REVUE BELGE
DE
NUMISMATIQUE,
MM. LE V'^ B. DE JONCHE, le C'< Th. de LIMBURG-STIRUM et A. de WITÏE.
CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE.
BRUXELLES,
J. GOEMAERE, IMPRIMEUR DU ROI,
^ue de la Limite, 21.
1897
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DENIER FRAPPÉ AMAYENCE
PAR L'EMPEREUR LOTHÂIRE I
AVANT LE TRAITÉ DE VERDUN (843)
Droit. Croix pattée, cantonnée de quatre points.
Légende. Entre deux grènetis :••• lOTAMVZ
IPEPA
Revers. Temple surmonté d'une croix.
Légende :y[OQOV\Cm VIT.
La légende doit se lire de gauche àdroite.
Argent. Poids :ig'".325. Notre collection.
Ce curieux denier se signale par l'incorrection
du nom et du titre de Lothaire. De semblables
fautes se voient également sur les nombreux
deniers au temple frappés àDorestadt [Duurstede)
par le même empereur, ainsi que sur les rares
deniers forgés àHuy par ce prince.
Année 1897. 17
2DO
Le règne de Louis le Débonnaire fut marqué
par les graves dissensions survenues entre ce
monarque et ses fils, àl'occasion des nombreux
partages de la monarchie faits, de son vivant, par
ce souverain imprudent, qui croyait assurer ainsi
la paix pour l'avenir. Plus tard, l'empereur fut,
en effet, poussé par Judith, sa deuxième femme,
qui lui avait donné un fils, àfavoriser cet enfant
au détriment de ses trois demi-frères.
Le Débonnaire fut ainsi amené, par les machi-
nations de l'impératrice, àmodifier successive-
ment un premier partage fait en 817, entre ses trois
fils Lothaire, Pépin et Louis, ce qui irrita profon-
dément ces princes, issus du mariage de l'empe-
reur avec Irmengairde..
Ce fut en 817, disions-nous, que le faible Louis,
influencé par sa première femme Irmengarde,qui
désirait que chacun de ses trois fils eût sa part de
la monarchie, s'était décidé, àforce d'intrigues et
malgré la vive opposition d'une partie des grands,
àdésigner, àl'assemblée générale tenue àAix-la-
Chapelle, les territoires revenant àchacun de ces
trois princes (i).
Lothaire, associé àl'empereur comme collègue
et successeur, et qui devait être le seul chef de la
monarchie franque après son père, recevait Rome
(1) Histoire des Carolingiens, par L.-A. Warnkoenig et P.-A.-F.
Gérard. Tome II, p. 34. La plupart des faits historiques relatés dans
celte notice sont tirés de cet excellent ouvrage.
25l
et l'Italie ainsi que la Gaule et la Germanie, à
l'exception de :
i** L'Aquitaine, laWasconie, la Marche de Tou-
louse, le comté de Carcassonne, en Septimanie,
les comtés d'Autun, d'Avallon et de Nevers, en
Bourgogne, qui constituaient la part de Pépin ;
La Bavière, la Carinthie, la Bohême, les pays
des Awares et des Slaves situés àl'orient de la
Bavière, qui étaient donnés àLouis.
Mayeitce était donc comprise dans les possessions
de Lothaire. Il semble naturel d'admettre que ce
prince, élevé dès lors àl'empire par son père et
couronné en 823, apu yforger, àpartir de ce
moment, des espèces àson nom. Quoi qu'il en
soit, l'empereur Lothaire, ayant possédé effective-
ment Mayence de 83g, date du dernier partage de
Worms, à843, date du traité de Verdun, acertai-
nement pu émettre, entre ces années, du numéraire
dans cette importante localité.
Mayence devait bientôt être enlevée àLothaire.
L'impératrice Irmengarde mourut en 818. Louis
le Débonnaire voulut d'abord abdiquer et se faire
moine. Ses ministres, soucieux du sort de l'empire,
le conjurèrent de renoncer àses projets. L'empe-
reur se rendit àleurs prières, et un tel changement
s'opéra peu àpeu dans ses idées qu'il épousa,
en 8ig, la belle Judith, fille du comte Huelpus
ou Welf, de l'extrême frontière de la Bavière vers
la Souabe.
L'année 821 vit une partie des nobles francs
2D2
jurer, àl'assemblée générale tenue àNimègue,
d'observer la loi de partage de 817 (i). La diète
générale de la même année, àThionville, fut
saisie du mariage de Lothaire avec Irmengarde,
fille du comte Hugues, de Tours. Un certain
nombre de grands yprêtèrent encore serment au
pacte de succession d'Aix-la-Chapelle.
Lothaire se rendit en Italie, en 822. Il yfut cou-
ronné empereur, aux fêtes de Pâques de 823, par
le pape Pascal I.
Cette même année devait être fatale pour la
tranquillité future de la monarchie, car un fils, qui
fut nommé Charles, naquit en 823 de la nouvelle
union de l'empereur, et il était dès lors àpré-
sumer que Louis, désireux d'assurer une part de
son héritage à cet enfant, s'efforcerait de modifier
le partage de 817, ce qui devait inévitablement
amener le mécontentement des trois fils d'Irmen-
garde. Il en fut ainsi.
L'acte de partage de 817 fut modifié àl'assem-
blée générale tenue àWorms au mois d'août 829.
Malgré l'opposition du clergé et les eff"ortsdu parti
de l'unité de l'empire, qui avait àsa tête Wala,
petit-fils de Charles Martel, le jeune Charles reçut
toute l'AUemanie, l'Alsace, le pays des Grisons,
(1) Annalen des Frânkischen Reichs im Zeitalter der Karolinger,
par le D'' Gustave Richter et le D"" Horst Kohl Deuxihne moitié
par le D^ Horst Kohl, p. 234. Nous avons également très souvent
consulté, au cours de la rédaction de cet article, le très bon livre en
question et yavons puisé maint renseignement utile.
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