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naissance de la Parole dans le Prophète «illettré » de l’Islam. En un sens, le Miracle de
l’Islam est le Coran, de la même façon que le miracle du christianisme est le Christ.
Beaucoup de textes hermétiques rédigés entre le 1
er
et le 4ème siècle après J.-C. , qui
avaient retenu le sens profond des traditions de l’Égypte ancienne et de la Grèce
Antique, furent traduits en arabe. Nous voyons réapparaître dans ces traductions le
« Poi-mandre » , un texte attribuée à Hermès Trismégiste, fondateur de l’hermétisme.
La tradition soufie a toujours rattaché Hermès (3) à Hénoch qui figure dans le Coran
sous les traits du Prophète Idris (4). Les « Ennéades » de PLOTIN Alexandrie (1) ont
constitué quant à elles un traité métaphysique extrêmement complet par lequel on
rejoignait l’Islam en passant par la philosophie grecque. Les « Ennéades », traduit du
grec vers l’arabe, comporte effectivement les théories de l’émanation et de l’unité. Cette
traduction des « Ennéades » a joué un rôle considérable dans la construction de la
métaphysique soufie. Les musulmans accordaient d’ailleurs à Plotin le titre de Cheikh,
ou maître spirituel.
Le Soufisme absorba également les enseignements pythagoriciens, en particulier ceux
de Niomaque, tandis que les écrits d’Empédocle (2) sur la cosmologie et les sciences
naturelles étaient, eux aussi, accueillis avec un grand intérêt. On trouve dans ces
traductions de la pensée grecque vers l’arabe des paragraphes et des chapitres
apocryphes attribués à Platon, Socrate et d’autres philosophes grecs dont les oeuvres
ont marqué les soufis qui estiment que la connaissance de Dieu uniquement par la
raison est une chose impossible. L’histoire de la philosophie démontre que la pensée
grecque de la Réalité, qui fait parfois de l'Etre, et même de l'au-delà de l'être, le
fondement divin du monde, cette pensée s'est trouvée intégrée par étapes successives
dans les références intellectuelles des civilisations islamiques, juives et chrétiennes,
transformant considérablement les fondements intellectuels strictement théologiques
issus des différentes révélations des religions concernées.
La pensée métaphysique et la pensée théologique se sont ainsi trouvées
indissociablement liées durant toute la période scolastique du Moyen-âge, dont participe
le soufisme en Islam. Cette influence théologique sur la métaphysique s'est développée
en Occident au moins jusqu'à Hegel et Schopenhauer, et fut violemment dénoncée par
Nietzsche à la fin du XIX
ème
siècle. « Dieu est mort », proclamait-il, résumant ainsi le
«nihilisme passif » de la civilisation moderne.
Mais revenons à notre sujet. La religion de l’Iran antique, avec le zoroastrisme (5) puis
le mazdéisme, a également influencé le Soufisme. Certains concepts contribuèrent à
l’élaboration des grands thèmes cosmiques soufis. Le Maître de l’Illumination, le Perse
Yahyâ Sohravardi, introduisit certaines notions mazdéennes dans son « Angélologie
des lumières » . Il en revanche difficile de préciser l’influence sur le soufisme de
courants ascétiques et mystiques antérieurs à l'islam : tels que le nestorianisme du
christianisme oriental, le gnosticisme, le néoplatonisme, le manichéisme et le
bouddhisme. Mais ces traditions étant bien ancrées dans les régions où sont apparus
les premiers soufis.
Quelque mot cependant sur L’INFLUENCE HINDOUISTE : Les éléments de cette
influence ne se sont pas mélangés rapidement au soufisme. Ils y sont rentrés au cours
d’une évolution historique qui a duré plusieurs siècles. Parmi ces éléments, on peut citer
le chapelet, ainsi que le symbole de la pauvreté et du renoncement aux plaisirs du
monde. Il y a aussi le Nirvana, ou l’extase absolue de l’âme, qui chez les
Hindouistes a presque le même sens que l’extase soufie. La différence est que le
Nirvana est une dissolution absolue du moi qui aboutis au « vide », alors que l’extase