AVANT-PROPOS
Ayant grandi au Brésil bercé par l’ivresse des fêtes populaires, je me suis toujours
senti viscéralement attaché à l’envie de faire la fête, comme si cela était plus fort que moi. En
fait, on pourrait croire que cette envie revêt davantage le caractère d’un besoin physiologique.
Mais pourquoi ?
« Parce qu’on ne sait bien faire que cela au Brésil » dirons les mauvaises langues ! En
effet, dans un premier temps, on aurait pu croire qu’il ne s’agissait là que d’une habitude : à
force de faire la fête, on s’y habitue et on finit par en créer le besoin – en quelque sorte une
accoutumance. Me voici donc « addicted » au Carnaval et en manque violent des feux de la
St-Jean ! Encore plus depuis que je me suis installé en France, ce qui m’oblige à organiser
mes séjours au Brésil en fonction du calendrier de fêtes traditionnelles (calqué à son tour sur
celui des fêtes religieuses).
Toutefois, force est de constater qu’il y a un « avant » et un « après » la fête. En ce
sens, il est assez remarquable que les événements festifs traditionnels soient beaucoup plus
que de simples « temps forts » où les manifestations du patrimoine immatériel brésilien
s’épanouissent. En réalité, ces fêtes rythment de manière cyclique l’apprentissage par le vécu
propre à l’oralité replaçant l’individu au sein d’une aventure historique et collective.
Au-delà du Brésil, l’univers de l’oralité a cette tendance : offrir simultanément
différents niveaux de compréhension. La fête serait donc beaucoup plus qu’une simple
commémoration. Elle permettrait entre autre de ressignifier la place de l’homme dans le
monde, mais aussi de relier l’homme au mystère de la création. Soit une valeur symbolique
inestimable.
Dès lors, pourquoi ne pas réfléchir une Pédagogie de la Fête qui s’inspirerait de la
dynamique de transmission des savoirs dans les sociétés de tradition orale ?
Ce mémoire se veut tout simplement une tentative de cadrage théorique de ce champ
emprunt de subjectivité que la science renia allègrement pendant si longtemps.