« Cette lumière est, en même temps, celle de la raison et de la foi, par
laquelle l’intelligence parvient à la vérité naturelle et surnaturelle de
l’amour : l’intelligence en reçoit le sens de don, d’accueil et de
communion1.»
Former à la philosophie et par la philosophie, c’est respecter la
raison dans sa démarche propre. Mais c’est aussi aider la foi. Celle-
ci dépasse infiniment les limites de la raison et en même temps elle
devient fragile si elle ne s’y appuie pas. Elle risque alors de se réduire
aux sentiments 2ou d’être livrée aux contradictions des opinions et
savoirs particuliers issus, tout particulièrement aujourd’hui, des scien-
ces expérimentales et des sciences humaines, légitimes dans leur
ordre propre mais nécessairement limitée par leur méthode. On sait
qu’une chose est de décrire l’objet mesurable et observable et autre
chose de définir, de dire l’être de la chose et d’en chercher le sens
profond. L’existence et la nature humaines ne se laissent pas cerner
par la raison physico-mathématique ou expérimentale, bien que
celle-ci ait sa place maintenant indispensable dans l’ensemble du
savoir humain.
La méthode philosophique, comme voie vers une connaissance
de l’être, approchée et imparfaite, mais néanmoins certaine et fondée
sur l’expérience, est issue de la grande tradition remontant aux grecs,
tout particulièrement Platon et Aristote, passant par saint Augustin et
saint Thomas3jusqu’à nos jours. Fides et Ratio décrit avec force cette
tradition, féconde parce qu’ouverte sur les problématiques contem-
poraines et non pas conçue comme un système clos, fermé sur lui-
même et incapable de dialoguer et d’appréhender les questions des
hommes de ce temps 4.Pour de futurs prêtres ou religieux, comme
pour des laïcs engagés dans la cité, la formation philosophique
apparaît plus que jamais indispensable : apprendre à raisonner, à
argumenter,àcomprendrela pensée des autres dans leur recherche
du vrai et du bien. Si l’expérience de la rencontre avec la personne
du Christ dans la foi, comme l’expérience de la rencontre avec toute
personne, ne peut se rationaliser, se conceptualiser, cela ne veut pas
dire que l’exercice de la raison comme aide à la saisie par l’intelli-
gence de ce qu’il y a d’intelligible dans les réalités n’est pas néces-
saire, bien qu’elle ne soit pas suffisante. Les vocations religieuses ou
sacerdotales, comme les vocations dans l’apostolat des laïcs, éclosent
aussi parce que l’intelligence prend du recul sur la culture contempo-
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CONTRIBUTIONS