Le nerf tibial : Application clinique à la neuro

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UNIVERSITE DE NANTES
FACULTE DE MEDECINE
MASTER I SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES
UNITE D’ENSEIGNEMENT OPTIONNEL
MEMOIRE REALISE dans le cadre du CERTIFICAT d’ANATOMIE,
d’IMAGERIE et de MORPHOGENESE
2009-2010
UNIVERSITE DE NANTES
Le nerf tibial : Application clinique à la neuro-stimulation
dans la prise en charge des troubles de la continence fécale
Par
Le Corre Xavier
LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES
Président du jury :
Pr. R. ROBERT
Vice-Président :
Pr. J.M. ROGEZ
Enseignants :
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
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•
Laboratoire :
Pr. O. ARMSTRONG
Pr. O. BARON
Pr. G. BERRUT
Pr. C. BEAUVILLAIN
Pr. D. CROCHET
Dr. H. DESAL
Pr. B. DUPAS
Dr E. FRAMPAS
Dr A. HAMEL
Dr O. HAMEL
Pr. Y. HELOURY
Pr A. KERSAINT-GILLY
Pr. J. LE BORGNE
Dr M.D. LECLAIR
Pr. P.A. LEHUR
Pr. O. RODAT
S. LAGIER et Y. BLIN - Collaboration Technique
1
UNIVERSITE DE NANTES
FACULTE DE MEDECINE
MASTER I SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES
UNITE D’ENSEIGNEMENT OPTIONNEL
MEMOIRE REALISE dans le cadre du CERTIFICAT d’ANATOMIE,
d’IMAGERIE et de MORPHOGENESE
2009-2010
UNIVERSITE DE NANTES
Le nerf tibial : Application clinique à la neuro-stimulation
dans la prise en charge des troubles de la continence fécale
Par
Le Corre Xavier
LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES
Président du jury :
Pr. R. ROBERT
Vice-Président :
Pr. J.M. ROGEZ
Enseignants :
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Dr. H. DESAL
Pr. B. DUPAS
Dr E. FRAMPAS
Dr A. HAMEL
Dr O. HAMEL
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Pr A. KERSAINT-GILLY
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Dr M.D. LECLAIR
Pr. P.A. LEHUR
Pr. O. RODAT
S. LAGIER et Y. BLIN - Collaboration Technique
2
Remerciements
A Monsieur le professeur Paul-Antoine Lehur
Pour m’avoir proposé ce sujet original et intéressant
Pour son aide et sa disponibilité
A Mlle Gaëlle Cam
Pour les informations et les documents qu’elle m’a fournis
Pour m’avoir autorisé à assister à ses essais cliniques
A Messieurs nos professeurs d’anatomie
Pour nous avoir éveillé à la beauté de cette science
Pour la qualité de leur enseignement
A nos moniteurs d’anatomie
Pour leurs conseils avisés
A Messieurs Stéphane Lagier et Yvan Blin
Pour leur savoir-faire, leur aide et leur gentillesse
A mes camarades de Master
Pour tous les bons moments que nous avons passés au laboratoire
3
Sommaire
1. INTRODUCTION
5
2. RAPPELS
2.1. Embryologie du système nerveux périphérique
2.2. Histologie des nerfs périphériques
2.3. Le plexus sacral
2.3.1. Constitution
2.3.2. Rapports
2.3.3. Branches collatérales
2.3.4. Branches terminales
2.3.5. Connexions
6
3. MATERIEL ET METHODES
3.1. Matériel
3.1.1. Sujets
3.1.2. Instruments
3.2. Méthodes
10
4. ANATOMIE DU NERF TIBIAL
4.1. Topographie
4.1.1. Origine
4.1.2. Trajet et rapports
4.1.3. Branches collatérales
4.1.4. Branches terminales
4.2. Fonctions
4.2.1. Fonctions motrices
4.2.2. Fonctions sensitives
12
5. STIMULATION PERCUTANEE DU NERF TIBIAL DANS LA PRISE EN
CHARGE DES TROUBLES DE LA CONTINENCE FECALE
5.1. Protocole
5.2. Hypothèses
5.3. Résultats
23
6. DISCUSSION
29
7. CONCLUSION
29
8. BIBLIOGRAPHIE
30
4
1. Introduction
Le nerf tibial est la branche terminale médiale du nerf sciatique ; c’est un nerf mixte destiné
aux muscles postérieurs de la jambe et aux téguments de la région plantaire.
Ce nerf fait suite au plexus sacral, et cette relation est exploitée dans des techniques de
stimulation percutanée ayant pour but de réduire les incontinences urinaires et fécales.
En effet, il a été démontré que la stimulation périphérique du nerf tibial à l’aide d’une
aiguille-électrode permet d’atteindre les racines sacrées, et par un phénomène encore non
élucidé de désinhiber les réflexes de contraction /relaxation indispensables à la continence.
Dans le cas des incontinences fécales, ces techniques représentent une thérapeutique simple à
réaliser, peu invasive et efficace, comme l’ont prouvé plusieurs études.
Après une description topographique du nerf tibial, les repères utilisés dans ces techniques de
stimulation percutanée pour atteindre ce nerf et le stimuler seront étudiés aux moyens de
plusieurs dissections.
5
2. Rappels
2.1. Embryologie du système nerveux périphérique
Les nerfs du système nerveux périphérique sont constitués de nombres variables d’axones
myélinisés et non myélinisés provenant des neurones dont l’origine est située dans le cerveau,
la moelle épinière ou les ganglions.
Les neurones proviennent de trois tissus embryonnaires : du neuro-épithélium bordant le canal
neural, de la crête neurale et, dans le cas de certains ganglions des nerfs crâniens, de régions
spécialisées de l’ectoderme de la tête et du cou, appelées placodes ectodermiques. Tous les
ganglions périphériques post-crâniens naissent des cellules en migration de la crête neurale.
Les ganglions des racines dorsales, sensitifs, qui se condensent près de la moelle épinière, en
rapport avec chaque paire de somites, abritent les cellules sensitives qui relayent l’information
depuis les récepteurs du corps vers le système nerveux central.
Pendant que se forment les ganglions, les axones moteurs somatiques commencent à émerger
des lames basales de la moelle épinière et à former une paire de racines ventrales à hauteur de
chaque somite. Ces fibres motrices somatiques sont rejointes, ultérieurement, par des fibres
motrices autonomes issues des cellules des colonnes intermédio-latérales. Les fibres motrices
somatiques se rendent dans les myotomes où elles vont donc innerver les muscles volontaires.
Les fibres végétatives, au contraire, se terminent dans les ganglions autonomes où elles font
synapse avec les neurones périphériques qui innervent les organes appropriés.
6
2.2. Histologie des nerfs périphériques
Les nerfs sont enfermés dans trois couches successives.
La plus externe, l’épinèvre, est constituée de tissu conjonctif dense, irrégulier, la majorité des
fibres de collagènes étant orientées longitudinalement pour limiter l’extension du nerf. Ses
éléments cellulaires sont des fibroblastes, des mastocytes et un peu de cellules adipeuses.
Des fines extensions de cette couche pénètrent dans le nerf, c’est le périnèvre, un mince
manchon de cellules aplaties entourant de petits faisceaux d’axones nerveux. Les cellules de
cette couche sont liées par des jonctions serrées, faisant du périnèvre une barrière efficace à la
pénétration de macromolécules.
A l’intérieur de chaque faisceau de fibres nerveuses, l’endonèvre est constitué d’un délicat
réseau de fibres de réticuline entourant chaque complexe axone-cellule de Schwann.
Les nerfs sont des voies de communication reliant les centres du cerveau et de la moelle
épinière avec le reste de l’organisme. Ils contiennent des fibres afférentes, qui transportent
l’information de la surface ou de l’intérieur de l’organisme vers le système nerveux central, et
des fibres efférentes, qui transportent les influx nerveux du système nerveux central vers les
tissus et organes périphériques. Les nerfs afférents naissant des organes récepteurs sensibles à
la chaleur, au froid, au toucher ou à la douleur sont appelés les nerfs sensitifs.
Les nerfs efférents dirigeant l’information vers les muscles, stimulant leur contraction sont
appelés les nerfs moteurs et les tissus répondant aux nerfs moteurs sont dénommés effecteurs.
De nombreux nerfs périphériques contiennent à la fois des fibres sensitives et des fibres
motrices et sont appelés nerfs mixtes.
7
2.3. Le plexus sacral
Le plexus sacral est destiné au membre inférieur et à la ceinture pelvienne.
2.3.1. Constitution
Il est constitué par l’union des rameaux antérieurs des nerfs lombaires L4 et L5 et sacraux S1,
S2 et S3.
Les rameaux antérieurs L4 et L5 s’unissent pour former le tronc lombo-sacral.
La majeure partie des rameaux antérieurs de S1, S2 et S3 fusionnent avec le tronc lombosacral pour former le nerf sciatique.
2.3.2. Rapports
Le tronc lombo-sacral
Il émerge du bord médial du muscle grand psoas, descend dans la fosse ilio-lombaire, en
avant de l’aile du sacrum et de l’articulation sacro-iliaque.
Le plexus sacral
Il repose sur le muscle piriforme et est recouvert par le fascia pelvien pariétal.
Il répond en avant aux vaisseaux iliaques internes et à l‘uretère.
2.3.3. Branches collatérales
• Branches ventrales :
- Le nerf du muscle obturateur interne, constitué de neurofibres provenant de L5, S1 et S2.
Il innerve les muscles jumeau supérieur et obturateur interne.
- Le nerf du muscle carré fémoral, constitué de neurofibres provenant de L4, L5 et S1. Il
donne une branche à l’articulation coxo-fémorale et innerve les muscles carré fémoral et
jumeau inférieur.
• Branches dorsales :
- Le nerf du muscle piriforme, constitué de neurofibres provenant de S1 et S2.
- Le nerf glutéal supérieur, constitué de neurofibres provenant de L4, L5 et S1.
Il innerve les muscles petit et moyen fessier et le muscle tenseur du fascia lata.
- Le nerf glutéal inférieur, constitué de neurofibres provenant de L5, S1 et S2 innerve le
muscle grand fessier.
- le nerf cutané postérieur de la cuisse, nerf sensitif constitué de neurofibres provenant de S1,
S2 et S3.
Il donne une branche glutéale qui innerve la peau de la partie inféro-latérale de la fesse, les
nerfs cluniaux inférieurs qui innervent la peau de la région sacrale, une branche périnéale et
une branche fémorale.
2.3.4. Branche terminale
Elle est constituée par le nerf sciatique, qui donnera notamment le nerf tibial.
8
2.3.5. Connexions
Le plexus sacral s’anastomose avec :
• le plexus lombaire, par la branche que L4 envoie au tronc lombo-sacral.
• le plexus pudendal, par les rameaux qui unissent S3 et S4.
• les ganglions sympathiques pelviens par l’intermédiaire des rameaux communicants
gris qui vont des branches d’origine du plexus aux anglions sympathiques sacraux.
• le plexus hypogastrique.
Le plexus pudendal innerve les muscles, téguments et organes périnéaux, mais aussi les
muscles et viscères pelviens, à l’exception des ovaires et des testicules.
Il est constitué de la racine antérieure du nerf sacral S4, et des neurofibres provenant des nerfs
sacraux S2 et S3. Il se termine par le nerf pudendal.
Ce plexus joue un rôle important dans l’innervation somatique pelvienne et donc dans la
continence fécale. En effet il donne entre autres le nerf du muscle élévateur de l’anus, le nerf
du muscle coccygien et le nerf anal supérieur qui innerve le muscle sphincter externe de
l’anus.
Le nerf pudendal quant à lui, innerve également le muscle sphincter externe de l’anus via le
nerf anal inférieur.
Le plexus hypogastrique joue lui un rôle important dans l’innervation autonome pelvienne, et
donc dans la continence fécale. Et ce, notamment via le plexus rectal moyen, qui innerve le
rectum ainsi que le muscle sphincter interne de l’anus, et le plexus rectal inférieur, qui innerve
le canal anal ainsi que le muscle sphincter interne de l’anus.
Haut
Tronc
lombo-sacral
gauche
Nerf glutéal
supérieur
S1
Nerf du
muscle carré
fémorale et
du jumeau
supérieur
S2
S3
S4
7
1
2
1 : Nerf sciatique
2 : Nerf glutéal inférieur
3 : Nerf du muscle obturateur interne
4 : Nerf cutané postérieur de la cuisse
3
4
5
6
5 : Nerf pudendal
6 : Nerf du muscle élévateur de l’anus
7 : Nerf rectal supérieur
Figure n° 1 : Plexus sacral et pudendal, systématisation des principales branches
9
3. Matériel et méthodes
3.1. Matériel
3.1.1. Sujets
Sujet n°1 : féminin – 79 ans 9 mois – frais – jambe gauche
Sujet n°2 : masculin – 90 ans 5 mois – frais – jambe gauche
Sujet n°3 : féminin – 81 ans 6 mois – frais – jambe droite
Sujet n°4 : féminin – 88 ans 7 mois – frais – jambes gauche et droite
3.1.2. Instruments
Porte-lame avec lames de 15 et de 23
Pinces à disséquer
Ciseaux
Ecarteurs
Billots en bois
Matériel pour injection : cathéter, seringue, latex (20cc)
Aiguilles de neuro-stimulation
3.2. Méthodes
Pièce n°1 (sujet n°1)
Cette pièce a été prélevée par une section transversale au niveau du tiers inférieur de la cuisse
gauche du sujet.
Incision verticale d’environ 10 cm à la face postérieure du genou, puis la peau est réclinée
« en volet » et la dissection est réalisée plan par plan.
Mise en place de l’aiguille utilisée dans les techniques de neurostimulation percutanée au
dessus de la malléole interne. Les repères retenus sont
- 3 travers de doigts soit 5-6 cm au dessus de la malléole médiale
- 2 travers de doigts soit 3-4 cm derrière le tibia
Incision ovale entourant l’aiguille et dissection plan par plan en respectant l’implantation de
l’aiguille.
Incision le long du tibia depuis la malléole interne jusqu’au genou et dissection plan par plan.
Pièce n°2 (sujet n°2)
Pièce prélevée par une section transversale au niveau du tiers inférieur de la cuisse gauche du
sujet.
Incision le long du tibia depuis la malléole interne jusqu’au tiers supérieur de la jambe puis
dissection plan par plan.
Incision verticale médiane depuis le creux poplité jusqu’au tiers supérieur de la jambe et
dissection plan par plan.
10
Pièce n°3 (sujet n°3) injectée
Le sujet est en décubitus ventral. Une incision verticale d’environ 10 cm est pratiquée à la
face postérieure de la cuisse, une dizaine de centimètre au dessus de l’articulation du genou.
Ouverture du fascia lata puis incision verticale des muscles semi-tendineux et semimembraneux pour atteindre l’artère fémorale superficielle. L’artère est alors successivement
injectée de latex et d’acide acétique.
Le prélèvement sera effectué en sectionnant l’articulation du genou.
Mise en place de l’aiguille utilisée dans les techniques de neurostimulation percutanée au
dessus de la malléole interne selon les repères précédemment décris.
Incision le long du tibia, la peau est réclinée vers l’arrière en respectant la position de
l’aiguille puis dissection plan par plan.
Pièces n°4 et n°5 (sujet n°4)
Mise en place de l’aiguille de neuro-stimulation selon les repères précédemment décrits.
Délimitation d’une ouverture rectangulaire qui comprend l’aiguille et dissection plan par plan.
11
4. Anatomie du nerf tibial
4.1. Topographie
4.1.1. Origine
Le nerf tibial, anciennement nerf sciatique poplité interne est la branche terminale médiale du
nerf sciatique. C’est un nerf mixte constitué de neurofibres des nerfs lombaires L4 et L5, et
sacraux S1, S2 et S3.
4.1.2. Trajet et rapports
Dans la fosse poplitée
Le nerf tibial suit d’abord l’axe médian de la fosse poplitée en continuant la direction du nerf
sciatique. Il s’enfonce ensuite en avant des chefs du muscle gastrocnémien pour passer sous
l’arcade tendineuse du muscle soléaire.
Rapports avec les parois
- En avant : successivement surface poplitée, ligament poplité oblique et muscle poplité.
- En arrière : au fascia poplité et au muscle gastrocnémien.
- Médialement: Muscles semi-membraneux et semi-tendineux en haut, chef médial du muscle
gastrocnémien en bas.
- Latéralement : Muscle biceps fémoral en haut, muscle plantaire et chef latéral du muscle
gastrocnémien en bas.
Rapports vasculo-nerveux
- Le nerf fibulaire commun diverge latéralement du nerf tibial.
- Le nerf tibial rejoint les vaisseaux poplités et longe le bord postéro-latéral de la veine dans la
partie moyenne de la fosse poplitée.
- En arrière, le nerf cutané sural médial et la veine petite saphène reposent sur le fascia poplité.
12
Haut
Médial
Muscle
biceps
fémoral
Artère et veine
poplitées
Muscle semimembraneux
Nerf
sciatique
Nerf
fibulaire
commun
Nerf tibial
Muscle
gasctrocnémien
Nerf cutané
sural
médial
Veine
petite
saphène
Figure n° 2 : Le nerf tibial dans la fosse poplitée
13
Haut
Médial
Nerf
sciatique
Nerf
fibulaire
commun
Muscle semimembraneux
Artère et veine
poplitées
Nerf tibial
Muscle
soléaire
Figure n° 3 : Fosse poplitée après désinsertion du muscle gastrocnémien
14
Dans la région postérieure de la jambe
A la jambe, il descend en obliquant médialement pour traverser le sillon malléolaire médial.
Rapports musculaires
- En avant : successivement muscle tibial postérieur et muscle long fléchisseur des orteils.
- En arrière : muscle soléaire dans ses deux tiers supérieurs puis le fascia crural et la peau
dans son tiers inférieur.
- Médialement : muscle long fléchisseur des orteils.
- Latéralement : muscle long fléchisseur de l’hallux.
Rapports vasculo-nerveux
Les vaisseaux tibiaux postérieurs longent son bord médial.
Haut
Latéral
Nerf tibial
Artère tibiale
postérieure
Veine tibiale
postérieure
Muscle
soléaire
Figure n°4 : Passage du nerf tibial sous l’arcade du soléaire
15
Haut
Nerf tibial
Latéral
Artère tibiale
postérieure
Muscle soléaire
récliné
Muscle long
fléchisseur des
orteils
Muscle long
fléchisseur de
l’hallux
Tendon du muscle
tibial postérieur
Figure n° 5 : Rapports du nerf tibial dans la région postérieure de la jambe
16
Dans le sillon malléolaire médial
Il se divise dans la partie postérieure de la région infra-malléolaire médiale (ou gouttière
calcanéenne), en nerfs plantaires médial et latéral.
Rapports
Le nerf tibial chemine dans la même gaine que les vaisseaux tibiaux postérieurs. Il se situe en
arrière de l’artère tibiale postérieure qui longe elle-même le tendon du muscle long fléchisseur
des orteils. Il est recouvert par le rétinaculum des fléchisseurs.
Haut
Avant
Tibia
Muscle
soléaire
Muscle long
fléchisseur
des orteils
Vaisseaux
tibiaux
postérieurs
Muscle
long
fléchisseur
de l’hallux
Muscle tibial
postérieure
Nerf tibial
Muscle
court
fibulaire
Figure n° 6 : Le nerf tibial au tiers inférieur de la jambe
L’artère tibiale postérieure semble se trouver en arrière du nerf tibial sur cette photo, car après
les avoir séparé de leur gaine commune ils ont été placés ainsi pour une meilleure visibilité de
ces structures.
17
4.1.3. Branches collatérales
Dans la fosse poplitée
Le nerf tibial donne :
• Le rameau articulaire postérieur du genou
• Les nerfs médial et latéral du muscle gastrocnémien
• Le nerf supérieur du soléaire
• Le nerf du muscle plantaire
• Le nerf du muscle poplité, qui donne lui-même un rameau à l’articulation tibiofibulaire proximale.
• Le nerf cutané sural médial
Ce nerf nait à la partie inférieure de la fosse poplitée et descend dans le sillon qui sépare les
deux chefs du muscle gastrocnémien.
A la partie inférieure de ce muscle il traverse le fascia crural par le même orifice que la veine
petite saphène.
Il fusionne ensuite avec la communicante fibulaire pour devenir le nerf sural.
Au niveau de la jambe le nerf sural longe le bord latéral du tendon calcanéen ; la veine petite
saphène étant médiale au nerf.
A la cheville le nerf sural contourne la malléole latérale pour se terminer en rameaux
calcanéens latéraux et nerf cutané dorsal latéral du pied.
A la jambe
Le nerf tibial donne :
• Le nerf inférieur du soléaire
• Le nerf du muscle tibial postérieur
• Le nerf du muscle long fléchisseur des orteils
• Le nerf du muscle long fléchisseur de l’hallux
• Les rameaux vasculaires
• Les rameaux articulaires pour l’articulation talo-crurale
• Le rameau calcanéen médial
18
Muscle
gastrocnémien
Nerf tibial
Branches pour
le muscle
gastrocnémien
Muscle
plantaire
Branche pour le
muscle
plantaire
Haut
Médial
Figure n° 7 : Premières branches motrices collatérales dans la fosse poplitée
19
Haut
Médial
Branches
motrices du
nerf tibial
Muscle
tibial
postérieur
Muscle
long
fléchisseur
des orteils
Muscle
long
fléchisseur
de l’hallux
Nerf tibial
Figure n° 8 : Branches motrices du nerf tibial à la jambe
20
4.1.4. Branches terminales
Le nerf tibial se divise dans la région infra-malléolaire médiale, au-dessus et en arrière de la
division de l’artère tibiale postérieure, en nerfs plantaires médial et latéral.
A leur origine, les nerfs plantaires latéral et médial sont recouverts par le rétinaculum des
fléchisseurs et le muscle abducteur de l’hallux. Ils croisent la face profonde des vaisseaux
plantaires.
4.1.4.1. Nerf plantaire médial
Ce nerf se dirige en avant pour suivre le bord latéral de l’artère plantaire médiale.
Il innerve les muscles abducteur de l’hallux, court fléchisseur de l’hallux, court fléchisseur
des orteils et carré plantaire ainsi que les articulations du tarse et tarso-métatarsienne. Il donne
également des rameaux cutanés pour la face médiale de la plante du pied.
Il se divise ensuite en deux branches, médiale et latérale.
4.1.4.2. Nerf plantaire latérale
Il se dirige obliquement en avant et latéralement. A la plante du pied, il passe entre les
muscles court fléchisseur des orteils et carré plantaire. Il se dirige en branches superficielle et
profonde après avoir donné des rameaux musculaires pour les muscles carré plantaire,
abducteur du V et opposant du V, des rameaux vasculaires et des rameaux cutanés pour la
face latérale de la plante du pied.
Tendon du
muscle tibial
postérieur
Tendon du
muscle long
fléchisseur des
orteils
Artère tibiale
postérieure
Nerf tibial
Rameau
calcanéen médial
du nerf tibial
Nerfs plantaires
médial et latéral
Figure n° 9 : Branches terminales du nerf tibial
Avant
Haut
21
4.2. Fonctions
4.2.1. Fonction motrice
Le nerf tibial assure l’innervation des muscles de la loge postérieure de la jambe et de la
plante du pied. Il est essentiellement fléchisseur des orteils et extenseur du pied.
4.2.2. Fonction sensitive
Le territoire sensitif du nerf tibial regroupe :
• La partie inférieure de la face postérieure de la jambe
• La partie postéro-latérale de la cheville et du talon
• Le bord latéral du pied
• La plante du pied
• La face plantaire des orteils et la face dorsale des dernières phalanges des orteils.
Nerf cutané postérieur
de la cuisse
Nerf fibulaire commun
Nerf cutané sural
médial
Nerf fibulaire
superficiel
Nerf tibial via les
rameaux calcanéens
médiaux
Nerf sural
Nerf plantaire latéral
Nerf plantaire médial
Nerf saphène
Figures n° 10 et n° 11 : Territoires sensitifs à la face postérieure de la jambe et à la
plante du pied
22
5. Stimulation percutanée du nerf tibial dans la prise en
charge des troubles de la continence fécale
L’incontinence fécale est un état qui atteint entre 0.4% et 18% de la population et représente
un enjeu majeur de santé publique.
Il est maintenant reconnu que des mécanismes extra-sphinctériens jouent un rôle important en
ce qui concerne le contrôle de la continence.
Des techniques moins invasives que la chirurgie comme la stimulation des racines sacrées se
sont avérées bénéfiques dans le traitement de l’incontinence fécale. Le mécanisme d’action de
la stimulation des racines sacrées n’est pas parfaitement élucidé, mais il se pourrait que la
neuromodulation de la racine S3 ait pour effet d’accroître la capacité de retarder la défécation
et de réduire les épisodes d’incontinence fécale, quelle que soit l’intégrité des sphincters.
Le nerf tibial est un nerf mixte qui contient des neurofibres provenant des racines L4 à S3 ; il
comprend donc l’extrémité des nerfs sacraux qui modulent l’alimentation nerveuse somatique
et végétative du plancher pelvien, innervant directement la vessie, les sphincters urinaires, le
rectum et le sphincter anal.
La neuromodulation du plexus sacral est donc possible via le nerf tibial. C’est une technique
peu invasive avec une efficacité similaire à la stimulation directe des racines sacrées.
La technique de stimulation percutanée du nerf tibial a premièrement été décrite pour des
problèmes d’ordre urologique par McGuire et al. puis a été adapté par Shafik et a.l pour
traiter l’incontinence fécale.
5.1. Protocole
Le patient est allongé, la jambe ayant effectué une rotation externe avec flexion du genou et
abduction de la cuisse.
Une aiguille de 34G est alors insérée 5-6 cm soit trois travers de doigts au dessus de la
malléole interne et environ 3 cm en arrière du tibia, entre le bord postérieur de cet os et le
tendon du muscle soléaire pour se trouver juste à coté du nerf.
Une électrode adhésive est placée sur la même jambe près de la voûte plantaire.
L’aiguille et l’électrode sont connectées à un stimulateur à basse tension alimenté par une pile
de 9 volts qui dispose d’une plage d’intensité réglable de 0 à 9 mA, d’une largeur d’impulsion
fixe de 200 microsecondes et d’une fréquence de 20 Hz.
L’intensité est lentement augmentée jusqu’à ce qu’on observe une flexion des orteils et/ou un
picotement au niveau de la plante du pied (fonctions du nerf tibial). Ces réactions confirment
l’exactitude du positionnement de l’aiguille.
On peut alors effectuer une stimulation de 30 minutes.
23
5.2. Hypothèses
Les repères choisis dans cette technique de stimulation percutanée pour atteindre le nerf tibial
via l’aiguille-électrode sont les suivants :
Trois travers de doigts au-dessus de la malléole interne, soit 5-6 cm.
Environ deux travers de doigts, soit environ 3cm en arrière du tibia.
La qualité de ces repères pour atteindre le nerf tibial dans son tiers distal a été
testée au moyen de quatre dissections comprenant deux jambes gauches et deux jambes
droites, comme décrites précédemment.
Figures n° 12 et n°13 : placement de l’aiguille-électrode
Figure n° 14 : Placement des électrodes
24
5.3. Résultats
Malléole
interne
Nerf tibial
Avant
Bas
Figures n° 15 et n° 16 : Première vérification de la bonne position de l’aiguille sur une
jambe gauche
25
Avant
Haut
Nerf tibial
Figures n° 17, n° 18, n° 19 et n° 20 : Première vérification de la bonne position de
l’aiguille sur une jambe droite
26
Avant
Bas
Nerf tibial
Figures n° 21, n° 22 et n° 23 : Seconde vérification de la bonne position de l’aiguille sur
une jambe gauche
27
Arrière
Bas
Nerf tibial
Figures n° 24, n° 25 et n°26 : Seconde vérification de la bonne position de l’aiguille sur
une jambe droite
28
6. Discussion
Au cours de chacune de ces quatre dissections, l’aiguille-électrode s’est retrouvé à proximité
du paquet vasculo-nerveux tibial postérieur.
L’ensemble des mouvements subis par l’aiguille lors des dissections plans par plans peut
constituer un biais pour cette étude, mais les repères utilisés ont pour but de placer l’aiguille
suffisamment proche du nerf tibial pour pouvoir le stimuler. La précision de l’emplacement
de l’aiguille est donc relative.
De plus les réactions du patient (picotement de la plante du pied et/ou flexion des orteils)
confirment la bonne position de l’aiguille.
Il semblerait donc que les repères utilisés soient tout à fait valables pour la mise en œuvre des
techniques de stimulation percutanée concernant le nerf tibial.
7. Conclusion
Le nerf tibial fait suite au nerf sciatique, lui-même issu du plexus sacral.
Il existe des relations entre ce plexus sacral et les plexus pudendal et hypogastrique, qui
contrôlent la sphère pelvienne et donc les capacités de continence, notamment fécale.
Les fibres constituant le nerf tibial ainsi que le trajet de ce dernier au niveau du membre
inférieur ont rendu possible la mise en place de techniques de stimulation percutanée non
invasives pour traiter avec efficacité les problèmes d’incontinences fécales.
Bien que les mécanismes exacts de ce genre de techniques ne soient pas tout à fait clairs, les
stimulations percutanées du nerf tibial représentent une thérapeutique très intéressante.
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