Durant le temps de l’Avent, à deux reprises, l’Évangile du dimanche nous a confrontés à
Jean-Baptiste. Ce dernier parcourait la région du Jourdain en invitant les gens à préparer le che-
min du Seigneur et à recevoir un baptême de conversion. Les foules étaient touchées par son in-
terpellation et lui demandaient : « Que devons-nous faire ? » (Lc 3, 10) Jean-Baptiste donnait des
consignes adaptées à chaque catégorie de personnes. L’évangéliste Luc nous dit que pour les
gens, sa prédication fut une bonne nouvelle. Tout à l’heure, nous avons entendu que pour
l’évangéliste Jean, le Baptiste était venu rendre témoignage à la Lumière afin que tous croient par
lui. Mais le monde n’a pas reconnu la vraie Lumière et les siens n’ont pas reçu la Parole de Dieu
devenue homme. L’Évangile selon saint Jean anticipe ainsi, dès le premier chapitre, la fin de non-
recevoir que Jésus rencontrera tout au long de sa vie, jusqu’à être cloué sur une croix.
Curieusement, il me semble que la messe du jour de Noël nous invite non pas à nous
baisser vers la crèche, mais à nous tenir debout devant la croix qui pointe déjà à l’horizon, derriè-
re la crèche. L’Eucharistie n’est pas le mémorial de la naissance de Jésus, mais de sa mort et de
sa résurrection.
La messe de la nuit de Noël que nous avons célébrée hier soir, nous parlait abondam-
ment de la naissance du Sauveur à Bethléem, laissant notre imagination construire les plus belles
crèches et décors entourant l’Enfant Jésus, emmailloté dans une mangeoire. Aujourd’hui, en ce
matin de Noël, c’est autre chose. Où sont donc passés les bergers, les chœurs angéliques, la grotte
de Bethléem ? Les lectures de la Parole de Dieu ne nous en parlent pas. C’est que l’on veut nous
amener encore plus en profondeur, pour contempler le mystère de l’Incarnation, celui de la venue
du Sauveur, le Verbe fait chair qui a habité parmi nous. L’auteur de la Lettre aux Hébreux nous le
rappelait : « Souvent, dans le passé, Dieu a parlé à nos pères par les prophètes sous des formes
fragmentaires et variées ; mais, dans les derniers temps, dans ces jours où nous sommes, il nous
a parlé par ce Fils qu’il a établi héritier de toutes choses et par qui il a créé les mondes. »
Le jour même de Noël, alors que nos maisons sont encore enveloppées de chants festifs
et d’odeur de pâtés à la viande, la Parole de Dieu nous interpelle en nous incitant à être des hom-
mes et des femmes qui accueillent la Parole, le Verbe fait chair en la personne de Jésus, et qui
annoncent la Bonne Nouvelle qu’est l’Évangile : « Comme il est beau de voir courir sur les mon-
tagnes le messager qui annonce la paix, le messager de la bonne nouvelle, qui annonce le salut »,
nous prédisait le prophète Isaïe.
« Contempler » l’Enfant-Dieu doit rapidement se convertir pour nous en « annoncer » le
Salut et la vie en abondance offerts par notre Dieu. D’ailleurs, vous le savez, la liturgie du temps
de Noël ne nous permettra pas de demeurer longtemps devant la crèche du « petit Jésus » à chan-
tonner « Sainte nuit, ô nuit de paix ».
Le 26 décembre, nous célébrons la fête de saint Étienne, premier martyr pour sa fidélité
au Christ et à l’Évangile. Cette année, cette fête fait place à la Sainte Famille qui tombe un di-
manche. Le 28 décembre, nous faisons mémoire des saints Innocents qui nous rappellent que la
souffrance et la croix accompagnent nécessairement le salut apporté par Jésus.