La fièvre de Lassa : réponses immunes et pathogenèse

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revue
Virologie 2012, 16 (6) : 390-401
La fièvre de Lassa : réponses immunes
et pathogenèse
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017.
Marion Russier1
Delphine Pannetier2
Sylvain Baize1
1 Institut Pasteur,
unité de biologie des infections virales
émergentes,
21, avenue Tony-Garnier,
69365 Lyon,
France
<[email protected]>
2 Laboratoire P4 Jean-Mérieux - Inserm,
21, avenue Tony-Garnier,
69365 Lyon,
France
Résumé. La fièvre de Lassa est endémique en Afrique de l’Ouest. Elle est causée
par le virus Lassa, un virus à ARN simple brin bisegmenté de polarité négative
de la famille des arénavirus de l’Ancien Monde. La maladie peut être fatale mais
la plupart des patients survivent après la phase aiguë ou ne développent qu’une
infection asymptomatique. Les mécanismes immunitaires impliqués sont encore
mal connus mais des progrès considérables ont été réalisés à travers les études in
vitro et chez le primate non humain, le seul modèle animal reproduisant la physiopathologie et les réponses immunes survenant lors de la fièvre de Lassa chez
l’homme. Nous discuterons ici des différents compartiments de l’immunité innée
et adaptative intervenant dans le contrôle de l’infection et la pathogenèse ainsi
que de l’implication des cellules présentatrices d’antigènes, des lymphocytes T
et des cellules natural killer ou NK.
Mots clés : virus Lassa, arénavirus, fièvre hémorragique, réponse immunitaire
Abstract. Lassa fever is a hemorrhagic fever endemic to West Africa and caused
by Lassa virus, an Old-World arenavirus. It may be fatal, but most patients recover
from acute disease and some experience asymptomatic infection. The immune
mechanisms associated with these different outcomes have not yet been fully
elucidated, but considerable progress has recently been made, through the use of
in vitro human models and non-human primates, the only relevant animal model
that mimics the pathophysiology and immune responses induced in patients.
We discuss here the roles of the various components of the innate and adaptive
immune systems in Lassa virus infection and in the control of viral replication
and pathogenesis.
Key words: Lassa virus, arenavirus, hemorrhagic fever, immune response
Introduction
Tirés à part : S. Baize
390
Virologie, Vol 16, n◦ 6, novembre-décembre 2012
Pour citer cet article : Russier M, Pannetier D, Baize S. La fièvre de Lassa : réponses immunes et pathogenèse. Virologie 2012; 16(6) : 390-401 doi:10.1684/vir.2012.0472
doi:10.1684/vir.2012.0472
Le virus Lassa est un arénavirus de l’Ancien Monde, responsable de la fièvre hémorragique de Lassa [1]. C’est un
virus enveloppé comportant deux segments d’ARN simple
brin de polarité négative appelés S et L (figure 1). Le segment L encode une ARN polymérase ARN-dépendante (L)
et une petite protéine à doigt de zinc (Z) jouant un rôle
crucial dans la régulation de la transcription et la réplication [2] ainsi que dans le bourgeonnement des particules
virales [3]. Le segment S encode la nucléoprotéine (NP) et
les deux glycoprotéines (GP1 et GP2), permettant l’entrée
du virus dans la cellule cible en se liant au récepteur ␣dystroglycane [4]. La fièvre de Lassa est endémique en
Afrique de l’Ouest, au Nigéria, au Libéria, en Guinée et en
Sierra Leone, où elle est responsable de 100 à 300 000 cas et
cinq à 6 000 morts chaque année. L’homme est infecté lors
d’un contact cutané ou muqueux avec les excrétas ou les tissus du Mastomys natalensis, le rongeur réservoir naturel du
virus Lassa qui vit près des habitations [5]. Le virus Lassa
est en effet hébergé de façon persistante et asymptomatique
chez ces animaux avec une prévalence qui peut être élevée
[6]. La contamination peut également survenir après ingestion de nourriture ou inhalation de poussières souillées par
ses déjections. La maladie se transmet par la suite d’homme
à homme par contact direct avec des fluides corporels
contaminés et des épidémies nosocomiales sont également
fréquemment observées [7]. L’infection est parfois bénigne
et peut même demeurer asymptomatique, mais certains
malades développent une fièvre hémorragique sévère, voire
fatale. Les premiers signes cliniques observés entre six et
revue
Z Z
Région
intergénique
Z
Z
GPC
GP segment S
5’
3’
L
L
Z
NP
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NP
segment L 5’
L
3’
Figure 1. Organisation des particules virales et du génome des arénavirus. Les arénavirus sont des virus à ARN constitués de deux
segments d’ARN monocaténaires codés selon une stratégie ambisens. Chaque segment code pour deux gènes séparés par une région
intergénique non codante présentant une structure en épingle à cheveux. Le segment court (S), d’une longueur de 3,4 kb, code pour
la nucléoprotéine (NP) et pour le précurseur des glycoprotéines de surface (GPC). La GPC est ensuite clivée en deux sous-unités,
l’ensemble constituant la glycoprotéine de surface (GP). Le segment long (L), d’une longueur de 7,2 kb, code quant à lui pour la protéine Z,
impliquée dans le contrôle de la réplication/transcription et dans le bourgeonnement viral, et pour l’ARN polymérase ARN-dépendante (L).
L’association de l’ARN génomique, de la NP et de la L constitue le complexe ribonucléoprotéique.
12 jours après l’infection sont non spécifiques avec de la
fièvre, une forte fatigue, des maux de tête et des douleurs
musculaires et articulaires. D’autres symptômes tels que
pharyngite, conjonctivite, toux, maux de ventre, diarrhée et
vomissements apparaissent ensuite. Dans les cas les plus
sévères, œdèmes, hémorragies, défaillances hépatique et
rénale et dans certains cas encéphalopathie surviennent [8].
Les patients décèdent dans un contexte de choc hypotensif,
hypovolémique et hypoxique. Dans la plupart des cas, les
symptômes disparaissent après dix à 15 jours, mais 30 %
des survivants développent une surdité hémi- ou bilatérale
temporaire ou définitive [9]. La fièvre de Lassa est un problème majeur de santé publique dans les pays endémiques,
dont les structures de santé sont précaires et les populations touchées isolées [7]. Aucun vaccin n’existe à ce jour.
La ribavirine est efficace pour traiter les patients [10] mais
elle est coûteuse, doit être administrée tôt après l’infection
et présente une toxicité notable, particulièrement chez la
femme enceinte, ce qui rend difficile son utilisation dans
les pays endémiques.
La plupart des patients qui contrôlent l’infection par le virus
Lassa développent une immunité protectrice. Au contraire,
les cas fatals semblent être associés à une réponse immunitaire défectueuse, voire abolie [8, 11]. La pathogenèse de la
fièvre de Lassa et les réponses immunitaires qu’elle induit
sont encore peu connues. L’isolement des régions endémiques affectées et la pathogénicité élevée du virus Lassa
rendent les investigations très difficiles. De plus, il n’existe
pas de modèle de rongeur qui permette de reproduire la
physiopathologie ou les réponses immunes observées chez
l’homme. Le primate non humain (PNH) constitue un bon
modèle d’étude de la fièvre de Lassa mais la manipulation
de ces animaux en laboratoire P4 (BSL-4) reste très onéVirologie, Vol 16, n◦ 6, novembre-décembre 2012
reuse. L’analyse de l’infection chez le PNH et dans des
modèles cellulaires in vitro combinés à des outils de génétique inverse a permis d’améliorer la compréhension des
réponses immunes associées à la fièvre de Lassa.
Pathogenèse de la fièvre de Lassa
Les cellules présentatrices d’antigènes (cellules dendritiques et macrophages) sont probablement les premières
cellules infectées par le virus Lassa [12, 13]. Elles sont
présentes dans la peau et les muqueuses et supportent la
réplication du virus dans les phases précoces de l’infection.
Par la suite, le virus Lassa colonise les organes lymphoïdes
secondaires, ganglions lymphatiques et rate, après migration des cellules présentatrices d’antigènes et/ou transfert
direct des particules virales via la circulation. À ce stade,
une large proportion des cellules présentatrices d’antigènes
résidentes est infectée et la production massive de particules virales est à l’origine de l’infection systémique [14].
Le foie est également rapidement le siège d’une réplication
virale intense, par le biais des hépatocytes et des cellules
de Kupffer ciblées par le virus. Ensuite, le tropisme viral
s’étend aux fibroblastes, aux cellules endothéliales et à certaines cellules épithéliales. Malgré l’infection de ces types
cellulaires, les lésions observées dans l’endothélium et les
autres organes ne suffisent pas à expliquer le choc terminal
et la mort, qui semblent plutôt liés à la réponse immune de
l’hôte. Les altérations microscopiques les plus fréquentes
observées chez les patients et chez les PNH infectés sont des
nécroses multifocales des hépatocytes et des cellules corticales des glandes surrénales. Une pneumonie interstitielle,
une myocardite, l’infiltration de cellules mononuclées,
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principalement des macrophages, et des lésions des tissus de l’endothélium vasculaire sont également souvent
observées [15-17]. Une lymphadénopathie et une splénomégalie sont notées ainsi qu’une modification anormale de
l’architecture folliculaire des organes lymphoïdes et une
déplétion des cellules dans la moelle osseuse, la rate et les
ganglions lymphatiques. Une lymphopénie transitoire touchant les lymphocytes T CD4+ et CD8+, les lymphocytes B
et les cellules natural killer (NK) survient rapidement après
l’infection, suivie par une neutrophilie [14, 15, 18, 19].
La lymphopénie ne résulte pas d’un effet direct du virus,
ces types cellulaires résistant à l’infection par le virus
Lassa. Une thrombocytopénie modérée et transitoire apparaît également, accompagnée d’un dysfonctionnement des
plaquettes [15, 18, 20]. Cependant, aucun défaut majeur
de coagulation n’est noté et l’on n’observe pas de phénomène de coagulation intravasculaire disséminée comme
c’est le cas pour d’autres fièvres hémorragiques virales
(Ebola, par exemple). Ainsi, les signes hémorragiques et
les fuites de plasma observés lors de la fièvre de Lassa
ne sont sûrement pas dus aux défauts de coagulation mais
plutôt à l’augmentation de la perméabilité vasculaire, probablement induite par des facteurs cellulaires relâchés en
grande quantité. Les taux des enzymes alanine et aspartate
aminotransférases (ALT/AST) sériques augmentent fortement dans les stades terminaux de la maladie à la fois
chez le PNH et chez l’homme, alors qu’ils augmentent
de façon plus modérée et transitoire chez les survivants
[14, 15, 19, 21, 22]. Ces observations suggèrent une atteinte
hépatique ou/et des dommages tissulaires. En effet, le ratio
AST/ALT élevé suggère que ces enzymes pourraient provenir d’autres organes que le foie. De façon similaire, des
fortes concentrations d’IL-6 sont détectées dans le plasma
dans les cas fatals chez le PNH [14, 15]. La sécrétion
d’IL-6 est souvent associée à la régénération hépatique
[19] mais peut aussi être liée aux dommages d’autres
tissus et muscles. L’IL-6 est également impliquée dans
la neutrophilie [23], suggérant que les dommages tissulaires observés pourraient être au moins en partie dus à
l’infiltration des neutrophiles. Les cas sévères de fièvre
de Lassa sont associés à des défaillances multiviscérales
conduisant au syndrome de choc hypoxique, hypotensif,
hypovolémique et à la mort. Cependant, d’autres investigations sont nécessaires afin d’expliquer les mécanismes
de pathogénie lors de la phase aiguë de la maladie et des
stades terminaux. Les paramètres immunologiques pouvant
être impliqués dans la pathogenèse selon l’issue de la fièvre
de Lassa sont récapitulés dans le tableau 1.
Tableau 1. Paramètres immunologiques de la fièvre de Lassa dans un modèle primate non humain en fonction de l’issue de la
maladie (d’après [14, 15]).
Issue de la maladie
Réponses inflammatoires
Survie
Mort
Monocytes CD80+ circulants
+++
+
Production d’IFN-␣
Précoce et transitoire
Retardée
Cytokines inflammatoires
Absence
Absence, sauf IL-6 tardive
Chimiokines
ARNm IP-10, I-TAC, MCP-1,
éotaxine ?
ARNm IP-10, I-TAC, MCP-1,
éotaxine
IgG/IgM
+++
+++
Anticorps neutralisants
-
-
Déplétion des cellules
Transitoire
+++
Déplétion des cellules
Transitoire
+++
Cytokines dérivées
Absence
Absence
Activation des cellules T CD4+
et CD8+
Forte et précoce
Faible et retardée
Prolifération in vitro en réponse
au virus
+
Absence
Réponse humorale
Réponse des cellules NK
Réponse des lymphocytes T
NK : natural killer.
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Rôle des cellules présentatrices
d’antigènes
Les cellules présentatrices d’antigènes jouent un rôle crucial dans la régulation des réponses immunitaires. Elles sont
des médiateurs clés de l’immunité innée induisant les premières réponses inflammatoires et le contrôle direct des
infections virales. Elles permettent également d’orchestrer
les réponses immunes adaptatives humorales et cellulaires,
notamment en présentant l’antigène aux lymphocytes B
et T [24]. Lors de l’infection par le virus Lassa, les cellules dendritiques et les macrophages sont les premières
cellules cibles qui répliquent le virus [13-15]. Ces évènements ont des conséquences dramatiques sur les réponses
immunes survenant lors de la fièvre de Lassa. Le tropisme
privilégié du virus Lassa pour les cellules dendritiques et
les macrophages a été montré dans un modèle in vitro sur
des cellules primaires humaines mais aussi in vivo chez le
PNH. L’infection est non cytopathique et aboutit au relargage de fortes quantités de particules virales [12, 19, 25].
Les récentes observations selon lesquelles le virus de la
chorioméningite lymphocytaire (CML), un arénavirus de
l’Ancien Monde proche du virus Lassa, infecte les cellules
dendritiques plasmacytoïdes suggèrent que ces dernières
pourraient également être ciblées par le virus Lassa in vivo
[26]. Chez le PNH, les cellules dendritiques et les macrophages sont infectés dès sept jours après l’infection dans
les ganglions lymphatiques, la zone marginale splénique et
dans une moindre mesure, dans la pulpe rouge de la rate, le
thymus et le foie. La charge virale reste élevée tout au long
de la maladie [15, 21].
Malgré le relargage des particules virales, les cellules
présentatrices d’antigènes ne sont pas activées suite à
l’infection in vitro par le virus Lassa. Ainsi, les cellules dendritiques infectées par le virus Lassa ne produisent pas de
cytokines pro-inflammatoires et n’expriment pas de molécules d’activation à la leur surface et le virus n’induit
pas non plus leur maturation [12, 13, 27]. L’absence
d’activation/maturation en réponse à l’infection par le
virus Lassa pourrait être associée à l’immunosuppression
observée dans les cas sévères de fièvre de Lassa. En
effet, les cytokines pro-inflammatoires sont cruciales pour
l’induction d’une immunité adaptative et des réponses
immunes défectueuses, voire la tolérance, peuvent être
induites lors de la présentation de l’antigène par des cellules
dendritiques immatures. De plus, l’absence d’activation
semble favoriser la réplication virale dans un modèle in vitro
car les cellules dendritiques immatures produisent de plus
grandes quantités de particules virales que leurs contreparties matures [12]. De façon similaire, les macrophages ne
s’activent pas non plus lors de l’infection in vitro par le virus
Lassa et ne produisent que de faibles quantité d’IFN-␣/␤
Virologie, Vol 16, n◦ 6, novembre-décembre 2012
[12, 25, 27]. Bien qu’il soit nécessaire de confirmer in vivo
ces résultats, les données disponibles chez les patients et
les PNH infectés par le virus Lassa confirment l’absence de
réponses inflammatoires lors de la fièvre de Lassa, et ce malgré l’infiltration massive des macrophages et neutrophiles
dans la plupart des organes et tissus [14, 15, 19, 21, 28].
La figure 2 schématise la réponse des cellules dendritiques et des macrophages lors de l’infection par le virus
Lassa.
Le virus Mopeia est un arénavirus proche du virus Lassa.
Il possède le même réservoir rongeur et comporte 75 %
d’identité en acides aminés avec le virus Lassa. Cependant, il n’est pas pathogène chez l’homme et le singe
et est capable de conférer une immunité protectrice chez
ces animaux lors de l’infection expérimentale par le virus
Lassa [16, 29]. Le virus Mopeia est ainsi comparé au virus
Lassa en tant que modèle de fièvre de Lassa non fatale
et d’infection asymptomatique. Le virus Mopeia infecte
aussi les cellules présentatrices d’antigènes sans cytotoxicité apparente [25, 30]. Ces observations démontrent que le
tropisme privilégié des virus Lassa et Mopeia est une caractéristique commune à tous les arénavirus indépendamment
de leur pouvoir pathogène. Contrairement à l’infection par
le virus Lassa, le virus Mopeia induit in vitro l’activation des
macrophages via l’augmentation de l’expression des molécules de surface CD86, CD80 et CD54, la production de
grandes quantités d’IFN-␣/␤ mais sans sécrétion de cytokines pro-inflammatoires [25, 27, 30]. Dans une moindre
mesure, l’infection par le virus Mopeia induit une activation
modérée des cellules dendritiques et une faible transcription
des gènes de l’IFN de type I [27, 30]. L’étude de différents variants du virus Pichinde, un arénavirus du Nouveau
Monde, a également montré que l’activation des cellules
présentatrices d’antigènes infectées semblait être corrélée
avec l’absence de pathogénicité de certaines souches du
virus [31].
Réponse IFN de type I
La réponse IFN-␣/␤ participe à la différence de pathogénicité entre les virus Lassa et Mopeia. En effet, ces
virus sont tous deux sensibles aux propriétés antivirales
de l’IFN de type I mais seuls les macrophages infectés
par le virus Mopeia sont capables de produire ces cytokines [27, 30, 32]. L’absence de production d’IFN-␣/␤ est
probablement impliquée dans la différence de pathogenèse
et l’immunosuppression observée lors des cas sévères de
fièvre de Lassa car ces cytokines sont impliquées à la fois
dans le contrôle de la réplication virale mais aussi dans
l’induction de la réponse immune adaptative [33]. Les données disponibles chez le singe cynomolgus s’accordent avec
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revue
Cellule dendritique
immature
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Pas d’activation/maturation
pas de production d’lFN-α/β
Réplication virale
pas d’effet cytopathique
Virus Lassa
Macrophage
Pas d’activation
Faible production d’IFN-α/β
Figure 2. Réponse des cellules présentatrices d’antigènes lors de l’infection par le virus Lassa. L’infection in vitro de cellules présentatrices
d’antigènes humaines (cellules dendritiques et macrophages) par le virus Lassa conduit à une réplication virale durable en l’absence d’effet
cytopathique. L’infection n’induit pas non plus l’activation de ces cellules ni la maturation des cellules dendritiques. En revanche, alors
qu’aucune production d’IFN de type I n’est observée dans les cellules dendritiques infectées par le virus Lassa, une synthèse modérée
d’ARNm codant pour les IFN de type I est induite dans les macrophages infectés.
cette hypothèse car une production d’IFN-␣/␤ est observée
très tôt chez les animaux survivants alors qu’elle n’est détectée qu’aux stades terminaux chez les singes qui décèdent
[15]. L’IFN-␣ détecté à ce moment dans le sang de ces
derniers pourrait ne pas être capable de contrôler l’ample
réplication du virus, relargué massivement à ce stade de
la maladie, et à l’inverse contribuer à la pathogenèse. Les
IFN de type I ont en effet un rôle dual, à la fois bénéfique, mais aussi délétère lors des infections. Ils sont, par
exemple, impliqués chez la souris lors de l’infection par le
virus de la CML dans la lymphopénie transitoire et les changements structuraux dans les organes lymphoïdes et dans la
thrombocytopénie et le défaut des plaquettes [34, 35]. Des
investigations supplémentaires chez le PNH sont cependant nécessaires afin de clarifier le rôle de l’IFN-␣/␤ dans
la pathogenèse de la fièvre de Lassa et de préciser si leur
sécrétion corrèle avec l’issue de la maladie.
Rôle de la nucléoprotéine
Récemment, des données ont montré que la production
défectueuse d’IFN de type I était liée à la présence de la NP
394
des arénavirus. En effet, la NP de la plupart des arénavirus, à
l’exception du virus Tacaribe, inhibe l’activation et la translocation nucléaire du facteur de transcription IRF3 et ainsi la
production d’IFN-␣/␤ [36]. De plus, la région C-terminale
de la NP contient un domaine 3 -5 exonucléasique spécifique des ARN double brins, similaire à celui présent dans
les exonucléases de la famille DEDDh [37]. La NP possède
ainsi une fonction exonucléasique lui permettant de digérer
les ARN, empêchant ainsi la cascade d’activation initiée
via la reconnaissance de ces ARN par l’hélicase RIG-I et
donc l’activation des réponses IFN [38]. Les acides aminés
présents au niveau du site catalytique ont été identifiés et la
mutation des nucléotides correspondant abolit la capacité
de la NP à inhiber la réponse antivirale. Cependant, le virus
Mopeia possède également ce domaine DEDDh et est probablement capable d’inhiber la réponse IFN, bien que de
façon moins efficace. D’ailleurs, des virus Lassa recombinants contenant des mutations dans ce domaine induisent
des quantités d’IFN de type I bien supérieures à celles
sécrétées lors de l’infection par le virus Mopeia [39]. La
fonction exonucléasique de la NP n’est ainsi pas seule responsable de la différence de pathogénicité entre ces deux
virus. D’autres données récentes montrent que la NP des
arénavirus empêche la phosphorylation d’IRF3 en se liant à
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revue
la kinase IKK␧ [40]. La NP séquestre IKK␧ dans une forme
inactive en inhibant son activité autocatalytique, et ainsi
empêche l’induction des réponses immunes innées. Cette
autre fonction de la NP pourrait être impliquée dans la virulence du virus Lassa, mais il reste à démontrer son absence
chez le virus Mopeia. Enfin, la NP est capable d’inhiber
la translocation nucléaire et l’activité transcriptionnelle du
facteur de transcription NF␬B [41]. Par ailleurs, cette observation est en accord avec l’absence d’activation des cellules
présentatrices d’antigènes et l’absence de production des
cytokines pro-inflammatoires observées lors de l’infection
par le virus Lassa. Un modèle résumant les implications
de la NP du virus Lassa dans les cascades d’activation
menant à la production d’IFN de type I est présenté sur
la figure 3. Ainsi, les arénavirus ont développé des stratégies efficaces pour empêcher l’induction de l’immunité
innée et ces mécanismes jouent probablement un rôle clé
dans la pathogenèse et l’immunosuppression observée lors
de la fièvre de Lassa.
Les réponses humorales
Malgré les forts taux d’anticorps détectés chez la plupart des
patients et des PNH infectés par le virus Lassa, la réponse
humorale ne permet pas de contrôler l’infection virale. Des
grandes quantités d’IgM et d’IgG spécifiques du virus Lassa
sont sécrétées rapidement mais cette réponse n’est corrélée ni avec la survie, ni avec la disparition de la virémie
[15, 16, 18, 22]. Lors de l’infection par le virus Lassa,
les IgG sécrétées sont dirigées contre la NP, les GP1 et
GP2 et la protéine Z du virus. Cependant, l’infection par
le virus Lassa mais aussi par d’autres arénavirus n’induit
pas la production d’anticorps neutralisants. Ils sont détectés uniquement chez les survivants, en faible quantité et
tardivement après l’infection [15]. Il semble que l’absence
d’anticorps neutralisants soit liée à des propriétés intrinsèques de la GP du virus Lassa. Des sérums immuns de
survivants ont été utilisés chez l’homme et le PNH afin de
traiter la fièvre de Lassa mais les résultats de ces études
sont controversés. Ce traitement semble efficace uniquement si l’administration du sérum immun a lieu dans un
stade précoce de l’infection, la protection étant de plus corrélé à l’index de neutralisation du sérum utilisé, si modeste
soit-il [42]. L’origine géographique du sérum immun par
rapport à celle de la souche du virus Lassa responsable de
l’infection apparaît également comme un paramètre important à prendre en compte lors des essais de traitement. De
plus, des études chez le singe montrent que l’immunisation
préventive par du sérum immun ne suffit pas à protéger
les animaux lors de l’infection par le virus Lassa [43]. La
réponse humorale pourrait cependant jouer un rôle indiVirologie, Vol 16, n◦ 6, novembre-décembre 2012
rect dans la protection immunitaire des patients lors de la
fièvre de Lassa et d’autres analyses sont nécessaires afin de
préciser ces observations.
Les réponses des cellules natural killer
Les cellules NK ont été initialement décrites comme des
lymphocytes de l’immunité innée, avec une activité cytolytique contre des cellules tumorales. Elles se trouvent
aussi à l’interface entre les réponses immunitaires innées
et adaptatives car elles sécrètent également des cytokines,
comme l’IFN-␥ dont le rôle est essentiel dans la différenciation et les fonctions des cellules T. L’activation des
cellules NK est finement contrôlée par un équilibre entre
les signaux inhibiteurs et activateurs donnés par les cellules
cibles [44]. Les cellules NK peuvent discriminer les cellules
saines du soi des cellules étrangères ou anormales, grâce à
l’expression constitutive à la surface des cellules saines de
molécules dites spécifiques du soi tels que les molécules du
complexe majeur d’histocompatibilité (CMH) de classe I.
Elles peuvent cependant être capables de lyser une cellule
exprimant les molécules de classe I lorsque les signaux
activateurs sont nombreux et prédominent sur le signal inhibiteur. Les cellules NK sont impliquées dans de nombreuses
infections virales bien que leur rôle dans le contrôle des
infections chez l’homme soit largement controversé suite
aux observations selon lesquelles les individus incapables
de développer des réponses NK fonctionnelles ne sont pas
particulièrement sensibles aux infections virales [45]. Il a
été montré que les cellules NK n’avaient qu’un rôle minoritaire lors de l’infection par le virus de la CML. De plus, le
virus Lassa n’induit pas la diminution de l’expression des
molécules du CMH de classe I par les cellules dendritiques
et les macrophages [12].
Le dialogue réciproque entre les cellules NK et les cellules
présentatrices d’antigènes entraîne généralement une augmentation des fonctions des cellules NK et de la réponse
immunitaire. D’après des données récentes, les macrophages infectés par le virus Lassa sont capables d’activer
des cellules NK [46]. Cependant, cet état d’activation n’est
pas associé à la sécrétion d’IFN-␥, ni à la lyse des cellules cibles infectées et au contrôle de l’infection virale. Des
observations similaires ont été rapportées lors de l’infection
par le virus de la CML et également lors de la stimulation par des macrophages infectés par le virus Mopeia.
Les réponses des cellules NK ont été peu étudiées chez
l’homme lors de la fièvre de Lassa. Au contraire, il existe
de nombreuses études de l’infection par le virus de la CML
dans un modèle souris [45], qui permettent d’apporter des
outils intéressants pour la compréhension des mécanismes
immunitaires impliquant les cellules NK lors de la fièvre
395
revue
Virus Lassa
CYTOPLASME
ARNdb
(intermédiaires de réplication,
structures secondaires...)
Entrée du virus
décapsidation
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RIG-I
ARNsb viraux
IKKεinactive
Transcription
NP
NFkB
-
NP
NP
NP
NP
P
NFκB
IKKεactive
TBK1
NP
NOYAU
P
Génes
pro-inflammatoires...
P
IRF3
IRF3
NFκB
P
IRF3
IFN-β
RÉPONSE IMMUNITAIRE INNÉE
Figure 3. Modèle simplifié du rôle de la nucléoprotéine (NP) dans l’inhibition de la production d’IFN de type I et des réponses immunes.
Suite à l’entrée du virus Lassa dans la cellule cible et la décapsidation, les ARN viraux apparaissent et sont reconnus par l’hélicase
RIG-I. Il s’ensuit une cascade d’activation passant par la phosphorylation d’IRF3 par le complexe TBK1/IKK␧. Les facteurs de transcription
IRF3 et NF␬B sont transloqués dans le noyau pour initier la transcription des gènes IFN et pro-inflammatoires. La NP semble capable
d’inhiber plusieurs étapes de cette cascade d’activation. Elle empêche l’activation du facteur IKK␧ et donc la translocation d’IRF3. Elle
inhibe également la translocation nucléaire et l’activité transcriptionnelle du facteur NF␬B. Enfin, la NP digère les ARN double brins et
empêche ainsi leur reconnaissance par l’hélicase RIG-I.
de Lassa. Les études récentes in vitro montrent que, lors
de l’infection des macrophages par le virus Lassa, les cellules NK acquièrent des propriétés cytolytiques contre la
lignée cellulaire sensible K562 (figure 4) [46]. De plus,
l’expression du récepteur activateur NKp30 augmente à
396
la surface des cellules NK ainsi que l’expression intracellulaire de la molécule lytique granzyme B. En accord
avec ces observations, des ARN messagers codant pour
TRAIL, un ligand induisant la mort cellulaire, ont été détectés dans les cocultures de macrophages infectés par le virus
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revue
Cellule dendritique
immature
Pas d’activation
Cellule NK
Virus Lassa
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Macrophage
Activation
prolifération
augmentation des propriétés
cytotoxiques
Cellule NK
Pas de lyse des cellules infectées
Figure 4. Réponse des cellules natural killer (NK) lors de l’infection
par le virus Lassa dans un modèle in vitro. D’après l’étude des
interactions entre les cellules présentatrices d’antigènes infectées par le virus Lassa et les cellules NK dans un modèle in
vitro humain, les cellules dendritiques infectées n’induisent pas
l’activation des cellules NK. En revanche, les macrophages infectés
sont capables d’induire l’activation et la prolifération des cellules NK
et d’augmenter notablement leurs propriétés cytotoxiques. Cependant, en dépit de cette forte cytotoxicité, les cellules NK n’induisent
pas la mort des cellules présentatrices d’antigènes infectées.
Lassa et de cellules NK. La cytotoxicité exercée par les
cellules NK lors de l’infection par le virus de la CML
nécessite l’IFN-␣/␤ [45]. De même, lors de l’infection par
le virus Lassa, les IFN de type I produits par les macrophages sont requis pour l’activation des cellules NK, même
à faible dose [46]. Cependant, malgré des propriétés cytotoxiques élevées, les cellules NK restent incapables de lyser
en retour les macrophages infectés. D’autres études sont en
adéquation avec ces travaux démontrant notamment que
les cellules NK ne contrôlent pas non plus l’infection par
le virus de la CML [45]. À l’opposé, la cytotoxicité exercée par les cellules NK semble jouer un rôle important
dans le contrôle de l’infection par l’arénavirus Pichinde
chez la souris. L’absence de lyse des cellules présentatrices
d’antigènes infectées par les cellules NK peut s’expliquer
en partie par le fait que les cellules infectées continuent
d’exprimer les molécules du CMH de classe I, fournissant
un signal inhibiteur par le biais des récepteurs inhibiteurs
à la surface des cellules NK, et de plus, elles n’expriment
pas de ligands activateurs [12, 46]. Ces observations suggèrent que le virus Lassa pourrait inhiber la lyse exercée
par les cellules NK et ainsi développer des mécanismes lui
permettant de se répliquer dans les cellules cibles sans être
détecté par les cellules de la réponse immunitaire.
Virologie, Vol 16, n◦ 6, novembre-décembre 2012
L’IFN-␥ est une cytokine essentielle dans l’initiation et la
régulation des réponses d’adaptatives mais aussi dans le
contrôle de la réplication de nombreux virus. Cependant,
cette cytokine n’est sécrétée lors de l’infection par le virus
Lassa, ni chez les patients et les PNH, ni lors de la culture
in vitro de cellules NK [15, 46]. L’IFN-␥ ne contrôle pas
la réplication du virus Lassa dans des cellules présentatrices d’antigènes [27, 32] et, ainsi, ne semble pas jouer un
rôle primordial dans le contrôle de la fièvre de Lassa. De
plus, l’IFN-␥ n’est induit ni lors de l’infection des cellules
présentatrices d’antigènes infectées par le virus Mopeia in
vitro, ni lors de l’infection par le virus de la CML chez la
souris [47]. L’absence de production d’IFN-␥ par les cellules NK peut s’expliquer par l’absence de la sécrétion par
les cellules présentatrices d’antigènes d’IL-12, un inducteur
bien connu d’IFN-␥. En effet, cette cytokine n’est induite ni
in vitro lors de l’infection par les virus Lassa et Mopeia, ni in
vivo chez la souris lors de l’infection par le virus CML [45].
Par ailleurs, de forts taux d’IFN-␣/␤ inhibent la sécrétion
d’IL-12 par les cellules présentatrices d’antigènes et donc
la production d’IFN-␥ par les cellules NK [48]. Ce mécanisme pourrait être impliqué dans la réponse des cellules
NK lors de la fièvre de Lassa, malgré les faibles quantités
d’IFN de type I détectées.
De plus, chez le PNH infecté par le virus Lassa, les cellules NK disparaissent du sang circulant [15]. Cela suggère
qu’elles pourraient être recrutées dans d’autres tissus ou
simplement éliminées. Une telle lymphopénie survient également chez le macaque lors de l’infection par le virus de la
CML [49] et les cellules NK sont recrutées dans le foie dans
un modèle souris [50]. Les cellules NK expriment des récepteurs de chimiokines, comme CXCR3, et peuvent migrer
en réponse à des signaux chimiotactiques. CXCR3 est le
récepteur des cytokines Mig, IP-10 et I-TAC, lesquelles
sont sécrétées en grande quantité in vivo chez le PNH et
dans un modèle in vitro humain lors de l’infection par le
virus Lassa [15]. Il est surexprimé à la surface des cellules
NK en réponse directe au virus Lassa mais son expression
diminue lors de la stimulation par des macrophages infectés [46]. Nous proposons un modèle de pathogenèse selon
lequel les ligands de CXCR3 seraient sécrétés dans le sang
lors de l’infection par le virus Lassa, conduisant à la relocalisation des cellules NK dans les organes périphériques
et à l’internalisation du récepteur CXCR3 à la surface des
cellules NK. En effet, les cellules NK rejoignent les tissus
en cours d’inflammation attirés par les chimiokines Mig,
IP-10 et I-TAC [51]. Elles pourraient ainsi rejoindre les
organes lymphoïdes et le foie, qui répliquent fortement le
virus lors de la fièvre de Lassa, afin de moduler les réponses
immunitaires et l’inflammation. Les cellules NK prolifèrent
de façon modeste en réponse aux macrophages infectés
par le virus Lassa [46]. L’importance de la prolifération
des cellules NK dans le contrôle des infections virales est
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revue
peu connue. Certains suggèrent que ces cellules pourraient
participer au développement d’une mémoire immunitaire
innée, car des cellules NK ayant des caractéristiques de cellules mémoires ont été récemment décrites chez la souris
[52].
Le rôle des cellules NK lors de l’infection par le virus
Lassa comme par le virus de la CML ne semble ainsi pas
être essentiel. Cependant, des investigations in vivo chez
les patients ou les PNH sont nécessaires afin de préciser cette hypothèse. Les cellules présentatrices d’antigènes
infectées par le virus Lassa expriment les molécules du
CMH de classe I et pourraient être sensibles à la lyse par
les lymphocytes T cytotoxiques mais pas à celle par les
cellules NK. Des données récentes montrent que les cellules NK peuvent diminuer la réponse des cellules T in
vivo chez la souris infectée par le virus de la CML [53].
D’autres études sont requises afin de préciser si les cellules
NK sont en mesure de lyser les cellules T cytotoxiques
spécifiques du virus Lassa et si elles sont ainsi susceptibles de participer à la pathogenèse lors de la fièvre de
Lassa.
Cellule dendritique
immature
Activation faible et retardée
Virus Lassa
Lymphocyte T
Pas de lyse des
cellules infectées
Figure 5. Réponse cellulaire T lors de l’infection des cellules dendritiques par le virus Lassa dans un modèle in vitro. Les cellules
dendritiques humaines infectées par le virus Lassa n’induisent
qu’une activation faible et tardive des lymphocytes T CD4+ et CD8+
autologues dans un modèle de coculture in vitro. De plus, les lymphocytes T n’acquièrent pas de propriétés cytotoxiques et ne sont
pas capables de contrôler la réplication virale dans les cellules
présentatrices d’antigènes.
Réponses des cellules T
Les études in vitro et in vivo chez l’homme et le PNH suggèrent que les lymphocytes T jouent un rôle crucial dans
l’issue de la maladie. L’infection sévère par le virus Lassa
semble être associée à une réponse T défective. Chez le
PNH, un dysfonctionnement des lymphocytes T en réponse
à la stimulation par différents mitogènes a été observé dans
les cas fatals [18]. Une lymphopénie transitoire survient
chez les patients et les PNH lors de la phase aiguë de la fièvre
de Lassa, associée à un appauvrissement en lymphocytes
de la rate et des ganglions lymphatiques avec modification
de l’architecture folliculaire des ganglions lymphatiques
[17, 19]. L’infection fatale de macaques cynomolgus par
le virus Lassa est associée à l’absence d’activation des cellules T du sang périphérique et l’absence de cytokines T
[15]. Des résultats similaires ont aussi été rapportés lors
de l’évaluation d’un candidat vaccin chez le PNH. Les animaux non immunisés n’ont développé aucune réponse T
après l’infection par le virus Lassa [54]. De plus, dans un
modèle in vitro, les cellules dendritiques humaines infectées par le virus Lassa n’activent pas les cellules T CD4+
et CD8+ (figure 5) [13, 55]. L’absence d’activation des
réponses T lors de la fièvre de Lassa peut s’expliquer
par l’absence d’activation/maturation des cellules dendritiques lors de l’infection. Elle pourrait aussi être le résultat
d’une suppression active de l’immunogénicité par le virus
lui-même ou survenir après le changement structurel des
organes lymphoïdes. En effet, la maturation expérimen398
tale par du TNF-␣ ou de l’IL-1␤ des cellules dendritiques
infectées par le virus Lassa ne permet pas l’induction de
réponses T efficaces [55]. Les cellules T peuvent être également associées à des évènements immunopathologiques.
En effet, elles sont impliquées dans les réponses inflammatoires innées délétères et dans la pathogenèse dans un
modèle de souris humanisées infectées par le virus Lassa
[56]. Dans ce modèle, les interactions entre les monocytes/macrophages et les lymphocytes T aboutissent à une
stimulation exacerbée des macrophages, ce qui entraîne une
modification des compartiments spléniques et à des dommages hépatiques et pulmonaires. Ces données s’accordent
avec le rôle plus connu des cellules T dans la pathogenèse
lors de l’infection par le virus de la CML [57]. Cependant, d’autres investigations chez le PNH sont requises
afin de montrer si des évènements immunopathologiques
impliquant les cellules T surviennent lors de la fièvre de
Lassa.
De nombreuses études suggèrent que les réponses cellulaires T semblent cruciales pour contrôler l’infection
par le virus Lassa. En effet, de fortes réponses mémoires
T CD4+ sont détectées chez les individus sains possédant des anticorps contre le virus Lassa et vivant dans
les régions endémiques [58]. D’après ces résultats, les
infections peu sévères par le virus Lassa ou asymptomatiques pourraient être associées à l’activation des cellules T
CD4+. De plus, les patients qui survivent possèdent des
fortes concentrations sériques d’IL-8 et d’IP-10, deux
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revue
chimiokines impliquées dans l’attraction et l’activation des
lymphocytes T, alors qu’elles ne sont détectées qu’à faible
dose dans les cas fatals [28]. Chez les singes cynomolgus, le
contrôle de la maladie est corrélé avec la circulation de cellules T CD4+ et CD8+ activées très tôt après l’infection,
lesquelles se multiplient par la suite [15]. La survie est
également corrélée avec la capacité des cellules mononucléées du sang périphérique à proliférer in vitro en réponse
aux antigènes viraux [15]. De plus, d’après des études
vaccinales, la protection contre le virus Lassa dépend de
l’induction d’une immunité cellulaire T [43, 54]. Des études
chez l’homme, des essais vaccinaux chez le PNH et des
modèles prédictifs suggèrent que les antigènes viraux principaux reconnus par les cellules T sont probablement la NP
et la GP [43, 54, 58, 59]. Des investigations sont cependant requises afin de préciser les mécanismes d’induction
des réponses immunitaires innées et T et d’analyser la corrélation entre le développement de l’immunité et l’issue
de la maladie. Plusieurs hypothèses ont ainsi été proposées incluant les différences d’inoculum viral, des voies
d’infections, des populations cellulaires ciblées très tôt lors
de l’infection, des compositions génétiques des individus
et l’existence d’une immunité homo- ou hétérologue antérieure [15, 57, 60]. Enfin, alors que les cellules dendritiques
infectées par le virus Lassa induisent dans un modèle in vitro
des réponses T faibles et retardées ne permettant pas de
contrôler la réplication virale, une forte réponse T efficace
se développe lors de l’infection des cellules dendritiques
par le virus non pathogène Mopeia [55]. Les cellules T
CD4+ et CD8+ stimulées par les cellules dendritiques infectées prolifèrent, acquièrent des phénotypes mémoires et se
différencient en cellules cytotoxiques capables de contrôler l’infection virale. De plus, la coculture des cellules
dendritiques infectées par le virus Mopeia avec les lymphocytes T aboutit à une forte sécrétion d’IFN-␣/␤, d’IL-12 et
d’IP-10, favorisant probablement l’activation de ces cellules T. Les observations microscopiques ont montré que
les cellules T entrent en contact et se regroupent autour
des cellules dendritiques infectées. Ces résultats suggèrent
l’existence d’un dialogue entre ces deux populations, lequel
semble crucial pour l’activation réciproque et la différenciation/maturation des cellules T et des cellules dendritiques.
Dans ce modèle, la différence d’activation des cellules dendritiques lors de l’infection par les virus Lassa et Mopeia est
probablement responsable des différentes réponses T obtenues. Le virus Mopeia est utilisé comme un modèle de fièvre
de Lassa non fatale : les réponses T induites par les cellules dendritiques infectées par ce virus pourraient refléter
celles développées par les patients ayant une infection peu
sévère ou asymptomatique. Toutes les données indiquent
que les cellules T sont essentielles pour le contrôle de la
fièvre de Lassa, mais aussi pour la création d’un vaccin
efficace.
Virologie, Vol 16, n◦ 6, novembre-décembre 2012
Conclusions
L’acquisition de connaissances concernant les réponses
immunes induites lors des phases aiguës et des cas sévères
de fièvre de Lassa a été longtemps retardée par l’isolement
des zones endémiques et des patients mais aussi par
l’absence de modèles rongeurs et la nécessité de manipuler
le virus en laboratoire P4. Récemment, des investigations
dans des modèles PNH et des modèles in vitro de cultures de cellules humaines primaires ont permis d’améliorer
grandement la compréhension des mécanismes immunologiques impliqués dans le contrôle de l’infection et/ou de la
pathogenèse lors des cas sévères. Ces résultats ont notamment mis en évidence le rôle essentiel des lymphocytes T,
permettant ainsi d’envisager de nouvelles stratégies antivirales. Cependant, la cascade des mécanismes aboutissant à
l’aggravation des symptômes et à la mort reste méconnue
et son identification nécessitera d’autres investigations.
Conflits d’intérêts : aucun.
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