relations saines entre les membres de la
communauté. Il doit être sécurisant sur les plans physique, psychologique, social et moral, tant
pour le client que pour le personnel. Selon le modèle, c’est la communauté résidentielle
elle-même qui a le plus d’influence sur le traitement, bien que les clients soient responsables
d’une grande part de leur propre guérison. De plus, une emphase est mise sur le soutien et
l’assistance technique du personnel des centres afin de faciliter le travail avec la famille, la
planification du traitement, etc. Les tenants du Sanctuary Model croient que le fonctionnement
du centre doit être démocratique et que les jeunes peuvent faciliter le traitement des autres en
créant et en forgeant des relations de soutien entre eux.
APPROCHE THÉORIQUE
Il s’agit d’un programme psychoéducatif qui s’appuie sur les théories du trauma et sur une
approche cognitive–comportementale. En enseignant aux jeunes différentes habiletés sociales,
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
48
ces derniers sont plus aptes à traverser les quatre stades de guérison dans un climat de confiance
et de sécurité. À partir d’activités variées (exemples : vidéos, discussions, jeux de rôle), le
programme promeut le développement d’habiletés de restructuration de la pensée, de la
communication et des comportements.
ÉQUIPE
L’équipe est composée de conseillers, de superviseurs et de cliniciens qui pratiquent dans les
centres de réadaptation.
INTERVENTION
Les conseillers, superviseurs et cliniciens reçoivent une formation de huit heures sur différents
thèmes comme l’utilisation des théories du trauma pour comprendre les expériences de vie des
jeunes et leur influence sur l’adaptation, les habiletés sociales, la promotion du leadership chez
les jeunes, etc.
L’intervention s’étale sur douze rencontres co-animées par des cliniciens et des conseillers du
milieu, à raison d’une session par semaine. Chaque session comporte des objectifs et chacun est
invité à demander de l’aide, à partager ses sentiments, ses buts, ses succès, (…) et des
récompenses pour les comportements prosociaux sont accordées. Les jeunes qui désirent intégrer
le groupe peuvent le faire à tout moment, sans égard au thème qui est couvert. À la dernière
rencontre, un certificat est remis aux participants du groupe. Une fois les douze sessions
complétées, les adolescents sont invités à poursuivre leur implication pour apprendre de
nouvelles choses et pour aider les autres membres de la communauté.
DÉFIS ET PRÉOCCUPATIONS
Différents facteurs posent des barrières à l’implantation et à la consistance du modèle. D’abord,
il peut arriver que le temps manque pour optimiser une communication constante. De plus, il se
peut que les crises manifestées à l’école et en centre de réadaptation soient différentes, limitant
ainsi sa généralisation à d’autres sphères. Il est également possible que le personnel n’ait pas
reçu de formation adéquate pour l’utilisation du modèle. À cet effet, le personnel réclame le
besoin d’avoir plus de formation basée sur des expériences concrètes.
EFFICACITÉ
Les résultats obtenus indiquent diverses améliorations suite à l’implantation du modèle. En effet,
le Sanctuary Model exerce un impact sur la pratique avec les jeunes, mais aussi sur les relations
entre ces derniers et le personnel. Le modèle a permis de mettre de nouvelles habiletés
d’intervention sur pied, de pratiquer ces nouvelles façons d’intervenir, de collaborer et de
renforcer la compétence à travailler en groupe.
TRANSFERT DES CONNAISSANCES
Le renforcement du modèle est assuré par sa diffusion en milieu scolaire, familial et
communautaire. De plus, le personnel apprend, lors de sa formation, à diffuser le modèle dans
l’environnement du jeune et à travers tous les aspects du programme psychoéducatif.
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
49
The Sanctuary Model
Objectif
Répondre aux besoins spéciaux des enfants qui ont été maltraités et témoins de
violence et qui vivent en centre de réadaptation.
Renforcer l’environnement thérapeutique de la communauté résidentielle.
Augmenter, chez les jeunes, leur pouvoir d’agir et l’influence qu’ils ont sur
leur propre vie.
Clientèle
Les enfants qui sont placés dans un centre de réadaptation et qui ont été
maltraités ou exposés à la violence dans leur famille ou leur environnement.
Philosophie
Environnement = noyau des relations saines entre les membres de la
communauté (personnel et jeunes).
C’est la communauté résidentielle elle-même qui a le plus d’influence sur le
traitement, mais les clients sont aussi responsables d’une grande part de leur
propre guérison.
Le fonctionnement du centre devrait être démocratique plutôt qu’autocratique.
Approche
théorique
Programme psychoéducatif.
Théories du trauma.
Approche cognitive–comportementale.
Équipe
Conseillers, superviseurs et cliniciens qui pratiquent dans les centres de
réadaptation.
Évaluation
clinique
Aucun renseignement.
Intervention
Douze rencontres co-animées par des cliniciens et des conseillers du milieu
(une par semaine).
Chaque session comporte des objectifs différents et traite de sujets variés.
Des récompenses pour les comportements prosociaux sont accordées.
À la dernière rencontre, un certificat est remis aux participants du groupe.
Défis et
préoccupations
Manque de temps.
Les crises manifestées à différents endroits peuvent être de nature variée.
Possibilité que le personnel n’ait pas reçu de formation adéquate pour son
utilisation.
Besoin d’avoir plus de formation basée sur des expériences concrètes.
Efficacité
Amélioration des relations entre les jeunes et le personnel.
Nouvelles habiletés d’intervention développées.
Renforcement de la compétence à travailler en groupe.
Transfert des
connaissances
Le renforcement du modèle est assuré par sa diffusion en milieu scolaire,
familial et communautaire.
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
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The Boys Town Residential Treatment Center (BTRTC)
INSPIRÉ DE L’ARTICLE
– DALY, D.L. ▪ M.D. SCHMIDT ▪ D.F. SPELLMAN ▪ T.R. CRISTE ▪ K. DINGES ▪ J.F. TEARE (1998).
« The Boys Town Residential Treatment Center : Treatment Implementation and Preliminary
Outcomes ». Child & Youth Care Forum, 27 (4), 267–279.
BRÈVE DESCRIPTION
Le programme BTRTC (Boys Town Residential Treatment Center) fut créé en décembre 1995 en
raison de certaines difficultés rencontrées en centre de réadaptation : manque de traitements
résidentiels de qualité répondant aux besoins des jeunes, traitements efficaces souvent intrusifs
et coûteux, personnel moins qualifié, etc. Face à ces problèmes, le programme s’est développé,
et ce, à partir de deux autres modèles d’intervention reconnus soit le Boys Town Family Home
Program et le Immanuel Hospital Adolescent Psychiatric Inpatient Program. L’équipe du
BTRTC s’efforce de prodiguer des services continus aux jeunes de même qu’à leur tuteur (care
providers) dans le but, notamment, de réduire le temps passé en centre de réadaptation.
OBJECTIF
Trois objectifs principaux sont visés par ce programme :
1.
Fournir un traitement résidentiel de qualité pour des jeunes présentant des problèmes
émotionnels, cognitifs et comportementaux importants.
2.
Dispenser des services dans le contexte d’un système intégré, pensé pour rencontrer le plus
adéquatement possible les besoins des jeunes.
3.
Construire une base de données et un modèle de traitement à partir de ces mêmes données
afin non seulement d’aider les jeunes, mais aussi de faire avancer les connaissances sur la
façon de traiter efficacement les problèmes de ces derniers.
CLIENTÈLE
Le programme BTRTC est offert aux jeunes ayant une histoire d’abus physique et/ou sexuel,
d’échecs scolaires nombreux ou qui ont connu plusieurs placements auparavant. Les adolescents
souffrant de troubles psychiatriques et de troubles de comportement se voient également
éligibles à ce programme. La clientèle du programme BTRTC est donc composée de garçons qui
ont été transférés en centre de réadaptation (la plupart proviennent du milieu hospitalier) et qui
sont âgés en moyenne de 13 ans. Seulement le tiers de ces jeunes vivent avec leurs deux parents
biologiques.
PHILOSOPHIE
Le modèle psycho-éducationnel (PEM) utilisé dans le programme BTRTC considère que tous les
membres du personnel sont des agents thérapeutiques importants pour les jeunes. Pour cette
raison, le personnel est encouragé à entretenir des contacts fréquents avec les résidants afin de
leur enseigner les habiletés nécessaires à leur réadaptation. De cette façon, le jeune améliore ses
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
52
compétences sociales et il développe également une relation positive avec un adulte qui lui sert
de modèle.
APPROCHE THÉORIQUE
Le programme s’appuie sur une approche comportementale basée sur un système de points et de
récompenses.
ÉQUIPE
L’équipe multidisciplinaire est composée du directeur médical (psychiatre), du jeune, de la
famille de celui-ci (ou gardien légal), du thérapeute, du coordonnateur de programme, de
l’éducateur spécialisé, de l’infirmière, du représentant du système de santé (si nécessaire) et des
membres du personnel qui travaillent directement avec le jeune.
ÉVALUATION CLINIQUE
Quatorze jours après l’admission du jeune, l’équipe multidisciplinaire se réunit afin d’établir les
objectifs de traitement en fonction de trois dimensions : biologique, psychologique et sociale.
Des instruments standardisés sont également utilisés. Le Child Behavior Checklist (CBCL) est
administré à l’arrivée du jeune au centre, à son départ, ainsi que six mois après son départ. Cet
instrument permet d’évaluer les problèmes de comportement et les compétences sociales de
l’adolescent. Le Restrictiveness of Living Environment Scale (ROLES) et The Children’s Global
Assessment Scale (CGAS) sont aussi régulièrement utilisés à l’admission et à la sortie du centre.
INTERVENTION
Le programme BTRTC emploie un modèle de traitement psycho-éducationnel : le PsychoEducational Model (PEM). Le PEM est un modèle éclectique qui évalue les besoins des enfants
sur plusieurs dimensions et qui comprend des séances de thérapies de groupe, individuelles et
familiales, un plan de traitement basé sur le diagnostic du jeune, un entraînement aux habiletés
académiques et sociales et une intervention pharmacologique si nécessaire. Les sessions de
thérapies sont toujours en lien avec les problématiques déterminées dans le plan de traitement et
permettent, entre autres, de préparer le retour du jeune dans son milieu familial. L’enseignement
d’habiletés sociales s’effectue à travers les multiples interactions entre le jeune et certains
membres du personnel. À ce sujet, plusieurs techniques sont utilisées, mais seulement
quelques-unes d’entre elles seront exposées ici. Le lecteur est donc invité à se référer à l’article
pour de plus amples détails.
Empowerment conference
Cette technique consiste en des échanges où le jeune revoit les forces et les problèmes qu’il a
vécus au cours des dernières 24 heures. L’empowerment conference lui permet d’augmenter
sa conscience de soi et son introspection.
Système de points
Ce mode de récompense renforce, à l’aide d’un système de points, les comportements jugés
favorables pour la réhabilitation du résidant. Ce dernier échange ses points contre des
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
53
renforcements tels que l’écoute de la télévision ou la pratique de jeux vidéo. Peu à peu,
l’adolescent devient plus responsable de ses actes et acquiert plus de privilèges.
Effective praise
Cette méthode de renforcement s’appuie sur les forces du jeune. Un membre du personnel
doit lui décrire un comportement spécifique, lui expliquer le rationnel derrière son utilisation
et lui exposer les conséquences positives qui lui sont associées.
DÉFIS ET PRÉOCCUPATIONS
Dans l’avenir, il serait intéressant de vérifier quelles composantes du programme rendent le
traitement plus optimal pour ce genre de clientèle en difficulté. Chaque niveau du programme
devrait éventuellement être évalué afin d’offrir les meilleurs soins possibles en fonction de
chaque jeune.
EFFICACITÉ
Aux dires des auteurs, le programme fournit un environnement positif et permet aux résidants
d’être transférés par la suite vers des centres moins restrictifs. L’étude de LARZELERE et ses
collègues (2001) indique aussi que les gains obtenus se maintiennent après le départ du centre.
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
54
The Boys Town Residential Treatment Center (BTRTC)
Objectif
Fournir un traitement de qualité pour les jeunes qui présentent des problèmes
émotionnels, cognitifs et comportementaux.
Prodiguer des services qui répondent le mieux possible aux besoins des jeunes.
Construire une base de données et un modèle de traitement afin d’aider les
jeunes et de faire avancer les connaissances sur la façon de traiter efficacement
leurs difficultés.
Clientèle
Les enfants présentant de nombreux problèmes de comportement et des
histoires d’abus.
Philosophie
Les membres du personnel sont des agents thérapeutiques et servent de modèle
aux jeunes.
Approche
théorique
Approche comportementale.
Équipe
Multidisciplinaire : directeur médical (psychiatre), jeune, famille, thérapeute,
coordonnateur du programme, éducateur spécialisé, infirmière, représentant du
système de santé et membres du personnel qui travaillent directement avec le
jeune.
Évaluation
clinique
The Child Behavior Checklist (CBCL).
The Restrictiveness of Living Environnement Scale (ROLES).
The Children’s Global Assessment Scale (CGAS).
Intervention
Thérapie : de groupe, individuelle, familiale.
Plan de traitement.
Entraînement aux habiletés sociales.
Pharmacologie (si nécessaire).
Défis et
préoccupations
Chaque niveau du traitement devrait être évalué.
Efficacité
Environnement positif et maintien des gains après le départ du centre.
Transfert des
connaissances
Aucun renseignement.
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
55
Programme de traitement en foyer de groupe
INSPIRÉ DE L’ARTICLE
– STEINHAUER, P.D. (1996). « Traiter les troubles d’attachement : un modèle de traitement en
foyer de groupe ». Psychiatrie, recherche et intervention en santé mentale de l’enfant
(PRISME), 6 (4), 604-615.
BRÈVE DESCRIPTION
Ce texte traite d’un modèle innovateur de traitement en foyer de groupe pour les enfants ayant
des troubles d’attachement. Il mise sur un placement à long terme de ces enfants dans un foyer
de groupe. Le foyer est administré par un personnel qualifié, où la bonne entente entre les
intervenants et leur formation continue est primordiale. Le programme a d’abord été expérimenté avec quatre adolescents qui ont vécu plusieurs échecs de placement en famille d’accueil.
Ces derniers ont donc été placés dans une maison dirigée par un couple, en foyer de groupe. Le
projet n’a pas fonctionné longtemps, car le couple s’est peu à peu désengagé affectivement des
jeunes. C’est à ce moment qu’une équipe a été formée afin de venir en aide à ces enfants. Plus
tard, le projet fonctionnait bien et le nombre de jeunes hébergés dans le foyer de groupe a grimpé
jusqu’à sept.
OBJECTIF
Le but d’un tel modèle est de fournir un milieu rassurant et stable ainsi que des conditions
susceptibles d’amener les enfants ayant des troubles d’attachement à amorcer un lien avec au
moins un membre du personnel, pour ensuite le faire avec d’autres adultes.
CLIENTÈLE
Les enfants admis en foyer de groupe sont ceux qui sont pris en charge par les services sociaux
de l’Ontario et qui présentent un trouble d’attachement, peu importe leur sexe ou leur âge.
PHILOSOPHIE
Selon ce modèle, lorsqu’un enfant est aux prises avec un trouble d’attachement, la mesure la
plus appropriée pour lui venir en aide est de cesser de le déplacer d’une famille d’accueil à une
autre et de tout faire pour stabiliser le plus rapidement possible sa situation. Cette stabilité pourra
être possible en lui offrant un placement à long terme, aussi longtemps qu’il en aura besoin. Ceci
nécessite donc presque toujours un placement en foyer de groupe, et ce, pour plusieurs années,
car les parents d’accueil ne sont pas toujours prêts à s’engager affectivement ou ne sont pas
outillés pour prendre soin de tels enfants durant une longue période. De plus, l’attente d’un
placement à long terme dans une famille d’accueil peut parfois être très longue, provoquant
souvent chez ces enfants des comportements de retrait affectif.
APPROCHE THÉORIQUE
Ce modèle privilégie l’approche écologique ainsi que des techniques comportementales (sans les
punitions).
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
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ÉQUIPE
Entre 1964 et 1979, l’équipe était constituée d’une personne qui s’occupait de la maison. Il
s’agissait d’une infirmière à la retraite, qui n’avait aucune formation en santé mentale. Deux
intervenants diplômés travaillaient à la maison les soirs et les fins de semaines. Des étudiants de
niveau universitaire ont aussi été engagés comme personnel de remplacement. Cette équipe avait
un superviseur et un consultant psychiatrique, issu de l’agence d’aide à l’enfance de l’Ontario.
Ce dernier, en plus de tenir des réunions hebdomadaires avec les membres de l’équipe, était
toujours disponible pour répondre aux besoins des intervenants.
ÉVALUATION CLINIQUE
Selon ce modèle, la meilleure façon de traiter les troubles d’attachement consiste à les prévenir.
Pour ce faire, il importe de réduire le plus possible les périodes d’attente et d’abandon que vivent
ces enfants. De plus, il faut évaluer l’ampleur des troubles d’attachement et adapter le plan
d’intervention très tôt afin d’éviter les placements et les ruptures répétés.
Pour ce qui est de l’attachement, plusieurs signes apparaissent chez l’enfant qui commence à
développer un lien d’attachement avec un intervenant. D’abord, il commencera à mieux se
comporter avec lui, à passer du temps avec lui, à modifier ses attitudes et à accepter les limites
qu’il lui impose. À la fin, l’enfant sera capable de maintenir sa relation avec son intervenant
même s’il a été frustré par lui. Il pourra même s’en ennuyer s’il s’absente pendant une longue
période.
INTERVENTION
Le traitement en foyer de groupe s’effectue idéalement selon deux phases. Tout d’abord, l’enfant
entre dans le stade initial. À ce stade, il est impossible de confronter les sentiments de l’enfant
ou de l’aider à résoudre ses conflits. Il s’agit plutôt de le contenir et de lui fournir un milieu de
vie sécuritaire et stable où il n’y a pas de danger pour lui de se blesser ou d’être agressé par
d’autres. Les membres du personnel doivent être sensibles aux réalités vécues par l’enfant et à
ses façons d’exprimer ses besoins, ce qui permettra de lui prodiguer de bons soins. Ils peuvent
également utiliser des techniques comportementales, mais sans les punitions, afin que l’enfant
connaisse les conséquences de ses comportements. Finalement, il faut que l’enfant comprenne
bien que les besoins de chacun sont reconnus et protégés par le milieu dans lequel il vit. Si tout
se déroule bien, l’enfant choisira clairement un membre du personnel avec qui il s’entend le
mieux et amorcera la formation d’un lien d’attachement avec lui. Il est alors temps d’entrer dans
le deuxième stade, soit celui du traitement. À ce moment, il devient possible d’examiner avec
l’enfant ses sentiments à l’égard de son intervenant, de remonter aux origines de sa méfiance et
de sa rage, qui lui ont empêché d’entrer en relation avec les autres. Finalement, d’autres adultes
pourront tenter de s’insérer dans la vie de l’enfant, en espérant que celui-ci leur fera une place.
DÉFIS ET PRÉOCCUPATIONS
L’auteur suggère quelques pistes d’action concernant le traitement des enfants en foyer de
groupe. D’abord, il mentionne que le foyer de groupe devrait être le traitement de choix pour les
enfants qui souffrent de troubles d’attachement et ne devrait en aucun cas être utilisé comme un
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
57
dernier recours. Ensuite, les foyers seraient plus appropriés que les familles d’accueil pour ces
jeunes à condition que les services continus, l’entente entre les membres du personnel, le
développement professionnel et le soutien au personnel en soit la priorité. L’enfant avec un
trouble d’attachement devrait être placé dans un foyer de groupe afin de stabiliser sa situation le
plus rapidement possible. L’auteur affirme également que les enfants placés dans un même foyer
de groupe ne doivent pas forcément avoir le même âge ou le même sexe, car ils forment souvent
leur attachement avec des compagnons plus vieux ou plus jeunes qu’eux avant de se risquer avec
des adultes et des intervenants. Finalement, toutes les personnes qui sont significatives pour
l’enfant, qu’il s’agisse de son parent, de son ancien parent d’accueil, de son enseignant ou de son
entraîneur, devraient être impliquées dans le traitement.
EFFICACITÉ
Le foyer de groupe a existé pendant quinze ans. Il a su garder son équipe grâce à la formation et
au soutien offert au personnel. Ce dernier a donc pu offrir pendant toutes ses années un milieu
très attentif et d’une grande qualité aux enfants. Il existe de tels centres en Angleterre et en
Israël.
58
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
Programme de traitement en foyer de groupe
Objectif
Fournir un milieu rassurant et stable et des conditions susceptibles d’amener
les enfants ayant des troubles d’attachement à amorcer un lien avec au moins
un intervenant.
Clientèle
Enfants pris en charge par les services sociaux de l’Ontario qui présentent des
troubles d’attachement.
Philosophie
Offrir rapidement à l’enfant un milieu stable (placement à long terme en foyer
de groupe).
Approche
théorique
Approche écologique.
Techniques comportementales (sans les punitions).
Équipe
Infirmière retraitée.
Deux intervenants diplômés.
Étudiants universitaires.
Superviseur de l’équipe.
Consultant psychiatrique.
Évaluation
clinique
Prévention des troubles d’attachement.
Évaluation de l’ampleur des troubles d’attachement.
Adapter le plan d’intervention très tôt.
Évaluation des signes d’attachement chez l’enfant en cours de placement en
foyer de groupe.
Intervention
Stade 1 : Fournir un milieu de vie sécuritaire et stable à l’enfant.
Stade 2 : Travailler son trouble d’attachement.
Défis et
préoccupations
Doit être le traitement de choix pour les enfants, dès qu’on diagnostique un
trouble d’attachement.
Plus approprié que les familles d’accueil pour ces enfants.
Le soutien au personnel et le développement professionnel doivent être une
priorité.
Les enfants ne sont pas obligés d’avoir le même âge et le même sexe pour faire
partie d’un même foyer.
Efficacité
En fonction de 1964 à 1979.
Milieu très attentif et d’une grande qualité pour les enfants.
Transfert des
connaissances
Existence de tels centres en Angleterre et en Israël.
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
59
Comprehensive Assessment and Training Services
(CATS)
INSPIRÉ DE L’ARTICLE
– SPRANG, G. ▪ J. CLARK ▪ O. KAAK ▪ A. BRENZEL (2004). « Developing and Tailoring Mental
Health Technologies for Child Welfare : The Comprehensive Assessment and Training
Services (CATS) Project ». American Journal of Orthopsychiatry, 74 (3), 325-336.
BRÈVE DESCRIPTION
Les services du programme CATS (Comprehensive Assessment and Training Services) sont
offerts par un centre multidisciplinaire dont l’objectif consiste à prévenir les placements
prolongés en famille d’accueil et à prodiguer des interventions précoces aux enfants maltraités et
à leur famille. Ce programme a été mis sur pied afin de remédier à certaines difficultés rencontrées en protection de la jeunesse qui nuisent aux objectifs de protection et de permanence des
enfants : manque de personnel qualifié en santé mentale, nombre de dossiers élevé, lourdeur des
cas, manque de synthèse clinique quant au fonctionnement familial et aux risques encourus,
rapports non complétés à temps, roulement de personnel important, manque de solutions eu
égard au traitement, etc. Face à ces difficultés, un partenariat publique–académique a permis de
développer une approche innovatrice pour l’évaluation et l’élaboration du plan de vie d’un
enfant.
OBJECTIF
Développer des évaluations complètes, intégrées, développementales, préventives, longitudinales, concises, culturellement sensibles, standardisées, parcimonieuses ainsi que sensibles à
l’enfant et au système de protection de l’enfance. S’ajoute à ces évaluations, l’application des
meilleures pratiques connues dans le domaine de la santé mentale et de la protection de la
jeunesse. Le programme vise à déterminer et à traiter les besoins uniques des enfants maltraités
et de leur famille, dans le but de diminuer la durée de placement des enfants en famille d’accueil
et d’intervenir précocement avant que se cristallisent les problématiques.
CLIENTÈLE
La priorité est donnée aux enfants de 0-5 ans. Ces derniers incluent ceux pour qui :
– une évaluation de la protection de la jeunesse a révélé la présence d’abus et de négligence ;
– la famille biologique vit à au moins 200 % sous le niveau de pauvreté (si l’enfant vit toujours
avec sa famille naturelle) ;
– deux plans de services sont développés en parallèle (exemples : réunification et adoption) ou
un placement en famille d’accueil doit prendre fin dans deux semaines ;
– la famille réside au Kentucky.
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
60
PHILOSOPHIE
Le modèle demeure ouvert à plusieurs théories spécifiques à différents domaines en lien avec les
problèmes de maltraitance chez les enfants. Il inclut les interactions entre les phénomènes
individuels, dyadiques, familiaux et systémiques. De plus, une attention est portée aux réponses
adaptatives et non adaptatives à la maltraitance. Enfin, le modèle tente d’être opérationalisable et
testable à travers le temps.
APPROCHE THÉORIQUE
Les quatre domaines théoriques d’investigation sont : la théorie de coping (coping theory), la
théorie du trauma (trauma theory), la théorie de l’attachement et le modèle transactionnel de la
psychopathologie développementale. Diverses spécifications théoriques ont guidé le protocole
du programme CATS ; le lecteur intéressé pourra se référé à l’article pour de plus amples détails.
D’autre part, cinq domaines de mesures et d’évaluation sont ciblés par le modèle : les facteurs
reliés à l’enfant, les facteurs reliés à l’adulte, les facteurs relationnels, les facteurs socio-environnementaux et les facteurs de maltraitance. Il est à noter qu’il existe une interaction entre ces
facteurs et que ceux-ci peuvent se chevaucher.
ÉQUIPE
L’équipe multidisciplinaire est composée de travailleurs sociaux, de psychiatres, de pédiatres,
d’infirmières psychiatriques et de psychologues.
ÉVALUATION CLINIQUE
Lors de mesures volontaires, les familles sont référées par le travailleur social de l’enfant, alors
que dans le cas de mesures non volontaires, elles sont référées par la Cour. Les membres de
l’équipe CATS déterminent l’éligibilité des références. Lorsqu’un cas est accepté, une évaluation
complète requiert d’un à deux jours à la clinique, en plus de visites à l’école et à la maison.
À l’admission initiale, l’approche motivationnelle permet de contrer la résistance et l’anxiété des
parents et des enfants. On s’assure d’avoir un engagement dans un climat de respect afin
d’obtenir des informations valides. Ensuite, des instruments standardisés et des périodes d’observation permettent de mettre en lumière les interactions parent–enfant. Un enregistrement vidéo
de 45 minutes implique neuf épisodes d’interactions durant lesquels l’équipe porte attention aux
transitions, à la séparation et, surtout, à la réunion. De plus, une entrevue semi-structurée
(Working Model of the Child Interview) permet d’évaluer la représentation que se fait le parent
de sa relation avec l’enfant. D’autres mesures font également partie du protocole d’évaluation
régulier : mesures auto-administrées, inventaires, Child Behavior Checklist et entrevues
structurées. Les données de rapports antérieurs provenant d’autres sources (exemples : justice,
école, santé mentale) permettent d’évaluer les risques actuels et futurs. Enfin, l’équipe réalise un
rapport d’évaluation final comprenant une synthèse des résultats ainsi que des conclusions et
recommandations. Une conférence est tenue avec le travailleur social de l’enfant afin de discuter
avec lui des conclusions du rapport final et de l’assister pour son témoignage en Cour et pour le
plan de vie de l’enfant. Le rapport final est déposé avant l’audience, et ce, afin de faciliter la
décision judiciaire et d’accélérer la permanence de l’enfant dans un milieu de vie.
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
61
INTERVENTION
À l’automne 2000, l’équipe de CATS a commencé à développer une initiative de traitement afin
de répondre :
1.
Aux besoins des enfants en famille d’accueil ou en famille adoptive ainsi qu’aux parents qui
ont été évalués par le programme CATS.
2.
Aux préoccupations quant au nombre grandissant d’adoption échouées au Kentucky.
Selon ce modèle, le traitement doit mettre l’emphase sur divers éléments tels que les relations
d’attachement primaires et l’environnement social de l’enfant. Il doit également renforcer les
parents à prendre soin de l’enfant, les encourager, les assister dans l’adoption de comportements
appropriés, leur fournir des occasions d’apprentissage par l’expérience, etc.
DÉFIS ET PRÉOCCUPATIONS
Au départ, le programme CATS a souffert de son propre succès, car les demandes ont excédé les
capacités du programme. Diverses mesures ont donc été prises afin de remédier à ce problème :
fonds supplémentaires, système de priorité des références, redéfinition de la population servie
par le programme (inclusion des régions rurales grâce à la télépsychiatrie et à d’autres technologies, formation des autres systèmes impliqués auprès de l’enfant quant aux services offerts en
santé mentale par CATS, propositions adressées au gouvernement et aux fondations privées afin
de répondre aux besoins en expansion).
EFFICACITÉ
La méthodologie rigoureuse, l’évaluation du processus de même que le contrôle de la fidélité
constituent des éléments clés à l’intégrité et au soutien du programme. Plusieurs protocoles de
recherche évaluent l’efficacité, testent et raffinent le programme, en plus de tenter d’expliquer
les relations causales entre les conditions morbides, ainsi que la nature et la sévérité de la
maltraitance. Une infrastructure de recherche a même été créée afin de faciliter ce travail :
Research on Child Maltreatment Project (RCMP).
TRANSFERT DES CONNAISSANCES
Les protocoles sont sans cesse raffinés, les procédures réévaluées et de nouvelles applications
développées. Une fois le protocole d’évaluation et de traitement formalisé, le transfert
d’expertise débute. Plusieurs méthodologies qualitatives et quantitatives permettent de tester la
technologie et de la généraliser au système de protection de la jeunesse et à ceux qui prodiguent
des soins. La télépsychiatrie, la formation à l’université et la collaboration avec des centres de
formation figurent parmi les mécanismes de transfert d’expertise.
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
62
Comprehensive Assessment and Training Services (CATS)
Objectif
Déterminer et traiter les besoins des enfants maltraités et ceux de leur famille.
Développer des évaluations complètes.
Appliquer les meilleures pratiques.
Clientèle
Enfants maltraités de 0 à 5 ans et leur famille.
Philosophie
Plusieurs théories.
Interactions individuelles, dyadiques, familiales et systémiques.
Réponses adaptatives et non adaptatives à la maltraitance.
Modèle opérationnalisable et testable.
Approche
théorique
Coping theory.
Trauma theory.
Théorie de l’attachement.
Modèle transactionnel de la psychopathologie développementale.
Équipe
Multidisciplinaire : travailleurs sociaux, psychiatres, pédiatres, infirmières
psychiatriques et psychologues.
Évaluation
clinique
Approche motivationnelle à l’admission initiale.
Interactions parent–enfant (vidéo, observations).
Entrevue semi-structurée (Working Model of the Child Interview) : représentation que le parent se fait de la relation avec son enfant.
Autres mesures : auto-administrées, inventaires, Child Behavior Checklist et
entrevues structurées.
Rédaction d’un rapport final de l’évaluation.
Intervention
Relations d’attachement, environnement social de l’enfant.
Renforcer les parents, les assister dans l’adoption de comportements
appropriés, les encourager, leur fournir des occasions d’apprentissage par
l’expérience, etc.
Défis et
préoccupations
Au début, les demandes ont excédé les capacités du programme puis, il y a eu
ajustement.
Efficacité
Méthodologie rigoureuse, évaluation du processus, contrôle de la fidélité.
Infrastructure de recherche développée afin d’évaluer, de tester et de raffiner le
programme en plus de mieux comprendre la maltraitance.
Transfert des
connaissances
Télépsychiatrie, formation à l’université, collaboration avec des centres de
formation.
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
63
Foster Care Team (FCT)
INSPIRÉ DE L’ARTICLE
– HELLER, S.S. ▪ A.T. SMYKE ▪ N.W. BORIS (2002). « Very Young Foster Children and Foster
Families : Clinical Challenges and Interventions ». Infant Mental Health Journal, 23 (5),
555–575.
BRÈVE DESCRIPTION
Les auteurs présentent un programme innovateur à l’intérieur duquel une équipe FCT (Foster
Care Team) évalue et traite les jeunes enfants de moins de quatre ans en famille d’accueil. Le
soutien aux familles d’accueil constitue également l’un des points de mire importants de ce
programme. Il s’agit en fait d’un programme complémentaire au Infant Mental Health Program,
tel que décrit par ZEANAH et LARRIEU (1998)1.
OBJECTIF
L’équipe « famille d’accueil » (Foster Care Team) vise deux objectifs principaux :
1.
Répondre aux besoins développementaux et comportementaux multiples et complexes des
enfants en famille d’accueil.
2.
Maintenir des placements stables, c’est-à-dire fournir du soutien aux familles d’accueil
avant que les problèmes deviennent si intenses que le retrait de l’enfant soit demandé.
CLIENTÈLE
Le programme est destiné aux enfants de moins de quatre ans placés en famille d’accueil et qui
présentent des problématiques complexes et multiples. Il s’adresse également aux parents
d’accueil.
PHILOSOPHIE
Les membres de l’équipe FCT travaillent en étroite collaboration avec les cliniciens d’un autre
programme (ZEANAH et LARRIEU, 1998) qui s’attarde davantage à servir les familles biologiques.
Pour sa part, le programme FCT met une emphase particulière sur le soutien aux familles
d’accueil en fonction des difficultés rencontrées par celles-ci : faire affaire avec les différents
systèmes concernant l’enfant (exemples : médical, éducation, santé mentale), négocier avec le
système légal et le système de la protection de la jeunesse, faire face aux problèmes de
comportement des enfants, composer avec les demandes inhérentes au rôle de parent d’accueil,
etc. L’équipe FCT aide donc les familles d’accueil à naviguer à travers les différents systèmes qui
touchent l’enfant et à composer avec les demandes et les exigences du rôle de parent d’accueil.
ÉQUIPE
L’équipe FCT est dirigée par un psychologue du développement.
1
Voir la description du programme suivant dans cette section.
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
64
ÉVALUATION CLINIQUE
L’équipe évalue le développement de chaque enfant (exemples : social, émotif, cognitif, langage,
moteur) et, si nécessaire, procède à la passation de tests. Elle évalue également la famille
d’accueil. Un psychologue développemental dirige les membres de l’équipe FCT et forme ces
derniers à différentes techniques d’entrevue et d’observation. L’évaluation comprend plusieurs
sources d’information et est réalisée grâce à des sessions d’observation formelles et informelles
ainsi qu’à des mesures structurées (exemple : Child Behavior Checklist).
INTERVENTION
L’équipe FCT coordonne le traitement par rapport aux différents problèmes spécifiques
rencontrés. Les stratégies d’intervention préconisées sont : la gestion de cas et les techniques de
gestion comportementale, les groupes de soutien et d’éducation pour les parents d’accueil ainsi
que les groupes de jeu parents d’accueil/enfant. Si la thérapie de groupe et les techniques
comportementales s’avèrent inefficaces, on adopte une thérapie basée sur l’Interaction
Guidance. Voici une brève description de chacune de ces interventions.
Gestion de cas et de comportement
Dans certains cas, des références peuvent être faites à des spécialistes (exemple : du langage).
Généralement, l’équipe FCT travaille de concert avec les parents d’accueil afin de développer
des techniques comportementales pour faire face aux problèmes de comportement des
enfants. Pour les enfants âgés de moins de 18 mois, on demande aux parents d’accueil de
tenir un journal de bord qui facilite la compréhension des difficultés présentes. Une fois le
journal de bord rempli, un programme comportemental sous forme de système étoilé est mis
sur pied. Ainsi, l’enfant est récompensé lorsqu’il obtient un nombre prédéterminé d’étoiles
durant la semaine. Au fur et à mesure que l’enfant progresse, il doit acquérir un nombre
d’étoiles plus élevé afin d’obtenir une récompense. Bien qu’elle ne remplace pas la thérapie,
cette intervention comportementale facilite la relation enfant–parents d’accueil. Notamment,
les parents d’accueil développent plus de sympathie à l’égard des enfants.
Groupe de soutien et d’éducation pour les parents d’accueil
Ce groupe de soutien fonctionne sur une base volontaire et donne droit à des crédits de
formation. Le groupe se déroule pendant huit à dix semaines et chaque session dure environ
60 à 90 minutes ; on compte un maximum de dix parents d’accueil par groupe. Les thématiques abordées varient en fonction des sujets d’intérêt des participants (exemples : discipline
sans punition corporelle, tempérament, comportements suicidaires, TDAH, homosexualité).
Par ailleurs, un autre groupe a été développé pour les familles d’accueil au sein desquelles les
observations ont révélé peu de jeux à la maison. Ce groupe de jeu parents d’accueil/enfant
dure huit semaines et compte environ cinq dyades. D’une durée de 60 à 90 minutes, les
sessions visent à démontrer aux parents d’accueil l’importance du jeu.
Interaction Guidance
Cette intervention s’adresse plus particulièrement aux familles d’accueil difficiles à traiter.
Son objectif est de guider les parents d’accueil dans leur rôle à prendre soin de l’enfant de
manière positive. Elle mise d’abord sur les forces et les compétences des parents d’accueil.
L’équipe FCT aide également le parent à comprendre l’enfant et à l’enjouer. L’intervention
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
65
peut concerner la perception du parent à l’égard de l’enfant ainsi que l’interaction entre ces
derniers.
DÉFIS ET PRÉOCCUPATIONS
Deux préoccupations d’ordre clinique ont influencé le travail de l’équipe FCT. D’abord, puisque
les familles d’accueil ne sont pas mandatées pour adhérer à ce programme, il se peut fort bien
qu’elles ne considèrent pas avoir besoin d’une telle intervention clinique. Ensuite, l’équipe a pris
conscience du temps considérable que plusieurs enfants passent dans des garderies de qualité
médiocre, ce qui a un impact négatif sur le développement et l’attachement de ces jeunes
enfants.
EFFICACITÉ
Aux dires des auteurs, ce programme a permis d’influencer la manière dont les services de
protection de la jeunesse et ceux de la Cour répondent aux besoins des jeunes enfants en famille
d’accueil ainsi qu’à ceux de leurs parents d’accueil. Ces systèmes seraient donc devenus plus
sensibilisés et intéressés à développer une meilleure compréhension des besoins particuliers de
ces enfants et de leur famille d’accueil.
66
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
Foster Care Team (FCT)
Objectif
Répondre aux besoins développementaux et comportementaux multiples et
complexes des enfants en famille d’accueil.
Maintenir des placements stables en fournissant du soutien aux familles
d’accueil.
Clientèle
Enfants de moins de 4 ans placés en famille d’accueil.
Parents d’accueil.
Philosophie
Programme complémentaire au Infant Mental Health Program (ZEANAH et
LARRIEU, 1998).
Emphase sur le soutien aux familles d’accueil.
Approche
théorique
Aucun renseignement.
Équipe
Équipe « famille d’accueil » (Foster Care Team) dirigée par un psychologue
du développement.
Évaluation
clinique
De l’enfant et de la famille d’accueil.
Plusieurs sources d’information.
Sessions d’observation formelles et informelles.
Mesures structurées (exemple : Child Behavior Checklist).
Intervention
Gestion de cas et de comportement.
Groupe de soutien et d’éducation pour les parents d’accueil, groupe de jeu
parents d’accueil/enfant.
Interaction Guidance.
Défis et
préoccupations
La réticence des parents d’accueil à s’embarquer dans le programme.
Le temps considérable que plusieurs enfants passent en garderie de qualité
médiocre (impact sur le développement et l’attachement).
Efficacité
Système de protection de la jeunesse et système judiciaire plus sensibles et
plus intéressés à mieux comprendre les besoins particuliers de ces enfants et de
leur famille d’accueil.
Transfert des
connaissances
Aucun renseignement.
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
67
Infant Mental Health Program (IMHP)
INSPIRÉ DE L’ARTICLE
– ZEANAH, C.H. ▪ J.A. LARRIEU (1998). « Intensive Intervention for Maltreated Infants and
Toddlers in Foster Care ». Child and Adolescent Psychiatric Clinics of North America, 7 (2),
357–371.
BRÈVE DESCRIPTION
Les auteurs décrivent une intervention intensive (programme) pour les enfants maltraités et leur
famille. Une équipe spécialisée en santé mentale chez les enfants (Infant Team) évalue des
enfants maltraités et leur famille biologique afin de déterminer ce que ces familles ont besoin
pour s’occuper de leur enfant de manière sécuritaire.
OBJECTIF
Ce programme vise à déterminer le placement le plus approprié pour chaque enfant et à accélérer
les procédures afin d’en arriver à un milieu de vie permanent pour l’enfant.
CLIENTÈLE
Les familles référées à l’équipe comptent au moins un enfant de moins de 4 ans victime d’abus
ou de négligence. Environ 50 enfants et leur famille sont suivis chaque année.
PHILOSOPHIE
Il est important de découvrir et d’utiliser les forces des parents, des enfants et de la famille
comme un tout pour l’intervention.
ÉQUIPE
Une équipe multidisciplinaire (Infant Team) est composée de personnes qui possèdent une
expérience particulière en santé mentale chez les enfants : psychiatres, psychologues cliniques et
du développement, travailleurs sociaux et para-professionnels. L’équipe travaille en collaboration avec une variété de systèmes (exemples : justice, protection, éducation, santé, santé
mentale) pour l’évaluation et le traitement des enfants et de leur famille biologique. Elle évalue
donc les enfants maltraités ainsi que leur famille naturelle afin de déterminer ce que ces familles
ont besoin pour s’occuper de manière sécuritaire de leur enfant. Elle offre également des
services pour répondre aux besoins des parents biologiques. Dans la même lignée, un partenariat
avec une faculté universitaire (stagiaires) et une agence dans la communauté facilite la
coordination et l’intégration des services appropriés pour les familles.
ÉVALUATION CLINIQUE
Il importe d’évaluer les facteurs de risque qui prédisent le récidivisme en maltraitance. Il en va
de même pour l’attachement, ainsi que les patrons de relation entre les parents et l’enfant.
L’expérience subjective des parents est évaluée grâce à la manière dont ceux-ci parlent de leur
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
68
enfant et par la qualité d’organisation de leur discours. En ce qui a trait à l’expérience subjective
de l’enfant, elle doit être inférée par les cliniciens. Les principales techniques d’évaluation sont :
une revue de la documentation écrite, des visites à domicile, une entrevue clinique initiale, la
procédure d’interactions parent–enfant, une entrevue de perception du parent, l’histoire familiale
ainsi que d’autres évaluations auxiliaires. Le lecteur intéressé pourra se référer à l’article pour de
plus amples détails. Une fois les différentes évaluations terminées, celles-ci sont discutées
ouvertement avec le personnel de la protection de la jeunesse. Une conférence tenue par l’équipe
de l’enfant permet ensuite de formuler des recommandations pour que l’enfant puisse retourner
de manière sécuritaire dans sa famille. Ces recommandations sont finalement incluses dans un
rapport final d’évaluation.
INTERVENTION
La plupart des familles sont engagées dans une forme quelconque de psychothérapie qui
implique également leur enfant. Rappelons que plusieurs parents biologiques ont eux-mêmes
vécus de la maltraitance au cours de leur jeunesse. L’intervention peut s’étendre de 3 à 18 mois
et comporte diverses techniques. Ces techniques incluent le groupe d’interactions mère–enfant,
la psychothérapie parent–enfant, la psychothérapie individuelle avec l’enfant ainsi que les
thérapies d’appoint. Le groupe d’interaction mère–enfant permet d’explorer de quelle façon
l’expérience antérieure des mères influence les interactions actuelles avec leur enfant. Ces mères
sont encouragées à intégrer les patrons de sentiments, de croyances et de comportements afin
d’augmenter leur capacité d’introspection et de mieux comprendre les besoins de leur enfant. En
psychothérapie parent–enfant, la mère et l’enfant sont rencontrés ensemble, avec une attention
particulière portée sur les liens qui existent entre l’expérience antérieure de la mère et son rôle de
mère actuel. L’observation d’interactions avec l’enfant et le visionnement de vidéos permettent
d’apprécier les réponses affectives de la mère et de mettre en évidence les comportements
parentaux positifs. Face à certaines problématiques des parents (exemples : maladies mentales,
abus de substances, style de relation conflictuel), une psychothérapie individuelle ou de couple
peut s’avérer utile. Enfin, des thérapies d’appoint par d’autres agences sont parfois nécessaires
pour renforcer le fonctionnement de la famille (exemples : traitement pour consommation de
substances, services d’éducation spécialisée, médiation).
DÉFIS ET PRÉOCCUPATIONS
Un des défis inhérents à ce programme consiste à trouver le juste équilibre entre les besoins de
l’enfant, les droits des parents à l’autonomie familiale et l’intérêt de l’État en tant que protecteur
des enfants. De plus, il est difficile d’établir une alliance thérapeutique avec des parents à qui on
ne peut promettre une confidentialité et qui ne recherchent pas nécessairement d’aide. Dans ce
contexte, il convient de contrer rapidement les défenses des parents et de se montrer vigilant
quant aux réactions de contre-transfert possible, c’est-à-dire une sur-identification à l’enfant ou,
au contraire, aux parents. Enfin, les cliniciens peuvent se sentir frustrés et incompétents, d’où
l’importance pour les membres de l’équipe de se soutenir mutuellement.
EFFICACITÉ
En trois ans, seulement une famille du programme a récidivé en maltraitant à nouveau son
enfant.
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
69
Infant Mental Health Program (IMHP)
Objectif
Déterminer le placement le plus approprié pour chaque enfant.
Accélérer les procédures afin d’arriver à un milieu de vie permanent pour
l’enfant.
Clientèle
Enfants de moins de 4 ans victimes d’abus ou de négligence par leurs parents.
Parents biologiques.
Philosophie
Découvrir et utiliser les forces des parents, des enfants et de la famille comme
un tout pour l’intervention.
Approche
théorique
Aucun renseignement.
Équipe
Équipe multidisciplinaire spécialisée en santé mentale (psychiatres, psychologues cliniques et du développement, travailleurs sociaux et paraprofessionnels).
Collabore avec plusieurs systèmes (justice, protection, éducation, santé et
santé mentale).
Évalue et traite les enfants maltraités et leur famille.
Évaluation
clinique
Facteurs de risque qui prédisposent au récidivisme en maltraitance, attachement, patrons de relation entre les parents et l’enfant, expérience subjective
des parents et de l’enfant.
Revue de la documentation écrite, visites à domicile, entrevue clinique initiale,
procédure d’interaction parents–enfant, entrevue de perception du parent,
histoire familiale, autres.
Intervention
De 3 à 18 mois.
Groupe d’interactions mère–enfant.
Psychothérapie parent–enfant.
Psychothérapie individuelle avec les parents.
Thérapies d’appoint.
Défis et
préoccupations
Trouver l’équilibre entre les besoins de l’enfant, les droits des parents et
l’intérêt de l’État en tant que protecteur des enfants.
Difficile d’établir une alliance thérapeutique avec les parents.
Sentiments de frustration et d’incompétence chez les cliniciens.
Efficacité
En trois ans, seulement une famille du programme a récidivé (maltraitance).
Transfert des
connaissances
Aucun renseignement.
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
71
Oregon Early Intervention Program (OEIP)
INSPIRÉ DE L’ARTICLE
– FISHER, P.A. ▪ H. ELLIS ▪ P. CHAMBERLAIN (1999). « Early Intervention Foster Care : A Model
for Preventing Risk in Young Children Who Have Been Maltreated ». Children’s Services :
Social Policy, Research, and Practice, 2 (3), 159–182.
BRÈVE DESCRIPTION
Le OEIP constitue un programme d’intervention précoce pour de jeunes enfants maltraités d’âge
préscolaire qui sont accueillis en famille d’accueil de traitement (Foster Care Team) ; il
implique également les parents d’accueil et les parents naturels de l’enfant.
OBJECTIF
On vise le placement d’enfants en famille d’accueil de traitement afin d’intervenir précocement
sur les troubles de comportement et de la conduite, les difficultés de régulation émotionnelle et
les retards de développement.
CLIENTÈLE
Le programme s’adresse à des jeunes maltraités d’âge préscolaire.
PHILOSOPHIE
Ce programme s’appuie sur la capacité de la famille biologique et de la famille d’accueil à
exercer un effet médiateur sur les difficultés de l’enfant par l’entremise de pratiques parentales
adéquates (exemples : engagement, monitoring, discipline consistante, renforcement positif).
ÉQUIPE
Une équipe multidisciplinaire de traitement (intervenant précoce, parents d’accueil formés,
consultant pour parents d’accueil, thérapeute familial et superviseur clinique) veille à la mise sur
pied d’un plan de traitement général incluant les trois dimensions susmentionnées (problèmes de
comportement, régulation émotionnelle et retards développementaux). Il est à noter que le
nombre de cas suivis par chaque membre de l’équipe est relativement petit (environ 15).
INTERVENTION
À prime abord, les parents d’accueil reçoivent une formation pré–service intensive. Suite au
placement de l’enfant, ils bénéficient d’une supervision et d’un soutien par le biais de contacts
téléphoniques, de visites hebdomadaires à domicile par un parent d’accueil consultant, et d’un
service d’intervention de crise accessible 24 heures sur 24. Le OEIP propose aux parents
d’accueil des interventions afin de gérer les difficultés de l’enfant et voire même, d’y remédier.
En ce qui a trait aux problèmes de comportement, la famille d’accueil apprend à fournir un
environnement stable à l’enfant dans lequel on trouve de la consistance, des attentes claires, des
renforcements positifs pour les comportements prosociaux, ainsi que des conséquences
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
72
appropriées pour les comportements inadéquats. Grosso modo, il s’agit de trouver un juste
équilibre entre l’encouragement de comportements positifs et l’imposition de limites face aux
problèmes de comportement. Ces principes s’appliquent également pour les difficultés de
régulation émotionnelle de l’enfant. Sur le plan des retards développementaux, l’intervention se
base sur des activités structurées et semi-structurées (activity-based interventions) et l’environnement est organisé afin de maximiser les opportunités de pratique des habiletés particulières. À
titre d’exemple, des jeux de rôle entre les parents d’accueil et l’enfant permettent de développer
les habiletés développementales plus problématiques selon les sphères de fonctionnement
(exemple : apprendre à avoir l’attention d’un adulte de manière appropriée).
En outre, les enfants bénéficient des services d’un spécialiste du comportement qui travaille au
préscolaire, à la garderie et à la maison. S’ajoute à ces services, un programme hebdomadaire de
thérapie par le jeu. Lorsque c’est possible, un thérapeute familial intervient auprès de la famille
biologique afin de lui enseigner les mêmes habiletés parentales que celles utilisées par les
parents d’accueil dans le programme. Ainsi, cela permet une généralisation des gains du
traitement et facilite le processus de réunification.
EFFICACITÉ
Une étude a comparé trois groupes, soit dix participants au programme OEIP, dix participants en
famille d’accueil régulière et dix participants de la communauté (groupe de comparaison). Les
résultats se sont traduits par l’adoption et le maintien de stratégies parentales positives chez les
parents d’accueil du groupe OEIP. De plus, les enfants de ce même groupe se sont améliorés sur
le plan comportemental.
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
73
Oregon Early Intervention Program (OEIP)
Objectif
Placement en famille d’accueil de traitement (Treatment Foster Care) afin
d’intervenir précocement sur les troubles de comportement et de la conduite,
les difficultés de régulation émotionnelle et les retards de développement chez
l’enfant.
Clientèle
Jeunes maltraités d’âge préscolaire.
Parents d’accueil et parents naturels.
Philosophie
Les pratiques parentales dans la famille biologique et dans la famille d’accueil
(exemples : engagement, monitoring, discipline consistante, renforcement
positif) ont un effet médiateur sur les facteurs de risque.
Approche
théorique
Équipe
Évaluation
clinique
Intervention
Défis et
préoccupations
Efficacité
Transfert des
connaissances
Aucun renseignement.
S’appuie sur les forces d’une équipe multidisciplinaire.
Équipe de traitement : intervenant précoce, parents d’accueil formés, consultant pour parents d’accueil, thérapeute familial, superviseur clinique.
Le nombre de cas pour chaque membre de l’équipe est relativement petit
(environ 15).
Aucun renseignement.
Formation pré–service intensive des parents d’accueil. Après le placement :
supervision et soutien par le biais de contacts téléphoniques, de visites
hebdomadaires à domicile par un parent d’accueil consultant, de groupe de
soutien une fois par semaine et d’un service d’intervention de crise 24 heures
sur 24.
Trois dimensions intégrées dans un plan de traitement général : problèmes de
comportement, retards développementaux et régulation émotionnelle.
Jeux de rôle entre parents d’accueil et enfant.
Groupe de thérapie par le jeu.
Travail auprès de la famille biologique afin de généraliser les gains du
traitement et de faciliter le processus de réunification.
Aucun renseignement.
Une étude a démontré que les parents d’accueil du OEIP ont adopté et
maintenu des stratégies parentales positives. De plus, les enfants de ce groupe
ont connu une amélioration sur le plan comportemental.
Aucun renseignement.
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
75
Oregon Multidimensional Treatment Foster Care
(OMTFC)
INSPIRÉ DE L’ARTICLE
– CHAMBERLAIN, P. (2003). « The Oregon Multidimensional Treatment Foster Care Model :
Features, Outcomes, and Progress in Dissemination ». Cognitive and Behavioral Practice,
10 (4), 303-312.
BRÈVE DESCRIPTION
Le Oregon Multidimensional Treatment Foster Care (OMTFC) a été développé comme une
alternative aux foyers de groupe et aux centres de réadaptation pour les jeunes délinquants avec
des problèmes émotionnels et comportementaux sévères. Les placements se font en familles
d’accueil formées spécialement pour cette clientèle et toute une équipe de traitement soutient la
démarche.
OBJECTIF
L’objectif consiste à implanter une intervention coordonnée dans tous les endroits significatifs
en lien avec le jeune en difficulté. Cette intervention tente de créer un soutien et des opportunités
afin que ce jeune puisse vivre une expérience de vie positive en communauté. De plus, le
programme vise à préparer les parents, les proches et/ou les autres ressources à exercer les
habiletés et à utiliser les méthodes qui vont permettre au jeune de maintenir les gains acquis au
cours de son placement en OMTFC, lors de son retour à la maison.
CLIENTÈLE
Le OMTFC s’adresse aux jeunes délinquants qui présentent des troubles émotionnels et de
comportement sévères. Typiquement, les références au OMTFC sont précédées d’échecs de
placement dans d’autres types de ressources (exemples : foyers de groupe ou centres de
réadaptation). Ces jeunes ont souvent des liens avec le système de justice juvénile.
ÉQUIPE
L’une des caractéristiques distinctives de ce modèle repose sur une équipe de traitement à
l’intérieur de laquelle les rôles et les fonctions du personnel sont clairement séparés, stratifiés et
définis. Ainsi, il existe peu de juxtaposition entre les différentes responsabilités des membres du
personnel. De manière plus spécifique, l’équipe est formée de familles d’accueil OMTFC, d’un
superviseur de programme, d’un thérapeute individuel pour le jeune, d’un thérapeute familial, de
parents d’accueil formateurs, recruteurs et « téléphonistes » ainsi que d’un spécialiste du
comportement. Le rôle de chaque acteur est clairement décrit dans l’article.
INTERVENTION
Les interventions de ce programme se basent sur plusieurs méthodes (exemples : thérapie
familiale et individuelle, formation pour le développement d’habiletés spécifiques, soutien
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
76
académique) et se déroulent dans différents endroits. Ils impliquent les jeunes, leur famille
biologique ainsi que les familles d’accueil. Généralement, les placements en OMTFC sont d’une
durée relativement courte, soit de 6 à 9 mois. Dès le début du placement, un travail est amorcé
auprès des parents du jeune afin de préparer la vie post-OMTFC, c’est-à-dire lorsque l’enfant
retournera à la maison. Les quatre éléments clés ciblés par l’intervention sont :
1.
Fournir au jeune un environnement renforçant et consistant à l’intérieur duquel il est guidé
et encouragé.
2.
Imposer des limites ainsi qu’une structure claire en ayant soin d’appliquer des conséquences
spécifiées à l’avance.
3.
Assurer une supervision étroite du jeune.
4.
Éviter les associations entre des jeunes du programme OMTFC et des pairs déviants, et aider
les jeunes du programme à développer les habiletés nécessaires afin de développer des
relations avec des pairs davantage prosociaux.
Le programme porte une attention particulière, sur une base quotidienne, au progrès du jeune et
aux problèmes qu’il rencontre à la maison OMTFC et à l’école. Plusieurs données sont amassées à
chaque jour afin de suivre l’évolution du jeune et d’ajuster l’intervention en conséquence. Les
parents d’accueil jouissent de contacts téléphoniques quotidiens avec le personnel du programme
afin d’évaluer leur niveau de stress et de s’ajuster en conséquence. Les superviseurs du
programme ont un petit nombre de dossiers (environ dix jeunes et leur famille) et sont
disponibles 24 heures sur 24 (téléphone) pour les parents d’accueil du OMTFC, pour les parents
biologiques ainsi que pour les proches. Ces superviseurs organisent deux réunions par semaine,
soit une avec les parents d’accueil du OMTFC et une autre servant de supervision clinique et
regroupant les thérapeutes familial et individuel.
DÉFIS ET PRÉOCCUPATIONS
Lors de l’implantation initiale du modèle, certains défis ont dû être relevés. Parmi ceux-ci
figurent le recrutement d’un bassin suffisant de parents d’accueil qualifiés, le jumelage adéquat
entre la famille d’accueil et l’enfant, le travail d’équipe, ainsi que la coopération entre les parents
d’accueil et le personnel de l’équipe. Plus globalement, certaines barrières peuvent nuire à une
implantation réussie du programme. Par exemple, il peut exister un manque d’engagement pour
désigner une équipe dont la responsabilité première est d’implanter le modèle OMTFC. De plus,
certains agents référents (exemple : probation) doutent que de sévères délinquants puissent être
placés en famille d’accueil ou fréquenter l’école publique de manière sécuritaire. Enfin, le
mélange de fonds en provenance de différentes agences peut créer une compétition ou une
confusion quant aux attentes de ces dernières.
EFFICACITÉ
L’efficacité du modèle OMTFC a été comparée à un traitement « régulier » pour une population
de jeunes hospitalisés. Les jeunes dans le groupe OMTFC sont sortis de l’hôpital significativement plus rapidement et plus souvent que ceux du groupe contrôle. Ces mêmes jeunes ont
également été davantage placés en milieu de vie de type familial et ont démontré moins de
problèmes de comportement que leurs pairs du groupe contrôle. D’autre part, lorsqu’appliqué à
des familles d’accueil régulières, le programme a entraîné une baisse des échecs de placement,
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
77
une baisse des problèmes de comportement des enfants ainsi qu’une diminution du nombre de
familles d’accueil qui abandonnent leur mandat. Enfin, une étude a démontré que le programme
OMTFC entraînait une diminution des fugues, une augmentation du nombre de jeunes qui
complètent leur programme, ainsi qu’une baisse du nombre de jours incarcérés. Ajoutons
finalement que les coûts du programme semblent avantageux par rapport à d’autres programmes.
TRANSFERT DES CONNAISSANCES
Plusieurs séminaires ont été réalisés afin de faire connaître ce modèle qui a d’ailleurs été
implanté à divers endroits aux États-Unis.
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
78
Oregon Multidimensional Treatment Foster Care (OMTFC)
Objectif
Implanter une intervention coordonnée dans tous les endroits significatifs pour
le jeune.
Soutien et opportunités en familles d’accueil OMTFC.
Préparation des parents biologiques au retour de l’enfant.
Clientèle
Jeunes délinquants qui présentent des troubles émotionnels et de
comportement sévères.
Philosophie
Aucun renseignement.
Approche
théorique
Aucun renseignement.
Équipe
Évaluation
clinique
Équipe de traitement dont les rôles sont clairement divisés.
Composition de l’équipe : familles d’accueil OMTFC, superviseur de programme, thérapeute individuel pour le jeune, thérapeute familial, parents
d’accueil formateurs, recruteurs et « téléphonistes », spécialiste du
comportement.
Aucun renseignement.
Intervention
Plusieurs méthodes : thérapie familiale et individuelle, formation pour le
développement d’habiletés spécifiques, soutien académique.
Placements en OMTFC = de 6 à 9 mois.
Travail auprès des parents afin de préparer la vie post-OMTFC.
Cibles de l’intervention :
Fournir au jeune un environnement renforçant et consistant.
Imposer des limites et une structure claire.
Superviser étroitement le jeune.
Éviter les contacts avec des pairs déviants et faciliter les relations avec des
pairs davantage prosociaux.
Service de soutien téléphonique accessible 24 heures sur 24.
Défis et
préoccupations
Recrutement d’un bassin suffisant de parents d’accueil qualifiés, jumelage
adéquat entre la famille d’accueil et l’enfant, travail d’équipe et coopération
entre les parents d’accueil et le personnel de l’équipe, réticence à placer des
délinquants en milieu familial.
Efficacité
Trois études réalisées dans différents contextes (hôpital, familles d’accueil
régulières, justice juvénile) indiquent des améliorations chez les jeunes du
programme OMTFC.
Transfert des
connaissances
Séminaires pour faire connaître le programme.
Implantation du programme ailleurs aux États-Unis.
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
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Pressley Ridge Youth Development Extension (PRYDE)
Treatment Foster Care Program
INSPIRÉ DES SITES INTERNET
–
H.B. MAYNARD AND COMPANY, INC. (page consultée le 25 juillet 2005). Pressley Ridge Case
Study. Maynard Gets Results : Maynard Helps Pressley Ridge Map Out Improvement
Changes.
[En ligne]. Adresse URL : http://www.hbmaynard.com/CaseStudies /
–
PRESSLEY RIDGE (page
consultée le 4 août 2005). Who we are.
[En ligne]. Adresse URL : http://www.pressleyridge.org /whoweare /
BRÈVE DESCRIPTION
Pressley Ridge Youth Development Extension (PRYDE) comprend un modèle de famille d’accueil
thérapeutique qui vient en aide aux enfants présentant des difficultés émotionnelles importantes
et/ou des troubles de comportement. Ce programme soutient également les familles de ces
enfants.
OBJECTIF
La mission du programme PRYDE est de servir les enfants souffrant de problèmes émotionnels
sévères en les accueillant dans des familles d’accueil de traitement (Treatment Foster Homes)
hautement structurées.
CLIENTÈLE
La priorité est donnée aux enfants présentant des diagnostics de troubles mentaux, de troubles de
comportement sévères ainsi que de difficultés sur le plan émotif, et qui nécessitent un traitement
en hébergement. Le programme soutient aussi leur famille biologique.
PHILOSOPHIE
Le programme adhère au principe qu’un environnement familial chaleureux et soutenant
représente le moyen le plus efficace afin de changer les comportements problématiques des
enfants. Plus spécifiquement, six valeurs centrales sont prônées :
1.
L’idéalisme : Relever les défis les plus difficiles, développer des approches innovatrices et
croire au potentiel de chaque jeune en tentant le plus possible de l’actualiser.
2.
L’importance des relations : Bâtir une relation de respect et de confiance avec les enfants
et leur famille. Selon cette valeur, il faut croire au potentiel de changement en s’appuyant
sur les forces de chacun.
3.
La joie dans le travail : Considérant le travail difficile à réaliser, il importe d’en retirer un
certain plaisir et de s’amuser autant que possible.
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
80
4.
La ré-éducation : Cette valeur inclut diverses dimensions telles que l’importance d’un
environnement normatif pour l’enfant, l’implication des proches de l’enfant dans le traitement, la compréhension d’un symptôme comme dysfonctionnement de l’écosystème, etc.
5.
La qualité : Le programme vise les meilleurs services possibles et procède constamment à
des évaluations afin de déterminer son impact sur les enfants et leur famille.
6.
Les « enseignants et les élèves » : Il faut concevoir le programme comme une « école » où
des « enseignants » (personnel) apprennent à des « élèves » (enfants en difficulté et leur
famille) les habiletés et les connaissances nécessaires pour s’en sortir.
APPROCHE THÉORIQUE
La compréhension d’une problématique s’appuie sur une approche écosystémique. Le
programme demeure également ouvert à des approches moins traditionnelles.
ÉQUIPE
À l’intérieur de ce programme, le travail d’équipe est fortement préconisé. Les décisions de
traitement sont prises par des « enseignants–conseillers » qualifiés. Ces derniers sont soutenus
par des médecins, psychologues, psychiatres, thérapeutes, travailleurs sociaux, et autres experts,
tous membres de l’équipe à part égale.
ÉVALUATION CLINIQUE
Pour être admis dans une famille d’accueil PRYDE, l’enfant doit être référé. Les demandes de
services proviennent de différentes sources telles que les départements de services sociaux, les
départements de santé mentale ou le système de justice juvénile. Par la suite, l’enfant est
diagnostiqué au cours du processus d’admission au programme.
INTERVENTION
Durant un placement dans une famille d’accueil PRYDE, chaque enfant demeure en contact avec
sa famille biologique, et ce, même si la réunification n’est pas envisageable. Lorsque les parents
biologiques perdent leurs droits parentaux, le programme tend vers une adoption par la famille
PRYDE. La famille d’accueil de traitement agit à titre d’agent de changement pour l’enfant. Elle
lui enseigne les habiletés et les connaissances pour surmonter ses difficultés. Afin de rencontrer
les besoins spécifiques de chaque enfant, un plan d’intervention individualisé est développé en
collaboration avec le personnel du programme, les parents d’accueil de traitement, et d’autres
membres de l’équipe de traitement. Il est à noter que ce plan d’intervention est révisé et modifié
lorsque nécessaire.
DÉFIS ET PRÉOCCUPATIONS
L’expansion rapide de PRYDE a entraîné certaines inconsistances dans le programme. Par
exemple, à un certain moment, le processus d’évaluation des parents d’accueil pouvait varier
considérablement d’un endroit à l’autre. Le modèle a donc été revu afin de le standardiser
davantage.
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
81
EFFICACITÉ
est reconnu comme un modèle national par le National Institute of Mental Health. Un
système d’évaluation permet d’évaluer les impacts de ce modèle et ce, jusqu’à deux ans suivant
l’arrêt des services par PRYDE.
PRYDE
TRANSFERT DES CONNAISSANCES
Le programme partage ses résultats avec d’autres organismes afin que ceux-ci améliorent la
qualité de leurs services. À l’heure actuelle, plusieurs programmes de famille d’accueil de
traitement PRYDE existent à travers les États-Unis, au Canada et en Europe.
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
82
Pressley Ridge Youth Development Extension (PRYDE)
Treatment Foster Care Program
Objectif
Accueillir des enfants souffrant de problèmes émotionnels sévères et/ou de
troubles de comportement en famille d’accueil de traitement.
Clientèle
Enfants présentant des diagnostics de troubles mentaux, de troubles de
comportement sévères et de difficulté sur le plan émotif.
Leur famille biologique.
Philosophie
Valeurs centrales : l’idéalisme, l’importance des relations, la joie dans le
travail, la ré-éducation, la qualité, les « enseignants et les élèves ».
Approche
théorique
Approche écosystémique.
Ouverture à des approches moins traditionnelles.
Équipe
« Enseignants / conseillés ».
Médecins.
Psychologues.
Psychiatres.
Thérapeutes.
Travailleurs sociaux.
Évaluation
clinique
Diagnostic réalisé au cours du processus d’admission.
Intervention
Contact avec la famille biologique.
Famille d’accueil de traitement agit à titre d’agent de changement pour
l’enfant (enseignement d’habiletés et de connaissances).
Plan d’intervention individualisé pour chaque enfant.
Défis et
préoccupations
Manque de standardisation du modèle ; a été revu.
Efficacité
Reconnu comme un modèle national par le National Institute of Mental
Health.
Un système d’évaluation permet d’évaluer les impacts de ce modèle.
Transfert des
connaissances
Partage des résultats avec d’autres organismes.
PRYDE existe maintenant aux États-Unis, au Canada et en Europe.
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
83
Programme de jour préscolaire
INSPIRÉ DE L’ARTICLE
– HARMON, R.J. ▪ K.A. FRANKEL (1997). « The Growth and Development on an Infant Mental
Health Program : An Integrated Perspective ». Infant Mental Health Journal, 18 (2),
126–134.
BRÈVE DESCRIPTION
Le programme de jour préscolaire s’inscrit à l’intérieur d’un programme plus large en santé
mentale : le programme clinique et de formation en santé mentale infantile. Ce vaste programme
datant de 1976 est offert dans différents sites affiliés à l’École de médecine de l’Université du
Colorado : l’unité néonatale de soins intensifs, la clinique externe de psychiatrie infantile et les
programmes de traitement de jour. Nous retiendrons pour les fins du présent résumé le
programme de jour préscolaire.
OBJECTIF
Ce programme vise à évaluer et à traiter des enfants de 4 ans et moins présentant des problématiques de santé mentale ainsi que leur famille. Il offre également de la formation à des
stagiaires dans les domaines de la psychologie, du service social et de la psychiatrie.
CLIENTÈLE
Le programme s’adresse à de jeunes enfants de 4 ans et moins abusés physiquement et/ou
sexuellement et négligés. La plupart de ces enfants proviennent de classes socio-économiques
inférieures et sont hébergés en famille d’accueil. Les familles naturelles bénéficient également
d’un suivi par l’équipe de traitement.
PHILOSOPHIE
La philosophie du programme global (programme clinique et de formation en santé mentale
infantile) s’appuie sur la croyance que la santé mentale de l’enfant est une construction
relationnelle qui commence avec la transition vers la maternité et la paternité. Le programme
évalue et traite ainsi les futurs parents aussi bien que les enfants (de moins de 4 ans) et leur
famille. L’instauration du programme de jour préscolaire fait suite à une prise de conscience eu
égard à l’insuffisance des interventions en externe afin de traiter adéquatement les enfants
affichant des problématiques sévères.
APPROCHE THÉORIQUE
D’orientation psychodynamique, le programme se base sur une approche développementale et
s’appuie sur une perspective systémique familiale. Chaque cas est traité de manière
personnalisée et individualisée.
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
84
ÉQUIPE
L’équipe de traitement est composée d’un clinicien, d’un psychiatre, d’un psychologue, d’un
travailleur social, d’un pédiatre et de professeurs.
ÉVALUATION CLINIQUE
L’évaluation peut se faire à la clinique externe de psychiatrie infantile ou, encore, directement à
l’intérieur du programme de jour préscolaire.
INTERVENTION
Ce programme dure 4 heures par jour au cours desquelles les enfants prennent part à des
activités thérapeutiques et éducationnelles très structurées. La classe est dirigée par un
professeur chef, épaulé de deux autres professeurs et de quelques stagiaires ou bénévoles. Le
ratio est d’un adulte pour trois enfants. Le programme comprend des activités d’apprentissage
préscolaires standard qui visent à favoriser le développement socioémotionnel. On mise particulièrement sur la construction de relations, la promotion de la sécurité et la résolution non violente
des conflits. Chaque enfant est assigné à un clinicien et les cas sont revus chaque semaine par
toute l’équipe de traitement. Les interventions incluent une psychothérapie individuelle deux fois
par semaine, une thérapie familiale–parentale deux fois par mois, une évaluation et une gestion
médicale, ainsi qu’une gestion de cas régulière. Le travailleur social de l’équipe assure une
liaison régulière avec la famille. La majorité des enfants participent à ce programme durant
environ deux ans.
DÉFIS ET PRÉOCCUPATIONS
Le défi à venir repose sur une expansion des services du programme global (programme clinique
et de formation en santé mentale infantile) à des sites non affiliés à l’Université (exemples :
communauté et agences).
TRANSFERT DES CONNAISSANCES
En plus d’offrir des services aux enfants et à leur famille, le programme sert également de lieu
de formation pour des stagiaires universitaires de psychologie et de service social ainsi que pour
des résidents en psychiatrie. À cet effet, les étudiants de psychologie peuvent notamment se
familiariser avec différents tests psychométriques, alors que les résidents de psychiatrie
reçoivent une formation en psychopharmacologie. Des cliniciens d’expérience assurent la
supervision de ces stagiaires.
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
85
Programme de jour préscolaire
Objectif
Évaluer et traiter des enfants de 4 ans et moins présentant des problématiques
de santé mentale ainsi que leur famille.
Former les futurs professionnels dans le domaine de la santé mentale infantile
(travailleurs sociaux, psychologues et psychiatres).
Clientèle
Enfants de 4 ans et moins abusés physiquement et/ou sexuellement et négligés,
de classes socio-économiques inférieures, souvent hébergés en famille
d’accueil.
Leur famille.
Philosophie
La santé mentale de l’enfant est une construction relationnelle qui commence
avec la transition vers la maternité et la paternité.
Approche
théorique
Orientation psychodynamique.
Approche développementale.
Perspective systémique familiale.
Cas traités de manière individualisée et personnalisée.
Équipe
Clinicien, psychiatre, psychologue, travailleur social, pédiatre, professeurs.
Évaluation
clinique
Peut se faire à la clinique externe de psychiatrie infantile ou à l’intérieur même
du programme de jour préscolaire.
Intervention
4 heures par jour / activités thérapeutiques et éducationnelles très structurées.
Ratio d’un adulte pour trois enfants.
Activités d’apprentissage préscolaires standard qui visent le développement
socio-émotionnel.
Construction de relations, promotion de la sécurité et résolution non violente
des conflits.
Psychothérapie individuelle deux fois par semaine, thérapie familiale /
parentale deux fois par mois, évaluation et gestion médicale, gestion de cas
régulière.
Durée du programme = environ deux ans.
Défis et
préoccupations
Expansion des services à des sites non affiliés à l’Université (exemples :
communauté et agences).
Efficacité
Transfert des
connaissances
Aucun renseignement.
Lieu de formation pour des stagiaires en psychologie, en travail social et en
psychiatrie. Supervision des stagiaires par des cliniciens d’expérience.
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
87
Conclusion
Au terme de cet examen des connaissances, plusieurs questions primordiales
émergent. Certes, relever le défi d’assurer la réadaptation spécialisée des jeunes éprouvant,
outre des problèmes de comportement ou de maltraitance, de sérieux problèmes de santé
mentale, impose des prises de position soutenues par de sérieuses réflexions. Tout
établissement désireux d’entamer une démarche éclairée devrait donc, dans un premier
temps, se pencher sur les questions suivantes et prendre position à leur égard.
1. A priori, les centres jeunesse doivent se demander s’ils acceptent d’endosser
la recommandation émise dans le rapport du ministère de la Santé et des
Services sociaux à l’effet de se voir confier la responsabilité de la réadaptation spécialisée des jeunes éprouvant, outre des problèmes de comportement
ou de maltraitance, de sérieux problèmes de santé mentale.
2. Si oui, la définition de « trouble mental » doit être clarifiée afin d’établir le
plus précisément possible ce qu’on entend par « sérieux problèmes de santé
mentale ». Ce faisant, il devient impératif de se demander à qui doivent être
destinés les services spécialisés d’hébergement en santé mentale, compte
tenu que plusieurs jeunes en centre jeunesse ont un diagnostic pédopsychiatrique. Vraisemblablement, une référence vers une ressource spécialisée en santé mentale ne devrait pas se faire en fonction du diagnostic, mais
plutôt, en raison des besoins de l’enfant puisque deux enfants ayant le même
diagnostic n’ont pas nécessairement les mêmes besoins d’encadrement.
3. Les centres jeunesse doivent également situer cette nouvelle mission de
réadaptation spécialisée à travers leurs autres missions. S’agit-il d’abord
d’assurer la protection de l’enfant ou de traiter son trouble mental ? Même si
ces deux objectifs peuvent converger, ils ne sont pas les mêmes pour autant
et, surtout, le temps requis pour leur atteinte n’est sans doute pas le même.
Quoi qu’il en soit, il semble que la mission de protection demeure la mission
première.
88
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
4. En outre, la question de l’intégration des jeunes aux prises avec de sérieux
problèmes de santé mentale dans des ressources d’hébergement conventionnelles se pose. À cet effet, la mise en place d’un éventail de services
allant de l’intégration en hébergement régulier aux ressources spécialisées en
santé mentale, en passant par différentes positions intermédiaires (exemples :
intégration progressive, intégration partielle, programme individualisé « santé
mentale » en hébergement régulier) semble représenter une avenue intéressante. Cependant, en plus d’exister, ces services doivent être disponibles,
signifiant que des places puissent demeurer libres, même si d’autres services
sont engorgés.
5. Aussi, les centres jeunesse doivent réfléchir à des moyens pour raffermir leur
partenariat avec la famille, l’école, les services de première ligne et la
pédopsychiatrie.
6. Enfin, il importe de déterminer l’équipement de base nécessaire afin de
relever efficacement ce nouveau défi. Pour ce faire, il convient d’établir les
ressources financières, matérielles et humaines essentielles au bon
fonctionnement du projet.
Concluons par la conviction qu’il serait irréaliste de penser pouvoir assumer la
réadaptation spécialisée de ces jeunes sans avoir une perspective d’ensemble, c’est-à-dire sans
aucune considération pour ce qui se passe en amont et en aval des services offerts par les centres
jeunesse. Ainsi, toute cette démarche devrait s’inscrire dans une perspective systémique, globale,
intégrée et s’échelonnant sur du long terme.
La protection des jeunes aux prises avec des troubles mentaux :
Organisation des services d’hébergement
89
Références bibliographiques
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