Le bulletin des vainqueurs 3
Le bulletin des vainqueurs Hiver 2011 - 2012
retrouvé sur une des versions populaires américaines de diète à
basse teneur en iode.
Dans les faits, nos recherches ont démontré que tous les fruits et
légumes, y compris ceux nommés ci-dessus, ont une teneur
relativement basse en iode. Cela inclut aussi la rhubarbe.
Pareillement, la pelure d’un légume ne contient pas plus d’iode que
n’importe qu’elle autre partie du légume.
Une autre source de mauvaise information semble être les
cliniciens qui nous prennent en pitié. Par exemple, plus d’une
version canadienne de la diète permettait jusqu’à une demi-tasse
de lait par jour. Lorsque nous avons demandé pourquoi on
permettait le lait, un clinicien a avancé « les gens veulent avoir un
peu de crème dans leur café, ils sont déjà tellement privés lorsqu’ils
suivent la diète ». Un autre clinicien nous a dit : « Le lait des
vaches de notre province ne contient pas d’iode ». En fait, en se
basant sur l’une des sources en matière de valeurs nutritionnelles
les plus utilisées et les plus respectées4, huit onces de lait
contiennent en moyenne presque 50 mcg d’iode (tout l’iode
permis en une journée lorsque l’on suit la diète à basse teneur en
iode)! Pourquoi un produit laitier serait permis lorsqu’un patient
suit une diète à basse teneur en iode si cela risque de saper tous ses
efforts?
Une autre idée fausse bien répandue, même chez les professionnels
qui travaillent avec des patients atteints du cancer de la thyroïde,
est qu’une diète à basse teneur en iode est similaire à une diète à
basse teneur en sodium. Malheureusement, ces deux diètes
restrictives ont très peu de similarités malgré le fait que le sel est
une forme de sodium. Quelqu’un peut très facilement dépasser la
limite de 50 mcg par jour d’iode en suivant une diète à basse
teneur en sodium, car ce qui est dans l’iode ne se retrouve pas
nécessairement lié au sodium.
Un processus à l’inverse des données
On peut maintenant comprendre pourquoi il y a tant de confusion
au sujet de la teneur en iode des aliments que nous consommons.
Nous n’avons jamais encore trouvé d’outil indiquant la valeur
nutritionnelle des aliments qui considérerait la teneur en iode du
point de vue d’en éviter la consommation. La teneur nutritive
existante a plutôt le point de vue inverse : c’est-à-dire aider les
consommateurs à augmenter leur consommation d’iode vu qu’il
s’agit d’un élément nutritif important pour notre santé (pour ceux
qui ont une glande thyroïde). Par conséquent, nous avons dû
travailler à l’inverse par rapport aux données sur les valeurs
nutritives pour en tirer des conclusions. Seulement une source de
données en ligne (Finlande) présentait la teneur en iode des
aliments qui contenaient « le plus » d’iode et ceux qui en
contenaient « le moins ».
Un autre problème consiste dans le fait que les données nutritives
et minérales des aliments sont souvent basées sur des comparaisons
de « panier d’épicerie » (Total Diet Studies). Autrement dit, ils
sélectionnent un groupe de produits d’aliments contrôlés qui
seraient achetés par le consommateur moyen et ils analysent leur
contenu. Les produits individuels du « panier » sont presque
toujours faits de plusieurs ingrédients. Et ceux qui compilent les
données recherchent la présence d’iode en assez grande quantité
dans les produits. Ils ne se soucient pas de savoir quel composant
du produit en particulier contient de l’iode.
Le pain est un aliment courant du « panier d’épicerie ». Dans les
guides alimentaires, le pain est inclus et est souvent considéré une
source élevée d’iode. Cependant, nous savons qu’il n’y a rien qui
soit saturé en iode dans le pain. Normalement, le pain contient des
ingrédients à teneur élevée en iode, comme le lait, le sel iodé et les
jaunes d’œuf. Une personne qui suit une diète à basse teneur en
iode peut consommer du pain, s’il ne contient pas les ingrédients à
éviter. Des auteurs d’une étude suisse5 ont ciblé ce problème dans
leurs données. Dans leur calcul des valeurs nutritives, le pain
indiquait 392 ng/g d’iode. Cependant, le principal ingrédient,
c’est-à-dire le blé, mesuré séparément ne contient que 37 ng/g
d’iode. Ils ont expliqué que la valeur en iode du pain utilisé pour
leur échantillon était très affectée par le sel iodé.
Pareillement, la version originale d’une populaire diète américaine
à basse teneur en iode interdisait le chocolat. Lorsque nous avons
demandé à l’auteur, il a admis que le chocolat noir et le cacao pur
n’étaient pas un problème, mais que c’était plutôt le sel et les
produits laitiers du chocolat au lait qui posaient problème. Il a
depuis clarifié cela dans sa liste d’aliments, bien que nous nous
demandons encore pourquoi avoir mis le chocolat dans la liste des
aliments « À éviter », car bien des aliments peuvent contenir du sel
ou du lait comme ingrédients. On ne les met pas pour autant dans
la liste d’aliments interdits.
Des études définitives qui analyseraient les ingrédients
individuellement dans un but de supprimer la consommation
d’iode sont pratiquement inexistantes. Pire encore, une des sources
principales à l’échelle mondiale sur ces données, le Dr Jean
Pennington, reconnaît les problèmes analytiques avec sa méthode
de calcul de la teneur en iode.
Parfois, les principales sources sur le sujet se contredisent. Par
exemple, la banque de données sur les aliments du Royaume-Uni6
indique que les fraises ont 90 mcg/kg d’iode, alors qu’une étude
américaine7, qui dit utiliser les mêmes données, avance que les
fraises ont 5 mcg/kg d’iode. De surcroît, la base de données sur la
composition des aliments du Danemark8 et la base de données sur
la composition des aliments Fineli 9 (Finlande) indiquent toutes