Journal Identification = MET Article Identification = 0332 Date: October 14, 2011 Time: 12:42 pm
CHC et sont en constante augmentation [17], 10 à 20 %
des CHC seraient attribuables au DT2. Bien que cela soit
discuté, les insulino-sensibilisateurs tels que la metformine
et les glitazones semblent diminuer le risque de CHC chez
les patients diabétiques [17, 18].
Cancer de la prostate
La majorité des études, confirmée par une méta-
analyse [19] montre une modeste mais incontestable
réduction du risque de cancer de la prostate chez le DT2
(16 % [IC 95 % = 7-24 %]) qui est ici singulière et ceci quel
que soit le traitement antidiabétique utilisé et d’autant plus
que le diabète est ancien. Le mécanisme reste à en être
précisé : sont invoqués ici la réduction des concentrations
circulantes des androgènes, ainsi qu’un facteur génétique
prédisposant au DT2 et protégeant du cancer de la prostate
(HNF 1 B) [20].
Cancer du pancréas
Le diagnostic particulier de l’association cancer du
pancréas et DT2 est rendu délicat par le fait que ce der-
nier peut-être provoqué par le cancer. La méta-analyse de
Huxley [21] portant sur 36 études et 9 220 cas de can-
cer du pancréas retrouve un odds ratio de 1,82 (IC 95 %
= 1,66-1,89) en faveur de cette association en soulignant
cependant la grande hétérogénéité des études et l’absence
de relation entre la durée du diabète et l’apparition du
cancer du pancréas. Un effet direct de l’hyperinsulinémie
et des facteurs de croissance liés à l’IR du DT2 est invo-
qué. Les évidences actuelles n’apparaissent pas suffisantes
cependant pour justifier d’un dépistage systématique chez
les diabétiques récemment diagnostiqués [22].
Mécanismes physiopathologiques
La carcinogenèse est un processus multifactoriel fai-
sant intervenir des facteurs environnementaux liés au
mode de vie ainsi des facteurs hormono-métaboliques
centrés sur les conséquences de l’hyperinsulinémie secon-
daire à l’ IR.
Données expérimentales
Les modèles animaux de cancer en particulier colique
montrent que la carcinogenèse chimique est amplifiée
par la hausse de l’insulinémie alors que la restriction
calorique la réduit [23]. La restriction lipidique joue un
rôle protecteur vis-à-vis de la carcinogenèse alors que
l’alimentation hypercalorique est pro-carcinogène sou-
lignant l’importance des aspects qualitatifs, les régimes
hyperlipidiques favorisant le développement de IR.
Facteurs environnementaux
L’alimentation est invoquée comme responsable
d’environ 35 % des cancers aux États-Unis et les popula-
tions ayant une alimentation riche en légumes et en fruits
avec des apports réduits en graisses animales, en viandes
et en calories totales, développent moins de cancers
[24], or ces mesures diététiques préviennent également
l’apparition du DT2 [25]. Il en est de même pour l’activité
physique dont la pratique régulière prévient aussi bien la
survenue du DT2 que les cancers. Ces facteurs physiopa-
thologiques communs constituent également des facteurs
de confusion qui doivent être pris en considération dans
les études épidémiologiques.
Facteurs hormonaux
Hyperinsulinémie
Les études épidémiologiques sont d’interprétation
difficile. Néanmoins, un certain nombre d’études pros-
pectives («Parisienne »,«Rancho Bernardo »,
«Women’s Health Initiative », etc.) illustre le lien entre
l’hyperinsulinisme et le risque de développement de can-
cers (foie, pancréas, côlon, ovaire, sein, etc.). Il existe une
corrélation significative entre le développement de can-
cers et l’IR et cette corrélation est une variable continue.
On peut noter que l’IR précède le développement de cer-
tains cancers (sein, côlon, endomètre, pancréas, etc.) mais
pas à tous les types de cancers. De plus, l’IR semble corré-
lée à une plus grande agressivité du cancer et une mortalité
accrue [5, 23].
Dans de nombreux modèles de cancers a été montée
une surexpression de2à6fois des récepteurs à l’insuline
par rapport aux cellules non cancéreuses, ainsi qu’une
augmentation de la sensibilité des récepteurs à l’insuline
(avec augmentation de l’activité tyrosine kinase). Il existe
deux isoformes du récepteur à l’insuline : A (fœtale), B
(adulte) différant structurellement. La forme fœtale se lie
au récepteur de l’insuline et à celui de l’IgF2. L’isoforme A
est surexprimée dans les cancers ce qui expose les tis-
sus aux effets (prolifératifs) de l’insuline et de l’IGF2. Il
existe physiologiquement en cas d’hyperinsulinémie un
rétrocontrôle des récepteurs à l’insuline, celui-ci disparaît
dans les cellules cancéreuses [23].
Voie des IgF (Insulin growth factors)
L’IgF1 est un puissant facteur de croissance des cel-
lules cancéreuses tant in vitro qu’in vivo et de faibles
hausses de concentration d’IgF1 favorisent chez l’homme
le développement de certains cancers (sein, côlon,
poumon, prostate, etc.) (figure 3). En situation d’IR,
l’hyperinsulinémie favorise la synthèse d’IgF1 et augmente
sa biodisponibilité en diminuant la synthèse de ses pro-
téines de transport les IGF binding proteins (IGFBP) en
particulier l’IGFBP3. Les récepteurs de l’insuline et de
l’IgF1 ont une grande homologie de structures, l’insuline
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