4. Lundi 17 janvier 2011 : les grandes religions du

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.4. Lundi 17 janvier 2011 : les grandes religions du livre (1) :
le Judaïsme.
Histoire du Judaïsme
Retracer l'histoire du Judaïsme, c'est entrer dans un domaine familier, mais aussi faire un saut dans
j'inconnu puisque, pour le judaïsme les événements n'ont pas toujours eu, et n'ont toujours pas, la même
signification que pour les chrétiens.
Abraham et les Patriarches
Nous sommes là entre le 18e et le 20e siècle av-JC. A cette époque, un Empire important existe au MoyenOrient, du Liban actuel jusqu'au Golfe persique: l'Empire de Sumer. Originaire de Haran au nord-ouest
de la Mésopotamie,
vit avec toute sa famille à Ur un dénommé Terah. Ur est à cette époque une ville
prospère et confortable. Mais bientôt, les Elamites, originaires des montagnes du Golfe Persique,
attaquent et anéantissent la ville (vers 1960 av-JC). Les murs d'Ur furent rasés, ses édifices réduits en
cendres... les familles furent disloquées. Terah réussit à s'enfuir et à regagner Haran. Il semble que son
intention ait été de se réfugier dans les collines de Canaan, mais ce fut son fils aîné, Abram, qui hérita
de lui et accomplira ce qu'il avait prévu ... Avec quelques différences, cependant. Abram était sans doute
déjà à cette époque monothéiste. Mais le Dieu d'Abram est essentiellement un Dieu moral pour qui la
pratique de la justice est primordiale. Cette conception de Dieu allait néanmoins bouleverser l'Histoire.
Nous ignorons comment Abram parvint à cette conception de Dieu; quoi qu'il en soit, il eut vite
conviction qu'il avait été « élu » en vue de fonder une nouvelle Nation qui apporterait au monde la
connaissance de Dieu, et à toutes les familles de la terre les bénédictions qui en découlent. On peut déjà
parier d'Alliance entre Dieu et Abram : Alliance qui sera la clé de compréhension du Judaïsme comme
du Christianisme. Abram, devenu Abraham après l'Alliance que Dieu fit avec lui, s'installa avec les
siens en terre de Canaan. C'est là qu'ils reçurent le nom d'hébreux, nom provenant du cunéiforme habiru
signifiant « migrants/nomades », Abraham eut deux fils. Le premier avec Hagar, sa servante
égyptienne, eut pour nom Ismaël. Le deuxième, celui qui devait hériter, naquit de son épouse Sarah et
eut pour nom Isaac. Plusieurs ont vu dans ces naissances un conflit d'héritage, la descendance d'Ismaël
étant traditionnellement identifiée aux musulmans.
Isaac eut à son tour deux fils : Esaü d'abord et Jacob ensuite. Lors d'une famine, Esaü vendit son droit
d'aînesse à Jacob qui devint alors « l'hériter ». Jacob, qui deviendra « Israël » après un combat avec
Dieu, eut quant à lui douze fils, ancêtres des « Douze tribus d'Israël ». Une famine poussa alors les
Hébreux en Egypte où, grâce à l'un des plus jeunes fils de Jacob, Joseph, ils purent vivre en paix. En
effet, à cette époque, c'étaient les Hyksos qui régnaient sur l'Egypte, Or ceux-ci étaient des sémites et à
ce titre, ont des affinités avec les Hébreux. On comprend alors pourquoi Joseph put faire une carrière à la
cour de Pharaon, et les Hébreux purent se multiplier et vivre en paix en Egypte.
Moïse : de l'Exode à la Terre promise
Vers 1570 av-JC, Amôsis réussit à expulser les Hyksos d'Egypte et fonde la XVIIIe dynastie (100%
égyptienne) : « le Nouvel Empire ». A ce moment-là, un long calvaire va commencer pour les Hébreux,
mal vus à cause de leur parenté avec les Hyksos. Graduellement, ils seront réduits en esclavage par les
égyptiens. Durant ce temps d'esclavage, les Hébreux conserveront ce qui les caractérisent : le
monothéisme d'abord, puis le respect de la tradition des Patriarches, leurs noms et leur langue. Cela
leur donne le sentiment d'être un peuple distinct, c'est-à-dire ayant une identité différente des égyptiens. ...
Vers 1450 av-JC, il semble bien que les hébreux aient failli être exterminés, suite à un Edit du Pharaon
ordonnant de tuer tous les premiers nés mâles, mais une femme cache son fils qui sera recueilli par une
princesse égyptienne : c'est Moïse. Elevé à la cour égyptienne, il prend graduellement parti pour les
hébreux contre les égyptiens et doit s'enfuir vers Madian où il se mariera et entreprendra une vie de
berger. Une « Révélation » va alors transformer sa vie : la voix de Dieu, venant d'un buisson en flammes
ne se consumant pas, lui ordonnera de retourner en Egypte pour libérer les hébreux et les emmener en
Terre Promise. Sur la demande de Moïse, Dieu se nomme : YaHWeH, que l'on peut traduire par « Je Suis
ce que je Suis » ou plutôt, puisque la forme verbale est à l'inaccompli : « Je Serai qui je Serai ». Mais il
est aussi le « Dieu qui était avec Abraham, avec Isaac et Jacob », ce qui implique l'idée que Dieu est
Celui qui est partout présent auprès de Son peuple, avec les enfants comme avec les pères, tout au long de
leur histoire, passée, présente et avenir. Moïse partit donc et le peuple le reconnut comme l'envoyé du
Dieu d'Abraham. Sous l'effet de 10 fléaux successifs (les « dix plaies d'Egypte »), Pharaon finit par
laisser partir les Hébreux qui, sous la conduite de Moïse, traversèrent la mer Rouge et aboutirent au mont
Sinaï. Cette suite d'événements, eut sur les hébreux un effet extrême : elle les rendit particulièrement
sensibles aux choses divines et leur inspira une foi très forte dans le Dieu de leurs pères, qui s'était
interposé pour les délivrer de la maison de servitude et de la main de leurs ennemis.
Au mont Sinaï, Moïse reçoit des mains de Dieu « les Dix Paroles » / « les Dix Commandements ». En
les recevant, il accepte, au nom du peuple, de conclure une nouvelle Alliance avec Dieu. Le Signe de ce
Pacte qui unit Israël à son Dieu, est le Sabbat, le jour de la plénitude de la Création parfaite, sa Loi celle
que Dieu révèle sur le Sinaï. Un peuple est là élu, pour en promouvoir l'ordre dans l'univers. Dans la
Révélation du Sinaï, Dieu se révèle comme « le Dieu de l'Histoire », intervenant sans cesse dans sa
Création ; et sa Parole, la Torah, est un ordre universel, bon pour tous les humains de toutes les époques.
Le peuple élu doit, quant à lui, jouer le rôle de prêtre et annoncer au monde cet ordre voulu par Dieu.
Ainsi donc, dès le départ, le judaïsme aura cette « vocation sacerdotale et universelle » qui le
caractérisera tout au long de son histoire. L'Alliance est là un véritable mariage entre Dieu et l'être
humain. Ce mariage comprend un cadeau de noces, la Terre sainte, et un double engagement : celui de
Dieu à continuer d'agir dans l'histoire et celui du Peuple d'obéir à la Torah et de la mettre en pratique.
Moïse conduira le peuple à travers le désert durant 40 ans, mais c'est à Josué que reviendra la tâche
d'installer le peuple en terre de Canaan. Cette installation sera marquée par une conquête violente décrite
avec moult détails dans la Bible.
Les Hébreux en Canaan : des Juges aux Rois
Après et pendant la conquête, toute une première partie de l'histoire du « Peuple élu » sera dirigée par des
Juges dont les rôles seront à la fois d'être des leaders politiques en même temps que prophétiques et
théologiques. C'est aussi à eux qu'incombera l'application de la Loi. Les plus célèbres seront Déborah,
Gédéon, Samson et Samuel, le dernier des Juges, qui fut aussi l'un des grands Prophètes. Au cours des
conquêtes et des premières années de vie en terre de Canaan, Israël a été en contact avec beaucoup
d'autres peuples, religions et coutumes. Mais ces contacts ont mis en péril l'unité nationale et le mélange
des coutumes et des peuples a dissous quelque peu l'originalité d'Israël. Lorsque Samuel, dernier des
Juges, à la demande du peuple, puis de Dieu, consacre le premier roi d'Israël, Saül, l'unité nationale se
restaure et le sentiment d'appartenance redevient fort. Cette période de l'histoire marquée par les Rois
conduira Israël à des sommets politiques et temporels jamais atteints. Après Saül, David à qui l'on
attribue les Psaumes, sera un grand roi. Son fils Salomon fera lui construire le Temple et conduira Israël
à l'apogée de sa puissance. ... Malheureusement, à sa mort, le Royaume sera divisé en deux, opposant
deux royaumes dans des rivalités et des guerres fratricides. Le premier royaume, celui de Juda, aura pour
capitale Jérusalem et pour rois les descendants de David [Le plus grand de ces rois sera Josias (648-609
av-JC), roi juste, à qui l'on doit la redécouverte du Deutéronome (vers 622 av-JC), lors de travaux dans le
Temple]. Le deuxième, celui d'Israël, aura pour capitale Samarie et aura pour rois des petits rois de
dynasties diverses. La Bible nous raconte que ces deux royaumes abandonneront peu à peu les
enseignements de la Torah, pratiquant l'idolâtrie et sombrant dans la corruption. A partir de ce moment,
Dieu ne passe plus par les rois pour instruire et conduire son peuple, rois qui deviennent mêmes idolâtres,
mais par des « prophètes ».
Le prophète est un homme inspiré directement par Dieu dont le rôle est de juger et de prévoir les
événements, d'annoncer les châtiments ainsi que le triomphe final de la Lumière sur les Ténèbres. Pour
cela, il interprète les événements à la lumière de la Révélation de Dieu et discerne la Volonté de Dieu,
confrontant les exigences de la Torah à la réalité historique. C'est ainsi que le prophète va faire évoluer
le peuple en intégrant désormais à la théologie judaïque un messianisme nouveau qu'on n'avait jamais
rencontré auparavant. Autre élément, le Prophétisme conçoit l'Histoire universelle comme une marche
des ténèbres vers la lumière, de l'iniquité vers l'amoureuse Justice de Dieu, connu, reçu, aimé, obéi dans la
transcendance de son règne. Quelles que soient les profondeurs de la « chute », le triomphe et le « Règne
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du Messie » sont attestés dans les certitudes de la vision : un reste annoncera son règne. C'est sans doute
de cette époque que provient le mot que nous utilisons aujourd'hui pour définir le peuple d'Israël : « Les
Juifs ». En effet, jusqu'alors, « les Juifs » se désignent eux-mêmes du nom d'Israël, aussi bien dans le
domaine de la liturgie que de la littérature : peuple d'Israël, fils d'Israël.
Mais le peuple d'Israël ne correspondant plus qu'au royaume de Juda est appelé « habitants de la Judée
» ou « Judéens », mot qui a donné le terme : « Juifs ». En 722 av-JC, la conquête assyrienne fait
disparaître le royaume d'Israël. Celui de Juda lui survivra quelques temps, mais en 586 av-JC, le royaume
de Juda est rasé par les babyloniens, le Temple est détruit et la plus grande partie du peuple est déporté à
Babylone. C'est la première dispersion des juifs hors de leur terre.
L'Exil et le premier Retour
Après un certain temps, l'Empire babylonien tombe sous la domination perse et Cyrus permet aux juifs
de retourner chez eux. C'est la restauration du royaume de Juda dans une vie relativement autonome sous
la tutelle Perse. On procède à la reconstruction du temple (de 538 à 515 av-JC). Graduellement, le
prophétisme disparaîtra, faisant place à un rôle qui deviendra prépondérant : celui des scribes (les
sopherim) et des écrivains apocalyptiques. Sauf durant une petite période, les juifs ne connaîtront plus
l'autonomie totale. Après la domination perse, ce sera la domination grecque. Enfin, en 168 av-JC, sous la
conduite de Juda Maccabée, la nation redevient indépendante, mais en 63 av-JC, elle tombe sous la
domination romaine jusqu'à sa fin vers 70 de notre ère. ... Toute cette période est marquée par des
rivalités théologiques, et dans cette atmosphère on peut discerner deux grands partis qui s'affrontent : Les
Sadducéens et les Pharisiens. Parallèlement aux grandes discussions des deux principaux partis naît
aussi un monachisme juif, celui des Esséniens. Les Sadducéens sont les représentants des Grands et des
prêtres. Ils sont peu populaires parmi le peuple. Ils croient en la suprématie de la Nation élue dans le
monde, et sont d'une extrême sévérité en matière de morale et d'application de la Loi, prônant une fidélité
totale et rigoureuse à la lettre de la Torah. Les Sadducéens refusent aussi des idées nouvelles comme
celle de la survie de l'âme et de la résurrection des corps. Du mot hébreu perushim, « les séparés », les
Pharisiens sont très mal connus des chrétiens, et par eux bien souvent sévèrement jugés. Mais ces
jugements péjoratifs que l'on porte souvent sur le compte des Pharisiens sont injustes, sinon grossiers, et
ne tiennent aucun compte du rôle déterminant qu'ils remplirent dans la vie religieuse du judaïsme. Ainsi,
ce sont eux qui, après les « guerres juives » (66-70) et la destruction du Temple et de Jérusalem par
Titus, furent les artisans de la structuration du judaïsme tel qu'on l'a connu pendant des siècles. En effet,
ce sont eux qui ont défini les principaux concepts comme la Justice de Dieu, la Liberté de l'homme,
l'Immortalité personnelle, mais aussi le Jugement après la mort, la Résurrection des morts, etc... Ce sont
eux qui donneront le rôle essentiel d'enseignants et de commentateurs de la Torah aux Rabbins et qui
développèrent les synagogues comme lieu privilégié d'enseignement de la Torah. Chez les pharisiens, on
note deux écoles très divergentes : l'école de Hillel l'Ancien et celle de Shamaï. L'école de Hillel était
plus conciliante et tolérante, mettant l'accent sur l'amour du prochain dans son interprétation de la Torah.
L'école de Shamaï était plutôt intransigeante, insistant surtout sur l'observance aveugle de la lettre de la
Torah.
Reste les Esséniens. Ils se développèrent une centaine d'années avant l'ère chrétienne. A cette époque, des
hommes et des femmes se regroupèrent pour vivre en communauté un idéal de vie religieuse dans le
silence, la prière, la pauvreté, l'obéissance et la pureté. On estime leur nombre à environ 4000, et leur
influence a été marquante, non pas du point de vue juif mais par l'héritage laissé aux chrétiens. Beaucoup,
en effet, font un lien entre ce monachisme et celui des chrétiens. A côté de ces mouvements se
développera sous l'occupation romaine, un parti prônant la lutte armée : les Zélotes, cause de la
destruction du Temple. C'est dans cette atmosphère que naît Jésus, le Nazaréen, vers 7 av-JC.
La seconde Diaspora
En 66 éclate la première guerre entre juifs et romains. En 70, Jérusalem tombe et le Temple est détruit. En
73, Massada, la dernière forteresse, tombe aux mains de l'ennemi. Beaucoup de juifs seront alors
dispersés à travers le monde, mais plus aucun n'a désormais de pays. Le peuple tout entier était ainsi placé
dans la situation du « Messie souffrant » des prédications rabbiniques, de « l'Homme des Douleurs » de
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la vision d'Esaïe ou des Psaumes. Cette nouvelle diaspora fut déterminante pour le développement de la
pensée juive. Des communautés se formèrent un peu partout autour du bassin méditerranéen et l'école,
donc la Synagogue prit de plus en plus d'importance. En effet, après cette défaite, il ne resta plus aux
Juifs que l'école pour remplacer le Temple. C'est donc l'étude de la Loi qui devient le ciment du peuple
juif. Les « chefs d'Israël » seront des « princes de l'esprit », les nassi, dont l'autorité sera reconnue
aussi par les romains. A partir de là, le mot d'ordre sera de sauver le patrimoine spirituel et de réaliser
l'unité interne. Les Sadducéens, Zélotes et Esséniens disparaissent et les Pharisiens prennent alors le
contrôle spirituel des synagogues. Autour du nassi (patriarche) et du Sanhédrin, la pensée juive se
développe à Jérusalem. Un autre grand centre se développe aussi à Babylone en Mésopotamie. Entre 135
et 200, Judah le Saint achèvera ce qui est commencé depuis longtemps. En effet, on admet alors, qu'à
côté de la Torah/la Loi écrite, existe une Tradition orale, une Torah orale transmise de génération en
génération depuis Moïse. Ces commentaires oraux sont le Midrash (signifiant étudier les textes pour en
tirer des enseignements) halakha (enseignement législatif, de Halah'a = marcher) et le Midrash haggada
(enseignement narratif et moral). Le rôle de la Torah orale est de permettre l'application de la Torah
écrite dans les situations concrètes de la vie. Pourtant, au llème siècle, il est devenu impératif de
sauvegarder ce précieux Enseignement pour les générations à venir. On met donc la Loi orale par écrit.
C'est Judah le Saint, un rabbin de l'époque qui le fait. L'ouvrage prendra le nom de Mishna et sera divisé
en six ordres (les semences, les saisons, les femmes, les dommages, les choses sacrées et les choses
pures). La Mishna deviendra le fondement de l'enseignement juif, suscitant de nombreux commentaires
qui seront regroupés sous le nom de Guemara. A Jérusalem et à Babylone, on procède à la compilation
de ces textes et commentaires. Vers le IVème siècle, la Mishna et la Guémara sont regroupés sous le
nom de Talmud : le Talmud de Jérusalem et le Talmud de Babylone qui sera huit fois plus répandu que
le premier. ...
Avec la conversion de Constantin au début du IVe siècle, les chrétiens voient leur foi triompher et
s'imposer dans tout l'Empire. Et en même temps que les rabbins de l'époque coupent les ponts avec le
monde extérieur pour garder la foi pure, se développe dans le christianisme un antisémitisme grandissant.
En effet, entre la fin de l'Antiquité et le début Moyen-Âge, les juifs auront à vivre dans des contrées
marquées par le christianisme, ou par l'Islam qui a conquit le Moyen-Orient.
En Terre d'Islam, le sort des juifs sera moins pire qu'en Occident. Plus méprisé que haï, le juif est toléré
par les musulmans comme l'un des peuples du Livre et, s'il ne peut plus travailler la terre comme
autrefois, peut tout de même s'établir comme artisan ou commerçant. II est déclaré par les musulmans «
dhimmi » (protégé) et doit vivre dans des quartiers réservés et porter un costume spécial. Ce sera en terre
d'Islam que les juifs prendront connaissance de la littérature grecque traduite en arabe, puis en hébreu et
qu'ils développeront la philosophie. Cependant, cette philosophie grecque toute empreinte des idées
d'Aristote n'est pas toujours bien vue et risque de déformer la Torah et le Talmud. C'est en 1195 que
Moïse Maïmonide, surnommé « l'Aigle de la synagogue », publie le « Guide des égarés », une oeuvre
maîtresse qui concilie les idées d'Aristote à celles de la Torah, qui intègre la raison à la foi. Maïmonide,
grâce à une traduction latine de ses oeuvres, aura aussi une certaine influence sur la pensée chrétienne
latine du Moyen-Âge (cf. Thomas d'Aquin). Avec la reconquête chrétienne, notamment en Espagne, les
Juifs vont vivre de douloureux instants. Accusés d'être un « peuple déicide », ils seront persécutés. Les
chrétiens ne leur laissant le choix que de renier leur foi, mourir ou s'exiler, il se produira alors une
migration massive des juifs vers l'Afrique du Nord, la Provence et l'Europe qui deviendra le centre de
gravité de la culture juive. En 1215, le Concile de Latran IV, décrète le port obligatoire de la «
rouelle jaune » par tous les Juifs et, dans les villes, des quartiers réservés aux Juifs (mais le nom de
ghetto n'apparaîtra officiellement qu'au XVlème siècle). En territoire chrétien, les juifs seront de plus en
plus méprisés, traqués, accusés ; mis à part et rendus responsables des épidémies et calamités touchant
l'Europe du Moyen-Âge. On leur retire le droit de séjour dans un voisinage chrétien, d'exercer la plupart
des professions, de devenir propriétaire: ce qui leur laisse qu'une seule ressource, devenir prêteur d'argent.
Les procès se multiplient, suivis de condamnations au bûcher, les livres sacrés sont censurés et brûlés sur
la place publique. D'un pays à l'autre, d'un siècle à l'autre, les Juifs sont décimés : en Allemagne puis en
Angleterre, en France, aux Pays-Bas, en Espagne et même en Palestine. Chaque persécution est suivie
d'un ordre d'expulsion, qui videra ces pays de leur population juive: l'Angleterre en 1290, la France en
1394, l'Espagne en 1492...
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Le Judaïsme contemporain au risque de l'assimilation
La Révolution française (1789) apporte un vent de renouveau. En effet, en 1791, en France, les Juifs
obtiennent l'égalité des droits avec les chrétiens. Avec les notions de droits et libertés qui se répandent,
l'émancipation des Juifs se réalise en Angleterre, puis dans les Etats allemands. Ainsi, les Juifs, enfin
admis dans la société, vont s'assimiler à la société environnante, en abandonnant peu à peu les valeurs du
judaïsme. Ils ne vont donc plus vivre en exil : ils s'installent dans une nouvelle patrie. Puisque s'assimiler
implique de se fondre dans la société, de changer de nom ou de façon de s'habiller, de changer de façon
de vivre, en somme, il se produira alors une sorte de diaspora spirituelle par la révolution totale des
manières d'être et de penser. Ainsi, entre 1728 et 1786, Moïse Mendelsohn en Allemagne traduit et
commente le Pentateuque en réinterprétant l'ensemble du judaïsme. En 1807, Napoléon donne le titre de
Grand-Sanhédrin à une assemblée de notables et de rabbins, ce qui, du point de vue juif n'a aucun sens
puisque la restauration d'une institution ne peut venir que par une révélation directe de Dieu. On assiste à
une laïcisation de la pensée juive : ce qui s'affronte ici, c'est le rationalisme du siècle des Lumières contre
le monde de la Torah.
Au XIXe siècle, le Judaïsme vit sa Réforme, une réforme qui videra une partie de ce judaïsme historique
de son contenu. On reniera l'idée selon laquelle toute parole de la tradition écrite ou orale a été révélée par
Dieu à Moïse, on avancera plutôt l'idée d'une révélation progressive permettant de faire place aux
nouvelles idées que l'on avance, on adaptera la Torah aux exigences du monde moderne, relèvera les
contradictions du Talmud, célébrera des mariages mixtes... et on ira même, dans certains pays (USA),
jusqu'à remplacer l'hébreu dans le culte, alléger les observances rituelles et enlever le caractère obligatoire
de la circoncision. A cette réforme, plusieurs réagiront radicalement, déclarant anathèmes ceux qui ont
adhéré à la Réforme, et prôneront eux, le retour à l'orthodoxie complète. Comme si cela n'était pas
suffisant, le sionisme viendra catalyser les mentalités autour de la vision du règne messianique. Au nom
du messianisme juif, certains refuseront la création d'un état indépendant et juif... et beaucoup
l'accepteront. En effet, certains prétendront qu'Israël ne peut être limité à un territoire puisqu'il doit être le
symbole de l'unité humaine et que cela peut se faire dans les différents pays actuels. Selon cette idée, la
création d'un « Etat juif» va à l'encontre du messianisme. Pour d'autres, c'est par la création d'un état que
l'ère messianique est commencée, la restitution de la terre d'Israël aux juifs en étant le Signe.
Doctrine et Traditions du Judaïsme
Les livres sacrés
Au départ, nous l'avons déjà mentionné, la Révélation a été donnée à Moïse au mont Sinaï. Moïse l'a
consignée par écrit dans les cinq premiers livres de la Bible, le Pentateuque/La Loi/Torah, contenant
l'ensemble de ce qu'il faut faire et croire. Plus tard, d'autres écrits s'ajouteront à ce Pentateuque pour
former la Bible. Mais dans le judaïsme, on ne dit pas « la Bible », on parle plutôt de la TANAKH.
Ce mot n'existe pas en fait. Il est, lié par des « a », l'ensemble des trois premières lettres de chacune des
parties de la Bible juive: T, N, K.
Le « T» est la première lettre du mot Torah. C'est la première partie de la Bible et certainement la plus
importante pour le judaïsme. La Torah/Pentateuque, c'est-à-dire les cinq premiers livres de la Bible :
Genèse, Exode, Lévitique, Nombres et Deutéronome. La rédaction de ces cinq livres est
traditionnellement attribuée à Moïse qui les aurait reçus en révélation au mont Sinaï. Ils constituent la
LOI, c'est-à-dire ce que Dieu attend que nous fassions.
Le « N » est la première lettre du mot Neviim qui signifie « Prophètes ».
Le « K » est la première lettre du mot Ketouvim qui signifie « Ecrits sacrés » et qui couvre tous les
autres écrits de la Bible sauf, bien sûr, les écrits grecs.
La Torah est par ailleurs universelle : elle a d'ailleurs été donnée dans le désert, en dehors de toute culture
pour bien marquer son indépendance des contingences. Le mot de Torah signifie deux choses : un
Enseignement de ce qu'est le monde, l'être humain et l'histoire ; et aussi une Direction que l'on doit
suivre pour être en accord avec Dieu. C'est l'exposé détaillé des principes qui doivent guider l'homme
dans ses rapports avec son prochain et avec Dieu. Il n'y a donc aucune raison pour que la Torah change
selon le contexte culturel ou le type d'individus. Un humain reste un humain, Dieu reste Dieu, et le Bien
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reste le Bien. La Torah comprend la doctrine et la pratique, la religion et la morale. Elle régit tous les
aspects de la vie : les rapports de l'être humain avec Dieu, ceux de l'être humain avec son prochain, et de
l'être humain avec lui-même. Elle est donc indissociable de sa mise en pratique par la morale et c'est donc
avec justesse que le Judaïsme a été qualifié de « monothéisme éthique ». Elle comprend 613
commandements (mitsvot mitsva au singulier) auxquels l'être humain doit se soumettre.
Mais à côté de cette Révélation écrite, les Hébreux prendront pour acquis qu'il existe aussi une
« révélation orale » : la Michna, commentaire de la Torah et la Guémara, commentaire du commentaire.
Un fois mise par écrit, on nommera Talmud cet ensemble de la révélation orale. Ce Talmud est construit
selon deux axes principaux : l'un régit la vie quotidienne, sans s'occuper de la philosophie, c'est la
Halakha, guide de conduite de la pratique religieuse de type juridique. L'autre, l'Agada, plus accessible
au peuple, est composé de récits légendaires, de fables, de réflexions morales... pour éveiller les qualités
du coeur et de l'esprit. Mais le Talmud ne peut être compréhensible sans cet effort d'interprétation et de
systématisation qu'ont fait les docteurs de la Loi, les rabbins, depuis la fin de l'Antiquité. Il existe aussi
une pensée plus mystique, plus ésotérique, pensée formulée dans la Kabbale, dont les deux ouvrages les
plus importants sont
le Sefer Yetsira, le Livre de la Création et le Zohar, le Livre de la Splendeur.
Contenu doctrinal du Judaïsme
Nous l'avons vu, le Judaïsme ne peut pas séparer doctrine et pratique. Bien plus, c'est à travers la pratique
que le Judaïsme est véritablement vivant et qu'on le comprend. Il faudra donc faire ici un exposé
minimum de quelques doctrines. D'abord, Dieu est unique. Même l'affirmation chrétienne de la Trinité
de Dieu trahit, pour les juifs, le message révélé. Dieu est différent de la nature qu'il a créée. Dieu n'est pas
une puissance obscure mais un être agissant continuellement dans l'histoire humaine. Le Judaïsme est
donc un monothéisme éthique, qui est en fait la réponse de l'humain à l'appel de Dieu ou du peuple à la
manifestation de Dieu dans son histoire. En tant que réponse, il devra se traduire par des actes. Dieu agit
constamment dans l'histoire et ses interventions sont essentiellement guidées par sa Justice. Elles ont donc
d'abord un sens moral.
Dieu a créé l'être humain à son image. Doté du libre-arbitre, l'être humain a fait entrer le mal dans le
monde. Le Judaïsme insiste énormément sur cette liberté fondamentale de l'être humain qui contraste avec
la doctrine du Péché originel du christianisme. En effet, dans le Judaïsme, l'être humain n'a pas cette
impossibilité radicale de faire le Bien sans le secours de la Grâce de Dieu. Ainsi, même si
le Mal est
entré dans le monde par la faute d'Adam, l'humain n'a pas perdu toute capacité de faire le Bien. Mais il
doit lutter contre une tendance à faire le Mal qui coexiste en lui avec la tendance à faire le Bien. Il peut
toujours choisir le Bien.
Dieu a fait Alliance avec l'être humain afin qu'il ne se perde pas et il lui a donné la Torah afin qu'il se
perfectionne et se sauve par lui-même. L'ensemble des préceptes viennent de Dieu et ont été révélé à
Moïse au mont Sinaï.
Le Péché, qui est donc transgression de la Torah, a toujours une conséquence importante pour tout le
peuple. Celui-ci marque la rupture de l'Alliance. Pour l'ensemble du peuple, il retarde aussi la venue du «
règne de Dieu », et pour celui qui l'a commis, il entraîne inévitablement un châtiment de la part de Dieu.
Mais si l'on revient à Dieu, cela attire récompenses et bénédictions. Par contre, si l'on s'obstine dans le
Péché, on attirera sur soi le Jugement divin et la condamnation. L'Au-delà : après la mort, tout peut donc
arriver, selon la vie qu'on a menée. Le Judaïsme enseigne qu'il y a une géhenne, qui est identifiée à la
fosse en flammes dont il est question en Esaïe 30, 33, et un lieu de bénédiction, le Gan Eden (Jardin des
Délices), et c'est tout. II est dit que les méchants, sauf cas exceptionnels, passent douze mois dans la
géhenne, après quoi ils entrent au Gan Eden pour y goûter en compagnie des justes, selon le mot d'un
rabbin, la splendeur de la Shekhinah/Présence divine et la vie éternelle. Il ne s'agit pas d'une existence
inactive. Commencée dans cette vie, la coopération avec Dieu pour Son dessein dépasse, dans la pensée
juive, la vie terrestre. Même après que l'individu s'est dépouillé de son apparence périssable, son esprit
immortel continue de progresser. Le Gan Eden n'est d'ailleurs pas réservé au seul Israël. Dans la doctrine
juive, une récompense attend dans l'Au-delà les pieux des nations du monde. Le Juda"isme fait dépendre
le salut de la bonne conduite et, en conséquence, toutes les Nations ont part aux bénédictions de la vie
future.
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Terre Sainte et messianisme. Le Peuple d'Israël, bien que dispersé, se verra un jour rassemblé en Terre
Sainte. En ces temps messianiques, l'humanité acceptera Dieu et atteindra la connaissance de Dieu. Mais
le Judaïsme est animé également d'une espérance fondamentale : l'Avènement du règne messianique.
Les différents groupes
Quoi qu'on en pense, tous les juifs ne sont pas semblables. Il arrive même que leurs références
théologiques ne soient pas les mêmes. Il y a ainsi ceux que l'on nomme les Ashkénases ou
Ashkenazim. Ce terme est le nom donné aux juifs originaires d'Europe orientale ou centrale, établis
notamment en Allemagne puis, par extension, tous les juifs d'Europe de l'Est ainsi que ceux des
Etats-Unis. Leur langue est le Yiddish. Un second groupe regroupe ceux qu'on nomme Séfarades
ou Sefardim. Ce sont des Juifs originaires d'Espagne ou d'Afrique du Nord, de fait influencés par
l'Islam. Car, après les conquêtes chrétiennes, ceux qui n'avaient pas été massacrés ou qui ne s'étaient
pas convertis de force au christianisme s'établirent autour de la Méditerranée et dans le sud-ouest de
la France.
On peut encore ajouter un autre groupe, celui des Hassidim (mot hébreu signifiant « les pieux »).
Historiquement, tes Hassidim sont les ancêtres des Pharisiens. Dès le Ile siècle av-JC, ils formèrent un
parti dans le but préserver les coutumes et particularités du judaïsme, afin de résister à l'hellénisation.
Actifs dans plusieurs pays d'Europe centrale après la Diaspora, ils se manifestèrent à nouveau au
XVlIIe siècle, à l'occasion de la création du mouvement de la Kabbale, dirigé par le rabbin Israël Ben
Eliezer. Ils sont connus pour mettre l'accent sur la joie et le mysticisme dans le culte. Enfin, ils sont
facilement reconnaissables sur la rue, tous vêtus de noir, les hommes portant fa barbe et les papillotes
de cheveux. Ils sont aujourd'hui surtout présent en Amérique du Nord (New York).
Les pratiques
Dans le Judaïsme, l'enseignement relève des rabbi / Rabbins, qui sont des gens ayant étudié dans une
Yeshiva (école rabbinique) et qui sont reconnus comme apte à expliquer et enseigner. De même, dans
le Judaïsme, il est assez difficile de départager les pratiques d'ordre plus liturgique des pratiques
relevant essentiellement d'une tradition ancrée. La plupart des fêtes revêtent un caractère traditionnel et
liturgique, social et religieux. On peut regrouper l'ensemble de ces pratiques sous le nom de «pratiques
cultuelles ».
Il existe toutefois une constante dans l'ensemble de ces fêtes et pratiques. Toutes se réfèrent à
t'histoire du peuple juif et veulent tantôt remémorer un événement passé où Dieu est intervenu
directement, tantôt respecter des habitudes séculaires en lien avec les pratiques des Juifs du tout début
de l'Alliance. Notons que l'ensemble des fêtes n'est pas nécessairement célébré à la synagogue. Chez
les juifs, chaque famille est un petit peuple en lui-même et le père de famille est apte à accomplir la
plupart des rites liturgiques. Bon nombre de ces rites seront donc faits en famille, à la maison.
Parmi les pratiques que nous appellerons collectives, on retrouve les grandes fêtes. Des huit
principales, cinq se retrouvent dans la Torah. Il s'agit de Pessah, Chavouot, Soukkoth, Roch
Hachana et Yom Kippour. Les autres, Pourim, Hannoukah et Simhat-Torah, figurent dans la Bible,
mais non directement dans la Torah. Les dates de ces fêtes sont difficiles à déterminer puisque le
calendrier juif ne fonctionne pas comme le nôtre. Enfin, toutes les fêtes juives ont en général trois
significations particulières : une première signification agricole coïncide avec leur origine, une
deuxième fait référence à un fait de l'histoire interprété comme une intervention de Dieu et une
troisième vient lui donner un sens plus religieux et plus métaphysique, voire symbolique et ésotérique
(cf. dans la Kabbale).
A ces pratiques communautaires ou familiales on doit ajouter des pratiques plus individuelles comme :
les prières quotidiennes, qui marquent la vie quotidienne du juif, ou le shabbat, qui vient couronner
sa semaine de travail en sanctifiant le septième jour, tel que prescrit par la Torah. Le Shabbat est un
jour très spécial pendant lequel on dort absolument se reposer, cesser tout travail et se consacrer à Dieu
(du vendredi au coucher du soleil jusqu'au samedi au coucher du soleil). Le Shabbat, aboutissement de
la création, doit être consacré à fa vie de l'âme.
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Dans le judaïsme, il y a. aussi un certain nombre de « rites de passage ». Tout d'abord, le bébé mâle,
au huitième jour de sa naissance doit être marqué dans sa chair en signe d'adhésion à l'Alliance de Dieu
par la circoncision, la Brit-mila. A 13 ans, l'enfant est considéré comme un adulte, ses parents ne sont
alors plus responsables de ses actes et il doit observer l'ensemble des Lois de la Torah. A cette
occasion, une cérémonie au cours de laquelle il lit un passage de la Torah et appelée Bar mitsvah.
L'étape suivante est généralement le quidouchin,
le mariage, précédé lui-même des fiançailles au
cours desquelles sera signé un engagement écrit, la kétouba. Le mariage est un acte important dans le
judaïsme qui ne considère pas et n'a jamais considéré le célibat comme une valeur.
Conclusion : le Judaïsme aujourd'hui
De nos jours, il va de soi que les Juifs ne sont pas unanimes à respecter l'ensemble des principes de la
Torah. Cependant, nous pouvons affirmer qu'une bonne partie du judaïsme les applique. En Europe et
en Amérique du Nord, on assiste de plus en plus à des phénomènes de non pratique chez les juifs
comme chez les autres croyants d'autres religions. Il serait trop long ici d'analyser les causes de ce
phénomène qui peut fort bien s'interpréter du point de vue sociologique. Il faut cependant dire qu'il est
maintenant pratique courante, de choisir parmi sa religion d'origine les fragments qui font son affaire et
de délaisser les autres en les remplaçant même parfois par des fragments d'autres religions : ce que
certains appellent, « la religion à la carte ». Force nous est cependant de constater que ce délavage des
religions fait que la relation à Dieu ne peut plus servir à structurer l'individu et il faut se demander ici,
dans le cas du judaïsme, si cela peut en arriver à ne plus structurer le peuple. Dans ce cas, il faudrait
voir dans la montée de la sélection des croyances une menace à l'intégrité même du peuple juif,
menace pressentie chez des rabbins qui font appel à la Tradition et qui tentent désespérément de
ramener ce peuple à son originalité de départ. Les Juifs existeront-t-ils encore dans quelques années ?
En tout cas, la promesse messianique annonce qu'un petit reste atteindra avec intégrité la Jérusalem
céleste et qu'il est donc impossible que l'ensemble du peuple disparaisse.
Le Judaïsme se présente comme le vécu d'un peuple ayant reconnu la « voix de Dieu » à travers
l'Histoire. Suite à une Alliance contractée au Sinaï, ce peuple s'est engagé à suivre la Loi de Dieu, la
Torah, et à annoncer ce Dieu à travers les siècles. Pour cela, les juifs ont été bafoués, massacrés ;
maintes fois, on a tenté de les éliminer de la surface de la terre sans pourtant jamais y parvenir. Le
Judaïsme proclame aussi un seul Dieu, mais un seul Dieu présent et agissant dans l'Histoire, un Dieu
qui n'exige pas qu'une conviction mais aussi un agir qui a valu à cette religion d'être appelée un «
monothéisme éthique ». L'ensemble des préceptes, des fêtes et de la vie juive sont tous tendus vers la
mise en pratique de cette Torah, perçue comme l'essentiel de toute vie humaine, dans l'attente de
l'avènement d'un monde de justice et de paix où, selon la tradition biblique, toutes les Nations
reconnaîtront ce que les juifs professent depuis plusieurs millénaires ans : « Ecoute Israël, l'Eternel
est notre Dieu l'Eternel est Un » (Dt 6, 4).
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