
Licence de Sciences du Langage, semestre 6, corrigés des exercices de syntaxe, deuxième partie, p. 2
nombre à la fois avec l’agent et avec le patient. L’agent et le patient peuvent ne pas être représentés par des
groupes nominaux, mais seulement par les marques de personne et de nombre portées par l’auxiliaire.
Ex. 9 En russe, l’unique terme essentiel de la construction de verbes comme travailler ou aboyer ainsi que
l’agent de verbes comme laver ou mordre sont également à la forme que présente le nom en citation isolée, il
y a par contre une forme casuelle spéciale pour le patient de verbes comme laver ou mordre. C'est un
marquage casuel typique de langues à alignement accusatif.
En basque, c’est pour l’agent des verbes signifiant une action exercée par un agent sur un patient qu’il y a
une forme casuelle spéciale, tandis que la forme de citation du nom s’utilise à la fois pour le patient de
verbes comme amener ou attraper et pour l’unique terme essentiel de la construction de verbes comme
arriver et sortir. C'est un marquage casuel typique de langues à alignement ergatif.
En kabyle, il y a comme en russe identité de traitement entre l’agent d’un verbe d’action à deux
participants et l’unique terme essentiel de la construction de verbes comme courir, pleurer ou être ouvert, et
un traitement à part pour le patient d’un verbe d’action ; mais à la différence du russe, c’est le patient d’un
verbe d’action à deux participants qui a la forme du nom en isolation, et on a une autre forme qui vaut
également pour l’agent de verbes d’action à deux participants et l’unique terme essentiel de la construction
de verbes comme courir, pleurer ou être ouvert. On est dans le cadre d'un alignement de type accusatif, mais
atypique dans la mesure où c'est le patient qui est à la forme absolue du nom.
Ex. 10 L'oromo présente la même configuration que le kabyle (exercice précédent):
(a) Entre le marquage du sujet et de l'objet dans la langue oromo et un marquage typiquement ergatif
comme celui du basque, on remarque comme ressemblance le fait que l'objet est à la forme absolue, ainsi que
l'existence d'une marque explicite de la fonction sujet; la différence est que le sujet d'une construction
intransitive est marqué comme celui d'une construction transitive.
(b) Entre le marquage du sujet et de l'objet dans la langue oromo et un marquage typiquement accusatif
comme celui du latin, la ressemblance est un contraste morphologique entre sujet et objet, le traitement du
sujet ne dépendant pas de la nature transitive ou intransitive de la construction; la différence est qu'en oromo,
à l'inverse du latin, c'est l'objet qui est à la forme absolue et le sujet à une forme spéciale.
Ex. 11 En nahuatl, ce sont les mêmes marques de personne-nombre qui font référence à l’unique terme
essentiel d’une construction intransitive et à l’agent d’une construction transitive prototypique, et il y a un
jeu spécial de marques de personne-nombre faisant référence au patient. L’accord du verbe en nahuatl
fonctionne donc selon le même principe que le marquage casuel en russe ou en kabyle.
En k’ichee’, ce sont les mêmes marques de personne-nombre qui font référence à l’unique terme essentiel
d’une construction intransitive et au patient d’une construction transitive prototypique, et il y a un jeu spécial
de marques de personne-nombre faisant référence à l’agent. L’accord du verbe en k’ichee’ fonctionne donc
selon le même principe que le marquage casuel en basque.
Ex. 12 Dans les phrases fournies, on constate que l’objet est au cas morphologique datif lorsqu’il cumule les
deux traits humain et défini, alors qu’il est à la forme absolue lorsqu’il est humain indéfini ou inanimé.
NB : l’arménien illustre ainsi deux tendances très généralement observées dans les langues qui ont un
‘marquage différentiel de l’objet’, c’est-à-dire un marquage casuel de l’objet soumis à certaines conditions.
Ex. 13 (a) L’argument de ces verbes qui est au cas morphologique datif-accusatif a en commun avec l’agent
des verbes d’action typiques le trait humain, mais il s’en distingue par le fait qu’il n’exerce pas une action
sur une autre entité qu’on pourrait caractériser comme patient. On peut considérer que les verbes de cette
classe assignent typiquement à leur premier argument le rôle d’expérient; pour le deuxième argument, les
choses sont moins nettes, mais on peut considérer comme typique le rôle de stimulus.
(b) D’après la réponse à la question (a), on peut prévoir que la construction où Chota est au cas
morphologique ergatif signifie une action délibérée, ou du moins dans laquelle la personne en question a un
certain degré de responsabilité, alors que la construction où Chota est au cas morphologique datif indique
une action involontaire (et c’est effectivement ce qui se passe).
(c) Oui, puisque de manière générale écouter indique une action délibérée, alors que entendre indique une
perception indépendante de la volonté de celui qui entend.