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C'est dans une relation quotidienne que la confiance peut s'éprouver, que l'on peut
se connaître, que l'on peut reconnaître l'amour dans des petits signes. Il en va de
même pour la prière qui est le lieu de la relation entre le croyant et Dieu.
Ainsi, on pourrait dire que pour Jésus la prière ne fait pas partie des évènements
de la vie. Bien au contraire, elle les prépare. C'est ainsi qu'il a traversé les
épreuves de son existence. Et la plus grande épreuve qu'il va devoir affronter
bientôt, c'est sa mort et sa résurrection.
Jésus se rend à Gethsémani, sur le lieu dit du pressoir. Le texte dit que ses disciples
le suivent. Les a-t-il invités à venir avec lui, avait-il besoin de leur présence ?
Ou est-ce que les disciples se sont invités ? Ont-ils voulu montrer par là combien ils
se sentaient prêts à le suivre ? Voulaient-ils déjouer les prédictions qui leur
annonçaient leur fuite et leur reniement ?
En tous les cas, une fois sur place, Jésus se sépare d'eux. En fait, c'est à partir de
là que Jésus commence à se distancier physiquement d'eux. Oh, il ne va pas bien
loin. Il part à la distance d'un jet de pierre, c'est-à-dire 15 mètres environ.
Ils peuvent encore s'entendre, même s'ils peuvent à peine se voir. Ils peuvent donc
rester encore en contact.
Pourquoi est-ce que Jésus s'éloigne ?
Je pense que c'est d'abord parce que Jésus veut leur épargner une angoisse et un
fardeau qu'il est le seul à pouvoir porter. Les disciples auraient sûrement été
écrasés par la douleur s'ils avaient dû rester avec le Christ.
Jésus s'est éloigné, parce que sa souffrance, son angoisse et ses hésitations ne
pouvaient être supportées par ses disciples. Ils n'y auraient pas survécu.
En effet le combat que mène Jésus est extrêmement dur, et même un ange,
envoyé de Dieu son père ne peut d'un seul coup le fortifier. Il doit s'y reprendre à
plusieurs reprises. Jésus est oppressé, pressé jusqu'à exprimer des gouttes de sang.
Christ est le seul à pouvoir boire la coupe qui lui est présentée. Dieu l'a mis au
monde pour cette heure. Il est le seul à pouvoir réconcilier l'humanité à lui et la
racheter en buvant la coupe de la colère de Dieu. La coupe, ce n'est plus aux
hommes de la boire, mais à Dieu lui-même (D. Bourguet, Réfome 3502, p.16).
C'est ainsi qu'il sortira victorieux de tout, même des sentiments humains les plus
violents, même de la mort, même de la peur de la mort.
Les disciples ne peuvent supporter son angoisse, Dieu seul le peut. A qui d'autre en
effet Jésus pourrait-il se confier ? Jésus se tourne encore une fois vers son Père.
Jésus s'en remet même totalement à Dieu. Il lui apparaît tel qu'il est vraiment sans
fard, ni artifices. Luc nous parle d'un Jésus totalement humain, qui arrive à un
moment où il ne sait plus ce qu'est vraiment la volonté du Père : « Père si tu le
veux » ...