Prédication du dimanche 17 mars 2013 (culte radiodiffusé) Centre

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Prédication du dimanche 17 mars 2013 (culte radiodiffusé)
Centre paroissial protestant de Chêne-Bourg
Pasteure Vanessa Lagier
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Luc 22, 39-46
La prière de Jésus à Gethsémani
Depuis son Entrée triomphale à Jérusalem, Luc nous dit, au chapitre 21 que Jésus
passait le jour à enseigner dans le Temple et qu'il passait la nuit à prier sur le mont
des Oliviers. On peut donc dire que Jésus a passé les derniers temps de sa vie
alternativement sur deux sommets, celui de l'enseignement et celui de la prière.
Dans le Temple, Jésus se mettait dès l'aurore à raconter Dieu et ses projets pour le
monde. Il passait des heures à expliquer les textes, répondre aux pièges de ses
adversaires et aux questions de ceux qui buvaient ses paroles. Il s'adressait à des
foules entières qui se pressaient autour de lui pour l'écouter avec soif et avec
ardeur.
J'aime penser que quand Jésus parlait, on devait facilement l'écouter des heures
durant. Et d'ailleurs celui-ci sachant que la fin était proche devait avoir envie de
transmettre beaucoup, d'expliquer sans relâche l'essentiel, pour que rien ne soit
perdu, que tout soit compris. Il faut tout dire jusqu'au bout. Ne rien cacher. Tout
révéler.
Le temps les foules boivent ses paroles se termine et pour lui vient le temps de
boire une autre coupe.
Sur le mont des Oliviers, au jardin de Gethsémani, Jésus passe ses nuits à prier.
C'est son deuxième sommet. Si au Temple, Jésus donnait beaucoup de son temps,
dans ce jardin, Jésus prenait le temps de la prière pour recevoir du père des forces.
Celles qui suffiront pour le lendemain. Chaque soir, il s'offre à son père, se confie
en lui et reçoit tel un Israélite en chemin vers la terre promise, la manne qui lui
permet d'avancer un jour de plus.
Comme on a besoin de manger chaque jour, Jésus a besoin de prier régulièrement.
Cela fait partie de son hygiène de vie. Il le fait seul ou avec ses disciples.
Alors quand arrive la dernière nuit, sa dernière nuit d'homme libre, Jésus ne change
pas ses habitudes. Il continue à faire ce qu'il a toujours fait. Il a confiance. Si Dieu
en temps ordinaire lui a donné la force du lendemain, Il lui donnera aussi en ces
temps difficiles la force qui Lui suffira pour les heures suivantes.
On apprend donc au début du passage que vous venez d'entendre que sus a des
habitudes, donne à la journée un rythme s'équilibrent les moments il nourrit
et des moments il se nourrit. Des moments il donne et des moments il
reçoit.
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C'est dans une relation quotidienne que la confiance peut s'éprouver, que l'on peut
se connaître, que l'on peut reconnaître l'amour dans des petits signes. Il en va de
même pour la prière qui est le lieu de la relation entre le croyant et Dieu.
Ainsi, on pourrait dire que pour Jésus la prière ne fait pas partie des évènements
de la vie. Bien au contraire, elle les prépare. C'est ainsi qu'il a traversé les
épreuves de son existence. Et la plus grande épreuve qu'il va devoir affronter
bientôt, c'est sa mort et sa résurrection.
Jésus se rend à Gethsémani, sur le lieu dit du pressoir. Le texte dit que ses disciples
le suivent. Les a-t-il invités à venir avec lui, avait-il besoin de leur présence ?
Ou est-ce que les disciples se sont invités ? Ont-ils voulu montrer par là combien ils
se sentaient prêts à le suivre ? Voulaient-ils déjouer les prédictions qui leur
annonçaient leur fuite et leur reniement ?
En tous les cas, une fois sur place, Jésus se sépare d'eux. En fait, c'est à partir de
que Jésus commence à se distancier physiquement d'eux. Oh, il ne va pas bien
loin. Il part à la distance d'un jet de pierre, c'est-à-dire 15 mètres environ.
Ils peuvent encore s'entendre, même s'ils peuvent à peine se voir. Ils peuvent donc
rester encore en contact.
Pourquoi est-ce que Jésus s'éloigne ?
Je pense que c'est d'abord parce que Jésus veut leur épargner une angoisse et un
fardeau qu'il est le seul à pouvoir porter. Les disciples auraient rement été
écrasés par la douleur s'ils avaient dû rester avec le Christ.
Jésus s'est éloigné, parce que sa souffrance, son angoisse et ses hésitations ne
pouvaient être supportées par ses disciples. Ils n'y auraient pas survécu.
En effet le combat que mène Jésus est extrêmement dur, et même un ange,
envode Dieu son re ne peut d'un seul coup le fortifier. Il doit s'y reprendre à
plusieurs reprises. Jésus est oppressé, pressé jusqu'à exprimer des gouttes de sang.
Christ est le seul à pouvoir boire la coupe qui lui est présentée. Dieu l'a mis au
monde pour cette heure. Il est le seul à pouvoir réconcilier l'humanité à lui et la
racheter en buvant la coupe de la colère de Dieu. La coupe, ce n'est plus aux
hommes de la boire, mais à Dieu lui-même (D. Bourguet, Réfome 3502, p.16).
C'est ainsi qu'il sortira victorieux de tout, même des sentiments humains les plus
violents, même de la mort, même de la peur de la mort.
Les disciples ne peuvent supporter son angoisse, Dieu seul le peut. A qui d'autre en
effet Jésus pourrait-il se confier ? Jésus se tourne encore une fois vers son Père.
Jésus s'en remet même totalement à Dieu. Il lui apparaît tel qu'il est vraiment sans
fard, ni artifices. Luc nous parle d'un Jésus totalement humain, qui arrive à un
moment où il ne sait plus ce qu'est vraiment la volonté du Père : « Père si tu le
veux » ...
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Mais qu'est-ce que Dieu cherche ? Jésus hésite, il doute, il ne sait plus.
Ainsi prier, c'est aussi accepter de ne plus savoir distinguer entre le désir humain et
la volonté de Dieu. C'est se demander ce que Dieu veut que nous fassions.
Souvent d'ailleurs, les désirs et les volontés s'entremêlent si bien... C'est tellement
difficile de ne pas prendre son propre désir pour une volonté divine...
Ces moments de questions, de tâtonnements, de brouillard ne sont pas des
moments de non foi. Ce n'est pas toujours facile de savoir quoi prier, quoi dire à
Dieu Ce n'est pas toujours évident de savoir quoi lui demander dans une situation
extrême.
Cette distance du jet de pierre, Jésus en avait besoin pour épargner ses disciples,
mais je pense que Jésus en a aussi besoin pour dire au Père en toute intimité qui il
est vraiment avec ses doutes, ses moments de brouillard et ses peurs devant
l'inconnu de l'avenir.
Je pense qu'ainsi, tout ne peut pas être partagé. Il y a des moments que l'on doit
assumer seuls et personne ne peut nous accompagner. Il y a des chemins que
personne ne peut parcourir à notre place. Et pourtant, on aimerait tellement
prendre un peu de la maladie d'un conjoint, ne serait-ce que pour le soulager. On
aimerait tellement donner à un réfugié un peu de notre nationalité pour que les
portes s'ouvrent plus facilement. On peut accompagner son enfant, on peut
accompagner ses parents, on peut accompagner ceux que l'on aime, souvent très
loin, mais on ne peut pas tout faire avec eux. On a beau les serrer très fort dans
nos bras, cela ne suffit jamais pour effacer la petite distance qui nous sépare. Une
distance irréductible.
La distance du jet de pierre, c'est aussi la distance minimale qui garantit une
pudeur et une intimité.
On peut dans la prière, dans les échanges humains certes partager beaucoup de
choses, mais il y a toujours un lieu en nous-mêmes qui ne peut pas se partager
avec quelqu'un d'autre. Etre dans une relation de confiance n'implique pas de
devoir tout dire à l'autre. Comment pourrait-on d'ailleurs prétendre le faire ? Le seul
partage possible l'est avec un Dieu qui comprend tout, un Dieu qui par le Christ a
justement tout vécu.
Par contre, pour les disciples, la distance d'un jet de pierre, c'était déjà trop.
Jésus était trop loin d'eux pour qu'ils résistent à la tentation : celle de la fuite dans
le sommeil, ils n'arrivent plus à prier et à veiller. C'est comme s'ils n'avaient pas
supporté les 15 mètres mis entre Jésus et eux. Du coup, ils s'absentent.
Et nous, est-ce qu'il y a des moments nous n'arrivons pas à supporter la
distance du jet de pierre ?
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Il m'arrive souvent de penser au moment des proches mettent de la distance,
une toute petite, celle qui préserve leur intimité entre eux et nous, celle qui les
empêche de se mettre à nu devant nous, que notre réflexe est de mettre encore
plus de distance bien souvent. On oublie bien vite par exemple une personne qui
s'est mise à distance d'un jet de pierre de la communauté. Ou à la distance d'un jet
de pierre des médias, de la politique, etc.
Est-ce que nous n'aurions pas aussi tendance à augmenter la distance du jet de
pierre quand nous ne supportons pas que l'autre doive prendre seul des décisions
de vie ? Comment ne pas perdre de vue quelqu'un qu'on ne peut pas suivre ou
porter jusqu'au bout ? Comment faire pour rester proche de quelqu'un dont les
choix de vie l'éloignent de l'endroit où nous en sommes dans notre vie ?
On a tous tendance à augmenter la distance du jet de pierre, cela vaut pour les
hommes, mais cela vaut aussi pour Dieu. Que Dieu soit à la distance d'un jet de
pierre et la distance est déjà trop grande. est-il, celui qui devait nous soutenir ?
Celui que l'on prie ?
Notre problème, trop souvent, est que nous n'arrivons pas à maintenir la bonne
distance. Soit comme on l'a dit plus on cherche à la diminuer pour rester tout
contre l'autre, soit on estime qu'un jet de pierre, c'est déjà trop loin. Comment faire
pour se tenir à la bonne distance ?
Eh bien, je crois que nous pouvons maintenir la bonne distance quand nous
pensons que ce qui nous sépare n'est pas une forme de rupture, mais que la
distance est habitée.
Parce que le Christ a réconcilié l'humani avec le Père, les kilomètres qui nous
séparent de Dieu, les silences qui nous séparent des hommes, les circonstances de
la vie, tout ce qui rend l'altérité irréductible, est habitée par Dieu.
Quand Dieu habite l'espace, alors la séparation n'est pas le lieu de la colère, de la
révolte de l'abandon ou du vide, mais c'est le lieu de l'amour, de la paix, de la vie.
Dieu est ainsi ce fil invisible qui relie les deux camps séparés par ce jet de pierre.
Et savez-vous ce qui permet à Dieu d'habiter l'espace et la séparation ? Eh bien,
chers frères et sœurs, c'est la prière !
Alors Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation !
AMEN
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