Dossier d`accompagnement - Lycée Robert Schuman (Haguenau)

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Dossier d’accompagnement
Contact Relations publiques :
Quentin Bonnell (enseignement secondaire et supérieur)
• Tél : 03 88 24 88 47 • [email protected]
Sandra Hummel (CE, associations et groupes d’amis, public germanophone)
• Tél : 03 88 24 88 03 • [email protected]
Site internet www.tns.fr • Réservations 03 88 24 88 24
Théâtre National de Strasbourg
2
Hannibal
COPRODUCTION
de Christian Dietrich Grabbe
Mise en scène de Bernard Sobel
RENDEZ-VOUS AUTOUR
DU SPECTACLE
À STRASBOURG
THÉÂTRE EN PENSÉES
Rencontre Avec
Bernard Sobel,
animée par
Emmanuel Behague
(UdS)
•Lundi 14 octobre
20h au TNS
SÉANCES SPÉCIALES
Surtitrage français
•Vendredi 11 octobre
Surtitrage allemand
Texte français et adapatation Bernard Pautra
Collaboration à la mise en scène Michèle Raoul-Davis
Décor Lucio Fanti
Son Bernard Valléry
Lumière Dominique Borrini
Costumes, coiffures et maquillage Mina Ly
Assistanat à la mise en scène Mirabelle Rousseau
Assistanat au décor et régie générale Clémence Kazémi
Les comédiens
Sarah Amrous
Jacques Bonnaffé
Romain Brosseau
Eric Castex
Pierre-Alain Chapuis
Laurent Charpentier
Philippe Faure
Simon Gauchet
Claude Guyonnet
Yann Lefeivre
Vincent Minne
Anaïs Muller
François-Xavier Phan
Tristan Rothhut
Gaëtan Vassart
•Samedi 12 octobre
Production déléguée Compagnie Bernard Sobel (compagnie aidée
par le Ministère de la culture et de la communication /DGCA)
Coproduction T2G-Théâtre de Gennevilliers (CDN de création
contemporaine), Théâtre Liberté-Toulon, CDN Orléans/Loiret/Centre, Théâtre National de
Strasbourg
Avec la participation du Théâtre National de Bretagne et avec le
soutien de la ville de Gennevilliers
> Spectacle créé le 13 septembre 2013 au T2G, Gennevilliers
> Hannibal est publié aux Editions de l’Âge d’Homme
Cette pièce, du dramaturge allemand du XIXe siècle, Christian Dietrich Grabbe, conte le parcours du
général carthaginois Hannibal, une des figures les plus redoutables des guerres puniques qui se
succédèrent entre le second et le premier siècle avant J.-C., opposant Rome et Carthage.
Apres de retentissantes victoires, Hannibal se voit soudain désavoue par les siens dans sa guerre contre
Rome. Que faire lorsque les dirigeants de Carthage ne reconnaissent plus la légitimité de sa lutte ? Existet-il une issue qui permette de ne pas perdre sa dignité ? La pièce de Grabbe est une œuvre poétique qui
nous offre une profonde et philosophique méditation sur l’homme dans l’Histoire, le rôle des peuples
dans la construction des Etats et les incidences sur les vies des régimes impérialistes, a travers le récit de
la défaite d’un homme et de la destruction d’un monde par le fer et le feu.
Bernard Sobel voue une passion a cet auteur, contemporain de Buchner, mort alcoolique a trente-cinq
ans, dont il dit : « Il y a de la fureur, de l’extravagance, du grotesque dans sa vie et dans son théâtre, mais
jamais de tragédie. »
Théâtre National de Strasbourg
3
SOMMAIRE
QUI EST HANNIBAL ?...................................... 5
> LE PERSONNAGE .............................................. 5
> REPERES HISTORIQUES ...................................... 7
> LE CONTEXTE .................................................. 8
HANNIBAL, LA PIECE .................................... 17
> L’AUTEUR, CHRISTIAN DIETRICH GRABBE ............. 17
> HANNIBAL DE CHRISTIAN DIETRICH GRABBE ......... 18
> EXTRAITS ..................................................... 19
HANNIBAL, LA REPRESENTATION ................. 26
> NOTE D’INTENTION DE BERNARD SOBEL .............. 26
> LUCIO FANTI, LE TRAVAIL DES DÉCORS ET DES
COSTUMES ...................................................... 28
> EXTRAITS DE PRESSE ....................................... 32
L’ÉQUIPE ARTISTIQUE .................................. 35
DANS LE MEME TEMPS................................. 44
Théâtre National de Strasbourg
4
Qui est Hannibal ?
H
annibal Barca est né en 247 avant Jésus Christ à Carthage. Il est le fils du
général Amilcar Barca, en charge « d’un important commandement en Sicile,
où Carthage lutte
contre Rome depuis -2641 ».
Hannibal a deux frères,
Asdrubal II et Magon avec qui
ils passent une grande partie
de son enfance en Espagne. Là
bas, « il reçoit une éduction
soignée, à laquelle président
des précepteurs grecs. »
Hannibal émet très tôt le
souhait de prendre part au
combat. L’historien Tite-Live
raconte que dès l’âge de neuf
ans, il supplie son père de
l’emmener avec lui. En effet,
Amilcar « qui a triomphé de la
révolte des mercenaires, a été
chargée d’un commandement
en Espagne. » Il autorise son
fils à l’accompagner, mais à
une seule condition, qu’il
« prête devant le dieu suprême
de la famille, Ba’al Shamim, un
serment de haine éternelle à
Rome ». C’est en -231, à l’âge
de 16 ans qu’Hannibal part au
front, accompagné de son père
qui y trouvera la mort.
Hannibal est alors « le second de son beau-frère Adrusbal 1er, qui reçoit en -229 le
commandement de l’armée punique et le gouvernement de la province […] qu’elle
contrôle en Espagne2. » Huit ans plus tard, « Asdrubal est assassiné et Hannibal, alors
âgé de vingt-six ans, est proclamé commandant en chef des troupes carthaginoises ».
Hannibal a grandit avec cette idée d’une revanche contre Rome due à la première
guerre punique, qui réduit Carthage au « rôle de puissance secondaire en lui arrachant
1
Sauf mention contraire, les citation sont extraites de l’Encyclopédie Universalis, Paris, 1982,
vol. 8 p. 237.
2
Idem
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5
dessin de la figure d'Annibal général carthaginois en marbre, par le sr. Slotdz, posé au jardin des Thuilleries.
© Gallica.fr
> Le personnage
la Sicile et la Sardaigne ». Il étudie alors les faiblesses de Rome et conclut que « pour
leur permettre de se libérer, il faut neutraliser la force militaire des légions. » Hannibal,
conscient de la faiblesse maritime de Carthage, décide alors d’attaquer en passant par
la Terre et entame tout un périple pour rejoindre l’Italie. Carthage ne ressort pas
vainqueur de ces vingt années de conflit. Bien qu’un traité de paix soit signé entre
Carthage et Rome, Hannibal « ne perd pas l’espoir de redresser la situation. Il prend
part aux luttes politiques, devient le chef du parti démocratique et essai de parfaire la
révolution accomplie un demi-siècle plus tôt par son père, en achevant d’abattre les
vestiges de la constitution oligarchique de Carthage. » Alors qu’il parvient à se faire
élire magistrat en -195, Rome « exige son élimination ». Hannibal s’enfuit mais persiste
dans sa lutte, en voulant entraîner avec lui le roi de Syrie, Antiochos III, qui refuse et
est alors vaincu par Rome. Hannibal part de nouveau précipitamment et « demande
asile au roi de Bithynie Prusias », qui n’hésitera pas à le livrer aux romains, signant ainsi
la mort d’Hannibal. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Hannibal n’est pas
tué, mais il se suicide en -183. « Une ambassade ayant à sa tête Titus Quintius
Flaminius est venue trouver le roi Prusias pour lui réclamer la vie de son illustre protégé
et le monarque, peu désireux de s’attirer l’hostilité de la Dominante, a accepté de le
trahir. Lorsque Hannibal découvre qu’il est cerné, il se fait donner le poison “tenu en
réserve depuis longtemps en prévision d’un tel évènement.”3 »
3
L’Ombre d’Hannibal, P. Rumiz, Gallimard, collection Folio, Paris, 2013, p257
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6
> Repères historiques
247 avant J.-C. Naissance d’Hannibal. Issu d’une grande famille de très riches
négociants carthaginois, il est le fils d’Hamilcar Barca, principal acteur de la 1re Guerre
Punique, conflit qui oppose Rome et Carthage pour l’hégémonie et le contrôle des
marchés sur l’ensemble du monde connu de l’époque, essentiellement méditerranéen,
entre le 1er et le 2e siècle avant Jésus-Christ.
221 av. J.-C. Hannibal devient chef des armées carthaginoises.
218 av. J.-C. Début de la 2e Guerre Punique. Hannibal, au lieu d’attaquer par la mer, où
il est attendu, franchit les Pyrénées et les Alpes avec ses troupes et ses éléphants et
surprend les Romains.
217 av. J.-C. Victoire d’Hannibal au lac Trasimène. Il perd un œil des suites d’une
infection.
216 av. J.-C. Écrasante victoire d’Hannibal à Cannes (dans les Pouilles au sud-est de
l’Italie). La stratégie mise alors en œuvre par Hannibal est encore étudiée de nos jours
dans les écoles de guerre. Rome est directement menacée.
216-215 av. J.-C. Au lieu d’attaquer Rome, Hannibal et ses troupes passent l’hiver à
Capoue (les « délices de Capoue »). Il lui en sera fait reproche.
211 av. J.-C. Publius Scipion (le futur Scipion l’Africain) est élu par le Sénat romain
général de l’armée d’Espagne. Il attaque les possessions carthaginoises en Espagne.
205 av. J.-C. Fin de la guerre d’Espagne sur un succès romain.
204 av. J.-C. La flotte romaine débarque en Afrique du Nord.
203 av. J.-C. Menacée par les Romains, Carthage rappelle Hannibal qui doit quitter
l’Italie où il poursuivait le combat.
202 av. J.-C. Rencontre entre Hannibal et Scipion avant la bataille de Zama. Victoire
romaine.
201 av. J.-C. Signature d’un traité de paix entre Rome et Carthage. Fin de la 2e Guerre
Punique.
195 av. J.-C. Hannibal doit prendre le chemin de l’exil. Il trouve refuge en Syrie auprès
du roi Antiochus.
183 av. J.-C. Hannibal se réfugie en Bithynie, auprès du roi Prusias. Mais menacé d’être
livré aux Romains, il se suicide.
149 av. J.-C. Début de la 3e (et dernière) Guerre Punique.
146 av. J.-C. Destruction de Carthage, rasée par les Romains.
135 av. J.-C. Chute de Numance.
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7
A
fin de comprendre qui est vraiment Hannibal et de voir comment l’auteur
Christian Dietrich Grabbe a traité son histoire, nous vous proposons un
historique des guerres Puniques.
> Le contexte4
 Genèse du conflit : la lutte d’influences
L
es relations entre Rome et Carthage furent longtemps cordiales, tant que dura la
domination grecque sur le monde méditerranéen. En effet, des accords
d’échanges furent conclus, en -508, -348 et -306, ainsi qu’un traité de défense
mutuelle en -279. De plus, Carthage envoie en -279 une flotte à Ostie5 soutenir les
Romains contre Pyrrhus. Mais au milieu du IIIe siècle av. J.-C., les Grecs sont
définitivement écartés de la Méditerranée occidentale, placés désormais sous la
domination des successeurs d’Alexandre le Grand (lui-même mort en -323), roi de
Macédoine. Leurs intérêts communs ayant donc disparu, les deux cités rivales se
retrouvent seules face à face.
Les Romains constatent que Carthage dispose d’une avance considérable : des rivages
de l’Afrique en passant par une bonne partie de l’Hispanie, la cité punique dispose de
nombreux territoires. Mais par dessus tout, toutes les îles de la mer Tyrrhénienne sont
carthaginoises (Corse, Sardaigne, Baléares). De plus, l’achèvement de la conquête de la
Sicile par les Carthaginois mettrait à leur portée toute l’Italie du Sud et ils pourraient
alors être aux portes de Rome en dix jours. Les romains se doivent donc de prendre
une décision pour protéger l’Italie, et n’ont guère d’autre option que la guerre.
Position de chaque
colonie en 264 avant J-C.
4
Pour cette partie, les informations sont issues du site : http://www.histoiredumonde.net/Contexte-et-Historique-.html, consulté le 25 septembre 2013.
5
Port de la Rome antique situé à l’embouchure du Tibre.
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8
 La deuxième Guerre punique
L
P
e terme « punique » vient de l’adjectif « punicus » qui signifie « carthaginois »,
déformation du nom phénicien, peuple dont sont issus les Carthaginois.
La Première Guerre punique –ou Guerre de Sicile– eut lieu entre 264 et 241 av.
J.-C. Il s’agit de la première des trois guerres qui opposèrent Rome et Carthage.
lusieurs lieux : Italie, Sicile, Hispanie, Gaule cisalpine, Gaule transalpine, Afrique,
Grèce.
La Deuxième Guerre punique, (218-202 av. J.-C.) est le deuxième des trois
conflits qui opposèrent Rome à Carthage.
Les grandes figures de cet affrontement sont célèbres. Du côté carthaginois, le général
Hannibal Barca passa avec ses éléphants les Pyrénées, le Rhône et les Alpes, et
remporta une série de victoires sur les légions romaines. Du côté romain, les Scipion
menèrent des contre-attaques décisives en Espagne, puis en Afrique. Hannibal fut
finalement battu par Scipion l’Africain à la bataille de Zama.
 Rivalité entre Rome et
Méditerranée occidentale
Carthage
dans
la
R
ome profite de la Guerre des Mercenaires, qui fit rage trois années durant à
Carthage, pour annexer la Sardaigne et la Corse et devient alors une grande
puissance maritime.
Les Carthaginois, de leur côté, s’étendent rapidement dans le Sud de l’Espagne, sous la
conduite des Barcides (famille des Barca, dont Hamilcar Barca et Hannibal Barca). Avec
le bassin fertile du Guadalquivir, les mines de plomb argentifère de la Sierra Morena et
de Carthagène, et des indigènes soumis mais combatifs, cette région est un réservoir
de blé, de métaux précieux et de soldats appréciés. Elle redonne à Carthage sa
puissance économique, commerciale et militaire.
Ce renforcement carthaginois préoccupe Rome, et envisage une nouvelle guerre pour
y mettre un terme.
 Déclaration de guerre (-219 av. J.-C.)
L
e prétexte du déclenchement fut le siège en -219 de la cité de Sagonte, alliée de
Rome, par les Puniques. Cependant, selon le traité de -241 délimitant les zones
d’influence respectives des deux puissances rivales, Rome n’aurait pas dû
contracter d’alliance au sud de l’Ebre. Il semble que Rome ait ici profité d’une
imprécision du traité, et ait interprété cette clause en considérant que la rivière citée
n’était pas l’Ebre coulant au Nord de l’Espagne, mais un fleuve côtier situé au Sud de
Sagonte. Dans ce cas, c’est évidemment Carthage qui se trouvait en tort. Cet artifice
permettait à Rome de ne pas se parjurer, et de maintenir la paix des dieux. L’historien
antique Tite-Live présente ainsi la prise de Sagonte comme une agression délibérée
d’Hannibal contre les intérêts romains.
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9
 Campagne d’Hannibal (218-216 av J.-C.)
Le trajet d’Hannibal, Carthage. Hannibal, fils d’Hamilcar Barca. Les guerres puniques, des éditions Athéna
L
‘expédition pour parvenir en Italie
Dans un premier temps, Hannibal établit un dépôt de réserves près de
Tarragone, en Espagne. Il prépare une armée de 50 000 fantassins, de 9 000
cavaliers et 37 éléphants. L’infériorité navale carthaginoise l’oblige à choisir une voie
terrestre pour attaquer l’Italie. Au printemps -218, il commence la marche sur Rome
au travers des Pyrénées.
Les tribus celtiques sont neutres jusqu’à la vallée du Rhône. Mais celles de la vallée du
Rhône, fidèles à Rome, harcèlent son armée qui doit s’éloigner de la côte pour éviter
Marseille. Hannibal perd 12 000 fantassins et 1000 cavaliers.
De son côté, Rome avait élaboré un plan de campagne, avec toutefois des effectifs
réduits :
deux légions et des troupes auxiliaires (environ 25 000 hommes), sous le
commandement du consul Tib. Sempronius Longus, devaient profiter de la
supériorité navale romaine pour débarquer en Afrique et attaquer directement
Carthage.
- Publius Cornelius Scipion conduirait une mission d’interception, avec les
mêmes effectifs : partant de Pise, il navigue vers la Gaule pour tenter
d’empêcher Hannibal de pénétrer en Italie.
Mais la révolte des Gaulois Boïens en Cisalpine6, récemment soumis et qui espèrent
l’arrivée des Carthaginois, retarde la mobilisation des troupes de Scipion.
6
On parle plus précisément de la Gaule Cisalpine, correspondant à l’Italie du Nord
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10
La rencontre des forces romaines et carthaginoises en Gaule se limite à un accrochage
de détachements de cavalerie envoyés en reconnaissance. Hannibal surprend en
passant par les Alpes. Franchir les Alpes à mi-octobre, sous le harcèlement des
autochtones, alors que les premières neiges de l’automne tombent, se révèle
terriblement éprouvant : 35 éléphants y meurent, au cours des 9 jours de montée et
des 6 jours de descente (18 jours en tout, si l’on suit Tite-Live), les deux derniers ne
survivent que quelques jours de plus. (Selon d’autres sources, des éléphants
survécurent au moins jusqu’à la Bataille de la Trébie). Après cinq mois de trajet, c’est
une armée épuisée qui arrive en Italie, bien accueillie par les Gaulois : 20 000
fantassins et 6 000 cavaliers.
Rome est alors contrainte de réviser son plan de manœuvre :
- Publius Cornelius Scipion doit rebrousser chemin à Marseille avec une partie
de son armée, l’autre partie naviguant vers l’Espagne sous le commandement
de son frère, Gnaeus Cornelius Scipio Calvus.
- L’armée du consul Sempronius revient de Sicile où elle stationnait.
Le passage du Rhône et des Alpes, in Carthage. Hannibal, fils d’Hamilcar Barca.
Les guerres puniques, op. cit.
V
ictoires d’Hannibal
Publius Cornelius Scipion, de retour en Italie, franchit le Pô en octobre -218
pour affronter Hannibal, lors de la Bataille du Tessin, au cours de laquelle les
Romains sont défaits.
Hannibal poursuit sa marche. Les armées de Sempronius et de Publius Cornelius
Scipion opèrent leur jonction, et affrontent à nouveau Hannibal, le 25 décembre -218,
pour essayer d’arrêter son avancée. C’est la bataille de Trébie, une défaite terrible
pour les Romains : ils perdent au moins 20 000 hommes. Hannibal vainqueur reçoit le
ralliement de nombreux Gaulois, qui complètent ses effectifs.
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En -217 Hannibal pénètre en Étrurie7, une nouvelle armée de quatre légions, conduite
par le consul romain Flaminius entre en jeu. Mais elle tombe, le 21 juin -217, dans un
piège : sur les bords du lac Trasimène, l’armée d’Hannibal surgit des brumes et
surprend l’armée romaine en ordre de marche. Les Romains perdent de 15 000 à 20
000 légionnaires, massacrés ou noyés, Flaminius est tué ; Hannibal fait autant de
prisonniers.
Cette année -217, le seul succès romain vient d’Espagne : Gnaeus Cornelius Scipio
Calvus y détruit les réserves d’Hannibal.
Hannibal libère ses prisonniers italiens, espérant susciter d’autres ralliements de
peuples soumis aux Romains, mais en vain. Il continue sa marche vers le Sud, comptant
sur des alliances avec les Apuliens et les Lucaniens.
Devant la gravité de la défaite de Trasimène, une assemblée se réunie et nomme
dictateur Fabius Maximus surnommé Cunctator, le Temporisateur, qui applique alors
une stratégie d’usure, suivant les déplacements d’Hannibal qui pille différentes
régions, tout en évitant l’affrontement direct.
En -216, le commandement revient normalement à deux consuls. Le consul Varron,
contre l’avis du consul Paul Émile décide d’un affrontement à Cannes, le 2 août -216.
L’habileté tactique d’Hannibal a raison de la supériorité numérique romaine. Selon les
sources, de 45 000 à 60 000 légionnaires romains et alliés périssent, sur un effectif de
86 000, à l’issue de cet affrontement qui compte parmi les plus grands de l’Antiquité,
et qui reste la plus grande défaite des Romains. Il faut ajouter 10 000 prisonniers, la
mort du consul Paul Émile et de 80 sénateurs. Les pertes carthaginoises se situeraient
entre 5700 et 8000 hommes pour 50 000 hommes engagés.
L’ampleur de la défaite romaine entraîne une perte de territoire et la mort d’un aussi
grand nombre de sénateurs aura des conséquences sur la société romaine. À
l’automne -216, Capoue8 s’ouvre aux Carthaginois, et Hannibal y prend ses quartiers
d’hiver. Mais si ces transfuges ravitaillent son armée, ils ne sont pas décidés à prendre
part à la guerre à ses côtés. C’est le célèbre épisode dit des « délices de Capoue ».
Hannibal attend des renforts, mais il ne peut prendre le contrôle ni de Naples, ni de
Brindisi, ni de Rhegium, ports où s’accrochent les garnisons romaines. La flotte
carthaginoise qui de surcroît redoute les navires de guerre romains ne peut lui
acheminer de renforts.
 Enlisement en Italie – Alliances et sièges (215-209 av
J.-C.)
R
ome est protégée efficacement par le Latium, l’Ombrie, l’Étrurie restés fidèles.
Les pertes humaines considérables sont compensées par de nouvelles levées
auprès des cités alliées, et même par l’enrôlement d’esclaves volontaires et
affranchis pour l’occasion. Ces troupes inexpérimentées ne permettent pas d’engager
une offensive. Fabius Cunctator, consul en -215 puis en -214, verrouille les passages
7
8
L’Étrurie correspond à la Toscane actuelle.
Ville italienne.
Théâtre National de Strasbourg
12
entre la Campanie et le Latium. La guerre en Italie devient une guerre de positions,
l’issue du conflit va se décider sur d’autres théâtres d’opérations.
En -215, à Carthage, Magon, frère d’Hannibal, obtient des troupes et de l’argent, mais
il doit prendre la voie de l’Espagne pour rejoindre Hasdrubal9. Des Carthaginois
débarquent en Sardaigne, escomptant un soulèvement indigène contre les Romains,
mais ils sont anéantis. Seul un petit contingent venu de Carthage avec quelques
éléphants peut accoster la côte italienne à Locres en -215, et rejoindre Hannibal.
 Première Guerre macédonienne
Hannibal emploie la diplomatie, et au printemps 215 noue une alliance avec Philippe V
de Macédoine. Informés par hasard grâce à la capture d’émissaires macédoniens, les
Romains bloquent toute tentative de débarquement macédonien avec une escadre de
50 navires basée à Brindisi. Philippe V, dépourvu de flotte de guerre, est réduit à
l’attente d’une intervention navale carthaginoise, qui ne viendra jamais. Cette guerre
macédonienne est intégrée à cette seconde guerre punique. Philippe V ne parvient pas
à s’emparer des positions romaines de Dyrrachium et Apollonia sur la côte illyrienne,
tandis que les Romains, eux, le mettent en difficulté sur ses arrières, grâce à l’alliance
avec la ligue étolienne en -212, moyennant un soutien naval romain, puis avec les villes
grecques de Sparte, Messène et Elis en -211, et même avec Attale Ier roi de Pergame
en -209. Lorsqu’en -205, l’échec carthaginois fut incontestable, le Sénat romain et
Philippe V signèrent la paix.
 Syracuse, Italie du Sud, théâtre de la guerre
E
n Sicile, la diplomatie carthaginoise fait basculer Syracuse dans son camp. Alliée
fidèle et efficace de Rome sous Hiéron II, la ville s’abandonne à la guerre civile à
la mort du roi en -215 et l’avènement de Hiéronyme. Au terme de cette
agitation entretenue par les Carthaginois, Hiéronyme et toute la famille royale sont
massacrés en -214. Les Carthaginois en profitent pour prendre le contrôle de la cité et,
de là, ils tentent de reconquérir la Sicile. La prise de contrôle s’effectue plutôt par voie
diplomatique, en retournant les alliances, que par des combats militaires.
Le consul Marcus Claudius Marcellus ne parvient pas à rétablir l’alliance avec Syracuse
par la négociation, et au printemps 213 commence le siège de Syracuse. Dans le même
temps, une armée carthaginoise de 25000 hommes et 3000 cavaliers débarque en
Sicile, commandée par Himilcon. Il occupe Agrigente, mais ne peut faire lever le siège
de Syracuse. Une épidémie décime ensuite son armée. La flotte carthaginoise ravitaille
plusieurs fois Syracuse, mais retourne à chaque fois vers Carthage, redoutant un
combat naval avec la flotte de guerre romaine.
En -211, Marcellus finit, après un long siège et de nombreuses péripéties, par
reprendre Syracuse, la plus belle et la plus illustre des villes grecques, qu’il livre
partiellement au pillage. Le grand savant Archimède est tué pendant le sac par un
soldat qui ne le connaissait pas, alors qu’il était en train de contempler des figures
Théâtre National de Strasbourg
13
géométriques dans le sable. Toutes les œuvres d’art de la ville, publiques ou
appartenant à des particuliers, sont transférées à Rome.
Les Romains s’assurent la fidélité de leurs alliés siciliens, tentés par une alliance avec
Carthage, par différents moyens, y compris par le massacre « préventif » des habitants
d’Enna10.
 Tarente
ors de l’hiver -213/212, Tarente ouvre ses portes à Hannibal. Toutefois la
garnison romaine retranchée dans la citadelle verrouille l’accès du port. Hannibal
parvient enfin à se donner un accès à la mer en s’emparant des cités côtières
voisines de Métaponte, Héraclée et Thourioi. Si la flotte punique parvient à embarquer
les troupes de Philippe V de Macédoine, elle pourra les débarquer en Italie du Sud.
Mais en -211, la flotte de Bomilcar ravitaille une dernière fois Syracuse assiégée, et se
contente de bloquer la citadelle de Tarente, restant à l’écart de la flotte romaine de
Brindisi.
L
 Capoue
Profitant de la fixation d’Hannibal sur Tarente, les Romains reprennent pied en
Campanie et assiègent Capoue une première fois en 212, mais Hannibal les bat. En
211, ils reprennent leur blocus, qu’Hannibal ne peut rompre. Ce dernier tente alors un
raid de diversion en se dirigeant sur Rome avec sa cavalerie. Aucune force ne
s’interpose, les Romains refusent toujours une bataille rangée frontale.
Hannibal ad portas (« Hannibal est à nos portes ») rapporte Tite-Live. Le Sénat
s’empresse d’organiser la défense de la ville derrière ses murailles. La cavalerie
d’Hannibal campe près de Rome, mais faute de machines de siège, elle doit rebrousser
chemin vers l’Italie du sud.
Les Romains n’ont pas levé leur siège autour de Capoue : la diversion d’Hannibal a
échoué. Capoue capitule en -211. En punition de sa trahison envers Rome, toutes ses
terres sont confisquées Enfin, en -209, Fabius Cunctator réoccupe Tarente. La
répression est plus sévère qu’à Capoue : Tarente est pillée, et 30 000 habitants sont
vendus comme esclaves.
 Les Scipions en Espagne (218-206)
L
es frères Gnaeus Cornelius Scipio Calvus et Publius Cornelius Scipion avaient bien
évalué l’importance de l’Espagne. Ils s’y rendent et remportent en -217 une
victoire navale à l’embouchure de l’Ebre, puis reprennent Sagonte. Ils empêchent
Hasdrubal de rejoindre son frère Hannibal, et suscitent en -215 une guerre du Roi
Numide Syphax11 contre les Carthaginois.
9
Frère d’Hannibal Barca et de Magon Barca.
Ville italienne située en Sicile.
11
Syphax était le roi d’une région qui représente l’Algérie actuelle.
10
Théâtre National de Strasbourg
14
Mais en -212, Hasdrubal soumet Syphax, et trois armées carthaginoises passent en
Espagne. Les frères Scipions sont battus et tués en -211 av J.C., les forces romaines
battent en retraite sur l’Ebre.
À Rome, le jeune Cornelius Publius Scipion, fils de Cornelius Publius Scipion, qui
deviendra connu sous le nom de Scipion l’Africain entre alors sur la scène. Quoique
n’ayant jamais été consul, il obtient un pouvoir proconsulaire pour l’Espagne en -210.
En -209, il prend le port de Carthagène, avec le trésor de guerre et les otages ibères
détenus par les Carthaginois. La libération de ces otages permet de gagner le soutien
de peuples ibères contre Carthage. En 208, Scipion affronte Hasdrubal à Baecula, qui
parvient malgré ses pertes à percer en direction du Nord pour rejoindre son frère.
 Expédition de secours d’Hasdrubal
H
asdrubal quitte l’Espagne avec une armée de 60 000 hommes, et prend ses
quartiers d’hiver en Gaule. Au printemps -207, Hasdrubal est en Italie prêt à
opérer sa jonction avec Hannibal dans le Sud de l’Italie. Très audacieusement,
le consul Caius Claudius Néron laisse un rideau de troupes devant Hannibal, pendant
que lui remonte au Nord avec ses meilleurs légions rejoindre le consul Livius Salinator.
Tous deux rencontrent et anéantissent l’armée d’Hasdrubal lors de la bataille du
Métaure. Hasdrubal meurt dans la bataille.
L’année suivante en -206, Scipion bat les dernières forces carthaginoises commandées
par Magon à Ilipa, et s’empare de Gades (Cadix), achevant la conquête de l’Espagne
carthaginoise. Magon s’enfuit avec la flotte vers les Baléares. De là il débarque en -205
avec 12 000 hommes dans le golfe de Gênes. Mais, en marge du territoire romain, il ne
parvient pas à les inquiéter, et est battu par Marcus Cornelius Cethegus.
 Dénouement en Afrique (205-201)
R
evenu d’Espagne couvert de gloire, Scipion est candidat à l’élection comme
consul pour -205, quoiqu’il n’ait pas l’âge légal. Son programme est une
expédition en Afrique sur le territoire de Carthage. Malgré l’opposition de
Fabius, le Sénat lui accorde le gouvernement de Sicile et deux légions. Scipion consacre
l’année -205 et le début de -204 à compléter ses effectifs, faisant même appel à des
volontaires – forme de recrutement exceptionnelle à l’époque – et à préparer son
expédition. L’événement marquant de -205 sera la conclusion d’une paix de statu quo
avec Philippe V de Macédoine.
Scipion débarque près de Carthage en -204. Ses débuts sont laborieux : il échoue à
prendre Utique et doit hiverner sur un promontoire de la côte entre Utique et
Carthage. L’année suivante en -203, il bat une armée carthaginoise et le roi numide
Syphax. Il s’allie avec un autre roi numide Massinissa et capture Syphax en juin.
Carthage sent que la guerre est perdue et négocie avec Scipion. Elle accepte les
conditions qu’il lui impose :
- évacuation des forces carthaginoises présentes en Italie et en Gaule cisalpine
abandon de l’Espagne
- cession de sa flotte, sauf 20 navires
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15
- paiement d’une indemnité de 5 000 talents
Tandis que les ambassadeurs carthaginois vont à Rome faire ratifier ce traité par le
sénat romain, Hannibal et Magon quittent l’Italie avec leurs armées en -203. À Rome
même, les adversaires politiques de Scipion, qui lui reprochent d’avoir pris l’initiative
de décider seul des conditions de la capitulation de Carthage, font traîner les
pourparlers en longueur, et la paix n’est pas encore signée en -202. C’est alors qu’un
incident mineur rompt la trêve : coupée de son arrière-pays, Carthage est affamée. Un
navire de ravitaillement romain en perdition est arrêté afin de vérifier la cargaison. Le
conflit redémarre.
La rencontre des deux armées a lieu à la bataille de Zama en -202. Les Romains,
inférieurs en nombre mais aidés de la cavalerie numide de Masinissa, remportent la
victoire sur les Carthaginois. Pour honorer sa victoire, les Romains ajoutent le surnom
Africanus au nom de Scipion, devenu dès lors Scipion l’Africain. De nouvelles
conditions de paix sont imposées à Carthage, plus dures encore que les précédentes :
- abandon de l’Espagne et des Baléares
- cession de sa flotte, sauf 10 navires
- paiement d’une indemnité de 10 000 talents, sur 50 ans
- interdiction de toute action militaire sans l’assentiment de Rome
 Analyse du succès romain
R
ome a gagné contre Hannibal, que l’histoire met au rang des grands stratèges
et des fins tacticiens. Il séjourna 15 ans sur le sol romain, sans pouvoir amener
Rome à la capitulation. Parmi les raisons du succès romain, on peut citer :
- le refus de la classe politique romaine de s’admettre jamais vaincue, même si
elle se divisa sur la stratégie à adopter, offensive ou défensive
- la capacité de recrutement romaine, comblant constamment ses pertes,
mobilisant jusqu’à 25 légions, au prix d’une pression épuisante sur ses alliés
- la maîtrise maritime, qui permit de garder le contact avec l’armée envoyée en
Espagne, tandis que la flotte punique n’osa jamais un affrontement naval.
Cette maîtrise lui assura aussi son ravitaillement en blé depuis la Sicile, la
Sardaigne et l’Espagne, ainsi que ses contacts diplomatiques avec les
adversaires de Philippe V
- la fidélité des peuples alliés entourant Rome d’un glacis protecteur et de la
plupart des ports d’Italie du Sud.
Carthage engagea bien des forces importantes à plusieurs reprises, et noua des
alliances dangereuses pour Rome, mais elle ne put réaliser une coordination efficace
de ses moyens, faute de maîtriser ses liaisons avec Hannibal et Philippe V.
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Hannibal, la pièce
> L’auteur, Christian Dietrich Grabbe
Christian Dietrich Grabbe est né le 11 décembre
1801 à Detmod, en Allemagne. Fils d’un gardien de
prison, Christian Grabbe s’essaie au théâtre dès
l’âge de seize ans. Une bourse lui permet de faire
des études de droit à l’université de Leipzig, puis
de Berlin, à partir de 1822. À Berlin, il fait la
connaissance d’Heinrich Heine, considéré comme
l’un des plus grands écrivains allemands du XIXe
siècle. À la fin de ses études, en 1823, il s’efforce en
vain d’obtenir un emploi d’acteur ou de metteur en
scène au théâtre allemand. De retour à Detmold
l’année suivante, il rend son diplôme de droit. Ne
parvenant pas à trouver une place de juriste à
Detmold, il accepte en 1826 un poste non rémunéré
de remplaçant et prend la succession d’un auditeur
militaire malade en 1828. En 1829, il fait jouer à
Detmold son Don Juan und Faust. C’est la seule fois
où l’une de ses pièces est représentée de son
vivant.
À partir de 1831, son état de santé se détériore et son alcoolisme ne fait qu’empirer.
Cela a pour conséquence de faire échouer ses fiançailles avec Henriette Meyer. Grabbe
se tourne alors vers Louise Christiane Clostermeier, qui l’avait auparavant repoussé. Ils
se marient en 1833, mais leur union se révèle rapidement malheureuse.
Grabbe rend ses fonctions d’auditeur en 1834. Il va à Francfort, où il se fait renvoyer
par son éditeur, puis se rend à Düsseldorf, où il retrouve son ami le
compositeur Norbert Burgmüller et travaille pour le théâtre municipal avec Karl
Immermann, rencontré en 1831. Du fait de sa dépression et de ses excès d’alcool,
cette collaboration est elle aussi de courte durée. En 1836, il retourne à Detmold, où sa
femme obtient le divorce. Il y meurt la même année, le 12 septembre 1836, des suites
d’une tuberculose.
Oubliée, l’œuvre de Grabbe ne sera redécouverte que par les dramaturges naturalistes
et expressionnistes.
Principales œuvres de Grabbe (1801-1836) : Le duc théodore de Gothland (1822).
Plaisanterie, satire, ironie et signification plus profonde (1822). Marius et Sylla (1823).
Don Juan et Faust (1829). L’empereur Frédéric Barberousse (1829), Napoléon ou les
Cent-Jours (1831), Hannibal (1834).
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> Hannibal de Christian Dietrich Grabbe
 A propos d’Hannibal
H
annibal n’est pas une pièce historique ; même si la matière de l’œuvre est celle
du conflit qui opposa – à l’échelle du monde de l’époque – Rome et Carthage
entre le IIe et le Ier siècle avant Jésus-Christ ; même si Grabbe suit le parcours
du principal protagoniste de ce conflit, Hannibal, le général carthaginois qui fit
trembler Rome, de sa victoire à Cannes sur les Romains à sa fuite et son suicide en
Bithynie.
Les libertés que prend Grabbe avec la réalité historique, la synthèse qu’il opère sur les
événements, les personnages, la chronologie, alors même qu’il en a parfaitement
connaissance, traduisent clairement son projet : comme avec Napoléon ou les CentJours, revenir sur les événements qui, de l’Espagne à la Russie, ont secoué l’Europe de
son enfance et de son adolescence. Après un passé tout proche, ce détour par
l’antiquité, loin d’être un refuge contre un présent décevant, est la prise de distance
qui lui permet de mieux le réfléchir et le comprendre.
Grabbe a une pensée de l’histoire. Mais il n’écrit pas de traités d’économie politique ni
de grandes synthèses théoriques. Matières mortes et vaines, il n’a pour elles que
mépris. Il utilise le moyen du théâtre, du poème dramatique, pour, de façon vivante,
réfléchir, méditer, en philosophe et en stratège autant qu’en poète, sur cette matière
dont il a été et continue d’être témoin, l’impérialisme, la conscience ou l’absence de
conscience nationale, le sens de l’État, le jeu des intérêts et, plus généralement, sur
l’homme dans l’histoire, le rôle des peuples, celui des grandes individualités. L’époque
est sombre. Après Waterloo, la réaction triomphe apparemment partout en Europe. Le
monde ressemble beaucoup à la prédiction de Napoléon : une morne retombée dans
les vieux esclavages. Le réveil des peuples, les espérances de libération et d’unité
nationale, tout semble bien loin désormais. Les intérêts privés priment, semble-t- il,
partout. Et Grabbe lui-même, malgré la reconnaissance et le soutien de quelques-uns,
a échoué à faire reconnaître son génie. Il est presque arrivé au terme de sa courte vie.
Mais la grandeur de cet homme et de son œuvre, c’est que l’échec apparent, l’absence
totale d’illusions ne le conduisent pas, non plus que son personnage, au renoncement.
Il éructe, grince des dents, ironise ; il ne désespère pas et va au bout du possible. Dès
le début de la pièce, alors même qu’il vient de remporter une victoire peut-être
décisive sur les Romains, Hannibal, chez Grabbe, sait que la défaite et la mort sont au
bout de son chemin et dès ce moment il prépare sa sortie de scène, son suicide. Et
pourtant cette conscience de l’échec quasi certain ne l’empêche pas de faire tout ce
qu’il est humainement possible pour triompher. Comme son personnage, Grabbe
refuse et le désespoir et l’espérance, l’un et l’autre clairement désignés comme des
illusions. Il continue de faire ce qu’il a à faire, écrire, et sans repli sur lui-même, sans
souci d’un avenir indécidable – il ne croit ni en des lendemains qui chantent ni en
aucun au-delà –, il persévère sans renoncer à aucune de ses ambitions. L’échec, pour
Grabbe, ne rend pas l’effort dérisoire. Cette attitude est aujourd’hui plus que jamais
exemplaire.
Michèle Raoul-Davis
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> Extraits
[…]
Devant Rome
Hannibal (à la tête de ses troupes au retour de l’assaut) : Les tentes. (On les
dresse.) Même pas capable de prendre d’assaut ces bicoques de briques ? Ruse,
courage, art de la guerre, tout ça pour rien. Voilà l’œuvre des bourses de cuir
où est enfouie, très bien gardée, la fortune de Carthage, seulement pour moi
pas d’armée !
Un chef de tribu nègre : Seigneur, cette Rome est un abcès qui infecte le
monde entier.
Hannibal : J’ai posé une question ?
Le chef de tribu nègre : Pardon ! Non !
Un messager (arrivant) : Général —
Hannibal : Les lettres. (Il les décachette.) Celle-ci est du grand-père Barca —
J’embrasse ton écriture, noble vieillard ! (Tout en lisant.) Toi aussi, à presque
cent ans, tu te plains ? C’est pour ça que tu es devenu si vieux, si gris ? — Oui
oui, on veut nous opprimer, nous les Barca — Seulement je vous le dis, Melkir,
Hannon, ce glaive fumant de sang plane encore au-dessus de vos têtes, et si
vous connaissez la ruse, lui connaît les batailles ! — « Ça conspire dans la
maison d’Hannon, on te destine de maigres renforts. » — D’accord, si les
murailles de Rome me repoussent, je n’irai pas de si tôt échouer à Carthage. —
Les Barca connaissent le secret des îles de l’étain et de l’Atlantide aussi bien
que vous, ils en tirent assez d’argent. Mais ils ne le mettent pas sous clé, eux, ils
le sèment, et il fait pousser des soldats qui un jour, c’est sûr, fractureront vos
caisses pendant que vous prendrez la fuite, et les thalers, ça ne se défend pas.
Les insensés ! Oublier que Rome est terriblement proche des lointains dorés qui
luisent à l’ouest — le présent contre l’avenir ! (Au messager.) Tu apportes aussi
des lettres du Sanhédrin, non ?
Le messager : En voici un paquet.
Hannibal : Des sceaux imposants ! c’est sûrement plus petit, à l’intérieur.
Le messager : Ce sont leurs altesses du Sanhédrin qui m’envoient, à vrai dire.
Hannibal : À vrai dire ! (Tout en lisant.) « Salutations et félicitations pour
Cannes » — Pour soixante mille cadavres romains, c’est pas cher payé ! — « Tu
vas recevoir du renfort à la mesure de tes besoins. » Oui, d’abord vous prenez
les mesures, et ensuite vous taillez dans le ciel un habit où les étoiles étouffent
et où les tonnerres ont le coffre à l’étroit. « Et des députés accompagnent le
messager pour prendre réception des anneaux que tu as, très honorable
général » – Très honorable ! Ils mesurent également les mots ? Je m’étonne
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19
qu’ils ne me gratifient pas d’une honorabilité passable. — « des anneaux que tu
as conquis à Cannes. » Eh, c’est que ça vaut cher, les anneaux de chevaliers !
c’est ça que leur nez lorgne, car il y a beau temps que leurs yeux ont cédé la vue
au sens de l’odeur, de la puanteur. Par bonheur les plus beaux sont déjà mis de
côté pour mes hommes. (Au messager.) Les députés peuvent venir prendre
réception des anneaux, contre reçu. Mais dis, approche voir ! Non mon gars,
pas à gauche, viens là, devant mon œil droit — Trasimène m’a fait perdre
l’autre (tout Carthage doit être au courant).
Le messager : Oui, seigneur ! ça se voit.
Hannibal (après l’avoir considéré quelque temps) : Tu es double, mon gars !
Le messager (consterné, il s’examine) : Seigneur, j’ignorais — mes membres ont
doublé ? Non — mais s’il le dit — ô Baal, y aurait-il du vrai là-dedans ?
Hannibal : Si si. Tu apportes à la fois des nouvelles de Barca et des nouvelles du
Sanhédrin qui est son ennemi.
Le messager : Ah, c’est ça ? Hélas, seigneur, c’est que j’ai neuf pauvres
vermisseaux à nourrir, moi, des enfants je veux dire —
Hannibal : Et alors tu te fais fripouille ?
Le messager : C’est-à-dire qu’étant donné que votre grand-père et le Sanhédrin
me payaient en particulier chacun de son côté, j’ai accepté les deux missions,
en particulier.
Hannibal : Ami —
Le messager : — Ami ! Monseigneur est bien bon ! À peine si notre prévôt dit
ça, même quand on tend bien gentiment le dos à sa baguette.
Hannibal : Avec ta main droite, celle que je serre, touche en mon nom, s’il le
permet, les pieds de mon grand-père —
Le messager : Seigneur, je lui baiserai les pieds !
Hannibal : Non, ils se salissent très vite. — Et dis-lui que sur la vaste terre rien
ne saurait m’être plus cher qu’un salut de lui, et un de moi à lui. —— Cela fait,
tu vas au Sanhédrin et tu déclares ceci : si l’on ne m’envoie pas très vite un
meilleur renfort, alors très bientôt deux Scipion se dresseront devant la ville
dans une lueur d’incendie que je sens déjà me brûler le front, — ensuite, disleur qu’ils devraient être unis, ne pas convoiter les poches d’autrui, et enfin :
que sinon, la patrie succombera sous les querelles de familles, et les familles
avec !
(Le messager s’en va.)
Hannibal : — Je dois me retirer avec mes dix-sept mille hommes, ces pièces
rapportées de toutes les nations. — Pour aller où ? —— Capoue ! La ville est
grande, bien approvisionnée, pas loin de Rome et plus près de Carthage, les
renforts depuis l’Afrique coûteront moins cher — Moins cher ! que Satan
combatte là où les épiciers font des comptes ! (Au chef de tribu nègre.) Tu as un
poison foudroyant ?
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Le chef de tribu nègre : Seigneur ?! Je n’aurais pas ce que possède n’importe
quel gosse en Nubie ? (Il fait voir une fiole de poison.) J’ai cassé moi-même avec
soin les dents de la vipère (elle s’est défendue mais je l’ai caressée, ça marche
aussi avec les femmes, en Nubie), et qui déguste le venin jaune tiré de ses dents
devient fou aussitôt, il se tord et il meurt furieux et terrifié autant que la vipère
quand elle s’est aperçue qu’elle n’avait plus de quoi empoisonner. Tu as des
doutes ? Essaie, tu seras étonné, tes tripes vont grouiller comme un nid de
vipères.
Hannibal : Tu t’appelles ?
Le chef de tribu nègre : Tournou. (Hannibal prend la fiole et l’empoche.) Par les
dieux, général, tu me prends ma dernière consolation. Mon père, ma mère,
mes frères dorment au tombeau — je n’avais plus —
Hannibal : — Que ce poison ! tu l’as encore ! — C’est bien vrai, Maure, le
poison est une dernière consolation, et c’est pourquoi je veux, plus sûrement
que tu ne saurais faire, le garder précieusement et pour toi et pour moi.
Tournou : Oh alors, il ne saurait être en de meilleures mains !
(Des officiers convoqués pour prendre les ordres font leur entrée.)
Hannibal (à eux) : L’armée lève le camp ce soir. — Qu’est-ce qui vous étonne ?
On obéit, c’est tout ! — Nous prenons la route de Capoue. Faites le nécessaire,
en silence et vite. (Les officiers sortent. À Tournou.) Et si les gens de chez toi te
demandent pourquoi nous levons le camp, dis-leur que c’est parce que l’hiver
approche, et qu’il fera plus chaud sous les tentes, à Capoue.
Tournou : Je comprends.
Hannibal : Il comprend plus que moi, celui-là.
[…]
UNE ÉCHAUGUETTE AU-DESSUS D’UNE GRAND’ PORTE DE CARTHAGE
Le portier avec son gamin
Le portier : Regarde bien, fiston, parce que ce que tu vois là tu pourras le
raconter dans cent ans, et par chance, le temps est dégagé.
Le gamin : Oh, chouette musique ! Les armures brillent !
Le portier : Tu vois les deux nuages de poussière ?
Le gamin : À gauche, qui assombrissent le ciel et qui mélangent leurs
tourbillons ?
Le portier : C’est la cavalerie numide aux prises avec celle de Rome. Grâce aux
dieux, la nôtre gagne du terrain !
Le gamin : C’est quoi, par terre, ce qui grouille et qui se tortille derrière, comme
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si ça voulait se lever et partir, et qui y arrive pas ?
Le portier : Blessés et mourants, mon fils.
Le gamin : Personne vient à leur secours ?
Le portier : Après. Dans l’urgence du combat c’est une perte de temps et puis
c’est dangereux, c’est ce que dit notre voisin le barbier.
Le gamin : Papa, là-bas, en pleine mêlée — oh là là, comme les lances se
hérissent ! on dirait les cheveux de grand-mère quand elle braille !
Le portier (le frappant derrière les oreilles)°: N’insulte pas ta grand-mère, tu
veux ?
Le gamin (en larmes) : J’ai pas le droit de dire ce que je vois ? (Il veut s’en aller.)
Le portier : Tu restes là, gamin.
Le gamin : J’ai école — je vais être en retard.
Le portier : Je te ferai un mot d’excuse. — Regarde, le gros des deux camps se
rentre dedans !
Le gamin : Oui mais l’ennemi sort ses glaives ! le v’là qui se met en boule
comme le porc-épic de l’autre jour !
Le portier : Ça lui sert à rien, nos lances sont plus longues.
Le gamin : Mais l’ennemi les détourne ! — Malheur, les v’là par terre, ils se
prennent à la gorge, ils s’étranglent !
Le portier : Enfer — et ce silence horrible tout à coup ! et on voit tout si
nettement ! Tonnerres, mugissez donc à vous faire éclater, et vous les déserts,
tempêtez et fumez, pour cacher ce carnage et faire taire ce silence ! — Ah, voici
qu’arrive en renfort le noble Brasidas avec sa cavalerie !
Le gamin : Un Romain l’a poignardé ! Regarde, son sang crépite à terre, il
tombe de cheval ! Hou là là !
Le portier : Comme ils se disputent son cadavre ! Il en fait naître des centaines !
Le gamin : Je peux plus voir ça ! J’aimerais mieux être mort, moi aussi !
Le portier : Qu’est-ce qui te prend, gamin ?
Le gamin (criant) : Les Romains ont fait une percée !
Le portier : Du calme — Hannibal va les prendre au piège — Ah ! tu vois ? Il est
là, jailli de sa cachette, avec derrière lui des troupes fraîches, infanterie,
cavalerie — Par Moloch, comme il fait le vide sur son passage ! — Regarde,
c’est lui qui a le cadavre de Brasidas, il le brandit d’un bras puissant, il le montre
à l’armée en criant vengeance —
Le gamin : Ça casse les oreilles !
Le portier : — et il le lance sur un cheval ! — Enfer, on passe aux choses
sérieuses — Les cuirasses crachent des poussières d’étincelles, j’en ai les yeux
qui clignent !
Le gamin : Papa ! papa ! Il a pas assez de monde ! Il est noyé sous l’ennemi !
Le portier : Qu’est-ce que tu racontes ? Regarde, il le traverse à la nage, il y
patauge très bien, sur son passage le sang gicle vers le ciel ! (Le gamin se cache
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les yeux.) Ôte tes mains de tes yeux — Carthage a la victoire !
Le gamin : —— Mais c’est quoi, cette masse de fer qui arrive au fond ? Froide,
étincelante, qui avance lentement mais sûrement — Les icebergs à Thulé sont
comme ça, d’après notre maître !
Le portier : C’est le dernier détachement romain, ballot ! — tiens, Hannibal lui a
déjà bondi dessus en personne, il y aiguise son épée, et ça y est ! ton iceberg
c’est plus que des glaçons !
Le gamin : Oui, seulement il gèle et la glace se reforme — les nôtres
s’épuisent—
Le portier : Il la fend avec sa poignée d’hommes — regarde-moi cette percée !
Le gamin : Oui, mais non, le v’là qui r’vient couvert de sang avec rien qu’une
soixantaine d’hommes !
Le portier : C’est l’enfer, cette histoire !
Le gamin : Il fait des grands signes à ceux qui sont là devant, qui ont des belles
armures d’argent— il appelle au secours ? Ils bougent pas.
Le portier : Faudrait qu’ils soient fous pour aller risquer leurs coûteuses
armures et leurs précieuses vies. L’important, c’est qu’ils soient là et qu’ils
tiennent l’ennemi en respect. Sois plus prudent quand tu parles d’eux, jeune
homme. Ce sont les rejetons de nos plus illustres familles, et il dépend d’eux
que tu me succèdes ou pas, plus tard — ce sont les Immortels !
Le gamin : Parce qu’ils font toujours comme maintenant, ils se sauvent avant
qu’on les massacre ?
Le portier : Boucle ton bec sur les choses qui te dépassent. (Il jette un coup
d’œil à l’intérieur de la ville.) Melkir, Hannon, Gisgon, les proscrits ! suivis
chacun par une populace sauvage ! Eux qui étaient encore tout récemment en
bisbille, comme on dit, eh ben les v’là de nouveau très soudés, on dirait ! —
Qu’est-ce que ça fait pas, une défaite !
Le gamin : Maman dit, où y a de la charogne, y a —
Le portier : Tais-toi, voyou !
Melkir : Hannon, Gisgon, occupez ces murailles ! (Montant vers le portier.) Moi
je prends celle-ci ! — Il perd, le fier-à-bras ?
Le portier : Tu veux dire — ?
Melkir : Hannibal, cette canaille dont vous espériez tout, canailles, et qui n’a
rien donné. — Ah, il est vaincu, c’est la débandade, les Immortels en tête —
Eux, ouvre-leur la porte, et ensuite claque-la au nez du reste des fuyards.
Le portier : Du général aussi ?
Melkir : Oui, et bien fort !
Le portier : Viens, petit. (Il part avec son fils.)
Melkir : Ô mon vieux cœur, frémis de joie d’avoir vécu si vieux ! Les Romains ne
pouvaient me faire plus beau cadeau que cette victoire ! C’en est fait du nom
d’Hannibal, il va se trouver enfermé dehors, et quant à eux, s’ils nous assiègent,
Théâtre National de Strasbourg
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ils auront le temps de pourrir devant nos triples murailles cyclopéennes encore
plus que lui devant les minables murets de Rome. Héhé, il arrive !
(Hannibal se fraie un chemin parmi les Immortels, qui s’écartent avec crainte, et
il crache en les dépassant, accompagné d’un petit parti de cavaliers fonçant vers
Carthage ; quand il aperçoit aux créneaux Hannon, Gisgon et Melkir avec leurs
gens, il lève la main au ciel, rebrousse chemin et file au grand galop vers le
rivage.)
Melkir : Il fuit ! —— Voilà une chose qui vous ravigote un vieillard ! — Mais les
grandes joies entraînent toujours de plus grands soucis : il faut absolument que
ce bégueule de Gisgon et cette enflure d’Hannon débarrassent enfin le
plancher. Hannon, vu sa famille, a hérité d’une meute de partisans, et Gisgon
ne cesse d’en attirer de nouveaux — Mais le vieux Melkir va te les baiser tous
les deux, et il sera le seul maître à Carthage, ou alors ce ne serait pas Melkir !
[…]
À CARTHAGE
Une place devant la statue géante de Moloch
Ses mains chauffées au rouge sont fumantes
Des mères, leurs enfants dans les bras, les cheveux défaits ondulant jusqu’à
terre, sont agenouillées tout autour. Des prêtres, froidement, font le va-et-vient
entre elle et la statue, et leur prennent leurs enfants l’un après l’autre pour les
offrir en sacrifice.Beaucoup de monde
Une femme (regardant le visage de son enfant) : Mon petit — il sourit, il agite
ses menottes vers les poings ardents qui sont tendus vers lui ! — Mon enfant,
j’ai tellement souffert quand je t’ai mis au monde, et pourtant je souffre encore
infiniment plus maintenant qu’on t’arrache à moi — Tes doux yeux noirs,
bientôt de la fumée ! — Ah, les prêtres ont enlevé sa fille à ma voisine, c’est à
moi ! Non !
Un prêtre : Le gosse.
La femme : Moi, prenez-moi, brûlez-moi et laissez-le vivre ! Il est encore si
jeune, si innocent !
Le prêtre : Justement. Moloch veut du sang innocent.
Un deuxième prêtre (arrivé entre-temps, il s’empare de l’enfant. À l’autre
prêtre.) : Qu’est-ce que tu discutes avec cette bonne femme ? Le dieu a besoin
de victimes, l’État est en danger !
La femme : Moi aussi ! (Elle porte ses mains d’abord à sa poitrine, puis à son
front.) Ô mer, éteins ces deux étincelles ! (Elle court s’y jeter.)
(Melkir, Gisgon et Hannon arrivent avec leurs partisans.)
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Melkir : C’est beau, Carthaginois, de vous voir honorer ainsi les dieux avec tant
de solennité ! (Les mères tremblent.) Seulement, jamais ne nous a menacé un
aussi grand danger, et jamais ils n’ont réclamé plus grands sacrifices. Et nous
n’avons pas le droit de reculer même devant les plus grands sacrifices, notre
cœur dût-il en être brisé, car l’ennemi menace de donner l’assaut et Moloch
seul peut nous sauver !
Gisgon (à part) : Ce qui m’inquiète, dans son baratin, c’est que j’y ai reniflé
l’odeur du lard dans la souricière, et moi je serais une des souris. (Tout haut, à
Melkir.) Ô toi le plus sage, le plus noble, le plus expérimenté des hommes —
Melkir : Oui, bon, ça va —
Gisgon : Trouver précisément les plus nobles des citoyens pour qu’ils se livrent
aux flammes et sauvent ainsi la patrie, ce sera difficile — il y en a trop.
Melkir : Mais non — les deux meilleurs je les vois devant moi : toi et Hannon.
Le peuple : Ouiiiii ! Vive Melkir ! Par ici, Hannon et Gisgon ! Au Moloch !
Hannon : Melkir, je n’attendais pas ça de toi, un ami —
Melkir : La nécessité dénoue aussi les liens d’amitié.
Hannon : Il le faut vraiment ? En ce cas, ne me fais pas brûler vif, fais-moi
étrangler d’abord !
Melkir : Le dieu ne prend que du vivant, pas du cadavre.
Gisgon : Melkir, auguste Melkir, comme tu es modeste ! modeste comme la
vraie grandeur !
Hannon : Les mourants perdent vraiment la boule ! Voilà qu’il loue notre
assassin !
Gisgon : Toi, l’aîné des Trois, paré des honneurs les plus mérités, toi à toi seul
vaut tout Carthage —
Melkir : ça va ! ça va !
Gisgon : — aujourd’hui en te surpassant, tu t’es dépassé —
Melkir (soulagé) : Ah… le divin jeune homme !
Gisgon : — Le peuple de Carthage t’a désigné pour élire les plus grands en vue
du sacrifice, et tu n’as pas réfléchi que celui qui élit est sûrement bien plus
grand encore que ceux qu’il a élus — C’est pourquoi (il l’attrape par l’épaule et
le secoue) jubile, pirouette de joie, oui c’est ça, trois fois, car c’est toi qui vas
brûler là-haut pour notre salut !
Le peuple : Gisgon ! Le plus sage de tous !
Gisgon : Et voici mes hommes, et ils sont armés — Hannon, fais aussi avancer
les tiens — Le premier qui résiste, une épée dans la gorge !
Melkir : Vipère — ! (On l’emmène.)
Traduction inédite de Bernard Pautra réalisée pour le spectacle de Bernard Sobel
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Hannibal, la représentation
> Note d’intention de Bernard Sobel
J
‘aime chez Grabbe que l’Histoire, lointaine ou proche, soit sa matière poétique,
non comme un refuge contre le présent, mais pour mieux le comprendre.
J’aime qu’il prenne la matière historique à bras le corps, à l’échelle de l’Europe ou
à celle de son équivalent pour le monde antique, le bassin méditerranéen. Mais c’est
une pensée qui vient d’en bas et du fond d’une prison, celle dont son père était
gardien et où il a grandi, dans une petite ville de province dont il n’a pu s’échapper ; et
l’histoire des hommes est autant pour lui celles des petits que des grands, celle du
marchand de poisson et celle du stratège génial, à égalité. Son œuvre abonde de
personnages aussi inoubliables que les fossoyeurs d’Hamlet.
J’aime, dans nos époques faites de tsunamis successifs, politiques, économiques,
philosophiques, écologiques, quand la survie même de l’espèce et celle de la planète
sont en question, son refus de l’espérance comme celui du désespoir, puisque de toute
façon, au présent, l’avenir est indécidable.
Le théâtre, toujours, en commençant par les Grecs, frappe à cette porte mystérieuse
du sens et du non-sens.
Grabbe a inventé un outil qui sans mise en œuvre de moyens extraordinaires nous
permet de « voir » de grands événements de l’histoire des hommes qui ont moins
besoin d’être montrés que donnés à réfléchir et à comprendre. Grabbe prend
l’Histoire, et même la très grande Histoire, pour matière, il n’écrit pas de pièces
historiques, à la différence d’un Hugo ou même d’un Schiller.
Et je n’hésiterai pas à dire de Grabbe qu’il est mon contemporain, « absolument
moderne » comme Rimbaud, ayant forgé un théâtre qui dans son texte et sa méthode
nous permet d’affronter l’aléatoire de notre univers et de notre condition.
Face à la mondialisation, au retour du religieux, à la recherche de refuges « hors du
monde », Grabbe est aussi nécessaire qu’Eschyle, toujours aussi « moderne » que lui.
En 1929, Freud, réfléchissant sur ce qu’il qualifie de Malaise dans la civilisation, cite «
... ce poète original qui, en guise de consolation, en face d’une mort librement choisie,
fait dire à son héros : "Nous ne pouvons choir de ce monde." » C’est une citation de
l’Hannibal de Grabbe (« Nous ne tomberons pas hors du monde, puisque nous sommes
dedans.») et ce n’est certes pas un hasard. Ces paroles pour moi font écho à cette
phrase de Marx dans La Critique de la philosophie du droit de Hegel : « L’exigence de se
débarrasser des illusions sur le sort qui nous est dévolu n’est rien d’autre que
l’exigence de se débarrasser d’un état des choses qui fait qu’on a besoin d’illusion. »
Oui, dit Grabbe, nous sommes dans ce monde et il n’y en a pas d’autre. Il est
impitoyable, sans nostalgie comme sans illusions. Son théâtre rompt avec la
Théâtre National de Strasbourg
26
métaphysique, la morale et la psychologie. Il le fait brutalement et va dans ce sens
bien plus loin que Büchner. Cela explique sans doute son moindre succès.
Grabbe a vécu une vie douloureuse et brève, dans une époque de gueule de bois
historique. Il aurait eu les meilleures raisons du monde d’être désespéré. Il y a de la
fureur, de l’extravagance, du grotesque, dans sa vie et dans son théâtre, mais jamais
de tragédie, ou alors c’est du « théâtre », le mauvais théâtre qu’il désigne comme tel
du lâche Prusias couvrant de son manteau rouge le cadavre d’Hannibal, l’hôte qu’il a
trahi. Hannibal nous raconte la défaite d’un homme, la fin, la destruction par le fer et
le feu d’un monde, tout comme Napoléon nous racontait l’apparente retombée des
peuples d’Europe dans les vieux esclavages à l’issue de Waterloo. Familier de
Shakespeare, auteur de la Shakespearomania, l’histoire des hommes est pour lui aussi
« une histoire pleine de bruit et de fureur, ne signifiant rien », et il affirme
furieusement contre toute la philosophie de l’Histoire de Hegel – qu’il exècre – qu’elle
n’a ni sens ni signification. Ce qui ne signifie pourtant jamais qu’il faille renoncer à agir,
baisser les bras devant l’absurde. Il n’y a pas d’absurde chez Grabbe, il y a des intérêts,
de la lâcheté, de la bêtise, de l’énergie, de la fatigue, de l’ambition, du grotesque, des
erreurs, de mauvais choix, mais ni absurde ni tragique.
Grabbe nous raconte des histoires dont nous connaissons l’issue. Il n’y a aucun
suspense. Comme les Tragiques grecs, il s’attache à montrer comment les choses
adviennent, le plus souvent en raison de mauvais choix, d’erreur de jugement. Mais
sans fatalité : si les dirigeants de Carthage avaient compris plus tôt la nécessité de
soutenir Hannibal, s’ils avaient envoyé plus tôt des renforts, si Hasdrubal n’avait pas
commis l’erreur de suivre le même chemin qu’Hannibal à travers les Alpes, le cours de
l’histoire eût été réellement différent... Même le suicide d’Hannibal n’a rien de
tragique en soi. C’est Prusias qui fait d’Hannibal mort un personnage de tragédie
classique. Hannibal, lui, envisage son suicide, dès le début de la pièce, comme une
issue ultime et raisonnable. Et je pense à cette réflexion de Jean-Pierre Vernant, dont
je ne sais plus d’où elle vient mais qui m’avait frappé et que j’avais notée: « Voici donc
une solution à la condition humaine : trouver par la mort le moyen de dépasser cette
condition humaine, vaincre la mort par la mort elle-même, en lui donnant un sens
qu’elle n’a pas, dont elle est absolument dénuée. »
En quelques mots un peu trop long, voilà pourquoi vouloir aujourd’hui monter Grabbe,
auteur allemand toujours quasi inconnu du début du XIXè siècle, contemporain sans
succès de Büchner, un raté, un furieux alcoolique mort à 35 ans, auteur de sept pièces
dont quatre inachevées et toutes réputées injouables. Et monter qui plus est Hannibal,
une pièce dont l’action se déplace d’Italie en Espagne, de Carthage jusqu’en Asie
mineure entre le second et le premier siècle avant J.-C., qui met en scène, outre les
sacrifices humains à Moloch, la chute de Numance et l’incendie de Carthage. Et puis «
merdre » comme disait notre bon Jarry qui lui au moins a pris la peine de traduire
Plaisanterie, satire, ironie et signification plus profonde de notre original.
Bernard Sobel, mars 2012
Théâtre National de Strasbourg
27
> Lucio Fanti, le travail des décors et des costumes
D
ans une interview, Michèle Raoul-Davis, qui collabore à la mise en scène au
côté de Bernard Sobel, évoque la manière dont a été conçue la scénographie
du spectacle. Lucio Fanti, s’est inspiré du fait que l’action de la pièce se
déroule principalement en Italie. Ainsi, il s’est appuyé sur la peinture italienne de la fin
de la Renaissance et en a extrait le jeu sur les couleurs, qu’il a appliqué à ses décors.
Photo de la maquette du décor
Théâtre National de Strasbourg
28
Maquette du décor
Maquette du décor
En revanche, la notion de la perspective, associé à ce mouvement des peintres italiens
de la Renaissance ne sera pas respecté sur le plateau : un personnage situé au lointain,
peut avoir la même taille qu’un château sis au premier plan. Pour matérialiser les
décors, il a travaillé avec des feuilles de taules très fines, peintes en trompe l’œil, qui à
chaque fois racontent un lieu, tel que le Sénat romain, les murs de Rome, les remparts
de Carthage… Ce sont des éléments extrêmement simples, mais colorés. En fond de
scène, se trouve également un cyclorama, une grande toile blanche sur laquelle des
images peuvent être projetées. Ici, le cyclo permet de nous représenter les lieux dans
lesquels l’action se déroule, tel que le bassin méditerranéen.
Construction du décor au TNS
Le plateau peut être décrit comme« un grand gradinage », avec un espace plus
prononcé à l’avant-scène.
Théâtre National de Strasbourg
29
Si pour les décors Lucio Fanti est parti de peintures de la Renaissance, les costumes
quant à eux assument tous les anachronismes présents dans la pièce. Le souhait de
Bernard Sobel n’était pas de reprendre les codes du péplum, mais de mettre en place
certains éléments évoquant toutes les époques : que ce soit l’Antiquité, la période
dans laquelle se déroule l’action, le XIXe siècle, représentant l’époque de l’auteur et
notre siècle actuel. Michèle Raoul-Davis explique que les costumières devaient faire
plus d’une centaine de costumes de militaires autour de cette confrontation des
époques, présente tout au long dans la pièce, avec cette idée que les cultures se
rencontrent et Se culbutent sans cesse dans un univers plastique bien précis.
©Hervé Bellamy
Théâtre National de Strasbourg
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©Hervé Bellamy
Théâtre National de Strasbourg
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> Extraits de presse
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L’équipe artistique
> Bernard Sobel
B
ernard Rothstein dit Sobel s’est installé à Gennevilliers en 1963. Au début des
années 1970, le Ministère de la Culture participe progressivement au
financement de l’Ensemble Théâtral de Gennevilliers, qui devient Centre
Dramatique National en 1982.
Bernard Sobel et le collectif de travail qu’il a constitué ont assuré depuis le début une
programmation et des créations puisant dans des répertoires très divers et révélant
souvent des auteurs peu connus en France, comme Heiner Müller et Alexandre
Ostrovski.
Au cours de ces trente années d’existence, le Théâtre de Gennevilliers est devenu une
sorte de laboratoire où des metteurs en scène comme Patrice Chéreau, Stéphane
Braunschweig, Stuart Seide, ont fait leurs premières armes.
Il a mis en scène Maria Casarès, Philippe Clévenot, Daniel Znyk, Anne Alvaro, Denis
Lavant, Pascal Bongard etc.
A cette activité s’ajoute la création, en 1974, de la revue Théâtre/Public, qui publie en
juin 2013 son 208e numéro.
Par ailleurs, Bernard Sobel, dans le cadre du théâtre musical à Avignon, a mis en scène
Le Pavillon au bord de la rivière de Kuan Han Chin (musique de Betsy Jolas), Mario et le
magicien d’après Thomas Mann (musique de Jean-Bernard Dartigolles), Va et vient et
Pas moi (textes de Beckett, musique de Heinz Holliger – coproduction IRCAM / Festival
d’Avignon), et Le Cyclope d’Euripide (opéra de Betsy Jolas). Il a en outre assuré la mise
en scène du Porteur d’eau de Cherubini à l’Opéra-comique en 1980 et en 1992, celle
de Il Prigioniero, opéra de Luigi Dallapiccola au Théâtre Musical de Paris (Châtelet), en
1993, Les Excursions de Monsieur Broucek de L. Janacek, en 1994, L’Affaire
Makropoulos de L. Janacek à l’Opéra du Rhin. En 2005, Le Couronnement de Poppée, à
l’Opéra de Lyon, direction William Christie.
Germaniste, il a participé à de nombreux travaux de traduction, notamment la version
française de Hitler, un film d’Allemagne de Hans Jürgen Syberberg (scénario publié aux
éditions Laffont-Seghers).
Bernard Sobel est aussi réalisateur pour la télévision française. Il est Commandeur des
arts et des lettres et Officier de la Légion d’honneur et a reçu en 2008 la médaille
Goethe du Goethe-Institut.
Ces dernières années, il a mis en scène La Pierre de Marius von Mayenburg (Théâtre
national de la Colline, Théâtre du Nord) Cymbeline de William Shakespeare,
Amphitryon de Heinrich von Kleist à la MC93 Bobigny et en 2011 L’Homme inutile ou La
Conspiration des sentiments de Iouri Olecha, (Théâtre national de la Colline).
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 Ses mises en scène
1964 Tanker Nebraska de Herb Tank
1978 Maximilien Robespierre de Bernard Chartreux et
Jean Jourdheuil
1964 Antigone de Bertolt Brecht
1965 La Farce du poulier
1978 Dom Juan et Tartuffe de Molière (en allemand au
Théâtre de Bâle)
1966 La Farce de Maître Pathelin
1979 Mario et le Magicien d’après Thomas Mann
1966 Cœur ardent dʼAlexandre Ostrovski
1980 Le Porteur d’eau ou les deux journées, opéra de
L. Cherubini (Opéra de Paris)
1966 Ruzzante revient de guerre de Beolco
1966 Vietnam une résistance héréditaire
1966 L’Exception et la règle de Bertolt Brecht
1967 Jeppe de la montagne de Ludwig Holberg
1967 Enquête pour un fait divers de Claude Prin
1967 Première de cavalerie de Vichnevsky
1980 Va et Vient et Pas Moi de Samuel Beckett
(Festivald’Avignon – IRCAM)
1981 Edouard II de Christopher Marlowe
1981 La Chute de l’égoïste Johann Fatzer de B. Brecht
1982 L’Eléphant d’or d’Alexandre Kopkov
1983 Coriolan de Shakespeare
e
1968 Du millet pour la VIII armée de Loo Ding, Chang
Fan, Shu Nan
1969 L’Opéra du gueux de John Gay
1970 Philoctète de Heiner Müller
1970 California Story de Hanns Eisler et Ernst Ottwald
1970 Homme pour homme de Bertolt Brecht
1971 Le Candidat de Gustave Flaubert
1971 Timon d’Athènes de William Shakespeare
1972 Madame Legros d’Heinrich Mann
1973 Têtes rondes et têtes pointues de Bertolt Brecht
1973 Dom Juan de Molière
1983 Marie Stuart de Schiller (en collaboration avec la
Comédie-Française)
1984 La Cruche cassée de Kleist
1984 Philoctète d’Heiner Müller
1984 Entre chien et loup ou La Véritable Histoire d’Ah Q
de Christoph Hein
1985 L’Ecole des femmes de Molière
1985 Nathan le Sage de Lessing (en allemand, à Berlin)
1986 Le Cyclope d’Euripide, opéra de Betsy Jolas
(présenté au Festival d’Avignon et au Théâtre National
de Chaillot)
1986 La Ville de Paul Claudel (joué au Théâtre des
Amandiers de Nanterre)
1974 La Tempête de William Shakespeare
1986 La Charrue et les Etoiles de S. O’Casey
1974 Le Précepteur de Lenz
1987 Nathan le Sage de Lessing
1975 Marie d’Isaac Babel
1975 Le Pavillon au bord de la rivière de Kuan Han Chin
1987 Le Roi Lear de Shakespeare (en allemand, au
Théâtre de Zurich)
1976 Le Juif de Malte de Christopher Marlowe
1988 Hécube d’Euripide
1977 Les Paysans d’après Balzac
1988 Les Amis font le philosophe de Lenz
1977 Timon d’Athènes de Shakespeare (en allemand
auThéâtre de Zurich)
1989 La Forêt d’Ostrovski
1989 Les Tu et Toi ou la parfaite égalité de Dorvigny
Théâtre National de Strasbourg
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1990 La Bonne Ame du Setchouan de Brecht
2003 Les Sept contre Thèbes dʼEschyle
1990 Tartuffe de Molière
2004 Un Homme est un homme de Bertolt Brecht
(Festival d’Avignon)
1991 Vie de la révolutionnaire Pélagie Vlassova de Tver,
Brecht/Gorki
1992 Il Prigioniero, opéra de Luigi Dallapiccola (joué au
Théâtre Musical de Paris-Châtelet)
2005 Troilus et Cressida de Shakespeare
2006 Don, mécènes et adorateurs d’Alexandre Ostrovski
2007 Le Mendiant ou la Mort de Zand dʼOlecha
1992 Vie et Mort du Roi Jean de Shakespeare
2008 Sainte Jeanne des abattoirs de Bertolt Brecht
1993 Marie d’Isaac Babel
2009 La Pierre de Marius von Mayenburg
1993 Cache-cache avec la mort de Mikhaïl Volokhov
2010 Cymbeline de William Shakespeare
1993 Threepenny Lear de Shakespeare
2010 Amphitryon de Heinrich von Kleist
1994 Les Géants de la montagne de Luigi Pirandello
1994 Les Excursions de Monsieur Broucek et L’Affaire
Makropoulos de Janacek (à l’Opéra du Rhin, Strasbourg
et Théâtre Sao Carlos, Lisbonne)
2011 L’Homme inutile ou La Conspiration des
sentiments de Iouri Olech
1995 Cœur ardent dʼAlexandre Ostrovski
1996 Napoléon ou les Cent-Jours de C.D. Grabbe
1997 Zakat d’Isaac Babel
1997 Des Perles aux cochons (Pearls for Pigs) de Richard
Foreman
1997 Les Nègres de Jean Genet
1998 La Tragédie optimiste de Vsevolod Vichnevsky
1999 La Fameuse tragédie du riche Juif de Malte de
Christopher Marlowe
1999 Couvre-feu de Roney Brett
2000 Manque (Crave) de Sarah Kane
2000 Bad Boy Nietzsche de Richard Foreman
2000 Le Mandat de Nikolaï Erdman
2001 L’Otage de Paul Claudel
2001 Ubu roi d’Alfred Jarry
2002 Le Pain dur de Paul Claudel
2002 En attendant Godot de Samuel Beckett
2003 Innocents coupables dʼAlexandre Ostrovski
2003 Et qui pourrait tout raconter ? (Le Seigneur Guan
va au banquet) de Guan Hanqing
Théâtre National de Strasbourg
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Les comédiens
> Sarah Amrous
N
ée en 1984, issue d’un parcours de danseuse et de plasticienne, elle intègre l’école du Théâtre National
de Bretagne (Promotion 7), après avoir suivi à Paris les cours d’art dramatique des conservatoires des Ve
et XVe arrondissements, ainsi que la section chant lyrique du Conservatoire du XVe arrondissement. Elle
commence le théâtre en 2004 en Biélorussie, où elle suit une master class d’un an avec les professeurs de
l’Académie des Arts à Minsk autour de Stanislavski et de Tchekhov. Durant sa formation au TNB, elle suit les
stages de Stanislas Nordey, Benjamin Lazar, Eric Lacascade, Adel Hakim, Serge Tranvouez, Bruno Meyssat, Eric
Didry, Yves-Noël Genod et Thomas Jolly. Elle prend part à l’enregistrement de pièces radiophoniques sur France
Culture (réalisation Marguerite Gateau) et participe à la lecture de textes de Frédéric Vossier à Théâtre Ouvert.
Elle écrit et monte Jardins secrets, en juin 2009 au Théâtre du Rond-Point. Au théâtre, elle joue dans Living ! mise
en scène Stanislas Nordey (au TNB et au Théâtre des Quartiers d’Ivry, 2012) ; TDM3 de Didier-Georges Gabily,
mise en scène Yann-Joël Collin (au TNB, 2010) ; B. Mania, mise en scène Julien Fisera (Mains d’OEuvres, 2008). Elle
met en scène avec Yann Lefeivre Violences de Didier-Georges Gabily. Elle intervient à la prison des femmes de
Rennes dans le cadre d’ateliers dirigés et mis en scène par Christine Letailleur (L’Assemblée des femmes
d’Aristophane, 2011).
F
> Jacques Bonnaffé
ormé au Conservatoire de Lille, il travaille, à ses débuts au cinéma dans les années 1980, sous la direction
d’Edouard Niermans, Jean-Luc Godard, Jacques Doillon, Jean-Charles Tacchella, Renaud Victor, Philippe
Garrel… Au théâtre, il travaille notamment sous la direction de Gildas Bourdet, Hans-Peter Cloos, Claude
Stratz, Gilles Chavassieux, John Berry, Christian Rist, Patrice Kerbrat, Christian Schiaretti, André Engel, Abbès
Zahmani, Simone Amouyal, Alain Françon, Michel Vinaver et Didier Bezace, Joël Jouanneau, Denis Podalydès et
Frédéric Bélier-Garcia, Véronique Bellegarde, Jean-Pierre Vincent, Marc Feld, Jean-François Peyret, Arnaud
Meunier… Il se consacre aussi à la poésie et aux lectures publiques (Arthur Rimbaud, Jules Mousseron ou des
auteurs contemporains tels que Jean-Pierre Verheggen). Au carrefour de toutes ses activités, il interprète en
patois picard et met en scène Cafougnette et l’défilé d’après Les Histoires de Jules Mousseron, montrant ainsi son
attachement à sa terre natale. Sa troupe, la compagnie Faisan, a reçu un Molière en 2009 pour LʼOral et Hardi de
Jean-Pierre Verheggen.
> Romain Brosseau
N
é en 1988, il intègre l’école du Théâtre National de Bretagne (promotion 2009/2012), après avoir suivi la
formation d’art dramatique du Conservatoire de Bordeaux avec Christian Rousseau et Gérard Laurent.
Durant sa formation au TNB, il travaille avec Eric Lacascade, Daria Lippi, Adel Hakim, Roland Fichet,
Véronique Nordey, Thomas Jolly, François Tanguy, Bruno Meyssat, Eric Didry, Julia Cima et Maya Bösch. Au
théâtre, il joue dans Living ! mis en scène par Stanislas Nordey (TNB et TQI) ; Violences de Didier-Georges Gabily,
mené par Sarah Amrous et Yann Lefeivre (La Fonderie, Le Mans) ; L’Assemblée des femmes d’Aristophane, mis en
scène par Christine Letailleur, dans le cadre d’ateliers à la prison des femmes de Rennes. Il assiste Guylaine Kazsa
et Nathalie Bécue sur les répétitions du spectacle Les Voyages de Médée (Cie Carnet de Voyage). Actuellement, il
travaille avec la compagnie du Pas suivant sur le spectacle Training (Scène nationale d’Aubusson), une écriture
Théâtre National de Strasbourg
38
collective autour du milieu sportif et avec le collectif guà-guà, sur la pièce de Pablo Picasso, Le désir attrapé par la
queue (Domaine de Thizé). Il participe à l’enregistrement de pièces radiophoniques sur France Culture (réalisation
Margueritte Gateau) et joue dans des films pour le cinéma ou la télévision. Il est dans le dernier long-métrage de
Vincent Dieutre, Déchirés/Graves.
E
> Eric Castex
lève à lʼINSAS à Bruxelles (1989-1992), il démarre sa carrière sous la direction de Thierry Salmon, dans Des
passions d’après Les Démons de Dostoïevski, qui le dirigera ensuite dans L’Assalto al cielo d’après Kleist.
S’ensuit une longue collaboration avec Armel Roussel qui le dirige dans Roberto Zucco de Bernard-Marie
Koltès, puis dans The Europeans de Howard Barker, Enterrer les morts, réparer les vivants d’après Platonov de
Tchekhov, Hamlet de Shakespeare (Kunsten Festival Bruxelles 2003), POP ?, création collective (2005 Théâtre
Varia). Il travaille ensuite avec Bernard Sobel dans Un homme est un homme de Brecht (2004), puis Dons,
mécènes et adorateurs dʼAlexandre Ostrovski et Le Mendiant ou la Mort de Zand de Iouri Olécha. En novembre
2008, il joue dans Le Revizor de Gogol, mis en scène par Michel Dezoteux, création Théâtre Varia (Bruxelles). En
1997, il travaille pour la première fois avec Stuart Seide (La Tragédie de Macbeth de Shakespeare), avec qui il
retravaille ensuite pour Mary Stuart de Friedrich Schiller en 2009 et Au bois lacté de Dylan Thomas. Il poursuit par
ailleurs une carrière cinématographique en tant que réalisateur : Lady Macbeth Project et Nature morte (Sélection
festival fantastique Bruxelles 2005) ; et comme comédien, dans Get born production ARTE (Belgique) 2008 de
Nicole Palo, À lʼombre des sapins de Vincent Merveille, Correspondance de D. Wittorski et XYZ de Vincent
Merveille. Il joue pour la télévision dans Quai n°1, Avis de tempête, PJ, Le Violon, La Rivale. Il crée sa propre
compagnie théâtrale en 2010 et met en scène La Nuit juste avant les forêts de Bernard-Marie Koltès (spectacle
nommé pour les prix de la critique en Belgique).
F
> Pierre-Alain Chapuis
ormé au Conservatoire national supérieur d’Art dramatique, il a joué au cinéma et à la télévision, sous la
direction, entre autres, de Sylvain Monod, Raoul Ruiz, Vincent Nordon ou encore Jean-Luc Godard. Au
théâtre, il joue dans un grand nombre de pièces dont L’Echange (Claudel) - Bernard Lévy ; Macbeth
(Shakespeare) - Sylvain Maurice ; L’Eternel Mari (Dostoïevski) - Rosine Lefèvre ; Le Conte dʼhiver (Shakespeare) Stéphane Braunschweig ; Rêves/Kafka (Enzo Cormann) - Philipe Adrien. Il signe plusieurs mises en scènes, dont
Stimulant, amer et nécessaire (Ernesto Caballero) / Théâtre de la tempête, Le Naufrage du Titanic (H.M
Enzensberger) /
50e Festival d’Avignon, Cloître des Carmes, Théâtre de la Tempête et tournée nationale, La Serveuse n’a pas froid
(Jean Marie Piemme) / Théâtre de la Tempête, ou encore L’Intrus (J.-L. Nancy) / Théâtre de la tempête.
> Laurent Charpentier
D
iplômé du Conservatoire national supérieur d’Art dramatique, où il a suivi les classes de Dominique
Valadié, Catherine Hiegel, François Regnault, il joue par la suite dans des spectacles mis en scène par
Alain Françon (Ivanov de Tchekhov), Lukas Hemleb (Titus Andronicus de Shakespeare et Je me crois en
enfer donc j’y suis d’après Rimbaud), Jeanne Champagne (George Sand), Sandrine Lanno (Plus loin que loin de Z.
Harris), Brigitte Jaques-Wajeman (La Chanson de Roland), Bernard Sobel (Don, mécènes et adorateurs d’Ostrovski
et Amphitryon de Kleist), Emmanuel Demarcy-Mota (Homme pour Homme de Brecht et Casimir et Caroline
d’Horvath), Mirabelle Rousseau (Ma Langue de Tarkos), Matthieu Roy (Histoire d’Amour de Lagarce et L’Amour
conjugal de Moravia), Frédéric Maragnani (Le Cas Blanche-Neige de Barker et Tout doit disparaître d’Eric Pessan),
Théâtre National de Strasbourg
39
Frédéric Sonntag (Toby ou le saut du chien), Caterina Gozzi (Le Vertige des animaux avant l’abattage de Dimitris
Dimitriadis), Emilie Rousset (La Place Royale de Corneille), le groupe ACM (Casimir et Caroline d’Horvath). Au
Théâtre de la Ville, en 2011, il joue dans trois pièces de Philippe Minyana (De l’amour, Sous les arbres et J’ai
remonté la rue et j’ai croisé des fantômes). Il sera à l’affiche d’une création de Stéphanie Marchais, par Thibault
Rossigneux, au Théâtre de la Tempête en janvier 2014. Au cinéma, il tourne notamment avec Philippe Garrel,
Nicolas Klotz, Thierry Charrier et Caroline Deruas et pour la télévision, avec Bernard Stora et François Luciani.
A
> Simon Gauchet
cteur, metteur en scène, scénographe, plasticien, il est diplômé de l’école du Théâtre National de
Bretagne en 2012. A l’âge de 16 ans, il rencontre de façon décisive Antonin Artaud qu’il prend pour
maître sur les bancs du lycée Jacques Cartier de Saint-Malo. Après avoir obtenu son bac, option latin et
théâtre, il part à Paris, où il commence une licence Lettres et Arts à l’université Paris 7 et étudie au Conservatoire
du Ve arrondissement de Paris. En 2009, il est reçu à l’Ecole des Beaux-arts de Rennes, où il n’ira finalement pas
pour préférer l’ignorance comme vecteur de trajectoire et d’apprentissage. Il choisit ses maîtres par
contemplation et tente d’enseigner chaque jour les choses qu’il ignore. Une fois, il partit errer en Autriche sur les
traces du fantôme de Werner Schwab, ou une autre fois plus loin à l’Est, en Indonésie et au Japon, pour tenter de
comprendre les fonctions du théâtre dans les cérémonies d’exorcisme. En 2010, il rencontre l’oeuvre plastique de
Joseph Beuys, qu’il prend également pour maître. Tout comme Henri Michaux, Georges Bataille et Georges
Mathieu, rencontré l’année qui précède. Il est le co-créateur du Jeune Théâtre Laboratoire Européen, de l’Ecole
Parallèle
Imaginaire et du Mouvement M. En tant que metteur en scène, il signe plusieurs travaux et performances : Basti
Merzlota (2005), Mimi-Nashi Hoïchi (2007), L’Epopée de Gilgamesh (2008), Le Théâtre ambulant Chopalovitch
(2009), Le Gisant/Danse macabre (2009), Nouer la corde du pendu avec les dents d’un cheval mort/détachement
(2012), Le Jet de sang (2013). En tant qu’acteur, il travaille avec Hubert Humeau, Joëlle Durand-Raucher, Chloé
Jarsky-Decoust, Agathe Sanz, Muriel Lefebvre, Eric Lacascade, Anton Kouznetsov, Christian Colin, Bruno Meyssat,
Serge Tranvouez, Vincent Dissez, Julia Cima, Stanislas Nordey, Eric Didry, Yves-Noël Genod, François Tanguy,
Thomas Jolly.
S
> Claude Guyonnet
orti du Conservatoire national supérieur d’Art dramatique en 1984, il travaille régulièrement sur des textes
aussi bien classiques que contemporains avec de nombreux metteurs en scène, parmi lesquels Claude
Régy, Daniel Mesguich, Dominique Pitoiset, Laurent Pelly, Jean-Pierre Miquel, Stuart Seide, Michel Soutter,
Dietrich Sagert, Carlos Wittig, Francois Rancillac, Jean Lacornerie, Gilles Bouillon, Claude Yersin, Anne Monfort. En
2012, il reprend Nous Trois, un spectacle de Claire Lasne-Darcueil autour de textes de Racine, Musset, Brecht et
Duras, à la maison du comédien/Maria Casares (Alloue), puis adapte Cervantes pour jouer Quichotte y Panza, mis
en scène par Richard Sammut au Pot au Noir/Rivoiranche, et joue Cahin-Caha de Serge Valetti, mis en scène par
David Géry au Lucernaire. En 2013, il participe au film associé au spectacle de Claire Lasne-Darcueil Les Trois
Soeurs d’Anton Tchekhov, présenté à Cap Sud Poitiers, puis joue Auguste dans Cinna de Corneille mis en scène
par Laurent Delvert au Luxembourg et à Metz. Hannibal est le onzième spectacle pour lequel il joue sous la
direction de Bernard Sobel, depuis Les Amis font le philosophe de Jacob Lenz en 1988.
Théâtre National de Strasbourg
40
I
> Jean-Claude Jay
l a joué dans de nombreuses pièces de théâtre : Le Roi Lear de Shakespeare, mise en scène d’André Engel
(2005), Merlin ou la terre dévastée de Tankred Dorst, mise en scène de Jorge Lavelli (2005), Les Brigands de
Schiller, mise en scène de Paul Desveaux (2004), La Vie est un songe de Calderon mise en scène de Guillaume
Delaveau (2004), La Mouette de Tchekhov (2002) et Cymbeline de Shakespeare (2001), mises en scène de
Philippe Calvario, Dommage quʼelle soit une putain de John Ford, mise en scène de Jérôme Savary (1997), La
Danse de la mort de Strinberg, mise en scène de Lucian Pintillie (1990), Mobie Diq de Marie Redonnet, mise en
scène d’Alain Françon (1988), Electre de Sophocle, mise en scène d’Antoine Vitez (1985). Au cinéma, il a joué,
entre autres, dans Le Coût de la vie de Philippe Le Guay (2003), Le Duc de Guermantes de Raoul Ruiz (1999), La Vie
de Marianne de Benoit Jacquot (1994), Jeanne la Pucelle de Jacques Rivette (1993).
> Yann Lefeivre
N
é en 1987, il travaille, parallèlement à ses études universitaires (Licence 1 de Droit à Nantes), aux
Machines de l’île de Nantes (2007 - 2010) et suit la formation du conservatoire d’Art dramatique de
Nantes. Au conservatoire, il met en scène ses camarades dans Hamlet Machine de Heiner Muller et Res
Personna de Ronan Chéneau. Après avoir reçu son certificat de fin d’études théâtrales, il intègre l’école du
Théâtre National de Bretagne (Promotion 2009) sous la direction pédagogique de Stanislas Nordey. Là, il suit les
stages d’interprétations d’Anton Kouznetsov, Stanislas Nordey, Serge Tranvouez, Jean-Christophe Sais, Julia Cima,
Boris Charmatz, Christine Letailleur, Thomas Jolly, Pascal Kirsch, Frédéric Vossier, Eric Lacascade, Françoise Bloch,
François Tanguy, Bruno Meyssat, Chiara Guidi. Il participe à l’enregistrement de pièces radiophoniques sur France
Culture : Le meilleur Bleu d’Aurianne Abécassis (réalisation Margueritte Gateau, 2012). Il joue dans
Déchirés/Graves, film dirigé par Vincent Dieutre. Au théâtre il joue dans Les Névroses sexuelles de nos parents mis
en scène par Marylin Leray ; Living ! mis en scène par Stanislas Nordey (Mettre en Scène, TNB et au TQI, 2012) ;
Violences de D.G Gabily (rôle de La Dech), qu’il met en scène avec Sarah Amrous ; dans deux mises en scène de
Christine Letailleur autour d’Aristophane qui s’inscrivent dans des ateliers à la prison des femmes de Rennes
(2010-2011) ; dans la création Intendance 01, mise en scène de Loïc Auffret et Rémis de Vos (Théâtre Universitaire
/ Nantes / 2008) ; Laboratoire numérique de Falk Richter, mise en scène de Cyril Teste (Lieu Unique /
Nantes/2007) et avec l’atelier « Mixte » (Théâtre Universitaire / Nantes / 2008).
> Vincent Minne
N
é en 1972, il poursuit ses études en France jusqu’à l’âge de 21 ans. Après avoir quitté la section Histoire
des Arts et des Techniques du Théâtre de l’Université Paris VIII en 1991, il vient à Bruxelles pour suivre
une formation d’acteur à l’Institut national supérieur des Arts du spectacle (INSAS, promotion 1995). Il
travaille au sein de la compagnie Utopia #3 depuis 16 ans. Avec Armel Roussel, il joue dans Roberto Zucco (1996),
Armageddon je m’en fous (1998), Les Européens d’Howard Barker (1998), Enterrer les morts, réparer les vivants
d’après Platonov de Tchekhov (2000), Notre besoin de consolation est impossible à rassasier d’après Stig
Dagerman (2002), Hamlet (version Athée) d’après Shakespeare (2003), POP ? (2005), And Björk of course… de
Thorvaldur Thorsteinsson (2006), Si demain vous déplaît (2009) et enfin Ivanov/remix avec lequel il est en tournée
depuis 2010. Avec Karim Barras Artefact (1999) ; Michel Dezoteux, Richard III de Shakespeare (2003) ; Philippe
Sireuil Tartuffe ou l’imposteur de Molière (2004), Shakespeare is dead de Paul Pourveur (2008). Il a également
joué dans trois pièces de Sofie Kokaj : Elle a passé tant d’heures sous les sunlights, Sunlights 2, et This is not a love
song entre 2006 et 2009. Avec Selma Alaoui, pour IWPNT (I would prefer not to). En France, il a joué pour Alfredo
Arias dans La Pluie de Feu en 1997 et Bernard Sobel, dans Dons, Mécènes et adorateurs d’Alexandre Ostrovski en
Théâtre National de Strasbourg
41
2006, Le Mendiant ou la Mort de Zand, en 2007 et L’Homme inutile ou la conspiration des sentiments de Youri
Olecha en 2011.
A
> Anaïs Muller
près un Bac Littéraire option arts plastiques, elle entre à l’Ecole supérieure d’Art de Grenoble - où elle a
pu expérimenter diverses techniques et moyens d’expressions -, puis elle suit différents stages de cinéma
pour enfin entrer à l’école du TNB (Théâtre National de Bretagne) à Rennes, sous la direction de Stanislas
Nordey, où elle travaille avec François Tanguy, Chiara Guidi, Nadia Xerri-L, Roland Fichet, Anton Kouznetsov, Jean
Christophe Saïs, le Workcenter, Bruno Meyssat, Eric Lacascade, Boris Charmatz, Julia Cima, Martine Joséphine
Thomas, Ivitsa Bulian, Frédéric Vossier, Bruno Tackels, Françoise Bloc, Vincent Dissez, Thomas Jolly, Laurent
Sauvage, Vincent Dieutre. Elle travaillera pour la saison 2013/2014 avec Stanislas Nordey dans Neufs petites Filles
de Sandrine Roche, création au TNB, puis avec Yves Chaudouët sur sa prochaine création. Récemment, elle a joué
dans Le désir… d’après la pièce de Picasso Le Désir attrapé par la queue, une création collective au domaine de
Tizé en juin 2013. Elle a également travaillé avec Yann-Joël Collin dans TDM3 de Gabily au TNB en 2011, avec Pier
Lamandé au TNB pour une lecture en partenariat avec le Centre thérapeutique de jour Janet Frame en 2012, avec
Stanislas Nordey dans Living ! au TNB et au TQI en 2012, et lors d’une lecture de Frédérique Vossier à Théâtre
Ouvert en 2011. Elle a prêté aussi sa voix pour une pièce radiophonique Le Transport en commun des mortels,
dirigée par Marguerite Gateau pour France Culture en 2012. Lors de sa formation au TNB, elle a pu interpréter
Clytemnestre de Sénèque, dirigée par Vincent Dissez, Tisbé dans Angelo Tyran de Padoue de Victor Hugo et Lady
Macbeth, dirigée par Thomas Jolly à la Cartoucherie de Vincennes, le rôle de la Reine mère dans Violences de
Gabily, lors d’une carte blanche, Phèdre de Gabily sous la direction de Nadia Xerri-L ; elle a aussi joué dans Days of
Nothing de Fabrice Melquiot, sous la direction de Laurent Sauvage. Elle a également participé à deux reprises au
festival FIND plus à la Schaubühne de Berlin, sous la direction de Thomas Ostermeier. Au cinéma, elle a tourné
dans Déchirés/Graves, long métrage de Vincent Dieutre.
A
> François-Xavier Phan
près des études scientifiques et économiques à l’Université Renée Descartes à Paris, c’est à 22 ans que
François-Xavier Phan découvre le théâtre au conservatoire d’Antony, avec Brigitte Damiens et Christian
Gonon. Au départ passionné par le jeu masqué, le mime et le clown, il participe au stage dirigé par Ariane
Mnouchkine au théâtre du Soleil en 2009. Cette rencontre marque un tournant dans sa vie : il prend la décision
de s’engager totalement dans le théâtre et intègre la même année la formation d’acteur du Théâtre National de
Bretagne à Rennes. Stanislas Nordey, responsable pédagogique de la formation, lui offre la chance de s’exprimer
sur un plateau, de se dresser et de prendre la parole sur scène en tant qu’être humain. Trouver sa nécessité
intime d’être sur un plateau de théâtre. A Rennes, pendant 3 ans, il a la chance de rencontrer de nombreux
artistes et metteurs en scène venant de différents horizons avec qui il commence à travailler dès la sortie de
l’école : Marguerite Gateau, réalisatrice pour France Culture, Stanislas Nordey, Guillaume Doucet et Simon
Deletang, metteurs en scène.
Théâtre National de Strasbourg
42
> Tristan Rothhut
N
é en 1987 à Maore (Lagwiyan, Guyanne française), il entre en 2005 au Conservatoire de Strasbourg, où il
rencontre Christian Rist, dont il devient l’assistant. En 2007, il joue dans Il la menace précédé de Afrique
Afrique, deux drames incantatoires de Charles Duits créés par le VOIR DIT - Compagnie Christian Rist au
Festival de Phalsbourg. En 2008, il écrit et met en scène Hamlet… Hamlet. Hamlet. espèce de pièce brève d’après
la tête qu’il aurait fait dans un crâne qui aurait été Shakespeare Laforgue Müller. De 2009 à 2012, il étudie à l’école
du Théâtre National de Bretagne, à Rennes, en compagnie de Stanislas Nordey, Roland Fichet, Bruno Meyssat,
Serge Tranvouez, Pascal Kirsch, Julia Cima, Éric Lacascade et Daria Lippi, Éric Didry, Thomas Jolly, Renaud Herbin et
Christophe Leblay, Adel Hakim, Françoise Bloch, François Tanguy, Chiara Guidi et Claudia Castellucci… En 2012, il
joue dans Déchirés/Graves, un film de Vincent Dieutre ; coécrit et mis en scène avec Simon Gauchet Nouer la
corde du pendu avec les dents dʼun cheval mort -I1-détachement ; et joue sous la direction de Stanislas Nordey
dans Living ! (à partir des écrits de Julian Beck et du Living Theater), créé au Festival Mettre en Scène, à Rennes, et
repris au Théâtre des Quartiers d’Ivry et au Festival d’Avignon. En 2013, il crée Box Office, un texte inédit de
Damien Gabriac, mis en scène par Thomas Jolly dans le cadre de la 4e édition du Festival Ado du Préau (CDR de
Vire) ; et performe avec GUÀ-GUÀ Le Désir… (d’après Le Désir attrapé par la queue de Picasso). Parallèlement, il
poursuit des chantiers de recherche ouverts à l’école avec François Tanguy et le Théâtre du Radeau à la Fonderie,
au Mans, Renaud Herbin et Christophe Leblay au TJP (CDN de Strasbourg), Roland Fichet et le théâtre de Folle
Pensée à Saint Brieuc.
> Gaëtan Vassart
N
é à Bruxelles en 1978, il est diplômé du CNSAD en 2004, après la classe libre au Cours Florent et l’INSAS.
Au théâtre, il joue sous la direction de Bernard Sobel dans Amphitryon de Kleist, La Pierre de
Mayenburg, Le Mendiant ou la Mort de Zand d’Olecha, Dons, mécènes et adorateurs d’Ostrovski ;
Philippe Adrien dans Yvonne, Princesse de Bourgogne et Meurtres de la princesse juive ; Michel Didym dans Poeub
de Serge Valetti ; Joël Jouanneau dans Préparatifs d’immortalité de Peter Handke ; Gilberte Tsaï; Brigitte JacquesWajeman, Pauline Bureau et Sarah Capony. Au cinéma, il tourne dans LʼAffaire Courjault de Jean-Xavier de
Lestrade et L’Exercice de l’Etat de Pierre Schoeller, ainsi qu’avec Chloé Thomas, Francis Perrin et Liova Jedlicki. Il
écrit aussi des chansons et publie trois albums sous le label Igloo Records qu’il défend sur diverses scènes
musicales (Francofolies, Les Trois Baudets, première partie de Francis Cabrel à l’Olympia…) et un premier texte
dramatique La Tête dans les étoiles et onze millions six dans mon dos, autour du fait divers du convoyeur de fonds
Toni Musulin, texte qui a reçu l’Aide à la création du CNT en mai 2012. A la demande de Radio France, il écrit Peau
d’Ourse d’après le conte italien du Pentamerone de Giambattista Basile, dit par Anne Alvaro. Au printemps 2013,
il est en résidence à la Chartreuse de Villeneuve-Lès-Avignon. Gaëtan Vassart enseigne également l’art
dramatique aux Cours Florent.
Théâtre National de Strasbourg
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Dans le même temps
Macbeth
CORÉALISATION du TNS et de MUSICA
De William Shakespeare
Mise en scène Guy Cassiers
Date du mercredi 02 au dimanche 06 octobre
Langue en néerlandais surtitré français
Horaire du mercredi au samedi à 20h ; dimanche 06 à 16h
Salle Koltès
Des arbres à abattre
Bord de plateau à l’issue de la
représentation
•Vendredi 04 octobre
Du théâtre à l’écran
Macbeth, Orson Welles, 1948, 107’
•Jeudi 03 octobre à 20h au cinéma
Star
ACCUEIL
D’après Thomas Bernhard
Mise en scène de Claude Duparfait et Célie Pauthe
Bord de plateau à l’issue de la
représentation
•Mardi 15 octobre
Dates du jeudi 03 au samedi 19 octobre 2013
Horaire du mardi au samedi à 20h ; dimanche 6 et 13 octobre à 16h
Relâche les lundis
Théâtre en pensées
Salle Gignoux
Séance
avec Claude Duparfait (sous
spéciale
audio
description
•Jeudi 17
octobre
Atelier-spectacle de l’École du TNS
réserve), Julie Brochen
•Lundi 2 décembre à 20h au TNS
Conversations de la Librairie
Kleber,
avec Claude Duparfait et Hélène
Schwaller
•Samedi 12 octobre à 11h30
GROUPE 41
LA SANDALE ET LE ROCHER
D’après Bérénice, Phèdre et Britannicus
De Racine
Dirigé par Cécile Garcia Fogel
Dates du lundi 21 au mercredi 23 octobre 2013
Horaires Tous les soirs à 20h
Espace Grüber
Théâtre National de Strasbourg
• Entrée Libre •
Réservation obligatoire au
03 88 24 88 24
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