Fiche indicateur développement durable / Etat des peuplement

Thème : Conservation et gestion durable de la biodiversité et des ressources
naturelles
Orientation : Préserver la biodiversité
Commissariat général au développement durable Datar, Observatoire des territoires
Service de l’observation et des statistiques
Indicateur territorial de développement durable
L’état des peuplements piscicoles
par station de suivi des rivières
L’état des peuplements piscicoles constitue un des éléments de qualité permettant
l’évaluation de l’état écologique des cours d’eau. L’indice « poissons rivière »,
calculé à partir des résultats d’échantillonnage du peuplement piscicole, indique un
bon voire très bon état sur un peu plus de la moitié des stations, excepté en 2003.
Outre la qualité chimique et physico-chimique de l’eau, les poissons sont sensibles
au régime hydrologique et à l’état physique des cours d’eau, à l’intégrité de leur
hydromorphologie. De 2001 à 2010, l’indice poissons rivière ne permet pas de
déceler d’évolution significative.
Indice poissons rivière en 2009-2010 au niveau des stations de suivi
de l’état des rivières
Données 2009-2010 : suivi sur deux ans de l’ensemble des stations du réseau depuis 2007-2008.
Source: Onema, 2011 - MEDDTL, BD CARTHAGE®, 2008
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Indicateur territorial de développement durable
Définition
L’indice « poissons rivière » (IPR) est un indicateur de qualité des peuplements piscicoles élaboré par
l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema). Il évalue l’écart entre le peuplement
présent et la situation de référence, non ou très peu perturbée par l’homme. Plus le peuplement est
proche de l’état de référence, moins l’indice est élevé. La valeur de l’indice correspond à la somme de
l’écart à la référence pour 7 métriques :
- le nombre total d’espèces,
- le nombre d’espèces lithophiles (se reproduisant sur un substrat de type galets/graviers),
- le nombre d’espèces rhéophiles (préférant les eaux courantes),
- la densité totale d’individus,
- la densité d’individus tolérants,
- la densité d’individus invertivores (se nourrissant essentiellement d’invertébrés),
- la densité d’individus omnivores.
L’altération des milieux aquatiques se traduit d’une part, par l’augmentation des espèces tolérantes du
point de vue de la qualité de l’eau et peu exigeantes pour leur alimentation, et d’autre part, par la baisse
des espèces sensibles ou exigeantes du point de vue de l’habitat, de l’hydrologie ou de l’alimentation.
Pertinence
Le poisson se trouve au sommet des réseaux trophiques. Il a une grande variété d’exigences écologiques
(habitats divers pour les différentes espèces et leurs stades de vie, reproduction, nurserie, abri…).
Largement réparti dans les milieux aquatiques, son importante durée de vie le rend sensible à la qualité
de l’eau. C’est un organisme intégrateur des conditions des milieux aquatiques, et, par conséquent, un
bon indicateur de leur qualité.
La directive cadre sur l’Eau (DCE) assigne des objectifs de résultat aux masses d’eau qui devront être en
bon ou très bon état en 2015 ; des reports de délais dûment justifiés ainsi que la définition d’objectifs
moindres restent possibles dans des cas très particuliers. Le bon état des eaux de surface doit être à la
fois chimique et écologique. Les poissons constituent, avec les algues, diatomées, les macrophytes et les
macro-invertébrés benthiques, un des éléments de qualité biologique permettant d’établir l’état
écologique des cours d’eau.
Limites et précautions
Il est déconseillé d’appliquer l’IPR aux cours d’eau présentant des caractéristiques non prises en compte
pour l’établissement des modèles de référence. Les résultats doivent être considérés avec prudence dans
les grands cours d’eau du fait du très faible nombre de stations de ce type utilisées pour la mise au point
des modèles et des difficultés d’échantillonnage. L’IPR est peu sensible dans le cas des cours d’eau
naturellement pauvres en espèces et les résultats sont d’autant moins robustes que l’échantillon
comporte une part significative d’espèces n’intervenant pas dans le calcul de l’indice ou peu d’individus.
Une nouvelle version de l’IPR est en cours d’élaboration sur la base d’un jeu de données plus complet et
de modèles plus adaptés afin de réduire autant que possible les limites propres à cette première version
d’indice.
Analyse
Résultats au regard de l’enjeu de développement durable
Un peu plus de la moitié des stations sont en bon voire très bon état sur la période 2001-2010, sauf en
2003. Cette année se distingue du fait de températures élevées et de conditions hydrologiques
particulières en été (étiages sévères). Cependant, on n’observe pas d’évolution significative dans le
temps de l’état des peuplements piscicoles évalué sur la base de l’IPR. Les fluctuations observées depuis
2005 sont liées à l’agrandissement progressif du réseau des stations : d’une part, l’intégration en 2005
du réseau de références a entraîné une augmentation du nombre de sites en très bon état ; d’autre part,
depuis 2007, le nombre de stations de suivi faisant partie du réseau a presque doublé ce qui a entraîné
une baisse relative des sites en très bon état.
L’impératif de bon état des eaux assigné par la directive cadre sur l’Eau et précisé par la loi Grenelle I,
comprenant l’objectif de respecter un bon état écologique pour deux tiers des masses d’eau de surface
en 2015, demande encore des efforts pour être respecté.
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Répartition des stations de suivi de l’indice poissons rivière
par classe de qualité et par année
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
90%
100%
2001
(648
stations)
2002
(654
stations)
2003
(651
stations)
2004
(639
stations)
2005
(860
stations)
2006
(815
stations)
2007-2008
(1647
stations)
2009-2010
(1347
stations)
excellente bonne médiocre mauvaise très mauvaise
Note : Evolution du réseau au cours de la période avec l’intégration depuis 2005 des données du réseau
de référence, ce qui conduit à une sur-contribution des sites en très bon état
Données 2009-2010 : suivi sur deux ans de l’ensemble des stations du réseau depuis 2007-2008.
Source : SOeS, d’après Onema, 2011
Les poissons sont sensibles à la qualité physico-chimique et aux pollutions chimiques de l’eau mais aussi
à la qualité physique des milieux aquatiques, à leur régime hydrologique et à leur morphologie. Les
aménagements et les activités font subir des modifications aux milieux aquatiques qui impactent les
peuplements piscicoles, notamment par la simplification voire la disparition des mosaïques d’habitats,
nécessaires à l’accomplissement des cycles de vie des différentes espèces.
Les espèces d’eaux courantes sont sensibles au ralentissement et à l’homogénéisation des débits ainsi
qu’à la perturbation du transport des sédiments liés aux aménagements hydrauliques. Les prélèvements
en eau pour l’irrigation ont d’autant plus d’impacts qu’ils sont plus importants en périodes chaudes et
sèches, accentuant les étiages. Au niveau du lit de la rivière, la dégradation peut se traduire par un
colmatage des substrats, une réduction voire une disparition des zones de graviers, nécessaires au frai
d’espèces comme la truite.
Outre l’uniformisation des berges et la réduction des caches et abris, les aménagements conduisent à
des ruptures de continuité entre la rivière et ses annexes latérales, comme les bras secondaires, les bras
morts, ou les prairies inondables utilisées notamment par le brochet pour sa reproduction. Plus
généralement, la connexion avec les zones humides associées est importante pour différentes espèces
mais aussi pour la qualité de l’eau et la régulation quantitative des eaux de surface et souterraines. Par
ailleurs les barrages induisent une rupture de la continuité longitudinale des cours d’eau : l’état des
peuplements piscicoles est dégradé sur des distances assez importantes à l’aval des seuils et barrages.
Les grands migrateurs comme le saumon atlantique, la truite de mer, l’esturgeon européen, les aloses
ou les lamproies marine et fluviatile se reproduisent en eau douce et grossissent en mer : les obstacles
présents sur les rivières, le bouchon vaseux désoxygéné dans les estuaires ou la dégradation de leurs
sites de reproduction comme dans la Gironde pour l’esturgeon peuvent compromettre leur survie.
L’anguille, grand migrateur, se reproduit dans la mer des Sargasses et grandit en eaux douces. Elle
souffre de la présence d’obstacles à la montaison et la dévalaison, du transit dans les turbines, du recul
des zones humides, ainsi que de la pollution des eaux et des sédiments, d’autant plus que son séjour en
eaux douces est relativement long.
Les rivières dont les bassins versants comportent de nombreux étangs voient leurs eaux ralenties et
réchauffées ; leurs peuplements sont plus riches en poissons tolérants et en poissons d’eaux lentes,
comme la perche soleil. Des espèces exotiques, en plus de bénéficier de repeuplements halieutiques,
profitent des interconnexions entre bassins, du chauffement et du ralentissement des eaux pour
s’étendre.
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Disparités territoriales
On observe en général un gradient amont-aval ; les stations en très bon état sont majoritairement en
tête des bassins versants et la qualité des peuplements piscicoles diminue vers l’aval. En effet, les
grands cours d’eau subissent plus de perturbations liées aux activités humaines. Les fleuves côtiers
apparaissent plus préservés.
Répartition des stations de suivi de l’indice poissons rivière
par classe de qualité et par bassin en 2009-2010
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
90%
100%
Artois-Picardie
(43 stations)
Rhin-Meuse
(101 stations)
Seine-
Normandie
(193 stations)
Loire-Bretagne
(371 stations)
Adour-Garonne
(329 stations)
Rhône-
Méditerrannée
(310 stations)
Total
(1347 stations)
excellente bonne médiocre mauvaise très mauvaise
Note : données 2009-2010, suivi sur deux ans de l’ensemble des stations du réseau depuis 2007-
2008.
Source : SOeS, d’après Onema, 2011
Artois-Picardie est un bassin très peuplé, très industrialisé, avec une agriculture très importante (la
surface agricole utilisée représente 70 % de la surface du bassin) et généralement intensive ; les cours
d’eau sont fortement impactés par la canalisation des rivières et les connexions entre bassins réalisées
pour la navigation. Les cours d’eau côtiers du Pas-de-Calais, moins aménagés et non connectés aux
autres cours d’eau, présentent des stations en bon, voire en excellent état.
En Rhin-Meuse, l’indice poissons est de meilleure qualité dans les territoires de forêt et il varie beaucoup
d’une zone urbanisée à l’autre.
En Seine-Normandie, la qualité se dégrade de la périphérie vers le centre du bassin, en Picardie et
surtout en région parisienne, où les pressions sont fortes en raison de la concentration d’activités et des
aménagements hydrauliques. La diversi des habitats s’est réduite et l’intensification des pratiques
agricoles a accru les pollutions chimiques ainsi que l’érosion des sols. Les côtiers normands et l’amont
des bassins versants de la Seine et de ses affluents à l’est sont plus préservés.
En Loire-Bretagne, l’incidence des activités agricoles sur les milieux aquatiques (colmatage des
substrats, travaux hydrauliques…) apparaît dans ce bassin très rural et agricole comme le principal
facteur limitant le bon fonctionnement écologique des écosystèmes d’eaux courantes. Par ailleurs, même
s’il y a peu de grands barrages, les cours d’eau moyens ont subi beaucoup d’aménagements. Toutefois,
certains poissons comme le saumon se reproduisent dans des cours d’eau côtiers bretons, à
l’hydromorphologie relativement préservée.
Le bassin Adour-Garonne subit de fortes pressions liées à l’hydroélectricité. Les côtiers pyrénéens tels
que l’Adour, les Gaves et Nives sont toutefois moins affectés. Les IPR traduisent un meilleur état des
peuplements piscicoles dans les zones de forêts et de prairies ; à l’opposé, dans les zones soumises à
une agriculture intensive, comme les régions des tables calcaires ou des coteaux aquitains, certains
peuplements sont en mauvais, voire très mauvais état.
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Le bassin Rhône-Méditerranée est soumis à de fortes pressions urbaines et liées aux barrages ;
l’hydroélectricité contribue à déclasser l’état des peuplements piscicoles de l’amont des rivières alpines.
Données complémentaires
Une mise à jour de la liste rouge des poissons d’eau douce menacés de France métropolitaine, réalisée
par le comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et le Muséum
national d’histoire naturelle (MNHN) en partenariat avec la société française d’ichtyologie (SFI) et
l’Onema, est parue en juin 2010. Sur les 69 espèces analysées, 2 sont éteintes au niveau mondial, 2 ont
disparu de métropole et 15 sont menacées de disparition, dont 4 en danger critique d’extinction
(l’évaluation du statut de conservation ne s’applique pas à 26 espèces recensées en France mais non
natives et introduites dans la période dite récente, après 1500).
Parmi les espèces menacées de disparition en métropole figurent tous les grands migrateurs, à
l’exception de la lamproie marine, qui est néanmoins dans la catégorie « quasi menacée ».
Parmi les 4 espèces en danger critique d’extinction, 2 sont des grands migrateurs : l’anguille européenne
et l’esturgeon européen. Ce dernier a une aire de répartition résiduelle restreinte : autrefois présent
dans tous les grands fleuves d’Europe, il ne se reproduit plus que dans la Dordogne et la Garonne,
notamment dans l’estuaire de la Gironde. L’apron du Rhône, endémique du bassin, ne se rencontre plus
que sur des portions restreintes (voire isolées) de son habitat d’origine. L’habitat du chabot du Lez se
situe uniquement dans les eaux turbulentes près de la source du Lez sur quelques kilomètres
seulement ; ce poisson est à la merci d’une pollution accidentelle ou de prélèvements d’eau excessifs,
comme c’est le cas pour l’alimentation en eau potable de Montpellier. En plus des difficultés liées aux
obstacles aux migrations ou à la qualité de l’eau et des sédiments, l’anguille européenne est également
confrontée à des parasites qui fragilisent son état sanitaire mais aussi à l’exploitation des stocks dont le
braconnage de la civelle représente une part non négligeable.
Pour en savoir plus
Source
Organisme producteur de l’indicateur : l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema).
Principales sources de données mobilisées pour calculer l’indicateur : Indice Poissons Rivière
Date de diffusion ou mise à jour des données mobilisées : 2011
Couverture, échelon territorial
France métropolitaine, hors Corse, en raison de l’originalité de la faune piscicole corse : des stations de
suivi existent mais le calcul de l’IPR n’est pas adapté.
Échelle temporelle
Référence temporelle : 2009-2010
Année ou période de la série chronologique : 2001 à 2010
Mise à jour pour la moitié des stations chaque année depuis 2007.
Méthodologie de l’indicateur
Sur les stations de suivi, les poissons sont échantillonnés par pêche à l’électricité (les poissons
sont remis vivants à l’eau après l’observation ; la mortalité induite par la méthode
d’échantillonnage est faible). Depuis 2007, l’échantillonnage est réalisé conformément à la
norme NF EN 14011.
Les peuplements observés sont comparés à des modèles de référence établis à partir de 650
stations pas ou faiblement impactées réparties dans 8 unités hydrographiques différentes par la
composition de leur faune piscicole. Dans ces modèles, sont pris en compte les 34 espèces ou
groupes d’espèces les mieux représentés en France et pour lesquels il a été possible de
modéliser la répartition en situation de référence.
L’IPR, indice probabiliste, évalue l’écart à l’état de référence via la probabilité de rencontrer le
peuplement observé en situation non modifiée par l’homme.
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