194 Recension : Démystifier les maladies
mentales
Interactions Vol. 5 no 1, printemps 2001
symptomatiques que sont les symptômes émotionnels, comportementaux,
somatiques ; le cumulatif des trois premiers registres formant le quatrième registre.
Ce dernier représente les troubles les plus graves où toutes les catégories de
symptômes se mêlent, comme dans la schizophrénie, les troubles bipolaires, les
troubles du développement et le retard mental. Le chapitre deuxième se consacre à
l’étude de l’évolution normale chez l’enfant. La qualité des auteurs retenus ici
mérite d’être soulignée. Songeons aux visions de Mélanie Klein, Margaret Malher,
Donald W. Winnicott et Daniel Stern qui sont présentées avec clarté et précision.
Cette diversité ne favorise pas une perspective univoque ou hermétique de
l’évolution normale chez l’enfant, mais nous convie au contraire à un
décloisonnement des conceptions des maîtres penseurs de ce domaine.
Ce chapitre est suivi de deux autres consacrés respectivement à la question de
l’identité à l’adolescence ainsi qu’à l’évolution de la famille et des relations parents-
enfants. Tout comme nous le rappelle le psychologue Richard Cloutier, dans son
chapitre sur l’identité à l’adolescence, cette conception de l’adolescence est
relativement récente dans l’histoire. Elle remonte à une centaine d’années.
Concernant le chapitre sur l’évolution et les relations parents-enfants, c’est peut-être
ici que les tenants d’un cadre systémique trouveront le plus d’écho à leur intérêt. En
effet, un fragment important de ce chapitre est consacré au volet des situations
particulières rencontrées dans ce contexte, suivi de différents types d’interventions
familiales : modèle structurel, comportemental, psychoéducatif, etc. Ces deux
chapitres sont adroitement chapeautés par les interrogations foncières soulevées par
les changements psychiques, physiques et interpersonnels survenant chez l’enfant et
l’adolescent dans son rapport à lui-même et avec son entourage. Tout comme pour
tous les chapitres, les références et les lectures suggérées sont nombreuses et, dans
l’ensemble, récentes et assez accessibles.
Les treize autres chapitres, à l’exception de celui sur l’abus et la négligence chez
l’enfant et celui sur les handicaps et maladies chroniques, sont plus particulièrement
consacrés à l’étude des principaux troubles psychiatriques rencontrés chez l’enfant
et l’adolescent. En l’occurrence, et à l’instar des auteurs, on ne peut qu’adhérer à
l’idée de consacrer une portion indispensable du livre à l’abus et à la négligence
chez l’enfant, phénomène qui apparaît tout aussi opportun qu’inéluctable dans un
ouvrage voué à la démystification des maladies mentales. Cet aspect déplorable de
l’abus et de la négligence, souvent laissé pour contre ou avancé succinctement dans
maints ouvrages de psychopathologie et de psychiatrie, est traité avec toute la
gravité qui s’impose et placé dans une perspective évolutive et pronostique. On y
apprend notamment que le fait de prévenir la maltraitance et la négligence n’est pas
une assurance de sauvegarde de l’intégrité de l’enfant. Que l’on soit en 2001,
l’auteur du chapitre, le pédopsychiatre Bertrand-Philippe Tiret, nous interpelle en