2) Comment un marché concurrentiel fonctionne-t

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1.3) Les limites de la logique marchande
● D’autres modes de circulation des biens.
=> Extrait du film « Le Parrain » de Francis Ford Coppola
Dans cette scène, on peut observer un échange marchand qui se caractérise par un versement monétaire
immédiat en échange d’in service et par le fait que l’échange se déroule en dehors de toute relation personnelle. Il se
distingue de la réciprocité ou don/contre-don, dans laquelle il y a une relation interpersonnelle ainsi qu’une forme de
soumission. L’échange se traduit par un don, qui appelle à un contre-don, mais à la différence du prix, le contre-don
n’est pas obligatoirement simultané, et il n’y a pas de rapport quantitatif dans l’échange. Le don et le contre-don
affirment et entretiennent la relation personnelle en plus de découler de cette relation.
Il existe un troisième type d’échange ou de mode de circulation des biens : la redistribution. Une autorité centrale
prélève les biens produits et les redistribue à la population (c’est le principe des impôts qui financent les prestations
sociales et les services non marchands par exemple).
● La marchandisation et ses limites
Avant la révolution, la place de l’échange marchant était très limitée : + de 80% de la population est composé de
paysans et l’essentiel de leurs besoins est satisfait par leur propre production (autoproduction). L’échange marchand
était principalement présent dans les villes, et dans les échanges internationaux. A la fin du XVIIIème siècle et surtout
au XIXème siècle, la Révolution Industrielle va provoquer l’extension des échanges marchands dans la société. La
marchandisation est donc la développement des échanges marchands au détriment d’autres types d’échanges
(réciprocité par exemple) et de l’autoproduction. Pour la noblesse sous l’Ancien Régime, la terre n’était pas un objet
marchand, car elle reliait un individu à ses ancêtres, et l’individu devait transmettre ses terres aux générations
suivantes. Lorsque les bourgeois commencent à acheter de la terre, c’est une révolution.
La marchandisation se développe depuis le XIXème siècle. Toutefois, la marchandisation présente des limites :
=> Maintien des relations non marchandes : dans nos sociétés, les relations non marchandes sont très loin d’avoir
disparues. Ex : le rôle de l’état, qui au XXème siècle s’est développé considérablement puisque presque la moitié de la
richesse produite était prélevée et redistribuée.
De plus, il existe encore aujourd’hui de très nombreuses relations de réciprocité : échanges de cadeaux entre personnes
de la famille/échanges entre famille/voisinage/bénévolat/associations humanitaires, etc.
La deuxième limite peut être étudiée avec l’exemple de la transplantation d’organes. Il y a un nombre insuffisant
d’organes disponibles, malgré le fait que certains organes peuvent être prélevés sans que la personne ne meure. Pour
que cela change, il faudrait transformer le don en relation marchande. Pour des raisons de morale et d’éthique, cela
n’est pas possible. La relation morale est relayée par la loi.
2) Comment un marché concurrentiel fonctionne-t-il ?
Intro : Qu’est-ce qu’un marché concurrentiel ?
La théorie économique définie un marché concurrentiel comme la concurrence pure et parfaite. C’est un modèle, donc
il n’a pas l’ambition de décrire la réalité mais il est utilisé pour étudier et comprendre la réalité, en comparant le
modèle à la réalité. Le modèle de la concurrence pure et parfaite se définit par 5 hypothèses :
- L’atomicité des offreurs et des demandeurs : les offreurs et demandeurs sont en très grand nombre et de petite
taille. Du fait de leur petite taille, ils n’ont pas le pouvoir d’influencer le marché.
- L’homogénéité qui porte sur les produits échangés qui sont identiques mais différents au niveau du prix.
- La transparence qui porte sur l’information dont dispose les offreurs et les demandeurs. Ils sont en
permanence informés de ce qu’il se passe sur le marché, et cela sans aucun coût.
- La libre entrée : à tout moment, un agent économique peut venir opérer sur le marché. Toutefois, cette liberté
d’entrée sur le marché peut être limitée par des interdictions légales ou par des coûts de production trop élevés
(investissement, apprentissage).
- L’absence de barrière à l’entrée et à la sortie (à relier avec l’hypothèse précédente).
II] L’offre et la demande
● L’offre
L’offre d’un producteur est la quantité de biens qu’il est disposé à vendre pour un certain prix. Cette offre individuelle
doit être distinguée de l’offre totale, qui est la somme des offres individuelles du marché.
La variable qui va influencer cette offre est le prix, et plus le prix est élevé, plus l’offre va être importante.
L’objectif du producteur est de maximiser son produit, et non pas de vendre le plus possible. L’augmentation du prix
rend rentable des productions dont le coût était auparavant trop élevé. Produire plus, au niveau individuel, suppose des
investissements, de la main d’œuvre supplémentaire. Cela est rentable seulement si le prix augmente. Donc l’offre
dépend des coûts de production. Ceux-ci étant croissant, une offre supplémentaire n’est rentable que pour un prix
croissant. C’est pour cette raison que l’offre est croissante avec le prix
=> Représentation graphique de f(p)= O avec p=prix et O=offre
A
B
B
B
La courbe d’offre existe avant que l’échange ne se fasse car c’est ce que le producteur est disposé à offrir. Il n’y a pas
encore d’échange sur le marché.
● La demande
Les deux courbes représentées dans le doc 5 p 66 sont des courbes de demande individuelles, la troisième est la
demande globale de café, c’est-à-dire la somme des demandes individuelles.
La demande est une fonction décroissante du prix et de l’utilité qui est aussi décroissante (cf. question 1, chapitre 1 =>
droite budgétaire, notion d’utilité).
Elle est décroissante à cause des choix sous contrainte qui expliquent la décroissance de la courbe (contrainte
budgétaire + utilité). Le consommateur n’est disposé a acheter une unité supplémentaire que si le prix est décroissant
puisque l’utilité qu’il accorde au bien décroit au fur et à mesure qu’il consomme de ce bien.
La droite de demande va représenter ce que le demandeur est prêt à avoir en fonction du prix et des contraintes.
II] L’autorégulation du marché
Le marché va faire se rencontrer cette demande globale, chacune étant la somme des offres et des demandes
individuelles.
● Ajustement et prix d’équilibre
A la fin du XIXème siècle, l’économie Léon Wabres va proposer une représentation théorique de la façon
dont va avoir lieu l’échange sur le marché.
Offre
P0
P2
P*
P1
Demande
Dans la représentation de Walras, le marché a un commissaire-priseur. Au début, il annonce un prix P0. Face à ce prix,
les acheteurs et demandeurs indiquent les quantités qu’ils sont prêts à acheter et ce qu’ils sont près à vendre. Pour P0,
le marché n’est pas équilibré, l’offre est supérieure à la demande. Deuxième phase, le commissaire-priseur propose un
prix P1. L’acheteur et le demandeur indiquent ce qu’ils veulent acheter ou vendre à ce prix. Pour P1, le prix est trop
faible, la demande est supérieure à l’offre. Troisième phase, P2. L’offre est alors supérieure à la demande. Par
tâtonnement, le commissaire-priseur va proposer le prix P*, qui correspond au prix qui va équilibrer le marché, c’està-dire pour lequel l’offre est égale à la demande. Alors, il y a échange sur le marché. Dans la réalité, il n’y a pas de
commissaire-priseur mais les prix sont aussi fixés par tâtonnement.
Sur les marchés libres et concurrentiels (c’est-à-dire vérifiant les 5 hypothèses de la concurrence pure et parfaite), les
agents économiques sont des preneurs de prix, car ils ne peuvent pas influencer la fixation du prix, ils sont obligés de
s’adapter aux prix du marché.
Dans le doc 5 p66, sur le marché du café, le prix d’équilibre va être de 1,5€ pour 40 kg de café.
● Variation de la demande
La courbe P1 du doc D représente ce que les consommateurs sont disposés à acheter. « Toutes choses égales par
ailleurs », c.-à-d. si rien ne change sauf le prix. On introduit alors une modification : la météo. L’augmentation de la
température modifie l’utilité de la glace. Le consommateur, pour chaque niveau de prix, est disposé à acheter plus, du
fait de l’augmentation de l’utilité de la glace. Alors, la droite de demande va se déplacer vers la droite. Cela entraine
un nouvel équilibre, qui se traduit par une augmentation du prix de 2€ à 2,50€.
Un évènement qui modifie la demande s’appelle un choc de demande et entraîne un déplacement de la courbe de
demande. Une multitude d’évènements peuvent constituer des chocs de demande (voir doc D).
● Variation de l’offre
Dans le doc E, on a un choc d’offre : un évènement qui affecte la production de quelque chose, ici avec les glaces et
avec l’évolution du prix d’une matière première : le sucre (touché par l’ouragan). Cela modifie les coûts de
production. Une augmentation des coûts de production diminue la rentabilité de la production. Alors, pour chaque
niveau de prix, le producteur/l’offreur va diminuer la quantité offerte, ce qui se traduit sur le graphique par un
déplacement de la courbe vers la gauche. Le prix augmente, mais les quantités échangées diminuent.
Il existe également une multitude de chocs d’offres, qui peuvent soit faire baisser l’offre, soit l’augmenter selon le
type de choc d’offre.
● Une exemple d’autorégulation
Le doc F traite de l’offre de l’immobilier à Manhattan avant et après le 11 septembre 2001.
On observe un choc d’offre après l’attaque à cause de la baisse du nombre de bureaux disponible. De même, il y a une
baisse de la demande, car l’utilité de l’immobilier à Manhattan baisse après les attaques. Le choc d’offre fait
augmenter les prix de l’immobilier mais le choc de demande les fait baisser, donc l’évolution est très négligeable.
Attention à ne pas confondre un déplacement sur la droite d’offre et de demande et un déplacement de la droite
d’offre ou de demande.
III] L’efficacité du marché concurrentiel
● Le surplus du consommateur
Cette notion permet de montrer graphiquement pourquoi le marché concurrentiel est plus efficace qu’une fixation
autoritaire, administrative des prix. La courbe de demande révèle aussi le prix maximum que le consommateur est
disposé à payer pour offrir une unité supplémentaire du bien. Par exemple dans le graphique, le consommateur
n’acceptera d’acheter un bien supplémentaire (de 4 à 5) que si son prix passe de 15 à 20 € (doc H). Ce prix représente
la valeur du bien aux yeux de l’individu, c’est-à-dire son utilité.
Si un premier acheté par le consommateur a une valeur de 32€, et que le prix de ce bien sur le marché est de 15 €,
alors le surplus de consommateur est donc de 17€. Pour le second bien, le surplus sera inférieur et ainsi de suite.
● Le surplus du producteur
La courbe d’offre s’analyse de la même façon que la courbe de demande. Elle représente aussi le prix minimum que le
producteur exige pour produire une unité supplémentaire du bien.
Le producteur n’accepte de produire un cinquième bien que si le prix passe de 10 à 15€, sinon le 5ème bien ne serait pas
rentable, le coût serait supérieur au prix. Si le prix sur le marché d’un bien est de 15€, mais que le bien vaut 8€ sur le
marché, le producteur fait un surplus de 7€. Le surplus est donc la différence entre le prix de marché et le coût de
production d’un bien.
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