Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XIII - n° 1 - janvier-février 2009
40
Mise au point
hétérozygotes pour une mutation inactivatrice de la
glucokinase peuvent être homozygotes avec un dé cit
complet de la glycolyse. C’est ce qui a été retrouvé dans
deux familles comportant plusieurs sujets diabétiques
dont deux cas de DNNP diagnostiqués au premier jour
de vie (20). Il ne s’agit pas d’une cause fréquente de
DNNP (21, 22). Toutefois, un dosage de la glycémie à
jeun chez les deux parents est nécessaire, en parti-
culier en cas d’antécédent de diabète de la grossesse.
La découverte d’une intolérance discrète au glucose
chez les deux parents doit alors conduire à un examen
de dépistage à la recherche de mutations du gène de
la glucokinase.
Syndromes cliniques avec un DNNP non lié à un
défaut ciblé et unique de sécrétion de l’insuline
Anomalies des gènes des facteurs
de transcription du pancréas
Agénésie du pancréas et gène IPF-1
✓
(insulin pro-
moter factor-1) : la première observation décrite est
celle d’un enfant qui avait une agénésie pancréatique
avec insu sance pancréatique endocrine et exocrine
sévère. Des études avaient montré que chez la souris
l’invalidation ciblée du gène de l’IPF-1 correspondant
avait provoqué des troubles graves du développement
pancréatique endocrine et exocrine (23), et d’autres
résultats étaient en faveur d’un e et régulateur de l’IPF-1
sur l’expression des gènes de l’insuline et de la somatos-
tatine (24). Il a e ectivement été retrouvé une délétion
d’un nucléotide dans le codon 63 du gène IPF-1 (25)
à l’état homozygote chez cet enfant. Les parents étaient
hétérozygotes pour la mutation, et l’isoforme mutante
tronquée du gène IPF-1 agissait comme un inhibiteur
dominant négatif de l’activité du gène IPF-1 (20). La
mutation hétérozygote de IPF-1 est responsable du
diabète MODY 4.
Hypoplasie pancréatique, agénésie du cervelet
✓
et gène PTF1A (pancreas speci c transcription fac-
tor, 1A) : l’association d’un DNN et d’une hypoplasie
cérébelleuse, probablement de transmission autoso-
mique récessive, a été décrite chez trois membres d’une
famille consanguine. Les trois enfants sont décédés
dans les premiers mois de vie en raison de troubles
métaboliques, d’altérations de la fonction respiratoire
et, semble-t-il, d’infections graves (26). Plusieurs acti-
vateurs spéci ques de la transcription, qui régulent
l’expression génique, sont présents à la fois dans les
cellules β et dans les neurones (27). Ce syndrome, lié à
des mutations dans un facteur de transcription PTF1A,
crucial dans la morphogenèse du pancréas, associe une
hypoplasie du pancréas à une microcéphalie liée à une
hypoplasie du cervelet (28).
GLIS family zinc nger protein 3 (Glis3) ✓ : des muta-
tions dans le gène Glis3 expliquent une forme syndro-
mique de DNN associé à une hypothyroïdie congénitale,
une dysmorphie faciale et, de façon inconstante, à un
glaucome congénital, des kystes rénaux et une brose
hépatique (29). Glis3 appartient à la super famille GLIS
et agit comme activateur et répresseur de la trans-
cription.
Destruction des cellules bêta
Syndrome IPEX et gène FOXP3 : anomalies de
✓
l’auto-immunité : plusieurs auteurs ont décrit un
syndrome lié à l’X, caractérisé par l’association d’une
dermatite exfoliatrice, d’une diarrhée réfractaire avec
atrophie villositaire, d’une anémie hémolytique, d’une
thyroïdite auto-immune et d’un DNN. La plupart des
enfants qui en sont atteints décèdent d’infections gra-
ves avant d’atteindre un an (30). Une agénésie des îlots
de Langerhans a été décrite dans certains cas (31). La
possibilité d’un mécanisme auto-immun a été étayée
par l’e cacité apparente de la ciclosporine dans un
ou deux cas (32) et par la présence d’anticorps spé-
ci ques de la décarboxylase de l’acide glutamique
(GAD, glutamic acid decarboxylase) avant une gre e
de moelle. Le conditionnement pour la gre e avait
provoqué la disparition du diabète une semaine avant
la gre e, suivie par une régression de la diarrhée et
des lésions cutanées. Après deux ans de rémission,
un syndrome hémophagocytaire était apparu, pro-
voquant le décès (33). La mutation responsable de
cette maladie se situe dans le gène FOXP3 (34). Une
mutation du gène FOXP3 chez la souris scurfy conduit
à une prolifération excessive des lymphocytes T CD4+/
CD8–, qui in ltrent de nombreux organes. Les mâles
meurent 15 à 25 jours après la naissance (35). Il a été
démontré que la protéine codée par ce gène, la “scur-
ne”, était indispensable à une homéostasie normale
du système immunitaire.
Syndrome de Wolcott-Rallison et gène EIF2AK3 :
✓
anomalie de la phosphorylation des protéines : le
syndrome de Wolcott-Rallison est une a ection auto-
somique récessive caractérisée par l’apparition d’un
diabète dans la petite enfance (souvent en période
néonatale) et par une dysplasie spondylo-épiphysaire.
Il peut être associé à d’autres anomalies : hépatoméga-
lie, retard mental et insu sance rénale, et l’évolution
peut être rapidement mortelle (36). Le gène EIF2AK3,
fortement exprimé dans les cellules bêta, contribue à
la régulation de la synthèse protéique (37). En réponse
aux agressions exogènes, les cellules réduisent leur
synthèse protéique en phosphorylant la sous-unité
alpha de l’EIF2 (facteur initiateur de la traduction chez