
Certains se sontinquiétés del’aspectexponentiel delabaisse ducoefficientd’actualisation en
fonction dutemps :ne risque-t-on pas,pourdes horizons suffisammentlongs,deneplustenir
comptedes recettes etdes dépenses dufutur,cequiseraitcontraire àlaprise en comptedes
intérêtsdes générations futures,nianten quelquesortel’espritdans lequel s’effectuentlaplupart
des investissementsforestiers ?
La tentation estgrandeidéologiquementdebasculer dans l’utilisation d’untaux zéro,afin detenir
autantcomptedes générations futures quedes générations présentes. Celaconduitmalheureuse-
mentàunnon-sens,puisquel’on finiraitpartout investir pourles générations futures,en ne
consommantqueleminimumnécessaire àlasurvie,etcelajusqu’àlafin des temps. Quel serait
ainsi l’intérêtdetels investissements?Onseretrouveainsi dans une impasse méthodologique.
Demanière générale,seuls les projetsinduisantdes flux monétaires dontles valeurs actualisées
ontune somme positivepeuventêtre légitimementréalisés (3) .Dans certains cas(parexemple la
recherche del’optimisation delavalorisation d’une ressourcerare comme le sol forestier),on
maximiseralavaleuractualiséedes flux financiers,ousi celaestpossible etcorrespondmieux
auproblème posé,lavaleuractualiséedes utilités procurées parces flux financiers.Toutefois,
l’étudedes projetsesten généralcomplexe. Les différentsaléasontétévolontairementnégligés
dans cetarticle,qu’il s’agisse des aléasduprojetlui-même (pourune plantation forestière,une
tempêtedétruisantles arbres),oudel’environnementéconomiquegénéral(une pression accrue
surlefoncier agricole etindirectementsurlefoncier forestier,une modification durégime
fiscal…).
Afin defaire unchoixentre les différentsprojetsproposés àunfinancementpublic, l’État,par
l’intermédiaireduCommissariatgénéralauplan(CGP)(4),afixéuntaux guidepourleurévalua-
tion àdes fins decomparaison :en 1971cetaux étaitde10%,puis 9%àpartir de1976,et
8%àpartir de1986.Ces taux relativementélevés permettaientainsi de“tenir compte” des
risques liés àlacroissanceéconomiqueetaux projetseux-mêmes.
LeCGP amodifié en 2005letaux conseillé pourles investissementspublics:le taux conseillé
estmaintenantde4à2%selon l’horizon considéré :4%pourles projetsjusqu’à30 ans (c’est-
à-dire àcourtterme),de4à2%,selon une fonction décroissantprogressivement,pourles
projetsjusqu’à500 ans(5).La formule suivantefaitpasser sans rupture cecapdes trenteans,
etconduitaugraphiquedelafigure 1(p. 469) quiillustre les taux conseillés jusqu’àenviron
150ans :
468Rev.For. Fr. LX -4-2008
J EAN-P HILIPPE T ERREAUX
at4%sit30 an s;e tat104,30 102,t30–
×
t–1sit≥30 an s .=≤=
Mais,parallèlement,le CGP insistesurlanécessitédemener correctementles études portantsur
les risques etincertitudes liés aux projetsconsidérés,eten passantmeten gardecontre la
tentation demanipuler les résultatspourjustifier telle outelle action.
Letaux présentésurlafigure 1(p. 469) etdonné dans laformule estle taux moyen surladurée
devie del’investissement,àsavoir quepourune durée devie de
n
années,c’estle taux corres-
pondantàl’année
n
quidoitêtre utilisé uniformémententre les années 1et
n
.Enfait,cette
formule compliquée traduitsimplementle faitqueletaux d’actualisation marginalestde4%les
(3)L’intégration des externalités liées auprojet,positives ounégatives,évaluées surleplanfinancier,estl’objetdenombreux travaux
d’économie.
(4) DevenuCentre d’analyse stratégiqueàcompter du6mars 2006.
(5) La Francen’estpasleseulpaysoùl’on conseille désormais d’utiliser des taux décroissants:c’estle casaussi parexemple en
Grande-Bretagne :voir parexemple les directives duHM’s Treasury(2003). Les taux proposés sontde3,5%jusqu’à30 ans,puis
des taux décroissantsjusqu’à1%pourdes durées de300 ans etplus.