Dossier d’accompagnement Contact Relations publiques : Quentin Bonnell (enseignement secondaire et supérieur) • Tél : 03 88 24 88 47 • [email protected] Sandra Hummel (CE, associations et groupes d’amis, public germanophone) • Tél : 03 88 24 88 03 • [email protected] Site internet www.tns.fr • Réservations 03 88 24 88 24 Théâtre National de Strasbourg 2 Hannibal COPRODUCTION de Christian Dietrich Grabbe Mise en scène de Bernard Sobel RENDEZ-VOUS AUTOUR DU SPECTACLE À STRASBOURG THÉÂTRE EN PENSÉES Rencontre Avec Bernard Sobel, animée par Emmanuel Behague (UdS) •Lundi 14 octobre 20h au TNS SÉANCES SPÉCIALES Surtitrage français •Vendredi 11 octobre Surtitrage allemand Texte français et adapatation Bernard Pautra Collaboration à la mise en scène Michèle Raoul-Davis Décor Lucio Fanti Son Bernard Valléry Lumière Dominique Borrini Costumes, coiffures et maquillage Mina Ly Assistanat à la mise en scène Mirabelle Rousseau Assistanat au décor et régie générale Clémence Kazémi Les comédiens Sarah Amrous Jacques Bonnaffé Romain Brosseau Eric Castex Pierre-Alain Chapuis Laurent Charpentier Philippe Faure Simon Gauchet Claude Guyonnet Yann Lefeivre Vincent Minne Anaïs Muller François-Xavier Phan Tristan Rothhut Gaëtan Vassart •Samedi 12 octobre Production déléguée Compagnie Bernard Sobel (compagnie aidée par le Ministère de la culture et de la communication /DGCA) Coproduction T2G-Théâtre de Gennevilliers (CDN de création contemporaine), Théâtre Liberté-Toulon, CDN Orléans/Loiret/Centre, Théâtre National de Strasbourg Avec la participation du Théâtre National de Bretagne et avec le soutien de la ville de Gennevilliers > Spectacle créé le 13 septembre 2013 au T2G, Gennevilliers > Hannibal est publié aux Editions de l’Âge d’Homme Cette pièce, du dramaturge allemand du XIXe siècle, Christian Dietrich Grabbe, conte le parcours du général carthaginois Hannibal, une des figures les plus redoutables des guerres puniques qui se succédèrent entre le second et le premier siècle avant J.-C., opposant Rome et Carthage. Apres de retentissantes victoires, Hannibal se voit soudain désavoue par les siens dans sa guerre contre Rome. Que faire lorsque les dirigeants de Carthage ne reconnaissent plus la légitimité de sa lutte ? Existet-il une issue qui permette de ne pas perdre sa dignité ? La pièce de Grabbe est une œuvre poétique qui nous offre une profonde et philosophique méditation sur l’homme dans l’Histoire, le rôle des peuples dans la construction des Etats et les incidences sur les vies des régimes impérialistes, a travers le récit de la défaite d’un homme et de la destruction d’un monde par le fer et le feu. Bernard Sobel voue une passion a cet auteur, contemporain de Buchner, mort alcoolique a trente-cinq ans, dont il dit : « Il y a de la fureur, de l’extravagance, du grotesque dans sa vie et dans son théâtre, mais jamais de tragédie. » Théâtre National de Strasbourg 3 SOMMAIRE QUI EST HANNIBAL ?...................................... 5 > LE PERSONNAGE .............................................. 5 > REPERES HISTORIQUES ...................................... 7 > LE CONTEXTE .................................................. 8 HANNIBAL, LA PIECE .................................... 17 > L’AUTEUR, CHRISTIAN DIETRICH GRABBE ............. 17 > HANNIBAL DE CHRISTIAN DIETRICH GRABBE ......... 18 > EXTRAITS ..................................................... 19 HANNIBAL, LA REPRESENTATION ................. 26 > NOTE D’INTENTION DE BERNARD SOBEL .............. 26 > LUCIO FANTI, LE TRAVAIL DES DÉCORS ET DES COSTUMES ...................................................... 28 > EXTRAITS DE PRESSE ....................................... 32 L’ÉQUIPE ARTISTIQUE .................................. 35 DANS LE MEME TEMPS................................. 44 Théâtre National de Strasbourg 4 Qui est Hannibal ? H annibal Barca est né en 247 avant Jésus Christ à Carthage. Il est le fils du général Amilcar Barca, en charge « d’un important commandement en Sicile, où Carthage lutte contre Rome depuis -2641 ». Hannibal a deux frères, Asdrubal II et Magon avec qui ils passent une grande partie de son enfance en Espagne. Là bas, « il reçoit une éduction soignée, à laquelle président des précepteurs grecs. » Hannibal émet très tôt le souhait de prendre part au combat. L’historien Tite-Live raconte que dès l’âge de neuf ans, il supplie son père de l’emmener avec lui. En effet, Amilcar « qui a triomphé de la révolte des mercenaires, a été chargée d’un commandement en Espagne. » Il autorise son fils à l’accompagner, mais à une seule condition, qu’il « prête devant le dieu suprême de la famille, Ba’al Shamim, un serment de haine éternelle à Rome ». C’est en -231, à l’âge de 16 ans qu’Hannibal part au front, accompagné de son père qui y trouvera la mort. Hannibal est alors « le second de son beau-frère Adrusbal 1er, qui reçoit en -229 le commandement de l’armée punique et le gouvernement de la province […] qu’elle contrôle en Espagne2. » Huit ans plus tard, « Asdrubal est assassiné et Hannibal, alors âgé de vingt-six ans, est proclamé commandant en chef des troupes carthaginoises ». Hannibal a grandit avec cette idée d’une revanche contre Rome due à la première guerre punique, qui réduit Carthage au « rôle de puissance secondaire en lui arrachant 1 Sauf mention contraire, les citation sont extraites de l’Encyclopédie Universalis, Paris, 1982, vol. 8 p. 237. 2 Idem Théâtre National de Strasbourg 5 dessin de la figure d'Annibal général carthaginois en marbre, par le sr. Slotdz, posé au jardin des Thuilleries. © Gallica.fr > Le personnage la Sicile et la Sardaigne ». Il étudie alors les faiblesses de Rome et conclut que « pour leur permettre de se libérer, il faut neutraliser la force militaire des légions. » Hannibal, conscient de la faiblesse maritime de Carthage, décide alors d’attaquer en passant par la Terre et entame tout un périple pour rejoindre l’Italie. Carthage ne ressort pas vainqueur de ces vingt années de conflit. Bien qu’un traité de paix soit signé entre Carthage et Rome, Hannibal « ne perd pas l’espoir de redresser la situation. Il prend part aux luttes politiques, devient le chef du parti démocratique et essai de parfaire la révolution accomplie un demi-siècle plus tôt par son père, en achevant d’abattre les vestiges de la constitution oligarchique de Carthage. » Alors qu’il parvient à se faire élire magistrat en -195, Rome « exige son élimination ». Hannibal s’enfuit mais persiste dans sa lutte, en voulant entraîner avec lui le roi de Syrie, Antiochos III, qui refuse et est alors vaincu par Rome. Hannibal part de nouveau précipitamment et « demande asile au roi de Bithynie Prusias », qui n’hésitera pas à le livrer aux romains, signant ainsi la mort d’Hannibal. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Hannibal n’est pas tué, mais il se suicide en -183. « Une ambassade ayant à sa tête Titus Quintius Flaminius est venue trouver le roi Prusias pour lui réclamer la vie de son illustre protégé et le monarque, peu désireux de s’attirer l’hostilité de la Dominante, a accepté de le trahir. Lorsque Hannibal découvre qu’il est cerné, il se fait donner le poison “tenu en réserve depuis longtemps en prévision d’un tel évènement.”3 » 3 L’Ombre d’Hannibal, P. Rumiz, Gallimard, collection Folio, Paris, 2013, p257 Théâtre National de Strasbourg 6 > Repères historiques 247 avant J.-C. Naissance d’Hannibal. Issu d’une grande famille de très riches négociants carthaginois, il est le fils d’Hamilcar Barca, principal acteur de la 1re Guerre Punique, conflit qui oppose Rome et Carthage pour l’hégémonie et le contrôle des marchés sur l’ensemble du monde connu de l’époque, essentiellement méditerranéen, entre le 1er et le 2e siècle avant Jésus-Christ. 221 av. J.-C. Hannibal devient chef des armées carthaginoises. 218 av. J.-C. Début de la 2e Guerre Punique. Hannibal, au lieu d’attaquer par la mer, où il est attendu, franchit les Pyrénées et les Alpes avec ses troupes et ses éléphants et surprend les Romains. 217 av. J.-C. Victoire d’Hannibal au lac Trasimène. Il perd un œil des suites d’une infection. 216 av. J.-C. Écrasante victoire d’Hannibal à Cannes (dans les Pouilles au sud-est de l’Italie). La stratégie mise alors en œuvre par Hannibal est encore étudiée de nos jours dans les écoles de guerre. Rome est directement menacée. 216-215 av. J.-C. Au lieu d’attaquer Rome, Hannibal et ses troupes passent l’hiver à Capoue (les « délices de Capoue »). Il lui en sera fait reproche. 211 av. J.-C. Publius Scipion (le futur Scipion l’Africain) est élu par le Sénat romain général de l’armée d’Espagne. Il attaque les possessions carthaginoises en Espagne. 205 av. J.-C. Fin de la guerre d’Espagne sur un succès romain. 204 av. J.-C. La flotte romaine débarque en Afrique du Nord. 203 av. J.-C. Menacée par les Romains, Carthage rappelle Hannibal qui doit quitter l’Italie où il poursuivait le combat. 202 av. J.-C. Rencontre entre Hannibal et Scipion avant la bataille de Zama. Victoire romaine. 201 av. J.-C. Signature d’un traité de paix entre Rome et Carthage. Fin de la 2e Guerre Punique. 195 av. J.-C. Hannibal doit prendre le chemin de l’exil. Il trouve refuge en Syrie auprès du roi Antiochus. 183 av. J.-C. Hannibal se réfugie en Bithynie, auprès du roi Prusias. Mais menacé d’être livré aux Romains, il se suicide. 149 av. J.-C. Début de la 3e (et dernière) Guerre Punique. 146 av. J.-C. Destruction de Carthage, rasée par les Romains. 135 av. J.-C. Chute de Numance. Théâtre National de Strasbourg 7 A fin de comprendre qui est vraiment Hannibal et de voir comment l’auteur Christian Dietrich Grabbe a traité son histoire, nous vous proposons un historique des guerres Puniques. > Le contexte4 Genèse du conflit : la lutte d’influences L es relations entre Rome et Carthage furent longtemps cordiales, tant que dura la domination grecque sur le monde méditerranéen. En effet, des accords d’échanges furent conclus, en -508, -348 et -306, ainsi qu’un traité de défense mutuelle en -279. De plus, Carthage envoie en -279 une flotte à Ostie5 soutenir les Romains contre Pyrrhus. Mais au milieu du IIIe siècle av. J.-C., les Grecs sont définitivement écartés de la Méditerranée occidentale, placés désormais sous la domination des successeurs d’Alexandre le Grand (lui-même mort en -323), roi de Macédoine. Leurs intérêts communs ayant donc disparu, les deux cités rivales se retrouvent seules face à face. Les Romains constatent que Carthage dispose d’une avance considérable : des rivages de l’Afrique en passant par une bonne partie de l’Hispanie, la cité punique dispose de nombreux territoires. Mais par dessus tout, toutes les îles de la mer Tyrrhénienne sont carthaginoises (Corse, Sardaigne, Baléares). De plus, l’achèvement de la conquête de la Sicile par les Carthaginois mettrait à leur portée toute l’Italie du Sud et ils pourraient alors être aux portes de Rome en dix jours. Les romains se doivent donc de prendre une décision pour protéger l’Italie, et n’ont guère d’autre option que la guerre. Position de chaque colonie en 264 avant J-C. 4 Pour cette partie, les informations sont issues du site : http://www.histoiredumonde.net/Contexte-et-Historique-.html, consulté le 25 septembre 2013. 5 Port de la Rome antique situé à l’embouchure du Tibre. Théâtre National de Strasbourg 8 La deuxième Guerre punique L P e terme « punique » vient de l’adjectif « punicus » qui signifie « carthaginois », déformation du nom phénicien, peuple dont sont issus les Carthaginois. La Première Guerre punique –ou Guerre de Sicile– eut lieu entre 264 et 241 av. J.-C. Il s’agit de la première des trois guerres qui opposèrent Rome et Carthage. lusieurs lieux : Italie, Sicile, Hispanie, Gaule cisalpine, Gaule transalpine, Afrique, Grèce. La Deuxième Guerre punique, (218-202 av. J.-C.) est le deuxième des trois conflits qui opposèrent Rome à Carthage. Les grandes figures de cet affrontement sont célèbres. Du côté carthaginois, le général Hannibal Barca passa avec ses éléphants les Pyrénées, le Rhône et les Alpes, et remporta une série de victoires sur les légions romaines. Du côté romain, les Scipion menèrent des contre-attaques décisives en Espagne, puis en Afrique. Hannibal fut finalement battu par Scipion l’Africain à la bataille de Zama. Rivalité entre Rome et Méditerranée occidentale Carthage dans la R ome profite de la Guerre des Mercenaires, qui fit rage trois années durant à Carthage, pour annexer la Sardaigne et la Corse et devient alors une grande puissance maritime. Les Carthaginois, de leur côté, s’étendent rapidement dans le Sud de l’Espagne, sous la conduite des Barcides (famille des Barca, dont Hamilcar Barca et Hannibal Barca). Avec le bassin fertile du Guadalquivir, les mines de plomb argentifère de la Sierra Morena et de Carthagène, et des indigènes soumis mais combatifs, cette région est un réservoir de blé, de métaux précieux et de soldats appréciés. Elle redonne à Carthage sa puissance économique, commerciale et militaire. Ce renforcement carthaginois préoccupe Rome, et envisage une nouvelle guerre pour y mettre un terme. Déclaration de guerre (-219 av. J.-C.) L e prétexte du déclenchement fut le siège en -219 de la cité de Sagonte, alliée de Rome, par les Puniques. Cependant, selon le traité de -241 délimitant les zones d’influence respectives des deux puissances rivales, Rome n’aurait pas dû contracter d’alliance au sud de l’Ebre. Il semble que Rome ait ici profité d’une imprécision du traité, et ait interprété cette clause en considérant que la rivière citée n’était pas l’Ebre coulant au Nord de l’Espagne, mais un fleuve côtier situé au Sud de Sagonte. Dans ce cas, c’est évidemment Carthage qui se trouvait en tort. Cet artifice permettait à Rome de ne pas se parjurer, et de maintenir la paix des dieux. L’historien antique Tite-Live présente ainsi la prise de Sagonte comme une agression délibérée d’Hannibal contre les intérêts romains. Théâtre National de Strasbourg 9 Campagne d’Hannibal (218-216 av J.-C.) Le trajet d’Hannibal, Carthage. Hannibal, fils d’Hamilcar Barca. Les guerres puniques, des éditions Athéna L ‘expédition pour parvenir en Italie Dans un premier temps, Hannibal établit un dépôt de réserves près de Tarragone, en Espagne. Il prépare une armée de 50 000 fantassins, de 9 000 cavaliers et 37 éléphants. L’infériorité navale carthaginoise l’oblige à choisir une voie terrestre pour attaquer l’Italie. Au printemps -218, il commence la marche sur Rome au travers des Pyrénées. Les tribus celtiques sont neutres jusqu’à la vallée du Rhône. Mais celles de la vallée du Rhône, fidèles à Rome, harcèlent son armée qui doit s’éloigner de la côte pour éviter Marseille. Hannibal perd 12 000 fantassins et 1000 cavaliers. De son côté, Rome avait élaboré un plan de campagne, avec toutefois des effectifs réduits : deux légions et des troupes auxiliaires (environ 25 000 hommes), sous le commandement du consul Tib. Sempronius Longus, devaient profiter de la supériorité navale romaine pour débarquer en Afrique et attaquer directement Carthage. - Publius Cornelius Scipion conduirait une mission d’interception, avec les mêmes effectifs : partant de Pise, il navigue vers la Gaule pour tenter d’empêcher Hannibal de pénétrer en Italie. Mais la révolte des Gaulois Boïens en Cisalpine6, récemment soumis et qui espèrent l’arrivée des Carthaginois, retarde la mobilisation des troupes de Scipion. 6 On parle plus précisément de la Gaule Cisalpine, correspondant à l’Italie du Nord Théâtre National de Strasbourg 10 La rencontre des forces romaines et carthaginoises en Gaule se limite à un accrochage de détachements de cavalerie envoyés en reconnaissance. Hannibal surprend en passant par les Alpes. Franchir les Alpes à mi-octobre, sous le harcèlement des autochtones, alors que les premières neiges de l’automne tombent, se révèle terriblement éprouvant : 35 éléphants y meurent, au cours des 9 jours de montée et des 6 jours de descente (18 jours en tout, si l’on suit Tite-Live), les deux derniers ne survivent que quelques jours de plus. (Selon d’autres sources, des éléphants survécurent au moins jusqu’à la Bataille de la Trébie). Après cinq mois de trajet, c’est une armée épuisée qui arrive en Italie, bien accueillie par les Gaulois : 20 000 fantassins et 6 000 cavaliers. Rome est alors contrainte de réviser son plan de manœuvre : - Publius Cornelius Scipion doit rebrousser chemin à Marseille avec une partie de son armée, l’autre partie naviguant vers l’Espagne sous le commandement de son frère, Gnaeus Cornelius Scipio Calvus. - L’armée du consul Sempronius revient de Sicile où elle stationnait. Le passage du Rhône et des Alpes, in Carthage. Hannibal, fils d’Hamilcar Barca. Les guerres puniques, op. cit. V ictoires d’Hannibal Publius Cornelius Scipion, de retour en Italie, franchit le Pô en octobre -218 pour affronter Hannibal, lors de la Bataille du Tessin, au cours de laquelle les Romains sont défaits. Hannibal poursuit sa marche. Les armées de Sempronius et de Publius Cornelius Scipion opèrent leur jonction, et affrontent à nouveau Hannibal, le 25 décembre -218, pour essayer d’arrêter son avancée. C’est la bataille de Trébie, une défaite terrible pour les Romains : ils perdent au moins 20 000 hommes. Hannibal vainqueur reçoit le ralliement de nombreux Gaulois, qui complètent ses effectifs. Théâtre National de Strasbourg 11 En -217 Hannibal pénètre en Étrurie7, une nouvelle armée de quatre légions, conduite par le consul romain Flaminius entre en jeu. Mais elle tombe, le 21 juin -217, dans un piège : sur les bords du lac Trasimène, l’armée d’Hannibal surgit des brumes et surprend l’armée romaine en ordre de marche. Les Romains perdent de 15 000 à 20 000 légionnaires, massacrés ou noyés, Flaminius est tué ; Hannibal fait autant de prisonniers. Cette année -217, le seul succès romain vient d’Espagne : Gnaeus Cornelius Scipio Calvus y détruit les réserves d’Hannibal. Hannibal libère ses prisonniers italiens, espérant susciter d’autres ralliements de peuples soumis aux Romains, mais en vain. Il continue sa marche vers le Sud, comptant sur des alliances avec les Apuliens et les Lucaniens. Devant la gravité de la défaite de Trasimène, une assemblée se réunie et nomme dictateur Fabius Maximus surnommé Cunctator, le Temporisateur, qui applique alors une stratégie d’usure, suivant les déplacements d’Hannibal qui pille différentes régions, tout en évitant l’affrontement direct. En -216, le commandement revient normalement à deux consuls. Le consul Varron, contre l’avis du consul Paul Émile décide d’un affrontement à Cannes, le 2 août -216. L’habileté tactique d’Hannibal a raison de la supériorité numérique romaine. Selon les sources, de 45 000 à 60 000 légionnaires romains et alliés périssent, sur un effectif de 86 000, à l’issue de cet affrontement qui compte parmi les plus grands de l’Antiquité, et qui reste la plus grande défaite des Romains. Il faut ajouter 10 000 prisonniers, la mort du consul Paul Émile et de 80 sénateurs. Les pertes carthaginoises se situeraient entre 5700 et 8000 hommes pour 50 000 hommes engagés. L’ampleur de la défaite romaine entraîne une perte de territoire et la mort d’un aussi grand nombre de sénateurs aura des conséquences sur la société romaine. À l’automne -216, Capoue8 s’ouvre aux Carthaginois, et Hannibal y prend ses quartiers d’hiver. Mais si ces transfuges ravitaillent son armée, ils ne sont pas décidés à prendre part à la guerre à ses côtés. C’est le célèbre épisode dit des « délices de Capoue ». Hannibal attend des renforts, mais il ne peut prendre le contrôle ni de Naples, ni de Brindisi, ni de Rhegium, ports où s’accrochent les garnisons romaines. La flotte carthaginoise qui de surcroît redoute les navires de guerre romains ne peut lui acheminer de renforts. Enlisement en Italie – Alliances et sièges (215-209 av J.-C.) R ome est protégée efficacement par le Latium, l’Ombrie, l’Étrurie restés fidèles. Les pertes humaines considérables sont compensées par de nouvelles levées auprès des cités alliées, et même par l’enrôlement d’esclaves volontaires et affranchis pour l’occasion. Ces troupes inexpérimentées ne permettent pas d’engager une offensive. Fabius Cunctator, consul en -215 puis en -214, verrouille les passages 7 8 L’Étrurie correspond à la Toscane actuelle. Ville italienne. Théâtre National de Strasbourg 12 entre la Campanie et le Latium. La guerre en Italie devient une guerre de positions, l’issue du conflit va se décider sur d’autres théâtres d’opérations. En -215, à Carthage, Magon, frère d’Hannibal, obtient des troupes et de l’argent, mais il doit prendre la voie de l’Espagne pour rejoindre Hasdrubal9. Des Carthaginois débarquent en Sardaigne, escomptant un soulèvement indigène contre les Romains, mais ils sont anéantis. Seul un petit contingent venu de Carthage avec quelques éléphants peut accoster la côte italienne à Locres en -215, et rejoindre Hannibal. Première Guerre macédonienne Hannibal emploie la diplomatie, et au printemps 215 noue une alliance avec Philippe V de Macédoine. Informés par hasard grâce à la capture d’émissaires macédoniens, les Romains bloquent toute tentative de débarquement macédonien avec une escadre de 50 navires basée à Brindisi. Philippe V, dépourvu de flotte de guerre, est réduit à l’attente d’une intervention navale carthaginoise, qui ne viendra jamais. Cette guerre macédonienne est intégrée à cette seconde guerre punique. Philippe V ne parvient pas à s’emparer des positions romaines de Dyrrachium et Apollonia sur la côte illyrienne, tandis que les Romains, eux, le mettent en difficulté sur ses arrières, grâce à l’alliance avec la ligue étolienne en -212, moyennant un soutien naval romain, puis avec les villes grecques de Sparte, Messène et Elis en -211, et même avec Attale Ier roi de Pergame en -209. Lorsqu’en -205, l’échec carthaginois fut incontestable, le Sénat romain et Philippe V signèrent la paix. Syracuse, Italie du Sud, théâtre de la guerre E n Sicile, la diplomatie carthaginoise fait basculer Syracuse dans son camp. Alliée fidèle et efficace de Rome sous Hiéron II, la ville s’abandonne à la guerre civile à la mort du roi en -215 et l’avènement de Hiéronyme. Au terme de cette agitation entretenue par les Carthaginois, Hiéronyme et toute la famille royale sont massacrés en -214. Les Carthaginois en profitent pour prendre le contrôle de la cité et, de là, ils tentent de reconquérir la Sicile. La prise de contrôle s’effectue plutôt par voie diplomatique, en retournant les alliances, que par des combats militaires. Le consul Marcus Claudius Marcellus ne parvient pas à rétablir l’alliance avec Syracuse par la négociation, et au printemps 213 commence le siège de Syracuse. Dans le même temps, une armée carthaginoise de 25000 hommes et 3000 cavaliers débarque en Sicile, commandée par Himilcon. Il occupe Agrigente, mais ne peut faire lever le siège de Syracuse. Une épidémie décime ensuite son armée. La flotte carthaginoise ravitaille plusieurs fois Syracuse, mais retourne à chaque fois vers Carthage, redoutant un combat naval avec la flotte de guerre romaine. En -211, Marcellus finit, après un long siège et de nombreuses péripéties, par reprendre Syracuse, la plus belle et la plus illustre des villes grecques, qu’il livre partiellement au pillage. Le grand savant Archimède est tué pendant le sac par un soldat qui ne le connaissait pas, alors qu’il était en train de contempler des figures Théâtre National de Strasbourg 13 géométriques dans le sable. Toutes les œuvres d’art de la ville, publiques ou appartenant à des particuliers, sont transférées à Rome. Les Romains s’assurent la fidélité de leurs alliés siciliens, tentés par une alliance avec Carthage, par différents moyens, y compris par le massacre « préventif » des habitants d’Enna10. Tarente ors de l’hiver -213/212, Tarente ouvre ses portes à Hannibal. Toutefois la garnison romaine retranchée dans la citadelle verrouille l’accès du port. Hannibal parvient enfin à se donner un accès à la mer en s’emparant des cités côtières voisines de Métaponte, Héraclée et Thourioi. Si la flotte punique parvient à embarquer les troupes de Philippe V de Macédoine, elle pourra les débarquer en Italie du Sud. Mais en -211, la flotte de Bomilcar ravitaille une dernière fois Syracuse assiégée, et se contente de bloquer la citadelle de Tarente, restant à l’écart de la flotte romaine de Brindisi. L Capoue Profitant de la fixation d’Hannibal sur Tarente, les Romains reprennent pied en Campanie et assiègent Capoue une première fois en 212, mais Hannibal les bat. En 211, ils reprennent leur blocus, qu’Hannibal ne peut rompre. Ce dernier tente alors un raid de diversion en se dirigeant sur Rome avec sa cavalerie. Aucune force ne s’interpose, les Romains refusent toujours une bataille rangée frontale. Hannibal ad portas (« Hannibal est à nos portes ») rapporte Tite-Live. Le Sénat s’empresse d’organiser la défense de la ville derrière ses murailles. La cavalerie d’Hannibal campe près de Rome, mais faute de machines de siège, elle doit rebrousser chemin vers l’Italie du sud. Les Romains n’ont pas levé leur siège autour de Capoue : la diversion d’Hannibal a échoué. Capoue capitule en -211. En punition de sa trahison envers Rome, toutes ses terres sont confisquées Enfin, en -209, Fabius Cunctator réoccupe Tarente. La répression est plus sévère qu’à Capoue : Tarente est pillée, et 30 000 habitants sont vendus comme esclaves. Les Scipions en Espagne (218-206) L es frères Gnaeus Cornelius Scipio Calvus et Publius Cornelius Scipion avaient bien évalué l’importance de l’Espagne. Ils s’y rendent et remportent en -217 une victoire navale à l’embouchure de l’Ebre, puis reprennent Sagonte. Ils empêchent Hasdrubal de rejoindre son frère Hannibal, et suscitent en -215 une guerre du Roi Numide Syphax11 contre les Carthaginois. 9 Frère d’Hannibal Barca et de Magon Barca. Ville italienne située en Sicile. 11 Syphax était le roi d’une région qui représente l’Algérie actuelle. 10 Théâtre National de Strasbourg 14 Mais en -212, Hasdrubal soumet Syphax, et trois armées carthaginoises passent en Espagne. Les frères Scipions sont battus et tués en -211 av J.C., les forces romaines battent en retraite sur l’Ebre. À Rome, le jeune Cornelius Publius Scipion, fils de Cornelius Publius Scipion, qui deviendra connu sous le nom de Scipion l’Africain entre alors sur la scène. Quoique n’ayant jamais été consul, il obtient un pouvoir proconsulaire pour l’Espagne en -210. En -209, il prend le port de Carthagène, avec le trésor de guerre et les otages ibères détenus par les Carthaginois. La libération de ces otages permet de gagner le soutien de peuples ibères contre Carthage. En 208, Scipion affronte Hasdrubal à Baecula, qui parvient malgré ses pertes à percer en direction du Nord pour rejoindre son frère. Expédition de secours d’Hasdrubal H asdrubal quitte l’Espagne avec une armée de 60 000 hommes, et prend ses quartiers d’hiver en Gaule. Au printemps -207, Hasdrubal est en Italie prêt à opérer sa jonction avec Hannibal dans le Sud de l’Italie. Très audacieusement, le consul Caius Claudius Néron laisse un rideau de troupes devant Hannibal, pendant que lui remonte au Nord avec ses meilleurs légions rejoindre le consul Livius Salinator. Tous deux rencontrent et anéantissent l’armée d’Hasdrubal lors de la bataille du Métaure. Hasdrubal meurt dans la bataille. L’année suivante en -206, Scipion bat les dernières forces carthaginoises commandées par Magon à Ilipa, et s’empare de Gades (Cadix), achevant la conquête de l’Espagne carthaginoise. Magon s’enfuit avec la flotte vers les Baléares. De là il débarque en -205 avec 12 000 hommes dans le golfe de Gênes. Mais, en marge du territoire romain, il ne parvient pas à les inquiéter, et est battu par Marcus Cornelius Cethegus. Dénouement en Afrique (205-201) R evenu d’Espagne couvert de gloire, Scipion est candidat à l’élection comme consul pour -205, quoiqu’il n’ait pas l’âge légal. Son programme est une expédition en Afrique sur le territoire de Carthage. Malgré l’opposition de Fabius, le Sénat lui accorde le gouvernement de Sicile et deux légions. Scipion consacre l’année -205 et le début de -204 à compléter ses effectifs, faisant même appel à des volontaires – forme de recrutement exceptionnelle à l’époque – et à préparer son expédition. L’événement marquant de -205 sera la conclusion d’une paix de statu quo avec Philippe V de Macédoine. Scipion débarque près de Carthage en -204. Ses débuts sont laborieux : il échoue à prendre Utique et doit hiverner sur un promontoire de la côte entre Utique et Carthage. L’année suivante en -203, il bat une armée carthaginoise et le roi numide Syphax. Il s’allie avec un autre roi numide Massinissa et capture Syphax en juin. Carthage sent que la guerre est perdue et négocie avec Scipion. Elle accepte les conditions qu’il lui impose : - évacuation des forces carthaginoises présentes en Italie et en Gaule cisalpine abandon de l’Espagne - cession de sa flotte, sauf 20 navires Théâtre National de Strasbourg 15 - paiement d’une indemnité de 5 000 talents Tandis que les ambassadeurs carthaginois vont à Rome faire ratifier ce traité par le sénat romain, Hannibal et Magon quittent l’Italie avec leurs armées en -203. À Rome même, les adversaires politiques de Scipion, qui lui reprochent d’avoir pris l’initiative de décider seul des conditions de la capitulation de Carthage, font traîner les pourparlers en longueur, et la paix n’est pas encore signée en -202. C’est alors qu’un incident mineur rompt la trêve : coupée de son arrière-pays, Carthage est affamée. Un navire de ravitaillement romain en perdition est arrêté afin de vérifier la cargaison. Le conflit redémarre. La rencontre des deux armées a lieu à la bataille de Zama en -202. Les Romains, inférieurs en nombre mais aidés de la cavalerie numide de Masinissa, remportent la victoire sur les Carthaginois. Pour honorer sa victoire, les Romains ajoutent le surnom Africanus au nom de Scipion, devenu dès lors Scipion l’Africain. De nouvelles conditions de paix sont imposées à Carthage, plus dures encore que les précédentes : - abandon de l’Espagne et des Baléares - cession de sa flotte, sauf 10 navires - paiement d’une indemnité de 10 000 talents, sur 50 ans - interdiction de toute action militaire sans l’assentiment de Rome Analyse du succès romain R ome a gagné contre Hannibal, que l’histoire met au rang des grands stratèges et des fins tacticiens. Il séjourna 15 ans sur le sol romain, sans pouvoir amener Rome à la capitulation. Parmi les raisons du succès romain, on peut citer : - le refus de la classe politique romaine de s’admettre jamais vaincue, même si elle se divisa sur la stratégie à adopter, offensive ou défensive - la capacité de recrutement romaine, comblant constamment ses pertes, mobilisant jusqu’à 25 légions, au prix d’une pression épuisante sur ses alliés - la maîtrise maritime, qui permit de garder le contact avec l’armée envoyée en Espagne, tandis que la flotte punique n’osa jamais un affrontement naval. Cette maîtrise lui assura aussi son ravitaillement en blé depuis la Sicile, la Sardaigne et l’Espagne, ainsi que ses contacts diplomatiques avec les adversaires de Philippe V - la fidélité des peuples alliés entourant Rome d’un glacis protecteur et de la plupart des ports d’Italie du Sud. Carthage engagea bien des forces importantes à plusieurs reprises, et noua des alliances dangereuses pour Rome, mais elle ne put réaliser une coordination efficace de ses moyens, faute de maîtriser ses liaisons avec Hannibal et Philippe V. Théâtre National de Strasbourg 16 Hannibal, la pièce > L’auteur, Christian Dietrich Grabbe Christian Dietrich Grabbe est né le 11 décembre 1801 à Detmod, en Allemagne. Fils d’un gardien de prison, Christian Grabbe s’essaie au théâtre dès l’âge de seize ans. Une bourse lui permet de faire des études de droit à l’université de Leipzig, puis de Berlin, à partir de 1822. À Berlin, il fait la connaissance d’Heinrich Heine, considéré comme l’un des plus grands écrivains allemands du XIXe siècle. À la fin de ses études, en 1823, il s’efforce en vain d’obtenir un emploi d’acteur ou de metteur en scène au théâtre allemand. De retour à Detmold l’année suivante, il rend son diplôme de droit. Ne parvenant pas à trouver une place de juriste à Detmold, il accepte en 1826 un poste non rémunéré de remplaçant et prend la succession d’un auditeur militaire malade en 1828. En 1829, il fait jouer à Detmold son Don Juan und Faust. C’est la seule fois où l’une de ses pièces est représentée de son vivant. À partir de 1831, son état de santé se détériore et son alcoolisme ne fait qu’empirer. Cela a pour conséquence de faire échouer ses fiançailles avec Henriette Meyer. Grabbe se tourne alors vers Louise Christiane Clostermeier, qui l’avait auparavant repoussé. Ils se marient en 1833, mais leur union se révèle rapidement malheureuse. Grabbe rend ses fonctions d’auditeur en 1834. Il va à Francfort, où il se fait renvoyer par son éditeur, puis se rend à Düsseldorf, où il retrouve son ami le compositeur Norbert Burgmüller et travaille pour le théâtre municipal avec Karl Immermann, rencontré en 1831. Du fait de sa dépression et de ses excès d’alcool, cette collaboration est elle aussi de courte durée. En 1836, il retourne à Detmold, où sa femme obtient le divorce. Il y meurt la même année, le 12 septembre 1836, des suites d’une tuberculose. Oubliée, l’œuvre de Grabbe ne sera redécouverte que par les dramaturges naturalistes et expressionnistes. Principales œuvres de Grabbe (1801-1836) : Le duc théodore de Gothland (1822). Plaisanterie, satire, ironie et signification plus profonde (1822). Marius et Sylla (1823). Don Juan et Faust (1829). L’empereur Frédéric Barberousse (1829), Napoléon ou les Cent-Jours (1831), Hannibal (1834). Théâtre National de Strasbourg 17 > Hannibal de Christian Dietrich Grabbe A propos d’Hannibal H annibal n’est pas une pièce historique ; même si la matière de l’œuvre est celle du conflit qui opposa – à l’échelle du monde de l’époque – Rome et Carthage entre le IIe et le Ier siècle avant Jésus-Christ ; même si Grabbe suit le parcours du principal protagoniste de ce conflit, Hannibal, le général carthaginois qui fit trembler Rome, de sa victoire à Cannes sur les Romains à sa fuite et son suicide en Bithynie. Les libertés que prend Grabbe avec la réalité historique, la synthèse qu’il opère sur les événements, les personnages, la chronologie, alors même qu’il en a parfaitement connaissance, traduisent clairement son projet : comme avec Napoléon ou les CentJours, revenir sur les événements qui, de l’Espagne à la Russie, ont secoué l’Europe de son enfance et de son adolescence. Après un passé tout proche, ce détour par l’antiquité, loin d’être un refuge contre un présent décevant, est la prise de distance qui lui permet de mieux le réfléchir et le comprendre. Grabbe a une pensée de l’histoire. Mais il n’écrit pas de traités d’économie politique ni de grandes synthèses théoriques. Matières mortes et vaines, il n’a pour elles que mépris. Il utilise le moyen du théâtre, du poème dramatique, pour, de façon vivante, réfléchir, méditer, en philosophe et en stratège autant qu’en poète, sur cette matière dont il a été et continue d’être témoin, l’impérialisme, la conscience ou l’absence de conscience nationale, le sens de l’État, le jeu des intérêts et, plus généralement, sur l’homme dans l’histoire, le rôle des peuples, celui des grandes individualités. L’époque est sombre. Après Waterloo, la réaction triomphe apparemment partout en Europe. Le monde ressemble beaucoup à la prédiction de Napoléon : une morne retombée dans les vieux esclavages. Le réveil des peuples, les espérances de libération et d’unité nationale, tout semble bien loin désormais. Les intérêts privés priment, semble-t- il, partout. Et Grabbe lui-même, malgré la reconnaissance et le soutien de quelques-uns, a échoué à faire reconnaître son génie. Il est presque arrivé au terme de sa courte vie. Mais la grandeur de cet homme et de son œuvre, c’est que l’échec apparent, l’absence totale d’illusions ne le conduisent pas, non plus que son personnage, au renoncement. Il éructe, grince des dents, ironise ; il ne désespère pas et va au bout du possible. Dès le début de la pièce, alors même qu’il vient de remporter une victoire peut-être décisive sur les Romains, Hannibal, chez Grabbe, sait que la défaite et la mort sont au bout de son chemin et dès ce moment il prépare sa sortie de scène, son suicide. Et pourtant cette conscience de l’échec quasi certain ne l’empêche pas de faire tout ce qu’il est humainement possible pour triompher. Comme son personnage, Grabbe refuse et le désespoir et l’espérance, l’un et l’autre clairement désignés comme des illusions. Il continue de faire ce qu’il a à faire, écrire, et sans repli sur lui-même, sans souci d’un avenir indécidable – il ne croit ni en des lendemains qui chantent ni en aucun au-delà –, il persévère sans renoncer à aucune de ses ambitions. L’échec, pour Grabbe, ne rend pas l’effort dérisoire. Cette attitude est aujourd’hui plus que jamais exemplaire. Michèle Raoul-Davis Théâtre National de Strasbourg 18 > Extraits […] Devant Rome Hannibal (à la tête de ses troupes au retour de l’assaut) : Les tentes. (On les dresse.) Même pas capable de prendre d’assaut ces bicoques de briques ? Ruse, courage, art de la guerre, tout ça pour rien. Voilà l’œuvre des bourses de cuir où est enfouie, très bien gardée, la fortune de Carthage, seulement pour moi pas d’armée ! Un chef de tribu nègre : Seigneur, cette Rome est un abcès qui infecte le monde entier. Hannibal : J’ai posé une question ? Le chef de tribu nègre : Pardon ! Non ! Un messager (arrivant) : Général — Hannibal : Les lettres. (Il les décachette.) Celle-ci est du grand-père Barca — J’embrasse ton écriture, noble vieillard ! (Tout en lisant.) Toi aussi, à presque cent ans, tu te plains ? C’est pour ça que tu es devenu si vieux, si gris ? — Oui oui, on veut nous opprimer, nous les Barca — Seulement je vous le dis, Melkir, Hannon, ce glaive fumant de sang plane encore au-dessus de vos têtes, et si vous connaissez la ruse, lui connaît les batailles ! — « Ça conspire dans la maison d’Hannon, on te destine de maigres renforts. » — D’accord, si les murailles de Rome me repoussent, je n’irai pas de si tôt échouer à Carthage. — Les Barca connaissent le secret des îles de l’étain et de l’Atlantide aussi bien que vous, ils en tirent assez d’argent. Mais ils ne le mettent pas sous clé, eux, ils le sèment, et il fait pousser des soldats qui un jour, c’est sûr, fractureront vos caisses pendant que vous prendrez la fuite, et les thalers, ça ne se défend pas. Les insensés ! Oublier que Rome est terriblement proche des lointains dorés qui luisent à l’ouest — le présent contre l’avenir ! (Au messager.) Tu apportes aussi des lettres du Sanhédrin, non ? Le messager : En voici un paquet. Hannibal : Des sceaux imposants ! c’est sûrement plus petit, à l’intérieur. Le messager : Ce sont leurs altesses du Sanhédrin qui m’envoient, à vrai dire. Hannibal : À vrai dire ! (Tout en lisant.) « Salutations et félicitations pour Cannes » — Pour soixante mille cadavres romains, c’est pas cher payé ! — « Tu vas recevoir du renfort à la mesure de tes besoins. » Oui, d’abord vous prenez les mesures, et ensuite vous taillez dans le ciel un habit où les étoiles étouffent et où les tonnerres ont le coffre à l’étroit. « Et des députés accompagnent le messager pour prendre réception des anneaux que tu as, très honorable général » – Très honorable ! Ils mesurent également les mots ? Je m’étonne Théâtre National de Strasbourg 19 qu’ils ne me gratifient pas d’une honorabilité passable. — « des anneaux que tu as conquis à Cannes. » Eh, c’est que ça vaut cher, les anneaux de chevaliers ! c’est ça que leur nez lorgne, car il y a beau temps que leurs yeux ont cédé la vue au sens de l’odeur, de la puanteur. Par bonheur les plus beaux sont déjà mis de côté pour mes hommes. (Au messager.) Les députés peuvent venir prendre réception des anneaux, contre reçu. Mais dis, approche voir ! Non mon gars, pas à gauche, viens là, devant mon œil droit — Trasimène m’a fait perdre l’autre (tout Carthage doit être au courant). Le messager : Oui, seigneur ! ça se voit. Hannibal (après l’avoir considéré quelque temps) : Tu es double, mon gars ! Le messager (consterné, il s’examine) : Seigneur, j’ignorais — mes membres ont doublé ? Non — mais s’il le dit — ô Baal, y aurait-il du vrai là-dedans ? Hannibal : Si si. Tu apportes à la fois des nouvelles de Barca et des nouvelles du Sanhédrin qui est son ennemi. Le messager : Ah, c’est ça ? Hélas, seigneur, c’est que j’ai neuf pauvres vermisseaux à nourrir, moi, des enfants je veux dire — Hannibal : Et alors tu te fais fripouille ? Le messager : C’est-à-dire qu’étant donné que votre grand-père et le Sanhédrin me payaient en particulier chacun de son côté, j’ai accepté les deux missions, en particulier. Hannibal : Ami — Le messager : — Ami ! Monseigneur est bien bon ! À peine si notre prévôt dit ça, même quand on tend bien gentiment le dos à sa baguette. Hannibal : Avec ta main droite, celle que je serre, touche en mon nom, s’il le permet, les pieds de mon grand-père — Le messager : Seigneur, je lui baiserai les pieds ! Hannibal : Non, ils se salissent très vite. — Et dis-lui que sur la vaste terre rien ne saurait m’être plus cher qu’un salut de lui, et un de moi à lui. —— Cela fait, tu vas au Sanhédrin et tu déclares ceci : si l’on ne m’envoie pas très vite un meilleur renfort, alors très bientôt deux Scipion se dresseront devant la ville dans une lueur d’incendie que je sens déjà me brûler le front, — ensuite, disleur qu’ils devraient être unis, ne pas convoiter les poches d’autrui, et enfin : que sinon, la patrie succombera sous les querelles de familles, et les familles avec ! (Le messager s’en va.) Hannibal : — Je dois me retirer avec mes dix-sept mille hommes, ces pièces rapportées de toutes les nations. — Pour aller où ? —— Capoue ! La ville est grande, bien approvisionnée, pas loin de Rome et plus près de Carthage, les renforts depuis l’Afrique coûteront moins cher — Moins cher ! que Satan combatte là où les épiciers font des comptes ! (Au chef de tribu nègre.) Tu as un poison foudroyant ? Théâtre National de Strasbourg 20 Le chef de tribu nègre : Seigneur ?! Je n’aurais pas ce que possède n’importe quel gosse en Nubie ? (Il fait voir une fiole de poison.) J’ai cassé moi-même avec soin les dents de la vipère (elle s’est défendue mais je l’ai caressée, ça marche aussi avec les femmes, en Nubie), et qui déguste le venin jaune tiré de ses dents devient fou aussitôt, il se tord et il meurt furieux et terrifié autant que la vipère quand elle s’est aperçue qu’elle n’avait plus de quoi empoisonner. Tu as des doutes ? Essaie, tu seras étonné, tes tripes vont grouiller comme un nid de vipères. Hannibal : Tu t’appelles ? Le chef de tribu nègre : Tournou. (Hannibal prend la fiole et l’empoche.) Par les dieux, général, tu me prends ma dernière consolation. Mon père, ma mère, mes frères dorment au tombeau — je n’avais plus — Hannibal : — Que ce poison ! tu l’as encore ! — C’est bien vrai, Maure, le poison est une dernière consolation, et c’est pourquoi je veux, plus sûrement que tu ne saurais faire, le garder précieusement et pour toi et pour moi. Tournou : Oh alors, il ne saurait être en de meilleures mains ! (Des officiers convoqués pour prendre les ordres font leur entrée.) Hannibal (à eux) : L’armée lève le camp ce soir. — Qu’est-ce qui vous étonne ? On obéit, c’est tout ! — Nous prenons la route de Capoue. Faites le nécessaire, en silence et vite. (Les officiers sortent. À Tournou.) Et si les gens de chez toi te demandent pourquoi nous levons le camp, dis-leur que c’est parce que l’hiver approche, et qu’il fera plus chaud sous les tentes, à Capoue. Tournou : Je comprends. Hannibal : Il comprend plus que moi, celui-là. […] UNE ÉCHAUGUETTE AU-DESSUS D’UNE GRAND’ PORTE DE CARTHAGE Le portier avec son gamin Le portier : Regarde bien, fiston, parce que ce que tu vois là tu pourras le raconter dans cent ans, et par chance, le temps est dégagé. Le gamin : Oh, chouette musique ! Les armures brillent ! Le portier : Tu vois les deux nuages de poussière ? Le gamin : À gauche, qui assombrissent le ciel et qui mélangent leurs tourbillons ? Le portier : C’est la cavalerie numide aux prises avec celle de Rome. Grâce aux dieux, la nôtre gagne du terrain ! Le gamin : C’est quoi, par terre, ce qui grouille et qui se tortille derrière, comme Théâtre National de Strasbourg 21 si ça voulait se lever et partir, et qui y arrive pas ? Le portier : Blessés et mourants, mon fils. Le gamin : Personne vient à leur secours ? Le portier : Après. Dans l’urgence du combat c’est une perte de temps et puis c’est dangereux, c’est ce que dit notre voisin le barbier. Le gamin : Papa, là-bas, en pleine mêlée — oh là là, comme les lances se hérissent ! on dirait les cheveux de grand-mère quand elle braille ! Le portier (le frappant derrière les oreilles)°: N’insulte pas ta grand-mère, tu veux ? Le gamin (en larmes) : J’ai pas le droit de dire ce que je vois ? (Il veut s’en aller.) Le portier : Tu restes là, gamin. Le gamin : J’ai école — je vais être en retard. Le portier : Je te ferai un mot d’excuse. — Regarde, le gros des deux camps se rentre dedans ! Le gamin : Oui mais l’ennemi sort ses glaives ! le v’là qui se met en boule comme le porc-épic de l’autre jour ! Le portier : Ça lui sert à rien, nos lances sont plus longues. Le gamin : Mais l’ennemi les détourne ! — Malheur, les v’là par terre, ils se prennent à la gorge, ils s’étranglent ! Le portier : Enfer — et ce silence horrible tout à coup ! et on voit tout si nettement ! Tonnerres, mugissez donc à vous faire éclater, et vous les déserts, tempêtez et fumez, pour cacher ce carnage et faire taire ce silence ! — Ah, voici qu’arrive en renfort le noble Brasidas avec sa cavalerie ! Le gamin : Un Romain l’a poignardé ! Regarde, son sang crépite à terre, il tombe de cheval ! Hou là là ! Le portier : Comme ils se disputent son cadavre ! Il en fait naître des centaines ! Le gamin : Je peux plus voir ça ! J’aimerais mieux être mort, moi aussi ! Le portier : Qu’est-ce qui te prend, gamin ? Le gamin (criant) : Les Romains ont fait une percée ! Le portier : Du calme — Hannibal va les prendre au piège — Ah ! tu vois ? Il est là, jailli de sa cachette, avec derrière lui des troupes fraîches, infanterie, cavalerie — Par Moloch, comme il fait le vide sur son passage ! — Regarde, c’est lui qui a le cadavre de Brasidas, il le brandit d’un bras puissant, il le montre à l’armée en criant vengeance — Le gamin : Ça casse les oreilles ! Le portier : — et il le lance sur un cheval ! — Enfer, on passe aux choses sérieuses — Les cuirasses crachent des poussières d’étincelles, j’en ai les yeux qui clignent ! Le gamin : Papa ! papa ! Il a pas assez de monde ! Il est noyé sous l’ennemi ! Le portier : Qu’est-ce que tu racontes ? Regarde, il le traverse à la nage, il y patauge très bien, sur son passage le sang gicle vers le ciel ! (Le gamin se cache Théâtre National de Strasbourg 22 les yeux.) Ôte tes mains de tes yeux — Carthage a la victoire ! Le gamin : —— Mais c’est quoi, cette masse de fer qui arrive au fond ? Froide, étincelante, qui avance lentement mais sûrement — Les icebergs à Thulé sont comme ça, d’après notre maître ! Le portier : C’est le dernier détachement romain, ballot ! — tiens, Hannibal lui a déjà bondi dessus en personne, il y aiguise son épée, et ça y est ! ton iceberg c’est plus que des glaçons ! Le gamin : Oui, seulement il gèle et la glace se reforme — les nôtres s’épuisent— Le portier : Il la fend avec sa poignée d’hommes — regarde-moi cette percée ! Le gamin : Oui, mais non, le v’là qui r’vient couvert de sang avec rien qu’une soixantaine d’hommes ! Le portier : C’est l’enfer, cette histoire ! Le gamin : Il fait des grands signes à ceux qui sont là devant, qui ont des belles armures d’argent— il appelle au secours ? Ils bougent pas. Le portier : Faudrait qu’ils soient fous pour aller risquer leurs coûteuses armures et leurs précieuses vies. L’important, c’est qu’ils soient là et qu’ils tiennent l’ennemi en respect. Sois plus prudent quand tu parles d’eux, jeune homme. Ce sont les rejetons de nos plus illustres familles, et il dépend d’eux que tu me succèdes ou pas, plus tard — ce sont les Immortels ! Le gamin : Parce qu’ils font toujours comme maintenant, ils se sauvent avant qu’on les massacre ? Le portier : Boucle ton bec sur les choses qui te dépassent. (Il jette un coup d’œil à l’intérieur de la ville.) Melkir, Hannon, Gisgon, les proscrits ! suivis chacun par une populace sauvage ! Eux qui étaient encore tout récemment en bisbille, comme on dit, eh ben les v’là de nouveau très soudés, on dirait ! — Qu’est-ce que ça fait pas, une défaite ! Le gamin : Maman dit, où y a de la charogne, y a — Le portier : Tais-toi, voyou ! Melkir : Hannon, Gisgon, occupez ces murailles ! (Montant vers le portier.) Moi je prends celle-ci ! — Il perd, le fier-à-bras ? Le portier : Tu veux dire — ? Melkir : Hannibal, cette canaille dont vous espériez tout, canailles, et qui n’a rien donné. — Ah, il est vaincu, c’est la débandade, les Immortels en tête — Eux, ouvre-leur la porte, et ensuite claque-la au nez du reste des fuyards. Le portier : Du général aussi ? Melkir : Oui, et bien fort ! Le portier : Viens, petit. (Il part avec son fils.) Melkir : Ô mon vieux cœur, frémis de joie d’avoir vécu si vieux ! Les Romains ne pouvaient me faire plus beau cadeau que cette victoire ! C’en est fait du nom d’Hannibal, il va se trouver enfermé dehors, et quant à eux, s’ils nous assiègent, Théâtre National de Strasbourg 23 ils auront le temps de pourrir devant nos triples murailles cyclopéennes encore plus que lui devant les minables murets de Rome. Héhé, il arrive ! (Hannibal se fraie un chemin parmi les Immortels, qui s’écartent avec crainte, et il crache en les dépassant, accompagné d’un petit parti de cavaliers fonçant vers Carthage ; quand il aperçoit aux créneaux Hannon, Gisgon et Melkir avec leurs gens, il lève la main au ciel, rebrousse chemin et file au grand galop vers le rivage.) Melkir : Il fuit ! —— Voilà une chose qui vous ravigote un vieillard ! — Mais les grandes joies entraînent toujours de plus grands soucis : il faut absolument que ce bégueule de Gisgon et cette enflure d’Hannon débarrassent enfin le plancher. Hannon, vu sa famille, a hérité d’une meute de partisans, et Gisgon ne cesse d’en attirer de nouveaux — Mais le vieux Melkir va te les baiser tous les deux, et il sera le seul maître à Carthage, ou alors ce ne serait pas Melkir ! […] À CARTHAGE Une place devant la statue géante de Moloch Ses mains chauffées au rouge sont fumantes Des mères, leurs enfants dans les bras, les cheveux défaits ondulant jusqu’à terre, sont agenouillées tout autour. Des prêtres, froidement, font le va-et-vient entre elle et la statue, et leur prennent leurs enfants l’un après l’autre pour les offrir en sacrifice.Beaucoup de monde Une femme (regardant le visage de son enfant) : Mon petit — il sourit, il agite ses menottes vers les poings ardents qui sont tendus vers lui ! — Mon enfant, j’ai tellement souffert quand je t’ai mis au monde, et pourtant je souffre encore infiniment plus maintenant qu’on t’arrache à moi — Tes doux yeux noirs, bientôt de la fumée ! — Ah, les prêtres ont enlevé sa fille à ma voisine, c’est à moi ! Non ! Un prêtre : Le gosse. La femme : Moi, prenez-moi, brûlez-moi et laissez-le vivre ! Il est encore si jeune, si innocent ! Le prêtre : Justement. Moloch veut du sang innocent. Un deuxième prêtre (arrivé entre-temps, il s’empare de l’enfant. À l’autre prêtre.) : Qu’est-ce que tu discutes avec cette bonne femme ? Le dieu a besoin de victimes, l’État est en danger ! La femme : Moi aussi ! (Elle porte ses mains d’abord à sa poitrine, puis à son front.) Ô mer, éteins ces deux étincelles ! (Elle court s’y jeter.) (Melkir, Gisgon et Hannon arrivent avec leurs partisans.) Théâtre National de Strasbourg 24 Melkir : C’est beau, Carthaginois, de vous voir honorer ainsi les dieux avec tant de solennité ! (Les mères tremblent.) Seulement, jamais ne nous a menacé un aussi grand danger, et jamais ils n’ont réclamé plus grands sacrifices. Et nous n’avons pas le droit de reculer même devant les plus grands sacrifices, notre cœur dût-il en être brisé, car l’ennemi menace de donner l’assaut et Moloch seul peut nous sauver ! Gisgon (à part) : Ce qui m’inquiète, dans son baratin, c’est que j’y ai reniflé l’odeur du lard dans la souricière, et moi je serais une des souris. (Tout haut, à Melkir.) Ô toi le plus sage, le plus noble, le plus expérimenté des hommes — Melkir : Oui, bon, ça va — Gisgon : Trouver précisément les plus nobles des citoyens pour qu’ils se livrent aux flammes et sauvent ainsi la patrie, ce sera difficile — il y en a trop. Melkir : Mais non — les deux meilleurs je les vois devant moi : toi et Hannon. Le peuple : Ouiiiii ! Vive Melkir ! Par ici, Hannon et Gisgon ! Au Moloch ! Hannon : Melkir, je n’attendais pas ça de toi, un ami — Melkir : La nécessité dénoue aussi les liens d’amitié. Hannon : Il le faut vraiment ? En ce cas, ne me fais pas brûler vif, fais-moi étrangler d’abord ! Melkir : Le dieu ne prend que du vivant, pas du cadavre. Gisgon : Melkir, auguste Melkir, comme tu es modeste ! modeste comme la vraie grandeur ! Hannon : Les mourants perdent vraiment la boule ! Voilà qu’il loue notre assassin ! Gisgon : Toi, l’aîné des Trois, paré des honneurs les plus mérités, toi à toi seul vaut tout Carthage — Melkir : ça va ! ça va ! Gisgon : — aujourd’hui en te surpassant, tu t’es dépassé — Melkir (soulagé) : Ah… le divin jeune homme ! Gisgon : — Le peuple de Carthage t’a désigné pour élire les plus grands en vue du sacrifice, et tu n’as pas réfléchi que celui qui élit est sûrement bien plus grand encore que ceux qu’il a élus — C’est pourquoi (il l’attrape par l’épaule et le secoue) jubile, pirouette de joie, oui c’est ça, trois fois, car c’est toi qui vas brûler là-haut pour notre salut ! Le peuple : Gisgon ! Le plus sage de tous ! Gisgon : Et voici mes hommes, et ils sont armés — Hannon, fais aussi avancer les tiens — Le premier qui résiste, une épée dans la gorge ! Melkir : Vipère — ! (On l’emmène.) Traduction inédite de Bernard Pautra réalisée pour le spectacle de Bernard Sobel Théâtre National de Strasbourg 25 Hannibal, la représentation > Note d’intention de Bernard Sobel J ‘aime chez Grabbe que l’Histoire, lointaine ou proche, soit sa matière poétique, non comme un refuge contre le présent, mais pour mieux le comprendre. J’aime qu’il prenne la matière historique à bras le corps, à l’échelle de l’Europe ou à celle de son équivalent pour le monde antique, le bassin méditerranéen. Mais c’est une pensée qui vient d’en bas et du fond d’une prison, celle dont son père était gardien et où il a grandi, dans une petite ville de province dont il n’a pu s’échapper ; et l’histoire des hommes est autant pour lui celles des petits que des grands, celle du marchand de poisson et celle du stratège génial, à égalité. Son œuvre abonde de personnages aussi inoubliables que les fossoyeurs d’Hamlet. J’aime, dans nos époques faites de tsunamis successifs, politiques, économiques, philosophiques, écologiques, quand la survie même de l’espèce et celle de la planète sont en question, son refus de l’espérance comme celui du désespoir, puisque de toute façon, au présent, l’avenir est indécidable. Le théâtre, toujours, en commençant par les Grecs, frappe à cette porte mystérieuse du sens et du non-sens. Grabbe a inventé un outil qui sans mise en œuvre de moyens extraordinaires nous permet de « voir » de grands événements de l’histoire des hommes qui ont moins besoin d’être montrés que donnés à réfléchir et à comprendre. Grabbe prend l’Histoire, et même la très grande Histoire, pour matière, il n’écrit pas de pièces historiques, à la différence d’un Hugo ou même d’un Schiller. Et je n’hésiterai pas à dire de Grabbe qu’il est mon contemporain, « absolument moderne » comme Rimbaud, ayant forgé un théâtre qui dans son texte et sa méthode nous permet d’affronter l’aléatoire de notre univers et de notre condition. Face à la mondialisation, au retour du religieux, à la recherche de refuges « hors du monde », Grabbe est aussi nécessaire qu’Eschyle, toujours aussi « moderne » que lui. En 1929, Freud, réfléchissant sur ce qu’il qualifie de Malaise dans la civilisation, cite « ... ce poète original qui, en guise de consolation, en face d’une mort librement choisie, fait dire à son héros : "Nous ne pouvons choir de ce monde." » C’est une citation de l’Hannibal de Grabbe (« Nous ne tomberons pas hors du monde, puisque nous sommes dedans.») et ce n’est certes pas un hasard. Ces paroles pour moi font écho à cette phrase de Marx dans La Critique de la philosophie du droit de Hegel : « L’exigence de se débarrasser des illusions sur le sort qui nous est dévolu n’est rien d’autre que l’exigence de se débarrasser d’un état des choses qui fait qu’on a besoin d’illusion. » Oui, dit Grabbe, nous sommes dans ce monde et il n’y en a pas d’autre. Il est impitoyable, sans nostalgie comme sans illusions. Son théâtre rompt avec la Théâtre National de Strasbourg 26 métaphysique, la morale et la psychologie. Il le fait brutalement et va dans ce sens bien plus loin que Büchner. Cela explique sans doute son moindre succès. Grabbe a vécu une vie douloureuse et brève, dans une époque de gueule de bois historique. Il aurait eu les meilleures raisons du monde d’être désespéré. Il y a de la fureur, de l’extravagance, du grotesque, dans sa vie et dans son théâtre, mais jamais de tragédie, ou alors c’est du « théâtre », le mauvais théâtre qu’il désigne comme tel du lâche Prusias couvrant de son manteau rouge le cadavre d’Hannibal, l’hôte qu’il a trahi. Hannibal nous raconte la défaite d’un homme, la fin, la destruction par le fer et le feu d’un monde, tout comme Napoléon nous racontait l’apparente retombée des peuples d’Europe dans les vieux esclavages à l’issue de Waterloo. Familier de Shakespeare, auteur de la Shakespearomania, l’histoire des hommes est pour lui aussi « une histoire pleine de bruit et de fureur, ne signifiant rien », et il affirme furieusement contre toute la philosophie de l’Histoire de Hegel – qu’il exècre – qu’elle n’a ni sens ni signification. Ce qui ne signifie pourtant jamais qu’il faille renoncer à agir, baisser les bras devant l’absurde. Il n’y a pas d’absurde chez Grabbe, il y a des intérêts, de la lâcheté, de la bêtise, de l’énergie, de la fatigue, de l’ambition, du grotesque, des erreurs, de mauvais choix, mais ni absurde ni tragique. Grabbe nous raconte des histoires dont nous connaissons l’issue. Il n’y a aucun suspense. Comme les Tragiques grecs, il s’attache à montrer comment les choses adviennent, le plus souvent en raison de mauvais choix, d’erreur de jugement. Mais sans fatalité : si les dirigeants de Carthage avaient compris plus tôt la nécessité de soutenir Hannibal, s’ils avaient envoyé plus tôt des renforts, si Hasdrubal n’avait pas commis l’erreur de suivre le même chemin qu’Hannibal à travers les Alpes, le cours de l’histoire eût été réellement différent... Même le suicide d’Hannibal n’a rien de tragique en soi. C’est Prusias qui fait d’Hannibal mort un personnage de tragédie classique. Hannibal, lui, envisage son suicide, dès le début de la pièce, comme une issue ultime et raisonnable. Et je pense à cette réflexion de Jean-Pierre Vernant, dont je ne sais plus d’où elle vient mais qui m’avait frappé et que j’avais notée: « Voici donc une solution à la condition humaine : trouver par la mort le moyen de dépasser cette condition humaine, vaincre la mort par la mort elle-même, en lui donnant un sens qu’elle n’a pas, dont elle est absolument dénuée. » En quelques mots un peu trop long, voilà pourquoi vouloir aujourd’hui monter Grabbe, auteur allemand toujours quasi inconnu du début du XIXè siècle, contemporain sans succès de Büchner, un raté, un furieux alcoolique mort à 35 ans, auteur de sept pièces dont quatre inachevées et toutes réputées injouables. Et monter qui plus est Hannibal, une pièce dont l’action se déplace d’Italie en Espagne, de Carthage jusqu’en Asie mineure entre le second et le premier siècle avant J.-C., qui met en scène, outre les sacrifices humains à Moloch, la chute de Numance et l’incendie de Carthage. Et puis « merdre » comme disait notre bon Jarry qui lui au moins a pris la peine de traduire Plaisanterie, satire, ironie et signification plus profonde de notre original. Bernard Sobel, mars 2012 Théâtre National de Strasbourg 27 > Lucio Fanti, le travail des décors et des costumes D ans une interview, Michèle Raoul-Davis, qui collabore à la mise en scène au côté de Bernard Sobel, évoque la manière dont a été conçue la scénographie du spectacle. Lucio Fanti, s’est inspiré du fait que l’action de la pièce se déroule principalement en Italie. Ainsi, il s’est appuyé sur la peinture italienne de la fin de la Renaissance et en a extrait le jeu sur les couleurs, qu’il a appliqué à ses décors. Photo de la maquette du décor Théâtre National de Strasbourg 28 Maquette du décor Maquette du décor En revanche, la notion de la perspective, associé à ce mouvement des peintres italiens de la Renaissance ne sera pas respecté sur le plateau : un personnage situé au lointain, peut avoir la même taille qu’un château sis au premier plan. Pour matérialiser les décors, il a travaillé avec des feuilles de taules très fines, peintes en trompe l’œil, qui à chaque fois racontent un lieu, tel que le Sénat romain, les murs de Rome, les remparts de Carthage… Ce sont des éléments extrêmement simples, mais colorés. En fond de scène, se trouve également un cyclorama, une grande toile blanche sur laquelle des images peuvent être projetées. Ici, le cyclo permet de nous représenter les lieux dans lesquels l’action se déroule, tel que le bassin méditerranéen. Construction du décor au TNS Le plateau peut être décrit comme« un grand gradinage », avec un espace plus prononcé à l’avant-scène. Théâtre National de Strasbourg 29 Si pour les décors Lucio Fanti est parti de peintures de la Renaissance, les costumes quant à eux assument tous les anachronismes présents dans la pièce. Le souhait de Bernard Sobel n’était pas de reprendre les codes du péplum, mais de mettre en place certains éléments évoquant toutes les époques : que ce soit l’Antiquité, la période dans laquelle se déroule l’action, le XIXe siècle, représentant l’époque de l’auteur et notre siècle actuel. Michèle Raoul-Davis explique que les costumières devaient faire plus d’une centaine de costumes de militaires autour de cette confrontation des époques, présente tout au long dans la pièce, avec cette idée que les cultures se rencontrent et Se culbutent sans cesse dans un univers plastique bien précis. ©Hervé Bellamy Théâtre National de Strasbourg 30 ©Hervé Bellamy Théâtre National de Strasbourg 31 > Extraits de presse Théâtre National de Strasbourg 32 Théâtre National de Strasbourg 33 Théâtre National de Strasbourg 34 L’équipe artistique > Bernard Sobel B ernard Rothstein dit Sobel s’est installé à Gennevilliers en 1963. Au début des années 1970, le Ministère de la Culture participe progressivement au financement de l’Ensemble Théâtral de Gennevilliers, qui devient Centre Dramatique National en 1982. Bernard Sobel et le collectif de travail qu’il a constitué ont assuré depuis le début une programmation et des créations puisant dans des répertoires très divers et révélant souvent des auteurs peu connus en France, comme Heiner Müller et Alexandre Ostrovski. Au cours de ces trente années d’existence, le Théâtre de Gennevilliers est devenu une sorte de laboratoire où des metteurs en scène comme Patrice Chéreau, Stéphane Braunschweig, Stuart Seide, ont fait leurs premières armes. Il a mis en scène Maria Casarès, Philippe Clévenot, Daniel Znyk, Anne Alvaro, Denis Lavant, Pascal Bongard etc. A cette activité s’ajoute la création, en 1974, de la revue Théâtre/Public, qui publie en juin 2013 son 208e numéro. Par ailleurs, Bernard Sobel, dans le cadre du théâtre musical à Avignon, a mis en scène Le Pavillon au bord de la rivière de Kuan Han Chin (musique de Betsy Jolas), Mario et le magicien d’après Thomas Mann (musique de Jean-Bernard Dartigolles), Va et vient et Pas moi (textes de Beckett, musique de Heinz Holliger – coproduction IRCAM / Festival d’Avignon), et Le Cyclope d’Euripide (opéra de Betsy Jolas). Il a en outre assuré la mise en scène du Porteur d’eau de Cherubini à l’Opéra-comique en 1980 et en 1992, celle de Il Prigioniero, opéra de Luigi Dallapiccola au Théâtre Musical de Paris (Châtelet), en 1993, Les Excursions de Monsieur Broucek de L. Janacek, en 1994, L’Affaire Makropoulos de L. Janacek à l’Opéra du Rhin. En 2005, Le Couronnement de Poppée, à l’Opéra de Lyon, direction William Christie. Germaniste, il a participé à de nombreux travaux de traduction, notamment la version française de Hitler, un film d’Allemagne de Hans Jürgen Syberberg (scénario publié aux éditions Laffont-Seghers). Bernard Sobel est aussi réalisateur pour la télévision française. Il est Commandeur des arts et des lettres et Officier de la Légion d’honneur et a reçu en 2008 la médaille Goethe du Goethe-Institut. Ces dernières années, il a mis en scène La Pierre de Marius von Mayenburg (Théâtre national de la Colline, Théâtre du Nord) Cymbeline de William Shakespeare, Amphitryon de Heinrich von Kleist à la MC93 Bobigny et en 2011 L’Homme inutile ou La Conspiration des sentiments de Iouri Olecha, (Théâtre national de la Colline). Théâtre National de Strasbourg 35 Ses mises en scène 1964 Tanker Nebraska de Herb Tank 1978 Maximilien Robespierre de Bernard Chartreux et Jean Jourdheuil 1964 Antigone de Bertolt Brecht 1965 La Farce du poulier 1978 Dom Juan et Tartuffe de Molière (en allemand au Théâtre de Bâle) 1966 La Farce de Maître Pathelin 1979 Mario et le Magicien d’après Thomas Mann 1966 Cœur ardent dʼAlexandre Ostrovski 1980 Le Porteur d’eau ou les deux journées, opéra de L. Cherubini (Opéra de Paris) 1966 Ruzzante revient de guerre de Beolco 1966 Vietnam une résistance héréditaire 1966 L’Exception et la règle de Bertolt Brecht 1967 Jeppe de la montagne de Ludwig Holberg 1967 Enquête pour un fait divers de Claude Prin 1967 Première de cavalerie de Vichnevsky 1980 Va et Vient et Pas Moi de Samuel Beckett (Festivald’Avignon – IRCAM) 1981 Edouard II de Christopher Marlowe 1981 La Chute de l’égoïste Johann Fatzer de B. Brecht 1982 L’Eléphant d’or d’Alexandre Kopkov 1983 Coriolan de Shakespeare e 1968 Du millet pour la VIII armée de Loo Ding, Chang Fan, Shu Nan 1969 L’Opéra du gueux de John Gay 1970 Philoctète de Heiner Müller 1970 California Story de Hanns Eisler et Ernst Ottwald 1970 Homme pour homme de Bertolt Brecht 1971 Le Candidat de Gustave Flaubert 1971 Timon d’Athènes de William Shakespeare 1972 Madame Legros d’Heinrich Mann 1973 Têtes rondes et têtes pointues de Bertolt Brecht 1973 Dom Juan de Molière 1983 Marie Stuart de Schiller (en collaboration avec la Comédie-Française) 1984 La Cruche cassée de Kleist 1984 Philoctète d’Heiner Müller 1984 Entre chien et loup ou La Véritable Histoire d’Ah Q de Christoph Hein 1985 L’Ecole des femmes de Molière 1985 Nathan le Sage de Lessing (en allemand, à Berlin) 1986 Le Cyclope d’Euripide, opéra de Betsy Jolas (présenté au Festival d’Avignon et au Théâtre National de Chaillot) 1986 La Ville de Paul Claudel (joué au Théâtre des Amandiers de Nanterre) 1974 La Tempête de William Shakespeare 1986 La Charrue et les Etoiles de S. O’Casey 1974 Le Précepteur de Lenz 1987 Nathan le Sage de Lessing 1975 Marie d’Isaac Babel 1975 Le Pavillon au bord de la rivière de Kuan Han Chin 1987 Le Roi Lear de Shakespeare (en allemand, au Théâtre de Zurich) 1976 Le Juif de Malte de Christopher Marlowe 1988 Hécube d’Euripide 1977 Les Paysans d’après Balzac 1988 Les Amis font le philosophe de Lenz 1977 Timon d’Athènes de Shakespeare (en allemand auThéâtre de Zurich) 1989 La Forêt d’Ostrovski 1989 Les Tu et Toi ou la parfaite égalité de Dorvigny Théâtre National de Strasbourg 36 1990 La Bonne Ame du Setchouan de Brecht 2003 Les Sept contre Thèbes dʼEschyle 1990 Tartuffe de Molière 2004 Un Homme est un homme de Bertolt Brecht (Festival d’Avignon) 1991 Vie de la révolutionnaire Pélagie Vlassova de Tver, Brecht/Gorki 1992 Il Prigioniero, opéra de Luigi Dallapiccola (joué au Théâtre Musical de Paris-Châtelet) 2005 Troilus et Cressida de Shakespeare 2006 Don, mécènes et adorateurs d’Alexandre Ostrovski 2007 Le Mendiant ou la Mort de Zand dʼOlecha 1992 Vie et Mort du Roi Jean de Shakespeare 2008 Sainte Jeanne des abattoirs de Bertolt Brecht 1993 Marie d’Isaac Babel 2009 La Pierre de Marius von Mayenburg 1993 Cache-cache avec la mort de Mikhaïl Volokhov 2010 Cymbeline de William Shakespeare 1993 Threepenny Lear de Shakespeare 2010 Amphitryon de Heinrich von Kleist 1994 Les Géants de la montagne de Luigi Pirandello 1994 Les Excursions de Monsieur Broucek et L’Affaire Makropoulos de Janacek (à l’Opéra du Rhin, Strasbourg et Théâtre Sao Carlos, Lisbonne) 2011 L’Homme inutile ou La Conspiration des sentiments de Iouri Olech 1995 Cœur ardent dʼAlexandre Ostrovski 1996 Napoléon ou les Cent-Jours de C.D. Grabbe 1997 Zakat d’Isaac Babel 1997 Des Perles aux cochons (Pearls for Pigs) de Richard Foreman 1997 Les Nègres de Jean Genet 1998 La Tragédie optimiste de Vsevolod Vichnevsky 1999 La Fameuse tragédie du riche Juif de Malte de Christopher Marlowe 1999 Couvre-feu de Roney Brett 2000 Manque (Crave) de Sarah Kane 2000 Bad Boy Nietzsche de Richard Foreman 2000 Le Mandat de Nikolaï Erdman 2001 L’Otage de Paul Claudel 2001 Ubu roi d’Alfred Jarry 2002 Le Pain dur de Paul Claudel 2002 En attendant Godot de Samuel Beckett 2003 Innocents coupables dʼAlexandre Ostrovski 2003 Et qui pourrait tout raconter ? (Le Seigneur Guan va au banquet) de Guan Hanqing Théâtre National de Strasbourg 37 Les comédiens > Sarah Amrous N ée en 1984, issue d’un parcours de danseuse et de plasticienne, elle intègre l’école du Théâtre National de Bretagne (Promotion 7), après avoir suivi à Paris les cours d’art dramatique des conservatoires des Ve et XVe arrondissements, ainsi que la section chant lyrique du Conservatoire du XVe arrondissement. Elle commence le théâtre en 2004 en Biélorussie, où elle suit une master class d’un an avec les professeurs de l’Académie des Arts à Minsk autour de Stanislavski et de Tchekhov. Durant sa formation au TNB, elle suit les stages de Stanislas Nordey, Benjamin Lazar, Eric Lacascade, Adel Hakim, Serge Tranvouez, Bruno Meyssat, Eric Didry, Yves-Noël Genod et Thomas Jolly. Elle prend part à l’enregistrement de pièces radiophoniques sur France Culture (réalisation Marguerite Gateau) et participe à la lecture de textes de Frédéric Vossier à Théâtre Ouvert. Elle écrit et monte Jardins secrets, en juin 2009 au Théâtre du Rond-Point. Au théâtre, elle joue dans Living ! mise en scène Stanislas Nordey (au TNB et au Théâtre des Quartiers d’Ivry, 2012) ; TDM3 de Didier-Georges Gabily, mise en scène Yann-Joël Collin (au TNB, 2010) ; B. Mania, mise en scène Julien Fisera (Mains d’OEuvres, 2008). Elle met en scène avec Yann Lefeivre Violences de Didier-Georges Gabily. Elle intervient à la prison des femmes de Rennes dans le cadre d’ateliers dirigés et mis en scène par Christine Letailleur (L’Assemblée des femmes d’Aristophane, 2011). F > Jacques Bonnaffé ormé au Conservatoire de Lille, il travaille, à ses débuts au cinéma dans les années 1980, sous la direction d’Edouard Niermans, Jean-Luc Godard, Jacques Doillon, Jean-Charles Tacchella, Renaud Victor, Philippe Garrel… Au théâtre, il travaille notamment sous la direction de Gildas Bourdet, Hans-Peter Cloos, Claude Stratz, Gilles Chavassieux, John Berry, Christian Rist, Patrice Kerbrat, Christian Schiaretti, André Engel, Abbès Zahmani, Simone Amouyal, Alain Françon, Michel Vinaver et Didier Bezace, Joël Jouanneau, Denis Podalydès et Frédéric Bélier-Garcia, Véronique Bellegarde, Jean-Pierre Vincent, Marc Feld, Jean-François Peyret, Arnaud Meunier… Il se consacre aussi à la poésie et aux lectures publiques (Arthur Rimbaud, Jules Mousseron ou des auteurs contemporains tels que Jean-Pierre Verheggen). Au carrefour de toutes ses activités, il interprète en patois picard et met en scène Cafougnette et l’défilé d’après Les Histoires de Jules Mousseron, montrant ainsi son attachement à sa terre natale. Sa troupe, la compagnie Faisan, a reçu un Molière en 2009 pour LʼOral et Hardi de Jean-Pierre Verheggen. > Romain Brosseau N é en 1988, il intègre l’école du Théâtre National de Bretagne (promotion 2009/2012), après avoir suivi la formation d’art dramatique du Conservatoire de Bordeaux avec Christian Rousseau et Gérard Laurent. Durant sa formation au TNB, il travaille avec Eric Lacascade, Daria Lippi, Adel Hakim, Roland Fichet, Véronique Nordey, Thomas Jolly, François Tanguy, Bruno Meyssat, Eric Didry, Julia Cima et Maya Bösch. Au théâtre, il joue dans Living ! mis en scène par Stanislas Nordey (TNB et TQI) ; Violences de Didier-Georges Gabily, mené par Sarah Amrous et Yann Lefeivre (La Fonderie, Le Mans) ; L’Assemblée des femmes d’Aristophane, mis en scène par Christine Letailleur, dans le cadre d’ateliers à la prison des femmes de Rennes. Il assiste Guylaine Kazsa et Nathalie Bécue sur les répétitions du spectacle Les Voyages de Médée (Cie Carnet de Voyage). Actuellement, il travaille avec la compagnie du Pas suivant sur le spectacle Training (Scène nationale d’Aubusson), une écriture Théâtre National de Strasbourg 38 collective autour du milieu sportif et avec le collectif guà-guà, sur la pièce de Pablo Picasso, Le désir attrapé par la queue (Domaine de Thizé). Il participe à l’enregistrement de pièces radiophoniques sur France Culture (réalisation Margueritte Gateau) et joue dans des films pour le cinéma ou la télévision. Il est dans le dernier long-métrage de Vincent Dieutre, Déchirés/Graves. E > Eric Castex lève à lʼINSAS à Bruxelles (1989-1992), il démarre sa carrière sous la direction de Thierry Salmon, dans Des passions d’après Les Démons de Dostoïevski, qui le dirigera ensuite dans L’Assalto al cielo d’après Kleist. S’ensuit une longue collaboration avec Armel Roussel qui le dirige dans Roberto Zucco de Bernard-Marie Koltès, puis dans The Europeans de Howard Barker, Enterrer les morts, réparer les vivants d’après Platonov de Tchekhov, Hamlet de Shakespeare (Kunsten Festival Bruxelles 2003), POP ?, création collective (2005 Théâtre Varia). Il travaille ensuite avec Bernard Sobel dans Un homme est un homme de Brecht (2004), puis Dons, mécènes et adorateurs dʼAlexandre Ostrovski et Le Mendiant ou la Mort de Zand de Iouri Olécha. En novembre 2008, il joue dans Le Revizor de Gogol, mis en scène par Michel Dezoteux, création Théâtre Varia (Bruxelles). En 1997, il travaille pour la première fois avec Stuart Seide (La Tragédie de Macbeth de Shakespeare), avec qui il retravaille ensuite pour Mary Stuart de Friedrich Schiller en 2009 et Au bois lacté de Dylan Thomas. Il poursuit par ailleurs une carrière cinématographique en tant que réalisateur : Lady Macbeth Project et Nature morte (Sélection festival fantastique Bruxelles 2005) ; et comme comédien, dans Get born production ARTE (Belgique) 2008 de Nicole Palo, À lʼombre des sapins de Vincent Merveille, Correspondance de D. Wittorski et XYZ de Vincent Merveille. Il joue pour la télévision dans Quai n°1, Avis de tempête, PJ, Le Violon, La Rivale. Il crée sa propre compagnie théâtrale en 2010 et met en scène La Nuit juste avant les forêts de Bernard-Marie Koltès (spectacle nommé pour les prix de la critique en Belgique). F > Pierre-Alain Chapuis ormé au Conservatoire national supérieur d’Art dramatique, il a joué au cinéma et à la télévision, sous la direction, entre autres, de Sylvain Monod, Raoul Ruiz, Vincent Nordon ou encore Jean-Luc Godard. Au théâtre, il joue dans un grand nombre de pièces dont L’Echange (Claudel) - Bernard Lévy ; Macbeth (Shakespeare) - Sylvain Maurice ; L’Eternel Mari (Dostoïevski) - Rosine Lefèvre ; Le Conte dʼhiver (Shakespeare) Stéphane Braunschweig ; Rêves/Kafka (Enzo Cormann) - Philipe Adrien. Il signe plusieurs mises en scènes, dont Stimulant, amer et nécessaire (Ernesto Caballero) / Théâtre de la tempête, Le Naufrage du Titanic (H.M Enzensberger) / 50e Festival d’Avignon, Cloître des Carmes, Théâtre de la Tempête et tournée nationale, La Serveuse n’a pas froid (Jean Marie Piemme) / Théâtre de la Tempête, ou encore L’Intrus (J.-L. Nancy) / Théâtre de la tempête. > Laurent Charpentier D iplômé du Conservatoire national supérieur d’Art dramatique, où il a suivi les classes de Dominique Valadié, Catherine Hiegel, François Regnault, il joue par la suite dans des spectacles mis en scène par Alain Françon (Ivanov de Tchekhov), Lukas Hemleb (Titus Andronicus de Shakespeare et Je me crois en enfer donc j’y suis d’après Rimbaud), Jeanne Champagne (George Sand), Sandrine Lanno (Plus loin que loin de Z. Harris), Brigitte Jaques-Wajeman (La Chanson de Roland), Bernard Sobel (Don, mécènes et adorateurs d’Ostrovski et Amphitryon de Kleist), Emmanuel Demarcy-Mota (Homme pour Homme de Brecht et Casimir et Caroline d’Horvath), Mirabelle Rousseau (Ma Langue de Tarkos), Matthieu Roy (Histoire d’Amour de Lagarce et L’Amour conjugal de Moravia), Frédéric Maragnani (Le Cas Blanche-Neige de Barker et Tout doit disparaître d’Eric Pessan), Théâtre National de Strasbourg 39 Frédéric Sonntag (Toby ou le saut du chien), Caterina Gozzi (Le Vertige des animaux avant l’abattage de Dimitris Dimitriadis), Emilie Rousset (La Place Royale de Corneille), le groupe ACM (Casimir et Caroline d’Horvath). Au Théâtre de la Ville, en 2011, il joue dans trois pièces de Philippe Minyana (De l’amour, Sous les arbres et J’ai remonté la rue et j’ai croisé des fantômes). Il sera à l’affiche d’une création de Stéphanie Marchais, par Thibault Rossigneux, au Théâtre de la Tempête en janvier 2014. Au cinéma, il tourne notamment avec Philippe Garrel, Nicolas Klotz, Thierry Charrier et Caroline Deruas et pour la télévision, avec Bernard Stora et François Luciani. A > Simon Gauchet cteur, metteur en scène, scénographe, plasticien, il est diplômé de l’école du Théâtre National de Bretagne en 2012. A l’âge de 16 ans, il rencontre de façon décisive Antonin Artaud qu’il prend pour maître sur les bancs du lycée Jacques Cartier de Saint-Malo. Après avoir obtenu son bac, option latin et théâtre, il part à Paris, où il commence une licence Lettres et Arts à l’université Paris 7 et étudie au Conservatoire du Ve arrondissement de Paris. En 2009, il est reçu à l’Ecole des Beaux-arts de Rennes, où il n’ira finalement pas pour préférer l’ignorance comme vecteur de trajectoire et d’apprentissage. Il choisit ses maîtres par contemplation et tente d’enseigner chaque jour les choses qu’il ignore. Une fois, il partit errer en Autriche sur les traces du fantôme de Werner Schwab, ou une autre fois plus loin à l’Est, en Indonésie et au Japon, pour tenter de comprendre les fonctions du théâtre dans les cérémonies d’exorcisme. En 2010, il rencontre l’oeuvre plastique de Joseph Beuys, qu’il prend également pour maître. Tout comme Henri Michaux, Georges Bataille et Georges Mathieu, rencontré l’année qui précède. Il est le co-créateur du Jeune Théâtre Laboratoire Européen, de l’Ecole Parallèle Imaginaire et du Mouvement M. En tant que metteur en scène, il signe plusieurs travaux et performances : Basti Merzlota (2005), Mimi-Nashi Hoïchi (2007), L’Epopée de Gilgamesh (2008), Le Théâtre ambulant Chopalovitch (2009), Le Gisant/Danse macabre (2009), Nouer la corde du pendu avec les dents d’un cheval mort/détachement (2012), Le Jet de sang (2013). En tant qu’acteur, il travaille avec Hubert Humeau, Joëlle Durand-Raucher, Chloé Jarsky-Decoust, Agathe Sanz, Muriel Lefebvre, Eric Lacascade, Anton Kouznetsov, Christian Colin, Bruno Meyssat, Serge Tranvouez, Vincent Dissez, Julia Cima, Stanislas Nordey, Eric Didry, Yves-Noël Genod, François Tanguy, Thomas Jolly. S > Claude Guyonnet orti du Conservatoire national supérieur d’Art dramatique en 1984, il travaille régulièrement sur des textes aussi bien classiques que contemporains avec de nombreux metteurs en scène, parmi lesquels Claude Régy, Daniel Mesguich, Dominique Pitoiset, Laurent Pelly, Jean-Pierre Miquel, Stuart Seide, Michel Soutter, Dietrich Sagert, Carlos Wittig, Francois Rancillac, Jean Lacornerie, Gilles Bouillon, Claude Yersin, Anne Monfort. En 2012, il reprend Nous Trois, un spectacle de Claire Lasne-Darcueil autour de textes de Racine, Musset, Brecht et Duras, à la maison du comédien/Maria Casares (Alloue), puis adapte Cervantes pour jouer Quichotte y Panza, mis en scène par Richard Sammut au Pot au Noir/Rivoiranche, et joue Cahin-Caha de Serge Valetti, mis en scène par David Géry au Lucernaire. En 2013, il participe au film associé au spectacle de Claire Lasne-Darcueil Les Trois Soeurs d’Anton Tchekhov, présenté à Cap Sud Poitiers, puis joue Auguste dans Cinna de Corneille mis en scène par Laurent Delvert au Luxembourg et à Metz. Hannibal est le onzième spectacle pour lequel il joue sous la direction de Bernard Sobel, depuis Les Amis font le philosophe de Jacob Lenz en 1988. Théâtre National de Strasbourg 40 I > Jean-Claude Jay l a joué dans de nombreuses pièces de théâtre : Le Roi Lear de Shakespeare, mise en scène d’André Engel (2005), Merlin ou la terre dévastée de Tankred Dorst, mise en scène de Jorge Lavelli (2005), Les Brigands de Schiller, mise en scène de Paul Desveaux (2004), La Vie est un songe de Calderon mise en scène de Guillaume Delaveau (2004), La Mouette de Tchekhov (2002) et Cymbeline de Shakespeare (2001), mises en scène de Philippe Calvario, Dommage quʼelle soit une putain de John Ford, mise en scène de Jérôme Savary (1997), La Danse de la mort de Strinberg, mise en scène de Lucian Pintillie (1990), Mobie Diq de Marie Redonnet, mise en scène d’Alain Françon (1988), Electre de Sophocle, mise en scène d’Antoine Vitez (1985). Au cinéma, il a joué, entre autres, dans Le Coût de la vie de Philippe Le Guay (2003), Le Duc de Guermantes de Raoul Ruiz (1999), La Vie de Marianne de Benoit Jacquot (1994), Jeanne la Pucelle de Jacques Rivette (1993). > Yann Lefeivre N é en 1987, il travaille, parallèlement à ses études universitaires (Licence 1 de Droit à Nantes), aux Machines de l’île de Nantes (2007 - 2010) et suit la formation du conservatoire d’Art dramatique de Nantes. Au conservatoire, il met en scène ses camarades dans Hamlet Machine de Heiner Muller et Res Personna de Ronan Chéneau. Après avoir reçu son certificat de fin d’études théâtrales, il intègre l’école du Théâtre National de Bretagne (Promotion 2009) sous la direction pédagogique de Stanislas Nordey. Là, il suit les stages d’interprétations d’Anton Kouznetsov, Stanislas Nordey, Serge Tranvouez, Jean-Christophe Sais, Julia Cima, Boris Charmatz, Christine Letailleur, Thomas Jolly, Pascal Kirsch, Frédéric Vossier, Eric Lacascade, Françoise Bloch, François Tanguy, Bruno Meyssat, Chiara Guidi. Il participe à l’enregistrement de pièces radiophoniques sur France Culture : Le meilleur Bleu d’Aurianne Abécassis (réalisation Margueritte Gateau, 2012). Il joue dans Déchirés/Graves, film dirigé par Vincent Dieutre. Au théâtre il joue dans Les Névroses sexuelles de nos parents mis en scène par Marylin Leray ; Living ! mis en scène par Stanislas Nordey (Mettre en Scène, TNB et au TQI, 2012) ; Violences de D.G Gabily (rôle de La Dech), qu’il met en scène avec Sarah Amrous ; dans deux mises en scène de Christine Letailleur autour d’Aristophane qui s’inscrivent dans des ateliers à la prison des femmes de Rennes (2010-2011) ; dans la création Intendance 01, mise en scène de Loïc Auffret et Rémis de Vos (Théâtre Universitaire / Nantes / 2008) ; Laboratoire numérique de Falk Richter, mise en scène de Cyril Teste (Lieu Unique / Nantes/2007) et avec l’atelier « Mixte » (Théâtre Universitaire / Nantes / 2008). > Vincent Minne N é en 1972, il poursuit ses études en France jusqu’à l’âge de 21 ans. Après avoir quitté la section Histoire des Arts et des Techniques du Théâtre de l’Université Paris VIII en 1991, il vient à Bruxelles pour suivre une formation d’acteur à l’Institut national supérieur des Arts du spectacle (INSAS, promotion 1995). Il travaille au sein de la compagnie Utopia #3 depuis 16 ans. Avec Armel Roussel, il joue dans Roberto Zucco (1996), Armageddon je m’en fous (1998), Les Européens d’Howard Barker (1998), Enterrer les morts, réparer les vivants d’après Platonov de Tchekhov (2000), Notre besoin de consolation est impossible à rassasier d’après Stig Dagerman (2002), Hamlet (version Athée) d’après Shakespeare (2003), POP ? (2005), And Björk of course… de Thorvaldur Thorsteinsson (2006), Si demain vous déplaît (2009) et enfin Ivanov/remix avec lequel il est en tournée depuis 2010. Avec Karim Barras Artefact (1999) ; Michel Dezoteux, Richard III de Shakespeare (2003) ; Philippe Sireuil Tartuffe ou l’imposteur de Molière (2004), Shakespeare is dead de Paul Pourveur (2008). Il a également joué dans trois pièces de Sofie Kokaj : Elle a passé tant d’heures sous les sunlights, Sunlights 2, et This is not a love song entre 2006 et 2009. Avec Selma Alaoui, pour IWPNT (I would prefer not to). En France, il a joué pour Alfredo Arias dans La Pluie de Feu en 1997 et Bernard Sobel, dans Dons, Mécènes et adorateurs d’Alexandre Ostrovski en Théâtre National de Strasbourg 41 2006, Le Mendiant ou la Mort de Zand, en 2007 et L’Homme inutile ou la conspiration des sentiments de Youri Olecha en 2011. A > Anaïs Muller près un Bac Littéraire option arts plastiques, elle entre à l’Ecole supérieure d’Art de Grenoble - où elle a pu expérimenter diverses techniques et moyens d’expressions -, puis elle suit différents stages de cinéma pour enfin entrer à l’école du TNB (Théâtre National de Bretagne) à Rennes, sous la direction de Stanislas Nordey, où elle travaille avec François Tanguy, Chiara Guidi, Nadia Xerri-L, Roland Fichet, Anton Kouznetsov, Jean Christophe Saïs, le Workcenter, Bruno Meyssat, Eric Lacascade, Boris Charmatz, Julia Cima, Martine Joséphine Thomas, Ivitsa Bulian, Frédéric Vossier, Bruno Tackels, Françoise Bloc, Vincent Dissez, Thomas Jolly, Laurent Sauvage, Vincent Dieutre. Elle travaillera pour la saison 2013/2014 avec Stanislas Nordey dans Neufs petites Filles de Sandrine Roche, création au TNB, puis avec Yves Chaudouët sur sa prochaine création. Récemment, elle a joué dans Le désir… d’après la pièce de Picasso Le Désir attrapé par la queue, une création collective au domaine de Tizé en juin 2013. Elle a également travaillé avec Yann-Joël Collin dans TDM3 de Gabily au TNB en 2011, avec Pier Lamandé au TNB pour une lecture en partenariat avec le Centre thérapeutique de jour Janet Frame en 2012, avec Stanislas Nordey dans Living ! au TNB et au TQI en 2012, et lors d’une lecture de Frédérique Vossier à Théâtre Ouvert en 2011. Elle a prêté aussi sa voix pour une pièce radiophonique Le Transport en commun des mortels, dirigée par Marguerite Gateau pour France Culture en 2012. Lors de sa formation au TNB, elle a pu interpréter Clytemnestre de Sénèque, dirigée par Vincent Dissez, Tisbé dans Angelo Tyran de Padoue de Victor Hugo et Lady Macbeth, dirigée par Thomas Jolly à la Cartoucherie de Vincennes, le rôle de la Reine mère dans Violences de Gabily, lors d’une carte blanche, Phèdre de Gabily sous la direction de Nadia Xerri-L ; elle a aussi joué dans Days of Nothing de Fabrice Melquiot, sous la direction de Laurent Sauvage. Elle a également participé à deux reprises au festival FIND plus à la Schaubühne de Berlin, sous la direction de Thomas Ostermeier. Au cinéma, elle a tourné dans Déchirés/Graves, long métrage de Vincent Dieutre. A > François-Xavier Phan près des études scientifiques et économiques à l’Université Renée Descartes à Paris, c’est à 22 ans que François-Xavier Phan découvre le théâtre au conservatoire d’Antony, avec Brigitte Damiens et Christian Gonon. Au départ passionné par le jeu masqué, le mime et le clown, il participe au stage dirigé par Ariane Mnouchkine au théâtre du Soleil en 2009. Cette rencontre marque un tournant dans sa vie : il prend la décision de s’engager totalement dans le théâtre et intègre la même année la formation d’acteur du Théâtre National de Bretagne à Rennes. Stanislas Nordey, responsable pédagogique de la formation, lui offre la chance de s’exprimer sur un plateau, de se dresser et de prendre la parole sur scène en tant qu’être humain. Trouver sa nécessité intime d’être sur un plateau de théâtre. A Rennes, pendant 3 ans, il a la chance de rencontrer de nombreux artistes et metteurs en scène venant de différents horizons avec qui il commence à travailler dès la sortie de l’école : Marguerite Gateau, réalisatrice pour France Culture, Stanislas Nordey, Guillaume Doucet et Simon Deletang, metteurs en scène. Théâtre National de Strasbourg 42 > Tristan Rothhut N é en 1987 à Maore (Lagwiyan, Guyanne française), il entre en 2005 au Conservatoire de Strasbourg, où il rencontre Christian Rist, dont il devient l’assistant. En 2007, il joue dans Il la menace précédé de Afrique Afrique, deux drames incantatoires de Charles Duits créés par le VOIR DIT - Compagnie Christian Rist au Festival de Phalsbourg. En 2008, il écrit et met en scène Hamlet… Hamlet. Hamlet. espèce de pièce brève d’après la tête qu’il aurait fait dans un crâne qui aurait été Shakespeare Laforgue Müller. De 2009 à 2012, il étudie à l’école du Théâtre National de Bretagne, à Rennes, en compagnie de Stanislas Nordey, Roland Fichet, Bruno Meyssat, Serge Tranvouez, Pascal Kirsch, Julia Cima, Éric Lacascade et Daria Lippi, Éric Didry, Thomas Jolly, Renaud Herbin et Christophe Leblay, Adel Hakim, Françoise Bloch, François Tanguy, Chiara Guidi et Claudia Castellucci… En 2012, il joue dans Déchirés/Graves, un film de Vincent Dieutre ; coécrit et mis en scène avec Simon Gauchet Nouer la corde du pendu avec les dents dʼun cheval mort -I1-détachement ; et joue sous la direction de Stanislas Nordey dans Living ! (à partir des écrits de Julian Beck et du Living Theater), créé au Festival Mettre en Scène, à Rennes, et repris au Théâtre des Quartiers d’Ivry et au Festival d’Avignon. En 2013, il crée Box Office, un texte inédit de Damien Gabriac, mis en scène par Thomas Jolly dans le cadre de la 4e édition du Festival Ado du Préau (CDR de Vire) ; et performe avec GUÀ-GUÀ Le Désir… (d’après Le Désir attrapé par la queue de Picasso). Parallèlement, il poursuit des chantiers de recherche ouverts à l’école avec François Tanguy et le Théâtre du Radeau à la Fonderie, au Mans, Renaud Herbin et Christophe Leblay au TJP (CDN de Strasbourg), Roland Fichet et le théâtre de Folle Pensée à Saint Brieuc. > Gaëtan Vassart N é à Bruxelles en 1978, il est diplômé du CNSAD en 2004, après la classe libre au Cours Florent et l’INSAS. Au théâtre, il joue sous la direction de Bernard Sobel dans Amphitryon de Kleist, La Pierre de Mayenburg, Le Mendiant ou la Mort de Zand d’Olecha, Dons, mécènes et adorateurs d’Ostrovski ; Philippe Adrien dans Yvonne, Princesse de Bourgogne et Meurtres de la princesse juive ; Michel Didym dans Poeub de Serge Valetti ; Joël Jouanneau dans Préparatifs d’immortalité de Peter Handke ; Gilberte Tsaï; Brigitte JacquesWajeman, Pauline Bureau et Sarah Capony. Au cinéma, il tourne dans LʼAffaire Courjault de Jean-Xavier de Lestrade et L’Exercice de l’Etat de Pierre Schoeller, ainsi qu’avec Chloé Thomas, Francis Perrin et Liova Jedlicki. Il écrit aussi des chansons et publie trois albums sous le label Igloo Records qu’il défend sur diverses scènes musicales (Francofolies, Les Trois Baudets, première partie de Francis Cabrel à l’Olympia…) et un premier texte dramatique La Tête dans les étoiles et onze millions six dans mon dos, autour du fait divers du convoyeur de fonds Toni Musulin, texte qui a reçu l’Aide à la création du CNT en mai 2012. A la demande de Radio France, il écrit Peau d’Ourse d’après le conte italien du Pentamerone de Giambattista Basile, dit par Anne Alvaro. Au printemps 2013, il est en résidence à la Chartreuse de Villeneuve-Lès-Avignon. Gaëtan Vassart enseigne également l’art dramatique aux Cours Florent. Théâtre National de Strasbourg 43 Dans le même temps Macbeth CORÉALISATION du TNS et de MUSICA De William Shakespeare Mise en scène Guy Cassiers Date du mercredi 02 au dimanche 06 octobre Langue en néerlandais surtitré français Horaire du mercredi au samedi à 20h ; dimanche 06 à 16h Salle Koltès Des arbres à abattre Bord de plateau à l’issue de la représentation •Vendredi 04 octobre Du théâtre à l’écran Macbeth, Orson Welles, 1948, 107’ •Jeudi 03 octobre à 20h au cinéma Star ACCUEIL D’après Thomas Bernhard Mise en scène de Claude Duparfait et Célie Pauthe Bord de plateau à l’issue de la représentation •Mardi 15 octobre Dates du jeudi 03 au samedi 19 octobre 2013 Horaire du mardi au samedi à 20h ; dimanche 6 et 13 octobre à 16h Relâche les lundis Théâtre en pensées Salle Gignoux Séance avec Claude Duparfait (sous spéciale audio description •Jeudi 17 octobre Atelier-spectacle de l’École du TNS réserve), Julie Brochen •Lundi 2 décembre à 20h au TNS Conversations de la Librairie Kleber, avec Claude Duparfait et Hélène Schwaller •Samedi 12 octobre à 11h30 GROUPE 41 LA SANDALE ET LE ROCHER D’après Bérénice, Phèdre et Britannicus De Racine Dirigé par Cécile Garcia Fogel Dates du lundi 21 au mercredi 23 octobre 2013 Horaires Tous les soirs à 20h Espace Grüber Théâtre National de Strasbourg • Entrée Libre • Réservation obligatoire au 03 88 24 88 24 44